(ares), family line.

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Ce soir, il avait prévu de sortir avec son frère, Diego. Une sortie qui ne lui ferait pas de mal, bien au contraire. Il aimait passer du temps avec ses frère et sœurs, le brun et puisque c'était compliqué à la maison ces derniers temps, ça lui permettrait de se vider un peu l'esprit. Il aimerait que les choses entre Jillian et lui puissent s’arranger en un claquement de doigts, mais ce n’était pas aussi facile. Il ne savait plus trop où il en était, Diego. Pas vraiment certain de savoir ce qu’il voulait. Il remettait toute sa vie en question ces derniers temps et c’était assez compliqué à vivre. Il avait presque cinquante ans, ça lui donnait l’impression d’être de ces types qui plaquent tout du genre au lendemain, pris dans une crise de la cinquantaine. Sauf que lui, ce n’était pas avec une bimbo ayant l’âge de ses enfants avec qui il rêvait de s’en aller, mais avec un autre homme. C’était presque plus compliqué que s’il s’était entiché d’une fille trop jeune. Ou en tout cas, il en avait l’impression, le brun. Il n’arrêtait pas d’y penser, Aron continuait de hanter ses pensées, mais s’il avait décidé de mettre un terme à leur relation, dans le but de sauver son mariage.

Parfois, il se demandait s’il y avait encore quelque chose à sauver. Mais c’était dur, vraiment dur, de se résoudre à tracer un trait sur une histoire qui durait depuis trente ans. Sa vie entière était liée à son histoire avec Jillian. Il avait peur d’avoir à redécouvrir ce qu’il était sans elle. Alors il voulait s’accrocher, même s’il se faisait plus de mal que de bien. Même s’il passait beaucoup trop de temps à réfléchir à cette histoire et que, dans le fond, ça prouvait déjà que les choses n’étaient plus aussi belles qu’elles avaient pu l’être. Il espérait vraiment pouvoir se vider la tête, ce soir. Une fois le boulot terminé, il était rentré chez lui, avait pris une douche rapide avant d’attraper des vêtements plus adaptés à la soirée, que le costume qu’il avait porté toute la journée. Il avait prévenu sa femme qu’il passait la soirée avec son frère. Depuis le temps, elle avait l’habitude de le voir retrouver régulièrement le reste des Rojas. Ils étaient une famille nombreuse et plutôt unie, alors il valait bien diviser son temps entre tout le monde. Peut-être les avait-il déjà utilisés comme excuse, pour aller retrouver Aron. Jillian n’en savait rien, ses frères et sœurs non plus. Personne n’en savait rien. Secret bien gardé mais qui commençait à lui peser. Une fois prêt, il avait quitté la maison pour rejoindre le bar dans lequel il avait rendez-vous avec son frère. Une fois là-bas, il s’était installé à une table, pour attendre Ares. Il avait commandé une whisky qu’il avait à peine entamé avant de voir son cadet s’avancer vers la table. « Hey. » Il lança, en quittant sa chaise pour venir enlacer rapidement son frère en guise de salut. « T’as de la chance, j’ai à peine commencé. » Il ajouta en ricanant, avant de s'installer à nouveau sur sa chaise. « Comment tu vas ? » Il demanda alors à Ares, histoire d’entamer la conversation tout en prenant de ses nouvelles.

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Outfit - C'est un soir d'exception dans une routine parfaitement orchestrée. Un soir durant lequel il n'ira pas se coucher, désireux de rejoindre Morphée au plus vite, avant de se réveiller avant les premières lueurs de l'aube. Ce rythme est étrange, surtout pour une personne de son âge. Tous ceux qui l'entourent ne sont pas sur la même longueur d'ondes que lui. Il n'est même pas capable de citer une personne dans son entourage, qui va dormir avant même que le soleil ne se couche parfois. Il s'étonne parfois de ne pas avoir davantage de railleries de la part de ses proches. Sûrement qu'ils ont compris que s'adonner à ceci ne mènerait à rien et qu'il ne réagirait pas. A quoi bon de toute façon ? Après avoir quitté l'hôpital, le détour par sa maison fut rapide. Une douche, un changement de tenue vestimentaire, troquant le costume du jour qu'il portait pour une tenue beaucoup plus détendue. Un jean troué au niveau des genoux, un tee-shirt à l'effigie des Guns N'Roses, et une paire de sneakers. Non, ce n'est pas une crise de la quarantaine, c'est juste une tenue de détente, tout ce qu'il y a de plus classique à ses yeux, pour sortir avec son frère aîné. Oui, car s'il fait une exception à sa routine de sommeil, ce n'est jamais pour rien. Cette fois, c'est pour Diego. Aller boire un verre en sa compagnie tombe à pic pour lui changer les idées, et l'empêcher de trop réfléchir. Il le garde pour lui, mais son esprit est en ébullition depuis quelques jours. Depuis qu'une tornade ténébreuse est de retour dans sa vie. Il pense à lui, bien plus qu'il ne devrait. Comme déjà à l'époque qu'il cachait leur relation, à ses proches. Seulement cette fois, il ne sait pas ce qu'ils sont, ni ce qu'ils seront l'un pour l'autre. Ils prennent du temps, à sa demande à lui. Difficile de l'imaginer, et pourtant c'est bien lui qui a fait la demande. Son esprit s'attarde un peu trop sur la silhouette masculine qui hante ses pensées. Si bien, qu'il manque arriver en retard au rendez-vous fixé avec son frère. Il n'aime pas être en retard, encore moins faire attendre sa fratrie. Derrière sa personnalité, si brute, parfois bien trop franche et imbuvable, il dévoile régulièrement une autre facette avec sa famille. Il sourit, prend le temps de s'amuser, de taquiner. Juste de profiter, sans chronométrer son temps, ni manigancer des plans qui rapporteront de l'argent. Il est juste lui, Ares le frère qui sait ce qu'il veut, ce qu'il est, qui écoute mais qui envoie parfois des conseils non réclamés. Il entre dans le bar et repère rapidement la silhouette de son aîné. Il n'est pas en retard non plus, tant mieux. - Salut qu'il balance simplement, ne prenant pas la peine de rajouter le vieux pour le taquiner. D'avoir vécu les sept dernières années à San Diego, il n'est pas certain de tout savoir sur Diego. En fait non, il en est même sûr d'avoir des lacunes, notamment celle de son acceptation par rapport à son âge. Alors, il évite de s'embourber et de le renfrogner, à peine arrivé. Brève accolade entre les deux hommes, il remarque le verre et constate en effet qu'il est à peine entamé. - La même chose s'il vous plait qu'il demande au barman en s'installant à son tour. Un whisky ne fera pas de mal après cette nouvelle journée un peu difficile mentalement. Il s'étire un peu, observant son frère qui vient de le questionner. - Toujours content d'être de retour à Oceanside. J'hésite à mettre tous les chefs de service de l'hôpital en formation pour qu'ils comprennent mieux les enjeux financiers de faire n'importe quoi avec un budget mais pas sûr que ça soit bien pris. Il est ainsi. Les plus gros donateurs du Tri-city medical center de la ville lui ont demandé de prendre le poste de directeur pour stabiliser les finances. Il a accepté, le challenge ne l'inquiétant pas. Il compte mener sa mission à bien même s'il fait déjà face à certains problèmes humains. Ceux-ci le dépassent, car lui voit le côté financier. - Et toi, comment va ? Les enfants ? Jillian ? Pour cette dernière, il l'a vue il n'y a pas très longtemps, quand elle l'a trainé à ses côtés pour un jogging.

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La famille avait toujours été quelque chose de très important aux yeux de Diego. Il avait eu de la chance d'être adopté par les Rojas, peu de temps après sa naissance. Il ne se souvenait pas de sa vie avant les Rojas. On lui avait raconté d'où il venait. Ce qu'ils en savaient en tout cas. Sa mère était venue du Chili, elle était arrivée aux États-Unis, avait accouché peu de temps après et était morte en couche. D'aussi loin qu'il se souvienne, lui, il n'y avait toujours eu que les Rojas. Famille dont il avait toujours été proche le brun. Beaucoup d'enfants avec pas mal d'années de différence. Mais une famille globalement plutôt unie. Assez en tout cas pour que même des années plus tard, alors qu’il avait sa propre vie, une femme et des enfants, il juge important de continuer à voir régulièrement ses frères et soeurs. C’était ce qui était prévu ce soir. Aller boire un verre avec Ares. Son frère était de retour en ville, il fallait bien célébrer l’événement. Ça lui ferait du bien, en plus, de sortir un peu de chez lui. C’était compliqué, ces derniers temps, entre son épouse et lui, alors il avait besoin de ce genre de moments pour se ressourcer un peu.

Ils avaient rendez-vous au bar. Diego avait eu le temps de commander un whisky avant que son frère n’arrive. Ce n’était pas dans ses habitudes de boire tout seul dans son coin, et globalement, y avait pas de raison que ça lui arrive. Alors il avait dû en boire à peine une gorgée avant que son frère n’arrive. Ils s’étaient salués, évidemment, étreinte partagée avant de retrouver son siège. « Peu de chance pour que ce soit apprécié en effet. » Il répliqua, dans un léger rire, suite à la remarque de son frère. Il ne savait pas trop comment fonctionnaient les hôpitaux, mais il savait que c’était à peu près comme tout dans ce pays, il fallait faire des bénéfices. Comme la santé des gens comptaient moins que l’argent, un hôpital qui perdait plus d’argent qu’il n’en gagnait était un hôpital qui risquait de fermer ses portes et ce serait, évidemment une mauvaise chose, si ça devait arriver. « Mais je suis certain que l’hôpital est entre de bonnes mains. » C’était son frère, après tout, alors il n’allait pas dire le contraire, Diego, il n’y connaissait rien, mais ça ne l’empêchait pas d’avoir parfaitement confiance en son cadet. « Tout le monde va bien. » Il répondit dans un léger haussement d’épaules, avant d’avaler une longue gorgée de son verre. Un bon moyen de faire passer la pilule. Parce que ce n’était pas vrai. Tout n’allait pas bien dans le meilleur des mondes. Tout le monde était en bonne santé, c’était déjà très bien. Mais pour le reste, c’était quand même un peu plus compliqué que ça. « Jasper est toujours à la maison. » Ils n’allaient pas le mettre à la porte, au contraire, c’était rassurant d’avoir encore un enfant à la maison, alors il n’avait pas hâte que le petit dernier fasse ses valises pour aller s’installer dans un appartement à lui. « Des fois, je me demande si c’est pas la dernière chose qui nous maintient ensemble, avec Jillian. » Cette fois, il disait la vérité, Diego. Les choses n’étaient pas toutes roses, entre sa femme et lui. Ils étaient ensemble depuis trente ans maintenant, mais les choses n’étaient plus du tout comme elles avaient pu l’être dans le passé. Il l’avait trompée. Personne n’en savait rien, mais clairement, ça n'arrangeait pas les choses. Il laissa échapper un soupir le brun, avant de porter à nouveau son verre à ses lèvres. Il n’allait pas faire long feu, ce premier verre, de toute évidence.

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Outfit - Parfois, son cerveau ne comprend pas le fonctionnement normal de l'être humain. A savoir penser justement à l'être humain, à ce qu'il ressent. S'attarder sur des émotions, retardant un but qui se trouve droit devant et qu'il faut parvenir à atteindre. Il n'est pas sociopathe, loin de là même si parfois, on pourrait presque le croire. C'est juste qu'il ne possède pas cette compassion quand il n'est pas atteint personnellement. Il aurait choisi la voie de la médecine, il aurait fait un très mauvais docteur, ou un du genre à la Gregory House. Trop cynique pour ses pairs. Son choix, il l'a fait très tôt. Celui des chiffres, car eux ne mentent pas, contrairement à l'homme. On ne peut rien dissimuler, tout finit par se remarquer, il suffit d'ouvrir les yeux et de regarder ce qui est juste sous son nez. Son frère n'est pas le premier à confirmer que ses méthodes ne seraient pas appréciées. Quelques rares personnes de son entourage le font, il pense notamment à August qui s'évertue à lui rappeler que derrière ses chiffres, il y a des êtres humains, et qu'un peu de compassion ne lui ferait pas de mal. Il entend les mots, pour ce qui est de les écouter, c'est toujours une autre histoire. Il a du mal, réellement. Sa mission est définie, son but est tracé, qu'on le laisse y parvenir en choisissant la voie qui lui est propre. Il sait au fond de lui qu'il y parviendra, car son but est le même que celui des médecins. Alors sûrement que son aîné a raison, l'hôpital est entre de bonnes mains, c'est à dire les siennes. - Merci, c'est touchant qu'il réplique dans un sourire amusé, loin d'avoir une larme à l'oeil. Il n'est pas stupide. Son aîné non plus. Jamais il ne lui dira le contraire alors qu'ils viennent à peine de se retrouver, sinon leur rencontre prendrait une tournure inattendue. Assez parlé boulot, il demande dans la foulée des nouvelles de la famille même s'il est déjà au courant pour une certaine personne. Heureusement qu'il a vu Jillian quelques jours avant Diego, vu la réponse bâteau qu'il lui fournit. Tout le monde va bien. Cinq mots, c'est tout ce qu'il trouve à dire à son cadet qu'il n'a pas vu depuis quelques temps. Bravo Diego. - Le soleil brille, les oiseaux chantent qu'il rétorque pour faire comprendre à son frère l'absurdité de sa réponse. L'autre semble tout de même vouloir faire un effort, après avoir bu une gorgée de son verre, alors que lui patiente encore pour le sien. - Il n'est pas désireux de prendre son envol ou vous le retenez au maximum ? Question légitime. Il se souvient de leur propre histoire. Il y en a toujours un enfant qui désire prendre son envol rapidement. Un autre qui traîne pour apprendre à voler. Parfois, mais rarement, ce sont les parents qui retiennent comme s'ils doivent encore donner la becquée alors que le petit est autonome depuis longtemps. Son verre arrive, enfin. Il remercie le barman, plaisant à regarder d'ailleurs, avant de reporter son attention sur Diego.Il écoute vraiment. Le laisse soupirer. Boire encore de son breuvage alors que lui garde le silence un instant. Étonnant qu'il n'est pas rétorqué dans la foulée. - Je suis un mauvais exemple à suivre, mais on sait que l'on peut me parler. Alors vas-y, sinon je vais poser des questions que tu ne veux pas entendre sur ton mariage et sur toi. Car il est ainsi Ares, sans filtre. Appuyant là où ça fait mal pour que la douleur laisse la place à la guérison ensuite. Quitte à y perdre quelques plumes au passage, à ses risques et périls, après tout. Cette fois, c'est son tour de porter le verre à ses lèvres. Le whisky ne peut pas lui faire de mal non plus, il boit rarement. Enfin, un verre de temps en temps, même chez lui, mais c'est extrêmement rare qu'il finisse bourré. Il ne se souvient pas de la dernière fois qu'il l'a été.

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Ça lui faisait plaisir à Diego de retrouver son frère. Ça faisait un bout de temps qu’il ne s’était pas vu, tous les deux. Diego était content pour Ares et son nouveau poste. Il était certain qu’il ferait ce qu’il y avait de mieux pour l’hôpital. Il n’était pas dupe, Diego, il savait comment ça fonctionnait. Les profits avant les gens. Et mieux valait parfois se concentrer sur lesdits profits plutôt que de risquer de voir fermer l’hôpital. Enfin, Ares savait ce qu’il faisait, il en était certain. Son frère n’allait certainement pas juger la façon dont lui, il décidait de tracer ses plans, alors ce n’était pas à lui de se mêler de la façon dont il gérait l’hôpital. « Y a pas de quoi, c’est dans mon contrat de grand-frère : toujours faire confiance à mes cadets. » Il haussa les épaules, dans un léger ricanement. Pas certain qu’il ait toujours appliqué cette règle, le brun. Il y avait bien des moments où la confiance avait beau être là, il fallait bien se méfier des plans farfelus de ses frères et sœurs. Heureusement, ils étaient tous grands et matures aujourd’hui, alors ça ne posait plus de problème, en principe, en tout cas.

De son côté à lui, Diego se plaisait à croire que tout allait bien, une bonne dose de déni qui lui permettait de rester optimiste en toute circonstance. Non, tout n’allait pas bien, il avait trompé sa femme, ce n’était pas rien. Au-delà de ça, ça faisait un moment que les choses avaient changé entre Jillian et lui. Sans qu’il ne puisse dire précisément quand, ou pourquoi, il sentait bien qu’entre eux deux, ce n’était plus comme avant et pour le coup, l’adultère n’avait pas grand-chose à voir avec ça. Ça avait commencé avant qu’il ne rencontre Aron. Il laissa échapper un léger soupir suite à la remarque de son frère. Ce dernier avait, de toute évidence, bien compris que tout n’allait pas aussi bien qu’il essayait de le prétendre, alors il avait parlé un peu plus. « Je crois qu’il est bien à la maison, pour l’instant. » Il n’avait pas l’impression qu’ils le retenaient. Ou peut-être qu’il ne s’en rendait pas vraiment compte. C’était le petit dernier, alors inconsciemment, peut-être qu’ils cherchaient en effet à le retenir. Il avait du mal à imaginer la maison sans enfant, Diego. Il soupira avant de terminer son verre cul-sec, suite à la remarque de son frère, il fallait bien s’armer de courage. Il ne tarda pas à faire signe au barman, histoire d’en commander un second. « Je sais même pas ce qu’il s’est passé entre nous. C’est juste, plus comme avant. » Il haussa les épaules. Il avait du mal à comprendre ce qui n’allait plus entre sa femme et lui, Diego. Sans doute qu’il n’y avait pas grand chose à comprendre, le temps avait simplement eu raison de leurs sentiments, ils n’y pouvaient rien. Mais c’était douloureux. « Ça fait trente ans qu’on est ensemble, j’ai toujours connu qu’elle, alors je sais pas du tout comment gérer tout ça. » Pas en la trompant, c’était certain. Pourtant, c’était ce qu’il avait fait. Il avait eu besoin et envie de tenter autre chose. Maintenant, il se posait mille questions sur sa sexualité. Des questions qu’il n’avait jamais eu l’occasion de se poser plus tôt, puisqu’en effet, il n’y avait toujours eu que Jillian dans sa vie. Seule et unique histoire d’amour et ce, depuis son adolescence. « Tu crois que c’est normal, qu’après trente ans, on se sente plus comme avant ? » Nouveau whisky posé sur la table, il en avala déjà une gorgée. « Ça fait plus de cinquante ans qu’ils sont ensemble, les parents et eux, ils ont l’air toujours aussi amoureux. » Il avait sans doute tendance à un peu trop comparer son couple et celui de leurs parents. Parce que chaque couple était différent, sans doute. Mais leurs parents, c’était clairement le modèle idéal, celui vers lequel il voulait tendre, Diego, mais il fallait croire que c’était un échec.

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Il songe un instant au petit dernier de la famille. Le bébé, le seul portant le même sang que ses parents. Majorité atteinte, toujours présent à la maison. Honnêtement, il ne connaît pas la raison. Même en revenant régulièrement à Oceanside durant les dernières années écoulées, il ne s'est jamais immiscé plus que de raison dans la vie de ses frères et sœurs. Cela peut passer pour un manque d'intérêt de sa part, mais ce n'est pas le cas. Chacun fait sa vie comme il l'entend, lui le premier. Et chacun sait que les autres répondront présent si besoin. Franchement si Diego lui demande de l'accompagner pour aller crever les pneus d'un client mécontent, il n'hésitera pas et se tiendra à ses côtés. Bon, il y a moins de probabilités qu'ils le fassent à présent qu'ils sont dans la quarantaine, mais n'empêche, même durant leur adolescence, ou au début de l'âge adulte, il aurait suivi son aîné quasiment les yeux fermés. Ce soir par contre, il ne ferme pas les yeux et invite le plus âgé à se confier de lui-même avant qu'il ne se décide à balancer des questions dérangeantes. Il peut puisqu'il a déjà quelques informations de la part de sa belle-sœur sur l'état de leur couple. Pourtant, il souhaite juste que ça vienne de lui, sans qu'il ne soit forcé à mettre les pieds dans le plat, avec toute la délicatesse dont il n'est pas pourvu. - C'est normal que ça ne soit plus comme avant, vous n'êtes plus ado depuis longtemps. Ils ont vieilli, Jillian bien mieux que Diego s'il faut se montrer honnête. Cette femme est toujours resplendissante, très en forme pour son âge et elle le bat à plate couture quand ils vont courir ensemble. Pour ce qui est de Diego, il a un petit ventre, enfin c'est ce qu'il lui semble voir, il n'analyse pas trop son frère il faut dire. - Gérer tout ça, c'est à dire ? C'est quoi le "ça" ? Le fait qu'il ne voit plus sa femme comme avant ? Qu'il la trompe et se révèle incapable de gérer son écart ? C'est assez vague comme explication même s'il comprend que l'aîné soit un peu perdu après tout ce temps. Et la question qu'il lui pose le faire doucement rire. - Tu demandes si c'est normal au gars qui a trompé son mari au bout de deux ans et qui a divorcé au bout de sept. Je ne sais pas si je suis le mieux placé pour te répondre. Il boit une gorgée de son verre, accompagnant son frère. Honnêtement, sur le plan du mariage et de la fidélité, il doit être le dernier nom à nommer sur une liste à appeler pour des conseils. Il en a conscience, et heureusement. Il hausse légèrement les épaules à l'évocation de leurs parents. - Ils ont l'air oui mais ça ne veut pas dire qu'ils n'ont pas eu des hauts et des bas sans qu'on le sache. Et même, ça sert à rien de prendre exemple. A quoi bon, chaque personnalité, chaque couple est différent. Les époques ne sont pas les mêmes, le vécu non plus. Diego ne peut pas comparer son couple avec celui de leurs parents. - Tu crois que c'est la crise de la cinquantaine qui approche ? Est-ce que tu ressens le besoin d'aller voir une femme plus jeune pour retrouver ta jeunesse ? Tant pis si la question ne plait pas, mais il se doit de la poser pour tenter de comprendre.

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Son histoire avec Jillian n’était plus ce qu’elle avait été. Les choses avaient changées et lui, comme un imbécile, il n’avait rien trouvé de mieux à faire que de la tromper, histoire de compliquer encore plus les choses. Il avait l’impression d’être continuellement perdu dans sa vie amoureuse, de ne plus savoir quoi faire. C’était idiot à son âge de se poser autant de question. A l’aube des cinquante ans, il était persuadé qu’il devrait savoir ce qu’il voulait dans sa vie. Un demi-siècle de vie, ce n’était pas rien, après tout. Mais non, au lieu de ça, il était juste perdu. Son mariage avec Jillian battait clairement de l’aile, même si elle était et serait toujours l’une des personnes les plus importantes de sa vie. Il avait eu une aventure avec un autre homme. Chose tout aussi bizarre que le reste, d’après lui.S’interroger sur sa sexualité à cinquante ans, ça semblait un peu tard quand même. Homme avec qui il avait fini par rompre, parce qu’il voulait essayer de sauver son mariage. Sauvetage qu’il n’avait pas l’impression de réussir, bien au contraire. Il fallait croire qu’il n’avait même pas le courage de nager entre les vagues pour éviter le naufrage et Jillian n’avait pas l’air beaucoup plus motivée que lui.

Maintenant que le sujet était sur la table avec Ares, il n’avait plus d’autre choix que d’affronter la réalité en face, Diego. Le tout en noyant quand même son cerveau dans l’alcool, parce qu’il avait l’impression d’en avoir besoin. Il pourrait bien se barrer en courant, sinon, pour éviter de parler de tout ça, mais il n’était pas certain que son frère le prenne bien. Il risquait surtout de contacter l’aile psychiatrique de son hôpital persuadé qu’il avait besoin d’aide. Il n’en était pas réduit à se barrer en courant, mais sans doute qu’il avait besoin d’aide en vérité. Quelqu’un pour l’aider à y voir clair dans le merdier qu’était en train de devenir sa vie. « C’est sûr, mais ça devrait pas être si différent. » Non, ils étaient mariés depuis vingt-six ans, ils avaient fondé une superbe famille, alors pourquoi ça fonctionnait plus ? Est-ce qu’il y avait vraiment des raisons à ce genre de situation ? Ou bien l’amour finissait juste par disparaître comme ça, sans raison ? « Ma vie, je suppose. » Le bordel dans son cœur, sans sa tête, les milliers de questions qu’il se posait au quotidien. Il avala une nouvelle gorgée de son verre, dans un soupir. « Tu regrettes, de l’avoir trompé ? » Lui, il ne savait pas. Il s’en voulait, c’était certain. Mais il n’arrivait pas vraiment à regretter son histoire avec Rafael. Ça participait à foutre le bordel dans son crâne. Il s’était attaché à Rafael, probablement plus qu’il n’était capable de l’admettre. « Je sais, mais j’ai toujours cru que mon mariage serait comme le leur. » Parce qu’il était beau leur mariage. C’était le genre d’histoire qui faisait rêver et vraiment ce qu’il aurait voulu avoir, Diego. Malheureusement, ce n’était pas le cas. Il lâcha un léger rire suite à la question de son frère, avant de baisser les yeux vers son verre. Soudainement gêné par tout ça. Son frère n’allait pas le juger, il le savait très bien, mais ça lui faisait bizarre de devoir admettre que soudainement, il se mettait à s’intéresser aux hommes. « Pas vraiment. » Il répondit dans un premier temps, avant de se racler la gorge, toujours aussi nerveux. « Pas nécessairement plus jeune. » Rafael était plus jeune que lui, mais ça se jouait à quelques années, ce n’était pas significatif. Mais surtout, pour le coup, l’âge n’était pas le plus important. « Et pas une femme. » Il ajouta plus bas, comme s’il n’assumait pas complètement. C’était un fait, il n’assumait pas. Trente ans avec la même femme, puis d’un coup, un homme, ça lui faisait bizarre. Il n’avait jamais jugé les relations de son frère, ni de qui ce soit d’autre. Mais lui, il avait du mal à comprendre, pourquoi ça lui tombait dessus maintenant ? Pourquoi est-ce qu’il ne s’était jamais posé la question avant ? Est-ce qu’il était bi, est-ce qu’il était gay ? Il n’en savait rien et c’était bien ça le problème.