I want you to hold out the palm of your handRahim, c’est une success story. Jeune de banlieue de classe moyenne devenu riche et célèbre aux États-Unis. Villa à Los Angeles qu’il remplit de monde pour organiser des soirées mémorables, une communauté qui l’adore, d’innombrables marques attendant son accord pour un partenariat.
Il est toujours à droite à gauche, toujours occupé. Il connaît tout le monde et tout le monde l’adore.
Des premières vidéos sur YouTube pour faire marrer ses potes, qui ont vite explosé. Puis Vine, qui a fait décoller ses vues à l’international. Il voyage aux US pour un vlog et une collaboration avec des Viners locaux. Il finit par y rester, se reconnaissant plus dans l’esprit créatif et commercial Américain.
Ça ne manque pas : à son audience Française s’ajoute une petite audience Américaine qui grandit. De collabs en réseautage, il finit par faire son arrivée sur le grand écran. Un rôle secondaire certes, mais pour un blockbuster d’une franchise connue. C’est à partir de là que son profil explose aux États-Unis.
Aujourd’hui, il porte de nombreuses casquettes : YouTuber, streamer, comédien, acteur, hôte de podcast, organisateur d’évènements… et ultimement, businessman. Tant de rôles pour une seule mission : divertir. C’est le seul moyen qu’il a trouvé pour décrire justement son métier; entertainer.
Et pourtant, il y a une chose qui le ronge encore plus profondément que la surcharge de travail : la solitude. Manque non pas de compagnie, mais de réelles connections émotionnelles, d'appartenance, de famille.
Racisé, métisse, bisexuel, adopté, neurodivergent : il a grandi avec le cul entre d’innombrables chaises. Trop Blanc pour les espaces racisés, trop racisé pour les espaces blancs, trop hétéro pour les queers, trop queer pour les hétéros, trop banlieusard pour les bourgeois, trop alternatif pour les normies, trop normie pour les alternatifs... Il a essayé, pourtant. Caméléon social, il s'est faufilé dans d'innombrables milieux, sans jamais trouver sa place.
Mais il y avait une autre constante plus positive : qu’importe son public, il savait toujours faire rire et mettre l'ambiance. Depuis tout petit, Rahim il adore faire le pestacle, le pitre. Il aime rassembler les gens, leur faire passer un bon moment. C’est ce qui l’anime. Parce qu’il aime son prochain, et que voir les autres heureux lui réchauffe le cœur. Peut-être aussi parce que ce sont les moments qui lui donnent un sentiment d'appartenir à un groupe.
Son besoin d’appartenance, il lui coûte, littéralement. Terrifié par l’idée d’être seul, rejeté, Rahim a du mal à dire non, à communiquer ses limites et à les faire respecter. Il ne s’en rend pas compte mais il est entouré d’énormément de rapaces : picorant dans son argent, son influence, son réseau, son image. Il aime tellement donner, offrir, de son argent, son temps, son énergie, de ses ressources, qu'il est facile de le vampiriser.
Seuls ses deux potes de collège voient très bien à travers ses sourires. Si seulement il avait plus de temps pour eux. Ça lui manque, leurs soirées à débattre de quel anime Jean-Pierre Koffe serait fan, à écouter des remix trap, drill ou hardcore de génériques de dessins animés.