under the influence (mingi)

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Au cœur d’un tumulte enfiévré, les corps se pressent autour de lui, ondulent telle une mer agitée, vibrant sous le rythme des basses. Orion se laisse transporter dans l'oubli le temps de quelques heures, ses mouvements cadencés par les battements erratiques de son cœur. Ici, les gens se moquent bien de savoir ce qu'il peut faire dans la vie, de savoir que ses aspirations ont été annihilés, misérable raté devenu mareyeur désillusionné. Il peut être n’importe qui, un mystère qui en attire un autre, juste un corps en quête de perdition. L’inconnu contre lequel il se frotte plus qu’il ne danse depuis deux bonnes minutes est grand et musclé, et l’incube n'hésite pas à l’attraper par le col pour l’obliger à se pencher, glissant une proposition osée dans l'creux de son oreille, la main se  faufilant vers l’entrejambe pour s'assurer que le message est bien délivré. Un baiser vient conclure l’affaire, pas de quoi l'faire bander mais Orion ne fera pas le difficile, affamé d’un plaisir plus grand. Écourtant l'échange, sa main trouve la sienne pour le guider à travers la foule compacte, décisionnaire de leur lieu de débauche, là où beaucoup se rendent pour leurs petites affaires. Ils passent la porte des toilettes déjà bondés, mais trouvent une cabine libre au fond qu'ils investissent rapidement. À peine la porte claquée derrière eux qu'Orion est déjà sur lui, à défaire sa ceinture, ravageant sa bouche dans une nécessité urgente. Car le besoin est pressant, plus que d'ordinaire alors que l’ancien némésis a envahi son havre de paix, perturbant son quotidien, lui rappelant ces fois où ses faiblesses ont eu raison de lui, et surtout cette fameuse nuit qu'il n'a jamais réussi à vraiment oublier depuis. De peur de le croiser dans un tel endroit, pour savoir qu’il fréquente ce genre de club, Orion s’est privé deux bonnes semaines de venir, attendant la confirmation qu’il soit occupé pour s’y rendre, quand bien même il commence le travail dans quelques heures à peine. — T’as un préservatif ? qu’il urge entre deux baisers, ses doigts déjà attelés depuis une minute à le rendre dur et prêt à l’emploi. Il le lui arrache presque des doigts, se chargeant lui-même de lui enfiler l’étui imperméable. Pantalon baissé, face à la paroi, il ordonne presque sèchement, ne vivant que pour ces brefs moments de frénésie où il se sent revivre. — C’est bon, je suis pas en sucre, vas-y franchement, s'impatiente-t-il alors que le pauvre garçon cherche uniquement à améliorer son confort en y allant pas trop vite. Mais si Orion cherchait une étreinte tendre, il ne le ferait pas dans les chiottes pourris d'un club avec un parfait inconnu. Il veut être abîmé. Baisé contre la paroi jusqu'à oublier son propre nom, sans qu'on lui demande toutes les deux minutes s'il n'a pas trop mal. He wants it to hurt. To lose himself between pleasure and pain, and not feel the perpetual hollow in his chest. Il n’aurait pas pris autant les devants s’il n’avait pas consenti à être utilisé de cette façon. Mais il n'a pas choisi correctement son partenaire, réalisant qu’il ne trouvera pas le catharsis tant escompté auprès de l'amant bien trop tendre. What a waste of time. Le jeune homme s'excuse d’avoir fini rapidement, et se propose de le terminer à la main. Le brun repousse sa main, de bien trop mauvaise humeur pour le laisser s’occuper de quelque chose qu'il n’assurera probablement pas. — Laisse tomber, je me débrouillerai. Et voyant son air dépité, toujours planté comme un idiot, à ne pas savoir comment réagir, il finit par aboyer. — Tu peux t'en aller.. Agacé, il se rhabille alors que l’autre déguerpit, glissant à son tour en dehors de la cabine, dépareillé du bref et insatisfaisant interlude. Déjà deux autres se glissent à l'intérieur mais Orion n’y prête aucune attention, son cœur cessant un instant de battre, ses yeux s'écarquillant de stupeur en reconnaissant un visage détestablement familier qui le regarde avec un sourire bien trop large. God he hates that smile. Le coeur cognant à tout rompre, il finit par se recomposer un visage impassible malgré la panique qui lui tord le bide. — Qu’est-ce que tu fous là ? J’croyais t'étais en déplacement ou je n’sais quoi…

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L’emploi du temps chamboulé, il n’était plus qu’une âme errant dans les rues d’Oceanside, à la recherche d’aventure, d’un petit quelque chose qui pourrait faire accélérer son palpitant. Explorant ses options, il avait refusé de rentrer à la colocation, bien trop agacé pour subir les messes basses de ses cohabitants tous dérangés à leur façon, et encore moins au penthouse, hanté par cette discussion dégradante qu’il avait entretenu avec son compagnon quelques semaines auparavant. Un besoin de prendre ses distances s’était imposé, le temps de lui donner la sensation qu’il récupérait cette indépendance perdue à peine majeur, de reprendre le dessus, dans tous les sens du terme.
Machinalement, il s’était dirigé vers l’un de ces clubs réservés à une clientèle exclusivement masculine, dans une quête certaine d’apaiser ses tensions - un besoin régulier, presque journalier pour le sportif. Et s’il se régalait d’observer les corps se trémousser, vibrer et suer, en se demandant lequel accueillerait sa hargne, aucun ne semblait lui convenir. Ses goûts avaient beau être éclectiques en matière de femmes, le gaillard avait toujours été plus pointilleux concernant les hommes, les préférant généralement élancés et plus âgés, similaires à son époux. Pourtant, depuis son récent déménagement, c’était un énergumène bien différent qui avait tout son intérêt. Une chevelure sombre, les paupières tombantes, des attitudes dénuées de grâce et un style vestimentaire navrant, l’élu n’avait pas grand-chose pour lui, mais il obsédait ses pensées. Et plus il y songeait, plus il avait l’impression de le découvrir, sous ses yeux, parmi l’océan de corps qui se défoulaient et se séduisaient. Un désir certainement devenu mirage, Mingi s’efforça de plisser les yeux, épiant les visages avec intérêt jusqu’à réaliser qu’il s’agissait réellement de son colocataire, en pleine parade nuptiale.
"Toi, mon salaud, j'vais pas te louper, articula-t-il, sans le quitter des yeux.”
Décidant de suivre sa cible, l’homme se retrouva rapidement dans les toilettes du club, son gabarit attirant les regards et les interrogations alors qu’il décidait de s’adosser aux lave-mains. Curieux, il tendit l’oreille pour suivre les échanges, tandis que son regard suivait les duos qui venaient tour à tour se détendre. Peut-être le prenait-on pour un pervers, un de ceux dont le plaisir venait en écoutant les souffles et les gémissements, mais il n’en avait que faire, patientant sagement, une cigarette dans le bec. Son attente s’avéra être de courte durée puisque l’on déverrouilla rapidement la porte de la cabine, signe que les choses ne s’étaient pas déroulées comme prévu entre les deux nouveaux amants. Amusé, Mingi s’empêcha de ricaner en reluquant Orion s’extirper de ce bourbier, partiellement vêtu, l’air renfrogné, et il lui offrit son plus beau sourire - celui qui dévoilait sa dentition irréprochable, ce rictus énervant, cet air victorieux.
“Tu surveilles mon emploi du temps monsieur le poissonnier ? S’enquit-il en levant un sourcil, sans se cacher qu’il l’observait de haut en bas. Mon match a été annulé.”
Ses mirettes agissant comme un radar, le trentenaire détailla l’apparence de son pair, tentant d’apercevoir le moindre centimètre carré de peau nue, devinant où il avait bien pu être embrassé, léché, mordu, se frustrant lui-même au fur et à mesure de ses constatations tant il se savait capable de lui offrir bien mieux.
“Tu sais te défroquer, mais on dirait que t’as besoin d’aide pour te rhabiller, s’amusa-t-il en s’approchant pour s’occuper du bouton de son pantalon, encore ouvert, sûrement remonté à la hâte. J’pensais pas te trouver dans ce genre d’endroits. Dans mes souvenirs, t’étais pas un amateur de queues.”
Il ponctua ses mots d’une expiration contenant la fumée de son poison, espérant titiller la patience d’Orion, sachant pertinemment qu’il possédait une rogne enfouie en lui - assez puissante pour ne pas oublier cette raclée qu’il lui avait administrée dans les couloirs de leur lycée, bien des années auparavant.
“J’te raccompagne ? Tu m’as l’air d’une biche égarée.”

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Putain ! Lui qui faisait attention. À en être parano. Quitte à faire des kilomètres parfois et s'éloigner dans des lieux reculés pour éviter tout risque de se faire reconnaître. Et cette unique fois où il en a eu assez de se priver par peur d'être découvert, parce qu'il est sur les nerfs depuis qu’il le voit traîner partout, il faut qu’il se retrouve face à celui qu’il cherchait justement à éviter, plus que quiconque. Et dans la pire situation inimaginable. Depuis quand il est là, à attendre et écouter devant la porte comme un putain de détraqué. Fuck. L’expression furibonde, Orion se force à ne pas prendre la poudre d’escampette sous l’intensité de son regard, ni à reculer lorsque le boxeur décide de réduire la distance. Derrière lui, dans la cabine précédemment occupée, il peut entendre les gémissements des deux amants. Au moins un couple qui ne ressortira pas frustré de ce foutu club. De quoi ajouter un peu plus à son humiliation alors que Mingi ne le loupe pas et se permet de le rhabiller en prime. — Ta gueule, c'est pas ce que tu crois et m’touche pas, qu’il siffle en dégageant sa main invasive, les joues flamboyantes face à un mensonge qui lui échappe et ne fait que l'enfoncer davantage. Les nerfs à vif, d'autant plus en sa présence qui lui rappelle un peu trop vivement cette fois-là il y a deux ans, Orion n’arrive pas à garder son habituel sang froid, l’alcool et la fatigue n'y arrangeant rien. Pris au dépourvu, il ne sait pas comment se sortir de cette situation délicate. Il plisse des yeux à la bouffée de fumée crachée, retenant sa respiration et agitant sa main pour la faire disparaître, fortement agacé et humilié. — Pas besoin, je connais le chemin. Déjà, il trace sa route, espérant semer le molosse dans son dos. Mais s’il y a bien quelque chose qu’il a appris, c’est que Mingi n’est pas du genre à lâcher son bout d’os une fois dans la gueule, et il peut le sentir à ses trousses alors qu’il se fraye un chemin dans la foule pour échapper à la chaleur étouffante, rejoignant l'extérieur. Furieux, il marche une bonne minute à l’air libre avant de se retourner brutalement, manquant de percuter Mingi bien trop proche. — T’as pas intérêt à dire quoi que ce soit à Ha-Eun ou aux autres, compris ? Ou j’te jure que tu le regretteras ! menace-t-il les dents serrés, son doigt s'enfonçant douloureusement dans le torse de son colocataire pour imprimer chaque mot. Il oublie qu’ils ne sont plus au lycée, qu’il serait bien incapable aujourd'hui de rivaliser, boxeur contre poissonnier. Il n’a plus rien de l'athlète qu’il a été, que ce soit par la carrure, ou même l'assurance qu’il possédait. Il n’a jamais été aussi faible qu’aujourd’hui, et il hait chaque seconde de sa vie minable, haïssant davantage celui pour qui, bien au contraire, tout a réussi. Mais s’il a bien quelque chose qui n’a pas changé, c’est son côté sournois, en plus d'être extrêmement rancunier et borné, et que peu importe le temps que ça lui prendra, il ne lâchera pas l'affaire, quitte à se consumer avec lui.

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Face au visage effaré du poissonnier, le trentenaire s’autorisa à sourire de plus belle, enchanté d’avoir été assez discret lors de sa filature pour conserver cet effet de surprise qui le délectait. C’était pourtant bien rare d’observer ce genre d’expression sur le visage de son nouveau colocataire, d’ordinaire plutôt adepte d’un faciès impassible et de son habituel regard en coin, aussi irritant que plaisant. Appuyant sur ses points faibles, de la même manière qu'il visait les points vitaux de ses adversaires sur le ring, Mingi arqua un sourcil lorsque sa main fut chassée, savourant sa position de supériorité.
“Excuse-moi, je t’ai mal jugé, admit-il sur un ton compréhensif, quoique déçu qu’Orion ne le laisse pas jouer à la poupée avec lui plus longtemps. J’ignorais qu’on pouvait s’enfermer dans les toilettes avec un homme pour une autre raison, une autre envie, que celle de se faire enculer.”
Conscient qu’il l’enfonçait davantage, il ponctua sa phrase d’un rictus insupportable avant de tendre l’oreille aux gémissements qui s’échappaient de la cabine. Il regretta presque de ne pas avoir entendu ceux de son ancien camarade d’école, n’ayant, à l’époque, obtenu que quelques plaintes. Avec le temps, ses souvenirs s’étaient d’ailleurs dissipés, à son grand regret, et de ces instants interdits, il ne lui restait que quelques bribes d’images au goût d’inachevé. Néanmoins, le doute avait subsisté un long moment dans son esprit : n’avait-il été qu’une expérience, qu’un passe-temps ? Si les sentiments s’étaient développés de son côté, et qu’il avait pardonné le rejet de son pair, imaginant que leurs sexualités étaient simplement incompatibles, la découverte du jour venait tout chambouler. Orion cherchait encore la compagnie d’hommes, en secret, prouvant qu’il n’avait pas encore avancé sur ce sujet épineux.
"Roh fait pas ton coincé, on discute simplement !"
Amusé, il écrasa son mégot dans un lavabo, laissant l’ancien joueur de hockey prendre la fuite, sans lui offrir trop d’avance. L’idée de le titiller sur cette nouvelle révélation était bien trop tentante, et puisqu’il n’avait pas trouvé de quoi se satisfaire au sein de la boîte de nuit, il préféra lui emboîter le pas.

Dans la fraîcheur de la nuit, le boxeur glissa un chewing-gum dans sa bouche pour se passer l’envie d’autre chose - technique imposée par son époux, lorsqu’il était devenu nécessaire de gommer ses addictions, afin de lui permettre de poursuivre sa carrière sportive. Mâchant la bouche ouverte, l’homme faisait claquer la gomme contre ses dents, conscient que le bruit répétitif avait tout d’agaçant. Toutefois, cela faisait partie intégrante de son personnage, au même titre que son manque de manières, son tempérament de feu et son besoin d’adrénaline.
“T’es franchement con Orion, rétorqua-t-il dès que ce dernier fit volte-face, pas bien dérangé par leur proximité. Tu vas finir par me donner des idées.”
Il lui retourna ce doigt sur le torse, faisant le sien plus menaçant, bien peu impressionné par la prestation du poissonnier. Jamais il ne s’était méfié d’Orion, et encore aujourd’hui, il baissait sa garde - bien trop accoutumé à son confort de vie et aux avantages de son quotidien sous la coupe de l’une des plus grandes fortunes de la région.
“Alors, c’est ça que tu fais quand j’suis en déplacement ? Questionna-t-il en lui emboîtant le pas. Et moi qui croyais qu’entre jumeaux, vous vous disiez tout. Va falloir être convaincant, si tu ne veux pas que je l’ouvre devant Ha-Eun, l’intimida-t-il en regardant l’horizon, assumant totalement ce début d'instrumentalisation. Et pas la peine d’ouvrir ton porte-monnaie minable, j’ai déjà tout le fric que j’veux.”
Vicieux, il se pencha brièvement pour lui saisir la fesse de sa puissante grippe, seulement l’espace de quelques secondes, avant de reprendre ses distances, satisfait, aussi rapidement qu’il ne s’était approché.
“Détends-toi, dis donc, t’es tout crispé, commenta-t-il en s’empêchant d’en ajouter davantage, conscient qu’il s’exposait à des représailles.”