Sounds like help (( Joona ))

tw: alcool, mention de décès et d'AVC

“Ne bouge pas d’où tu es hein ? J’arrive." Ce sont les derniers mots de Nari à Joona alors qu’elle raccrochait, déjà au volant de sa vieille petite voiture noire. L’appel avait rendu ses mouvements légèrement tremblant d’adrénaline. Le temps qu’elle arrive, il ne lui arriverait non ? Elle prit sur elle pour détendre sa prise sur le volant et se concentra davantage sur la route. Il n’était pas question d’avoir un accident, Joona avait besoin d’elle et non pas d’un autre malheur sur ses épaules.

Nari n’avait pas compris tous les mots bredouillés par son amie, avait seulement enregistré dans sa mémoire le nom du bar où elle se trouvait, mais elle avait reconnu dans sa voix la désorientation qui vient après le verre de trop. Elle l’avait entendue aussi, le chagrin. C’était le même qu’elle avait dû affronter deux ans plutôt, quand elle se plongeait sous les couvertures le soir en pleurant les larmes qu’elle ne pouvait verser la journée. Pour être honnête, ce chagrin, elle l’avait appréhendé sans vraiment le connaître. Sa mère n’était peut-être pas tout à fait remise de son AVC, mais elle était encore en vie, toujours là pour la bénir de sa présence et de ses câlins remplis d’amour maternel. Joona n’avait pas la même chance, son père n’était plus là et il fallait accepter cette réalité. Nari ne jugeait pas la façon dont elle gérait les choses, elle était même plutôt soulagée de voir que son amie avait pensé à l’appeler - c’est lorsque l’ on choisissait de rester seul que les tourments vous prenaient par la main; la jeune femme ne le savait que trop bien. Mais elle avait aussi conscience que la position dans laquelle était Joona ce soir était potentiellement dangereuse. Tristesse et alcool ne faisaient pas bon ménage ensemble surtout dans un bar bondé sans personne pour l’accompagner : la situation dans laquelle elle était au moment actuel.

Des scénarios alarmants s’accumulèrent dans ses pensées; la peur qu’un individu malveillant l’accoste ou la possibilité qu’elle s’aventure toute seule dans les rues mal éclairées pour rentrer chez elle firent monter sa pression cardiaque. Après un freinage brusque devant un feu rouge, elle profita de l’arrêt pour observer son reflet dans le rétroviseur. Elle se vit pâle, se pinça alors les joues pour se redonner des couleurs. Elle se surprit à rire en imaginant ce qu'allait dire Joona en la voyant - très certainement une plaisanterie sur ses cheveux gonflés par l’humidité ambiante. Elle n’avait pas eu le temps de les sécher correctement ayant reçu son appel tout juste après sa douche.

Bien qu’elle n’eut pas surveillé son compteur de vitesse, elle arriva une bonne vingtaine de minute plus tard (des minutes de trop selon elle), regrettant pour une fois son éloignement avec la ville d’Oceanside. Elle se gara le long d’un trottoir, non loin du bar, elle entendait au loin les acclamations des veilleurs. Elle s’engouffra dans le lieu d’un pas rapide, lutta contre la nausée lorsque l’odeur d’alcool qui émanait des haleines des bavards autour d’elle lui montèrent aux narines. Elle n’était plus habituée aux pubs, trouva l’ambiance plus oppressante que festive. Parmi toutes les silhouettes, elle repéra celle de Joona, assise dans un coin.

“Tu sais que tu ne tiens pas à l'alcool, qu’est-ce qui t’as pris se soir ?” qu’elle lui reprocha sévèrement. Elle voulut ravaler ses mots dès le moment où ils étaient sortis de sa bouche. Elle était inquiète, pas en colère. Son stress lui appartenait et ce n’était pas juste de sa part de lui en faire profiter.

“Allez, viens, on rentre, je te ramène chez moi.” Cette fois elle fut plus douce. Elle ôta sa veste pour la lui mettre sur les épaules puis écarta d'un geste les cheveux cachant son visage afin de mieux examiner son état. Ses yeux étaient bouffis par la fatigue ou peut-être les larmes, sûrement un peu des deux. Nari sentit sa gorge se nouer, une envie soudaine de pleurer. Il était rare de voir Joona, d’habitude si solaire, paraître si… déboussolée ? Nari n’était pas vraiment sûre de ce que ressentait exactement sa meilleure amie. Par contre, elle comprit que c’était à son tour d’offrir une oreille attentive.

“Ça va aller Joona, crois-moi. Ça va aller”, chuchota-t-elle, lui offrant une étreinte qu’elle espéra aussi chaleureuse que possible.

La nuit allait être longue. Ce n’était pas grave, elle était là Nari, pour la soutenir cette nuit et pour toutes les prochaines fois où elle aurait besoin d'elle.

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c'était une mauvaise idée de boire. de sombrer dans l'alcool pour noyer sa tristesse. pour oublier les problèmes. pour oublier la perte et le chagrin. oublier le manque. cette sensation d'absence. ce vide qu'elle ressent juste en fermant les yeux. en écoutant son coeur lui demander de l'aide. l'entendre souffrir dans chaque battements. le temps qui n'aide pas. le temps qui n'efface pas malgré les fausses promesses. le temps incapable de la guérir. joona qui garde toujours le sourire. joona qui ne montre jamais ses faiblesses. comme sur le ring. comme lors de ses compétitions. joona qui doit toujours rester forte. pour elle. pour les autres. joona qui doit toujours se relever. ne jamais abandonner. joona qui craque. l'alcool qui était son unique source de réconfort ce soir. son unique motivation. un verre, un second, un de trop pour elle qui ne tient pas l'alcool. qui n'a jamais pu. qui regrette désormais et qui a bien trop honte pour téléphoner à son frère. encore moins pour affronter le regard de sa petite amie. pour ne pas se disputer une nouvelle fois avec elle. pour ne pas abîmer cette relation si précieuse à ses yeux qu'elle en devient jalouse dès qu'elle l'imagine près de son faux fiancé. la seule capable de ne pas la juger. de ne pas la gronder. nari. sa meilleure amie. son tout. à qui elle demande encore une fois service. à qui elle peut se confier. à qui elle ne doit pas cacher ses sentiments. la colère qu'elle éprouve contre elle-même. nari qu'elle doit malgré tout décevoir. inquiéter.

joona qui ne quitte pas son siège. qui attend sagement l'arrivée de sa meilleure amie. de toute façon incapable d'avaler quoi que ce soit de plus. qu'est-ce penserait son père de la situation ? est-ce qu'il aurait honte ? cette idée lui donne envie de pleurer. de se détester. heureusement la voix de nari la ramène à la raison. l'oblige à ravaler ses larmes et à affronter son regard. dur. inquièt. joona ne mérite pas une amie comme elle. capable de faire des kilomètres pour venir la chercher. la sortir d'une situation qu'elle doit détester au plus profond d'elle. « nari mon amour ! » un amour platonique mais, véritable. un amour qui réchauffe son petit coeur. son âme soeur d'une autre vie. un amour qui lui donne le sourire. lui donne envie de tendre les mains vers son amie pour lui faire un câlin. « j'ai pas bu beaucoup ! » une affirmation vraie. deux verres ce n'est pas grand-chose. sauf pour joona. ce sont les verres de trop. « je voulais juste.. ne plus penser. » qu'elle avoue et bafouille devant sa meilleure amie. honteuse de son état. honteuse de lui infliger ça. honteuse de lui faire revivre cette situation. « je suis désolée.. » vraiment désolée d'être une si mauvaise amie en cet instant. de décevoir ses proches sans le moindre doute. de décevoir preeda avec cette jalousie maladive qui vient ternir le tableau de leur merveilleuse relation. désolée de ne pas tenir le coup.

quand son corps tombe contre celui de nari. joona à l'impression de pouvoir respirer à nouveau. ses bras qui s'enroulent par automatisme autour d'elle. par besoin de la sentir. par besoin de son réconfort. « tu le penses vraiment ? » comment peut-elle aller mieux ? sans son père ? sans la personne qui comptait le plus à ses yeux dans sa vie ? comment peut-elle survivre au chagrin ? comment peut-elle oublier la douleur de son absence ? « et si c'est impossible nari ? et si j'y arrives pas ? » à passer au dessus. à faire le deuil dans son esprit et dans son coeur ? elle qui essaye toujours de réconforter les autres. elle qui se montre toujours présente et ne demande jamais rien en retour. pour ne pas affoler. pour ne pas aggraver les choses. « j'ai comme une boule dans ma poitrine qui ne s'en va pas.. comme si j'étais incapable de respirer. il me manque tellement.. » son visage qu'elle cache dans ses cheveux pour ne pas lui montrer sa peine. pour ne pas voir son visage. par besoin de pleurer une bonne fois pour toute. d'évacuer toute cette pression qu'elle se donne depuis des mois. en silence. complètement seule.

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Nari jeta un coup d’œil sur la table, remarquant deux verres. Elle pouvait déjà se rassurer de ça, fidèle à ses mots, Joona n’avait effectivement pas bu des masses. Restait qu’elle ne tenait royalement pas à l’alcool : demain, elle n’aurait peut-être pas une grande gueule de bois, mais les émotions allaient sûrement rester. Ce n'était pas comme l’alcool qui finissait par se désintégrer dans le sang. Non, les pensées noires, elles, ne disparaissaient malheureusement pas toutes seules.

"Si on avait trouvé le moyen de faire taire nos pensées, ça se saurait", qu’elle argua gentiment. "J’ai essayé aussi à plusieurs reprises, que des échecs." Effectivement, elle avait déjà tenté de faire le vide dans sa tête Nari, de mettre de côté les ruminations. Sauf qu’elles étaient coriaces ces préoccupations, elles polluaient sa conscience en l’empêchant de dormir la nuit et de rester concentrée le jour. Pour s’en défaire, elle avait essayé l’alcool, comme Joona. Au final, elle n’avait obtenue que des maux de tête et des réveils sobres qui la replongeaient tête la première dans une lucidité bien trop brutale. Elle aurait dû prévoir Nari, que son amie pouvait faire comme elle. Elle aurait dû être attentive aux signes, parce qu’ils avaient dû être là. Joona portait le poids de ses inquiétudes sur ses épaules sans flancher, sans exposer de faiblesses - du moins c’était ce qu’elle apercevait d’elle. Mais ce n’était pas sain de tout embouteiller, et n’était-ce pas normal qu’elle craque Joona, surtout par rapport à ce qu’elle vivait en ce moment ? Alors, oui, elle aurait dû s’attendre à ce qu’elle craque, et elle s’en voulait Nari, se demandait si elle ne l’avait pas délaissé Joona, si elle n’avait pas failli à son rôle d’amie. "Désolée ? De quoi ? De vivre ta vie du mieux que tu le peux?" L’indignation colorant sa voix, elle poursuivit. "On présente des excuses quand on a commis des fautes, moi, je ne pense pas que tu en ais commis. Donc je ne veux plus en entendre des excuses ce soir." Elle était déterminée à ce que Joona prenne en compte son point de vue.

Nari avait beau être fille unique, elle n’était pas dépourvue d’une sœur pour autant. Plus qu’une amie, Joona, c’était bien une sœur de cœur. Celle qui s’était tenue à ses côtés quand elle se sentait plus seule que jamais, celle qu’elle avait rencontré quand elle pensait ne plus pouvoir être appréciée pour ce qu’elle était en tant que personne. Joona avait remis toutes les pendules à l’heure ; de tout son panache, elle avait montré à Nari ce qu’était une réelle amitié, balayant de sa spontanéité le souvenir de ses anciennes relations sociales pourries par les faux-semblants. Elle devait beaucoup à Joona, ne pourrait jamais assez la remercier pour la sérénité que sa présence seule lui fournissait. "Je le crois oui", Nari fit une pause dans sa réponse, formula ses prochains mots avec soin. "Ça pourra prendre du temps, mais au bout du compte, tu y arriveras. Ne vois pas ça comme une compétition avec toi-même. Faire son deuil, c’est une étape personnelle et tu choisis de l’appréhender comme tu le souhaites. J’aimerais juste te rappeler que tu n’es pas obligée de tout affronter toute seule."

Elle desserra son étreinte par réflexe en entendant sa remarque, ses sourcils se fronçant d’inquiétude. "Il est temps de prendre soin de toi avant les autres Joona, et ça commence par partir de cet endroit pour aller se caler sous un plaid tout doux et confortable !"

Une main protectrice accrochée à la sienne, elle dirigea Joona vers la sortie et l’aida à monter dans sa voiture. Ce n’était qu’après-avoir vérifié qu’elles étaient toutes deux bien attachées qu’elle démarra. "Au fait, rassure-moi, tu ne te sens pas trop malade ? Parce que si tu penses que tu vas vomir faut me le dire vite, que je me, hum, prépare", demanda Nari, ses lèvres tournées vers le bas dans une expression, presque comique, de dégoût. Elle n’irait pas jusqu’à se dire émétophobe, mais l’idée de voir quelqu’un vomir lui retournait l’estomac. Bercée par la douce musique d’ambiance de la radio, elle se sentait davantage calme sur le trajet du retour qu’à l’allée. Consciente de son indiscrétion, elle osa tout de même questionner son amie. "Tu lui en as parlé à Preeda, de comment tu te sentais réellement en ce moment ?"

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joona n'aime pas montrer ce genre de facette. ce genre de visage. montrer cette tristesse et cette colère qu'elle éprouve contre elle-même. contre la vie. contre cette injustice d'avoir perdu un être cher et de n'avoir rien pu faire pour le sauver. pour lui donner une chance de s'en sortir. elle essaye de garder les bon souvenirs dans un coin de son esprit. pour ne jamais les oublier. pour qu'ils puissent lui remonter le moral dans les moments difficiles mais, ça ne fonctionne pas. les souvenirs ne sont pas suffisant. ce n'est pas assez. boire non plus. efficace sur une courte durée. parce que les regrets ne sont jamais très loin. « je voudrais juste faire le vide dans ma tête.. me souvenir que des bon côtés mais.. j'y arrive pas nari. » comme une réalité qui ne cesse de détruire son coeur. une évidence qu'elle voudrait oublier. effacer de sa mémoire. mais, c'est impossible. joona ne veut pas oublier son père. oublier l'homme incroyable qu'il représentait dans sa vie. toujours présent. à la soutenir et l'encourager dans tous ses projets. toujours si fière d'elle. même le jour ou elle n'a pas hésitée à lui annoncer sa sexualité. elle est incapable d'oublier son sourire. cet amour qu'il partageait avec la femme de sa vie.. sa mère qu'elle regarde sombrer totalement impuissante. sans trouver les mots pour lui sortir la tête hors de l'eau. joona ne sait pas quoi faire pour aider sa famille. consciente qu'avant de pouvoir aider les autres dans son deuil. elle doit réussir elle aussi à y parvenir.

la présence de nari lui fait beaucoup de bien. même si la honte d'être dans cet état n'est jamais très loin dans son esprit. même si la honte de lui rappeler de mauvais souvenirs lui donne envie de s'arracher les cheveux. de se détester. nari ne veut pas entendre d'excuses. pourtant joona voudrait ne faire que ça de sa soirée. s'excuser d'être une si mauvaise amie. de la plonger une nouvelle fois dans des traumatismes qu'elle voulait juste oublier pour de bon. s'excuser de la faire se déplacer aussi tard pour venir la sauver d'une situation ridicule. elle qui aurait pu appeler n'importe qui pour ne pas lui infliger ça. joona qui ne voulait pourtant que sa meilleure amie. que sa seule présence comme réconfort. comme baume à ses blessures. nari qui possède une si grande place dans son coeur. dans sa vie. nari qu'elle remercie d'avoir depuis si longtemps. une amitié qu'elle n'échangerait pour rien au monde. « je sais mais.. ma famille souffre déjà assez et.. je n'ai pas envie de t'embêter avec tout ce que tu as du traverser. ni kihyun qui doit encore apprendre à vivre sans sa femme et sans son fils. je veux pas être un fardeau dans la vie des autres. je veux être celle qui aide et pas qui a besoin d'aide pour s'en sortir. » même si ce n'est pas une honte d'avoir besoin d'aide de temps en temps. « je me dois d'être présente pour mes frères et sœurs et je peux pas me montrer.. comme ça.. » avec un verre dans le nez. les larmes aux yeux. et l'impression de ne pas servir à grand-chose actuellement.

« tu restes avec moi sous le plaid tout doux ? » qu'elle demande par peur de finir seule ce soir. se levant avec difficulté de cet endroit qu'elle ne pensait pas quitter si rapidement. deux verres et les jambes qui tiennent à peine debout. deux verres et la tête qui tourne déjà. quand elle pense que certains ont besoin de plus pour finir dans cet état. ses bras qui s'accrochent à la taille de sa meilleure amie. comme une bouée de sauvetage qu'elle ne compte plus lâcher. pas avant de décuver en tout cas. une fois installée dans la voiture. se battant presque avec sa ceinture. elle remercie d'un simple sourire sa meilleure amie de lui venir en aide -encore une fois- bien consciente qu'elle ne pourrait rien faire sans nari. « non t'inquiète je suis pas malade en voiture ! » y compris sous l'effet de l'alcool. heureusement à part une grosse migraine. elle ne risque pas grand chose. la fenêtre légèrement ouverte. joona profite du vent dans ses cheveux. l'air frais qui lui refroidit sa peau déjà toute chaude. preeda.. « non. » qu'elle avoue légèrement honteuse de sa réponse. « elle sait que mon père me manque mais.. elle à d'autres choses à devoir régler. » ses fausses fiançailles. la pression de ses parents. « je ne veux pas en rajouter d'avantage. » ne veut pas être celle qui en rajoute une couche sur des difficultés déjà bien trop présente dans la vie de sa petite amie. « et puis j'arrête pas de lui faire des crises de jalousie stupide alors.. c'est déjà un exploit qu'elle me supporte encore malgré ça. » jalouse de la savoir promise à un autre. de la voir passer du temps avec lui même si c'est uniquement pour les apparences et de la comédie. « tu dois me trouver ridicule non ? j'ai une petite amie superbe et je gâche tout pour une histoire sans importance. je sais qu'elle m'aime et je l'aime aussi alors.. pourquoi ça me préoccupe autant cette histoire débile de fausse fiançailles ? » elle sait que nari n'aura aucune raison de lui mentir. de lui cacher ce qu'elle pense réellement. besoin d'entendre l'avis de sa meilleure amie sur la question. qu'on lui explique ses sentiments.  

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Nari ne savait pas vraiment quoi répondre. Se retrouva muette face à la désolation de Joona. Elle rejoua ses mots dans sa tête les rejouera très certainement les jours suivants. “Se souvenir des bons côtés” qu’elle lui avait dit et elle se rendit compte qu’elle aussi elle voudrait se souvenir des bons moment. Pire, elle s’aperçut qu’elle les avait carrément mis de côté. Depuis quand n’avait-elle pas pris le temps de se rappeler d’un fou rire interminable avec Joona ? Depuis combien de temps ne s'était elle pas posé pour se souvenir du sourire de sa mère ou de sa tante ? Parce que les bons côtés, c'étaient les autres. Sans eux, il n’y aurait qu’un vide.  Nari se demanda soudain si le bonheur pouvait exister si on avait personne avec qui le partager, se rendit compte qu’à un moment donné elle n’avait pas eu grand monde avec qui vivre sa joie, qu’elle n’était alors pas si heureuse que ça. Mais il y avait eu Joona et elle avait commencé à oublier à quel point ça avait été dure, que la solitude s’était agglutinée autour d’elle, avait crée ce cocon, que sans son amie elle n’aurait pas pu éclore. Alors Nari se trouva carrément hypocrite de conseiller sa meilleure amie, presque illégitime de la réconforter. Elle avait échappé aux mauvais souvenirs, mais échouait encore pour profiter des meilleurs. Qui était-elle pour l’épauler ? Elle ne s’était même pas aidé elle-même, avait profité du soutien de Joona. Puis Nari, elle comprit. Qu’elle tournait en rond, qu’elle n’était plus logique : elle détestait avouer qu’elle n’avait pas pu sortir la tête de l’eau par ses seuls moyens, mais elle n’était pas fichue de comprendre pourquoi Joona ne voulait pas être dans une position identique. En plus d’être hypocrite, elle avait joué sur deux tableaux. Elle relativisa Nari, essaya d’apaiser le malaise qu’elle ressentait quand elle pensait à sa dualité. Elle sut qu’elle devait admettre l’évidence. “Et si je te disais qu’on est tous le fardeau de quelqu’un un jour ? J’ai pas déjà été ton fardeau à toi ? C’est pas glorieux de l’avouer, mais faut être réaliste non ?”  Ça devait être naturel d’être à la fois la béquille et le blessé, Nari pensait qu’on était tous un chouille l’un et un chouille l’autre. “Sinon à quoi je sers ? ” Elle ne voulait pas voir son rôle d’amis être refusé. Être rejetée par un sourire, de la même façon que l’on éconduit un prétendant trop insistant. Elle se doute bien que ce n’est pas l’intention de Joona, qu’elle ne pensait pas à mal. Reste que ça la chagrine. “Ahah tu crois que j’allais te laisser le plaid à toi toute seule ? Faut apprendre le partage dans la vie”, qu’elle lui répond malicieusement. Celle qui avait du mal à partager, c’était elle. À l’instar de Joona, elle était fille unique, avait été une enfant pourrie gâtée par sa maman.“Comment ça non ?” Nari était agacée, avait l’envie soudaine de la secouer dans tous les sens, de la raisonner. Elle était prête à lui exposer par A plus B pourquoi sa façon de faire n’était pas la bonne. Sauf que c’était prétentieux de sa part, Nari ne savait pas mieux que les autres. Elle se retint de lui faire la morale, ne s’empêcha pour autant pas d’argumenter. “C’est qu’une hypothèse de ma part, mais franchement, tu penses qu’elle n'a pas remarqué que ça n'allait pas ?” La culpabilité lui  pinça  le cœur. Sans l’appel de joona, elle n'aurait peut-être pas encore remarqué, elle. “C’est pas stupide, moi, je n'aurais pas été capable de tenir. Franchement, c’est courageux.” Elle n'était déjà pas capable de passer au-dessus de petits défauts des mecs avec qui elle avait partagé un verre, alors souffrir des fausses fiançailles de la personne que l’on aimait ? Pour Nari ça aurait été de trop. Elle comprend qu’entre Joona et Preeda, il y avait quelque chose de fort, essaye de ne pas être trop envieuse - elle voudrait tellement rencontrer l’amour à nouveau... “Te trouver ridicule ? Jamais. Par contre, je suis admirative.” Admirative de la manière dont elle défiait l’infortune qui accompagnait sa relation, là ou d’autres ( Nari comprit) auraient abandonnés. “Je vais peut-être être dure, mais tu fais une connerie à rien lui dire. Je veux dire, si mon copain ne se confie pas à moi, je serais vexée, perdue aussi. Si celui que j’aime ne vient pas vers moi quand ça ne va pas, alors qu’est-ce que je représente pour lui ?" Une connaissance, voilà ce qu’elle représenterait. “ Laisse l’opportunité à Preeda d’être ta moitié, si tu l’aimes tu lui dois bien ça.” D’une petite voix boudeuse, elle rajoute, “ Tu sais quoi, ce que je dis ça vaut aussi pour moi. J’suis pas ton amie ?” Parce qu’elle avait égoïstement besoin qu’on le lui confirme. Parce qu'elle ne voulait pas être qu'une simple connaissance pour Joona non plus.