two minutes left 'til midnight (franklin)

tw: plaisir solitaire.

Rues désertes lorsque tu emboites le pas pour sortir de l’établissement de restauration rapide. Un dernier signe de main à tes collègues avant de remettre correctement la capuche sur ta tête. Une vingtaine de minute de route, à pieds, te sépare de ton appartement et de ton lieu de travail, de quoi avoir le temps d’enfiler tes écouteurs et de sortir ton téléphone à l’écran fissuré par les nombreuses chutes qu’il a subit par ta faute, afin d’y regardé le dernier shonen à la mode ; le dernier épisode tant attendu. Le regard obnubilé par ce qu’il s’y passe et l’envie de ne parler à quiconque de toute façon, tu marches d’une allure plutôt rapide jusqu’à chez toi où ton petit frère t'attend. Même s'il est très tard, tu as déjà prévu de lui faire à manger en rentrant, comme habituellement. C'est d'ailleurs Franklin qui était de corvée pour le ménage aujourd'hui alors tu t'attends à n'avoir rien à faire ou presque en rentrant.

Les jambes courbaturées à force de rester debout mais aussi à cause de l'entraînement de volleyball d’hier soir, tu montes les escaliers qui mènent à votre colocation avec quelques plaintes à la bouche. Une fois arrivé, tu ranges tout ce qui te coupait au reste du monde, heureux d’être rentré, ayant hâte de retrouver ton petit frère malgré tout et de pouvoir lui parler.
“Oh, sérieusement…” Les chaussures enlevées dès la porte franchie, tu remarques déjà que celles de Franklin ne sont pas rangées à leur place, tu soupires en te demandant ce qu’il t’attend pour le reste de l’habitation. Presque même pas surpris de retrouver le même désordre que ce matin, tu allais t’affairer à ranger lorsque tu entends, venant de votre chambre commune, une voix masculine que tu ne connais pas, pas vraiment capable de déchiffrer ce qu’il s’y passe, la porte faisant barrage aux bruits intérieurs. Pourtant, bien déterminé à avoir des explications face à ce joyeux bordel persistant, tu te rends, bien agacé, en direction de la piaule.

“Franklin, tu peux m’ex…” Bien sûr, tu étais entré dans la pièce sans frapper, sans te douter une seconde le déranger durant son petit moment intime, les voix entendues plus tôt venaient de l’ordinateur portable. Franklin assis en face, en train de regarder tu-ne-sais-qui et faisant sa petite affaire, pas vraiment choqué par sa nudité mais plus par ce qu’il était en train de procurer à son corps, un petit cri s’échappe de ta bouche. “Mais tu fais quoi là ?”
Tu t’approches de lui en le poussant de sa chaise, l’incitant à se rhabiller au passage, essayant d’arrêter la vidéo en cours de diffusion sur l’écran de l’ordinateur.

“Putain mais c’est mon ordinateur en plus !” Tu appuies sur à peu près tous les boutons pour arrêter le spectacle mais rien n’y fait, n’ayant pas l’habitude de regarder ce genre de show, ni même de te masturber, essayer d’arrêter un live était tout nouveau pour toi, bien qu’impossible tu continues d’essayer jusqu’à ce que l’auteur de ladite vidéo montre des images bien perturbatrices pour tes yeux, tu préfères simplement fermer l’écran, idiot, tu aurais dû faire ça dès le départ.
“C’est ça que tu fais au lieu de ranger la baraque comme on avait dit ? Tu te fout de moi ?” C’était toujours le regret d’avoir accepté une colocation avec lui qui t’envahissait dans ces cas-là, même s’il y avait de bons côtés à habiter avec lui, notamment des intérêts pécunier, Franklin laissait surtout apparaître tous ses mauvais côtés en ta présence, comme si un démon avait pris possession du corps de ton petit frère, bien incapable de le raisonner, à deux doigts d’appeler un exorciste.

tw: plaisir solitaire, langage grossier.

Excité comme un gamin à l’idée d’avoir l’appartement rien que pour lui, le futur flic s’était jeté sur le canapé dès son arrivée, abandonnant ses chaussures sur le paillasson et ses clés sur le plan de travail, ignorant le meuble à chaussures et la panière du meuble d’entrée, dont son frère ne cessait de lui rappeler l’utilité. Les heures avaient défilé, mais il n’avait pas quitté son poste, absorbé par les compétitions de natation de la chaîne sportive, acceptant de se lever seulement pour cuire quelques nouilles instantanées ou pour des allers-retours au petit coin. Et sans la surveillance de son aîné, le jeune homme n’avait pas hésité à braver les interdits censés rendre la colocation plus agréable, ne se privant pas pour oublier le sous-verre obligatoire, ni pour reposer ses pieds sur la table basse.

“Déjà, soupira-t-il en réalisant que le soleil s’était déjà couché depuis un bon moment et que l’heure du retour de son frère se rapprochait dangereusement.”
Franklin se redressa enfin, prêt à entamer un petit coup de ménage qui ferait potentiellement illusion lorsque son téléphone vibra, signifiant le début d’une diffusion live. En parcourant son écran, il se mordit la lèvre, tiraillé entre ses responsabilités et son plaisir, décidant rapidement de céder au second plutôt que de subir le premier. Il avait déjà manqué la diffusion précédente, ce qui l’avait assez frustré pour ne pas rater celle-ci. Alors, culotté, il emprunta l’ordinateur portable de son aîné et s’installa sur le bureau de leur chambre, espérant faire sa petite affaire rapidement, juste à temps.
Face au spectacle, il glissa une main sur son entrejambe, réceptif au physique et aux soupirs du streamer qui usait d’un masque pour conserver son identité secrète. Il ne résista pas bien longtemps avant d’effectuer ses premiers virements, échangeant ses quelques économies pour des avantages émoustillants, le sexe dans une main, la carte bancaire dans l’autre. Encouragé par la voix chaude du tentateur, Franklin s’autorisait un certain montant de dépenses par session, avide d’être remarqué, d’être apprécié, d’être remercié.
“Encore toi, s’amusa l’apollon d’une voix tendre. Merci pour ta fidélité bigturtle99.”
Un sourire presque niais sur le visage, le cadet Reed gémissait devant l’écran, accompagnant les paroles obscènes de l’inconnu de ses plaintes rauques lorsque la porte de la chambre s’ouvrit à la volée. Surpris, l’étudiant écarquilla les yeux et se mit à rougir, sentant que la venue de sa jouissance venait d’être annulée à la vision de son frère. Dans un réflexe, il couvrit son entrejambe de ses mains, conscient que la vision de sa personne, nu comme un vers, n’était pas forcément plaisante pour son aîné.
“Putain Fin’ ! S’exclama-t-il en se voyant forcé à se redresser, attrapant rapidement son oreiller pour espérer l’utiliser tel un bouclier entre son érection et le regard inquisiteur de son colocataire. Mais tu peux pas toquer ? T’annoncer ?”
En voyant qu’il s’évertuait à tenter de couper la diffusion, Franklin tenta d’intervenir, en vain, constatant que dans la panique, son aîné restait sourd à ses explications. Gêné, il assista à la présentation du prochain objet que comptait s'insérer le streamer, conscient qu’il allait désormais avoir l’étiquette du pervers, du dégénéré de la famille, collée sur le front.
“À ton avis, rétorqua-t-il avec le peu de contenance qu’il lui restait, oubliant qu’il se faisait disputer en ayant toujours les fesses à l’air. J’me branle et alors ?”
Certes, son frère était dans son bon droit : Franklin avait absolument ignoré la pile de linge à plier, et même ce coup d’aspirateur bien nécessaire, mais il ne concevait pas de vivre sous les contraintes lorsqu’il payait tout autant sa part du loyer.
“Me regarde pas comme ça, ajouta-t-il en espérant, intérieurement, qu’il n’aborde pas le sujet du genre du streamer, lui qui n’avait ramené devant les parents Reed qu’une femme. Me fais pas croire que ça ne t’arrive jamais. Ah mais j’oubliais : notre bon Finnick ne s’abaisserait pas à ça, voyons, soupira-t-il en levant les yeux au ciel. C’est bon, tu vas pas crever si on fait pas la vaisselle pendant deux jours.”

Remonté, le grand brun tenta de s’extirper de la chambre, entamant quelques petits pas chassées maladroit en maintenant l’oreiller sur son intimité, mais la carrure de son aîné lui bloquait le passage dans l’exigu couloir.
“Bouge, aboya-t-il. Et te lance pas dans un discours pro-chasteté s’il te plaît, j’ai vraiment la flemme de t’écouter. J’suis même capable de t’en coller une si tu prononces le mot église, peu importe si papa et maman me désinvitent du prochain repas.”

tw: plaisir solitaire (masturbation), langage grossier, religion.

Peu importe dans quelle accoutrement se tenait Franklin face à toi ; ce n’était pas son corps que tu avais pris plein les mirettes mais bien celui de cet inconnu, dont tu avais bien eu de mal à faire disparaître la présence et même lorsque l’écran de l’ordinateur s’était éteint et que tout était redevenu calme ; les bribes de ce que tu venais de voir malgré toi réapparaissait toujours en trombes dans ta tête. Déplaisant souvenirs de qui allaient rester ancré dans ta caboche pendant certainement beaucoup de temps – Le regard qui pouvait en dire long, la moue qui se voulait dégoûter par la compréhension de ce qu’il se passait dans la pièce partagée. Si ton petit frère se masturbait, il le faisait de plus sur de vulgaires images d’hommes qui faisaient de leurs vertues objets de désirs et de convoitises, qui vendaient leurs corps à des assoiffés comme… Franklin ; le genre de vision d’horreur qui explose ton cerveau, qui te donne la gerbe, qui te donne envie de flanquer une raclée au plus jeune mais tu sais très bien que t’as plus le dessus depuis longtemps.

“On vit ensemble, tu savais très bien que j’allais pas tarder à rentrer, tu veux quoi, que je t’appelle avant, pour être sûr que t’es pas en train de forniquer avec je-ne-sais-qui ? Si tu veux de l'intimité tu te prends ton propre appart’ !” Dis-tu sur le ton de la colère ; bien entendu, après une bonne nuit de sommeil tu regretteras sans doute tes propos et tu lui diras qu’il pourra rester – Parce que t’aimes bien vivre avec Franklin finalement. Vous êtes proches, peut-être pas autant que les jumeaux, mais autant que deux frères qui s’aiment puissent l’être - y’a toujours eu des conflits entre vous, toujours. Les réconciliations se font cependant dans les heures qui suivent, peu importe d’où viennent les excuses, généralement les tiennes vont avec son plat préféré et un gentil massage de ses épaules… Mais là, c’était plus fort que toi, il fallait que la colère qui grondait, sorte.

“Tu me dégoûtes sérieusement, t’avais toujours l’après-midi pour faire ça sans que je m’en rende compte, pourquoi il a fallu que je te vois ? … Mais t’attends quoi pour te rhabiller sérieusement ?” Tu soupires, évitant tout de même de le regarder dans cette tenue ridicule de lui sur cette chaise, le coussin recouvrant cette entrejambe qui faisait l’objet de cette dispute. Alors qu’il aborde le sujet de la masturbation, un frisson parcourt ton échine – Non, en effet, tu n’avais jamais eu recours à ce genre de pratique interdite par la religion. “Je ne vois pas quelle satisfaction ça t’apporte de faire ce genre de chose.” Tu soupires, presque en même temps que lui, tous deux exaspérés par la situation grotesque, visiblement. “J’t’ai juste demandé de faire un p’tit coup de ménage pendant que je bossais – Je t’ai déjà dit que j’allais pas tout faire, j’te prépare déjà tous tes repas, j’suis pas ta femme Franklin. J’ai bien hâte que t’en trouve une, d’ailleurs.”
Impossible de ne pas le regarder alors qu’il se lève de la chaise pour fuir la chambre, les bras croisés tu restes immobile jusqu’à ce qu’il arrive enfin à ta hauteur. Tu lèves ton regard vers le sien et de ta main, le repousse pour qu’il recule face à toi, tu ne le feras pas bouger énormément – le petit frère étant une montagne de muscles face à toi ; mais c’était déjà bien assez pour le provoquer, ce dernier savait très bien ce qu’il faisait en ayant osé aborder le sujet de la religion ce soir. “Toi dégage, ne m'approche pas.” Les yeux dans les yeux, tu fronces les sourcils, pas vraiment prêt à te battre contre lui, mais tu feras tout pour défendre tes convictions, peu importe si tu en ressortais amoché ou avec quelques bleus de plus. “J’te demande juste d’avoir un peu de pudeur et de te respecter Franklin, faire ce genre de chose tu sais très bien où ça te mènera, en Enfer. Tu crois que les parents seraient heureux de l’savoir ? … Tu veux pas que j’en parle mais l’Eglise pourrait au moins te remettre sur le droit chemin.”

tw: plaisir solitaire, langage grossier.

Avalant difficilement sa salive, Franklin ne pouvait que regretter de s’être laissé aller à son petit moment de plaisir solitaire dans une tranche horaire aussi périlleuse. S’il ne regrettait pas son action, conscient d’être dans son droit, s’étant éloigné de la bien-pensance de l'Église depuis de nombreuses années, il déplorait, en revanche, de s’être fait surprendre à regarder un contenu aussi audacieux. Du divertissement érotique, plus conventionnel, il en regardait régulièrement, sans pour autant en faire une addiction, mais ce streamer très ouvert d’esprit - cet homme au torse dessiné, usant d’un masque qui lui donnait un air presque romanesque et de divers jouets pour satisfaire son audience - cela n’arrivait que certains jours bien spécifiques. Et il avait évidemment fallu que son frère débarque en cette soirée de diffusion, brisant son jardin secret et révélant ses préférences. Sa pansexualité n’avait jamais été un sujet auparavant, et puisqu’il n’avait pas sauté sur l’occasion pour l’annoncer lorsque Fawn avait fait son coming-out, ayant l’impression que cela aurait été bien trop à gérer pour le couple parental, cela était peu à peu devenu un non-sujet. Le cadet Reed ayant présenté une petite amie par le passé, sans préciser que celle-ci était née homme, personne n’avait soupçonné que ce bon petit flic ne soit intéressé par un autre genre.

En réalité, le jeune homme n’avait simplement pas vu l’heure passer, bien trop préoccupé par son visionnage. Il s’était laissé surprendre, imaginant qu’en entendant les évidents bruits suspects, son aîné serait resté quelques minutes dans le salon, faisant du bruit, histoire de faire remarquer sa présence, afin d’éviter un moment aussi gênant. Seulement, dans ce scénario de cohabitation exemplaire, Franklin semblait avoir oublié que son frère ne possédait pas, semble-t-il, certains codes et certaines connaissances sur l’intimité et la sexualité.
“Forniquer, carrément, articula-t-il entre le rire et la lassitude. J’ai jamais ramené personne ici, n’abuses pas, pousse pas le bouchon trop loin Fin’ !”
Telle une mise en garde pour qu’il n’utilise pas des mots trop forts, il ne quitta pas les prunelles de son aîné, le regard noir et intense, imperméable à sa tentative de le faire se remettre en question. Les phrases pré-fabriquées, les idéaux inculqués, les peurs imprégnées, tout semblait transpirer des pores de son colocataire qui avait bien appris sa leçon, véritable pantin. Pour autant, il ne pouvait pas tellement lui en vouloir, presque forcé de lui pardonner sa fermeture d'esprit, conscient que c’était ainsi qu’il avait trouvé la paix lorsqu’ils avaient perdu la petite dernière de la fratrie.
“Il n'y a pas de stream dans l’aprèm, gros malin, râla-t-il en tentant de minimiser ses insultes pour apaiser la situation. Sinon, crois-moi bien que j’aurais fait ça sur le canapé carrément.”
Du regard, il chercha ses vêtements avant de se souvenir qu’il avait tout déposé dans le bac du linge à laver, persuadé d’avoir le temps de faire sa petite affaire, puis de filer sous la douche avant le retour de l’employé polyvalent.
“J’aimerais bien m’habiller ouais, mais t’es dans le passage, couillon.”
Face à la légère bousculade, le jeune homme serra la mâchoire, tentant de se contenir du mieux possible. S’il n’était pas quelqu’un de bien méchant, il commençait toutefois à prendre l’habitude de régler ses problèmes à l’aide de ses poings, au fur et à mesure qu’il passait ses nuits dehors, à nettoyer les rues d’Oceanside d’une manière pas si légale. Apaisé par une grande inspiration, il se contenta de lui rendre la pareille par un léger coup d’épaule afin de dégager le passage jusqu’à la salle de bains. Franklin y noua une serviette autour de sa taille, avant de revenir à la charge, avec la désagréable sensation de ne pas en avoir totalement terminé cette discussion.

“C’est bon, ferme-la, j’vais nettoyer, grommela-t-il en se dirigeant vers la vaisselle, sans pour autant mettre un terme à leur échange - l’appartement étant si petit qu’ils pouvaient parfois continuer leurs débats entre les pièces. Tu sais quoi, on va faire un deal, lança-t-il en le pointant du doigt de son gant de ménage, son malaise envolé depuis qu’il était couvert et libre de ses mouvements. J’vais venir à l’église avec toi ce dimanche, j’vais être bien sage, j’vais même pas insulter le prêtre, promis. Et en contrepartie, toi, tu vas te branler, dès que j’irais bosser. Tu vas secouer ton petit asticot, Finnick, j’suis très sérieux.”
Même si cela n’était pas réellement sa place de frère, l’étudiant se sentait le devoir de remuer son aîné une bonne fois pour toutes.
“Tu verras, c’est plutôt au paradis que ça t’emmènera.”