topic commun -- the flower fields.

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Elle a décidé de quitter sa grotte. Sa galerie. Celle où elle passe tout son temps, toute sa vie. Elle s’y donne corps et âme, Noela. Peut-être un peu trop d’elle-même, en tout cas. Jusqu’à en oublier les autres choses qui comptent, parfois. Négliger jusqu’à son mariage. Mais aujourd’hui, elle n’est pas à la galerie. Aujourd'hui, elle ne travaille pas - même si elle reste scotchée à son téléphone, incapable de décrocher vraiment. Elle aurait voulu profiter de cette belle journée ensoleillée, pour passer du temps avec Al. Mais il n’était pas là, pas disponible. Ce sera pour une prochaine fois. Tant pis – elle avait entendu parler du retour des animations de printemps à Oceanside, et elle entendait bien en profiter, la brune.  

Ce sont les champs de fleurs qui ont eu son cœur. Et de loin. Elle n’aurait pas su se laisser convaincre pour la balade en pleine nature – pas envie non plus de se retrouver dans la foule au marché aux fleurs. Mais dans les champs, il y a tout l’espace dont elle a besoin – elle qui n’aime pas être oppressée, entourée de trop de monde. Elle qui aime être seule, la tête perdue dans ses pensées. C'est encore le cas, maintenant : distraite, ses lunettes de soleil sur le nez, elle contemple les allées de fleurs de toutes les couleurs, prenant quelques photos avec son téléphone. En envoyant même une à son mari, non pas pour lui montrer ce qu’il manque – plutôt pour avoir encore l’impression de partager quelque chose avec qui. Ils ne font que se croiser en permanence. Puis, coupant court à ses pensées – douloureuses –, elle se détourne soudainement, histoire d’aller découvrir les divers workshops proposés. Sauf que, perdue dans la Lune comme elle l’était, elle ne voit pas la personne qui marchait derrière elle, qu’elle manque de percuter, se retrouvant nez-à-nez avec elle. « Oh, excusez-moi. » laisse-t-elle échapper, quoique passablement agacée. N’aime pas que l’on soit dans ses pattes. Surtout pas quand elle croyait avoir tant d’espace. Mais elle sait admettre ses torts, tout de même. Elle était distraite, le nez en l’air. Les pensées dans tous les sens. Elle se retourne alors, aperçoit un homme en fauteuil. Se sent stupide, l'agacement s'envole. « Je ne vous avais pas vu. » Non, de toute évidence. Trop à l’ouest pour cela. « Vous avez besoin d'aide ? » demande-t-elle alors, fronçant les sourcils. C'est qu'il a l'air contrarié par quelque chose - peut-être est-ce de sa faute à elle ?

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Il n’était pas spécialement fan de fleurs, Oz. C’était beau, mais ses connaissances sur le sujet étaient clairement limitées. Capable de faire la différence entre une rose et un lilas. Pas certain de la faire entre un rhododendron et un myosotis. Connaissait les noms, pas ce à quoi ça ressemblait. Mais il fallait qu’il sorte et d’après l’une de ses amies, y avait rien de mieux qu’un air printanier pour se sentir mieux. Alors elle avait décidé de l'emmener jusqu’à un ranch. Il fallait quand même admettre que l’air de la nature avait quelque chose d’appréciable. Il aimait ça, la nature, le grand air. Partir en randonnée, campé au milieu de nulle part. C’était vivifiant. Et pas demain la veille qu’il se lancerait dans une grande randonnée. Cloué dans un fauteuil, parce que ses jambes étaient encore trop faibles pour le maintenir debout. Quand il parvenait à faire trois pas avant de s’effondrer, en séance de rééducation, c’était une grande victoire. Pitoyable et agaçant, d’après lui. Mais il fallait prendre son mal en patience.

Son amie était finalement partie en vadrouille, un peu plus loin. Il lui avait assuré qu’il pouvait s’en sortir, qu’il allait jeter un coup d'œil aux différents workshops et qu’ils n’auront qu’à se retrouver un peu plus tard. Peut-être qu’il pourrait trouver un truc sympa à ramener. Il n’y connaissait rien en fleurs, ça ne l’empêchait pas de trouver ça joli. Ce serait sa touche perso dans l’appartement qu’il partageait avec Yeliz. Il s’était engagé à payer le loyer, mais n’était pas vraiment chez lui, se disant qu’il allait finir par retrouver sa péniche, alors autant ne pas trop s’installer. Quelques fleurs, ce serait parfait, aussi éphémère que son passage dans cet appartement. Il s’était avancé dans une allée s’arrêtant pour regarder son téléphone qui venait de sonner. Message auquel il répondit rapidement avant de malencontreusement lâcher son téléphone par terre. La poisse. Il avait beau essayer de se baisser, impossible de ramasser ce fichu téléphone. Il n’avait même pas remarqué que la fille devant lui s’était retournée, juste occupé à tendre le bras pour rien. « Hm ? » Il lança en relevant la tête alors que la femme en question s’excusait sans qu’il ne comprenne vraiment pourquoi. « Bah ça arrive souvent bizarrement. » Pauvre gars en fauteuil qu’on ne remarquait pas. C’était temporaire, bientôt il tiendrait sur ses jambes et ce serait derrière lui, cette histoire. « Non, non, j’ai fait tomber mon téléphone, mais ça va aller. » Ou pas, mais les poules auront des dents avant qu’il admette avoir besoin d’aide. Il fallait juste qu’il fasse un pas devant lui, se lève, se baisse et attrape ce foutu téléphone, pas compliqué, en théorie. Impossible en pratique. Il avait à peine levé la jambe que la douleur le rappela à l’ordre, lui arrachant une grimace et un léger grognement. Mais il allait bien finir par y arriver, il fallait qu’il y arrive.

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C'est un joli événement, dans le fond. Elle n’est pas mécontente d’être venue ici, Noela, même seule. Même si elle est, comme trop souvent, perdue dans ses pensées. Elle n’arrive pas à le regretter – parfois, ses pensées sont mille fois plus confortables que la réalité. Elle est comme cela, Noela. Elle l’a toujours été. Elle aurait pu ne pas venir alors, rester dans son coin. Mais parfois, elle s’efforce de sortir de sa zone de confort – car, après tout, ce festival du printemps lui plaît beaucoup trop pour ne pas y jeter un œil, y passer une tête. Peut-être qu’elle aurait pu proposer à Majolica, pour ce coup-là, Noela. Ç'aurait été l’occasion de passer un moment entre sœurs, de se rattraper un peu – si seulement elle le peut. Elle a beau ne pas le montrer, elle s’en veut. Tient à sa demi-sœur, même si elle ne l’exprime pas assez.

Tant pis.
Elle est venue seule, Noela. Et elle erre, sans trop savoir que faire, ni où aller. Il faudrait se lier aux autres, faire un effort. On dirait presque, là, comme cela, qu’elle n’est pas si sociable. Elle l’est, pourtant. Mais elle aime aussi être seule, elle en a aussi besoin, la brune. Parfois, elle aime sincèrement passer du temps avec les autres, mais ses pensées sont juste trop obsédantes. La voilà qui se fait avoir par ces dernières, encore une fois. Elle n’a pas fait attention au monde qui l’entourait, continuait de tourner. Elle n’a pas vu cet homme, dans son fauteuil. S'en veut maintenant. D'avoir été distraite, d’avoir été ailleurs. « Je suis vraiment confuse. » s’empresse-t-elle d’ajouter, alors qu’il répond que cela arrive souvent. Elle se sent bête, elle se sent terrible aussi. Elle lui demande s’il a besoin de quelque chose, parce qu’il a l’air un peu contrarié – pas forcément par elle, cela dit. Non, c’est comme si quelque chose le turlupinait. Il lui explique justement avoir fait tomber son téléphone, mais assure que cela va aller. Il semble essayer de faire de son mieux pour l’attraper, semble même prêt à tenter de se lever, mais grimace. « Attendez. » fait-elle, doucement. Elle s’avance, s’acroupit et attrape le téléphone avant de le lui tendre. « Ne vous faites pas mal. » Parce qu’il a l’air de souffrir. Elle l’a vu à sa tête, elle l’a entendu au grognement qu’il a poussé.

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Ça lui faisait du bien de sortir. Lui qui n’était pas particulièrement casanier, il finirait fou, s’il devait passer ses journées enfermé dans un appartement. Il ne pouvait déjà pas bouger autant qu’il le voudrait, alors pas question de rester cloîtré entre quatre murs. Les champs de fleurs, ce n’était pas forcément sa grande passion, quoi qu’il trouvait ça très beau, toutes ces couleurs qui se mélangeaient. Mais l’air frais et pur du printemps ne faisait pas de mal, bien au contraire. Il avait fini par se retrouver seul, amie partie en vadrouille un peu plus loin et lui qui estimait qu’il n’avait, de toute façon, pas besoin qu’on soit toujours sur son dos. Il était blessé, c’était une évidence qu’il ne pouvait pas nier. Et oui, lesdites blessures rendaient son quotidien compliqué, mais il refusait que tout le monde soit soudainement aux petits soins pour lui. Il était grand et il tenait à se débrouiller tout seul. Il détestait cette impression d’aspirer de la pitié aux autres. Alors il se débrouillait tout seul et c’était très bien comme ça.

En principe, en tout cas. Parce qu’avec son téléphone par terre, il ne savait pas trop comment s’y prendre. S’il avait été sur le canapé dans le salon, ça aurait été jouable, mais dans ce foutu fauteuil, c’était un peu plus compliqué. Y avait cette fille qui s’était retournée et qui ne l’avait pas vu ; pas grave, il n’allait pas en faire un drame. Pas du genre à mettre en avant ses problèmes, bien au contraire. « Pas grave. » Il se contenta de répondre, dans un haussement d’épaules. Il lui expliqua quand même qu’il avait fait tomber son téléphone, histoire qu’elle ne pense pas qu’il était contrarié à cause d’elle. Non, c’était juste qu’il n’arrivait pas à attraper son téléphone et ça le faisait chier. Il voulu essayer de se lever, juste quelques secondes pour attraper l'objet, ça devait être jouable. Mais la douleur provoquée par le mouvement le rappela rapidement à l’ordre. La brune en face de lui avait fini par se pencher pour le lui attraper. Il était bien tenté de lancer qu’il n’avait rien demandé. Mais il serra les mâchoires pour retenir la réflexion entre ses dents. Pas la peine de se prendre la tête avec une inconnue, il avait déjà Yeliz pour ça, tous les jours, c’était largement suffisant. Il attrapa son téléphone qu’elle lui tendait. Il desserra les mâchoires pour lui adresser un sourire poli, peut-être un peu crispé. « Merci. » Toujours difficile de remercier les gens qui jouaient aux héros pour lui, alors qu’il pouvait se débrouiller seul. Il était poli, pas toujours un connard fini - malgré ce que devait en penser sa colocataire. « Il aurait fallu me dire ça avant que je me prenne une bombe dans les pattes. » Il lâcha, sur le ton de l’humour, alors qu’elle lui avait dit de ne pas se faire mal. D’une certaine façon, c’était un peu tard pour lui dire ça, malheureusement. « Désolé, c’est pas très drôle, finalement. » C’était trop tôt pour ce genre de blague, même pour lui qui essayait de relativiser la situation. Et pour cette fille qu’il ne connaissait absolument pas, les détails n’étaient clairement pas nécessaires.

tw : explosion (passée).

Peut-être qu'elle aurait pu proposer à Majolica de venir ici avec elle. Peut-être que ç'aurait pu être l'occasion de passer un moment ensemble, d'arranger les choses, de rattraper le temps perdu. De se rattraper surtout elle-même au passage. Parce qu'elle n'est pas une sœur idéale. Ni une épouse. Peut-être trop solitaire, peut-être trop dans sa bulle. Elle est sociable pourtant, Noela. Mais elle a ses moments de solitude, où elle se recentre, reprend des forces. Se perd dans ses pensées, son imaginaire. C'est aussi qu'elle a toujours beaucoup en tête, notamment avec la galerie. Alors oui, aujourd'hui, elle aurait sans doute pu trouver quelqu'un avec qui passer du temps ici, puisqu'elle prend du temps hors de la galerie. Mais elle ne l'a pas fait, Noela. Peut-être parce que, depuis un an, elle a l'esprit trop perturbé, depuis Joan. Depuis sa tromperie. N'a depuis pas la conscience tranquille. Alors elle s'exile peut-être un peu des autres. S'enfonce dans sa culpabilité.

Et ne fait pas attention au monde qui peut l'entourer.
Cet homme en est la preuve. Elle n'a pas fait attention, se trouve tout à coup égoïste. Et si parfois, elle semble s'en ficher, ce n'est pas toujours le cas. Là, elle était perdue dans ses pensées, alors elle est comme désorientée. Au moins, elle peut aider l'homme à récupérer son téléphone qu'il a fait tomber. Elle le lui tend, il la remercie, et peut-être qu'elle aurait dû se taire, quand elle lui dit de ne pas se faire mal en essayant de récupérer le téléphone. Elle ne s'attendait pas à la suite, en tout cas, Noela. Se sent mal à l'aise, à présent. « Je... désolée. » Que peut-elle dire d'autre ? Elle se sent bête, puis nulle. Tout le monde doit lui dire cela, je suis désolé. L'homme lui dit désolé à son tour, pourtant, que ce n'est pas drôle. « Non, c'est rien. » tient-elle à le rassurer. « Vous êtes militaire ? » qu'elle demande alors. Cela ne la regarde pas. Il n'est pas obligé d'en parler, ne lui doit rien. « Vous n'êtes pas obligé de répondre. » Elle ne veut pas le mettre mal à l'aise, ni paraître intrusive ou trop curieuse. Ce n'est même pas son genre, en réalité, à Noela.

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Sortir n’était définitivement pas une mauvaise chose. Il en avait besoin Ozan. Plus il passait de temps enfermé dans l’appartement qu’il partageait avec Yeliz, plus il avait l’impression qu’il allait finir par devenir complètement fou. Il avait l’impression d’être comme un lion en cage, à tourner sur lui-même et à ne pas savoir quoi faire de ses dix doigts. C’était compliqué pour quelqu’un comme lui, qui globalement avait toujours été quelqu’un de très actif. Il aimait sortir, bouger, faire du sport, voyager, découvrir de nouveaux paysages. Mais avec ses blessures, les mouvements étaient limités. Il ne pouvait pas aller courir, se lancer dans une longue randonnée ou aller faire un peu de surf. Non, il était coincé dans un fauteuil roulant, ne savait même pas quand est-ce qu’il pourrait recommencer à marcher sur ses deux jambes. Ne voulait même pas envisager l’option selon laquelle il ne pourrait jamais remarcher. Dans tous les cas, pour le moment, il était coincé dans ce fauteuil. Alors tout ce qu’il pouvait faire, c’était ce genre de petites sorties. Un champ de fleurs, pas forcément le truc le plus passionnant du monde, mais ça lui donnait une bonne raison de quitter l’appartement, alors quand on lui avait proposé, il n’avait pas fait la fine bouche et il avait accepté.

Alors il était là, le brun, il avait fait son petit tour, avant de laisser tomber son téléphone, comme un idiot. Il ne pouvait pas le ramasser tout seul. Une situation qui avait tendance à le rendre fou. Il n’aimait pas le fait de ne pas pouvoir se débrouiller seul, surtout pour ce genre de petites choses. Il y avait une jeune femme qui le lui avait ramassé. Il s’était montré poli, la remerciant plutôt que de râler. Elle était sympa et n’était pas censée savoir qu’il détestait qu’on l’aide. Il ne pouvait s’en vouloir qu’à lui-même, de toute façon, il avait qu’à faire plus attention à ses affaires. Maintenant, il avait récupéré son téléphone. Il aurait mieux fait de tracer son chemin maintenant, mais il avait fallu qu’il se lance dans une blague un peu foireuse sur la bombe qu’il s’était pris. « Oui, je suis militaire. » Il répondit à la question de la brune. Il n’avait pas de mal à parler de son métier, au contraire, il en était très fier, le brun. Ce métier lui avait donné un but dans la vie.  « C’est pas plus mal d’en parler, maintenant que j’ai fait cette blague, mieux vaut la justifier. » Elle était nulle sa blague, c’était un fait. Mais mieux valait l’expliquer plutôt qu’elle s’imagine qu’il était un taré qui construisait des bombes dans son sous-sol. Non, c’était bien sur le terrain qu’il s’était blessé. « Ozan. Marine, première division. » Il précisa, comme si c’était nécessaire. Pas certain qu’elle en ait grand chose à faire. Mais c’était un bon moyen de faire la conversation et c’était quelque chose qu’il aimait faire dans le fond, Ozan, rencontrer du monde. Pas le truc le plus facile à faire, enfermé dans un appartement.

tw : explosion (passée).

Elle n’est pas la personne la plus sociable au monde, Noela. Du moins, au fond. Parce qu’elle a appris à faire semblant. Appris à donner l’illusion. C'est important dans son milieu, important surtout pour son réseau. Il faut savoir faire la discussion, lancer et entretenir le fameux small talk. Il faut savoir être sympa, souriante, attrayante, poser des questions, se montrer intéresser, et tisser des liens, même s’ils sont superficiels. Cela fait partie du package. En tout cas, si elle veut réussir, si elle veut que sa galerie fonctionne, si elle veut qu’on en parle, qu’on y vienne, qu’elle devienne the place to be en matière d’art, à Oceanside. Car ici, la concurrence est rude. Des galeries d’art, dans le coin, il y en a des tonnes – surtout le long des quais, d’ailleurs. Là où la vue est plus belle. Elle fait des efforts, donc, Noela. Mais au fond d’elle, elle préfère toujours être seule. Comme pour recharger ses batteries.

Elle était seule, jusqu’à ce qu’elle manque de bousculer cet homme. Elle n’y avait pas fait attention, s’étant perdue dans ses pensées. S'en veut de ne pas avoir fait attention, désormais. De s’être engouffrée si profondément dans les méandres de son esprit. Elle attrape son téléphone pour l’aider, au moins. Même s’il ne lui a rien demandé, dans les faits. Elle se sent un peu mal à l’aise, maintenant. Craint d’avoir dit ou fait quelque chose qu’il ne fallait pas. Elle s’empresse de le rassurer quand il s’excuse de sa blague. Et la voilà qui ose lui poser une question peut-être indiscrète, précisant bientôt qu’il n’est pas obligé de répondre. Encore heureux. « Disons que je comprends mieux à quoi vous faites allusion, maintenant. » tente-t-elle vaguement de plaisanter, en grimaçant. C'est terrible, ce qu’il semble lui être arrivé. Mieux vaut peut-être ne pas imaginer. « Enchantée, Ozan. » Elle le pense, sincèrement. Pour une fois, elle ne se sent pas hypocrite, elle n’a pas l’impression de se forcer à sympathiser, Noela. Elle qui n’a pourtant pas un tempérament si facile que cela. « Noela, galeriste. Rien d’extraordinaire. » se présente-t-elle. Elle hausse les épaules. Elle n’a pas fait l’armée, ni les marines. « Qu’est-ce qui vous amène ici, vous ? » S’est-il fait lâcher ? Est-il venu seul, comme elle ? Se demande-t-il ce qu’il fait là ? Elle, elle se le demande un peu, il faut avouer. Seule, son esprit repart trop facilement divaguer.