moins de bla-bla & plus de popcorn. {izzy & onyx.

Jambe douloureuse depuis le réveil, à croire qu'il a dormi dans une position tellement improbable que son membre décide de le lui faire payer dès qu'il se lève. Marmonnements échappés à la sortie de sa chambre. Il manque d'ailleurs se percuter à Izzy qui se lève quasiment à la même heure que lui. Regard interrogateur de la jeune femme mais le grand brun hausse les épaules et se traîne jusqu'à la cuisine pour le premier café du matin. Humeur sombre. Lèvres à peine désserrer durant le petit déjeuner. A force de le cotoyer, sa collègue et amie comprend. Elle ne dit rien mais au moment de partir, les clés de son pick-up disparaissent. Froncement de sourcils, jurons presque non étouffés quand il comprend. La bougre, elle ne le lui laisse pas le choix si ce n'est de monter avec elle pour aller travailler. Il grogne, pousse de profonds soupirs mais finit par rendre les armes avant de les mettre tous les deux en retard. Si Leo est habitué à ses retards, ou ses absences, ce n'est pas le cas pour la jeune femme, et peut-être même que cela l'inquiéterait le p'tit vieux.

Longue journée de boulot. Le brun fait son quota, comme tout le monde mais c'est avec un certain soulagement qu'il accueille l'heure de rentrer à la maison. Il ne rechigne même pas à monter dans la voiture pour le retour, qui se fait plutôt silencieux. A peine arrivés à la colocation, il fausse compagnie à la jeune femme pour aller prendre une longue douche, qui aide un peu à atténuer les petits pics de douleurs. Il est presque revigoré quand il fait sa réapparition. Apparemment, ils sont seuls, les autres ne sont pas encore de retour, ou sont partis pour certains faire un tour sur la plage, profitant de la douceur de la fin de journée. La grande carcasse se laisse tomber sur le canapé, guitare en main. Cheveux de feu ne tarde pas à le rejoindre. Ils n'ont pas forcément besoin de parler pour se comprendre, ni de se chamailler. Sur le chemin du retour, elle a glissé qu'une amie venait la rejoindre pour la soirée. Il s'éclipsera quand elle arrivera, pas de souci. Lui n'est pas très sociable de toute façon et il est hors de question de passer une soirée à écouter deux femmes parler de sujets dont il ne comprendra pas la moitié.

A un moment, il pose sa guitare sur les genoux de la jeune femme. - Je vais chercher des bières balance-t-il simplement en se relevant. Il prend lentement la direction du réfrigérateur quand la sonnette de la porte d'entrée retentit. - J'y vais, bouge pas ! Il est à proximité après tout. Les deux bières dans une main, il avance jusqu'à la porte qu'il ouvre. Temps d'arrêt. Fantôme sur le palier. Ah non, plutôt le personnage d'un film d'horreur. Vous savez, cet être qui donne des frissons dans le dos et que l'on cherche absolument à éviter. Il ne dit rien et il ne laisse pas le temps au visiteur d'en placer une, qu'il referme la porte en la claquant avant de tourner les talons. - C'était pas ton amie Izzy, juste un arnaqueur qui voulait vendre chais pas quoi. Il se dirige vers son amie, regard sombre, espérant que la racaille derrière la porte se tire. Comment elle l'a trouvé, elle ne l'a quand même pas suivi ?

Une journée compliquée pour lui qui se termine dans un moment de calme. Nul besoin de parler, il est juste détendu dans le canapé, affalé dans ce dernier, la guitare reposant sur lui. Quelques notes s'en échappent. Elles ne sont pas fausses mais ce n'est pas non plus un morceau. Il improvise, comme souvent, se laissant porter par sa passion pour la musique. Peut-être qu'il aurait pu faire carrière, peut-être qu'il aurait pu rejoindre un groupe. Il ne saura jamais tout cela car il n'a jamais tenté. Âme solitaire qui partage rarement son don, pourtant en cette fin de journée une personne assiste à cet instant. Moment de calme entre eux, pas besoin de mots, ils se comprennent. C'est comme s'ils sont sur la même longueur d'ondes malgrés leurs forts caractères. Davantage depuis ce qu'il s'est passé peu de jours auparavant. Pas de regret, ni de promesse, cela serait inutile. Ils prennent comme ça vient, n'oubliant pas ce qui les unie de base. Un métier, une colocation, et cette amitié qui s'est renforcée au fil des jours passés ensemble, au travail, ou à se chamailler dans cette demeure.

Moment de quiétude et pourtant, ce dernier vol en éclat à cause d'une sonnette qui retentit. Dans le fond, il s'y attend Onyx, il sait que l'amie d'Izzy doit arriver et qu'il va s'éclipser. Pourtant de l'autre côté de la porte, ce n'est pas cette amie, juste une source de problèmes qui a un don pour le mettre sur les nerfs. Porte qui claque au nez de la racaille. Il se veut rassurant, revient auprès de la belle, les bières à la main. Pourtant, son regard a changé, s'est assombri, et elle le sent Izzy. Elle l'interroge sans un mot, attendant une réponse qui ne vient pas. Alors, elle le contourne et se dirige vers la porte d'entrée, alors que lui retourne au salon. Il est temps de mettre les voiles. Hors de question de rester dans les parages. Bière de cheveux de feu déposé sur la table basse, il ouvre la sienne et récupère sa guitare. Son corps se crispe à l'entente des voix en provenance de l'entrée. Ce n'est pas possible. Elle. Ne. Peut. Pas. Être. Son. Amie. Il fulmine à l'intérieur. Il ne veut pas y croire mais au fond de lui, il sait. Le karma s'acharne. Car une fois que Kinaï entre dans une vie, il est bien difficile de la faire sortir, en bon parasite qu'elle est, et qui s'accroche. Il ne peut même pas de nouveau la tromper, cela voudrait dire sortir une nouvelle fois avec elle, et plutôt brûler vif que d'en arriver là. Surtout après l'autre soir où elle l'a bien énervé.

Il entend bien malgré lui les mots, qu'elle le traite de goujat. Doigts qui se serrent autour de la bière. Une bouteille en provenance de Tokyo, elle veut le faire pleurer. Comme si elle s'est rendue là bas. Il n'y croit pas, elle était aussi fauchée que lui aux dernières nouvelles. A moins qu'elle ne vive aux crochets de sa famille, voici qui ne l'étonnerait pas. Il sait qu'il ne doit pas. Il a conscience que cheveux de feu va lui lancer un regard noir, mais tant pis. C'est mal le connaître que de croire qu'il va se taire et se la fermer. - Le goujat songe à t'enterrer vivante dans le sable, déboucher cette bouteille et la boire à ta fin balance-t-il d'une voix sombre. Tant pis s'il s'attire des foudres. Il s'en moque. Il lance un regard vers Izzy mais dans ce dernier, il ne s'excuse pas de ce qu'il vient de dire. Oh non, plutôt mourir que de le faire. Il se rapproche de la belle et du parasite. - Tu devrais faire gaffe à tes fréquentations Iz', surtout avec elle... lui souffle-t-il au passage. Puis il continue sa route, prenant la direction de sa chambre pour y poser sa guitare. Hors de question de laisser son précieux près de l'autre là. Non, avoir confiance en Izzy est une chose, en Kinaï, il en est hors de question.

Le moment de calme et l’improvisation à la guitare semblent déjà un lointain souvenir. Une simple sonnette qui suffit à tout faire voler en éclat. L’humeur qui s’assombrit à la vue de la nouvelle arrivée. Une chance sur des millions. Le karma aime bien se foutre de sa gueule quand il s’y attend le moins. Petite bulle qui vole en éclat et qui ne se reformera certainement plus dans cette journée. Tout cela à cause d’une épine, de cette épine, pire qu’une écharde qui s’accroche et refuse de partir. Un être qui se retrouve au milieu d’une guerre sur le point d’éclater sans retour en arrière possible. Il se retient, du mieux qu’il peut, le brun. Même si quelques mots franchissent ses lèvres. Une menace pour l’une, une mise en garde pour la seconde. La racaille croit qu’il est incapable de la choper. Elle se trompe lourdement. Quand on est mené par la colère, on peut faire bien des choses sans rien ressentir. C’est plus tard que les douleurs reviendront en force, quand son esprit sera satisfait et apaisé de ne plus l’avoir dans les parages. De bien sombres pensées qu’il ne mettra pas à exécution, pas devant Izzy en tout cas. Garde fou qui le retient sans même sans rendre compte.

La remarque de Kinaï ne l’atteint pas. Simple petit rictus en guise de réponse de sa part. Il a connu mieux comme réplique de sa part, à croire qu’elle se ramollit et ce, sans avoir encore bu d’alcool. Qu’importe, il ne désire pas s’occuper d’elle. Son temps est fait et voici celui de retourner dans sa chambre, éloignant sa précieuse guitare d’une calamité ambulante. Le voici parti, de sa démarche si particulière, dans le couloir menant à son antre. Dans son dos, la voix de cheveux de feu retentit. Il s’arrête sur le moment à l’écoute de ses mots. Le corps crispé. Il n’est pas loin de se retourner, pour croiser son regard. Elle pourra alors y lire une colère qu’il a bien du mal à contenir. Mais il n’en fait rien. De courtes secondes s’écoulent avant qu’il ne se remette en route, désireux d’ignorer les mots qui viennent de retentir. Le moment paisible qu’ils ont vécu auparavant n’est déjà plus qu’un souvenir alors qu’il entre dans sa chambre.

Guitare déposée dans son étui. Il ne s’assoit pas sur son lit. Le brun est comme un lion en cage, tournant dans sa chambre. Bouteille portée à ses lèvres, il descend quelques gorgées. Il n’en revient pas des mots d’Izzy. A croire qu’elle prend le parti de la racaille. Pourtant, elle reste fidèle à elle-même. Comme quoi un instant charnel ne suffit pas à écouter une mise en garde. D’un côté, il comprend. De l’autre, il rage intérieurement. Pour n’importe quelle autre personne il aurait accepté la réplique. Mais là, elle a du mal à passer car il s’agit de Kinaï. Ce parasite qui lui pollue de nouveau la vie et qu’il pensait n’importe où sauf ici, à Oceanside.

Il ne tient pas en place, alors le voici qui sort déjà de sa chambre, comme si une force invisible le pousse à retourner sur le champ de bataille. Son corps est tendu alors qu’il se dirige vers la voix qu’il entend non loin. Un jacassement qui semble déjà incessant. Il arrive à la fin de son laïus, alors qu’elle déballe sa vérité. Oubliant de préciser au passage qu’il est revenu sur ses mots même s’il ne lui a pas dit comment était venu son état. Rares sont ceux à le savoir. C’est un sujet qu’il n’a pas abordé avec Izzy. Et il fait suffisamment conscience à Leo pour ne pas le trahir de ce côté. Il s’appuie sur le chambranle de la porte, n’entrant pas dans la pièce, et n’annonçant pas sa présence. Il ne sait pas si elles vont le remarquer de suite. Il est curieux, de savoir si cheveux de feu va accorder du crédit aux propos de cette amie, buvant ses paroles comme si elles ne sont que vérité. Ce qu’elles sont en partie même si une autre est omise, volontairement ou non. Vu le grand amour entre la racaille et lui, autant pencher pour le côté volontaire de l’oubli.