it's your tainted innocence that devours me (soobin)
Nouvelle année qui débute, et il l’espère, bien meilleure que la précédente. Cette fois, Levi compte bien ne plus laisser l'ancien meilleur ami de lycée gâcher sa seconde année. De toute évidence, Soobin l’a déjà remplacé, et n’a montré aucun remord jusqu'ici à l'abandonner pour sa nouvelle tribu de dégénérer. Alors pourquoi devrait-il continuer à espérer qu'il finisse par lui manquer ? 바보*. Il regrette d'avoir laissé ses sentiments obscurcir son jugement. D'avoir cru que Soobin pouvait l'aimer également, interprétant sa jalousie et possessivité excessive au bal du lycée pour des sentiments partagés. Mais il n'en est rien. Il lui a bien prouvé par son absence, par son égoïsme et ses mots impitoyables lorsqu'il a osé user de leur code secret pour le voir quand ce dernier l'ignorait depuis des mois. Soobin n'est plus qu'un étranger, quelqu'un qu'il a connu autrefois mais qu'il a perdu en chemin. C'est presque à se demander s'il n'a pas rêvé toute leur amitié vu la façon dont il le traite désormais. Pourtant il n'a qu'à regarder la marque ancrée à même la peau pour se remémorer tous leurs moments. Est-ce que ça signifiait seulement quelque chose pour lui ?
Au cœur de la frénésie nocturne, Levi se laisse emporter par l'effervescence contagieuse et débridée, bien décidé à laisser tous ses tracas derrière lui. Tout autour, il n'entend que des éclats de voix et conversations enfiévrées, les battements tonitruants de la musique qui bat son plein. Sa chemise en satin blanc lui colle à la peau, alors qu'il danse, débordant d'énergie, depuis presqu'une heure avec Stacy au milieu du salon. Sous les lumières violacées, il semble scintiller d'une lueur irréelle. À bout de souffle, et crevant de chaud, il embarque sa camarade dehors pour prendre l'air, rejoignant le reste de leur groupe d'amis pour continuer à boire à côté de la piscine. L'air frais lui fait le plus grand bien, et cette fois, il pressent que cette année sera bien différente. Une demi-heure s'écoule avant que ça ne dégénère. – LES GARS, qui veut bouffer du coréen ?? Levi s'étouffe dans sa boisson, avalant de travers alors que Stacy s'époumone pour lancer un nouveau jeu à boire dont il se retrouve vedette principale malgré lui. Il tente une échappée, mais déjà Stacy l'empoigne pour l'obliger à s'allonger sur le transat au bord de la piscine, déboutonnant sa chemise malgré ses protestations. Sous les cris enthousiastes et les sifflements approbateurs, il se sent rougir. Au moins les mois qu'il a passé à évacuer sa frustration dans la salle de gym ont fini par porter leurs fruits. Il a peur un instant que personne ne le sauve de l'humiliation de n'avoir aucun volontaire, mais c'était sans compter Micka qui s'avance avec un sourire si malicieux qu'il se sent déglutir et sa respiration s'accélérer.
*바보: idiot
Effondré sur le sol carrelé, le jeune homme peinait à se remettre de la matinée de merde qu’il venait de subir. Il n’y avait littéralement pas d’autres mots plus à même de caractériser ce à quoi il avait assisté. Lui qui se croyait guéri, rétabli de l’explosion de leur amitié, désormais bien occupé par ses nouvelles rencontres, ses études prenantes et les anciens procès dans lesquels il aimait se plonger pour parfaire ses connaissances, il réalisait enfin qu’il n’avait fait que se voiler la face. Son monde était encore et toujours parasité par un seul être.
Les pupilles noires, le poing serré, il avait fui la cérémonie pour se réfugier dans les toilettes de l’établissement. Sa haine s’était déversée sur l’un des miroirs, privilégiant en briser le verre plutôt que la tête du principal concerné. Le contrôle de sa colère avait toujours été un problème non résolu, une difficulté que l’on préférait taire, vestige de valeurs stéréotypées que ses parents lui avaient inculquées.
Mais était-ce seulement la colère qui l’avait poussé à s’exfiltrer de l’amphithéâtre, la tête haute, en se mordant l’intérieur de la joue pour ne pas l’ouvrir et gâcher sa réputation ? Il préférait le croire, fermant les yeux sur l’envie et surtout la jalousie qui semblaient guider ses comportements.
Reprenant son souffle, Soobin tentait en vain de tirer sur sa cravate pour se libérer un peu d’air, doigts impatients et tremblants, tâchant au passage sa chemise impeccable de ses nouvelles coupures sanguinolentes. Il étouffait presque dans ces vêtements étriqués, cette nouvelle armure qu’il s’était imposé en entrant à l’université. Son reflet dans le miroir brisé ne lui apporta qu’un soupir fatigué, double pathétique qu’il préférait oublier en s’enfermant dans un cabinet.
Pourquoi était-il si ébranlé par la futilité de ce qu’il s’était passé ? Après tout, ils n’avaient partagés qu’une puérile amitié, une histoire d’enfants, des promesses comme des contes de fées et avec la fin du lycée, tout s’était terminé, mettant fin à cette idée que l’un n’allait pas sans l’autre. Il réussissait très bien seul. Il s’efforçait de le croire. Mais face à ce Levi lumineux, riant, qui se penchait à l’oreille d’un autre étudiant pour y chuchoter des remarques certainement piquantes, son cœur avait manqué un battement. Impossible de le laisser être heureux, un peu trop à son goût, parce que Levi, il avait toujours préféré le voir s’écrouler, couler même, dépérir en son absence, se nourrissant de la sensation d’être indispensable à sa vie. Et maintenant qu’il voyait son jouet s’épanouir, Soobin sentait l’immense vide que leur dernière dispute avait creusé.
L’après-midi lui avait filé entre les doigts tandis qu’il était perdu dans ses pensées, alternant les moments où il essuyait trop énergiquement les menaçantes larmes de frustration, refusant totalement de les laisser couler, et les moments où, pris d’inspiration, il commençait à rédiger des lettres d’insultes exprimant toute la haine qui le dévorait. Une réaction bien puérile mais logique, Soobin n’était encore qu’un gamin, regrettant presque d’avoir sauté autant de classes. Si son corps avait suivi les capacités de son esprit, son âme restait bloquée, nostalgique de cette époque innocente où son quotidien était rythmé par de douces habitudes. Les devoirs, Levi, les jeux vidéos, Levi, le vélo, Levi, le judo, Levi, les bouquins, Levi.
Anesthésié par la fureur, il en avait même oublié de se sustenter et lorsque son ventre se mit à gargouiller, Soobin s’extirpa enfin des toilettes, remarquant qu’il faisait déjà sombre. Traversant le campus à pied, il constata que les diverses sororités se montraient déjà actives en ce début d’année. S’il envisageait plutôt de se dégourdir les jambes en marchant jusqu’à son appartement, un peu plus loin en ville, ce fut un groupe de jeunes femmes qui attira son attention. Les demoiselles semblaient se diriger vers l’une des villas où la musique battait son plein, provoquant le changement du programme de sa soirée. Cela faisait un petit moment qu’il n’avait pas fréquenté quelqu’un, il méritait de se laisser aller, de profiter. Et puis, il s’agissait certainement de l’une de ses dernières occasions : une promesse lui brûlait déjà l’annulaire, choix imposé durant l’été, lors d’une innocente visite en Corée.
S'immisçant au milieu des jeunes alcoolisés, le jeune homme fut soulagé de ne pas avoir à montrer patte blanche. L’entrée n’était même plus filtrée tant les invités préféraient profiter. Soobin attrapa un gobelet et y mélangea deux-trois mixtures inconnues, sachant qu’il possédait une bonne descente. Mais il oubliait son ventre vide, ses émotions, ces montagnes russes l’ayant ébranlé plus tôt dans la journée. Ses joues atteignirent un peu trop rapidement les carmins et l’étudiant décida rapidement de trouver l’extérieur pour prendre l’air, constatant que la résidence possédait même une piscine, de quoi lui faire presque regretter de n’avoir pas fait le choix de rejoindre une fraternité lors de son inscription.
"LES GARS, qui veut bouffer du coréen ?? S'écria une voix nasillarde qui attira son attention et celle de quelques curieux, les poussant à se rapprocher des transats pour assister au spectacle.”
En réalisant ce qu’il se passait à quelques mètres seulement, juste sous ses yeux, Soobin se crispa comme s’il était victime d’un blizzard. Sa respiration manqua de se couper et sa mâchoire se crispa immédiatement. Et sans laisser même le temps à son cerveau d’analyser la situation, il balança son verre au sol pour se jeter sur l’un des participants. Les yeux presque exorbités, le grand brun s’empara de la chevelure du dénommé Micka pour le forcer à s’éloigner du torse trempé de son ancien meilleur ami. Et sans aucune hésitation, sans prendre en compte les œillades scandalisées et les quelques protestations, il lui asséna un coup-de-poing dans le nez.
“TU L'APPROCHES PAS, FILS DE CHIEN ! S’exclama-t-il, enragé, tout en sentant ses mains devenir moites et tremblantes.”
Ses yeux menaçants dérivèrent du menton tâché d’alcool de l’inconnu pour repasser au torse de Levi et la scène de cette langue partant à la découverte des muscles fraîchement dessinés se mit à repasser en boucle dans sa tête. Et face à ces insupportables visions qui s'enchaînaient telle une série de polaroids projetés contre les parois de sa boîte crânienne, Soobin ne s’arrêta pas en si bon chemin. Son pied se logea dans le ventre du séducteur, propulsant Micka au fond de la piscine. C’était bien là tout ce qu’il méritait, avec son air goulu, sa facilité à agir de manière sensuelle, à profiter du taux d’alcoolémie de Levi pour lui imposer des pratiques presque sexuelles devant des inconnus. Quelqu’un aurait dû le remettre à sa place bien plus tôt, Soobin s’en était maintenant chargé, se délectant de ses connaissances qui lui permettaient d’avoir l’avantage au corps-à-corps.
En le voyant ainsi trempé, humilié, l’étudiant retrouva à peu près une respiration normale, persuadé que la situation était réglée alors qu’il venait seulement d’y ajouter un degré supplémentaire de complexité. Et comme s’il retrouvait enfin ses esprits, le fils Kang trouva enfin le regard de Levi, encore figé sur le transat, certainement choqué par la violence de cette intervention. Impossible de le laisser ainsi, dénudé, au milieu de ce groupuscule qui s’était formé autour des bagarreurs.
D’un air déterminé, Soobin attrapa l’avant-bras de Levi d’une pression semblable à un pincement, le forçant à se mettre debout afin de l’attirer plus loin dans le jardin, là où seule la lune les éclairait.
“J’peux savoir ce qui t’as pris ? Lui cracha-t-il au visage, rassuré que la musique couvre leur échange. Tu traînes avec des merdeux maintenant, c’est ça ?”
Et même si une petite voix lui soufflait d’en ajouter une couche, d’insister sur ses mauvaises fréquentations tout en sachant que c’était culotté de sa part, Soobin resta silencieux, bien incapable de mettre des mots sur ce qui l’avait poussé à user de la violence. Il se contenta de retirer sa veste pour la poser de force sur les épaules de son acolyte, sachant pertinemment que ce dernier aurait refusé s’il lui avait laissé le choix.
“Résiste pas, articula-t-il en lui passant les manches. Tu vas choper un truc si tu restes à poil.”
Le corps qui s'échauffe. À la fois frénétique et embarrassé, autant par l'audace de Micka que par le regard des spectateurs rivés dans leur direction. Il rougit sous l'attention, espérant que son corps ne trahisse pas son état d'excitation grandissante à la vue de tous. Mais brusquement, les choses dégénèrent, à une telle vitesse que son cerveau a du mal à assimiler les événements qui s'ensuivent. Il aura suffit d'une seule seconde pour que tout bascule, témoin de la scène dans un slowmotion digne d'un blockbuster américain. Et tout débute quand il aperçoit dans le coin de son champ de vision, la silhouette reconnaissable entre mille de son ancien meilleur ami, le visage contorsionné par une rage furieuse. Il voit encore Micka penché au-dessus de lui. Son sourire large et le regard malicieux. Puis sa grimace douloureuse alors qu'il est tiré brutalement en arrière. – Soobin, non ! Son cri se perd parmi les exclamations scandalisées alors que Soobin frappe le pauvre Micka déjà écroulé au sol et le jette d'un coup de pied à l'eau. Il est trop abasourdi pour réagir, a tout juste eu le temps de se redresser, choqué par la brutalité de celui qu'il a longtemps considéré comme son plus cher ami. Ce n'est pas la première fois qu'il assiste à une telle violence de la part de Soobin pourtant. Il se souvient très bien de l'époque du lycée, où certains de ses camarades s'étaient pris d'envie de le harceler entre les cours, parce qu'il avait redoublé, en plus d'autres différences qui déplaisait. Et malgré sa petite taille, c'est le petit génie qui a sauté deux classes qui est venu un jour à sa rescousse sans qu'il l'ait demandé, se montrant bien plus teigneux et vicieux que tous les autres réunis. Il a déjà pu entrevoir la noirceur de Kang à cet instant, mais l'a rapidement écartée parce qu'il ne faisait que le protéger. Mais cette colère sourde ne s'est jamais vraiment évaporée malgré les années, il a juste tourné un regard aveugle à toutes ces choses que Soobin faisait dans l'ombre, trop attaché pour le confronter à ce sujet. Mais il ne peut plus fermer les yeux aujourd'hui.
Avant même qu'il ne le réalise, Soobin est déjà sur lui, l'attrapant par le bras pour le forcer à se mettre debout. Il croit entendre la voix de Stacy tenter une percée dans l'esprit nébuleux. Il a tout juste le temps de jeter un dernier regard derrière lui pour apercevoir un Micka trempé sorti de l'eau qui le regarde partir avec incompréhension et une certaine aigreur. Stacy a ses côtés qui ne comprend certainement pas pourquoi il se laisse embarquer sans la moindre résistance, déçue elle aussi. Puis les buissons dissimulent à sa vue le triste spectacle, isolant du reste du monde les deux coréens. Il est aussitôt accueilli par le fiel venimeux de Soobin, qui se permet de critiquer ses fréquentations, en plus de ses décisions. Comme s'il avait encore un mot à dire là-dessus depuis qu'il lui a tourné le dos. Il peut sentir la colère lui picoter la peau, annonce les prémices d'une tempête. Soobin continue de le tirer plus loin, le forçant à enfiler sa veste. – Arrête, qu'il souffle à demi-mot, mais c'est à peine s'il l'écoute, comme d'habitude. Sauf que Levi en a plus qu'assez. – J'ai dis arrête putain ! Et cette fois, sa voix porte plus fort, tremblante sous l'émotion qui ne fait que croître et menace d'exploser. D'un mouvement brusque, il le repousse et s'écarte, imposant une distance de sécurité. – Mais tu te prends pour qui bordel, qu'il gronde, les poings serrés. Il n'a jamais autant désiré frapper quelqu'un qu'à ce moment, toute la peine, la frustration et le ressentiment accumulés au cours de ces derniers mois remontant à la surface. Comment ose-t-il se pointer à l'improviste, provoquer un véritable shitshow qui va faire le tour du campus, l'humilier devant ses amis, causant du tort à autrui, pour ensuite l'engueuler et le rabaisser comme il se plait constamment à le faire. C'est trop. – T'as cru que tu pouvais te pointer comme ça, à me faire la morale et jouer l’ami protecteur quand t’as été à chier depuis qu’on est arrivé ici ? Il rit d'un rire sans joie, parce qu'il n'y a que Soobin pour avoir ce culot. Enfoiré. – J'avais pas besoin que tu viennes me sauver, qu'il ajoute en faisant les cents pas, sans pour autant le quitter des yeux, furieux qu'il ait gâché leur moment de rapprochement. – D'ailleurs je te remercie pas, moi qui espérais pouvoir tirer mon coup ce soir, va falloir que j'aille m'excuser... S'il accepte de me bien vouloir me reparler à cause de tes conneries ! Il sait déjà qu'il va avoir du mal à justifier l'attitude de son ami, qui même pour lui, reste incompréhensible. Pendant un an, Levi ne demandait que ça d'avoir des nouvelles de lui, d'être en sa compagnie, qu'il lui donne ne serait-ce qu'un minimum d'attention. Et maintenant qu'il s'est fait une raison sur leur amitié, tente péniblement de passer à autre chose, voilà que Soobin débarque comme une tornade et détruit à nouveau tout sur son passage. – Vas chier Soobin, prends ta veste merdique et casses toi de ma vie, tu t'en sortais très bien jusqu'ici, crache-t-il avec véhémence et mépris, la respiration haletante, se débarrassant de ladite veste en la jetant à ses pieds, lui tournant déjà le dos pour se diriger vers la maison de sa sororité, bien trop énervé et blessé pour retourner aux festivités.
N’ayant que faire de la résistance que lui opposait Levi, l’étudiant exerça une pression sur son bras afin de lui imposer cette couche de vêtement supplémentaire. Ainsi protégé des regards plus que du froid, il se voyait satisfait, incapable de supporter que l’on puisse observer celui qu’il considérait toujours comme sa possession. Un sursaut lui échappa lorsque son aîné monta d’un ton, attitude loin de lui être commune, mais sa tête s’inclina, curieux de découvrir ce nouvel aspect de sa personnalité. Après tout, connaissait-il encore assez bien Levi ? N’avait-il pas attrapé de nouveaux traits de caractère et de sales habitudes à force de traîner avec ce qu’il considérait comme la racaille du campus ?
Face aux paroles assassines, Soobin restait incapable de concevoir la position, ni la réaction de son ancien allié. À ses yeux, il n’avait fait que venir en aide à un fantôme de son passé, offrant une main tendue à l’être sensible qu’était Levi, en proie aux sales pattes d’un prédateur. Un protecteur en somme, un sauveur, tel qu’il l’avait toujours été.
“Ça m'apprendra à vouloir prendre soin de toi, articula-t-il plus bas, les dents serrées, préférant user de sa verve acérée plutôt que de ses envolées de voix menaçantes. T’as toujours eu un mal de chien à te montrer reconnaissant.”
Lorsqu’il aborda la distance s’étant instaurée entre eux depuis le début de leurs études supérieures, le fils Kang roula des yeux, agacé, refusant totalement d’admettre la vérité à ce sujet. Il préférait continuer de se voiler la face, se persuadant que leur différence de branches était la raison de leur éloignement, omettant ces nombreux appels laissés sans réponse, ces signes de la main méprisés, ces regards dédaignés. Et ce petit jeu, toute cette mascarade était de sa propre œuvre, dans une unique raison : se protéger. Parce que tant que Levi était dans les parages, les doutes assaillaient Soobin. Alors, il préférait éloigner la tornade et récupérer ses capacités, son efficacité, autant dans ses notations que ses affaires, ses relations et ses faux-semblants.
“Tirer ton coup ? Articula-t-il tel un écho, tandis que sa mine se décomposait, perdant le peu de face qu’il avait réussi à conserver après s’être donné en spectacle.”
Les mains sur ses hanches, le souffle court, l’américain toisait son meilleur ami d’autrefois, écoeuré par ses propos. Il était donc devenu ce type d’hommes, lubrique et sans gêne, attiré par des énergumènes comme celui qu’il venait de pousser dans la piscine. Rien à faire de l’avoir mis en rogne, ni de lui avoir gâché sa soirée, Soobin considérait désormais qu’il l’avait bien mérité.
“Et bien… J’ignorais que t’étais devenu ce genre de personne, soupira le futur avocat, autant narquois qu’insolent.
Sa veste fut jetée à ses pieds et Soobin sentit son sang ne faire qu’un tour. Même sa protection, sa tendresse était refusée et voilà que Levi tentait de s’éloigner, croyant mettre un terme à leur échange par ses mots meurtriers. Il n’en était pas question : les dires de son aîné n’avaient jamais compté, il ne les avait jamais écoutés, n’en faisant toujours qu’à sa tête, unique décideur de la fin de leur étreinte. Et cela ne changerait pas aujourd’hui.
D’une main ferme, le jeune homme le rattrapa immédiatement par l’arrière de son pantalon, glissant deux doigts dans l’espace censé accueillir une ceinture, l’empêchant de s’éloigner davantage.
“J’en ai pas fini avec toi, annonça-t-il en le forçant à lui faire face, imposant une proximité électrique, sa chemise chatouillant le torse nu, picoté par le froid.“
Le geek avait tenté de tourner les talons trop rapidement à son goût, désintéressé, agissant comme si leur habituelle attraction n’avait plus d’effets, et cette simple idée lui donnait la nausée. S’était-il réellement lassé face à ses silences ? Pourquoi cette simple possibilité lui provoquait un sentiment d’angoisse ?
Il devenait impératif de remédier à cette situation : Soobin était indispensable à la vie de Levi, cela avait toujours été ainsi et cela ne devait jamais changer. Ce soir, il laisserait sa marque, son parfum, l’empreinte de ses doigts sur son ami, de quoi l’obséder pour les mois à venir, au moins jusqu’à leur prochaine rencontre. Ainsi, il s’assurait d’une forme de fidélité, fin manipulateur qui offrait un avant-goût de ce qui affamait son homologue.
“T’as vraiment cru que t’allais te débarrasser de moi aussi facilement ? Lança-t-il à quelques centimètres de son visage tandis que sa main lui attrapait la nuque brutalement, dominante prise qu’il ne comptait point lâcher.
L’étudiant jeta un vif regard aux alentours, guettant que leur intimité était toujours bel et bien préservée, que les buissons et haies camouflaient toujours leurs retrouvailles avant de se jeter sur son camarade pour lui arracher un baiser dénué de toute délicatesse. Les mains de sa proie le repoussèrent aussitôt, mais Soobin n’en avait que faire, reprenant son assaut pour fourrer sa langue dans la bouche de son ami, sachant qu’il céderait inéluctablement.
Plus il résistait, plus il voulait le faire sien.
Sans un mot, il l’embarqua par le poignet, exerçant une pression suffisamment forte pour s’assurer qu’il ne puisse pas s’enfuir, et l’attira dans le petit cabanon qu’il avait repéré au fond du jardin. Quatre murs de bois, une dalle de béton, des outils de jardinage et des équipements de protection étaient éclairés à la faible lueur de l’unique ampoule défaillante au plafond, et pourtant, Soobin décida que c’était l’endroit parfait. Il poussa Levi à l’intérieur, verrouillant d’un petit cadenas derrière eux, imposant cette quasi-prison à celui qui le rendait capable de ce genre de petites folies. Jubilant de cette position de supériorité, il observa l’air hagard de son jouet, se préparant à exiger, à ordonner, lorsque son esprit commença à lui jouer des tours. De doux souvenirs d’enfance lui revenaient tandis que l’odeur du bois emplissait ses narines. Leur amitié, leur pureté, leur innocence… Des relents qui tentaient d’apaiser son feu, d’adoucir ses ardeurs pour lui montrer ce que Levi méritait réellement : sa douceur, non ses humeurs.
S’approchant tel un prédateur, Soobin commença à défaire sa ceinture sans le quitter du regard, arrogant, se délectant de la vision de ce torse qui n’était réservé qu’à lui, qu’à ses mains, qu’à sa bouche.
“Tu voulais tirer ton coup, non ? Interrogea-t-il, le sourcil arqué en quête de sa réaction.”
Les mots cruels de Soobin sont comme des lames acérées, incisives et tranchantes, coupant à travers les restes de leur amitié morcelée. Qu'est-ce qu'il s'est donc passé pour que leur relation se dégrade à ce point ? Qu'est-ce qu'il a bien pu lui faire pour mériter un tel dédain ? Levi doit se rendre à l'évidence, il n'a plus aucune raison de s'attacher, ils ne retrouveront plus cette complicité d'antan, quand bien même il l'a si souvent souhaité ces derniers temps. Alors, lorsqu'il décide de tourner les talons, se réfugiant dans la colère pour étouffer le pincement au cœur, il ne jette pas uniquement la veste aux pieds de Soobin. Il met un terme à leur pseudo amitié, rejette l'espoir de partager à nouveau de bons moments, met un terme à cette histoire qui lui fait plus de mal que de bien.
Mais il aurait dû deviner que Soobin ne lui laisserait pas l'opportunité d’avoir le dernier mot.
Dans son dos, il peut déjà sentir l'ancien ami en mouvement. Arrêté en plein élan, son corps n'est pas autorisé à s'aventurer plus loin, maintenu fermement par l'arrière du pantalon. — Lâche moi, grogne-t-il en tentant vainement de se dégager. Il ferme brièvement les yeux de frustration, forcé de se retourner pour lui faire face, la mâchoire crispée et l'expression énervée. — J'ai plus rien à te dire Soobin. Mais il pourrait s'adresser à un mur, que le résultat serait le même. Il reconnait l'expression bornée sur son visage, de celui qui lâchera rien jusqu'à obtenir ce qu'il veut. À sa tentative de s'écarter, Soobin répond inflexiblement en forçant une proximité osée qui le met aussitôt sur ses gardes, la main froide sur sa nuque lui arrachant un violent frisson. Il ouvre la bouche, mais est coupé par l'habituelle violence du coréen, ses propos continuant encore de le choquer. À se demander comment un visage si innocent pouvait sortir de telles atrocités. Il peut sentir ses joues s'empourprer de colère, son coeur marteler contre sa poitrine. — Vas te faire f- Collision qui l'arrête net dans sa tirade, et malgré la surprise de sentir ses lèvres sur les siennes, Levi le repousse presque instantanément. — Arrête... Ordre qui sonne davantage comme une supplique, maudissant l'effet que ce bref baiser éveille déjà en lui. Et Soobin, cet enfoiré, le sait parfaitement. En joue et en abuse, comme il l'a toujours fait jusqu'ici. Il y a pourtant quelque chose de différent cette fois-ci, un besoin presque féral tandis que l'étudiant renouvelle l'assaut. Alors que sa bouche se plaque à nouveau contre la sienne, ses tentatives pour le repousser faiblissent drastiquement, et rapidement, sans qu'il ne le réalise sur le moment, son corps répond pour lui, aussi affamé que son homologue. Le baiser n'a rien de langoureux comme ils ont pu échangé par le passé, aussi féroce et égoïste que le propriétaire qui le lui offre, et pourtant ça ne l'empêche pas d'y répondre avec une intensité désespérée, avide de tout ce qu'il voudra bien lui offrir.
Abasourdi, encore enivré par ce qu'il vient de se passer, Levi se laisse trainer sans opposer une quelconque résistance, son cerveau peinant à rattraper la réalité. Il porte ses doigts à ses lèvres gonflées, les pupilles dilatées et la respiration hachées. Lorsqu'il aperçoit le petit cabanon vers lequel ils se dirigent, il ralentit le pas mais la poigne de Soobin reste inflexible, l'y entrainant de force. Son imagination commence déjà à lui jouer des tours, à considérer, avec sans doute trop d'enthousiasme, la suite des événements. Poussé sans douceur à l'intérieur, Levi pose un regard incertain sur ce qui les entoure, notant aucun endroit vraiment confortable pour s'adonner aux activités que son esprit tordu a pu imaginer en l'espace de quelques secondes. Il se retourne en entendant un cliquetis dans son dos, remarquant alors le cadenas les enfermant dans l'espace clos. — Soobin... ? Ce n'est pas comme s'il n'avait pas déjà rêvé l'instant une centaine de fois. Déjà au lycée, Levi avait compris que ce qu'il ressentait pour Soobin dépassait une simple amitié. Que la sensation qui se logeait dans son bas ventre n'avait rien d'amical pour son cadet. Et ça aurait pu s'arrêter là si ce dernier ne lui envoyait pas des signaux contradictoires. Il n'a pas oublié leur premier baiser, la sensation de ses mains sur lui quand il l'explorait curieusement. Ni la froideur qui l'accueillait le lendemain, comme si il ne s'était rien passé, blessant toujours un peu plus l'adolescent énamouré. Il n'a jamais su ce qu'il voulait le concernant, Soobin, et Levi a dû mal à croire qu'aujourd'hui soit différent.
À la lueur vacillante de l'ampoule suspendue, l'expression de Soobin parait presque dérangée. Le coeur battant, il le regarde s'approcher, baissant les yeux au niveau des mains du brun déjà affairées à défaire sa ceinture. Il peut sentir une bouffée de chaleur l'envahir à l'interrogation indécente et clairement faite pour lui rappeler la dispute survenue un peu plus tôt. Et c'est à cet instant qu'il réalise vraiment les desseins de Soobin, se maudissant de ne pas avoir compris plus tôt. Il ne l'a pas emmené dans cet endroit parce qu'il voulait être avec lui. C'est bien plus tordu que ça. Sa main se pose sur son torse pour l'empêcher d'approcher plus près, la respiration légèrement haletante. — Si tu crois qu'on va... (il déglutit, incapable de prononcer le mot à voix haute), tu rêves Soobin, il en est pas question... En réalité, il n'imagine pas Soobin aller plus loin. Il est encore en train de se moquer de lui, c'est évident. Il veut uniquement l'humilier, lui rappeler à quel point Levi est facilement influençable, le faire espérer puis s'arrêter, le laissant une nouvelle fois déçu et blessé. — On sait très bien tous les deux que c'est encore du vent, qu'il rétorque un peu plus sournoisement, sa rancoeur reprenant le dessus alors qu'il rappele sa lâcheté récurrente lors de leurs nombreux rapprochements. — Du coup je te propose qu'on passe ce moment gênant où tu vas encore te dégonfler pour repartir chacun de notre côté. C'est bien la première fois qu'il provoque autant Soobin à ce sujet, qu'il ose mentionner ces fois qu'il a mis sous silence par peur de l'énerver. Levi n'est plus le même adolescent inexpérimenté de l'époque. Il a souvent espéré explorer sa sexualité avec lui, pour au final se rendre à l'évidence qu'il n'y aurait jamais rien. Parce que Soobin n'assumait pas. Levi le repousse brusquement, se dirigeant déjà vers la porte pour tester sa solidité. Le cadenas ne doit pas être bien compliqué à casser si besoin, mais il aimerait ne pas en arriver là. — Ouvre cette port-... Putain Soobin !! Il porte les doigts enflammés à ses lèvres pour apaiser la douleur, stupéfait qu'il ait osé le frapper avec le bout de sa ceinture pour lui faire lâcher le cadenas. D'un geste vif, il saisit d'une main la ceinture au cas où lui prendrait l'envie de recommencer, son autre main l'attrapant à la gorge, le forçant à reculer jusqu'à heurter la table en bois où plusieurs outils rouillés sont éparpillés, se moquant bien qu'il se blesse sur certains objets coupants. — À quel jeu tordu tu joues ? C'est ça qui te fait
Affairé à déboutonner son pantalon, l’étudiant ne sembla pas comprendre lorsque son homologue l’arrêta précipitamment. Les sourcils froncés, il encaissa les sournoises paroles, refusant d’admettre qu’elles n’étaient pas si fausses : cela ne serait pas la première fois qu’il s’arrêterait en si bon chemin.
L’espace d’un instant, pourtant, il craignit que le refus soit motivé par une tout autre raison. Et si Levi ne voulait réellement plus de lui ? Était-ce Micka avec lequel il souhaitait réellement s’isoler ? Son emprise s’était peut-être réellement évaporée au fil des mois et ce lien spécial qui les unissait allait potentiellement cesser de les animer s’ils prenaient le risque de passer à l’étape supérieure. Froissé par ses propres doutes, le cadet laissa cette nausée le traverser rapidement, se rendant compte qu’il ne devait plus jamais douter. S’il perdait son ascendant dans la relation, s’il laissait la peur l’envahir, s’il n’était plus celui derrière lequel on courrait, il en crèverait. Levi devait rester le pion, tout juste bon à être utilisé lorsqu’il désirait lire l’amour et l’admiration dans son regard, ou que son corps réclamait d’être choyé comme s’il était le dernier homme sur terre.
“Je t’interdis de te casser, gronda-t-il en le voyant prêt à prendre la fuite.”
C’était toujours lui qui décidait de la fin de leurs rapprochements et cette fois ne ferait pas défaut. Quelques baisers fougueux ne suffiraient pas à satisfaire les jérémiades de l’aîné, l’impact n’était pas assez marquant pour qu’il cesse, qu’il n’essaye plus de l’oublier, de soigner son absence, de trouver des génériques à son manque. Et Soobin, non plus, ne comptait pas se contenter de ses lèvres.
À la tentative de déverrouiller le cadenas, le futur avocat crut voir rouge. Sans réfléchir, il tira d’un coup sec sur sa ceinture pour s’en servir comme d’une arme, claquant le cuir sur les phalanges de son pair pour qu’il abandonne sa besogne. Un sourire se dessina sur son visage face à la réaction de sa victime, appréciant presque d’être ainsi saisi à la gorge : tant que l’américain engageait le contact physique, qu’il s’énervait, qu’il s’ouvrait, le vicieux gagnait du terrain et du temps. Le larmoyant Levi laissait peu à peu place à un Levi plus intense, plus entier, son préféré. Celui qui tentait de le piquer par ses mots, d’imposer sa volonté, mais aussi celui qui finissait par mendier, laissant le serpent en profiter pour s’immiscer dans ses pensées, autant prêt à le détruire qu’à lui offrir l’attention réclamée.
“Parce que tu m’avais oublié ? Interrogea-t-il, mauvais, n’accordant d’importance qu’à cette partie de sa tirade. Ne te moque pas de moi, j’ai bien senti tes regards dans les couloirs. Tu fais semblant de bien t’amuser quand j’passe tout près, tu t’affiches avec plein de mecs, alors ne me joue pas le coup du mec attristé, articula-t-il en s’appuyant sur le plan de travail vieillissant, évitant de justesse les dents d’une scie abandonnée. Arrête de faire ta victime.”
Tordu, anéanti, ignorer, oublier… Soobin préférait mettre un voile sur le choix de ces mots, refusant d’entendre la souffrance, persuadé que son ami était simplement le genre d’émotif à exagérer pour attirer l’attention. Il ne faisait que se rassurer en pensant de la sorte, technique imparable qu’il continuerait d’utiliser pour les nombreuses années à venir. Levi pouvait être au bord du gouffre, il préférerait toujours le détruire un peu plus, plutôt que de l’imaginer heureux sans lui.
“T’as peur de quoi hm ? Provoqua-t-il en le repoussant tout à coup, sachant pertinemment que face à ses paroles, l’autre faiblissait toujours. Tu crois que j’ai envie de jouer là ?”
En prenant l’avantage, il lui imposa de reculer de quelques pas dans l’exigu cabanon jusqu’à la surface d’un pan de mur boisé.
Dominant, il l’attrapa à nouveau par la nuque, le forçant à se retourner pour faire face au mur. En éloignant ainsi son visage, l’élève modèle espérait mettre un terme à la discussion, empêchant les révélations, les questions, les paroles qui viendraient gâcher l’instant. Eux deux, c’était le sujet bien trop sensible, impossible à aborder. Et Soobin refusait le dialogue, se contentant de prendre, de voler, d’imposer quand cela lui chantait, d’écrire ou de rayer leur histoire d’amour, sous couvert du mot amitié.
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Le fait qu'il avoue l'avoir délibérément ignoré ces nombreuses fois croisés dans les couloirs de l'école, lorsque l'étudiant en informatique cherchait désespérément un sourire ou un regard de sa part, arrive encore à surprendre et faire mal. La pression exercée autour de sa gorge s'est relâchée à mesure que les mots assassinent un peu plus l'amour qu'il peut lui porter. Il n'arrive plus à se trouver d'excuses sur ce qu'il peut bien lui trouver, car sous son visage angélique se révèle un monstre sans la moindre empathie. A-t-il seulement un cœur ? — T'es vraiment devenu le pire des connards Soobin, qu'il finit par articuler malgré sa gorge nouée et le cœur un peu plus serré. Il peut sentir toute volonté de se battre et le confronter le quitter d'un seul coup, drainé par l’échange. Flairant sans doute son moment de faiblesse, Soobin le repousse déjà, et Levi ne fait rien pour l'en empêcher, pensant que cet enfer allait finalement cesser, qu’il pourra rentrer au dortoir pour pleurer une dernière fois la fin de leur amitié. Mais face aux provocations, Levi ne peut que froncer des sourcils, ayant temporairement oublié la raison pour laquelle Soobin s'est empressé de l'enfermer dans ce cabanon miteux en premier lieu. Soudain plaqué contre un coin du mur, il se retrouve piégé entre la surface froide de la façade et le corps étonnamment robuste de son ami d’enfance. Les yeux écarquillés et le souffle court, il peut distinctement percevoir l'érection de son homologue pressée contre sa cuisse. — Qu’est-ce que tu-... ! Cri souffreteux arraché du bout des lèvres, surpris par les incisives raclant la peau sensible, de cette bouche impitoyable qui mordille, suçote, et punit. Les phalanges, agrippées aux épaules du coréen, dans une tentative de l'écarter, resserrent leur emprise presque douloureusement, chaque baiser alimentant un feu qui s'embrase entre ses reins. La petite voix raisonnable qui lui dirait de le frapper, de le repousser, n’est devenue qu'un murmure inaudible, dominée par des pensées plus impures reflétant tout ce qui ne va pas chez lui quand Soobin est concerné. Impossible de réfléchir avec cohérence lorsque l’objet de ses désirs est ainsi pressé contre lui. Pas alors qu’il l’a si souvent fantasmé, espéré. Il ne peut que pencher la tête sur le côté pour lui offrir son cou, avec le souhait désespéré que ça ne s’arrête jamais. Mais le froid lancinant qui lui transperce le dos, au travers du fin tissu, le fait remuer inconfortablement. — Soobin… Ah… O-on pourrait peut-être aller d-dans ma chambre…? Autant il n'est jamais contre les lieux insolites, autant ce n'est pas l'endroit qu’il aurait pu imaginer pour leur première fois. Mais Soobin n'a pas l'air de l'entendre de cette oreille, ou de l’entendre tout court. Sa main exerce une soudaine pression derrière sa nuque, le retournant sans douceur contre le mur. Il frissonne et jure au contact direct de sa peau contre la façade, reculant instinctivement pour y échapper. Il se heurte contre un torse inflexible qui l’en empêche, ses plaintes noyées par les mains brûlantes de Soobin explorant à la hâte sa peau dénudée. Il se mord la lèvre, les yeux voilés d’un désir qui ne fait que croître à mesure qu'il se rend compte que Soobin n'a pas l'air de plaisanter cette fois, infiltrant sa main à l'intérieur du pantalon pour venir pétrir ses fesses tendues. À l'ordre, les mains tremblantes de l'étudiant s'attèlent aussitôt à déboutonner le jean pour faciliter le déshabillage. La honte de capituler si facilement remplacée par une excitation comme il n'a jamais ressenti auparavant. Il suffit de savoir qu'il s'agit de Soobin pour que toute logique le quitte. Il suffit que ça soit lui pour qu'il se consume littéralement de désir.
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La bouche entrouverte et le sourcil arqué, l’homme peinait à accueillir l’air dans ses poumons de manière satisfaisante, ne s’autorisant à inspirer qu’au gré des gémissements de celui qui était prisonnier de ses bras. La chaleur lui montait aux joues, enflammant son épiderme, dilatant ses pupilles et il ne pouvait que se satisfaire d’avoir imposé l’autre face au mur, incapable de remarquer le trouble qui parcourait son visage, l’émotion qui déformait ses traits, comme s’il était celui qui avait toujours souhaité que leur relation prenne une tournure aussi dépravée. Lui qui ne s’était aventuré qu’entre les cuisses de quelques demoiselles, expériences parsemées entre l’époque du lycée et sa récente arrivée à l’université, il se sentait bien démuni, loin d’être un collectionneur, plutôt un amant régulier, adepte des fourreaux plutôt que des épées. Ses pairs ne l’avaient jamais intéressé, plutôt dégoûté à vrai dire, bien peu attiré par la virilité et les râles rauques, mais Levi semblait être l’exception et il s'affairait désormais à lui offrir un plaisir dont il ignorait encore les procédés.
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