lost in the fire (jungwoo)

tw: vulgarités, violence, sexualité, stalking

Ces petites escapades s'étaient presque transformées en une agréable routine tant son trajet à travers la ville lui semblait répétitif. Lui qui avait d'ordinaire l'habitude de se laisser guider par ses pas, errant tel un chat dans les sombres ruelles, depuis cette fameuse nuit, son chemin l'amenait forcément jusqu'au pied d'une certaine bâtisse. Impossible de savoir si c'était la culpabilité qui l'avait amené à se renseigner sur sa victime ou s'il s'agissait seulement d'une curiosité mal placée, mais depuis leur rencontre, Jungwoo peinait à se sortir l'inconnu de la tête.
Dans un premier temps, il s'était contenté de se rendre à nouveau dans les parages du club, frôlant les murs et ne se déplaçant que dans l'ombre des lampadaires défaillants. Il y avait retrouvé sa cible à qui l'on souhaitait certainement un prompt rétablissement, amochée certes, mais bel et bien vivante. Et rapidement, sans même se rendre compte de ses actes, Phantom s'était mis à suivre l'homme, incapable de refuser la pulsion de son corps. Il devait continuer de l'avoir dans son champ de vision, c'était nécessaire. S'il s'était persuadé qu'il n'agissait ainsi que pour continuer son œuvre, frustré de ne pas l'avoir alité plus longtemps par ses coups, le géant fermait plutôt les yeux sur la réalité. Sa haine n'était qu'un masque, une parade face à la vérité : au fond, il s'inquiétait réellement pour la personne avec laquelle il avait échangé ces fiévreux baisers.
C'est ainsi qu'il avait obtenu son identité : une simple filature au détour d'une soirée arrosée lui avait permis de repérer son logement ainsi que son nom, inscrit sur une boîte aux lettres. Et depuis, le trentenaire n'avait cessé d'éplucher les réseaux sociaux à la recherche de cette nouvelle obsession, espérant quelque part, satisfaire sa soif d'informations à son sujet.
"Putain de cliché, avait-il pesté en trouvant enfin son compte instagram, à peine surpris d'y trouver le stéréotype ambulant de tout ce qu'il haïssait."
 

Ce qui avait commencé par une surveillance discrète, positionné stratégiquement à l'opposé de la rue, fuyant à la moindre voiture qui osait braquer ses phares sur sa personne, s'était peu à peu transformé en une observation culottée. Il lui fallait toujours plus : plus près, plus longtemps, plus intrusif. Et surtout, moins discret.
Et si le géant s'était attendu à effrayer le strip-teaser par son comportement, son ombre encapuchonnée agissant comme un aimant dès que le jeune osait quitter son domicile, il était resté assez étonné de la tournure des événements. Pris à son propre jeu, Jungwoo n'était pas resté bien longtemps le chasseur en constatant que sa proie prenait, étonnamment, goût à sa présence.  
"À quoi tu joues merde, avait-il fulminé face aux petits spectacles qu'offrait régulièrement Heesung, entre dandinement et nudité."
Cette nuit-là, l'exhibition était montée d'un cran, mettant le leader des Renegades face à ses propres contradictions. Son regard s'était assombri en comprenant ce que s'apprêtait à faire le danseur, et malgré son dégoût, ses croyances et la désagréable sensation de se trahir lui-même, Phantom n'avait jamais réussi à quitter la scène des yeux. Absorbé, sa respiration s'était accélérée face aux mouvements saccadés camouflés par le boxer, devinant aisément que ce moment d'égarement s'accompagnait de gémissements qu'il ne pouvait entendre. Mais cette fascination trouva regrettablement fin lorsqu'il réalisa que sa propre anatomie répondait au stimuli visuel, et écœuré, le coréen préféra prendre la fuite.


Couvert de son long manteau, l'homme bravait les intempéries en réponse à un soudain besoin. Cela faisait plusieurs jours déjà que sa traque avait cessé, face à son incapacité à trouver une ultime parade mentale qui pouvait justifier qu'un homme lui ait inspiré une telle érection. Il s'était d'ailleurs interdit de retourner rôder dans le quartier de Peacock, persuadé que ses instincts s'apaiseraient en oubliant les traits appétissants du strip-teaser, mais ce soir, la raison l'avait quitté.
En arrivant devant le bâtiment, Jungwoo remarqua immédiatement la fenêtre entrouverte. L'espace d'un instant, il supposa qu'il s'agissait seulement d'une tentative d'aérer la pièce, mais face au tonnerre et aux éclairs, le trentenaire interpréta cet accès comme une invitation. Sa présence était désirée, requise.
Tel un revenant, il s'approcha dans l'encadrement de la fenêtre, projetant son ombre dans la pièce à la lumière tamisée. Sa main glissa quelques instants sur la vitre, hésitation passagère à laquelle sa curiosité mit rapidement fin. Heesung devait être aliéné, un véritable dément qui conviait son agresseur à pénétrer son domicile, et cette simple idée suffisait à ravir l'ego du joueur d'e-sport.  
"C'est dangereux d'ouvrir aux inconnus, souffla-t-il en s'infiltrant, faisant bien attention à baisser la tête pour éviter le plafond relativement bas."
Ses yeux se plongèrent dans ceux du jeune homme, amusé de le voir ainsi installé en tailleur et le trentenaire retira alors sa capuche, laissant la pluie de son manteau dégouliner sur le sol de l'appartement. Sans attendre, il fouilla dans une de ses poches afin d'en sortir une épaisse enveloppe humide, pour la jeter sans vergogne aux pieds du locataire, espérant ainsi rembourser sa dette.
"Pour ta peine, précisa-t-il en restant toujours aussi distant et glacial."
Enfin, Jungwoo décida lui aussi de s'installer sur le sol, instaurant un sentiment de presque égalité à cette occasion. Quelques mètres à peine les séparaient, chemin qu'il n'osait franchir, incapable de savoir si la proximité lui donnerait à nouveau envie de lui bousiller le visage ou de lui dérober un baiser.
"J'arrive pas à savoir si t'es pas net dans ta tête ou si t'aimes juste te faire frapper, alors éclaire ma lanterne, annonça-t-il dans un anglais qui jonglait encore mal avec les mots et les expressions."

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Installé sur le sol, le géant observait la pièce éclairée à la flamme d’une bougie, s’amusant presque des ombres dansantes portées sur les murs. S’il n’y avait pas eu l’orage pour apporter ses sombres coups, l’ambiance aurait presque semblé romantique, comme si l’inconnu violenté s’était projeté dans un rendez-vous sentimental en laissant cette fenêtre ouverte.
Amusé par ce regard qui brillait de satisfaction, il l’observait classer les billets verts, véritable fourmi travailleuse qui triait ses avoirs. L’expérience semblait parler, dans sa manière de séparer la récolte et par ce doigt humidifié qui isolait l’argent avec dextérité. Combien en avait-il organisé ainsi auparavant ? Le simple fait de le visualiser acceptant vulgairement les dollars glissés dans son caleçon ou entre ses dents, suffisait amplement à le révulser. Ambivalence de ses pensées, partagées entre ce que dictait son esprit et ce que réclamait son corps.
“Prime de risque, déclara-t-il, diverti, à propos de l’excédent.”
S’il avait décidé d’apporter sa participation aux frais hospitaliers, et ce, malgré ses faibles versements mensuels qui dénotaient avec son salaire, l’homme ne pouvait que se féliciter d’avoir autant brillé lors de sa dernière soirée poker. Dépouilleur de nouveaux joueurs, la balance s’était équilibrée, contrastant avec ses pertes des derniers jours où il s’était évertué plus que de raison face aux machines à sous.
À l’entendre compter en coréen, Jungwoo ferma les yeux quelques secondes, appréciant la douce mélodie de leur langue à son oreille, lorsque celles-ci n’étaient écorchées que par l’anglais depuis des mois. Le pays du matin frais en commun, il songea à se méfier de ses propres paroles, lui qui s’autorisait régulièrement à glisser les pires horreurs en public, au prétexte que personne ne le comprenait.

“Les deux.”
Un aliéné, un fou, un malade, c’était tout ce qu’il lui inspirait par cette réponse culottée et incompréhensible, mais c’était aussi tout ce qui l’intriguait et le forçait à rester le cul vissé sur le sol de cet appartement miteux.
Le danseur n’avait pas pris peur, n’avait pas retenu la leçon, toujours adepte de ce comportement tentateur, provocateur. Gonflé, il osait même poser les questions, mettre des mots sur ce qui terrorisait Phantom, langue déliée qui abordait le déshonneur de son aîné. Et incapable d’assumer cette soirée et les jours qui avaient suivi, ce dernier flanchait, refusant d’admettre qu’il était désormais addict au trouble qu’Heesung avait semé. Il y avait repensé maintes et maintes fois, jouant la bobine de cette nuit dans sa tête, indécis quant au sort qu’il lui réservait. Parfois du bien, souvent du mal, l’imagination s’épanchant d’un visage écrasé par son pied aux gémissements contre sa bouche.
Le regard menaçant, sachant qu’un mauvais pas restait déterminant dans la relation qui s'établissait doucement entre eux, le trentenaire laissa le minet prendre place, satisfait de cette proximité et de la possibilité d’humer à nouveau l’odeur qui l’avait électrifié jadis. Était-ce une huile ? Une crème ? Un fluide qu’il lui fallait désormais acquérir, un nouvel attribut à utiliser pour ses plaisirs solitaires. Mais s’il semblait enivré, l’homme n’oubliait pas cet air malin, cette position séductrice et ce lancé de billets dans les airs, petit jeu qui méritait correction.
“C’est seulement la vilaine June que j’ai punie dans la ruelle, se justifia-t-il en lui attrapant soudainement la mâchoire pour l’observer sous tous les angles.”
La déception du mirage de cette prostituée n’avait persisté que l’espace d’une poignée d’heures et maintenant qu’il posait à nouveau ses yeux sur le visage de cette nouvelle obsession, le coréen ne pouvait qu’y retrouver ce qui lui avait tant plu : ce nez caractéristique, ce regard félin et surtout cette bouche qui appelait au vice. Et malgré la stupeur et le dégoût, Jungwoo n’avait cessé de vouloir l’utiliser.

À la sensation de cette délicieuse pression sur son entrejambe, le coréen gifla les joues du strip-teaser, douce vengeance qui lui permettait d’asseoir sa domination.
“Tu parles comme si je t’avais manqué. J’ai pas cogné assez fort peut-être ? T’en veux encore ? Lança-t-il en rapprochant son visage du sien pour lui mordiller la mâchoire sans mesurer la pression de ses dents sur l’épiderme.”
Face au torse qui se dévoilait, paré de scandaleux piercings, la déception frôla l’esprit du géant, presque désappointé de ne pas trouver de poitrine bien-aimée, mais celle-ci s’évanouit à la demande du jeune homme. Il avait bel et bien désiré que les choses puissent tourner ainsi en se pointant ce soir, mais jamais il n’avait espéré que le danseur soit si incontrôlable. Peut-être était-il enfin tombé sur quelqu’un d’aussi bousillé que lui ? Une personne qui le laisserait jouer avec les limites du respect et de la bienséance ? Un être qui l’accepterait tout entier, contrairement à celle qui lui avait laissé miroiter ce sentiment.
“Alors c’est pour ça que t’as laissé ouvert, souffla-t-il en lui attrapant subitement les fesses pour le rapprocher dangereusement. C’est ça que tu veux de moi ? Montre-moi, ordonna-t-il, aussi horripilé qu’excité de sentir le gamin se tortiller sur son bassin. Prouve-moi que j’ai bien fait de pas trop t’abîmer, que t’as aimé que je te suive, que j’ai bien fait de revenir.”
Phantom accompagna ses paroles d’une pression sur la tignasse du jeune homme, instaurant une faible distance entre leurs lèvres. Il ne comptait pas céder, se refusait à l’embrasser, ses méninges lui rappelant sans cesse qu’il n’était pas de bord-là. Et pourtant, de son autre main, le géant s’attelait déjà à l’ouverture des boutons de son propre pantalon pour y glisser la paume de son hôte.
“Donne-moi envie de te baiser.”

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À la sensation des mains du gamin qui s’implantaient dans ses épaules, l’homme soupira de satisfaction. Leur soudaine proximité semblait si évidente qu’il s’efforçait de ne pas tout gâcher en laissant la porte ouverte à ses démons. Ils allaient dans le bon sens, il le sentait et il ne devait pas reprendre ses mauvaises habitudes en autorisant sa violence à regagner le contrôle. Peu importait qu’il en crève d’envie, il tentait d’enterrer ses fantasmes afin de lui offrir un peu de répit, même s’il ne souhaitait qu’une seule chose : le saisir à la gorge et le maintenir ainsi jusqu’à lire à nouveau la peur dans son regard.
Cet instant dans cette sombre ruelle avait éveillé quelque chose, semblait-il. Un besoin enseveli d’être observé, regardé, à mi-chemin entre l’effroi et le fanatisme. Et lorsqu’il fermait les paupières, le joueur voyait à nouveau les yeux humides de sa victime, implorant presque qu’il cesse de s’acharner alors qu’il s’était défoulé sans même craindre qu’une tierce personne puisse intervenir.
“Exact, concéda-t-il au souvenir de cette amazone qui l’avait séduit en un regard. Je voulais la tourmenter, la dévorer…”
Ses paroles s’accompagnèrent de profondes respirations tant les souvenirs de cette rencontre au club restaient frais, ces regards et ce jeu d’écriture émoustillant n’ayant fait qu’augmenter son désir.
“J’ai détesté la repousser, souffla-t-il avant de poursuivre. Mais je déteste encore plus les petites menteuses... Alors, elle n’a eu que ce qu’elle méritait, non ? Interrogea-t-il, le sourcil relevé, vérifiant que le métamorphe confirmait ses dires."
En passant son pouce sur la lèvre fendue du danseur, Jungwoo afficha un air presque satisfait. Le jeune homme portait désormais une trace de son passage, visible de tous; une marque de son territoire, de son appartenance. D’un geste vif, il décida de lui pincer la blessure afin d’en perturber la cicatrisation, espérant que cette gueule cassée persiste encore quelques jours. Heesung ne pouvait s’en prendre qu’à lui-même. Il avait voulu jouer, il avait perdu. Il devait maintenant accepter docilement les conséquences de ses actes, guérissant aussi lentement qu’en aurait décidé le gamer.

Libérant finalement sa mâchoire, le géant laissa ses morsures glisser dans son cou et ses mains découvrir son torse, réagissant à chaque gémissement du minet par une pression plus nette sur sa peau. S’il s’était imaginé bien des différences en ayant face à lui un homme, le leader ne pouvait qu’admettre la vérité : il retrouvait exactement la même douceur, le velours qu'il appréciait tant chez les femmes.
“J’ai cru te voir frissonner pourtant, rétorqua-t-il, amusé face au culot de celui qui osait tirer sur sa chevelure. Tu m’as même fui…”
Les yeux brillants, Phantom plongeait tête la première dans ce petit jeu de dominant dominé, curieux de repousser les limites récréatives de son nouveau compagnon d’amusement. Assoiffé de ce type de relation néfaste, le géant ne pouvait s’empêcher de gober le mirage que lui vendait certainement son docile serviteur, se noyant dans ce regard qui semblait prêt à tout pour le satisfaire.
“C’est donc ça que tu aimes ? Questionna-t-il en accueillant les caresses expertes sur son membre, de cette main presque trop fragile pour sa besogne. Tu veux que je te fasse la leçon ? Que je t'enseigne les bonnes manières ?”
En réaction à la stimulation, Jungwoo entrouvrit la bouche à quelques centimètres seulement de celles du garçon, leurs lèvres se frôlant sans jamais s’appartenir. Et si la tentation de finalement les saisir grandissait, la demande d’Heesung le sauva.

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tw: vulgarités, violence, sexualité [italique pour les dialogues en coréen]

"Phantom, confirma-t-il dans un râle excité, s'imaginant difficilement répondre à l'appellation de maître, loin de se reconnaître dans les relations de domination et de soumission - alors qu'il se comportait comme tel avec la bouche du garçon."
Satisfait et soulagé, le géant cessa sa pression sur le crâne du minet, le libérant de son emprise pour observer son visage, souillé, avant qu'il ne prenne la fuite jusqu'à l'évier. Les lèvres entrouvertes, à la recherche de son souffle, l'homme observa le danseur cracher sa semence, presque mécontent qu'il souhaite s'en débarrasser si facilement, si promptement. Il l'autorisa néanmoins à s'approcher à nouveau, le laissant docilement remonter son pantalon, signe que la situation était claire des deux côtés : une fois Jungwoo satisfait, la danse s'arrêtait.
"J’ai pas payé suffisamment pour que t’avales ou t’es juste une pute qui joue les prudes ? S’enquit-il en prenant le menton d’Heesung entre ses doigts, observant la blessure sanguinolente avec un certain dédain.”
Se fichant d’être désagréable, voir cruel, l’homme profitait de son presque anonymat pour laisser libre cours au flot de ses vulgaires paroles et de ses comportements répréhensibles. Dino semblait capable d’encaisser, habitué à la perversité des hommes, presque lassé de leurs comportements typiques, mais dans son regard provocateur, Jungwoo avait la sensation de percevoir davantage. Un petit quelque chose, un brin brisé, un pantin amoché, un jouet bousillé, à la recherche de son sauveur, de son protecteur - de quoi le faire à peine culpabiliser.
"T'es pas sérieux, fit-il en laissant son regard fuir ces prunelles alarmées, découvrant la tâche révélatrice sur le vêtement. C'était une première, ça aussi ?"
Brusquement, le coréen attrapa l'entrejambe de son hôte, tâtant l'humidité de son petit paquet, un franc sourire sur les lèvres, l'air triomphant. Il en avait pourtant vu passer des amantes : des bruyantes, des expérimentées, à s'en lasser. Mais aucune n'était parvenu à atteindre l'orgasme en s'étouffant sur sa verge comme venait de le faire cet horripilant danseur.
"T'aimes tellement la queue que tu te fais dessus ? Lança-t-il en se moquant ouvertement de la facilité avec laquelle la prostituée s'était laissée aller, véritable absurdité contenu de son expérience."

Loin de souhaiter s'attarder au sein de cet appartement exigu, le géant enfila à nouveau son manteau, encore trempé par l'averse, ayant la sensation que sa faim était suffisamment rassasiée pour ce soir. Il avait obtenu ce qu'il désirait, usé du mignon à sa façon et il sentait que prolonger sa présence risquait d'ouvrir la porte à d'autres dangers. Entre eux, l'amitié n'avait pas lieu d'être, et il ne se considérait pas non plus comme un énième client, conscient des privilèges qui lui étaient déjà accordés. Alors, ne restait plus que cette pente glissante, celle de l'attachement, celle d'un potentiel prétendant qu'il refusait d'incarner, préférant user de brutalité que de s'avouer la naissance de cette attraction qui le perturbait tant.
“C’était bien d'te faire sucer par un homme ?”
Jouant de sa mâchoire pour se retenir de le violenter, Jungwoo poussa un long soupir face à la provocation, agacé d’être le seul à travailler à l’amélioration de leur entente. C’était à croire que le plus jeune ne cherchait que ses poings, que sa fureur et ses regards noirs tant il appuyait sur l’évidence et l’interdit pour réveiller sa colère. Les procès et les nuits en cellule avaient, semble-t-il, rendu Phantom un peu plus frileux, et craignant que les choses ne s'enveniment, il s'empêcha de cogner le gamin, se contentant d'attraper sa gorge pour le faire taire.
"Tu ne m'aides pas à rester gentil là, gronda-t-il en serrant ses mains sur sa peau, le visage fermé. Un homme, toi... T'es à peine plus qu'un vide-couilles."
Sa prise se faisait déjà si intense que Jungwoo remarqua rapidement la trace de ses doigts provoquer des marques certainement douloureuses, tandis que le teint du minet changeait de couleur. Et pourtant, Heesung ne se débattait pas, acceptant avec docilité ce qu'il lui arrivait, d'une manière presque soulagée.
"Espèce de malade, pesta le joueur professionnel, décontenancé par une telle réaction, en s'écartant finalement. J'pourrais te crever que tu dirais toujours rien."

Persuadé qu'il ne s'agissait que d'un écart exceptionnel destiné à soulager ses pulsions et sa curiosité, le leader se dirigea vers la sortie, déterminé à ne plus céder, lorsque son regard fut attiré par le téléphone portable de son hôte, oublié près de la bougie qui les éclairait. Sur un coup de tête, il s'en empara pour le déverrouiller face au visage livide de Dino, y enregistrant son numéro, entre risque et intérêt. Phantom avait beau se convaincre, il venait lui-même de plonger la tête la première, conscient qu'il y aurait forcément une prochaine fois.
"Si tu me contactes, tâche de ne plus me faire passer par la fenêtre, ordonna-t-il avant d'enfin, fuir ce lieu synonyme de transgression."