(ziggy), take me home.
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(ziggy), take me home.

MOON up all night
Bashir Rojas
Bashir Rojas
messages : 661
pseudo : sweet poison (anaïs).
id card : taz skylar (eyesome@avatar, obriy@gif profil)
multicomptes : ashton, ozan, jake, avràn, felix, basil.
triggers : cruauté animale, inceste, viol + je ne joue pas de scène de sexe explicite.
warnings : décès, alcool, drogue, noyade.
(ziggy), take me home. 4197a65d7c4fd533882c72cfcf73ac5dbef7cb33
âge : 28 ans, la trentaine en vue.
occupation : illustrateur, spécialisé dans les livres pour enfants, même s'il prend tout ce qu'on lui propose en ce moment, besoin de payer les factures. il est également auteur de bandes dessinées, depuis qu'il a publié sa première bd, il y a quelques mois.
statut civil : célibataire, peu enclin à croire en l'amour.
orientation : pansexuel sexualité assumée depuis longtemps.
habitation : uc, uc.
pronom ig : il.
disponibilités : disponible.
noa
yeliz
julian
blaise

infos rp : 600 mots en moyenne ; dialogue en fr.
   
 
「 take me home. 」
∙ feat. @Ziggy Rojas ; avril 2023 ∙
tw: adultère

Il ne savait plus trop où il en était, ces derniers temps Diego. Il y avait toujours l’ombre d’Aron dans un coin de sa tête. Il voudrait pouvoir l’oublier, mais il n’y arrivait pas. Il aimerait pouvoir sauver son mariage, mais il avait l’impression que ce dernier était à la dérive depuis bien trop longtemps. Qu’est-ce qu’il leur était arrivé à Jodie et lui ? Dans le fond, les problèmes dataient d’avant sa rencontre avec Aron. Ça n’ôtait en rien ses torts, ce serait trop simple de se dédouaner ainsi. Il avait parfaitement conscience de ses erreurs, Diego. Mais il savait bien qu’il ne se serait pas tourné vers Aron si tout avait été parfait dans son mariage. Il y avait un moment où les choses s’étaient enlisées entre eux et finalement, l’amour idyllique du début semblait s’être envolé. Est-ce que c’était pareil pour tous les couples ? Il n’en savait rien. A bien y réfléchir, il n’avait pas beaucoup d’expérience dans les couples. Il n’avait jamais connu personne d’autre que Jodie. C’était peut-être ça leur problème. Ils avaient passé trente ans ensemble. Lui n’avait connu qu’elle. Elle, elle avait connu quelques histoires avant lui, mais pas non plus beaucoup. C’était compliqué comme situation.

Est-ce qu’ils devaient envisager une thérapie de couple ou quelque chose dans ce genre-là ? Même ça, il ne savait pas Diego. Trop de questions dans la tête et pas la moindre réponse. Faire le vide là-dedans était impossible. Peut-être qu’ils devraient au moins envisager de se parler, mais même ça, il y avait des jours où ça semblait compliqué. Il ne savait plus trop de quoi s’était parti, mais ils avaient fini par hausser un peu le temps. Les disputes étaient plutôt rares. Les problèmes avaient tendance à rester silencieux. Mais aujourd'hui, pour une broutille, ça avait fini par éclater. Elle avait fini par partir, parce qu’elle devait aller travailler. Il en leva les yeux au ciel, trouvant injuste de clore la discussion comme ça. Mais elle était partie. Dans un soupir, il avait commencé à débarrasser la table qu’ils venaient de laisser à l’abandon. Il ne tarda pas à voir Ziggy dans l’embrasure de la porte. Il ne l’avait pas vu, ni même entendu entrer. Ils étaient ici chez eux, alors ils avaient les clés et pouvaient aller et venir comme bon leur semblait, pas besoin de frapper. Peut-être qu’il avait essayé mais qu’ils ne l’avaient pas entendu, trop occupés à se crier dessus pour pas grand-chose. « Hey. » Il lança à l’adresse du jeune homme en continuant de ramasser assiettes et couverts abandonnés sur la table. « Ça fait longtemps que t’es là ? » Il demanda ensuite. Aurait pu abandonner ce qu’il était en train de faire pour aller étreindre son fils, s’il n’avait pas su que Ziggy n’était pas branché embrassades. Il préférait autant le laisser faire le premier pas. « Désolé, en tout cas. » Il n’était sans doute pas venu pour entendre ses parents s’engueuler. Lui, son frère et sa sœur étaient bien assez grands pour comprendre que leurs parents pouvaient parfois se disputer. Ça ne voulait pas dire pour autant qu’il souhaitait qu’ils assistent à tout ça.

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Tu étais arrivé plus silencieusement que tu ne l'aurais pensé. Tu ne l'as tout d'abord pas réalisé — ne comprenant ta situation qu'alors que les voix de tes parents continuaient à tonner dans la maison. Engueulade que tu surprenais sans vraiment le vouloir. Tu t'étais demandé si ta place était là. Tu aurais pu partir — sortir de la maison, attendre que la tempête soit passée. Tu aurais aussi pu pointer le bout de ton nez dans la cuisine. Leur faire réaliser ta présence, et les forcer à se calmer.
Non. Toute dispute avait son fond de nécessité, et tu n'avais aucune intention de couper court à la leur. Pas con pour deux sous : t'as bien vu que ça n'allait pas très bien, ces derniers temps. Ou en tout cas, étrangement. Les mots qui volent te piquent le coeur, mais tes parents sont grands. Parfaitement capables de gérer leurs affaires, sans que leur gamin ne vienne s'en mêler. Tu ne ressors pas, mais ne t'avances pas non plus. Te contentes de poser tes affaires dans l'entrée, attrapant ton téléphone pour t'asseoir dans les escaliers. Tu ne monterais pas dans ton ancienne chambre. Tu ne te promènerais pas dans la maison le nez en l'air, comme si de rien n'était. Ce moment n'était pas tien — et tu attendrais.

Une chanson en tête est suffisante à couvrir les voix de tes parents au fond de tes pensées. Tu ne restes pas là très longtemps avant qu'ils se calment enfin — et tu entends ta mère déclarer qu'elle doit partir travailler. Qu'ils continueront ça plus tard. Tu ne sauras jamais si c'est vrai.
La silhouette remontée de ta mère apparaît dans l'entrée, et elle te voit. Tu crois déceler une lueur de tristesse sur ses traits, mais tu lui souris. Te redresses pour lui laisser un baiser sur la joue au moment où elle ouvre la porte d'entrée. Lui dis de filer. Vous n'avez pas besoin de parler, vous le ferez plus tard, et tu la laisses s'en aller.

Tu n'es pas là pour les réparer. Te convaincs que tu n'as pas ta place dans leur conflit, pas même pour les aider. Ton coeur te tiraille cependant. Ils restent tes parents. Les questions filent dans ton esprit alors que tu te demandes s'ils vont se séparer. Tu t'efforces de les faire taire. Tu n'es pas venu pour penser tout ça. Tu ne voulais que les voir. Passer un peu de temps avec celui des deux qui serait là. Ton père, semble-t-il. Ça te va.
T'as besoin de te ressourcer auprès de lui, parfois.

Tu l'entends, dans la cuisine, manipuler assiettes et ustensiles. Tu t'y aventures, pointes le bout de ton nez. Il met une seconde à t'apercevoir, et tu sens ton coeur se gonfler du confort d'être à ses côtés. « Hey. » « Hey. » Il n'interrompt pas sa tâche, et tu en es presque rassuré. T'approches pour l'aider, attrapant un plat qui traînait. « Ça fait longtemps que t’es là ? » Tu sais d'où la question vient, et tu n'as pas non plus envie d'éviter le sujet. Tu sondes un instant Diego, avant de hausser les épaules. « Cinq minutes ? Pas plus. » Tu ne le sais pas précisément. N'a pas compté. Mais tu n'es pas arrivé au début de la dispute — ça, tu le sais. « Désolé, en tout cas. » Tu voudrais lui demander pourquoi, mais tu comprends. Il aurait probablement préféré que tu évites d'assister à ça. Tu ne lui en veux pourtant pas. « Y a pas de mal. » Ta voix est basse. Assurée, pourtant. Diego n'as pas à s'excuser pour ça. Tu le sens troublé, pourtant, et tu te demandes si ça vient uniquement de ça. Tes yeux s'attardent un peu sur lui alors que tu l'aides à finir de débarrasser. Un creux dans l'estomac, soudainement, alors que les restes d'odeur de leur repas t'ouvrent l'appétit. Tu choisis de mettre la faim de côté, pour le moment. Plus soucieux pour ton père qu'autre chose.

« ... Ça va ? » Tu ne le lui demandes pas à la légère. Ta voix est tranquille, mais mesurée. Tu veux savoir comme il se sent, au sortir de tout ça. Alors que la dispute a été coupée court, et que les retombées ne tardaient jamais à tout balayer. Tu en aurais presque envie de le serrer dans tes bras. Mais tu as besoin de désamorcer la situation avant ça. De comprendre ce qu'il y avait derrière le regard de Diego. Si tu pouvais rester, ou s'il aurait mieux valu que tu reviennes plus tard. Peu désireux de t'imposer, ou de le forcer à vêtir un masque de bonne humeur qu'il n'avait pas à porter.
T'es pas très utile, tu le sais. Mais tu voulais au moins lui faire comprendre qu'il n'avait pas à se cacher. T'es grand, maintenant. Et quoi qu'il ressente, tu peux l'encaisser.
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La vie de couple pouvait parfois s’avérer plus compliquée qu’on ne le voudrait. C’était le cas pour Diego ces derniers temps. Il ne trouvait plus ce dont un avait besoin, au sein de son mariage. Il était allé le chercher ailleurs, de façon totalement injuste et égoïste. Mais les regrets étaient trop vite dissipés quand il se retrouvait dans une situation comme celle-ci. Et l’envie de tout plaquer pour retrouver Aron n’en était que plus grande. Il avait passé l’âge pour ce genre de grande remise en question, Diego. Avait tendance à se dire qu’il valait bien rester en terrain connu, plutôt que de se jeter dans le vide. Mais est-ce qu’ils étaient vraiment heureux comme ça, Jillian et lui ? La réponse était assez évidente dans le fond. Ils n’étaient plus aussi heureux qu’ils le voudraient. Ils s’accrochaient tant bien que mal à une histoire qui était, depuis longtemps, partie à la dérive. Ils ne se disputaient pas en continu, tous les deux, mais ils se disputaient bien plus qu’avant. Parfois pour des raisons un peu idiotes. C’était peut-être une preuve des problèmes qu’ils n’arrivaient pas à admettre. Au lieu d’essayer de réparer les choses, ils continuaient à s’enfoncer. Ce soir, elle était partie, sans qu’ils ne puissent vraiment discuter et il n’arrivait même pas à le lui reprocher.

Il était surtout déçu que Ziggy ait été dans les parages pour entendre leur échange. Il aurait préféré qu’ils ne soient que tous les deux ce soir. Il n’avait même pas entendu la porte s’ouvrir, trop frustré pour se rendre compte de quoi que ce soit. Ce n’était que maintenant qu’il se rendait compte de la présence de son fils. Il n’était pas là depuis très longtemps, c’était déjà ça. N’avait pas eu à supporter toute la dispute, juste les dernières minutes. Il s’en excusa bien vite, Diego. Se sentait vraiment mal à l’idée qu’il ait assisté à ça. Il était grand, mais ça ne voulait pas dire qu’ils ne devaient pas l'épargner. Ça valait aussi pour son frère et ses sœurs, ils n’avaient pas à subir ça. Il adressa un léger sourire à son fils, alors qu’ils finissaient de débarrasser la table. « Oui, ça va, ne t'inquiète pas. On n'échappe pas aux disputes, même après trente ans de vie de couple. » Il haussa les épaules. Il était probablement en train de minimiser les choses, mais qu’est-ce qu’il pouvait faire d’autre ? Ce n’était probablement pas le moment idéal pour dire qu’il ne savait plus où il en était, qu’il avait trompé sa femme et qu’il aimerait retrouver son amant, parce qu’il n’était plus certain de l’avenir de son mariage. Il avait rompu avec Aron, justement pour sauver son mariage. Alors non, il n’était pas prêt à admettre tout ça. « Toi ça va ? » Que ce soit vis-à-vis de ce qu’il avait entendu ou de façon générale. Sa carrière semblait pas mal décoller. Il en était particulièrement fier, le brun, du genre à hurler que c’était son le groupe de son fils, dès qu’il entendait l’une de leurs chansons à la radio. « T’as mangé ? C’était ceviche, ce soir, il en reste, si tu veux. » Il haussa les épaules. Ziggy était plus poisson que viande, alors ça lui conviendrait sûrement. Dans le pire des cas, il y avait de forte chance pour que les restes du dîner soient mis dans un tupperware qu’il serait bien obligé de ramener chez lui.


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Tu sais déjà que ton père va essayer de minimiser les choses. Peut-être même de balayer la dispute sous le tapis — réflexe pour protéger ses enfants, que tu comprenais bien. Dont tu ne voulais pas, pourtant. Ton coeur était séparé par les disputes de tes parents, mais tu ne voulais pas te laisser submerger par la situation. Diego et Jillian étaient des adultes. Étaient un couple, avant tout. Les couples se disputaient. Ça faisait partie de la vie, et tu l'acceptais.
Tu aurais voulu, naïvement, que ton père puisse se confier à toi. Être assez mature pour ça. Peut-être était-ce une lubie d'enfant de tout temps attiré par la responsabilité. Peut-être était-ce l'amour que tu avais pour ton père, qui s'inquiétait de le savoir dans un état qu'il n'avouerait pas. Tout comme tu t'inquièterais pour ta mère aussi.

« Oui, ça va, ne t'inquiète pas. On n'échappe pas aux disputes, même après trente ans de vie de couple. » Il sait que tu les as entendus. Que ça ne sert à rien de mentir. Mais tu le sens quand même se retrancher, et ton ventre se serre un peu. T'as toujours l'impression d'être de retour en enfance, quand tes parents évitent de te parler de leurs problèmes. Ne comprenant pas pourquoi ils devraient les taire, alors que tu étais parfaitement en âge de les comprendre. Tu n'as pas la prétention de te dire que tu peux les aider, mais tu peux au moins les écouter. Si eux sont là pour toi, pourquoi la réciproque ne pourrait-elle pas être vraie ?
Tu ne sais pas quoi répondre. Gardes le silence, te contentant d'acquiescer et de continuer de débarrasser le souper de tes parents. « Toi ça va ? » « Ça va. » réponds-tu tranquillement. Sans trop t'étendre sur le sujet. Peut-être qu'une légère part de toi, boudeuse, lui donnait le même traitement que ce qu'il t'avait réservé. Évasif.
Joue pas à ce jeu-là, Ziggy. Ça ne vous apportera rien, ni à l'un ni à l'autre.


« T’as mangé ? C’était ceviche, ce soir, il en reste, si tu veux. » Tu ne peux pas nier que leur repas te donne l'eau à la bouche. Ton coeur d'enfant capitule rapidement, alors que tu hoches la tête. « Je dis pas non. J'ai pas eu le temps d'avaler quoi que ce soit depuis ce midi. » Il ne servait à rien de refuser la bouffe de tes parents. Ils se faisaient toujours un devoir de te remplir un sac de plats à emporter, sachant pertinemment que tu ne cuisinais pas beaucoup. Juste par nécessité. Tu ranges la vaisselle sale dans le lave-vaisselle, avant de sortir une assiette et des couverts propres. « Merci. » ajoutes-tu avec un petit sourire. Tu poses ton couvert à table, te sers de l'eau au passage avant de bifurquer vers la machine à café. Un verre rempli de glace, un peu de lait, alors que tu te prépares à te lancer un café glacé. Tu aurais besoin de la caféine pour passer au travers de la soirée.

« Tu sais... Tu peux m'en parler, hein. » Tu ne sais pas pourquoi tu relances le sujet. La boule au ventre, encore un peu. Tu as besoin de la délier. De faire comprendre à ton père que tu étais là pour lui, aussi certainement qu'il avait été là pour toi. « Si ça ne va pas. Avec maman, ou avec quoi que ce soit. » Tu lui jettes un regard, un peu timide, mais sincère et assuré. « Je suis assez grand pour m'en rendre compte tout seul. T'es pas obligé de te cacher. » C'est tout ce que je dis. Tu as un haussement d'épaules léger, un sourire entendu. Puis, ton café coulé, tu bats en retraite. Le poses sur la table, t'assieds, l'estomac ouvert. Prêt à ne plus jamais en entendre parler, si c'était la voie que ton père choisissait.
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Il aurait préféré que son fils n’ait pas à assister à une dispute entre sa mère et lui, Diego. Elles avaient toujours été plutôt rares, les disputes. Jusqu’à récemment, sans doute. Les choses devenaient de plus en plus compliquées entre Jillian et lui. Il avait pourtant du mal à l’admettre, aimait se complaire dans son déni. Ça lui faisait mal de se dire que son mariage prenait ce genre de tournant. Ils s’étaient connus jeunes et s’étaient mariés jeunes, sans doute que ça jouait beaucoup dans la relation actuelle. Il n’en savait rien, Diego. Idéaliste, il aurait aimé que les choses soient belles et parfaites jusqu’au bout. Mais ce n’était pas le cas. Tellement qu’il avait fini par aller voir ailleurs. Une culpabilité qu’il portait depuis quelque temps et dont il n’arrivait pas à se défaire. Ça le poussait à vouloir arranger les choses, mais il avait l’impression que c’était beaucoup trop compliqué et qu’une partie de lui n’en avait, de toute façon, pas vraiment envie. Son inconscient voulait juste baisser les bras et ça paralysait une grande partie de ses actions. Il s’agaçait facilement, pour des détails stupides et clairement, ce n’était pas ça qui allait aider à arranger les choses, bien au contraire.

Face à Ziggy ce soir, il cherchait à minimiser les choses, évidemment. Ne voulait pas admettre que c’était vraiment compliqué en ce moment entre Jillian et lui. Il avait beau être adulte maintenant, Ziggy, il avait quand même la volonté de le protéger. Tous les couples avaient des hauts et des bas non ? Alors face à son fils, il préférait dire que ce n’était rien, que personne n’échappait vraiment aux disputes. Faire passer ça pour quelque chose de naturel, plutôt que des tensions qui pourraient bien finir par avoir raison de leur mariage. A se demander si c’était Ziggy ou lui-même, qu’il essayait de rassurer. Il préféra demander à Ziggy comment il allait, plutôt que de s’étendre trop longtemps là-dessus. Ça allait. Bref et pas trop expansif comme réponse. Mais face à laquelle il sourit, Diego. Il allait bien, c’était une bonne chose. C’était tout ce qu’il voulait pour ses enfants le brun. Il lui proposa de rester manger. Eux ils avaient déjà terminé, mais il restait du cerviche, autant le terminer. Il mit le plat à réchauffer, alors que Ziggy terminait de débarrasser la table, pour la remettre pour lui. « Y a pas de quoi. » Il répondit en ramenant le plat sur la table pour servir Ziggy. « Le café à cette heure là, pas sûr que ce soit une bonne idée. » Mais il n’allait pas l’arrêter pour autant, il était grand, il faisait ce qu’il voulait, tant que ce n’était pas vraiment dangereux, évidemment. Ça risquait de le maintenir éveillé un peu trop longtemps. Il fit chauffer de l’eau, préférant opter pour une tisane de son côté, probablement mieux pour le sommeil. Préparant lentement sa concoction en écoutant les paroles de son fils. Ponctua tout ça par un léger soupir, avant de revenir vers la table, sa tasse à la main. « Je ne saurais même pas quoi dire, de toute façon. » Il haussa les épaules. Il était perdu, Diego, dans cette relation avec Jillian. Il ne savait plus où il en était. « Je suppose que c’est avec elle, qu’on devrait en parler, mais on parle pas beaucoup de ça. » Probablement l’un des nœuds du problème, ils ne prenaient pas le temps de vraiment parler de leur mariage. Parce que la routine était installée depuis trop longtemps, parce que parler d’eux, c’était une prise de risque qu’ils préféraient éviter. La plupart du temps, ils préféraient se plonger dans leur boulot respectif, plutôt que de se lancer dans ce genre de conversation. Quand ils parlaient, c’était des enfants, du boulot, de leur journée, de la pluie et du beau temps. Mais pas d’eux deux et pourtant, il fallait croire que c’était nécessaire.

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Ton café prêt, tu retournes t'installer à table. Diego ne tarde pas à récupérer le ceviche, te devançant pour venir te servir. T'as faim. Tu ne le réalises vraiment que maintenant, alors que ton estomac gronde furieusement. La faiblesse au bout des doigts, la tête légère. Manger te ferait le plus grand bien. Le café aussi. « Le café à cette heure là, pas sûr que ce soit une bonne idée. » Tu en as un sourire léger. Ton père serait toujours là à s'inquiéter pour toi, même lorsque tu n'en avais pas vraiment besoin. Les parents étaient faits pour ça. Ses mots allègent un peu le poids sur ton estomac. « J'ai encore du boulot. Faut que je reste réveillé. » Les heures de boulot de Diego étaient plus traditionnelles que les tiennes. T'avais souvent des pointes d'inspiration à des heures trop avancées de la soirée, et la nuit était plus régulièrement qu'autre chose passée le nez dans tes compositions, démos et enregistrements. Pour ça, t'avais besoin de café.

Être dans la même pièce que Diego te calmait, d'ordinaire. Ce soir, cependant, les restes de sa dispute avec ta mère te hantaient. Tu sentais la tranquillité de sa présence, légèrement teintée par ce nuage qui grondait. Tu ne peux t'empêcher de t'inquiéter. Entre deux bouchées de ceviche, lui avancer d'une voix douce que tu étais capable d'écouter. Qu'il pouvait te parler, s'il le désirait. T'étais rendu assez vieux pour voir ce qui se passait.
Et pour avoir le droit de t'inquiéter.

« Je ne saurais même pas quoi dire, de toute façon. » Ça te serre le coeur. Tu essaies de sentir son désir de te battre, mais tu n'es pas sûr de le voir. Peut-être que tu t'y attendais, au fond de toi. T'avais beau avoir idéalisé tes parents, et avoir chéri l'amour qu'ils avaient pour toi, tu sais aussi que l'amour ternit avec les années. Et qu'aucun couple n'était à l'abri. Pas même celui qui t'avait élevé. « Je suppose que c’est avec elle, qu’on devrait en parler, mais on parle pas beaucoup de ça. » Tu essaies de manger moins vite. Tu observes Diego, la tisane qu'il est en train de se préparer. Un nouveau genre de peine au creux de l'estomac. Et derrière tes bonnes intentions, tu te demandes si tu es assez vieux pour comprendre et parler de ça. Une relation aussi longue impliquait nécessairement des choses que tu ne comprenais pas. « De quoi vous parlez ? » Ça ne te regardait pas vraiment. Mais tu veux comprendre ce qui peut agiter tes parents. Après toutes ces années passées l'un avec l'autre, tu peinais à comprendre que la communication puisse ainsi se dégrader. Peut-être que ça faisait partie de vieillir ensemble. Peut-être qu'on se prend trop pour acquis. « Dis-lui comment tu te sens. Ce que tu veux. » Tu joues avec ton ceviche du bout de ta fourchette. En prends une bouchée. C'est bon. Comme d'habitude. Ç'a un goût rassurant, familier. Tu te sens enveloppé, rassuré. Même si l'histoire de tes parents s'effrite à vue d'oeil. « Si t'as quelque chose sur le coeur, dis-lui. Tu mérites pas de te torturer, et elle mérite pas que tu la gardes dans le secret. Et vice versa. » Tu en parles comme si tu les connaissais autrement que comme tes parents. Inquiet pour eux, mais plus soucieux encore de leur bonheur. Tant pis si ce n'est pas ta place. Ton père te connaît. Il sait que tu ne penses pas à mal, et que tu ne veux que les savoir heureux. Même si ce n'est pas ta place de les aider, tu ne pourras jamais t'empêcher d'essayer.
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Forcément, il ne pouvait pas s’empêcher de se dire qu’un café aussi tard, ce n’était pas forcément une bonne idée, Diego. Mais Ziggy était grand, il faisait bien ce qu’il voulait. Il était son père, mais il avait passé l’âge pour reçevoir des remontrances de la part de son paternel. Alors il se contenta d’un commentaire. « Je sais que ton boulot est très important, mais fais attention à toi, quand même. » Impossible de ne pas s’inquiéter. Il savait que son fils travaillait dur et donnait le meilleur de lui-même, mais il fallait savoir lever le pied par moment. Il ne voulait pas que Ziggy se fasse du mal. Il s’était lancé dans une carrière compliquée, qui demandait beaucoup d’efforts. Pas envie qu’il lui arrive quoi que ce soit, évidemment, c’était son fils et il avait la volonté de le protéger. Le monde de la musique était un monde de requins dans lequel on pouvait facilement se laisser dévorer. Il était évidemment hors de question, aux yeux du Rojas, de laisser qui que ce soit dévorer son fils.

Peut-être qu’il devrait se soucier de sa propre vie, avant de se mêler de celle des autres. Parce que ce n’était pas la joie en ce moment. C’était même plutôt compliqué en ce moment. Mais forcément, en tant que père, c’était normal de s’occuper d’abord de son fils avant de s’intéresser à lui-même. D’autant plus qu’il n’avait pas envie d’embêter Ziggy avec ses problèmes. Ce n’était pas à ses enfants de le conseiller sur ses problèmes de couple. De toute façon, c’était compliqué de savoir quoi dire, il était perdu, Diego. « Du travail, principalement, de la pluie, du beau temps. » Il haussa les épaules. Des conversations banales à souhait. Il parlaient de tout, de rien, mais pas d’eux deux, comme s’ils esquivaient le sujet pour ne pas risquer de pointer de qui n’allaient pas. « Ouais, on dit toujours que la communication c’est ce qu’il y a de plus important dans un couple. » Il voulait bien y croire, Diego. Ils avaient toujours beaucoup communiqué Jodie et lui. Ils avaient passé des années à avoir une belle harmonie de couple et puis, peu à peu, les choses avaient commencé à s’étioler. Il devrait sans doute lui parler. Tout lui dire, mettre carte sur table. Parler même de l’adultère, dans le fond, essayer de réparer un mariage en mentant, ce n’était peut-être pas la meilleure des stratégies. « Après trente ans passés ensemble, on oublie un peu comment aborder les grands sujets. » Il répliqua en esquissant un léger ricanement, histoire de détendre un peu l'atmosphère. Il n’avait pas envie de risquer que Ziggy se sente mal à cause de cette histoire. Il n’avait pas envie que leurs problèmes impactent leurs enfants. Ils étaient grands, peut-être qu’ils pouvaient comprendre sans soucis, cependant il avait quand même la volonté de les épargner du mieux qu’il le pouvait, Diego. Tout allait peut-être s’arranger après tout, non ? Il avait envie de croire que les disputes ne signifiaient pas forcément que leur mariage était fini.

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