tw: —C’est trop calme.
Beaucoup trop calme. Ton casque anti-bruit que tu retires un instant, ton regard qui s’échappe de l’écran. Oui, c’est calme. Tes mains qui te donnent de l’élan pour aller vers la porte, toujours le cul sur ta chaise de bureau. Parce qu’il ne faudrait pas faire trop d’effort, Sol qui ne sourcille pas. Au contraire, monsieur ronfle, c’est bien la preuve que c’est calme. Tu ouvres légèrement la porte, juste assez pour passer un œil. Personne. As-tu rêvé ? Peut-être. Pourtant, c’est impossible de rêver lorsque ta chère et adorable colocataire est dans la place. Tu en sais quelque chose, cette nuit tu faisais un magnifique rêve lorsqu’un bruit t’y a sorti. Le bruit en question ? Une chaise qui devait
-probablement- ne pas se trouver au bon endroit. Y a-t-il un bon endroit avec elle ? C’est ce que tu te demandes parfois. Sol a aboyé légèrement et s’est rendormi. À croire qu’il s’habitue plus rapidement que toi. À ton réveil, tu as pu voir le retour de ta coloc ou plutôt les traces qu’elle a laissées, la fameuse chaise et les habits. Tu as mis le tout sur un tas, son tas comme tu aimes si bien le dire. Tu aurais pu ranger tout ce bazar, mais l’envie n’était pas là. Au lieu de ça, tu as déjeuné, puis embarqué Sol dans une grande balade, avant de te plonger dans le boulot. Oui, tu bosses un dimanche et alors ? Tu peux entendre la voix de Wren
‘t’as pas de vie ?’ et même ta coloc te le balancerait gentiment
‘le dimanche s’est fait pour se reposer’. C’est sûr, mais tu as envie d’en finir avec ce projet et puis c’est un moyen comme un autre de t’occuper. De ne pas voir le temps qui passe et surtout de mettre ton cerveau en mode pilote automatique. C’est mieux ainsi,
beaucoup mieux. Tu te sens plus productif lorsque tu te mets dans ce mode, rien ne peut parasiter ton esprit et quelque part, tu te sens un brin plus apaisé. Au fond, tu sais que c’est faux, juste du paraître, tout est encore là, bien enfouie. Tout comme tu aimes faire croire aux gens que tu vas bien depuis ta rupture. Bullshit. Erreur complète. Sauf que tu ne laisses rien paraître, c’est mieux ainsi. Et puis tu es entièrement responsable de cette rupture. Tu ne peux t’en prendre qu’à toi et
Bashir ne te manque pas, du tout… vraiment ? Et voilà tu repars en vrille, tu as quitté le pilote automatique. Soufflant légèrement devant ton écran, ça t’apprendra à vérifier si elle est là. Tu aurais dû rester focus, dans ta bulle. Hélas tu as été plus intrigué qu’autre chose. Il fallait que tu vérifies, maintenant c’est foutu. Tu peux arrêter pour aujourd’hui et pourquoi pas aller manger ? Bonne idée.
Un bon repas et une bonne balade, voilà ce qu’il te fallait. Tu sens à présent que tes petites cellules grises demandent à fonction. Ou alors tu as juste besoin de faire une sieste ? Tu ne sais pas trop. Toujours est-il que vous voilà de retour à l’appartement, que tes sourcils se froncent aussitôt au son de sa voix. Elle est différente, tu ne saurais dire le pourquoi du comment, mais y a un truc bizarre. «
Hey, y a pas d’souci, j’ai fini par bosser et j’avais mon casque anti-bruit. » tu ranges les affaires de Sol, toujours pas de regard dans sa direction, pas encore. Devrais-tu t’inquiéter ? Sûrement. Tu finis par croiser son regard et ce sourire, tes sourcils se froncent un peu plus. Bonjour les rides dans quelques années. «
Deux excuses en moins d’une minute y a anguille sous roche. » que tu lâches. Tu commences à connaître le spécimen qui vit à tes côtés. Pas que tu doutes de sa sincérité, ça tu la crois, mais y a autre chose. Elle se fait toute petite, toute mignonne, ce qui est étrange à tes yeux. Et voilà, elle l’a dit. Elle a prononcé les fameux mots, ceux que tu redoutais. Ton regard a tiqué à ce mot, tes sourcils se sont encore plus froncés. Tes rides ne seront que plus belles plus tard… ou pas. Tu paniques. Tu vois que Sol inspecte ta coloc, renifle ce qui se trouve derrière elle. Y a quoi derrière elle ? «
tu caches quoi ? » tu pourrais te la jouer Brad Pitt dans Seven, mais à dire vrai, tu redoutes la réponse. Tu sais que ce n’est pas une tête, ça tu en es persuadé ou alors elle cache plus que bien son jeu. «
Majo t’as fait quoi ? » et voilà,
tu paniques. Ne jamais dire à quelqu’un de ne pas paniquer, c’est pire que tout. Tu crains le pire et clairement tu n’es pas au bout de tes surprises.