at the crossroad. // kalen

tw: langage vulgaire.

Beaucoup de pensées se bousculaient dans ta tête depuis le début de ton stage à la station 21. Et si le métier d'enquêteuse n'était pas fait pour toi ? Et si tu n'avais pas ce que ça prends pour être une bonne criminologue ? Peut-être que tu n'avais pas les guts nécessaire ? Du haut de tes vingt-ans, tu te sentais tellement dépassée par tout ce que tu vivais depuis que tu étais arrivée à Oceanside, il y a de cela quelques semaines maintenant. Étais-tu certaine d'avoir pris la bonne décision ? Celle de partir à la recherche de tes origines, de retrouver la trace de ton père biologique ? Après tout, tu n'avais qu'un nom et une destination... C'était très peu pour pouvoir en tirer des conclusions... Et pendant que tu fouillais ton passé, c'est ta vie d'avant qui était mise sur pause. Bien sûr que tu étais heureuse d'avoir dégotter ce stage, de te plonger dans le vrai monde, dans le vrai domaine. Ça changeait beaucoup de la théorie et de ce que tu avais appris au courant de ta première année d'université... On voit que la pratique n'est pas toujours aussi méthodique que dans les bouquins où tout est pris hors contexte. Lorsqu'on vit vraiment l'action, il est vrai que c'est parfois l'instinct qui mène et tout le reste devient superflus...

Tu repensais néanmoins à ta mère et ta jeune soeur, que tu avais laissées en plan sans plus d'explications. Ton « père » quant à lui, n'avait pas semblé plus surpris que ça que la vérité éclate enfin au grand jour. Il t'avait avoué ne pas avoir été à cent pour cent d'accord avec la façon de procéder de ta mère, mais puisque ça la concernait elle et seulement elle, il avait préféré ne pas s'en mêler. C'est à tout cela que tu repensais en conduisant sur la route qui menait à l'hôtel où tu logeais depuis ton arrivée en Californie. Ta vieille voiture d'occasion t'avait conduite jusqu'au Green Room Hotel. Adresse trouvée sur un coup de tête et qui pouvait faire office de point de départ pour ta quête. Tu revenais du poste de police après une journée assez mouvementée et honnêtement, tu n'avais qu'une seule idée en tête et c'était d'aller prendre une douche, te mettre en pyjama et t'affaler sur ton lit pour mater la télévision. Toute la matinée, tu avais eu l'impression d'être complètement à côté de la plaque, comme si tu avais oublié toutes les notions apprises dans le passé. Tu avais de la difficulté à suivre le rythme, la cadance... Et même si tes collègues étaient indulgents avec toi, tu le prenais très mal. Tu n'avais pas l'habitude d'être si à l'ouest alors c'était assez difficile pour ton égo. En après-midi, tu faisais du classement de dossier... On aurait pu croire que ça aurait été facile, sans anicroche, mais pourtant, tu avais renversé ton café sur une pile de dossier. Décidément, ça n'avait pas été une bonne journée... Le capitaine de la brigade avait tout fait pour te mettre à l'aise, te rassurer, mais son langage non-verbal le trahissait. Il était en rogne contre toi...

Comme si la journée ne pouvait pas plu mal aller, c'est dans un tournant que tu senti que le moteur de ta vieille Volks était sur le point de lâcher. Malgré le fait que ton pied enfonçait toujours l'accélérateur, tu sentais la voiture ralentir... « Merde ! Pas maintenant ! » dis-tu à voix haute, comme si ça pouvait empêcher l'inévitable de se produire. Au même moment, les lumières dans le tableau de bord se mirent à clignoter et la panique s'empara de toi. Tu eus à peine le temps de te coller sur l'accotement que la voiture s'immobilisa. Tu tentas en vain de redémarrer le moteur, mais rien n'y fit. C'est comme si la batterie était déchargée, mais sans aucun signe précurseur. Lorsque tu avais quitté le poste, tout semblait en ordre... Mais après tout, qu'est-ce que tu y connaissais en voiture ? Ça avait toujours été ton père (adoptif) qui s'en était occupé pour toi. Tu mis en marche les feux de détresse puisque tu étais toujours dans un virage et qu'il commençait à faire sombre. « Putain ! Merde ! » rageas-tu en frappant sur le volant de toutes tes forces. Décidément, cette journée n'allait pas en s'améliorant et malheureusement, tu n'y étais pour rien... icons par bia@pinterest / wallpapers.com

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Une journée de plus s'écoulant et rapprochant de ce jour fatidique d'Halloween. Journée et soirée redoutées pour de nombreux policiers. C'est l'occasion, comme pour d'autres fêtes, de croiser la route d'êtres farfelus. Certains sont déjantés. D'autres manquent de chance. Pour quelques uns, c'est l'occasion de dévier du droit chemin, comme s'ils ont droit à un passe pour la soirée. Lui se porte volontaire pour travailler, préférant laisser le congé à ceux qui ont des enfants, désireux de les emmener faire la collecte de bonbons. Il se note sur le planning pour le trente et un, juste avant de partir, après une journée passée au poste plus ou moins calme. Quelques arrestations, mais rien d'extraordinaire. La seule vraie péripétie du jour, c'est cette tasse renversée sur une pile de dossier par la nouvelle stagiaire. Pas de chance pour elle, il passe au même moment, sa propre tasse de café en main, faisant son petit tour avant de retourner à son bureau. Il voit bien l'embarras de la jeune femme, sortant à peine de l'adolescence. Son ton se veut rassurant, ce n'est pas une faute grave. Pourtant, au fond de lui, il n'en pense pas moins. Il se dit qu'elle devrait être plus attentive et il espère au moins que cette erreur ne se reproduira plus. S'il accepte de laisser couler cette fois, cela ne sera pas le cas si elle vient à refaire la même bévue. Tasse en main, il finit par reprendre le chemin de son bureau, désireux de terminer quelques rapports avant de partir. Il ne se rend pas compte que les minutes s'écoulent puis les heures. Le soir n'est guère loin d'arriver quand il se décide à relever la tête, étirant ses muscles quelque peu endormis. Il est grand temps pour lui de partir, s'il désire faire un petit tour avant de rentrer dans ce petit appartement qui ne ressemble même pas à une garçonnière. Plutôt à une chambre d'étudiant, et encore non mise à son goût. Casque sur la tête, il enfourche sa moto et démarre. Il n'a pas de chemin précis en tête. Juste profiter. Depuis plusieurs années, il aime ce petit rituel quand il peut se le permettre, juste avant de rentrer. Rouler, sans but précis, juste pour se vider la tête du travail, pour basculer en mode vie privée. Il ne désire pas ramener le boulot à la maison. Hors de question pour son état mental, et sa psychologue est d'accord avec lui sur le sujet. Il doit tourner la page, avant d'y revenir le lendemain. Chaque jour. L'engin prend la direction du quartier sud de la ville. Ce n'est pas le sien, peu importe. Il fait de plus en plus sombre. Les lumières de la ville et des autres véhicules s'éclairent progressivement. Il ne roule pas vite, ce qui l'intéresse, c'est tout sauf la vitesse. Au détour d'un virage, il aperçoit un véhicule arrêté sur le bord. Il lui semble familier sans savoir pourquoi. Son instinct n'éclaire pas de signal d'alarme dans sa tête, le poussant à poursuivre son chemin. C'est le contraire. Il ralentit, met le clignotant et arrête la moto à proximité de la voiture. Il descend sans retirer son casque, couvrant les quelques mètres le séparant du conducteur. - Besoin d'aide ? demande-t-il d'une fois assez forte. Il se rapproche, se penche un peu côté conducteur. Et là, à l'intérieur du casque, un sourire nait sur ses traits. Ce n'est pas un homme mais une femme. - Tiens donc, Hayes. Pas n'importe quelle femme. La stagiaire ayant commis cette petite erreur quelques heures auparavant. - Qu'est-ce qui se passe ? demande-t-il même s'il constate bien que la voiture a un problème. Lequel, c'est une bonne question. Cela fait bien longtemps qu'il n'a pas mis le nez sous un capot. Il se décide à retirer son casque, patientant pour en savoir davantage sur les problèmes que rencontrent cette jeunne femme.

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Faute de temps (ou d'intérêt), ton père ne t'avait jamais appris les rudiments de la mécanique automobile. Peut-être que ça aurait été utile pour contrer une situation comme celle-ci ? Évidemment, tu ne l'avais jamais vu les deux mains dans un moteur ni même couché sous une voiture en train de faire une vidange d'huile... Ce n'était pas une personne très manuelle, en fait. Il était bon avec les mots, pour persuader les gens, les faire s'acheter un réfrigérateur, même s'ils habitent en Alaska...  C'était un homme d'affaires, il avait ça dans le sang. Mais pour tout le reste, il avait certaines lacunes... Lorsque tu repenses à ta relation avec celui que tu as toujours considéré comme ton géniteur, tu te rends bien compte que vous ne vous ressemblez pas, au fond. Il est, vraisemblablement, tout le contraire de toi. Peut-être n'est-ce parce que tu as plus d'affinités avec ta mère et ta jeune soeur ? Du moins, c'est ce que tu croyais avant de savoir que tu n'avais pas de lien de sang avec cette personne. Tout s'expliquait enfin... Tu ne pouvais cependant pas balayer tout du revers de la main aussi facilement; c'était quand même ta mère et lui qui t'avait élevé depuis vingt ans... Tu réfléchissais à tout cela dans ta bagnole en panne, maudissant cet homme de ne pas t'avoir montré les bases à savoir sur les voitures... Une longue expiration quitta ta cage thoracique pendant que ton regard était rivé vers l'avant, ne te rendant pas tout de suite compte qu'il y avait quelqu'un à ta fenêtre. « Besoin d'aide ? » demanda une voix qui t'était quand même familière. Tu fronças les sourcils, comme si ça t'aidait à réfléchir et trouver l'identité de l'inconnu. Ses prochaines paroles te firent remarquer qu'il était plus rapide que toi à ce jeu. « Tiens donc, Hayes. » Tu souris, plus timidement que tu l'aurais souhaité. C'était un peu embarrassant parce que non seulement tu avais passé pour une empotée sur ton lieu de stage, mais désormais tu passais pour une femme-au-volant-incompétente dans la vraie vie aux yeux du capitaine de la brigade. Il te demanda alors ce qui se passait avec ta voiture. « Bonsoir, Mr Sandberg. » pause. Tu haussas les épaules avec une petite moue. « J'en sais rien... J'ai cru que c'était ma batterie qui était à plat, mais même le moteur refuse de partir... » dis-tu en te détachant avant d'enclencher le bouton pour ouvrir le capot. « Vous vous y connaissez, vous, en voiture ? ». Sur toutes les personnes qui auraient pu venir à ton secours, il avait fallu que ce soit Kalen... Tu étais morte de honte. Encore heureuse que ce n'était pas une simple panne d'essence. Ça aurait été le comble ! Vivement la fin de cette journée terrible : c'était tout un mardi... icons par bia@pinterest / google

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C'est étrange comme la vie décide de plus ou moins entremêler les chemins de différentes personnes, recoupant leur ligne à des moments non prévus, et pas forcément désirés non plus. Comme cet arrêt plus tôt dans la journée, à cause d'une tasse de café renversée. Plusieurs heures écoulée et un nouvel arrêt, cette fois à cause d'une voiture en panne. Deux fois la même journée à un moment inattendu, oui la vie est étrange mais également surprenante. Casque retiré, cheveux non disciplinés, le capitaine de la brigade demande les symptômes de la voiture avec une simple question, espérant intérieurement que la jeune femme répondra quelque chose de détaillé autre que "vous voyez bien, elle est en panne". Moteur capricieux refusant de partir. Le léger clic de l'ouverture du capot retentit. Le brun secoue doucement la tête. - Je suis davantage calé en moto mais cela ne coûte rien de jeter un œil pour voir si un câble n'est pas débranché. Il se souvient que c'est arrivé à une amie durant son adolescence. Sa voiture roulait par contre, mais au ralenti. C'était juste une durite mal remise par le garagiste qui avait sauté, faisant perdre le turbo à la voiture. Alors autant se dire que le problème de la voiture de Hayes peut se révéler tout aussi banal. Casque dans une main, avec la seconde, il ouvre le capot qu'il accroche pour le garder en l'air. - Cela ne semble pas être votre journée Michaela. Espérons que celle de demain sera meilleure... glisse-t-il. Puis il jette un œil à la voiture, vérifiant que tout soit bien branché dans un premier temps. - Comment se passe le stage ? Je veux dire en dehors du léger incident. Il pose la question qu'il devra poser à un moment ou un autre. Autant le faire en dehors du poste de police. Peut-être que la demoiselle sera plus à l'aise de lui répondre, ici au milieu du quartier sud de la ville, plutôt qu'entre quatre murs, dans son bureau. Il sait que le lieu peut se révéler intimidant, et laisser perplexe quelques personnes. Ce n'est pas ce qu'il souhaite de base mais cette atmosphère lui convient. Son bureau n'est pas un bureau des pleurs, encore moins de confidences pour devenir amis. La porte est toujours ouverte, son oreille toujours prête à écouter chaque policier mais ce n'est pas lui qui fera forcément le premier pas en direction d'une personne. Il se contentera de la surveiller de loin, au cas où. Et également de laisser faire Morris, ce cher policier si mal aimé par beaucoup mais tellement précieux pour rapporter des informations sur tout ce qui se passe dans le commissariat. Quelque part, il pense qu'il a bon fond, c'est juste qu'il parle trop et ne sait pas s'arrêter quand la situation l'exige, se mettant ainsi à dos bon nombres de ses collègues. Fort dommage pour Morris.