(nailea), we're free like a perfect rain

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Il était seul à l’appartement aujourd’hui. Son copain était parti au travail, alors ça lui laissait le temps et l’espace nécessaire pour composer et écrire. Toujours plus simple de se concentrer quand il n’y avait personne autour de lui. Pourtant, il n’allait pas rester seul bien longtemps. Nailea était censée le rejoindre. Est-ce que c’était vraiment une bonne idée ? Tout ce qui concernait la brune, ressemblait à de mauvaises idées. Il aurait mieux fait de lui proposer qu’ils se voient au studio, avec le reste du groupe, histoire de travailler tous ensemble. Ils écrivaient beaucoup ensemble, tous les deux, depuis qu’elle avait rejoint le groupe, alors il ne comptait plus les fois où ils s’étaient retrouvés rien que tous les deux. Pourquoi est-ce que ça semblait si dérangeant aujourd'hui ? Ces derniers temps, il avait l’esprit ailleurs, Ash. Il pensait beaucoup trop à Nailea, c’était bien ça le problème dans le fond. Elle était omniprésente dans son esprit, comme dans sa vie, alors il ne devrait pas l’inviter chez lui. Il devrait, au contraire, chercher à la repousser un peu de son existence, le temps de réussir à remettre ses idées au clair. Mais il fallait bien les écrire, ces chansons, ils étaient trop bien lancés vers le succès pour relâcher les efforts maintenant.

Il fallait se concentrer sur ça : leur carrière. La musique, c’était son rêve de toujours. Il avait travaillé dur pour que ça puisse marcher, même s’il avait l’impression que ses efforts n’étaient pas forcément ce qui leur avait apporté le succès. Non, il semblait bien que ça avait été Nailea, la clé. Ça avait un côté un peu frustrant et ça lui donnait encore plus d’importance dans sa vie. Mais tant pis, il voulait bien prendre sur lui, ravaler son égo et admettre que sa présence dans le groupe avait été le moteur leur permettant de décoller. Mais ce n’était pas suffisant. Ils ne pouvaient pas se reposer sur leurs acquis. L’équilibre était précaire et la chute encore trop possible pour ne pas mettre les bouchées doubles. Alors tant pis pour ce méli-mélo de sentiments dérangeant liés à Nailea. Il pouvait lutter contre ça, Ash, pour le bien de sa carrière. Ce groupe, c’était son bébé, après tout. Il était pourtant plus nerveux qu’il le voudrait. Il avait cherché à se détendre avec sa guitare et en enchaînant un peu trop les clopes. Naviguant entre le salon et le balcon. Puis il avait entendu la sonnerie de l’interphone. C’était Nailea, évidemment. Il avait appuyé sur le bouton pour ouvrir la porte de l’entrée, avant d’ouvrir celle de l’appartement, se tenant sur le seuil ; les jambes pour seul barrage entre son chat et le couloir, avant que Nailea apparaisse enfin devant lui. « Hey. » Il lança, avant d’attraper le chat qui avait juste envie d’aller explorer ce qu’il y avait au-delà de cette porte. « Entre, avant qu’il se sauve. » Il laissa la brune entrer, referma la porte avant de reposer le chat, qui, de nouveau devant la porte fermée sembla presque déçu. « Tu veux boire quelque chose ? » Il demanda, histoire de passer pour un hôte agréable - et pas un bourreau de travail qui voulait juste qu’ils s’y mettent. Pourtant, c’était important et ils n’étaient pas là pour prendre le thé, techniquement. Mais bon, c’était quand même d’usage de mettre ses invités à l’aise ; quoi que pour ça, il avait tendance à penser que Mozart d’en occupait à la perfection, déjà en train de renifler Nailea. « Fait pas gaffe à Mozart, il est un peu collant, mais on finit par s’y faire. » Après, il ne fallait pas non plus avoir peur d’avoir des poils sur ses vêtements, parce qu’il en mettait partout. Une habitude à prendre.

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C'est peut-être une mauvaise idée.
De venir chez lui écrire, composer. De peut-être chanter.
De venir sans les autres. D’être juste tous les deux. C’est peut-être une mauvaise idée, pas parce qu’il pourrait se passer quelque chose – elle refuserait de passer ce cap-là, Nailea. Mais c’est une mauvaise idée, parce que cela lui fait mal. Parce qu’elle en souffrira, plus tard. Parce qu’elle le regrettera. Mais elle en crève tellement d’envie, que c’est impossible de refuser, impossible de ne pas venir. Il est une autre drogue, Ashton, que celles auxquelles elle a pu goûter. Il la rend addict d’une façon bien différente, que tout ce qu’elle a déjà connu. Elle grapille comme elle peut le moindre temps avec lui. Se jette sur la moindre miette d’attention qu’il peut bien lui donner. Comme désespérée. Trop besoin d’avoir son regard sur elle, trop besoin d’être intéressante. C'est con, dans le fond – ce n’est pas comme si elle essayait de le séduire, pas son genre ; avec d’autres oui, mais pas avec lui.
Parce qu’il y a Skylar.
Parce qu’elle l’apprécie. Parce qu’il est son ami.
Et si les rapports avec ses parents sont compliqués, c’est différent avec ses amis. Elle ne les trahirait pour rien au monde, Nailea. Parce qu’à ce niveau-là, elle est terriblement loyale.

C'est peut-être une mauvaise idée.
Le savait-il quand il l’a proposé ? Est-ce vraiment tout à fait innocent, tout à fait platonique entre eux ? Peut-être que c’est juste dans sa tête, à elle – Nailea, c’est ce qu’elle se répète. C’est elle. Qui se fait des films, des plans sur la comète. Elle, avec ses putains de rêve, plein la tête. Et son cœur battant. Et ces frissons, et ces cons de papillons.
Voilà. C’est peut-être une mauvaise idée. Ashton lui a proposé de passer à l’appart, celui dans lequel il a emménagé avec Skylar, il y a de cela quelques mois. C’est pour écrire, comme ils le font souvent. C'est pour écrire, comme ils le font si bien, ensemble. Oui, elle sent qu’elle le regrettera. Elle le sent jusqu’au bout, jusqu’au moment où elle sonne à l’interphone, où il lui répond, où elle monte, où elle le voit sur le pas de sa porte. La saluant, en essayant visiblement d’empêcher son chat de s’échapper. « Hey. » répond-elle avec un léger sourire. Elle pose son regard sur l’animal qu’il porte dans ses bras, avant de l’inviter à entrer, histoire que la boule de poils ne se fasse pas la malle. Elle lâche un rire, la brune, en s’exécutant. « Je sais ce que c’est, le mien est pareil. » Elle grimace, Nailea. Désormais entrée, elle retire sa veste, garde son sac dans les mains, dépose sa basse dans un coin. Ash, lui, lui demande si elle veut boire quelque chose. « Euh, ouais. Qu’est-ce que tu as ? » Elle préfère avoir quelque chose pour s’hydrater - sait-on jamais, ils pourraient se retrouver à chanter. Juste histoire d’avoir un rendu, de voir ce que leurs mots, écrits ensemble, chantonnés ensemble, pourraient donner. Elle lâche un rire sincère, Nailea, à la fois à la vision du chat qui lui tourne autour, qu’aux mots d’Ashton qui confirme que Mozart est quelque peu collant. « Ça m’dérange pas du tout. » Non, parce qu’elle aime les chats, Nailea. Parce qu’elle-même en a un. Elle se baisse tout doucement, approche sa main du chat pour le laisser la sentir, se faire accepter, gagner sa confiance. Puis, quand il semble ne pas avoir peur d’elle, elle le caresse. « Il est adorable. » Difficile de penser autrement – quand on est cat lover, c’est à la vie, à la mort. « Le mien est tellement plus flippé quand il y a des gens. » Mais il est jeune, encore. Adopté récemment. Adopté après son départ en drama queen de la maison. Cela lui fait un peu de compagnie. Et puis, il n’est pas malheureux, à son humble avis.

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Ils auraient probablement dû se retrouver au studio, dans un cadre un peu moins privé. Plus professionnel. Peut-être qu’il envoyait de mauvais signaux en l’invitant ici. Est-ce qu’elle allait s’imaginer des trucs ? Ce n’était pas le but, après tout. C’était juste qu’au moins ça lui évitait de sortir et ils avaient à peu près tout ce dont ils avaient besoin ici. Il devait bien admettre que pour lui, c’était plus simple, puisque Skylar n’était pas là. Peut-être qu’il se posait juste beaucoup trop de questions, Ash. Pourquoi est-ce qu’il fallait qu’il y ait un sous-entendu, dans le fait d’inviter une amie chez lui ? Il avait déjà invité Ziggy et les autres un tas de fois. Il n’y avait pas de sous-entendu. C’était pour bosser, rien de plus. Pourquoi est-ce qu’il s’imaginait qu’elle puisse penser à autre chose ? Ce n’était pas comme s’il se considérait comme un type irrésistible qui faisait tomber toutes les filles. Mais c’était quand même évident qu’il y avait un genre de truc entre elle et lui. Ou bien c’était lui qui se faisait des films ? Si oui, il allait peut-être devoir aller consulter un thérapeute, parce que quelque chose ne tournait pas rond dans sa tête.

Il fallait qu’il arrête de se faire des films, Ashton. Ils allaient juste travailler, c’était pour ça qu’il l’avait invitée et elle n’allait pas s’imaginer tout et n’importe quoi. De toute façon, il était en couple. Alors y avait pas d'ambiguïté possible. Il l’invitait pour travailler, dans l’appartement qu’il partageait avec son copain. Pas de sous-entendu. Elle avait fini par arriver, la brune. Il lui avait ouvert et elle avait été rapidement accueillie par Mozart. « Ils sont un peu trop curieux parfois. » Mais il préférait autant qu’il reste à l’intérieur de l'appartement. Le monde était trop dangereux pour les petites boules de poils dans son genre. « Hm, café, thé, jus de fruits, coca, bière, de l’eau ? » Il en avait à peu près pour tous les goûts, lui, il avait bien l’intention de tourner au café. Avec un peu de chance, ça le tiendrait en forme pour bosser, mais ça l’aiderait aussi à rester éveiller pour le retour de Skylar. « C’est parce que tu n’as pas vu son darkside, ça. Il peut être démoniaque, parfois. » Un talent chez les chats. Être aussi chiants qu’adorables. Deux visages pour une seule créature. « Lui, il est toujours très à l’aise. » Ça dépendait des chats, de toute évidence. Ils avaient tous un petit caractère bien à eux. Mozart, il était du genre à aimer tout le monde. Heureusement qu’ils ne comptaient pas sur lui pour défendre l’appartement. Si ça avait été le cas, ils auraient pris un chien, pas un chat, cela-dit. « Ça va, sinon ? » Il demanda finalement, parce qu’il n’avait fait que parler de son chat et n’avait même pas pris le temps de lui demander comment elle allait. En même temps mieux valait éviter de le lancer sur le sujet Mozart, parce qu’il pouvait y passer des heures. Tel un père avec son fils, sans doute. Quoi que, de son point de vue, il était plus attaché à son chat que certains père à leur enfant. La preuve le sien, il avait disparu du tableau, avant même qu’il ne vienne au monde. Lui, hors de question qu’il abandonne son chat, un jour.

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Il la fait rêver.
Lui met des étoiles dans les yeux, des putains de papillons dans le ventre. La maintient éveillée, et puis, quand elle s’endort, envahit ses songes. Il est partout, tout le temps, y compris dans les chansons qu’elle écrit, dans les chansons qu’ils chantent. Et elle ne comprend pas pourquoi, Nailea. Elle ne comprend pas pourquoi elle est incapable de passer outre, de faire abstraction. Enfin, si, elle le sait, au fond ; du moins sait-elle que le cœur a ses raisons. C’est ce qu’elle chante avec tout son cœur - c’est le fait qu’on ne choisisse jamais vraiment, c’est le fait qu’on ne puisse rien face à ses sentiments, c’est le fait qu’on ne puisse pas lutter, qu’on ne puisse pas ignorer. C'est que le feeling est là, parfois. Que rien ni personne ne peut rien contre cela. C'est cela, sa tragédie. C'est de devoir vivre avec ce qu’elle ressent sans pouvoir l’éteindre vraiment. Sans pouvoir s’éloigner ce qui peut la blesser. Sans pouvoir s’éloigner d’Ashton. Et pourquoi faire, de toute façon ? Elle se dit que ce n’est pas grand-chose, Nailea. Rien d’autre qu’un crush un peu persistant qui l’inspire un peu trop souvent.
Il y a tant de mots qui lui sont destinés, dans leurs chansons.

Quand il est là, il bat beaucoup trop fort, son cœur. S'emplit d’un sentiment indescriptible. Il y a les étoiles dans les yeux, les papillons dans le ventre, et puis la fièvre, et puis l’euphorie, et puis l’adrénaline. Il y a l’envie d’être intéressante, centre de son monde. Elle le sera, cet après-midi. Parce qu’il n’y aura qu’eux deux. Cela arrive, souvent. Parce qu’ils se retrouvent pour écrire, ensemble. Parce que cela vient si naturellement. Presque comme s’ils n’avaient pas besoin de se parler pour se comprendre.

Elle arrive chez lui, à l’heure. Signale bientôt sa présence, monte les escaliers rapidement. Lui est là, Ashton, sur le pas de sa porte. À l’attendre. À guetter surtout que son chat ne s’envole. Cela l’amuse, Nailea. Parce qu’elle aussi, elle en a. Et pour cette raison-là, elle comprend aisément ses craintes. « Ouais, ils ont envie de voir le monde extérieur. » Monde dangereux pourtant, pour des chats habitués à vivre en appartement. L'idée qu’ils puissent s’aventurer en-dehors la ferait frissonner. Ce ne sera pas le cas pour Mozart aujourd’hui, en tout cas, parce qu’Ashton referme vite la porte, Nailea désormais entrée. À même de pouvoir s’installer. « Je veux bien un jus de fruits alors, s’il te plaît. » Elle ponctue ses mots d’un sourire. Observe l’appartement, avec une curiosité discrète. Elle n’a jamais vu son chez lui. Celui qu’il partage avec Skylar. Elle a l’impression de pénétrer dans leur intimité, déteste cette impression-là. Déteste se sentir tout à coup mal à l’aise, en imaginant leur vie dans cet endroit. Putain de cœur qui bat trop fort. Putain de tristesse qui se réveille, encore. Mieux vaut se concentrer sur Mozart. Sujet de conversation plus doux. Plus innocent. « Tous les chats sont démoniaques à un moment ou l’autre. Mais c’est ce qui fait tout leur charme. » Elle lâche un rire à ces mots, Nailea. Caresse délicatement Mozart, qui se laisse approcher, apprivoiser, sans trop de difficultés. « Je vois ça. » rit-elle, de plus belle. Voyant l’animal ronronner peu à peu. Se frotter contre sa main, plus encore. Elle finit par se relever, s’éloigner du chat pour suivre Ash. « Ça va. J'ai déjeuné avec mes parents, c’était... » Elle cherche le mot, s’interrompt. « … tendu. » Chaotique. Elle avait tâché de prendre sur elle, se comporter en adulte. N'avait pas tenu le déjeuner entier, partie avant le dessert. Trop agacée, trop vexée, trop blessée. Ils ne croyaient pas en elle. Ne croyait pas en eux. Ne croyait pas en Low Hysteria. « Et toi ? » Espère que sa journée a été plus agréable, plus belle. Moins douloureuse. C'est qu’elle a un peu le bourdon, Nailea, finalement. « Je peux t’aider avec quelque chose ? » Les boissons. N'importe quoi d’autre. Elle ne veut pas rester là, Nailea, les bras ballants.

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Pourquoi est-ce qu'il se posait autant de questions quand il s'agissait de Nailea ? I ne l'aurait pas fait avec n'importe quel autre membre du groupe. Il se disait que c'était peut-être parce qu'elle était la nouvelle.  Celle qui connaissait le moins,  celle dont il avait encore beaucoup à apprendre. Mais, ce n'était probablement qu'une façon de rajouter une couche de déni par-dessus le déni dans lequel il se noyait déjà. C'était évident, il y avait quelque chose de particulier entre Ashton et Nailea,  mais il n'avait pas envie de l'admettre, le brun. Il était en couple depuis deux ans et il était heureux comme ça. Il n'avait pas envie de tout foutre en l'air pour une histoire qui n'existait peut-être que dans sa tête. Il ne savait pas ce que c'était ce truc entre Nailea et lui.  Mais, il savait que quoi que ce soit ça ne méritait pas de détruire ce qu'il avait construit avec Skylar.  Alors, tout ce qu'il voulait,  c'était que Nailea  quitte un peu ses pensées. Clairement, ce n'était pas en l'invitant chez lui que ça allait fonctionner. Mais, elle était là pour qu'ils travaillent sur de nouvelles chansons. Donc il n'avait aucune raison de se prendre la tête comme il le faisait. Plus facile à dire qu'à faire, Nailea  de toute façon elle ne quittait que très rarement ses pensées ces derniers temps.

Elle était là maintenant, dans son appartement et il se sentait bizarrement plus nerveux qu'il ne devait être. Ils se sentait un peu idiot, le  brun. Il pourrait sans doute passer des heures à parler de son chat, quand bien même ce qu'il racontait n'était pas très intéressant. mais au moins ça évitait les blancs qui pourraient facilement prouver son malaise. « C’est sûr, mais le monde extérieur est trop dangereux. » Il répliqua dans un léger ricanement. Il n'avait pas particulièrement envie que son chat sorte dehors. Trop peur de ce qui pourrait lui arriver s'il devait se retrouver dans la rue. Entre les voitures et les gens complètement cinglés, on n'était jamais assez prudent. Changement de sujet, en bon hôte qu’il était, il avait demandé à la brune si elle voulait boire quelque chose. « Okay, je t’apporte ça, fait comme chez toi. » Il haussa les épaules avant de partir vers la cuisine, en se disant que cette expression était débile. Est-ce que quelqu’un faisait vraiment comme chez lui dans ce genre de situation ? Du genre à se foutre à l’aise au point d’aller se prendre une petite douche, comme si de rien n’était ? Sans doute pas. « C’est vrai, c’est pour ça qu’on les aime. » Les chats et leur capacité à être aussi mignons que casse-pieds, il fallait bien les aimer, pour les supporter, par moment. « Désolé que ça se soit mal passé. » Il répliqua après qu’elle ait parlé du repas avec ses parents. Il avait de la chance lui, dans sa famille, on croyait en lui. Sa mère l’avait toujours encouragé à suivre ses rêves. Elle le faisait sans le moindre jugement. Voulait quand même qu’il soit prudent et assure ses arrières en terminant ses études, mais ça ne voulait pas dire qu’elle pensait qu’ils allaient se planter, lui et son groupe. C’était juste qu’elle ne voulait pas qu’il risque de se retrouver sans rien. « Ça va, de mon côté. Pas grand-chose à signaler. » Il haussa les épaules. La journée avait été normale, jusqu’à présent. Il était resté avec Skylar jusqu’à ce que ce dernier parte travailler. Rien de bien passionnant. « Non, t’inquiètes, je m’en sors. » Il déclara, en lançant un sourire à la brune, avant de déposer un verre de jus de fruit, sur le comptoir, en face d’elle. « La machine à café est un peu capricieuse des fois, mais je vais m’en sortir. » Il y avait quelque chose qu’il faisait systématiquement mal, parce que Skylar semblait mieux s’en sortir que lui pour la faire tourner. Enfin, après plusieurs essais, elle semblait bien lancée, c’était déjà ça. « Tes parents, ils pensent qu’on va se planter ? » Il demanda en continuant de se battre avec sa machine à café. Peut-être qu’elle n’avait pas envie de parler de ça avec lui et qu’il se la jouait un peu intrusif, mais elle si ce repas c’était mal placé, peut-être qu’elle avait envie ou besoin d’en parler. S’il pouvait l’aider, même en ne faisant que l’écouter, alors ce serait déjà ça.

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Du jour au lendemain, ce groupe est devenu toute sa vie. Du jour au lendemain, ce groupe a changé sa vie. Souvent, elle y repense, Nailea – se demande ce qu’il se serait passé si Ziggy ne l’avait pas présentée, introduite. S'il n’avait pas cru en elle, et en eux. Il avait permis la rencontre entre deux mondes, qui ne font désormais plus qu’un. Deux mondes qui font sens, ensemble. Elle ne l’imaginait pas, Nailea, avant de tous les rencontrer. Elle n’avait pas de grands espoirs, pas d’attentes irréalisables. Certainement pas prévu de laisser tomber ses études. Non, elle, ce qu’elle voulait, espérait, c’était se trouver un nouveau groupe, une nouvelle famille. De nouveaux comparses avec lesquels chanter, s’amuser, profiter. Vivre comme si demain n’existait pas. Mais elle les a rencontrés, Nailea. Et tout a changé presque du jour au lendemain. Il y a eu cet album. Il y a eu le succès. La tournée. C'est comme si tous les cinq, ils s’étaient trouvés. Comme si, à cinq, ils étaient désormais complets. Elle a trouvé tellement plus qu’un groupe, Nailea. Elle a trouvé des amis. Elle a trouvé une nouvelle famille. Elle s’y sent bien, elle s’y sent acceptée, elle s’y sent à sa place. Avec ce droit d’être elle-même, sans besoin de se cacher.
Elle a trouvé tellement plus qu’un groupe, tellement plus que des amis. Elle a vécu le meilleur, mais peut-être le pire, aussi.
Parce qu’il y Ashton.

Ashton.
Ashton et ses regards, Ashton et ses sourires à la con, Ashton et ses mots, ses chansons. Ashton et ce putain de feeling, cette putain d’alchimie. Ashton et cette symbiose, avec lui. Cette impression d’être toujours sur la même longueur d’onde – l’impression que personne d’autre, mieux que lui, ne peut comprendre. Ils écrivent si bien, ensemble. C'est comme s’ils se comprenaient en un regard, sans parler. Peut-être que cela n’aide pas. À calmer son cœur agité, quand il est là. À calmer ses foutus espoirs, qu’elle essaie de réprimer, d’oublier, d’ignorer. Parce qu’il y a Skylar. Elle ne voudrait jamais rien gâcher. Alors elle prend sur elle, Nailea. Mais parfois, ce n’est pas si simple.
Cet après-midi, elle sent que ce sera encore le cas. Mais elle ne peut pas y renoncer, Lea. Elle ne peut pas changer d’avis, trouver une excuse. Ils font toujours partie du même groupe. Elle ne peut pas juste prendre ses distances, cesser de le voir. Elle est venue pour écrire, ne sera là que pour cela. Mais tout de même, cela fait mal.

Des banalités. Rien de mieux pour se sauver, se protéger. Rester dans le déni. Enfin, elle essaie. S'intéresse sincèrement à son chat. Comprend mille fois les inquiétudes d’Ash. « Je suis d’accord. » Ses craintes, elle les partage. D'autant plus que son chat, il est jeune encore, parce qu’elle l’a adopté récemment, Nailea. Une fois partie pour de bon de la maison familiale. Indépendance prise au pied levé. « Merci. » Ashton part à la cuisine, l’invitant à faire comme chez elle. Elle n’ose pas trop, elle. Avance doucement, prudemment. Mal à l’aise dans ce cocon qui n’est pas le sien, dans ce foyer où elle se sent comme une intruse. À dire vrai, elle a l’impression que sa présence ici est tout à fait malvenue. Le revoilà bien vite de retour, malgré tout. Ils échangent encore quelques mots sur les chats, puis Ashton prend de ses nouvelles. Elle ne sait pas pourquoi elle parle de ses parents. Voudrait faire comme si elle s’en fichait vraiment. Mais ce n’est pas le cas. Et elle sait qu’Ashton, même s’il n’a pas la même histoire familiale, comprendra. Ashton comprend toujours. Il lui dit qu’il est désolé. Elle esquisse un pauvre sourire, cherche déjà à changer de sujet. Pas grande envie de s’étaler. Pas du genre à parler de ses sentiments si ouvertement – plutôt de celui, à les mettre en chansons. « C’est pas plus mal, parfois. » De ne rien avoir à signaler. Pas de nouvelle, bonne nouvelle, a-t-elle tendance à penser. Elle demande au brun si elle peut l’aider avec quelque chose, détestant rester là, les bras ballants. Il va s’en sortir, dit-il. « Okay. Et merci pour le jus. » Elle ne va pas insister. Encore moins prétendre mieux comprendre que lui sa propre machine. Elle attrape le verre, boit quelques gorgées, alors qu’Ashton lui demande si ses parents pensent qu’elle va se planter. « Sans doute. Même si ça marche maintenant, ils disent que ça ne marchera pas toujours. Qu'à ce moment-là, faudra bien que je fasse autre chose de ma vie, et ce sera trop tard. » Le succès pourrait durer encore six mois, cinq ou dix ans, peut-être plus. Mais aux yeux des Rivera, cela ne durera pas. Forcément, à un moment ou l’autre, cela capotera. « Mais ce qui les embête, surtout, c’est que c’est pas assez bien à leurs yeux. » Ils avaient bien d’autres attentes, projets, pour elle. Bien plus d’ambition. Et elle, elle s’était efforcée de tout faire pour leur plaire, Nailea. Jusqu'à s’oublier. Oublier ses désirs, ses rêves, ses espoirs.

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Il en avait rêvé de cette carrière, Ash. Depuis qu’il faisait de la musique, c’était un but ultime qu’il espérait pouvoir atteindre. Ils y étaient, maintenant. Low Hysteria était connu. Ils passaient à la radio, se produisaient sur scène. Un album en vente, de nombreuses écoutes sur les plateformes de streaming. Le rêve était en train de se réaliser. Il était heureux, Ashton. Il avait l’impression de tout avoir, en ce moment. La carrière de rêve, le couple idéal, une famille qui était derrière lui pour le soutenir. Il avait de quoi être sur un petit nuage. Il n’y avait pas d’ombre sur le tableau, ou alors, il refusait de la voir. Devrait bien se douter des problèmes qui étaient lentement mais sûrement en train de se créer. Nailea. Il leur devait une grande partie de leur succès, mais elle allait finir par participer à sa chute. Parce qu’il y avait ce truc entre eux. Un sentiment qu’il ne voulait pas expliquer, Ash, mais quelque chose qui finirait tôt ou tard par leur exploser en pleine face et par tout compliquer. Il n’avait pas envie d’y penser, le brun. Préférer se terre dans le déni. Ne rien admettre, se contenter de se réjouir de sa vie idéale et oublier le reste, tant qu’il le pouvait encore.

Il avait invité Nailea chez lui pour qu’ils écrivent et le simple fait qu’il se pose autant de questions sur ce moment en sa compagnie, c’était déjà la preuve que quelque chose se tramait entre elle et lui. Mais non, encore une fois, il ne voulait rien voir, Ash. Il avait déjà un copain de toute façon. Ça se passait très bien avec Skylar, alors non, il n’y avait rien entre Nailea et lui. Fin de l’histoire. Parler du chat, c’était pas mal comme diversion, dans le fond. Mozart était probablement plus intéressant que lui, de toute façon. « Protégeons nos enfants. » Il répliqua, dans un léger rire. C’était un peu comme ça qu’il considérait son chat, après tout. Ils étaient partis en direction de la cuisine, laissant Mozart vaquer à ses occupations. « C’est sûr. » Il répondit dans un léger soupir. Pas grand chose à signaler, au moins, ça voulait dire qu’aucun drame n’était venu perturber son quotidien et c’était une bonne chose. Il lui avait servi son verre de jus de fruit, avant de tenter de faire fonctionner la machine à café. Les choses avaient l’air un peu moins faciles pour Nailea. Une ambiance familiale qui semblait complètement différente de la sienne. « C’est un peu négatif, mais ça se comprend, rien n’est encore gagné. » Il était assez réaliste de ce côté-là, Ashton. Le succès d’aujourd’hui ne voulait pas dire que leur avenir était assuré. Il ne fallait pas se reposer sur leurs acquis. « Faut qu’on continue de bosser, si on veut que ça continue. » C’était sa vision des choses, en tout cas. La preuve qu’il ne lâchait rien et qu’il allait continuer de tout donner pour que ça fonctionne, parce que c’était son rêve et qu’il voulait que ça dure. Lui, il était à quelques mois de la fin de ses études, alors il aurait un diplôme, même si le groupe devrait s’effondrer, mais espérait que, quoi qu’il arrive, il pourrait rester dans la musique, peu désireux de bosser dans l’informatique, au final. « Ils voulaient que tu deviennes avocate ou médecin ? » Il demanda en s’installant enfin en face d’elle, café entre les mains. Il avait cité deux carrières basiques que les parents aimaient coller sur le front de leurs gosses, parce que c’était noble et respectable. Mais le mieux, d’après Ash, c’était encore de les laisser poursuivre leurs rêves. Il avait de la chance, c’était aussi le point de vue de sa mère. Elle le soutenait dans cette aventure et ça lui facilitait les choses. Malheureusement pour Nailea, ça n’avait pas l’air d’être le même son de cloche, du côté des Rivera.

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Elle ne dit rien ouvertement, à personne.
Car le dire, cela reviendrait à ouvrir la boîte de Pandore.
Car le dire, rendrait les choses plus réelles.
La culpabilité, légitime.

Elle ne dit rien.
Car tant qu’elle ne dit rien, elle se dit que cela n’existe pas.
Que cela n’a pas d’importance, que cela n’est rien. Que ce ne sont que des idées, qui la traversent, comme cela, parfois. Que ce ne sont que des films, que ce n’est que le fruit de son imagination débordante, qu’une source d’inspiration pour leurs chansons. Rien d’autre. Oui, ce n’est que créatif, à la limite. C'est une bien plus raisonnable explication. Une raison qui lui convient, pour le moment. Jusqu'au jour où ce ne sera pas suffisant. Elle arrive à garder la tête dans le sable, à faire l’autruche, encore, Nailea. Mais elle n’est pas aussi dupe, ni stupide qu’elle se le prétend. Elle se cramponne à son déni - perd cependant depuis peu sa prise. Se sent faiblir. C'est qu’il lui remue le cœur, à chaque fois, Ash. Qu’il fait danser les papillons dans son estomac. Qu'il dessine un sourire débile sur son visage. C'est qu’elle aimerait pouvoir se réjouir de ce qu’elle ressent, Nailea – parce que l’amour, c’est agréable. Elle le chante dans ses chansons, mais pas forcément en mal. Pas forcément pour la douleur. Ou elle voudrait pouvoir en chanter le bonheur.
Mais le bonheur, elle, elle ne le connaît pas. Pas tant que cela.
Elle n’a quasiment que les mauvais effets de l’amour.
Ces derniers temps, en tout cas.

Mais elle gravite tellement autour de lui. Comme un satellite.
Un satellite en manque d’amour, un satellite qui voudrait être remarqué. Un satellite qui n’a pas l’attention espérée. Croit-il. Il l’a quand même invitée à venir chez lui, Ash. Mais elle n’est là que pour écrire, composer, avec lui. Rien d’autre, rien de plus. Ils sont amis. Et elle est capable de se contenter de cela, dans l’immédiat. Faute de plus, faute de mieux. Elle peut bien grapiller la moindre miette d’attention qu’il voudra bien lui donner. Sait qu’il l’apprécie, tout de même. Sinon elle ne serait pas là, sans doute. Ils sont amis, voilà tout. Alors elle s’amuse, passe déjà un bon moment. Peut oublier le cœur qui souffre. Parler de chats, pour ne pas penser à ce qu’elle ressent, Nailea. Ils semblent avoir au moins ce point commun-là. « C’est vrai que ce sont un peu nos enfants. » Elle lâche un rire, la brune. Considère sans peine le sien comme tel. Elle s’y est attachée, en si peu de temps – c'était presque une évidence. Elle est contente de l’avoir, son chat. Se sent un peu moins seule dans son appartement, d’autant plus qu’elle a récemment quitté la villa de ses parents. Elle en vient à en parler, d’ailleurs. Peut-être plus qu’elle ne le voudrait – ne veut pas, par fierté, leur accorder trop d’intérêt. Installée à la table de la cuisine, elle boit quelques gorgées du jus de fruits qu’il lui a servi, Ashton, en écoutant sa réponse. « Mouais. Dans tous les cas, ils auraient trouvé quelque chose à critiquer. » Et des raisons pour qu’elle ne se lance pas là-dedans, ils en ont à la pelle, n’en manquent aucunement. Ont tout fait pour la dissuader de planter ses études. À quoi bon ? Elle n’avait plus vraiment le temps, de toute façon. « Ouais. Ne nous reposons pas sur nos lauriers. J’vais vite finir mon jus de fruits. » plaisante-t-elle, dans un léger rire. Ce disant, elle en boit quelques nouvelles gorgées. À vrai dire, le mélange vitaminé va sans doute lui donner un pic d’énergie propice à se lancer. Ils ne vont sans doute pas tarder à aller écrire, peut-être jouer. Elle a emporté sa basse, après tout – ce n’est pas pour faire joli. « Ouais, un truc du genre. » Elle lâche un sourire, la Rivera, avant de reprendre : « J’aurais peut-être fait du commerce ou du marketing, après le bachelor. Ou finance. Ils auraient kiffé. » ironise-t-elle, lâchant un rire amer avant d’attraper à nouveau son verre. « On pourrait échanger nos familles ? » plaisante-t-elle, retrouvant son sourire et son rire. Peu désireuse de s’apitoyer sur son sort. Ou de plomber l’ambiance.

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Il ne savait pas quoi penser de ce truc qu’il y avait encore Nailea et lui. Il n’avait pas envie de trop y réfléchir, préférant penser que ce n’était qu’une forte amitié, une connexion en tant qu’artiste mais que ça ne voulait rien dire de plus. Il était en couple et il était heureux comme ça, Ash. Il n’avait pas envie de remettre en question sa relation, tout ça parce qu’il s’entendait très bien avec Nailea et que sur les réseaux sociaux, les gens avaient tendance à les imaginer ensemble. Ce n’était pas aux fans de décider leur relation, de toute façon. Libre à eux d’imaginer ce qu’ils voulaient, mais lui, il avait un petit ami et il était parfaitement heureux comme ça. Rien n’allait changer ça. Certainement pas le fait d’inviter la brune à venir travailler un peu chez lui. C’était débile de sa part d’imaginer qu’elle puisse y voir un quelconque signe. De toute façon, elle savait qu’il était en couple, alors y avait pas de raison qu’elle imagine quoi que ce soit. Pourquoi est-ce qu’il fallait qu’il se pose autant de questions ? C’était complètement débile et ça l’agaçait. Il s’agaçait lui-même à faire tout un drame d’une histoire qui ne méritait pas de se prendre la tête.

Elle était là maintenant, Nailea. Dans son appartement et tout allait bien. Elle avait rencontré son chat le pot de colle. Ça leur faisait un très bon sujet de discussion, puisqu’il pouvait parler de son chat pendant des heures, Ashton. Pire qu’un père avec son gosse. C’était un peu comme ça qu’il le voyait son chat, de toute façon. Son enfant. Au moins, la brune ne semblait pas le juger pour ça. Est-ce qu’il devrait s’en inquiéter, de toute façon, si elle devait le juger ? Ce n’était pas son problème, après tout. « C’est clair. » Il répondit dans un ricanement, avant de se diriger vers la cuisine pour s’occuper des boissons. Jus de fruit pour Nailea et un café pour lui, même si la cafetière avait décidé de l’emmerder. Elle avait commencé à parler de ses parents, la brune, du repas qui ne s’était pas passé comme elle l’aurait voulu. Il était désolé pour elle, Ash. « Ça craint, les parents devraient soutenir leurs enfants dans leurs projets. » C’était ce que sa mère faisait en tout cas. Elle était là pour lui. L’avait poussé à aller au bout de ses études, parce qu’il avait presque terminé et que ça lui offrait une solution de repli, au cas où. Mais elle croyait en lui, il le savait, Ash. Depuis le début du groupe quand il n’avait été qu’au lycée, elle était l’une de ses plus grandes fans. Ça l’aidait beaucoup à y croire. « Prends ton temps quand même, je voudrais pas que tu t’étouffe avec. » Il répliqua dans un léger ricanement, en se posant enfin en face d’elle, avec sa tasse de café qu’il avait finalement réussi à obtenir. Il pouvait assez facilement imaginer les projets que les parents de Nailea avaient pu avoir pour elle. De grandes études, une belle carrière. Pas une prise de risque, comme ça pouvait être le cas avec la musique. « Ça a l’air tellement ennuyeux. » Il répliqua d’un air blasé, comme si énumérer tous ces choix avaient suffit à l’épuiser. Lui, il faisait de l’informatique, ça lui plaisait bien, mais il voulait faire de la musique. C’était ça, sa vocation. « Désolé, mais non, je garde ma mère. » Il répondit en rigolant. Sa mère. Parce qu’il ne pouvait pas dire ses parents. Son père était aux abonnés absents. Il ne savait rien de lui et s’en fichait à présent. Il était très bien avec sa mère et sa sœur. Pas besoin d’un père. Il termina rapidement sa tasse de café, histoire de se donner un peu d’énergie pour la suite. « Alors, tu veux jouer un peu ? » Il demanda, prêt à attraper sa guitare ou se mettre au piano. Ils étaient là pour bosser et puisque le boulot c’était leur passion commune, autant se lancer.

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Ce n’est peut-être rien, ce truc entre eux. Ce truc qu’elle sent, entre eux.
Ce qu’elle, elle ressent, chaque fois qu’elle se retrouve avec Ashton. Ce truc dont ils ne parlent pas, car, dans le fond, cela n’existe peut-être pas. Ou bien, cela n’existe que pour elle. Dans le fond, ce serait préférable. Cela rendrait tout plus simple. Mais cela continuerait de la blesser. Et en même temps, de l’inspirer. Parce qu’Ashton l’aide à trouver les mots pour exprimer ses maux. C'est cela, le pire. C'est qu’eux deux fonctionnent si bien ensemble, sur le plan de la musique, que leur symbiose donne naissance à de jolies chansons. Des chansons qu’elle aime chanter, en tout cas, Nailea. Des chansons qui lui parlent peut-être trop. Des chansons qui tournent en boucle dans sa tête, quand elle cherche désespérément le sommeil. Est-ce que c’est juste dans sa tête, hein, ce truc entre eux ? Est-ce qu’elle se fait un fantasme, s’imagine des choses ? Ou est-ce que c’est bien réel ? Elle n’a pas le droit de demander confirmation. Pas le droit de demander s’il ressent la même chose ou non. Cela ne changerait rien, de toute façon. Mais elle continue de le regarder, de lui sourire, de cette façon si particulière. Peut-être n’est-elle pas discrète, Nailea. À dire vrai, elle ne le remarque même pas.

Aujourd'hui, c’est juste lui et elle.
Et une partie d’elle est heureuse de l’avoir juste pour elle. Sans les autres. Sans son copain. Sans qui que ce soit. Ils seront dans leur bulle, plus encore quand ils joueront – parce que c’est le cas, à chaque fois. C'est comme si le monde extérieur n’existait pas, plus. Comme s’il n’avait plus d’importance. Ils sont dans leur bulle, simplement. Et elle se sent à sa place, Nailea. Se sent bien, acceptée, légitime. Pas jugée. Safe. Toujours, avec Ashton. Elle aimerait simplement que ces moments durent plus longtemps, et se reproduisent, plus souvent. Existent de façon permanente. Mais elle n’a pas le droit de rêver de cela. En attendant, avec lui, toujours, elle se sent bien. Alors elle se met à évoquer ses parents, qu’elle a vus aujourd’hui, notamment. « Ils devraient, sans doute. Mais c’est comme ça. » Elle en lâche un soupir, Nailea. Ne veut pas trop s’étendre, plomber l’ambiance. À la place, elle préfère plaisanter à propos du jus de fruits qu’Ashton lui a gentiment apporté. « M’étouffer ? C’est mal me connaître. » plaisante-t-elle, sourire aux coins des lèvres. Il a toujours cet effet-là, Ashton. Mais c’est bon enfant. N’est-ce pas ? Ou peut-être pas, finalement. Car elle sent son cœur fait un bond dans sa poitrine, chaque fois qu’elle croise son regard. Elle détourne le sien pour boire son fameux jus de fruits. Raconte ce que ses parents auraient aimé qu’elle fasse. « Ouais. Bien plus que la musique, en tout cas. » Mais la musique, c’est ce qui la fait vibrer, Nailea, pour de vrai. Voilà pourquoi elle veut y dédier sa vie. Ne rien faire d’autre, jamais plus. Et puis, cela marche beaucoup trop bien avec Ashton et le reste du groupe, pour qu’elle abandonne. « T’es pas partageur. » le taquine-t-elle, sourire en coin. Son jus de fruits est terminé, à présent. Le café d’Ashton aussi. Alors il lui demande si elle veut jouer un peu. « Evidemment, j’suis pas venue juste pour un jus de fruits - même s’il est très bon. » Elle laisse échapper un rire, la brune. Se lève de sa chaise, quitte vite la cuisine pour aller chercher sa basse, dans l’entrée. Puis rejoint Ashton, sur le canapé. Pose du moins la basse à côté, puis se retrouve, sans trop savoir comment, à se prendre les pieds dans le tapis – tomber un peu trop brusquement sur le canapé. Bousculant un peu Ashton au passage, tout à coup trop proche. « Merde, désolée. » souffle-t-elle, confuse, retrouvant son équilibre, reprenant ses distances. Ce n’est pas comme cela qu’elle rêvait lui tomber dans les bras. Maintenant, elle se sent juste stupide, avec son hébétude, ses cheveux dans les yeux. Et sa cheville un peu tordue.

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Il se faisait probablement des films, Ashton. Il n’y avait rien entre Nailea et lui. Juste une profonde amitié, liée au fait qu’ils travaillaient ensemble. Leur position dans le groupe faisait qu’ils étaient censés être proches. Ils chantaient ensemble, ça demandait une certaine proximité. Ils n'allaient pas chanter chacun à un bout de la scène. Il y avait toute une part de jeu dans la scène et ils ne pouvaient pas passer à côté de ça. Mais ça ne voulait pas dire qu’il y avait quelque chose entre eux. Quand il regardait les commentaires sur internet, ça semblait être le cas. Il y avait un grand nombre de personnes qui les imaginaient en couple, tous les deux. Ce n’était pas le cas et de toute façon, ça ne regardait personne à part eux. Lui, il était avec Lip depuis un moment maintenant et il était très heureux comme ça. Il était heureux dans sa vie de couple le brun. Pourtant, y avait des questions qui n’arrêtaient pas de s’imposer à lui quand il était question de Nailea. Il pensait beaucoup trop à elle Ashton et ça le rendait fou. Il se posait des questions qui n’avaient pas lieu d’être. C’était une prise de tête constante, alors que ça ne devrait pas l’être, puisqu’il n’y avait rien entre eux.

Elle était chez lui aujourd’hui. Les autres membres du groupe n’étaient pas là. Lip n’était pas présent non plus. C’était juste elle et lui, dans son appartement. C’était bizarre mais pour le coup, il avait l’impression que son appartement était soudainement une partie très intime de lui. Comme s’il offrait à Nailea un morceau privé de lui. Pourtant ce n’était qu’un appartement et elle n’était pas la première, ni la dernière à y être invitée. De toute façon, dès qu’il était question de Nailea, il trouvait tout étrange, Ash. « Ça craint. » Il commenta dans un léger soupir. Elle aussi, elle confiait des choses intimes. Des pans de sa vie privée, avec ses parents et c’était probablement normal, entre amis. « On sait jamais, on se méfie jamais assez des ravages que peuvent causer les jus de fruits. » Il répliqua dans un léger rire. Non, elle n’allait pas s'étouffer avec son jus de fruits. Manquerait plus qu’un truc pareil arrive chez lui, il serait en panique. « C’est sûr. » Est-ce qu’il y avait vraiment quelque chose de mieux que la musique de toute façon ? Il avait du mal à y croire, Ashton. Lui, il étudiait l’informatique, c’était bien, mais la musique c’était mieux. « T’es trop vieille pour te faire adopter de toute façon. » Alors il allait garder sa mère et elle ses parents, même si, de toute évidence, ils n’étaient pas de très bons parents. Peut-être qu’il jugeait trop vite sans savoir. Il n’avait pas d’enfant, après tout. « Heureusement, content qu’il te plaise quand même. »  Mais bon, elle avait raison, ils n’étaient pas là juste pour boire un verre. Même si c’était agréable, surtout en bonne compagnie. Tasse terminée, il la déposa dans l’évier, avec le verre, avant de quitter la cuisine pour rejoindre le salon. Installé dans le canapé, avec sa guitare, le temps qu’elle aille chercher sa basse. Il ne savait pas trop comment elle avait fait son affaire, mais elle avait chuté sur le canapé, un peu contre lui. Quelques secondes un peu gênantes, il l’aida quand même à se redresser, avant qu’elle ne s’éloigne. « C’est pas grave. Ça va, tu t’es pas fait mal ? » Il demanda quand même, pour s’assurer qu’elle ne se soit pas fait mal. C’était gênant de s’être retrouvé trop proche d’elle, mais l’important c’était de s’assurer qu’elle aille bien.

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Elle aime toujours retrouver Ashton.
Parce qu’elle se sent bien avec lui, Nailea. Parce qu’il lui semble qu’ils sont un peu pareils. Ou bien qu’ils sont juste sur la même longueur d’onde. Que leurs caractères sont simplement tout à fait compatibles. Mais cela ne veut dire rien. Pas vrai ? Elle pense la même chose de Ziggy, du reste du groupe, d’Echo. Pourtant, avec eux, elle ne se fait pas de films de la même façon, la brune. Avec eux, elle n’a pas le même lien. Elle les adore, et bien sûr qu’il y a de l’alchimie entre eux, mais là non plus : pas de la même façon. Avec Ashton, c’est électrique. Cela fait des étincelles. Cela fait battre son cœur bien trop fort - à tel point que parfois, elle en a le tournis, ou même la nausée. Mais peut-être est-ce juste dans sa tête. Peut-elle imaginer tout ce qui se passe ? Dans le fond, pourquoi Ashton s’intéresserait-il à elle, alors qu’il a déjà Lip ? Elle devrait juste arrêter, Nailea. Faire taire ses honteux espoirs. Elle se ferait moins de mal, à attendre ce qui ne se produira jamais. Ou peut-être qu’elle devrait le dire, pour s’en libérer - pour espérer avancer. Mais si elle le disait, Nailea, elle est certaine que cela viendrait tout compliquer.
Et elle ne peut pas mettre le groupe en péril.

Elle ne peut pas tout compliquer pour des sentiments.
Des sentiments sans doute non réciproques en plus.
Elle doit être raisonnable, Nailea.
Même si cela fait mal.

C'est sans doute une mauvaise idée, d’être chez lui, seule avec lui, cet après-midi. Mais comment sont-ils censés faire ? Ils écrivent ensemble, chantent ensemble. Parfois, il faut qu’ils répètent alors à deux. Ce n’est même pas qu’elle cherche des prétextes pour le voir, Nailea. C’est que le groupe repose aussi sur leur étroite collaboration. Ou peut-être se cherche-t-elle des excuses tout de même, elle ne sait pas. Elle se pose tant de questions, la brune, qu’elle ne se poserait pas en temps normal.
Pour le moment, elle essaie de les oublier. Elle est venue pour jouer avec Ash. Pas non plus pour s’étendre trop longtemps sur ses problèmes avec ses parents, même si cela lui a fait du bien d’en parler. Même si le soutien d’Ashton lui a fait du bien. Elle préfère rire, plaisanter à propos des jus de fruits. « Des ravages, comme tu y vas. Imagine la Une des magazines, n’empêche, si ça arrivait. » plaisante-t-elle en riant de plus belle. C'est peut-être bête, pas bien recherché. Ou alors elle est juste bon public, Nailea. Mais elle s’amuse bien, avec Ashton. Cela permet de retrouver un semblant de légèreté. D'oublier ce qui peut lui faire du mal – les autres choses qui n’ont rien à voir avec lui. « Ouais, je dois me comporter en adulte responsable maintenant et ne compter que sur moi-même... » Elle lâche un soupir exagéré, sourire en coin, s’amusant à jouer les drama queens - ce qu’elle n’est absolument pas. À ce moment-là, Ashton propose qu’ils aillent jouer, comme ils l’avaient prévu. Elle ne peut retenir une énième taquinerie. « Oui, ça va, tu as bon goût. » Peut-être prend-elle trop goût à leurs taquineries dans le genre. Peut-être ne devrait-elle pas tomber là-dedans, ou les entretenir. Mais ils peuvent rire sans que cela ne veuille rien dire. Non ? Ce n’est pas du flirt déguisé. C'est toujours innocent, tout à fait gentillet.
Vient le moment d’aller effectivement jouer. Mais elle ne sait pas trop comment elle s’y prend, Nailea – elle se retrouve à trébucher. Se retrouver trop prêt d’Ashton, le bousculant même un peu, en voulant se rattraper. Maintenant, elle se sent bête. S'excuse aussitôt. Il l’aide tout de même à se relever, Ash. Lui demande si elle ne s’est pas fait mal. « Non, non... J’ai dû juste me fouler un peu la cheville et le poignet, mais c’est rien. » Cela chauffe juste un peu, mais cela va passer. Ce n’est ni la première ni la dernière fois. « Bientôt, tu vas penser que j’l’ai fait exprès pour tenter une approche. » tente-t-elle de plaisanter, pour détendre l’atmosphère, avant d’aussitôt le regretter. Ce n’est pas cela qui va arranger les choses. Peut-être que cela va juste rendre tout plus gênant, à présent. La voilà qui rougit, Nailea, se sentant stupide, mal à l’aise, ne sachant plus trop où poser son regard.

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Pourquoi est-ce qu’il avait toujours l’impression qu’il y avait de l'ambiguïté entre Nailea et lui ? C’était idiot. Il était le premier à croire sincèrement en la possibilité d’une amitié entre une fille et un garçon sans qu’il n’y ait la moindre ambiguïté. Il était persuadé que ça pouvait marcher et il trouvait les films et les séries toujours trop clichés quand ils poussaient deux amis dans les bras l’un de l’autre. De plus, il avait un petit-ami. Il était parfaitement heureux en couple, voulait continuer dans cette direction avec Lip, alors pourquoi est-ce qu’il ne pouvait pas s’empêcher de se poser mille et une questions sur Nailea. C’était ridicule, il le savait. Peut-être que c’était aussi le prix de la gloire montante. Il savait bien que les fans eux, ils étaient persuadés qu’ils étaient ensemble, ou pensaient en tout cas qu’ils seraient parfaits en couple. A force de lire et d’entendre ce genre de commentaire, de la part du public, il fallait croire que ça commençait à lui monter à la tête. Le mieux, c’était encore de ne pas écouter ce genre de choses. Lui, il était en couple avec Lip. De son côté Nailea voyait peut-être quelqu’un, il n’en savait rien. En tout cas, eux deux, ils étaient amis et c’était très bien comme ça.

Il voulait se débarrasser de son stress inutile Ash. Nailea était chez lui, et ? Qu’est-ce que ça pouvait bien faire ? Entre amis, ça se faisait, surtout quand il était question d’écrire et de composer ensemble. C’était important qu’ils se voient, pour le boulot. C’était pour ça qu’elle était là, la brune. Alors il n’y avait pas d'ambiguïté entre eux. Juste une relation amicale et professionnelle. Rien de plus. A force de se le répéter, il allait peut-être réussir à s’en convaincre, le brun. « C’est clair, peut-être qu’on nous conseillerait d’arrêter d’en manger. » Il répliqua dans un léger rire. Il partait loin dans son délire sur les fruits, Ashton. Mais ce serait un peu ironique qu’on dise d’arrêter les fruits, alors que c’était plutôt l’inverse, la tendance du moment, pour de bonnes raisons, évidemment. « Ouais, pas le plus simple dans une vie. » Il soupira. Se comporter en adulte responsable, ce n’était pas toujours facile. Il s’en sortait pas trop mal, Ash, mais il devait bien admettre qu’il était souvent le premier à aller se réfugier chez sa mère, dès qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas dans son quotidien. « On me le dit souvent. » Il haussa les épaules, un air fier sur le visage, bien vite mis à mal par son sourire qu’il avait bien du mal à faire disparaître de ses lèvres. Ils avaient fini par quitter la cuisine pour le salon, histoire de se mettre à jouer un peu. Ils étaient là pour ça, pas pour faire un débat sur les jus de fruits, après tout. Mais Nailea avait trébuché et était tombée sur le canapé, presque sur lui. Moment un peu gênant et qui réveillait cette fichue ambiguïté qu’il cherchait pourtant à faire taire. Il l’aida à se redresser avant de lui demander comment elle allait. « Tu veux de la glace ? » Il devait bien pouvoir trouver de quoi apaiser un peu la douleur dans le congélateur. Ce serait dommage que la douleur au poignet l’empêche de jouer, après tout. Il lâcha un rire nerveux suite à la remarque de la brune. Il n’avait pas pris ça pour une approche, mais le fait qu’elle l’évoque le rendait plus nerveux qu’il l’aurait voulu. « C'en était une ? » Il demanda dans un ricanement, avant de regretter la question. Des fois, il fallait juste apprendre à se taire. « Désolé, loin de moi l’envie de te mettre un vent, mais je crois pas que mon copain apprécierait. » Malgré le ton plaisantin, il avait volontairement placé Lip dans la conversation, comme un besoin de dresser des barrières entre Nailea et lui. Besoin de se rappeler à lui même que Lip n’était pas très loin, qu’il était son copain et qu’il voulait que ça dure.

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C'est facile entre eux. Cela ne veut peut-être rien dire. Mais elle en revient toujours à cette conclusion, Nailea. C'est facile. Le feeling s’est fait malgré eux. Elle a l’impression que même s’ils essayaient de prendre leurs distances pour x raison, ils finiraient toujours par se retrouver. Comme une évidence. Comme si c’était écrit. Comme s’ils ne pouvaient jamais s’y soustraire. C'est con, elle ne croit pas vraiment aux forces supérieures, au destin, ou à ce genre de choses, Nailea. Mais elle croit que parfois, il y a des rencontres qui font sens. Qu'il y a des âmes qui sont faites pour se trouver, pas forcément amoureusement parlant. Peut-être qu’ils sont juste faits pour être amis, Ash et elle. Et puis, pour écrire, composer et chanter ensemble. Cela fonctionne bien, leur collaboration. Sur scène, cela fait des étincelles. Il y a toujours un peu d’électricité, dans l’air. Peut-être que les gens le sentent. Peut-être qu’il n’y a qu’elle qui se fait des films. Peut-être qu’on se dit juste qu’ils font la paire, tout à fait platoniques. Qu'ils étaient faits simplement pour travailler ensemble. Peut-être qu’il n’y a que dans son cœur à elle, qu’il y a quelque chose qui se passe.
Pourtant, des fans se sont mis à y croire. Difficile de passer à côté des fausses rumeurs, des théories. Des montages et posts sur les réseaux sociaux.

Parfois, elle se laisse imaginer les et si, Nailea. À se demander ce qu’ils donneraient, tous les deux. À s’imaginer une vie à deux. C'est stupide. Elle va trop loin. Elle voudrait arrêter son cerveau. Ou arrêter son cœur. Ses battements forts, incessants, comme maintenant. Alors qu’elle se retrouve seule avec lui. Ils ne font rien de mal, ils ne font rien d’ambigu. Mais elle ne peut pas l’arrêter, son cœur. Parfois, il est heureux ; d’autres fois, il pleure. Actuellement, elle ne sait pas trop. Il est joyeux, sans doute, d’être en présence de l’objet de toutes ses pensées. Même s’ils ne font que parler de stupidités, ou de banalités. Comme des prétendus dangers du jus de fruits. « Manquerait plus que ça. » Elle rit, Nailea. Si facilement. Là encore, c’est facile. Elle est peut-être juste bon public. L'espace de quelques minutes, des sujets plus sérieux reviennent sur la table. Elle se laisse aller à parler de ses parents, la brune. Préfère plaisanter en disant qu’elle voudrait bien être adoptée par la mère d’Ashton, plutôt, qui a l’air nettement plus cool et drôle. Le sérieux revient, l’air de rien, à travers une petite plaisanterie. Elle ne peut plus compter que sur elle-même. C’est atrocement vrai. « Non, c’est sûr. » Elle ne veut pas trop s’étendre dans cette blague-là, qui n’en est peut-être pas vraiment une, dans le fond. « Et ça entretient ton ego. » Elle fait mine d’être blasée, comme s’il était un cas désespéré. Pas du tout, en vrai. Il est l’une des personnes les plus humbles qu’elle connaisse. Il faudrait qu’elle arrête. Ce crush stupide. Lui trouver des qualités. Il faudrait qu’elle se reprenne en main, plutôt.

Ou qu’elle commence par faire attention à là où elle met les pieds.
Parce qu’elle trébuche. Lui tombe dessus. Comme si elle avait besoin de cela, Nailea. Maintenant, elle se sent bête, gênée, mal à l’aise. Elle s’empresse de reprendre un peu ses distances. Assure ne pas s’être trop fait mal, même si sa cheville et son poignet lui chauffent un peu. « Non, ça devrait aller, j’ai connu pire. » tente-t-elle du moins de s’en convaincre. Elle aurait peut-être dû juste accepter, Nailea. Peut-être alors qu’Ashton se serait éloigné, qu’elle ne lui aurait pas sorti pareille connerie. Tu vas croire à une tentative d’approche. Elle aurait pu se taire. Maintenant, elle se sent doublement plus bête. Le pire, c’est qu’il demande si c’en était une. Pour plaisanter, sûrement, comme en témoigne son rire. Mais cela la prend de court et sur le coup, elle ne sait pas quoi répondre - heureusement sans doute qu’il enchaîne en mentionnant son copain. Paf, en plein dans le cœur. Ce n’est pas comme si elle avait imaginé une autre réponse, mais cela fait mal quand même. « Ouais, non, c’est sûr. » répond-elle dans un rire un peu nerveux, remontant de sa main valide une mèche de ses cheveux derrière son oreille. « J’voudrais pas me mettre Lip à dos. » Elle dit cela toujours sur le ton de la plaisanterie, ponctuant ses mots d’un rire. Alors qu’à l’intérieur, elle se demande ce qui lui prend, pourquoi elle s’enfonce, pourquoi elle se fait du mal à de cette façon. Elle devrait cesser cette blague, qui n’en est pas sûre, au fond. Qui la torture plus qu’autre chose, finalement.

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Il était heureux avec Lip, Ashton. Son couple lui convenait parfaitement, ils étaient amoureux, tous les deux et il n’avait aucune raison de remettre en question son avenir avec Lip. Tout allait bien entre eux. Pourtant, il ne pouvait pas s’empêcher de se poser tout un tas de questions quand il s’agissait de Nailea. Il avait l’impression qu’il y avait comme un truc entre eux, une forte alchimie et il avait beau essayer de se rassurer en se disant que ce n’était qu’un truc de scène, il avait parfois l’impression que c’était un peu plus que ça. Il n’avait pas envie de creuser, Ash, parce qu’il avait peur des conséquences que ça pourrait avoir, mais il sentait bien que lorsqu’ils étaient dans la même pièce il sentait bien qu’il y avait un truc dans l’air. C’était bien pour ça que le fait d’inviter la brune chez lui l’avait poussé à se poser autant de questions. Elle avait à peine mis les pieds dans l'appartement qu'il avait commencé à le sentir, ce truc flottant dans l’air autour d’eux. Il fallait passer outre ça, se concentrer sur ce qui était important, la musique. C’était pour ça qu’elle était là aujourd’hui, alors autant éviter de trop dériver sur autre chose.

Ils avaient quand même pris le temps de boire un truc avant de se lancer dans le travail. Le café ne lui faisait clairement pas de mal. Nailea avait apprécié son jus de fruits, alors tant mieux. « C’est clair. » Il répondit dans un léger rire avant de déposer sa tasse et le verre de la brune dans l’évier. Il s’occuperait de la vaisselle plus tard. Il lui adressa un sourire, sans rebondir plus que ça sur cette histoire de devenir adultes. Ils n’avaient pas vraiment le choix de ce côté-là, de toute façon. Il gardait quand même un côté gamin, lui, à toujours revenir chez sa mère dès qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas dans son quotidien. « Oh oui, j’en ai tellement besoin. » Il répliqua, d’un air faussement hautain, comme s’il était le genre de type vraiment attaché à son égo. Ils avaient fini par quitter la cuisine pour rejoindre le salon où la brune avait trébuché, tombant à moitié sur lui, sur le canapé. « Okay, tu me dis si ça va pas mieux. » Si jamais ça continuait à lui faire mal, il irait chercher la glace, il n’avait pas envie qu’elle ait mal et puis, elle avait besoin de ses deux jambes et de son poignet pour les concerts, alors ce n’était pas le moment de se fouler quoi que ce soit. Sa remarque le rendit nerveux. Vu ce truc entre eux, mieux valait éviter de trop plaisanter là-dessus. Alors il avait fini par placer Lip dans la conversation. Comme une volonté de poser tout de suite des limites à ce truc qui était en train de se mettre en place. Il avait un copain, alors aucune tentative n’était possible. Il était heureux en couple et il n’avait pas envie que ça change. Pourtant, qu’est-ce que ça voulait dire, qu’il ait pris la remarque de la brune comme un truc sérieux ? Probablement qu’elle ne faisait que de l’humour et que lui, il passait pour un abruti. C’était vraiment compliqué cette histoire. « Non, c’est sûr, il est pas du genre jaloux, mais je voudrais pas le provoquer là-dessus quand même. » Il lâcha de nouveau un rire nerveux. Lip n’était pas jaloux, sinon, il aurait peut-être plus de mal à supporter sa carrière qui le mettait sous le feu des projecteurs, les groupies qui allaient avec et puis Nailea, avec qui sur scène il était plutôt proche. Lip n’était pas jaloux. Avait-il des raisons de l'être? Non, évidemment. « Alors, on commence par quoi ? » Il demanda finalement en attrapant sa guitare, histoire de se concentrer sur autre chose. Remettre le boulot entre eux, en espérant faire disparaître l'ambiguïté.

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Aujourd'hui, c’est juste Ashton et elle.
Il n’y a pas les autres. Il n’y a même pas Lip. Il y a juste Ashton et Nailea, et ce n’est peut-être pas une bonne idée, dans le fond. Ce n’est pas comme si elle allait lui sauter dessus, la brune. Ni lui, d’ailleurs, à son humble avis. Ils ne feraient jamais cela à Lip. Au-delà de cela, elle doute éveiller quoi que ce soit d’autre chez Ashton que de l’amitié. Elle n’aurait pas cette prétention-là, Nailea. Mais elle a parfois l’impression qu’il y a un truc, entre eux. Ce qui est certain, c’est qu’il y a quelque chose de son côté. Un truc qu’elle essaie désespérément de nier, sans toutefois y arriver. Non, il reste toujours là, Ash, dans ses pensées, dans son cœur, dans ses songes, dans ses insomnies. Elle déteste ce côté de l’amour, celui qui fait souffrir, même si elle est certaine de ne pas en être encore à ce cap-là, de ne pas être amoureuse. Mais elle ressent quelque chose, c’est sûr. Et elle n’arrive pas à l’ignorer, Nailea. Elle le sent tout le temps. Encore plus, en cet instant.

Elle a peur qu’un jour, cela complique les choses.
Pour elle, entre Ashton et elle, et puis, pour le groupe.
C'est la dernière chose qu’elle voudrait, pourtant. Semer la zizanie. Foutre tout en l’air, alors qu’en ce moment, tout fonctionne si bien pour eux. Alors elle essaie de prendre sur elle, Nailea. Mais peut-être qu’elle ne s’aide pas en acceptant de passer des après-midis comme celui-là, avec Ashton, chez lui, en tête-à-tête. Ils se retrouvent souvent pour jouer à deux, pour écrire et composer ensemble. Mais peut-être que ce devrait être moins régulier, à présent. Peut-être. En attendant, il faut bien travailler ensemble pour écrire de nouvelles chansons. Ils ne vont pas s’arrêter à un seul album. Et puis, ce serait trop difficile de prendre ses distances avec Ashton, alors que d’un autre côté, sa présence lui fait tant de bien. Il la fait rire, Ash. Parce que non, en réalité, il n’a pas tant d’ego. « Terriblement besoin. » Elle rit de plus belle. Ne s’arrête pas. Dans ces moments-là, son cœur ne lui fait pas mal. À d’autres moments, si, surtout quand il est question de Lip.

Ou quand elle se prend les pieds dans le tapis et tombe à moitié sur Ashton.
Elle se sent bien bête, à présent, Nailea. Et puis, elle est quelque peu gênée de cette proximité soudaine, quoiqu’elle se soit vite hâtée de s’éloigner. Elle en est maintenant toute perturbée. « Oui, t’en fais pas. » Elle a encore un peu mal, en vérité, mais elle a besoin de retrouver un peu ses esprits, Nailea. Elle se sent toujours stupide, et c’est même pire quand elle tente une blague qui tombe à plat, parce qu’Ashton réagit un peu trop au premier degré, tout comme elle, en réalité. Elle aurait mieux fait de se taire, mais elle n’a pas réfléchi, a dit n’importe quoi dans la gêne en s’enfonçant encore plus. Maintenant, son cœur bat fort et douloureusement, en panique. « Non, c’est sûr, personne apprécierait, je pense. » souffle-t-elle. Elle n’arrive plus vraiment à se sortir de cette situation, elle le sent. Heureusement peut-être, Ashton lui demande plutôt par quoi ils commencent – puisqu'ils étaient censés jouer. « Oh, euh, j’ai testé un truc que je voulais te faire écouter pour avoir ton avis. » Autant sauter sur l’occasion de changer de sujet. Et puis, après tout, ils sont là pour jouer. Ils vont pouvoir le faire, désormais.