tw: —Les bras sont croisés sur sa poitrine, son regard fait un aller-retour entre le vide face à elle et les aiguilles de l’horloge, se surprend même à compter les secondes qui passent. Le temps est long lorsqu’elle n’a rien à faire car Majolica n’a plus rien à faire. Elle tourne en rond — tentant de trouver quelque chose à faire afin de passer le temps, mais Aika est au boulot, sa sœur probablement à la galerie, Marshall est occupé et depuis leur dernière conversation, Majo ne souhaite pas lui adresser la parole, le temps que la poussière retombe, le temps de faire le point. Même son colocataire est occupé et ça l’agace ; cette idée de rester coincée à la maison, à se tourner les pouces, à regarder les minutes passées. Le temps est long et il semble passer beaucoup moins vite lorsque ses prunelles sont posées sur l’horloge. À force de ne rien faire, de regarder les vidéos de tiktok, de instagram, la batterie de son téléphone commence à se vider tout doucement. Sans réellement bouger de son lit, Majolica le cherche de la main, ne le trouve pas là où elle laisse sa charge habituellement — incertaine de déterminer si cette fameuse charge traîne quelque part dans sa chambre ou dans son sac à l’entrée de son appartement ou ailleurs. Elle ne peut même pas confirmer avoir recharger son téléphone cette nuit puisqu’elle est revenue tard et s’est simplement déshabillée avant de s’installer sous la couette. Puis le souvenir lui revient, de l’avoir oublié derrière elle, à la caserne, la veille lorsque sur un moment plus tranquille, elle a tenté de charger son téléphone. Se dit qu’elle peut le ramasser à son prochain quart de travail, se dit aussi que ce serait bête de se rendre là-bas juste pour un petit fil comme celui-là. Mais sait à quel point son colocataire n’aime pas partager ses affaires, peut-être parce que toutes les autres fois, Majolica les a perdus. Le choix est évident.
Elle n’est même pas à l’horaire, aujourd’hui.
Une journée de congé rappelé hier au tournant d’un couloir, demandé il y a des mois en arrière. Elle n’a pas eu la force d’admettre son oubli, juste de simplement accepter le fait qu’elle ne soit pas ici aujourd’hui, ce lieu qu’elle a commencé à considérer comme une deuxième maison. Pourtant, cela n’a pas empêché Majolica d’y pointer le bout de son nez, vraie tête en l’air qu’elle — parce que la voilà, à la caserne, en habit civil. Pas son uniforme habituel. Dans un habit normal et elle se sent
si étrangère habillé de cette façon. Son premier instinct est de prendre la direction de son casier, se retient à la dernière minute, s’arrête au milieu du chemin. «
Bonjour. » Sa voix qui brise un certain silence tandis qu’elle s’approche doucement de la silhouette à la chevelure brune qui ne se trouve pas très loin d’elle. «
Est-ce que je peux vous aider ? » Autant se rendre utile, d’aider cette personne, si celle-ci est perdue.
Puis la personne se tourne, ses pas s’arrêtent dans sa trajectoire et ses sourcils se froncent. Ça fait combien de temps ? Elle ne saurait dire, Majolica. Trop longtemps. Un bon moment. Leur rupture date, elle en a conscience. Le contact s’est rompu entre elles, malgré tout. «
Leonora ? » Majolica sait que c’est elle, elle le sait très bien, arrive à la reconnaître encore aujourd’hui, mais peut-être, juste peut-être, qu’aujourd’hui, sa vision lui joue un tour. «
C’est bête, je ne sais pas pourquoi j’ai dit ça, bien entendu que c’est toi. Comment tu vas ? » Une banalité, typique de sa part — ne sait pas trop quoi dire de plus, il faut juste laisser le temps à sa tête de se calmer.