tw: grossesse non désirée.Ce n’est pas facile.D’être mère, d’être seule. D’être
elle. D’être célibataire avec un enfant. D’en élever un, quand on n’en voulait pas. Elle ne disparaît pas, cette culpabilité-là. Et puis, la culpabilité pour tout le reste. Elle ne savait pas ce que c’était, Nell, d’être mère – mais elle a vite compris que la culpabilité en serait toujours indissociable. Qu’elle n’arriverait jamais à s’en défaire. Mais que c’était aussi le signe d’autre chose : du fait qu’elle tient terriblement à Iris. Du fait qu’elle veut bien faire, ne surtout pas se rater. Faire du mieux qu’elle peut, pour toujours et à jamais. C’est fou comme elle a pris de l’importance en si peu de temps. C’est fou comme elle a changé sa vie du tout au tout, soudainement. Avant même qu’elle naisse, avant même la première fois où elle l’a tenue dans les bras. Elle a donné une autre perspective à son existence. Maintenant, Nell voit les choses sous un nouvel angle. Mais ce n’est pas facile. Loin de là. Parfois, elle se sent triste, atrocement seule, abandonnée. Doute de tout, à commencer d’elle-même – doute d’être bonne mère, doute d’en valoir la peine. Souffre de l’absence de Felix, même si elle fait de son mieux pour être juste, respecter ses traumatismes.
Au moins, il y a la pension. Elle qui a toujours eu un peu de mal à s’en sortir financièrement depuis qu’elle a coupé les ponts avec ses parents, la voilà désormais à l’abri du besoin.
Même si c’est juste pour Iris, elle y tient. Felix a quand même été généreux. Au moins, elle n’a pas à s’inquiéter de l’argent pour Iris.
Mais elle souffre, quand même. Et elle y pense tout le temps, à Felix.
Ce n’est pas facile.
Mais elle apprend, tout doucement. Met un pied devant l’autre, avance. Essaie de se focaliser sur des pensées positives, sans refuser le négatif cependant. Elle a toujours eu besoin d’être ouverte, transparente, sur ce qu’elle ressentait, Nell. Cela l’aide à surmonter ce qui la peine. Enfin, disons que c’est moins difficile que si elle niait complètement.
La dernière fois qu’elle a été dans le déni, on voit comment cela a fini. Avec une grossesse découverte cinq mois trop tard. Mais Nell avance. Pas son genre de faire du sur-place, de regarder en ailleurs, de se laisser couler. Iris aide beaucoup, de toute manière. Illumine son quotidien comme elle ne l’avait jamais imaginé. Pour elle, elle a envie de faire bien, elle a envie de faire mieux. Et puis, elle grandit si vite. Rit aux éclats, tient désormais assise, fixe parfois son regard quand elle le croise. Elle n’arrive pas à croire qu’elle ait fait cela, Nell : un bébé. Un bébé si souriant, déjà. Un bébé qui lui met du baume au cœur, surtout quand elle en a besoin.
Ce sont les montagnes russes, voilà. Mais elle n’est pas complètement seule. Faute d’avoir ses parents, elle a toujours son frère. Blaise qu’elle doit retrouver pour aller au parc, aujourd’hui, avec Iris. Elle ne tarde pas à entendre qu’il est arrivé, lui ayant proposé qu’ils se rejoignent chez elle avant de partir en direction du fameux parc. Elle part ouvrir alors, Nell, Iris déjà installée dans la poussette – elle a pris soin de les préparer avant que Blaise n’arrive.
« Heeey. » fait-elle avec enthousiasme, en souriant, avant d’étreindre son frère, une fois la porte ouverte.
« Comment ça va ? » lui demande-t-elle alors, avant d’attraper ses lunettes de soleil et de mettre son sac sur son épaule.
« On est prêtes, on peut y aller si tu l’es aussi. » Ce disant, elle tourne la poussette pour la pousser jusqu’au pallier, donnant ainsi l’occasion à Blaise de saluer Iris si cela lui dit. Pendant ce temps, elle ferme derrière elles la porte de l’appartement.