topic commun -- labor day picnic

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Chez les Charpman, le Labor Day est un peu tous les jours tant la valeur du travail régit nos vies. Aujourd’hui reste un jour particulier. Grâce à cette fête, j’ai le droit de me reposer, de sortir. Je n’ai pas l’autorisation de me dévergonder non plus. Je vais devoir me contenter du pique-nique géant organisé au Buccaneer Park. Si ce n’est pas mon activité favorite, je prends volontiers cette bulle d’oxygène me permettant de m’échapper de ma prison dorée ne serait-ce que quelques heures. Si l’événement se prête aux sorties en famille, mes parents ne daignent pas se joindre à moi et préfèrent rester à la villa. Je le savais d’avance en leur proposant de m’accompagner. Je l’ai fait par politesse. Pressée de partir, je modifie l’horaire du début des festivités d’une heure afin de m’échapper du domicile plus tôt. Je suis pathétique d’agir ainsi à mon âge. Je n’ai pas le choix. Je ne suis pas ravie de ma situation. Je suis la première à vouloir qu’elle change. Si seulement j’avais le courage d’affronter mes parents et de leur signifier que bien que je sois toujours leur fille, je suis à présent adulte. Une adulte qui ne boit certes pas d’alcool mais une adulte quand même. Un jour peut-être en aurai-je la force ? En attendant, au volant de mon cabriolet, je me rends au parc. Mes lunettes de soleil sur mon nez, je fais face à une circulation dense en cette fin d’après-midi. Il aurait été certainement plus judicieux de prendre le bus. Après, j’ai le temps. Bien que pressée de partir, je ne suis pas pressée de faire face à la foule. J’appréhende même tellement je suis familière de ma solitude. Au bout de trente minutes, je me gare sur le parking. J’attrape mon sac à main et mon sac à dos remplis de sandwichs faits maison et d’une bouteille de thé glacé pour mon diner. Pénétrant dans l’espace vert, je constate qu’il n’y a pas encore trop de monde, probablement qu’il est trop tôt. Pour le moment, la plupart des enfants s’amusent dans les jeux et leurs parents les surveillent. Seule une poignée commence à s’installer, dépliant nappe ou couverture sur l’herbe. J’aperçois un banc de libre m’offrant une vue globale sur l’étendue face à moi. J’y vois naturellement un spot idéal pour scruter les environs et m’adonner à ma passion. Je m’y dirige en douceur. Assise, mes affaires posées sur ma droite, je sors mon bloc-notes et un crayon. Ouvrant mon carnet sur une page blanche, je m’attèle à griffonner le paysage se présentant sous mes yeux, les premiers traits de crayon venant grisonner ma feuille

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