la plénitude (maisy)
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la plénitude (maisy)

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「 La plénitude 」
∙ feat. @Maisy Wasilewski ; février 2024 ∙
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La musique à la radio comme seule connexion à la réalité, ça fait bien vingt minutes que t'es là, l'aurore comme spectacle subjuguant. Une impression de t'être fait bernée, alors que tu regardes sa porte, qui ne s'ouvre pas. T'essaies de te souvenir de votre dernière escapade sans t'en souvenir. Tu regardes ta valise qui dépasse, la peur qui te prend dans le ventre. Traverser le pays de bout en bout, pour un stupide spectacle, avec des gugus en tutu qui chantent toutes les deux minutes. Tout ça parce que t'as dis que t'aimais bien le film Sweeney Todd, celui avec Johnny Depp. Pas pour les chansons, nan, ça ça te casse bien les couilles Marta, mais pour le côté gore. Au fond, ce que tu fais là, tu ne l'aurais pas fait pour quelqu'un d'autre. Maisy c'était Maisy, et à elle, tu pourrais offrir le monde et te taper plus de deux jours de route pour voir des étoiles dans ses yeux. C'est ton soleil, une des seules personnes qui te connait vraiment et qui t'aime pour ce que tu es, sans aucune condition. Tu vérifies deux trois fois, ton itinéraire, ton niveau d'essence, les endroits où tu pourrais potentiellement t'arrêter. Ouais, au fond, c'est peut-être une bonne chose, te casser, tout oublier, quelques jours. Plus de Soobin, de Richard, de June, plus personne, plus rien d'autre que la route à perte de vue, avec Maisy qui chante à côté de toi, et toi qui la suit, en chantant faux. putain grouille toi que tu sors, au moment où la porte s'ouvre enfin, faut croire qu'elle a du t'entendre. Un sourcil qui se lève quand elle rentre, plus joyeuse que jamais dans ta voiture. Vraiment différente, irrémédiablement opposées, nées pour être les meilleures amies du monde, comme quoi la logique n'a rien à voir avec les atomes crochus. Maisy, qui aurait pu sortir du magicien d'Oz, Dorothy dansant sur les briques jaunes, toi ne jouant que les nains grincheux, gâchant l'ambiance, râlant des paillettes collantes qu'elle te fout dans ta vie morose. Tu la regardes du coin de l'oeil avant de rigoler face à sa bonhommie, contagieuse, qui te fait rappeler que t'as de la chance d'avoir croisé sa route, des années plus tôt. T'sais qu'on peut encore changer d'avis ? espérant qu'elle fasse machine arrière, les sentiments qui se mélangent, te disant que finalement c'est exactement ce qu'il te faut, une escapade avec ta meuf. Bon, ok, let's go. que tu sors en appuyant sur ton accélérateur, prenant la route, prête à traverser les états. qu'est ce que je fais pas pour toi meuf que tu sors en rigolant en la voyant chipoter sur les boutons de la radio, pour mettre une de ses playlist. J'espère qu'il y aura des beaux mecs dans ce spectacle, que ça en vaille réellement la peine y a que avec elle, que tu peux en parler, tes peines de coeur, ne pas être la salope, celle qui s'est trop souvent trompée. Avec elle, t'es pas l'amante de Soobin, t'es pas celle qui est tombée amoureuse d'un homme de foi, avec elle, t'es juste Marta. T'es juste cette nana qui a besoin d'être aimée, qui n'a pas encore trouvé la bonne personne. Je vais essayer de rouler juqu'en Iowa, puis on essayera de se trouver un hotel et on continuera demain. Après tout, le spectacle ce n'est qu'après demain. Vous avez le temps Je ne partirai pas de New York sans avoir pris une gaufre à Central Park et avoir fait des photos au Madison Square Garden tu hausses les épaules Autant jouer les touristes jusqu'au bout nan ? finalement bien plus emballée que tu pourrais le faire paraitre. J'ai écouté toutes les chansons de Sweeney Todd, faudra qu'on se les mette à un moment, histoire qu'on puisse chantonner avec eux Presque personne sur les routes, l'avantage de partir aussi tôt, prête pour une journée complète sur la route, ayant pensé à tellement de conversations, de jeux, de débat pour essayer de vous tenir réveillées le plus longtemps possible. Alors ça avance sinon avec le type ? un brin méfiante, parce que les mecs après tout c'est tous des trous du cul, des briseurs de cœur, que vous avez eu trop l'habitude de bruler des trucs, de pleurer sur l'épaule de l'autre, à s'appeler en pleurant. Tu espères vraiment qu'elle trouve enfin le bonheur, mais bon, faut croire que vous avez fait des trucs bien merdiques dans votre ancienne vie, votre karma c'est grave de la merde. Tant de choses à se dire, tant de temps à tuer, et le soleil qui explose doucement dans le ciel, comme décor merveilleux de ce voyage.
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「 La plénitude 」
∙ feat. @marta dunn ; février 2024 ∙
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Dire que Maisy avait bien dormi ce soir-là aurait été mentir. Même si les années s’étaient écoulées depuis qu’elle s’était établie à Oceanside, même si elle s’était habituée à la vie sur la côte ouest, il n’en restait pas moins que pour Maisy, il n’y avait rien comme se retrouver à New York, ce qu’elle considérait encore aujourd’hui comme son chez-soi. Si la plupart de ses voyages étaient organisés pour des évènements particuliers comme l’anniversaire d’une amie, un mariage, ou baby shower, cette fois-ci c’était simplement par pur plaisir. Il n’avait suffi que d’une phrase pour que la proposition sorte de sa bouche. Sans doute que Marta avait réalisé rapidement son erreur en mentionnant son amour pour Sweeney Todd, parce qu’il n’en avait pas fallu plus pour que Maisy parte sur une lancée, expliquant à son amie qu’il y avait, à cet instant, la comédie musicale Sweeney Todd sur Broadway, les étoiles dans les yeux comme à chaque fois qu’elle avait la chance de mentionner une comédie musicale. Elle s’était abstenue de trop parler, par contre, mais ne s’était pas retenue de proposer à Marta un road trip jusqu’à New York. L’idée était complètement folle considérant la durée du voyage – c’était pourtant toujours plus fun de sillonner les routes que d’embarquer dans un avion – mais au fil des années, elles en avaient fait des choses complètement folles, les deux pourtant, celle-là était loin d’être au sommet de la liste. L’alarme de son téléphone retentit dans la pièce pour la troisième fois lorsqu’elle ouvrit enfin les yeux. Elle prit bien le temps de se frotter les yeux pour en chasser le sommeil autant que possible avant de s’emparer de l’appareil pour le faire taire, voyant par le fait même l’heure. Oh shit. Déjà qu’elle avait mis son alarme le plus tard possible, se laissant très peu de jeu pour être prête à l’heure prévue au programme, les notifications à l’écran lui indiquant deux messages de la part de Marta ne vinrent que confirmer qu’elle devait s’activer. Elle se prépara en un temps record, s’emparant des premiers vêtements qui lui tombèrent sous la main, mais qui seraient assez confortable pour le long trajet, avant de se brosser les dents, pas le temps d’avaler quoi que ce soit, avant de trainer sa valise, et un sac plein de petits trucs utiles, à travers l’appartement et de la quitter, le sac qui lui servait de sac à main sur l’épaule. Elle dévala les marches à toute vitesse avant de se diriger d’un pas rapide vers la voiture. Elle posa sa valise à l’arrière de la voiture avant de prendre place dans le siège passager. Désolé, je n’ai pas entendu mon alarme. Qu’elle s’excusa directement avant même les salutations. À son commentaire, Maisy lui lança un regard tout en lui répondant T’sais que je ne cancellerai jamais un voyage à New York.  Et à peine quelques secondes plus tard, le téléphone branché à la radio, la playlist roadtrip vint à résonner dans l’habitacle, tandis que le regard de la jeune femme vint à se poser sur la route, sur l’horizon, sur le soleil qui tranquillement venait à prendre sa place dans le ciel. Je te promets, tu ne seras pas déçue. Parce que l’acteur qui tenait le lead role était un des man crush de Maisy, acteur qu’elle avait suivi depuis ses premiers pas sur les planches des théâtres de Broadway, et qu’il était, selon elle, terriblement séduisant. Parfait. Qu’elle se contenta de répondre lorsque Marta lui expliqua le plan de match. Maisy s’étira pour pendre un sac sur la banquette arrière. Je nous ai pris quelques snacks pour la route. Qu’elle déclara, posant le sac plutôt bien rempli sur ses cuisses, l’entrouvrant pour laisser à Marta le soin d’y jeter un bref coup d’œil si elle le voulait. « Promis, t’auras ta gauffre dans Central Park et tes photos au Madison Square Garden. » Ça la faisait toujours un peu rire, dès lors qu’elle avait quelqu’un qui l’accompagnait lors de ses voyages à New York, parce que pour elle, toutes ces petites choses avaient fait parti de son quotidien pour plus de la moitié de sa vie, mais de voir d’autres gens se satisfaire de choses qu’elle considérait comme communes venait toujours mettre un sourire sur son visage.

Je vois que tu as fait tes devoirs. Qu’elle lâcha avec un léger rire.  Tu crois vraiment qu’on allait passer toute ce temps sans au moins écouter l’album en entier au moins une fois? Comme si. Maisy était du genre à se hype pour les divers spectacles qu’elle allait voir, encore aujourd’hui, en écoutant les albums en boucle pendant les jours qui précédaient la représentation, et rien n’avait changé depuis son adolescence. Alors bien évidemment, qu’à un moment ou à un autre, elle se laisserait aller à chanter les chansons qu’elle connaissait par cœur, encourageant Marta à suivre. Et tandis qu’elles suivaient la route qui les mènerait hors d’Oceanside, Marta se décida à lancer la conversation, le sujet lui faisant mériter un regard de la part de Maisy. Vraiment? T’as décidée de commencer la journée avec ça? Même pas le temps d’arrêter prendre un café? Elle ne blaguait qu’à moitié, Maisy. Elle n’avait jamais été une fille du matin – son retard sur l’heure de départ prévue n’en était qu’une preuve de plus – et son premier café se trouvait généralement être la chose qui lui permettait de mettre ses idées en place et se réveiller un peu. J’sais pas. Un peu je suppose. La réponse accompagnée d’un haussement d’épaules. J’ai commencé à lui donner des cours de guitare. Chose qu’elle prenait au sérieux, peut-être un peu trop parfois. Mais entre deux leçons, entre deux moments d’apprentissage, ils se laissaient aller à des conversations, histoire d’apprendre à se connaitre un peu plus, un peu mieux. Et plus elle en apprenait sur lui, plus elle l’appréciait. (Et plus son cœur semblait s’attacher à lui, mais ça, elle se permettait de l’omettre.) Et peut-être que je l’ai invité à venir avec moi la prochaine fois que j’irai à New York… La phrase lancée comme si ce n’était rien alors qu’après coup, elle avait réalisé que c’était sans doute stupide comme idée. Elle avait parfois cette sensation qu’elle le connaissait depuis des années, parce que tout semblait si simple en sa présence. S’ouvrir à lui semblait si facile parfois, aussi facile que de s’ouvrir à Marta, mais il n’en restait pas moins qu’ils n’avaient vraiment commencé à faire connaissance que depuis quelques mois à peine. Et elle avait vu suffisamment de documentaires true crime pour savoir qu’il ne fallait jamais se fier aux apparences. Étrangement, malgré tout ce qu’elle avait bien pu apprendre de ces histoires vraies, elle aurait sans doute été prête à lui confier sa vie si ça s’avérait nécessaire.
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「 La plénitude 」
∙ feat. @Maisy Wasilewski ; février 2024 ∙
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Les yeux qui se plissent doucement alors que la lumière d'un soleil naissant vient éblouir le bitume. Deux secondes, tu te poses la question, savoir si tu as bien prévenu tout le monde que tu te cassais plusieurs jours, que tu serais pas sur ton tel autant que d'habitude. Et surtout, tu te demandes si quelqu'un en aurait vraiment quelque chose à foutre de ça. June te parle presque plus, te foutant au dernier plan, Clyde est sûrement avec une autre de ces pouffiasses insignifiantes. Finnick est sûrement à regarder le sol, priant un Dieu qui te semble flou. Au fond, la seule personne qui se soucie assez de toi que pour remarquer chacune de tes absences est à côté de toi, dansant sur le siège passager. Un sourire que tu ne peux dissimuler en voyant son bonheur te perforer le palpitant. Deux nanas partant à l'aventure, baillant de concert, les cernes tombant jusque par terre, les cheveux emmêlés. Tu t'es rarement sentie aussi vivante qu'en sortant enfin de ta chrysalide. Toi, le papillon de nuit, te cachant dans la tristesse et le formol. Tu piques un biscuit, essayant d'ouvrir l'emballage avec tes dents pour ne pas retirer tes mains du volant. tu me montreras tes endroits préférés de New-York ? Je veux tout voir, tout ce que je ne connais pas de toi une amitié arrivée sur le tard, alors que la solitude était ton quotidien. Tu t'y attendais pas, elle est arrivée comme un boomerang en plein dans ta tête, et t'as plus su t'en passer, dés le moment où cette boule rose bonbon est entrée dans la pièce et t'a regardé comme si t'étais la fille la plus géniale, la plus gentille du monde, tout ce que tu n'es pas. Elle est ton monde et avec elle, t'as cette foutu impression d'être invincible, d'être dans un de ces films stupide qu'elle regarde sans cesse, sachant dés les premières minutes que tout finira bien. Elle t'apporte la sécurité dont t'as tant besoin, que tu ne trouves nul part. j'ai peut-être espéré secrètement qu'on écouterait du rock des années 60 pendant tout le trajet les meilleures musiques selon toi, te voyant secrètement dans un ailleurs, dansant un jive effréné, Clyde menant la danse sous une tonnelle. je veux bien tout écouter mais une seule fois par jour, faut pas déconner, sinon je vais avoir envie de me flinguer et de foncer dans un poteau ne sachant cacher ton sourire ou de te laisser sur une aire d'autoroute ? C'est une idée aussi tiens ... un clin d'oeil rapide avant de reprendre le contrôle de la route. T'as jamais été des plus prudentes sur la route, n'arrivant jamais à te concentrer plus d'une minute sur la route, sans penser à une chose, bouger, changer de musique, regarder ailleurs. Etonnant que t'ai jamais eu d'accident. Tu tapotes sur ton volant, chantonnant, regardant les voitures, très peu en somme pour un début de journée, t'espères ne pas avoir d'embouteillage. Tu regardes l'heure, dans une heure environ, tu devrais arriver à la station essence que t'as indiqué sur ta carte avec la note "sert des croissants fourrés, a l'air bon". T'avoueras pas que t'as passé des heures à tout organiser, à faire en sorte que ça soit parfait, même si la finalité c'est des mecs eunuques en collant, ça en vaut la peine. Tu t'emmerdes rapidement, bâillement sur bâillement, besoin d'un sujet de conversation croustillant. Quoi de mieux que votre besoin incessant de testostérone dans votre vie, vos mauvais choix en matière de mec, surtout que toi aussi t'en as des choses à raconter à Maisy. si tu étais arrivée à l'heure prévue, on serait plus qu'à trente minutes de la station essence, c'est pas de ma faute. Promis, je te paierai un café. tu lui donnerais tout pour quelques ragots croustillants, et pour en savoir plus sur ce "Julian" alias "trop beau pour être vrai" ou "encore un connard de plus". T'essaies de garder ton sourire bienveillant, de ne pas montrer que ça te dit rien qui vaille cette relation. A chaque fois, elle a souffert, à chaque fois t'as fait confiance, des grands sourires, t'as payé des cafés, t'as ri, pour que finalement tu te retrouves avec Maisy à ramasser à la petite cuillère. Pas cette fois, pas une fois de plus. Tu la défendras bec et ongle et si il faut que tu lui taillades la gueule, tu le feras Marta. T'es plutôt douée avec les corps, t'aurais pas de mal à le dissimuler. que des cours de guitare ? Il a rien essayé ? et je l'ai peut-être invité ... New-York ton pied qui appuie sur l'accélérateur un peu trop fort, tes yeux surpris, ne sachant pas cacher ta crainte. New-York carrément ? tes mains qui se crispent doucement sur le volant de ta caisse, essayant de ne pas imaginer ta meilleure pote pleurer, abandonnée à son triste sort. Respire, y a de bonnes personnes dans ce monde, il est peut-être gentil ... mon cul ouais. c'est que tu dois vachement tenir à lui alors ... faudrait que tu me le présentes ... elle te connait par coeur, t'as beau faire la gentille, t'imaginer au pays des bisounours, avec des jus de fraise et des papillons, tu penses juste au fait que tu comptes bien lui faire comprendre ce qui lui arrivera si il ose seulement faire un pas de travers. de mon côté, tu devineras jamais qui est revenu dans les parages autant continuer dans les sujets qui fâchent après tout. Ensuite, vous aurez bien mérité votre café ennemi public numéro 1 alias Soobin, alias ton ex avec qui t'es resté trois ans, alias ce beau salopard qui était marié et qui s'est cassé sans te laisser un mot dans la rue, et il a eu l'audace de faire comme si il me reconnaissait pas. Les hommes c'est tous des trous du cul l'image de Clyde passant un instant dans ta tête, est-ce que lui est différent ? Bah c'est ton pote c'est pas la même chose après tout. Le clignotant à droite pour indiquer que tu sors de la route on se prend un café xxl je te préviens, je suis déjà crevée. J'ai vu qu'ils faisaient des croissants fourrés aussi la bouffe, seul point où tu montres une parcelle de bonne humeur, aimant plus la nourriture que le genre humain.
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「 La plénitude 」
∙ feat. @marta dunn ; février 2024 ∙
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Tu me montreras tes endroits préférés de New-York ? Je veux tout voir, tout ce que je ne connais pas de toi. Évidemment que Maisy allait lui montrer ses endroits préférés. Elle laisserait bien sur Marta jouer les touristes, mais c’était assuré qu’à un moment ou un autre, elle l’entraine dans son quartier favori – outre le theatre district, là ou elle se sentait bien, elle-même, et vivante, parce qu’elles y passeraient bien évidemment – lui fasse découvrir les boutiques qu’elle visitait dès lors qu’elle était de retour en ville, et les restaurants qu’elle considérait comme incontournables. Elle savait pertinemment qu’il lui faudrait faire des choix parce qu’elle aurait pu passer des semaines sans en avoir assez pour montrer à Marta tout ce qu’elle n’avait pas connu d’elle, lui faire découvrir ce pan de sa vie qu’elles n’avaient pas partagé. « Il nous faudrait plus que quelques jours pour ça, mais j’crois bien être en mesure de t’en montrer quelques-uns. » Elle ne s’était jamais réellement faite à cette nouvelle vie, Maisy, et pour elle, New York restait la maison. Elle y retrouvait toujours facilement ses marques, comme si, à chaque fois, elle ne l’avait quittée que pour une courte période alors que, pourtant, les mois s’étaient écoulés, mais les séjours étaient toujours doux-amers. Elle espérait que cette fois-ci ce soit un peu différent, que le fait de partager ces moments avec Marta et de pouvoir ramener ces souvenirs-là à Oceanside, et avoir quelqu’un avec qui les partager, aiderait à apaiser ce sentiment qui l’envahissait toujours à chaque retour sur la côte ouest.

J'ai peut-être espéré secrètement qu'on écouterait du rock des années 60 pendant tout le trajet. Un rire s’échappa d’entre les lèvres de Maisy à ce commentaire. Pas de chance, faut croire que t’as pas choisi le bon passager. Qu’elle lui lança avec un petit sourire. Mais promis, j’ai pensé à toi quand j’ai fait la playlist. Puis bon, si tu peux écouter un cast album en entier, j’peux bien écouter du vieux rock. C’était sans doute là ce qui faisait la force de leur amitié, ou ç’en était un atout, le fait qu’elles puissent facilement faire des compromis. Si leurs gouts musicaux pouvaient se trouver aux antipodes, elles étaient toutes deux assez ouvertes d’esprit pour parvenir à trouver un terrain d’entente, trouvant leur compte au final. « Alors, déjà, j’te laisserai jamais foncer dans un poteau. Pas tant que ma vie est en jeu aussi. » La dernière phrase lancée en tentant de faire preuve d’un peu de sérieux alors que la conversation n’en avait clairement plus. Pff, t’en serais jamais capable. Elle n’aurait pas nécessairement été prête à le jurer, mais elle en était plutôt certaine. À son tour, elle s’empara d’un biscuit duquel elle prit une bouchée. Tu sais, j’peux t’ouvrir l’emballage si ça peut t’aider à rester au moins un peu concentrée sur la route… J’aimerais bien éviter les potentiels accidents. Était-ce là une façon détournée de commenter sa façon de conduire? Absolument. Marta s’en offusquerait-elle? Probablement pas, vu le nombre de fois ou Maisy s’autorisait un commentaire sur le sujet. Peut-être n’y avait-il que très peu de voitures sur la route à cette heure, mais Maisy préférait la prudence. Elle se retint de passer un quelconque commentaire sur son retard, parce qu’il n’y avait rien à dire, Marta avait totalement raison sur ce point. C’est moi qui devrait te le payer pour m’excuser de mon retard. Qu’elle rétorqua. Déjà qu’elle s’était levée aux aurores, Maisy pouvait bien tenter de se faire pardonner de lui avait fait perdre au final quelques précieuses minutes de sommeil avant de prendre la route.

À sa question, elle secoua la tête avant de réaliser qu’elle ne pouvait pas vraiment la voir, si ce n’était que du coin de l’œil. Enfin, elle espérait. Elle connaissait quand même assez bien Marta pour savoir que, malgré que son dossier soit étonnement vierge, il n’en restait pas moins qu’elle n’était pas nécessairement toujours très concentrée sur sa conduite. Maisy se disait parfois que c’était un miracle qu’elles soient toujours en vie vu les nombreux road trips qu’elles avaient faits, et vu le nombre de fois ou elle s’était retrouvée dans le siège passager de cette voiture. Rien. Tu vois, quand je te dis que c’est un mec bien. Enfin, elle avait sans doute raison de douter, Marta, vu les résultats très peu glorieux de ses histoires de cœur jusqu’à présent. On lui disait parfois qu’elle voyait le monde avec des lunettes roses, Maisy, elle qui pouvait parfois manquer de pessimisme. C’était plutôt qu’elle désirait voir le meilleur en chacun, ce qui causait inévitablement sa perte au final. Mais lui, il est différent. La phrase avait été répétée encore et encore, pour qu’au final, les larmes roulent sur ses joues et que Marta finisse par débarquer chez elle avec un pot de glace, prête à faire sa fête au dernier en liste qui lui avait brisé le cœur de Maisy. C’était con comme idée, hien? La question était plutôt rhétorique, elle pouvait bien voir que Marta n’approuvait pas spécialement, que ce soit par le freinage un peu brusque qui cloua Maisy à son siège pendant une fraction de seconde, ou par ses jointures qui perdaient de leur couleur alors qu’elles se resserraient autour du volant. J’sais pas ce qui m’a pris. Je… La phrase resta en suspens pendant une seconde, malgré qu’elle sache très bien ce qui lui avait pris, avant qu’elle reprenne la parole. On discutait, j’ai parlé de New York, il a mentionné n’y être jamais allé, et… Elle haussa les épaules. J’sais pas. C’est sorti tout seul, comme si je ne contrôlais plus ce que j’écrivais et bam, l’invitation était lancée. Elle avait l’impression que plus elle parlait, plus ça sonnait dingue comme idée. Traverser le pays avec un mec qu’elle connaissait depuis quelques mois à peine. Des plans pour qu’elle termine dans un futur épisode d’une quelconque série d’enquête policière. Le fait qu’elle lui voue déjà une confiance aussi grande ne faisait sans doute que rajouter des ombres au tableau, du moins, dans l’esprit de Marta qui semblait déjà beaucoup douter de toute cette histoire, et de cet attachement particulièrement rapide de Maisy pour Julian. C’est juste tellement facile pour moi de m’ouvrir à lui, de lui faire confiance. J’ai l’impression parfois qu’il me comprend sans même que j’aie à parler. On est sur la même longueur d’ondes pour tellement de trucs, et c’est juste… tellement facile pour moi de m’ouvrir à lui, tu comprends? Encore là, la question n’attendait pas vraiment de réponse. Que son amie comprenne ou non n’avait pas vraiment d’importance, parce que c’était simplement un fait. J’ai envie qu’il connaisse cette partie-là de moi. La phrase accompagnée d’un autre haussement d’épaules. Pourquoi se justifiait-elle autant de toute façon? Peut-être parce que c’était Marta et que son opinion comptait plus que celle de quiconque. Parce qu’elle voulait qu’elle cesse de voir Julian comme une menace – elle avait beau rappeler à Marta qu’ils n’étaient que des amis (Maisy devait se le rappeler aussi de temps à autre), elle semblait déjà l’imaginer lui brisant le cœur – et que, qu’importe ce qu’elle pouvait imaginer, si elle finissait avec le cœur brisé, ce serait sans doute par sa propre faute cette fois-ci. Faudrait, en effet. On trouvera un moment à notre retour, si tu veux.

Le soulagement lorsque le sujet changea et que Marta vint à parler de ses histoires. Maisy préférait de loin écouter que parler – quand bien même, lorsqu’il s’agissait de Julian, elle semblait plutôt volubile – et avec Marta, elle était toujours bien servie. Elle pouvait passer des heures à l’écouter parler de ses histoires de cœur, et dieu sait, elle aurait tout le temps du monde au cours des prochains jours pour en entendre tous les détails. Il ne suffit que d’une question pour que le regard de Maisy ne quitte la route et se pose sur la conductrice. Même pas le temps de demander de qui elle allait parler que la réponse vint. Quiconque ne savait pas les tenants et aboutissants des histoires de cœur de Marta n’aurait pu déchiffrer ses paroles, mais pour Maisy, même pas besoin de le nommer qu’elle savait, et ça n’augurait rien de bon. Quoi? Même pas un signe de la tête, ou à la limite un p’tit signe de malaise? Rien? Après, vu comment s’étaient terminées les choses, elle pouvait concevoir qu’il soit sans doute mieux pour lui de faire profil bas, mais aux vues de leur histoire, il aurait bien pu lui offrir un minimum de reconnaissance en la croisant? Elle se retint de commenter la déclaration de Marta parce qu’à elles deux, elles pouvaient sans doute arriver à cette conclusion vu leurs histoires respectives, mais autant pour l’une que pour l’autre, il semblait y avoir l’exception à la règle qui se dessinait tranquillement dans leurs paysages. Elle ne le mentionnerait pas, du moins, pas si tôt dans le voyage, mais ça lui semblait une évidence que Clyde puisse être celui qui lui fasse changer d’avis sur la chose. (Elle l’espérait, du moins.)
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∙ feat. @Maisy Wasilewski ; février 2024 ∙
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Tu ne peux t'empêcher de te demander, ce que ça ferait de partir, de ne jamais revenir. De réaliser tes rêves, reprendre des études peut-être, intégrer l'école de police, sûrement la médecine légale. Tu te vois déambuler dans d'autres lieux, dans des rues inconnues, devenir l'aventureuse que t'as toujours voulu être. Etre exploratrice de nouvelles vues. Parce que parfois t'as cette impression de tourner en rond, d'avoir tout vu, de t'essouffler, de voir le temps qui s'écoule bien trop vite, spectatrice des changements ailleurs sans que tu puisses réellement accomplir les tiens. Courir, loin, très loin, ne plus être la fille des gagnants du Lotto, ne plus être la casse couille de service, la meilleure amie un brin trop imposante. Etre juste toi, tourner la page, créer une nouvelle peinture. Tu te demandes si tu manquerais à tes parents, si tu manquerais à Clyde et un instant, t'as un pincement au cœur, de te dire que sûrement pas, qu'ils auraient peut-être enfin une paix bien méritée. Se reposant après une tornade bien trop longue, regardant tout les dégâts qu'elle a pu faire sur son passage. Le soleil orangé prenant place dans toute ta voiture, un simple regard vers elle pour te rendre compte qu'elle éblouit, tellement belle, et si peu de gens qui le remarque, quel putain de gâchis. au fond, j'ai toujours voulu visiter New-York. Faudrait qu'on s'organise ça à Noel aussi, apparemment c'est magnifique. Je rêve de voir le grand sapin là, à Rockefeller Center depuis que j'ai vu maman j'ai raté l'avion un souvenir d'une Marta émerveillée devant la vieille télé cathodique que vous aviez à l'époque où vous n'aviez rien, les étoiles pleins les yeux en t'imaginant la magie d'un arbre aussi grand, te souvenant de l'odeur de cannelle qui flottait dans ton salon pendant que ta mère préparait le repas. Une partie de cette âme de gamine qui reste ancrée sur ton myocarde, malgré ton âge adulte, tu continues d'éviter les flaques et à faire la funambule sur les bords de trottoir. Bien plus tendre que ce que tu laisses paraitre Marta.

faut croire que t'as pas choisi le bon passager Clyde te percutant directement l'esprit, alors que tu te vois, main dans la main avec lui à essayer d'apprendre quelques pas que vous avez vu à la télé, lui te faisant tourner sous la lumière de la lune, au secret du monde. prochaine fois Clyde vient avec nous, il me soutiendra dans mon choix de musique les imaginant avec leur guitare, te faisant des improvisations pendant que tu conduis, toi chantant un peu faux par dessus leur voix cristalline, bercée par leurs rires. T'as toujours pensé qu'ils finiraient ensemble ces deux là, tellement similaire, les imaginant se chanter des sérénades. T'as jamais bien compris ce qui les a retenu, ce qui a fait qu'ils n'ont jamais sauté le pas. Maisy te dirait que c'est parce que c'est pas d'elle qu'il était amoureux, toi tu répondrais que c'était qu'un beau tissu de connerie. Une heure de musique pour toi, une heure de musique pour moi, comme ça tout le monde est content un check de fait avant qu'elle commence à mettre une des chansons la ballade de Sweeney Todd qui commence à se faire entendre dans toute l'embarcation. Tu continues de te concentrer sur la route, en regardant la radio, en ouvrant un paquet de biscuit, en regardant ton amie. T'en fais pas j'ai l'habitude de faire plusieurs choses en même temps te mettant sur la bande de droite, si peu de monde sur la route, que t'as cette impression qu'elle t'appartient. comme tu veux, j'ai vu qu'ils faisaient un latté à la citrouille, ça doit être pas mal. Ils rajoutent de la cannelle en plus et dieu sait que tu aimes ça, toi qui en fout dans chacune de tes pâtisseries.

Le sujet de Julian arrivant rapidement sur le tapis sans que tu puisses cacher ton anxiété face à cette nouvelle histoire, qui va beaucoup trop vite pour toi. Trop de fois Maisy s'est emballée, elle qui rêve d'eau de rose et de pâquerette. Trop longtemps bercée par ses comédies musicales et ses histoires qui finissent bien. Maisy qui voit l'amour de sa vie dans chaque homme qui lui accorde de l'attention et qui lui dit ce qu'elle veut entendre. Au début, les deux premières fois sans doute, t'étais heureuse pour elle, emballée même. Tu les as même rencontré - vieux tas 1 et coincé 2. Tu leur a souri, tu les as même trouvé sympa, intéressant, avec de la conversation. Et puis, ils ont dégommé ta Maisy, lui brisant son petit cœur, l'endurcissant à chaque fois. Et à partir d'insignifiant 3, t'as arrêté d'être sympa et t'as laissé paraitre ton vrai visage. T'as toujours eu raison, arrivant même à limiter la casse avec certains de ces imbéciles. Et là, en la voyant parler de -trop beau pour être vrai- tu espères secrètement que t'as tord, que c'est vraiment le mec exceptionnel qu'elle te dépeint, qui veut vraiment la respecter, prendre le temps et lui donner ce qu'elle mérite tant. Néanmoins, tu restes toi et tu ne peux t'empêcher d'être celle qui essaie de voir la partie immergée de l'iceberg, de trouver la chose qui cloche, qui pourrait faire en sorte que tu la ramasses encore une fois à la petite cuillère. je ne vais pas m'emballer. Disons que c'est un mec qui prend son temps. tes freins qui pilent assez que pour voir Maisy mettre ses mains sur le tableau de bord par réflexe. Personne derrière toi, reprenant ta route comme si rien était. New-York, si loin, seule avec lui. Et si c'était un psychopathe, un Ted Bundy en puissance, belle gueule, à attendre patiemment que sa proie soit seule et vulnérable pour attaquer dans un coin à coup de pelle. Garde ton calme, Maisy est grande, elle fait ce qu'elle veut, même si ça te fait bien chier, faut le reconnaitre. Tu savais pas lui proposer un rdv moins loin avant de te taper des jours complets avec lui dans une des villes les plus dangereuses du pays ? Imaginant Maisy et Julian faire la même route que toi actuellement, te disant qu'il pourrait l'abandonner quelque part, à la moindre altercation, tellement pas prudent. Putain Maisy. ouais je comprends, t'es si spontanée. T'as pas pensé au fait qu'il pourrait ... je sais pas ... te kidnapper et te laisser dans une cabane enfermée ? J'ai déjà vu ça dans un documentaire. ouais, tu regardes surement trop de films d'horreur, peut-être que ton taff te monte à la tête. Néanmoins, t'en as déjà vu bien assez pour savoir que tout le monde n'est pas aussi bienveillant que ta meilleure amie.

Le sujet qui se poursuit avec tes propres maux de palpitant. Ton altercation avec Soobin comme sujet principal de ta semaine. Tu ne peux pas t'empêcher d'avoir mal, le coeur se brisant doucement. Tu pensais avoir tourné la page, qu'il ne soit plus que brouillard. Toutes les cicatrices à peine colmatées s'étant réouvertes de manière violente, en le revoyant là, sur le trottoir mouillé. Il ne t'a même pas reconnu, et toi, tu t'es sentie mourir, comme si une partie de ta vie - l'une des plus importantes tu ne peux le nier - n'était plus rien. Tu n'es même pas un souvenir auquel il pourrait penser un soir, tu n'es plus rien, comme si la relation la plus importante de ta vie n'a en fait jamais existé, que dans ta tête. Tu essuies doucement les quelques larmes qui coulent le long de ta joue, priant pour qu'elle n'ait rien vue. T'es pas de celles qui pleurent d'habitude, tu sais pas pourquoi ça te met autant en colère, de te dire que finalement il a gagné sur tout les points, réussissant à te briser le cœur encore maintenant, des années plus tard. je l'ai attrapé. Je me suis dit que ça allait être mon grand moment, enfin pouvoir avoir une explication, une excuse, je sais pas ... il m'a regardé comme si j'étais une dégénérée et il m'a demandé mon prénom ... une amnésie apparemment ta voix qui te reste dans la gorge je sais pas si c'est vrai ou si c'est juste une putain de manipulation pour essayer d'esquiver tu ne peux t'empêcher de rire, te garant, déjà presque deux heures que vous êtes sur la route, et l'envie de t'étirer, de marcher un peu, prendre un peu l'air avant de reprendre. je devais être une sacrée salope dans ma vie antérieure pour avoir un karma pareil. Si ça continue, je vais finir vieille fille avec un chat, faisant tapisserie au mariage de mes amis ton bras qui se met autour de ses épaules, alors que vous avancez vers le petit café, soufflant sur tes mains.
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La vie semblait si simple lorsque Maisy se trouvait sur le siège passager de la voiture de Marta. Elles pouvaient refaire le monde pendant des heures tandis qu’une playlist de leurs chansons favorite faisait office de trame sonore pour leurs escapades. Elle semblait aussi idyllique lorsqu’elles commençaient à faire des plans pour le futur, à s’imaginer prendre la route pour de nouvelles destinations comme elle le faisait à l’instant,Marta lançant l’idée de retourner à New York alors qu’Oceanside disparaissait tranquillement du rétroviseur. Il y a un certain charme à New York à Noël, c’est vrai, mais je te jures, je mets un véto sur tout ce qui implique de célébrer le Nouvel An dans Times Square. La simple mention de la chose l’envoyait presque valser dans un état autre alors qu’elle se remémorait des souvenirs d’enfance dans lesquels elle tenait la main de ses parents tandis qu’ils se faufilaient à travers la marée humaine qui peuplait le lieu mythique, alors qu’ils tentaient simplement de se rendre à la station de métro qui leur permettrait de rentrer à la maison. Elle avait tenté l’expérience une seule fois avec les copines, l’année de ses vingt-et-un ans, mais l’alcool qu’elles avaient consommé ce soir-là avait grandement aidé à faire passer tout ce qu’il y avait de négatif en second plan. Elle n’aura pourtant pu s’empêcher de mentionner le manque de toilettes disponibles pour la quantité de gens présent, et c’est encore surtout ce point qui lui fait instinctivement déclarer que plus jamais elle ne subira le supplice que sont les célébrations du Novel An à Times Square. Ça semble tout beau à la télé, c’est chouette à regarder en buvant un verre avec les copains, mais la réalité est toute autre. Et tous ceux qui diront que c’est un truc à faire au moins une fois dans une vie sont des menteurs.

prochaine fois Clyde vient avec nous, il me soutiendra dans mon choix de musique.  Maisy se retint de passer quelque commentaire que ce soit, mais le petit rictus qui s’afficha sur ses lèvres parlait sans doute pour elle sans qu’elle n’ait à dire le moindre mot. Tu parles comme si je faisais aucun effort. Qu’elle déclara, faussement offusquée, alors que la playlist contenait autant de chanson qui plaisaient à Marta, que de chansons qui étaient plutôt dans le registre de celles qui plaisaient à Maisy. Pourtant, comme s’il était un troisième acteur dans cette conversation, traitre qu’il se fit de ses paroles, le téléphone de Maisy vint à faire jouer une des chansons de Sweeney Todd. Et pourtant, Marta avait raison, le ratio était équitable, et si son téléphone semblait pencher en faveur de l’une ou de l’autre un peu trop longtemps, elle pourrait toujours rétablir l’équilibre. Entre elles, de toute façon, il n’y avait jamais de perdant. T'en fais pas j'ai l'habitude de faire plusieurs choses en même temps. La phrase n’avait rien de bien rassurant pour Maisy qui continuait de jeter un regard furtif en direction de son amie, alternant avec la route qui s’étalait devant elles, guettant l’arrivée d’une voiture quelconque dans la voie opposée, s’assurant que leur véhicule restait bien dans la sienne. comme tu veux, j'ai vu qu'ils faisaient un latté à la citrouille, ça doit être pas mal. Ils rajoutent de la cannelle en plus. À la simple mention, les papilles de Maisy se mirent à saliver. On dit deux lattés à la citrouille alors? Un très grand pour toi et un grand pour moi? Qu’elle demanda, s’assurant que son amie aussi opterait pour le breuvage.

Et lorsque Marta vint à aborder le sujet de Julian, Maisy peina à contenir sa joie et son excitation face à l’idée du voyage qui l’attendait en sa compagnie, joie que Marta ne partageait visiblement pas. Maisy savait qu’elle était du genre à s’amouracher trop rapidement du premier venu qui la traitait avec un minimum de décence, pour au final, quelques mois plus tard, finir avec le cœur brisé. Elle savait aussi que c’était Marta qui, à chaque fois, venait la ramasser à la petite cuillère, venait panser son cœur brisé.  Elle se comptait chanceuse de l’avoir dans sa vie, et cette fois-ci, Maisy sentait que c’était différent. Elle n'aurait pas été en mesure de l’expliquer à qui que ce soit, même à celle qui la connaissait mieux que quiconque, mais il y avait quelque chose chez Julian qui lui inspirait confiance, une douceur et une bienveillance qu’elle n’avait jamais réellement connu avec les hommes qui avaient partager sa vie. Elle avait beau vanter les mérites de Julian, elle savait pourtant que c’était inutile, que Marta ne se fierait qu’à son intuition et qu’à sa propre impression lorsqu’elle viendrait à le rencontrer. Et peut-être était-ce parce qu’elle redoutait ce qu’elle aurait à dire par la suite que Maisy retardait le moment fatidique. Parce qu’elle aurait sans doute le cœur brisé si Marta venait à lui confier qu’elle avait l’impression qu’il était comme les autres. Parce qu’elle avait toujours eu raison, Marta, sur chaque homme qui avait laissé sa marque sur Maisy. Toujours elle lui avait dit de redoubler de prudence, mais toujours, Maisy écoutait son cœur battant plutôt que sa tête. Elle s’était juré, après le dernier, que c’en était fini, qu’elle ne referait plus jamais la même erreur, mais voilà qu’elle retombait dans les même patterns. tu savais pas lui proposer un rdv moins loin avant de te taper des jours complets avec lui dans une des villes les plus dangereuses du pays? Maisy roula les yeux avant de répondre. Déjà, tu parles comme si j’avais décidé de voyager dans un coin perdu à l’autre bout du monde en compagnie d’un parfait inconnu, alors que ça fait quoi, trois mois qu’on discute? Elle en aurait presque été offusquée, Maisy, que Marta lui fasse si peu confiance, si elle ne la connaissait pas aussi bien et ne savait pas qu’elle s’en faisait simplement pour elle. Et puis, j’ai grandi à New York, je te rappelle. S’il y a quoi que ce soit, c’est plutôt lui qui devrait redouter d’y passer autant de temps avec moi. Marta pouvait au moins lui accorder ce point. Elle ne pouvait pas dire qu’elle connaissait la ville comme le fond de sa poche, mais Maisy s’y retrouverait sans doute mieux que Julian, et elle avait gardé contact avec bon nombre de gens. Jamais elle ne pourrait s’y sentir en danger. Je crois que t’as regardé trop de documentaires. Il ne m’arrivera rien. Il est plus doux qu’un golden retriever. Qu’elle déclara, sûre d’elle. Si ça peut te rassurer, je t’écrirai tous les jours et te partagerai ma localisation. Mais tu t’en fais pour rien. Qu’elle se retint d’ajouter.

Poursuivre avec les histoires de cœur de Marta n’était que la suite logique – et ça permettait à Maisy de cesser de penser que peut-être Marta avait raison, encore une fois. Comme toujours. Attends, il t’as demandé ton prénom? Maisy ne parvint pas à cacher l’indignation qui teintait sa voix et s’affichait sur son visage. Pour le coup, elle avait bien l’envie de rebrousser chemin et d’aller lui faire sa fête. Là ou Marta était parfois très protectrice envers elle – facette de sa personnalité que bien peu connaissainent – Maisy, de son coté, pouvait bien sortir les griffes, prête à défendre sa meilleure amie bec et ongles. On ne la connaissait généralement pas ainsi, elle qu’on décrivait plus souvent qu’autrement comme douce, quelqu’un qui ne ferait pas de mal à une mouche, mais lorsque l’on s’en prenait à ceux qu’elle aimait, elle était prête à attaquer. J’en reviens pas du culot. Elle refusait de croire que ça pouvait être vrai, qu’il ne se souvienne absolument plus d’elle. Dis pas ça, tu vas trouver quelqu’un de bien toi aussi. Elle lui lança un de ces regards qui voulait tout dire. Parce que s’il fut un temps ou Marta avait essayé de caser Maisy et Clyde, la colombienne était bien persuadée que c’était plutôt avec sa meilleure amie qu’il terminerait. Rien qu’à entendre la pluie de compliments qu’elle avait lancée à son égard, Maisy avait commencé à se dire, ce jour-là, qu’il y avait, ou du moins que la possibilité existe qu’il y ait un truc entre eux. Elle s’amusait bien des dénis – la fan de comédies romantiques qu’elle était voyait là un scénario typique – et les commentaires qu’ils passaient sur les fréquentations de l’un et l’autre n’aidait en rien à faire taire Maisy et ses insinuations.
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∙ feat. @Maisy Wasilewski ; février 2024 ∙
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Parfois tu repenses aux moments de l'enfance, aux éternelles ombres de lumière, tu repenses aux illusions, à ta manière de penser que tout n'était que blanc ou noir, aux fleurs que tu cueillais pour ta mère, aux sourires de désillusion. Tu essaies de te souvenir d'une vie où elle n'était pas là, constamment comme une comète venant bousiller tout tes retranchements. Toi qui te sentais si bien dans la noirceur, avant qu'elle vienne tout éclater avec sa lumière, faisant ressortir une part de toi que tu pensais enterrée depuis longtemps, depuis que ces foutus numéros sont ressortis de cette vieille télévision défraichie. Tu ne l'attendais pas, et elle est venue tout changer. Avec elle tu as eu cette impression d'en valoir la peine, de pouvoir tout gagner, de devenir quelqu'un, quelqu'un d'autre. Et ça te fait du bien, elle te fait du bien, constamment. Et même si tu dois te coltiner les comédies musicales et les collants à paillette, elle en vaut la peine. Tu ne peux cacher ton plaisir de partir, avec elle, de jouer la touriste quelques jours. Parce que t'en as marre des rues d'Oceanside, des mêmes éternels murs, des rencontres fortuites avec les mauvaises personnes, qui un jour étaient importantes, qui ne le sont plus. Ouais t'inquiète je suis pas très foule non plus, si on fête nouvel an là bas, ça sera tournée des bars, pleins de bons plats à l'hôtel et une bouteille de champagne pour le décompte tu tires déjà des plans sur la comète, avec elle, constamment, pour toujours. Une escapade, une autre, avec Clyde et Ted Bundy à l'arrière, te voyant furtivement lors du baiser sacré de minuit, caressant les lèvres de ton meilleur ami, avant de te concentrer sur la route. Faut dire que l'idée te vient de plus en plus, de cette amitié très forte qui se transforme en quelque chose de grand, de beau, de solide. A force de l'entendre dire, tu finis toi-même par y croire, un peu, pas assez que pour sauter le pas. Tu la vois elle, heureuse, avec lui, ou un autre, heureuse, son sourire éclatant, ayant enfin eu le dénouement qu'elle méritait, pas un énième débile, faisant les bons choix.

Les musiques de Sweeney Todd qui te tapent déjà aux oreilles, clairement pas ton truc les machins lyriques, les scènes où ça chante alors que ça achète du pain. T'as jamais compris. Surement à cause de ces voix de casserole que Sweeney finit par les tuer, les transformer en viande. Ca tu peux le comprendre. Une musique d'Hoobastank qui remet les choses au clair, toi chantant le refrain, ton enfance te prenant à la gorge. Ouais ça va y a quand même de bonnes musiques dans ce truc là une musique de Sweeney qui reprend directement après, la pause fut brève, assez longue que pour t'empêcher de te fracasser dans un poteau. Faut dire que tu roules bien, pas assez que pour la sentir rassurée à côté de toi. Jamais évident d'être à la place du mort, sans aucun contrôle, confiant sa vie à une autre, avec tellement de facteurs pouvant vous amener jusqu'au supplice. Toi tu peux le dire, t'en as vu des gens qui n'ont pas eu les bons réflexes. Néanmoins, t'évites de parler de ce sujet là avec elle, elle qui a cette blessure, cette même cicatrice que toutes ces personnes qui ont perdu un proche. Vendu ! J'espère qu'il y a max de caféine dans ces trucs là, histoire que je puisse tenir assez longtemps avant la deuxième pause. la route qui te parait interminable alors que vous avez à peine commencé le trip.

Le sujet de l'amour, des hommes, de vos myocardes brisés pour vous accompagner jusqu'à la station service. Ted Bundy devenait premier sujet de conversation. T'es que contradiction, entre la peur d'une énième saloperie et l'espérance qu'il soit réellement comme Maisy le décrit. Le problème c'est que toi tu la connais, elle qui a toujours fais confiance, c'est elle la douce, la naïve de ce duo. Maisy elle voit la lumière dans le cœur des gens, elle ne peut penser que les gens peuvent être foncièrement méchants, faisant mal par pur intérêt, simplement parce que elle ne ferait même pas de mal à une mouche. Contrairement à elle, toi tu n'es plus dupe. Tu y as cru pour le premier, tu as commencé à te douter quand elle a toqué chez toi en pleurant pour le deuxième et à partir du troisième, tu n'as même plus laissé paraitre un sourire. Faut bien que l'une de vous deux s'endurcisse, et si ça doit être toi qui joue le rôle de la méchante, qui essaie de voir les part d'ombres chez Julian, tu endosseras ce rôle sans sourciller. Tu n'en veux plus, des journées avec elle sur ton épaule, pleurant, le cœur brisé, à deux doigt d'éclater et toi avec cette sensation de pouvoir bousiller ta vie, pour éclater la gueule de celui qui a eu raison de ta meilleure amie. Manipulateur de merde, donnant ce qu'elle veut, les belles phrases, les beaux cadeaux pour mieux l'achever quand ils se lassent. T'espères que lui n'est pas comme ça, vraiment, parce que tu satures, qu'elle ne supportera pas un énième palpitant bousillé. Que t'as pas envie que cette flamme se taraude, qu'elle devienne aussi fermée que toi, qu'elle ne soit plus aussi gentille, qu'elle devienne une âme errante, non tu ne veux pas de ça, pas pour elle. Tu restes là grommelant, à l'idée de la voir avec lui dans les mêmes rues que tu vas découvrir toi. Tu trouves ça trop tôt, imaginant toutes les situations, sans jamais penser à une bonne, à une situation où il lui prendrait la main, la chérirait comme elle en a le droit, se rendant compte qu'elle est la plus belle femme du monde. j'aime quand même pas ça. que tu sors Grumpy, parce que t'as plus d'argument, qu'elle ne t'écoutera pas de toute façon. Essayant de ne pas penser à une page de journal fictive parlant de cette histoire comme d'un fait divers oubliable. Trois mois c'est pas assez pour cerner quelqu'un toi t'as fallu trois ans, trois ans où tu pensais vivre le parfait amour, où tu ne savais pas qu'il avait une femme, où il s'est cassé une journée sans plus jamais te donner de nouvelles. j'aurais bien aimé que tu me présentes ce type avant de te casser ainsi avec lui. histoire que tu puisses mettre un caractère sur une image, que tu puisses savoir exactement à qui tu as affaire dans ce duel. Bonne idée la localisation. Au moins que je sache où tu es, que quelqu'un ici puisse garder le contrôle si ... ouais bon, t'as sûrement maté trop de films. Je te fais confiance tu sais, c'est juste que je m'inquiète pour toi et que tu ne lui fais clairement pas confiance, à Ted Bundy, il est louche, t'es sûre que tu l'as déjà vu dans une enquête de police, ou qu'il ressemble à quelqu'un que tu as cru voir.

Tu as peur, constamment, parce que ton coeur est aussi brisé, que t'as vécu le pire scénario possible, que tu veux pas qu'elle ressente la même chose, de penser connaitre quelqu'un, de faire confiance à cent pourcent, d'imaginer une vie, un avenir avec lui, des enfants, un mariage, parce qu'il est omniprésent et finalement que tout se détruise, implose, pour qu'elle se retrouve là, pleurant devant les dégâts causés. Tu ne peux pas t'empêcher d'être amère en pensant à Soobin, à cette rencontre que tu as tant attendu, que tu n'auras jamais, vengeance volée par un accident qui lui a retiré sa mémoire. Là ou lui est ta plus grande histoire d'amour, toi tu n'es plus rien, plus rien pour lui, qu'une odeur familière, un souvenir détruit dans une case introuvable. je ne l'ai pas reconnu ... enfin si c'est bien lui, genre le corps c'est le même, mais le regard, la voix, la manière de parler. Il était doux, tendre, tout ce que Soobin n'était pas. J'avais l'impression d'être face à un inconnu ... tu ne peux en parler qu'avec elle, de cette vulnérabilté, parce que c'est avec elle que tu as hurlé, pleuré, que tu t'es déchirée en voyant qu'il avait pris tout ses vêtements, ne laissant comme seule trace de son passage dans votre appartement qu'une lettre, qu'un verre d'eau à moitié rempli près de l'évier. Tu l'as aimé, bon sang que tu l'as aimé, et cet amour n'est pas mort, ne le sera jamais, parce que tu n'as pas cette occasion de tourner la page comme tu aurais aimé le faire. une impression que la colère que j'avais vis à vis de lui ne lui était pas destinée, il me regardait, bon sang, comme si j'étais n'importe quelle femme dans une rue qui l'accoste. Même pas un bref souvenir, rien, ne pouvant me donner aucune explication à la plus grande destruction de ma vie te souvenant que tu comptais lui parler de cette envie d'enfant, d'avancer, de cette deuxième chambre qui ne servait à rien. Tu te sens tellement ridicule maintenant alors que tu penses à cette Marta, un brin romantique, enterrée depuis longtemps. Arrête de me regarder comme ça, je sais bien ce que tu penses. tu vois Clyde, l'imaginant avec cette blonde, l'embrassant dans le cou, et tu ne peux t'empêcher de réfréner un frisson. Avoir un cœur brisé c'est une chose mais qu'il soit brisé par mon meilleur ami c'est trop ... trop de choses à perdre dans cette expérience et tellement à gagner, alors qu'il te connait par cœur, qu'il t'aime pour ce que tu es, que tu pourrais vivre une vie dans ta barque avec lui et des sandwich au thon. et puis je ne l'intéresse pas de toute façon, il me l'aurait déjà dit hein ... sauf qu'il est comme toi, les sentiments restant bloqués, dans le myocarde, les lippes fermées, sans jamais oser, réflechissant trop. Non, trop à perdre.

Tu te gares, sortant de ta voiture, t'étirant, la prenant par la main, te dirigeant vers le café, prenant deux lattés à la citrouille, restant devant la vitre alors qu'une fine pluie commence à s'annoncer. c'est vachement bon ce truc dix, vingt minutes avant de retourner sur la route. Lui proposant un truc à manger bon là on est dans l'Utah, je propose qu'on roule jusqu'à Denver, là on trouvera un petit hotel et on repartira tôt demain matin que tu sors en regardant ton maps. Courant jusqu'à ta voiture, pour ne pas être trop mouillée, reprenant la route de plus belle.
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∙ feat. @marta dunn ; février 2024 ∙
tw: allusions au décès parental, à un accident de voiture, et à des relations toxiques.

Au moins, sur ce point, elles étaient sur la même longueur d’ondes, quoi que Maisy était bien plus enchantée à l’idée de se délecter de bons plats à l’hôtel et d’ouvrir une bouteille de champagne dans le confort de l’établissement, qu’elle l’était à l’idée de se coltiner de parfaits inconnus dans des bars. Elle avait toujours été plus casanière des deux, et c’est sans doute ce qui faisait qu’elles se complémentaient si bien, Marta et elle. Là ou Maisy parvenait parfois à freiner les ardeurs de Marta, elle l’aidait à sortir de son cocon, aller un peu plus vers les autres qu’elle ne le ferait naturellement. Elle s’imaginait déjà la scène, se projetant dans un avenir absolument incertain, les lunettes roses sur les yeux, Julian à ses côtés pour le fameux baiser de minuit, et rien que d’y penser, son petit cœur s’emballait. Elle savait pourtant que ce n’était là que des rêveries, et qu’il lui fallait revenir sur terre, mais elle se plaisait à vivre dans ces illusions. C’est la voix de Josh Groban retentissant dans l’habitacle qui se fit entendre et qui la sorti de ses rêveries. Ouais ça va y a quand même de bonnes musiques dans ce truc là. Le commentaire fit se dessiner un sourire sur les lèvres de Maisy. Évidemment que Marta balancerait cette phrase alors que la voix du chanteur de Hoobastank résonna dans l’habitacle, parce que c’était une de ses chansons à elle. J'ai quand même pensé à toi en faisant cette playlist. Elle vit bien le contentement s’effacer ne serait-ce qu’un peu lorsque la voix d’Annaleigh Ashford vint à prendre la place, visiblement moins dans ses cordes. Marta se passait pourtant toujours de commentaire, à moins que la fonction shuffle se décide à balancer trois chansons choisies par la colombienne, la goutte de trop, et en une fraction de seconde, c’était une de ses favorites à elle qui prenait la place. Toujours équitable. Vendu ! J'espère qu'il y a max de caféine dans ces trucs là, histoire que je puisse tenir assez longtemps avant la deuxième pause. Un rire s’échappa d’entre ses lèvres, et Maisy tenta de ne pas se sentir trop coupable de ne toujours pas avoir passé son permis. Sans doute qu’on aurait imaginé qu’elle se décide à finalement sauter le pas, après des années à dépenser une fortune en Uber, taxis, et passes de bus – les trajets beaucoup plus longs que nécessaire – mais entre l’habitude d’avoir passé son enfance dans une ville ou la voiture était presqu’une nuisance plus qu’autre chose, et qu’elle ait été la cause du plus grand désastre de sa vie, on pouvait sans doute comprendre qu’elle ne soit pas la première à vouloir se placer derrière un volant. Mais elle était conciliante, Maisy. Elle suivrait le rythme de Marta, se fierait à son horaire comme elle le déciderait sans broncher. C’était la moindre des choses.

J’aime quand même pas ça. Elle en avait sans doute marre, Marta, que Maisy lui sorte une réplique à chaque phrase qu’elle prononçait, venant contrer chaque crainte, aussi justifiées soient elles, avec une certitude qui se rapprochait sans doute parfois de la naïveté. Elle savait aussi que trois mois pouvaient sembler courts, mais Maisy avait l’impression de le connaitre depuis beaucoup plus longtemps. Peut-être était-ce ce qui troublait Marta, en fait, le confort qu’elle pouvait ressentir en la présence de Julian. j'aurais bien aimé que tu me présentes ce type avant de te casser ainsi avec lui. Elle était parfaitement consciente des erreurs de jugement qu’elle avait pu faire par le passé, qu’elle s’était laissée porter par son cœur plutôt que d’écouter sa tête qui lui criait de prendre ses jambes à son cou. Mais elle était amoureuse de l’amour, Maisy, amoureuse de l’idée même sans doute autant que du sentiment qu’elle pouvait y ressentir lorsqu’elle y était plongée et elle avait toujours été ainsi, dans toutes les sphères de sa vie. À aimer avec tout son être, sans demi-mesure. La chute n’en était que plus brutale, le cœur brisé toujours plus difficile à recoller – et c’était trop bien souvent Marta qui se retrouvait à endosser le rôle de l’épaule sur laquelle pleurer. Celle qui devait la ramasser à la petite cuillère. Sans doute que ça devenait épuisant à force, mais elle devait s’y être résignée à un moment ou un autre. Pourtant, cette fois-ci, c’était différent et Maisy en était certaine. Pas comme toutes ces fois ou elle avait tenté de s’en faire croire. La connexion avait été instantanée, tout comme la compréhension mutuelle. Si Maisy et Marta étaient la preuve que les contraires pouvaient s’attirer – diamétralement opposées qu’elles pouvaient être – Maisy avait l’impression qu’avec Julian, ils démontraient parfaitement que qui se ressemble s’assemble. Trois mois c'est pas assez pour cerner quelqu'un. Un autre soupire et un regard lancé vers la conductrice. Elle savait le sous-entendu. Elle savait qu’il y avait là une allusion à sa propre relation et ce qui en avait découlé. Elle avait envie de lui dire que tout le monde n’était pas comme lui. Qu’elle avait tord aussi, parce que Maisy avait l’impression de le connaitre depuis toujours, parce que dans certains moments de leurs conversations, c’était comme s’il lisait en elle. Comme s’ils avaient passés leur vie entière ensemble, s’étaient vus grandir. Certes, elle ne connaissait pas tous les détails de sa vie, bien loin de là. Si Marta se décidait à la questionner, elle n’aurait sans doute pas les réponses à bien des questions, mais Maisy était prête à argumenter que ça allait au-delà de ça, Julian et elle. Elle pouvait presque déjà entendre Marta déclarer que les histoires true crime qu’elle avait lues et entendues commençaient toujours comme ça, ou quelque phrase du genre, trop cantonnée à l’idée que Julian était le mal incarné, alors qu’il était en réalité bien plus proche du golden retriever qu’autre chose. Je te fais confiance tu sais, c'est juste que je m'inquiète pour toi. Elle était consciente que ces commentaires ne se voulaient pas un manque de confiance en elle, son jugement, ou quoi que ce soit du genre. Elle connaissait trop bien sa meilleure amie pour assumer que les commentaires étaient autre chose qu’une inquiétude qui partait d’une bonne intention, ce pourquoi je sais passa ses lèvres en réponse. Mais je te promets, tu n’as pas à t’inquiéter cette fois-ci. Contrairement à toutes les autres ou elle lui avait fait la même promesse. Tu sais, j’pourrais te le présenter lorsqu’on reviendra si ça peut apaiser tes craintes. Peut-être elle était têtue, Maisy, confiante en ce qu’elle avançait, mais elle était tout de même prête à faire des concessions si ça pouvait rassurer Marta. Après tout, elle faisait confiance en son jugement – il s’était avéré qu’elle avait eu raison à chaque fois lorsqu’elle avait exprimé ses inquiétudes pour chacune des relations dans lesquelles s’était embarquée Maisy – mais cette fois-ci, elle savait que sa meilleure amie avait tort et était prête à tout pour le lui faire comprendre. Je l’ai invité à notre prochaine performance. Qu’elle ajouta avec un haussement d’épaules. Sans doute que l’idée qu’elle le retrouve dans un lieu public, alors qu’elle serait entourée de gens qui, Marta savait, prendrait soin d’elle et prendrait sa défense si ça devenait nécessaire, parviendrait aussi à l’apaiser si elle décidait de passer son tour. Si jamais… L’invitation lancée à demi-mot, si jamais le cœur lui en disait de lui donner une chance. Elle était bien consciente que ça ne lui empêcherait quand même pas de continuer à vouloir qu’elle partage sa localisation, juste par sécurité, mais si elle pouvait ne pas être si stressée à l’idée de la savoir là-bas avec lui, ça valait la peine d’essayer.

Elle écouta ensuite Marta lui parler de ses histoires de cœur à elle, les sourcils froncés tandis qu’elle lui racontait sa rencontre avec l’autre, celui dont elles ne devaient plus prononcer le nom. Elle resta muette un instant, tentant de trouver les bons mots. Tentant de ne pas laisser la colère qui l’envahissait prendre le pas sur tout le reste. Elle ne pouvait s’imaginer ce que c’était que d’être incapable de tourner la page, de ne pas avoir eu l’occasion de clore une histoire en bonne et due forme. Parce que Maisy, on lui avait toujours fait comprendre bien clairement que c’était terminé. La douleur n’en avait pas été moins vive, mais ça lui avait toujours permis de faire son deuil, ce qu’elle avait l’impression d’être chose affreusement difficile, sinon impossible, pour Marta.  Je suis désolée. Fut tout ce qu’elle arriva à lui dire, avant que les paroles ne quitte ses lèvres quelques secondes plus tard, un tout petit sourire en coin venant courber ses lèvres. Si tu veux, j’peux me charger d’aller lui rafraichir la mémoire. Elle était douce, Maisy. C’était sans doute la première qualité dont on l’affublait, mais pour Marta, elle pouvait sortir les crocs, surtout lorsqu’on lui faisait de la peine. Parce qu’elle était forte Marta, et qu’il en fallait beaucoup pour l’atteindre à ce point. Elle ne l’avait jamais vu ainsi, comme elle l’avait vu ce jour, ces semaines-là, et elle espérait bien ne plus jamais la revoir dans un tel état. Et si ses estimations étaient bonnes, c’était sans doute la seule et dernière fois, parce que la prochaine histoire, elle espérait, serait aux bras de quelqu’un qu’elle jugeait raisonnable, bon, gentil, parfait pour elle. Malgré les complaintes et les protestations, elle persistait à croire que Clyde et elle, c’était une évidence qu’elle ne parvenait simplement pas à voir parce qu’elle était en plein centre de l’histoire. Et tout autant sinon plus à gagner, tu ne crois pas? La question balancée juste comme ça. Elle savait qu’elle avait raison. Elle était sans doute bien mal placée pour parler, elle et son petit cœur d’artichaut qui terrait sans doute les sentiments qui tranquillement naissaient et fleurissaient lorsqu’elle était en compagnie de Julian. Pourquoi ruiner quelque chose de doux, de bien, pour une fois qu’elle parvenait à entretenir une quelconque relation positive et, pour l’instant, aucunement toxique avec un homme? Elle pouvait comprendre la position de Marta, mais ne put retenir un rire à la phrase qui suivit, le regard incrédule lancé en sa direction. Ou peut-être qu’il est aussi effrayé que toi de tout gâcher. Mais crois-moi, je n’ai jamais vu personne te regarder de la sorte. À jouer la troisième roue du carrosse, elle avait bien souvent eu l’impression d’être de trop avec ces deux-là. Et je n’ai vu personne être aussi peu subtilement jaloux de savoir que l’autre est allé en date. Et ça, elle savait qu’elle ne pouvait le nier. Elle pourrait bien lui sortir toutes les excuses du monde, mais Maisy ne les avait pas avalées jusque-là, ça ne commencerait pas aujourd’hui.

Elle la suivit, n’ayant pas d’autre choix, sa main dans la sienne, avant que les boissons ne soient commandées, puis reçues. À l’abri, regardant la pluie tomber, une gorgée puis deux, le bonheur de retrouver un peu de caféine. Vraiment. Bonne idée que tu as eue. Dix, puis vingt, le temps d’étirer un peu les jambes, de refuser l’offre de Marta, le sucre de la boisson assez pour elle – en accumulation avec les trucs qu’elle avait déjà mangé depuis leur départ – que la Dunn lui proposa le plan de match pour le reste de cette portion de trajet. Ça me va. Qu’elle lança, bien qu’elle aurait pu lui proposer tout et n’importe quoi qu’elle aurait acquiescer, qu’elle l’aurait suivie. Elle n’avait pas vraiment le choix, de toute façon, ce n’était pas elle qui était au volant.
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tw: allusion à un accident de voiture, tromperie, insultes.

Tu aimerais tant appuyer sur l'accélérateur, ne plus jamais regarder derrière toi, partir, partir loin de cette ville qui te hante. Est-ce que tu manquerais à quelqu'un réellement ? Ne plus jamais voir les coins de rue qui hante, cette rue où tu l'as rencontré lui, revoir tes parents et leur stupide avidité qui ronge leur chair, tout les gens stupides qui leur sourie, faisant mine d'être leur ami sans que ça soit réellement le cas. Tu ne restes que pour elle, Maisy et son sourire grandissant, et ses chansons à la con, beaucoup trop niaises pour toi. Les gens se sont toujours demandés ce qu'elle te trouvait, à toi, celle qui tire constamment la gueule, qui agresse tout le monde, si différentes. Maisy aurait pu être amie avec qui elle voulait, tu le penses réellement. Tu ne comprends pas que ça ne soit pas la guerre pour avoir un instant de sa présence. Et même maintenant, des années plus tard, tu continues d'être reconnaissante d'avoir la chance de l'avoir constamment à tes côtés. Même si tu dois bien l'avouer, toi aussi tu te demandes toujours ce qu'elle a pu voir en toi. T'attendant à ce qu'à tout moment elle ait la révélation que tu ne lui suffises pas et qu'elle s'enfuie loin de toi. Tu te prépares à ça en forgeant tranquillement ton armure. Trop peur que ton cœur soit brisé à nouveau, sauf que par elle, ça serait beaucoup trop douloureux. Ton myocarde est calibré pour les douleurs amoureuses, Soobin t'a suffisamment préparé à ça, même perdre Ariès serait une douleur atrocement supportable, mais pas elle, non, jamais elle. Même si ses musiques te font mal à la tête. Tu ne peux t'empêcher de la chambrer là dessus, ta patience s'apaisant à chaque fois que c'est une de tes chansons qui passe, toi qui ne peut t'empêcher de chanter. Ouais, t'es vraiment heureuse de cette escapade, et -même si tu ne l'avoueras pas - tu commences à écouter attentivement les chansons de Sweeney Todd qui passent, histoire de pouvoir les reconnaitre pendant le spectacle. Tu te surprends même à apprécier certains des airs entendus.

Tu pourrais même envisager de préférer écouter les chansons de ces mecs en collant plutôt que de parler de Jeffrey Dahmer. Tu n'arrives pas à comprendre Marta, comment est-ce que vous avez été crée, calibrées, pour vous jeter dans la gueule du loup, pour oublier les pires douleurs, n'avoir aucun système de défense. A quoi ça sert de tenter l'amour, quand les cicatrices des expériences passées ne sont pas encore totalement fermées. Les femmes sont d'un ridicule, guidées par ce foutu espoir, que la prochaine fois sera la bonne. Cette foutue idée qu'il ne faut manquer aucune opportunité, parce qu'on se sait jamais, ça serait peut-être l'homme de votre vie, celui qui changera tout. Toi, tu te refuses d'y croire, l'espoir tu l'as brulé depuis longtemps mais elle, elle s'y accroche encore et encore. Du grand Maisy. Et toi tu as beau lui brandir tout les red flag possible, tu le sais, elle sautera encore, s'éclatant sans doute sur les rochers, ne t'écoutant pas. Elle n'en fera qu'à sa tête et au fond, si tu rencontrais toi aussi le grand amour, est-ce que tu ne ferais pas de même. Après tout, n'es-tu pas de nouveau obnubilée par le feu qui t'a que trop longtemps consommée ? N'as-tu pas Soobin dans l'âme depuis que tu l'as vu ? Te jetterai-tu a nouveau dans la grotte du démon ? Oui, sans hésiter. Alors tu essaies de ne pas juger, de ne pas imaginer la gorge de ce type dans tes mains manucurées si il fait le moindre faux pas, de ne surtout pas imaginer ses mains à lui sur la gorge douce de ta meilleure amie. Tu ne peux t'empêcher d'envisager le pire, combien de personnes as-tu vu sur ta table, qui ont fait confiance à la mauvaise personne ? Bien trop. Mais tu gaspilles ta salive, chacune de tes paroles, de tes arguments sont contre-carrés par ton amie, comme si elle avait préparé son speech à l'avance, s'attendant à chacune de tes remarques, te connaissant finalement par cœur. Et toi tu ne réponds qu'avec ta mine renfrognée, après tout tu ne la changera pas, tu n'en as vraiment pas envie non plus. bon. un premier pas vers toi, une rencontre, toi te demandant déjà quelle stratégie tu pourras utiliser pour faire comprendre à Freddy Kruger que tu es la personne dominante, faudra que tu t'entraines à serrer les mains bien fort et à faire des regards méchants - bon ça, ça ne devrait pas te demander beaucoup d'efforts. en espérant que tu ne sois pas transformée en charcuterie avant ton sourire qui se fane doucement, bon faut que tu arrêtes de rire, prendre les choses un peu au sérieux. je viendrai, faut bien quelqu'un pour lui faire comprendre ce qu'il risque si il te fait du mal et tu es quelqu'un qui arrive facilement à dissuader. je lui dirais directement que je suis très à l'aise avec les cadavres, on ne sait jamais ouais, même si elle a l'air d'avoir confiance en Charles Manson, toi non.

Et la discussion qui passe sur tes propres douleurs, sur tes propres doutes, sur Soobin qui rentre tout doucement dans ta vie, les émois qui reviennent, et l'envie de le revoir. Toi qui te déteste, à mort de pouvoir ressentir tout ces sentiments Tout qui te revient en mémoire, sa main dans la tienne, je pensais que c'était toi, la femme de ma vie et cette foutue voix dans ta tête qui te dit que peut-être c'était vrai, que vous étiez destinés à être ensemble, malgré tout ça, destinés à vivre toutes ces épreuves pour vous retrouver. Malgré tout, tu as tant aimé ce que tu as pu voir de lui, cette nouvelle tendresse, ce regard, la douceur de sa peau, il t'a manqué, cruellement. Il était tellement différent Maisy, une version améliorée de Soobin. Il était doux, tendre et soucieux réellement de ce que je pouvais ressentir et tout ce que tu peux reprocher à ta meilleure amie, tu le fais aussi, tomber dans le panneau les yeux fermés. Il ne se souvient plus du tout de sa femme. Et, il se souvenait de ma boisson préférée. Comme si au fond de lui, j'étais assez importante que pour être restée un peu dans son inconscient t'es surtout ridicule, ridicule de penser que tout sera différent maintenant, ridicule de retomber amoureuse de lui. Et puis Maisy parla d'Ariès, Ariès qui est tellement similaire à toi, le feu qui bouillonne, la vie qui ne lui a pas fait de cadeaux. Si il était si amoureux de moi, il n'aurait pas prévu de me trouver un copain tu ne peux t'empêcher d'en rire, en repensant au pacte que tu avais fait avec lui. A défaut d'apprécier vos partenaires respectifs, quoi de mieux que de trouver la personne parfaite pour l'autre. Si on était destinés à être ensemble, il ne prendrait pas le risque de me dénicher l'homme parfait tout pour te convaincre de la stupidité de cette possibilité, alors que ton coeur ne cesse de se dire, que finalement, finalement, elle n'a peut-être pas tout à fait tord. Tu sais, je pense que c'est simplement un jeu entre nous, cette jalousie mal placée même si ton regard vers elle ne trompe pas, tu es jalouse, constamment, de chaque fille qu'il vous ramène, de chaque regard qu'il a envers une autre. Tu as mis longtemps, trop sans doute, à te rendre compte que votre amitié pouvait amener à d'autres sentiments, bien plus fort, bien plus merveilleux.

La pause qui ne dure qu'une bonne dizaine de minutes avant que tu reprennes le volant, les heures qui commencent à filer, la nuit qui se met à tomber doucement et le premier hôtel que tu trouves fut le bon, une chambre de payée, les clefs de données avant que tu poses tes affaires sur le lit je suis crevée, je pense que je vais pas mettre cinq minutes avant de m'endormir toi te préparant pour prendre ta douche mais avant de dormir, je veux voir une photo de Michael Myers que tu lances en fermant la porte de la salle de bain, souriant de tes bonnes blagues, ouais ton humour n'est pas toujours le meilleur. Tu l'accordes.
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tw: allusions au décès parental, à un accident de voiture, et à des relations toxiques.

Elle pouvait se douter, même sans qu’elle ne la regarde, que Marta était sans doute désespérée par chaque réfutation que Maisy pouvait apporter à ses arguments. Parce que c’était toujours la même histoire qui se répétait. Elles étaient similaires sur ce point-là les deux amies, à s’éprendre toujours dea mauvais hommes, à espérer que cette fois-ci ce serait différent, qu’elles trouveraient enfin le bonheur. Et chaque fois, qu’il s’agisse de l’une ou de l’autre, elles étaient les premières à mettre en lumière ce qui semblait être des red flags flagrants. Elles étaient les premières à tout faire pour protéger le cœur de l’autre. Parce qu’elle se disait bien souvent, Maisy, qu’on pouvait lui briser le cœur cent fois, elle s’en remettrait, mais à l’instant ou c’était sur les joues de Marta que les larmes coulaient, c’était une toute autre facette de sa personnalité qui ressortait. Celle qui était bien enfouie, à mille lieues de la Maisy plutôt joviale qui tentait de voir le positif dans tout. Pour Marta, elle le disait toujours avec un brin d’hyperbole, mais elle serait prête au pire pour la défendre. « Si tu pouvais éviter de lui donner une raison de prendre les jambes à son cou, je préférerais. Tu pourrais attendre au moins de l’avoir vu une ou deux fois avant de passer aux grandes menaces et à lui parler de cadavres? » Qu’elle suggéra avec, à la fois une pointe d’humour, à la fois un peu de sérieux tout de même. Parce qu’elle savait Marta bien capable de lui balancer ce genre de chose à peine dix minutes après l’avoir rencontré. Elle la connaissait trop bien pour en douter. « Pour une fois que j’ai rencontré quelqu’un de bien, vraiment, j’aimerais tout faire pour éviter qu’il s’enfuie. » Elle ne savait pas où cette histoire la mènerait. Certes, son petit cœur d’artichaud et ses tendances à s’éprendre du premier venu qui lui démontrait une once de décence espéraient à quelque chose de grand et de fort, mais même si, au final, Julian ne restait qu’un ami, elle espérait qu’il soit de ceux qui fassent partie de sa vie ad vitam aeternam. Parce qu’en si peu de temps, il s’était avéré être celui avec qui elle avait l’impression d’avoir le plus en commun, qu’il s’agisse d’intérêts ou de caractéristiques personnelles. Elle avait bien souvent maudit ce qui l’avait menée à devoir s’expatrier sur l’autre côte du pays, et bien peu nombreux avaient été les évènements qui avaient su lui conférer une bonne dose de bonheur – avoir trouvé Marta figurait au haut de la liste, juste après avoir décroché son emploi de rêve. Depuis cette rencontre fatidique quelques mois plus tôt, elle avait l’impression que la vie s’était décidée à lui donner un peu de douceur et de répit en la personne de Julian. Alors, si elle savait qu’elle avait l’habitude de s’enticher très, trop rapidement de ceux qui, au final, finissaient par lui briser le cœur, cette fois-ci, elle le sentait, c’était différent. Parce que Julian lui apportait une certaine sérénité, un calme et une paix intérieure qu’elle n’avait pas connu depuis des années. Et elle avait l’impression, la Wasilewski, que ça, ça ne mentait pas. Et si seulement Marta voulait bien lui laisser une chance, si elle pouvait mettre son appréhension de côté un instant, sans doute le verrait-elle, elle aussi.

Si Maisy était prête à se jeter dans la gueule du loup si facilement, si elle était prête à contrer tous les red flags que Marta pouvait bien lui donner, qu’il s’agisse de Julian, ou de ceux qui avaient laissés leur trace depuis son arrivée à Oceanside, dès lors que c’était sa meilleure amie qui semblait s’apprêter à faire la même erreur, elle était prête à partir en guerre. Le soupire qui s’échappa d’entre ses lèvres devait tout dire. Le regard qu’elle lui lança viendrait sans doute confirmer quelque doute que ce soit sur la réaction de Maisy si Marta venait à lui jeter un coup d’œil rapide. Elle était consciente que tout ce qu’elle pourrait dire risquait d’être reçu avec une contre-attaque, un peu comme elle l’avait fait quelques minutes plus tôt quand Marta avait démontré une certaine retenue face à l’enthousiasme de Maisy. « Et pourtant, il n’en reste pas moins que, selon la loi, il est toujours marié… » Un peu d’accent mis sur le dernier mot. Parce que peut-être il ne s’en souvenait plus, peut-être il semblait être une nouvelle personne, mais Maisy restait très prudente et elle espérait que son amie en fasse autant. Elle était consciente que la phrase qui allait suivre allait sans doute sonner un peu égoïste, mais elle pensait surtout à Marta plus qu’à elle. « Je sais que t’es sans doute heureuse de tout ça, mais je t’en supplie, Marta. Sois prudente. Je n’ai pas envie de te ramasser à la petite cuillère à nouveau. Je ne supporterais pas qu’il te brise le cœur à nouveau. » Lorsque le sujet dévia sur Ariès, le ton était déjà plus léger. Le regard communicatif laissait savoir à Marta que Maisy n’avalait pas ses paroles et qu’elle pourrait sans doute lui sortir tous les arguments pour lui prouver qu’elle avait raison. Peut-être qu’entre Soobin et Ariès, Maisy avait fait son choix il y a bien longtemps. « Ou peut-être qu’il est tout autant dans le déni que toi… » C’était une hypothèse à laquelle Maisy croyait fermement. « Si tu le dis… » Elle savait qu’elle pouvait bien argumenter, mais Marta n’en démordrait pas. Elle continuerait de dire qu’il n’y avait rien, mais Maisy le savait bien, que c’était difficile de voir les signes lorsqu’il était dans une situation, qu’ils soient positifs ou négatifs.

Après quelques heures de route à plus, elles arrêtèrent à leur première destination – et Maisy fut reconnaissante de pouvoir sortir du véhicule et s’étirer les jambes un peu. Tout comme elle était heureuse de retrouver un lit. Tandis qu’elle entendit l’eau de la douche couler, Maisy se mis à la recherche de la parfaite image à montrer à Marta. Elle ouvrit l’application photos de son téléphone et se rendit dans l’album photo qu’elle avait fait de son voyage à New York avec Julian. Elle fit glisser son doigt sur l’écran afin de faire défiler les images les unes après les autres, avant que l’illumination ne traverse son esprit. Elle navigua de dossier en dossier pour retrouver ses images mises en favoris, persuadée d’avoir trouvé l’image qui lui ferait rapidement changer d’opinion sur lui. À sa simple vue, un sourire niais vint apparaitre sur son visage et il s’en fallu de peu pour que son cœur ne rate un battement. Elle savait que c’était ridicule que son petit cœur se soit déjà autant attaché à lui, mais comme elle l’avait dit à Marta plus tôt au cours de la journée, elle avait l’impression qu’il la comprenait mieux que quiconque, qu’ils étaient sur la même longueur d’ondes sur tellement de sujets, sur leur vision de certaines choses, qu’elle ne pouvait faire autrement que de s’éprendre de lui. Une fois Marta sortie de la salle de bain, il ne fallut que quelques secondes à Maisy pour lui mettre son téléphone en plein visage. « Tu vois, même mon chien l’a adopté. C’est un signe qui ne ment pas. » Qu’elle déclara fièrement, l’écran de téléphone renvoyant une image de Julian et de Tony, le chien de Maisy, ce dernier visiblement bien à l’aise avec l’autre. « Je lui fais plus confiance que je ne fais confiance à mon instinct. » Et ce n’était sans doute pas une mauvaise chose, vu comment ses dernières histoires s’étaient terminées. « Donc si tu pouvais arrêter de lui donner tous les surnoms de tueur en série que tu connaisses, j’apprécierais. » Qu’elle déclara tandis qu’elle fouillait dans sa valise pour trouver son pyjama et sa brosse à dent, maintenant son tour de prendre sa douche avant de dormir.
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