should probably not ༶ w/noela.

tw: mention d'infidélité.

Tu ne devrais pas, Joan. Tu devrais reprendre le dessus sur cette décision du cœur. Faire comprendre à ton cerveau qu’il envoie à tes pieds de faire demi-tour. Mais étrangement, c’est plus fort que toi. Tu n’y arrives pas. Tes pas continuent de se diriger vers cette galerie d’art. Tu as fait tes recherches, après ces retrouvailles à la plage. Et ça aussi, ç’a été plus fort que toi. Tout comme le fait que Noela, elle soit constamment dans ta tête, depuis cette matinée. Tu vois son visage dès que tu fermes les yeux. Tu penses à elle lorsque tu sens son parfum sur quelqu’un d’autre. Et ton cœur, il s’emballe pour elle à chacune de tes pensées. Tu as voulu en savoir plus sur elle et tu as découvert où se cachait sa galerie. Tu es tombée, aussi, sur une photo d' elle. Et son mari. Que tu présumes. Ca aussi, ça t’a fait mal, Joan. Noela qui est mariée. Qui ne t’a rien dit pendant des jours alors que vous échangiez plus que de simples baisers. Toi qui t’es laissée avoir. Qui t’es donnée à elle sans penser aux conséquences. Noela qui t’a frappée en plein cœur comme il y a plusieurs années. Noela qui a été tienne l’espace de quelques jours avant que la vérité n’éclate.
Et tout se mélange dans ta tête maintenant. Parce que Noela est réapparue dans ta vie il y a quelques semaines. Confrontation qui a terminé sous un échec. T’as pas mâché tes mots, Joan ce jour-là. Tu as été froide et méchante envers Noela. Mais elle le mérite, selon toi. Cependant, tu n’as pas pu t’empêcher à la chercher sur le Net. À savoir ce qu’elle était devenue. C’est comme ça que tu as trouvé sa galerie. C’est pour ça, que tes pas, actuellement, te mènent jusque là.

Pour faire quoi ? Tu ne sais pas. Tu n’as rien de plus à lui dire, à Noela. Elle t’a assez fait de mal comme ça. Tu le fais. Mais c’est plus fort que toi. Et plus tes pas te mènent à sa galerie, plus ton cœur se serre dans ta poitrine. Tu as envie de la revoir, Noela. Tu en as besoin. Elle t’obsède, t’omnibules. De jour comme de lui. Tu ne l’aimes pas, pourtant. Tu en es persuadée, de ça. Plus après ce qu’elle t’a fait. Ton cœur, il est assez brisé comme ça. Tu pousses un long soupir. Il est tard. Peut-être que finalement, elle ne sera pas là Noela et ça pourrait être une bonne excuse pour faire demi-tour. Finalement, tu arrives bien trop vite devant les vitres de l'établissement. Tu souffles. Comme pour prendre ton courage à deux mains. Ta main se pose sur la poignée et tu pousses la porte, rentrant dans ce lieu la peur au ventre. Sors d’ici, Joan. Tu n’as pas à être là.

Tu t’avances malgré tout dans la pénombre. Pièce éclairée seulement par la lumière sortant d’une petite pièce au bout de la pièce. Tu ne dis rien. Avance telle une voleuse dans la nuit. Tes yeux regardent les différentes œuvres. Elle a du talent, Noela. Du talent pour trouver des œuvres et des artistes exceptionnels. Elle a l’œil. Le feeling. Mais ça, ça ne t’étonne pas. Tes yeux se posent d’un coup sur la porte légèrement entre ouverte. Car tu entends du bruit. Est-ce elle ? Ou a-t-elle des employés ? Tu ne sais pas, Joan. Tu prends une profonde respiration et tu arrives enfin à cette petite porte. Tes talons claquent sur le carrelage et tu finis par ouvrir la porte face à toi, la laissant se fermer, sans savoir l’erreur que tu fais, derrière toi.

— Il y a quelqu’un ? Que tu lances alors que tu es maintenant en pleine lumière, regardant cette arrière-boutique de gauche à droite. Et finalement, elle sort de l’ombre Noela. Ton cœur s’emballe. Ton regard se pose sur elle. Tu n’aurais pas dû, Joan..

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C'est encore une journée chargée.
Ce sont toujours des journées chargées. C'est ce qu’elle préfère, Noela. Peut-être pour ne pas avoir à penser. Pour ne pas avoir sans doute à s’interroger. Ni à penser à ce qu’elle a fait. À ce qui continue de la hanter. Pour ne pas avoir, certainement, à remettre l’ensemble de sa vie en question. Et puis, bien sûr, c’est aussi qu’elle aime ce qu’elle fait, passionnément. Oui, c’est un métier passion. Un métier qu’elle a pu réaliser, en grande partie, grâce à Al, aussi. Parfois, cette idée nourrit ses insécurités. Elle a l’impression, au fond, de n’avoir aucun mérite, de ne rien se devoir, à elle-même. Elle a l’impression qu’elle ne doit tout cela qu’à son mariage, et cela donne un peu trop raison à son goût à ses beaux-parents. Et elle déteste cela, Noela. Parce que ce n’est pas pour cela qu’elle a épousé Aldwin. Pourtant, elle a l’impression de devenir ce cliché qu’ils croient qu’elle est. À devenir dépendante, à devoir son succès à un homme. À ne plus être rien, s’ils ne sont plus mariés. Elle déteste cela. C'est contraire à tous ses principes. Mais parfois, oui, Noela, elle a l’impression de ne plus être capable de rien, seule. De n’avoir aucun mérite. Aucune raison d’être fière. Cela lui arrive même à elle, pourtant d’apparence si assurée, confiante, inébranlable. Elle a ses insécurités, elle a ses maux, elle a ses failles.
Même si on ne dirait pas, à la voir, comme cela.

C'est encore une journée chargée.
Ou c’est elle, Noela, qui a fait en sorte que cela le soit. À présent, il est tard. Ses employés sont depuis longtemps partis, sauf une, qui doit préparer la fermeture de la galerie. Mais elle, Noela, elle reste. Elle, elle s’attarde. De toute façon, elle sait qu’Al l’est aussi. Qu'ils ne passeront pas la soirée ensemble, chacun monopolisé par ses propres responsabilités. Celles de son mari sont bien plus importantes que les siennes – il est, après tout, à la tête d’un grand groupe journalistique. Est-ce cela, qui a eu raison d’eux ? Leurs carrières respectives ? Ou bien, est-ce autre chose ? Elle ne veut pas y penser, Noela. Non, elle n’est pas là pour cela. Elle a des choses à terminer. Ou, peut-être a-t-elle besoin, de se retrouver seule avec ses pensées.
Elle est perdue là-dedans, à présent. N'arrive plus à se concentrer sur ce qu’elle fait. Cela l’énerve, Noela. Elle n’a pas l’impression d’avancer, dans ces moments-là. Et il n’y a rien qui la frustre plus. Pourtant, perdue dans ses papiers, il y a tout un coup un bruit qui vient l’en tirer, l’en éloigner. Des bruits de pas. Une voix qui porte vaguement, alors que la porte de l’arrière-boutique s’ouvre. Noela se retourne, étonnée. Plus étonnée encore, quand elle la reconnaît. « Joan ? » ne peut-elle retenir, véritablement surprise. Elle ne l’a pas revue, depuis ce matin-là, où elle l’a croisée à la plage, par hasard. C'était il y a des mois. Elle sait, depuis, qu’elle est à Oceanside. Mais elle n’a pas eu l’occasion de la revoir, n’a pas essayé de le faire. Elle se souvient beaucoup trop bien comment cela s’est terminé, la dernière fois. « Qu’est-ce que tu fais là ? » Elle ne peut pas poser d’autre question, que celle-là. Elle ne sait pas ce qu’elle fait là, Joan, dans sa galerie, encore moins dans l’arrière-boutique, alors qu’aux dernières nouvelles, elle la détestait.

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(outfit) Boule au ventre qui se fait de plus en plus prononcer. Tu fais une erreur. Mais il est trop tard. Tu ne peux plus faire demi-tour Joan. Tu as mis un pied dans cette galerie d'art et tu n'aurais pas dû. Tu le sais. Tu as été franche, pourtant, la dernière fois. Tu as été claire. Tu lui en veux, tu le lui as bien fait comprendre. Alors pourquoi tu es ici ? Pourquoi tu as fait tout ce trajet pour venir jusqu'à sa galerie ? Pourquoi tu as fait toutes ses recherches sur elle pour en savoir plus ? Tu ne sais pas. Tu ne sais l'expliquer. Si Kalen venait à l'apprendre, tu sais qu'il t'engueulerait. Qu'il te demanderait pourquoi. Qu'il te taperait sur les doigts. Et il aurait raison, de le faire. Sauf que la seule chose que tu pourrais lui répondre, c'est un je ne sais pas. Car non, tu ne sais pas pourquoi tu as fait tout ça. Mais tu es ici maintenant. Il est tard. Tu aurais espéré au fond de toi qu'elle soit fermée, la galerie. Mais ça n'a pas été le cas. Tu as su pousser la porte et tu t'es engouffrée dans cet endroit aux lumières éteintes. Sauf celles du fond. Alors c'est le cœur tambourinant dans ta poitrine que tu t'es approchée de la petite porte, Joan. Et pendant tout ce temps, tu n'as cessé de te dire que c'était une erreur. Que tu ne devais pas être là. Qu'il fallait que tu fasses demi-tour, car après tout, tu la détestes, Noela. Elle t'a menti. Faite du mal. Brisé le cœur. Noela elle est mariée. À un homme. Et elle semble heureuse. C'est ce que tu en as déduit en voyant toutes ces photos d'elle et lui lors de l'ouverture de sa galerie. Elle était souriante sur les photos Noela. Elle était belle, surtout. Tu as laissé ton regard sur cette photo pendant plusieurs secondes. Tu ne pouvais pas fermer cet onglet. Tu y étais incapable. Car même si la douleur était bien trop vive en toi, tu l'admirais. Tu repensais à ces quelques jours à ses côtés. Pour Noela, tu as ressenti bien des choses que tu n'avais jamais ressenties auparavant et c'est bien ça le problème. C'est ça, finalement, qui t'a fait venir jusqu'ici. Parce que la revoir la dernière fois sur la plage t'a rempli de haine, mais ça t'a aussi fait comprendre que pendant tout ce temps, elle t'avait manqué, Noela.

Alors maintenant tu es là. Dans son espace à elle. Tes talons claquent sur le sol à chacun de tes pas et ton cœur se serre. Tu finis par arriver dans cette petite pièce où sur la porte, il est écrit privé. Tu pousses délicatement la porte et ta voix se fait entendre. Pourtant, personne ne répond. Le seul bruit que tu entends, c'est la porte se fermer dans ton dos alors que Noela, elle finit par arriver face à toi. Tu te sens prise au piège Joan. Ton cœur s'emballe et ta main attrape la lanière de ton sac à main pendant à ton épaule. Tu la serres un peu plus entre tes doigts.

— Je ... Rien d'autre ne sort de ta bouche. Tu es là, debout, pétriffiée, face à Noela qui te regarde, le regard remplis de questions. Tu prends une profonde respiration avant de finalement continuer. — Rien, c'était une erreur, désolée. Tu te retournes vivement et tu attrapes la poignée d'une main vive. Sauf que la porte, elle ne s'ouvre pas. Tu tires, la pousse, aussi. Mais rien. Bloquée. Merde, c'est pas vrai.. Tu as l'air débile, maintenant, Joan.

— C'est normal, ça ? Que tu finis par demander à Noela, sans même te retourner. Tu as besoin de sortir de cette pièce. Tu as envie de prendre tes jambes à ton cou et de partir bien là, parce que oui, c'était bel et bien une erreur de venir jusqu'ici. À croire que le destin se joue de vous, maintenant. Tu pousses un long soupir et glisses une mèche de cheveux derrière ton oreille avant de finalement te retourner pour lui faire face à nouveau.
— J'étais curieuse de voir ... ta galerie. Car toi aussi, tu aimes l'art. Mais cette excuse n'est pas plausible. Il est tard. Bien trop tard que pour se rendre dans une galerie d'art. Peut-être même qu'elle devrait être fermée, à cette heure-ci, normalement. Mais Noela est toujours là. Tu n'es pas vraiment crédible, Joan. Mais tu n'as pas envie de lui dire que finalement, tu es là pour elle. Oh non. Elle ne le mérite pas. Elle ne mérite pas que tu te sois déplacée pour elle, car tu la détestes. C'est ce que tu lui as fait comprendre la dernière fois, pourtant, non ?

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Finalement, elle passe sans doute trop de temps à la galerie, Noela. Peut-être qu’elle devrait faire un effort, pour y traîner un peu moins, pour rentrer un peu plus tôt chez elle, passer plus de temps avec Al. Peut-être qu’elle devrait faire plus d’efforts pour leur mariage, plus d’efforts pour renouer. Parce qu’elle l’aime, n’est-ce pas ? Pourtant, quelque chose semble avoir changé, depuis quelques temps. En réalité, cela fait un moment. Cela dure depuis Joan. Peut-être même bien avant. Quel est le problème, au fond ? Le travail, pour Al comme pour elle trop prenant ? Ses beaux-parents ? Une peur de ne pas être à la hauteur, pour Al ? Bonne question. Elle refuse encore de voir les choses en face, Noela. Elle baigne dans le déni, se persuade que tout va bien, avec son mari. Essaie d’oublier Joan, les regrets, leurs nuits, ses mots de l’autre fois. Sa haine, sa rancœur. Celles qui lui ont fait plus de mal qu’elle ne l’imaginait. Parce qu’elle peut paraître froide, de prime abord, Noela. Mais elle a des sentiments, comme n’importe qui.
C'est aussi que Joan, elle a compté.

Elle y pense encore.
Espère toujours un peu la recroiser.
Mais elle pensait que, si cela arrivait, ce serait par hasard. Pas parce que Joan se pointerait, d’elle-même. Pour la voir.

Pourtant, elle est là, Joan.
Face à elle, dans sa galerie.
Noela ne comprend pas, prise de court. D'abord, Joan n’a rien à faire là, dans l’arrière-boutique. Mais le plus surprenant, c’est avant tout qu’elle ait mis les pieds dans sa boutique. Alors elle lui demande ce qu’elle fait là. Joan semble perdre l’usage de la parole. Avant de reprendre, de dire que c’était une erreur. « Comment ça ? » Elle ne sait pas comment elle doit le prendre, Noela. Dans sa poitrine, elle sent son cœur battre la chamade. Elle n’a pas vraiment le temps de l’interroger plus longtemps – la brune se retourne pour ouvrir la porte, s’en aller. Sauf qu’elle ne s’ouvre pas. Rien ne se passe. Joan lui demande si c’est normal. Noela fronce les sourcils aussitôt, s’approchant d’elle – tellement qu’elle peut sentir son odeur, de quoi accélérer son rythme cardiaque. « Non, c’est pas normal. » répond-elle alors. Elle essaie d’ouvrir la porte à son tour, en vain. Il faut qu’elle attrape son téléphone. Essaie de joindre ses employés, qui doivent être partis, désormais. Elle lâche un soupir, Noela, à cette idée. Elle se recule un peu. Joan se retourne alors, lui fait face. Lui dit finalement qu’elle était curieuse de voir sa galerie. Elle n’y comprend plus rien, la brune. « Je croyais que tu voulais plus me voir. » Techniquement, c’est sa galerie qu’elle voulait voir, pas elle. Mais elle devait bien se douter qu’elle pourrait tomber sur elle, non, ici ?

tw: mention d'infidélité.

Tu sens ton cœur s’emballer dans ta poitrine lorsque ton regard se pose sur elle, lorsque tu entends le son de sa voix. Elle est étonnée de te voir ici, Noela. Ce qui peut se comprendre. Parce qu’il est tard. Parce que tu n’as rien à faire ici. Et parce que tu lui as dit, la dernière fois, que tu ne voulais plus la voir. Alors non, tu n’as rien à faire ici Joan. Et pourtant, tu es là. Tu as fait le chemin jusqu’à sa galerie d’art alors que la nuit est déjà tombée. Tu as poussé la porte et tu as été jusqu’à l’arrière-boutique, laissant les œuvres derrière toi, venant la chercher elle. Et de ton erreur, tu t’en es rendu compte lorsqu’elle est apparue dans ton champ de vision Noela. Une erreur. C’est ce que tu marmonnes avant de vouloir partir. Prendre la fuite. Comment lui expliquer ta présence ici ? Comment lui dire qu’elle ne quitte plus tes pensées depuis cette dernière fois à la plage ? Ou même depuis ces quelques jours à ne plus se quitter à San Diego. La savoir proche de toi, dans la même ville, ça te fend le cœur Joan. Car si elle est là, son mari aussi. Et ça, tu n’arrives pas à t’y faire. C’est d’ailleurs lorsque tu as appris la vérité que tu lui as demandé de partir de chez toi, à San Diego. C’est à cause de son mensonge, que tu préfères l’éviter, ne plus la voir. Faire une croix sur elle. Elle qui a compté. Elle qui te fait toujours autant vibrer.

Et malgré tout, t’es là Joan. La main sur la poignée de la porte. Porte qui ne veut pas s’ouvrir. Bloquée. T’es bloquée dans cette pièce. Ce n’est pas normal. Tu ne te retournes pas et pourtant tu sens qu’elle se rapproche. Proximité soudaine qui fait que ton cœur s’emballe. Son parfum qui vient te chatouiller les narines. Sa voix qui te fait frissonner. Tu la laisses essayer sans rien dire, sans même te déplacer. Elle confirme que vous êtes bloquées toutes les deux dans cette pièce. D’autant plus qu’à cette heure, il n’y a plus personne dans la galerie. Il ne reste plus que vous deux. Ton cœur s’emballe et tu laisses échapper un soupir, avant de finalement faire face à Noela, le regard malgré tout fuyant. Elle te pose cette question à laquelle tu ne sais répondre. Non, tu ne voulais plus la voir. Car elle t’a brisé le cœur, elle t’a trahie, la brune. Tu t’es attachée à elle et elle t’a menti. Alors tu lui as fait comprendre que tu lui en voulais, la dernière fois. Persuadée qu’elle s’était servie et jouée de toi. Tu t’étais juré de tout faire pour ne plus la revoir. Mais finalement, c’est tout le contraire que tu as fait, Joan.

— C’est ce que j’ai dit, oui. Que tu te contentes de répondre en restant dos à la porte. Tu regardes un peu autour de toi. Aucune issue. Tu n’as pas d’autre choix que de rester enfermée ici avec Noela et tu te rends compte de plus en plus de ton erreur. Que faire, à présent ? Que lui dire ?

— Je ne pensais pas que … tu serais là. Pas si tard. La porte était ouverte donc je me suis permis d’entrer. Mais c’était une erreur. Tu termines ta phrase dans un demi-rire, croisant les bras sur ta poitrine, impossible de réellement la regarder, car Noela, elle serait capable de faire tomber toutes les barrières en un seul regard, en un seul sourire.
— C’est grâce à lui, que tu as cette galerie ? Tu lui demandes, connaissant très bien la réponse, car tu as vu des articles sur elle et son mari, Joan. Tu t’es renseignée, depuis la dernière fois, incapable de ne pas le faire, le cœur encore bien trop épris.

Spoiler:

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Elle a du mal à suivre Joan.
Du mal à comprendre ce qu’elle fait là. Du mal à saisir ce qui l’a conduite à venir jusqu’à sa galerie. Elle ne voulait plus voir Noela. Et en même temps, elle voulait voir là où elle travaille, là où elle expose des artistes. Semble malgré tout surpris de lui faire face, maintenant. Et puis d’abord, que fait-elle dans l’arrière-boutique, précisément ? Peut-être s’est-elle perdue. Peut-être la cherchait-elle, même si ce n’est pas elle qu’elle est venue voir. Les scénarios se multiplient, dans la tête de la brune. Des scénarios en tout genre. Elle s’imaginera tout et n’importe quoi jusqu’à ce qu’elle ait une réponse, de toute façon, Noela. Peut-être qu’elle devrait se taire, ne pas chercher à en avoir. Juste ignorer Joan, qui, la dernière fois, lui battait froid. Là, c’est différent. Sa rancœur ne pèse pas autant dans l’air. Peut-être parce que la venue de Joan était imprévisible et semble les prendre, autant l’une que l’autre, de court. Peut-être qu’elle devrait juste l’ignorer, Noela, pour se protéger. Parce qu’elle pense encore à elle. Parce que leur échange de la dernière fois lui a pesé sur le cœur. Et puis, parce que depuis quelques temps, Aldwin et elle s’éloignent. Elle ne sait pas trop pourquoi. Ils sont pris par leurs boulots, autant l’un que l’autre. Mais on dirait qu’il y a autre chose. Pourrait-il avoir compris ? Ce que Noela a commis ?

Mais voilà.
Impossible de l’ignorer, Joan.
Impossible de faire comme si elle n’était pas là.
Impossible de ne pas la regarder.
Le pire, c’est qu’elles sont maintenant coincées.

Elle oublie la porte, pourtant.
Ne peut s’empêcher de faire remarquer ce fait : Joan ne voulait plus la voir.
Ce qu’elle confirme. Le pire, c’est que malgré tout, Noela, elle reste curieuse. De voir la suite, d’entendre ce qu’elle a à dire. De savoir ce qu’elle fait là. Elle ne pensait pas qu’elle serait présente. C’est un peu comme un coup de poignard dans le cœur. Elle ne voulait donc toujours pas la voir, effectivement. Mais elle devait bien se douter qu’elle serait dans les parages, non ? « Je suis quasiment toujours là. » ne peut-elle se retenir de commenter, avec une pointe d’ironie. Elle ne calme pas le jeu, Noela. Elle provoque, un peu. Comme Majolica le fait avec elle, parfois. Provoquer pour avoir une réaction, face à quelque chose. Pour voir l’autre montrer ses failles, sans doute. Ou juste s’ouvrir. « Oui, ça fait deux fois que tu le dis, ça. » Que c’est une erreur. Noela continue l’ironie ; n’est pourtant pas tellement dans l’attaque, ou le reproche. Pas vraiment en colère. Car c’est plutôt l’inverse. Joan, qui a des choses à lui reprocher. Elle le sait. Pourtant, Joan ne semble pas aussi assurée que la dernière fois. Pas aussi en colère. Elle ne la regarde même pas vraiment en face. Et puis, il y a les derniers mots, qui font mal. Pense-t-elle vraiment comme les autres ? Ou bien c’est Noela, qui est trop sur la défensive. C’est aussi bien possible. « Ça paraîtrait si dingue que je l’aie juste parce que j’ai travaillé dur et que je l’ai méritée ? » Elle ne retient pas le rire amer – qui laisse toutefois transparaître une certaine tristesse. La même qu’il y a dans son regard. L’impression de tout devoir à Al. L’impression de risquer de tout perdre, si elle coulait leur mariage. Voilà aussi pourquoi elle n’aurait pas pu être avec Joan. Elle se doute bien, pourtant, que si les choses devaient se terminer avec Al, il ne lui prendrait pas sa galerie. Pas son genre.
Peut-être alors que Noela ne fait que se chercher des excuses.
Encore.

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Finalement, Joan, tu ne sais pas trop ce que tu fais là. Tu t’es laissé guider par ton cœur à défaut d’écouter ta raison. En revenant à Oceanside, jamais tu n’aurais pensé tomber sur Noela. Parce que tu avais fait une croix sur elle et que même si elle était toujours dans tes pensées malgré sa trahison, jamais, tu n’aurais pensé la revoir si vite ici. Comme si le destin avait fait exprès de la mettre sur ta route, ce jour-là, à la plage, alors que tu étais partie simplement courir. Mais Noela, tu l’as revue et tu t’es renseignée sur elle. Sur sa galerie. Sur son mari. Celui qu’elle t’a caché. Celui qu’elle n’a jamais mentionné tandis que des baisers étaient échangés. Un mari dont tu ne connaissais pas l’existence avant que finalement, elle ne t’avoue tout. Tu l’as encore en travers de la gorge. Tu le lui as bien fait comprendre la dernière fois, sur la plage. Tu ne veux plus la voir. Et pourtant, tu es ici. Tu es venue jusqu’ici en cette soirée. Tu avais un mince espoir que la galerie soit fermée, mais ce ne fut pas le cas. Tu t’y es aventurée. Tu es entrée dans cette pièce dans laquelle tu ne pouvais aller et maintenant, tu te retrouves coincée avec Noela. Porte bloquée. Fermée. Impossible de s’enfuir. Confrontation qui se veut inévitable, alors qu’au fond de toi, tu n’as rien de plus à lui dire que la dernière fois. Prise à ton propre piège, tu ne te sens pas à ton aise, Joan. Toi qui habituellement es certaine et assurée, ici, tu peines à la regarder dans les yeux, la brune. Elle te déstabilise. Te trouble. Ton être entier frémit rien qu’à la savoir si proche de toi le temps de quelques secondes. Tu as l’impression de retenir ton souffle. Tu manques d’air. Suffoque. Et Noela, elle est piquante dans ses paroles, tout comme toi, finalement. Elle n’est pas dupe. Elle doit bien se douter que tu savais que tu allais la trouver ici. Car c’est sa galerie. Et s’il y a bien une personne qui doit être là à cette heure-ci, c’est bien elle.

Tu te tiens face à elle. Droite. Alors que tu voudrais t’enfuir. Mais il n’y a aucune issue. Pièce close, avec comme seule échappatoire, cette porte bloquée. Tu tentes malgré tout de garder une certaine assurance, car tu ne veux pas être faible devant Noela. C’est pour ça que tu hausses les épaules lorsqu’elle te fait remarquer que ce n’est pas la première fois que tu dis que c’est une erreur. Que tu n’aurais pas dû venir. Sauf que c’est trop tard. Le mal est fait. Tu ne peux pas t’enfuir et prendre tes jambes à ton cou. Pas d’autre choix que d’assumer les conséquences de cette curiosité qui t’a piquée. Alors, tu surenchéris sur le fait que tu as mal. Que ton cœur saigne. Tu mentionnes son mari. Une pique dans sa direction. Comme pour lui rappeler qu’elle t’a menti et que ça t’a réellement fait du mal.
— J’sais pas, on ne sait jamais, au vu de sa notoriété et de son nom. Tu ne veux pas être gentille, Joan. Tu veux continuer à faire payer sa trahison, à Noela. — T’as touché le gros lot en tout cas, à ta place, j’aurais fait pareil. Que tu lâches dans un rire. — Même si moi, je n’aurais pas caché son existence. Tu crois les bras sur ta poitrine avant de finalement poser tes yeux sur Noela. Tu oses enfin. Un regard fermé qui lui est adressé tout comme une tonalité dans ta voix qui est loin d’être douce. Tu craches ton venin, Joan, parce que tu ne sais pas si tu seras capable un jour de lui pardonner, à Noela.

— Mais bon, avouer ta trahison envers ton mariage pourrait te coûter cher, je présume. J’étais qu’un dommage collatéral. Moi j’ne vaux rien comparé à tout ça. Tu écartes le bras pour mentionner la galerie avant de finalement, le recroiser. — Dis-moi Noela, est-ce que tu l’aimes, au moins ? Ou non, attends. Est-ce que j’ai ne serait-ce qu’un peu compté ? Tu es froide et en disant ces mots, tu t’es doucement rapprochée d’elle. Confrontation inévitable dans cette pièce étroite. Vous n’avez que ça à faire en attendant qu’enfin, la porte ne s’ouvre.

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Elle n’a rien à faire là, Joan. Rien à faire dans cette galerie, d’abord. Mais rien à faire non plus dans cette pièce-là. Elle n’a rien à faire dans les parages, tout en sachant pertinemment que Noela ne serait pas loin. Parce que cela ne peut pas avoir trait au hasard. Joan sait que cette galerie lui appartient. Elle ne voit pas comment il pourrait en être autrement, Oceanside est bien assez grande. Et Joan sait que Noela est galeriste – alors même si elle ignorait qu’elle était la propriétaire de celle-ci, elle pourrait toujours avoir le doute en y entrant. Mais non. On dirait que Joan a su parfaitement où elle mettait les pieds. La grande question est maintenant : que cherche-t-elle ? Parce qu’elle ne voulait plus la voir, Noela, aux dernières nouvelles. Et à présent, les voilà coincées ensemble. Super. Noela ne croit pas à son excuse, précise qu’elle est pratiquement toujours là – bien plus que ses employés, parce qu’elle est la propriétaire. Parce que cette galerie, c’est toute sa vie. Parce qu’elle y pense tout son temps – quand Al est lui-même à son bureau. Ils ont toujours été des bourreaux du travail, tous les deux. A tel point, peut-être, qu’ils ne prennent plus assez le temps de se retrouver à deux. Pourrait-ce conduire leur mariage à sa perte ? Est-ce pour cela qu’elle a trompé Aldwin avec Joan, Noela ? Parce qu’ils s’éloignaient, n’étaient plus si connectés ?

Elle parle de lui, Joan. D’Al. Cela met instantanément Noela sur la défensive. D’autant plus que Joan l’associe à cette galerie, lui demandant si c’est grâce à lui qu’elle l’a obtenue. Elle l’entend déjà si souvent au quotidien, Noela, notamment de la part de sa belle-famille – c’est un sujet sensible. Alors elle ne tient pas, montre un peu d’amertume en répondant. En répondant, sans répondre vraiment. Elle ne veut pas l’admettre. Elle ne veut pas qu’on pense qu’elle n’a pu avoir cette galerie que grâce à son mariage, et non pas grâce à son mérite. La réponse de Joan l’irrite. Elle lui tient tête, elle aussi, retrouve peu à peu son habituelle assurance qui semblait s’être envolée, depuis qu’elle est entrée dans cette pièce. Depuis qu’elle s’est retrouvée face à elle. « Donc tu fais partie de ces gens qui associent le succès d’une femme à son mari. Merveilleux, belle contribution au féminisme. » contre-attaque-t-elle. Elle pourrait ne pas le prendre autant à cœur. Elle pourrait ne même pas répondre. Mais c’est trop tentant, face à Joan. Elle pourrait aussi admettre qu’Al l’a bel et bien aidée. Mais pas face à Joan. Elle veut conserver sa fierté, un minimum de dignité. Les piques s’enchaînent cependant et sont difficiles à encaisser. « Je l’ai pas épousé pour son argent, si c’est ce que tu insinues. » rétorque-t-elle, passablement agacée. Mais si encore la brune s’arrêtait là – sauf que ce n’est pas le cas. Il y a le coup fatal : je n’aurais pas caché son existence. « C’est vrai que toi, t’es parfaite. » réplique-t-elle encore dans un soupir. Elle déteste la tournure que prend cette conversation. Elle ne veut pas parler d’Al avec Joan. Elle ne veut pas lui donner plus d’informations, alors qu’aux dernières nouvelles, elle ne voulait plus la voir du tout. Drôle de façon de prendre ses distances. Malgré tout, elle est toujours un peu curieuse, Noela, même si elle ne veut pas l’avouer. La suite, c’est le pire. C’est Joan qui avance qu’elle perdrait sans doute gros, Noela, si elle avouait à son époux son erreur, sa trahison. Son adultère. Celle-ci reste silencieuse d’abord, bras croisés – de toute façon, Joan n’a pas terminé. Lui demande cash si elle aime Al. Avant de lui demander si elle, elle a compté. « Qu’est-ce que ça change, Joan ? T’as dit qu’tu voulais plus me voir, et maintenant tu veux savoir si t’as compté ? T’as des regrets ? » Malgré sa froideur, Joan, elle s’est rapprochée. Elle continue de la surprendre, l’ébranler.

tw: mention d'infidélité.

Tu essaies de te trouver des excuses, car tu n’as rien à faire ici. Tu sais très bien que cette galerie, c’est celle de Noela. Tu t’es renseignée avant de venir. Mais tu ne mens pas en disant que tu ne pensais pas qu’elle serait encore ici. À cette heure-ci. Parce que la nuit est déjà tombée. Il fait sombre, dehors. Ta curiosité t’a rattrapée lorsque tu as vu que le porte était ouverte. Tu n’as pas écouté cette petite voix dans ta tête qui te disant qu’il ne fallait pas que tu avances. Qu’il valait mieux que tu fasses demi-tour. Maintenant, tues face à Noela, coincée dans cette pièce à cause de la poignée qui fait des siennes. C’est peut-être pour cette raison que la porte n’était pas fermée. Tu ne peux t’en prendre qu’à toi-même si t’es dans cette situation, mais malgré tout, tu te cherches des excuses. Et Noela, elle n’est pas dupe. Elle remarque bien, que tu mens. Que tu tentes de te justifier. Tu n’es pas douée pour ça Joan. Tu as toujours été beaucoup trop franche. Tu perds d’ailleurs ton assurance en lui disant que tu ne pensais pas qu’elle serait là. Pas si tard. Mais aucun employé ne serait resté si tard. Au fond de toi, Joan, tu espérais la voir, Noela. Mais pourquoi ? Tu as été claire la dernière fois à la plage. Tu ne veux plus la voir. Sauf que tu es dans la même ville qu’elle maintenant. Une grande ville, mais finalement, pas tant que ça. Car tu l’as croisée par hasard à la plage et que tous vos moments ensemble te sont revenus comme un boomerang. Tu lâches un soupir, capitule sur le pourquoi tu es ici. Tu détournes donc la conversation et tu le mentionnes lui. Son mari. Celui qu’elle a trompé avec toi. Le mari dont tu n’étais pas au courant, car si tu l’avais su, Joan, tu n’aurais rien fait de tout.

Tu remarques que le sujet est sensible. Que ça touche Noela, que tu parles de son mari. Tu en profites. Tu es fourbe. Comme si tu voulais que ça la dérange, que ça lui fasse mal. Comme pour te venger de ce qu’elle t’a fait. De ton cœur qu’elle a brisé. Sujet presque tabou, tu le comprends bien. Noela ne manque pas de te le faire comprendre, d’autant plus que tu n’es pas douce dans tes mots, Joan. Insinuant que si elle a cette galerie, c’est grâce à son mari. — Je n’ai jamais dit ça. Je suis persuadée que t’as pas besoin de lui pour réussir. Et tu le penses, car tu sais qu’elle est une passionnée, Noela. — Y a rien de mal à ce qu’il t’ait aidé à accomplir ton rêve. Un coup de pouce, ça ne fait pas de mal. Que tu dis en haussant les épaules, non sans la défier du regard et la narguer.
— Ça ne me regarde pas le pourquoi tu l’as épousée, Noela. Tu t’en moques bien, de toute façon. Tout ce que tu retiens, c’est qu’elle est mariée. Elle n’est pas libre. Elle t’a fait croire le contraire avant de tout t’avouer. Peut-être qu’elle a un certain mérite à t’avoir dit la vérité, mais ça, tu t’en moques aussi. Tout ce que tu retiens, c’est le fait qu’elle t’a blessée et trahie, la brune.

— Arrête un peu ! Tu roules des yeux, Joan. — J’suis loin d’être parfaite, mais moi au moins, je ne t’ai pas menti. Une nouvelle fois, tu lances cette pique, incapable de ne pas le faire. Incapable de passer à autre chose.

— Ouais j’ai des regrets, Noela. Le ton monte quelque peu. Tu t’es rapprochée d’elle et ton regard est plongé dans les siens. — Je regrette de m’être laissé berner. De m’être ouverte à toi et de t’avoir laissé entrer dans ma vie. Je regrette les moments passés avec toi ! Car j’ai su stupidement tomber amoureuse de toi en quelques jours et toi, tout ce que t’as trouvé à faire, c’est me mentir ! T’es à quelques centimètres d’elle, maintenant. — Je regrette, car tous les jours, tu me manques et ça m’fait souffrir. Je regrette car tu me rends dingue. Ton cœur s’emballe et sous l’effet de la colère, Joan, tu glisses ta main dans sa nuque et tu poses ses lèvres sur les siennes, le souffle coupé. Un baiser qui dure quelques secondes, avant que tu ne décolles tes lèvres des siennes, laissant ta tête proche de la sienne, murmurant. — Et pour tout ça je te déteste Noela. Tu lèves délicatement les yeux pour les poses dans les yeux, le souffle court, le cœur tambourinant dans ta poitrine. Ça non plus, tu n'aurais pas dû, Joan.

tw : infidélité.

C’est incroyable, la vie. Pire : c’est incroyable, le hasard.
Incroyable comme il peut se mêler de ce qui ne le regarde pas. Mettre son nez là où il ne faut.
Réunir les gens qui ne le demandent pas. Retourner les couteaux dans la plaie, par ricochet. Faire du mal.

D’un autre côté, Noela ne peut pas prétendre être déçue de revoir Joan. Ne peut même pas prétendre lui en vouloir, de s’être pointée à la galerie alors qu’elle ne voulait plus la voir. Non, parce qu’elle en rêvait un peu, la brune. De voir Joan. Pourtant, cela ne les avance pas à grand-chose. Cela ne change rien. Elle est toujours mariée et Joan la déteste probablement encore. Et puis, l’autre fois, il y a des mois, elles se sont déjà tout dit. Ce n’est pas comme si Noela pouvait dire grand-chose de plus : elle n’a pas d’excuses. Elle n’a pas d’arguments ni de justifications. Elle préfère assumer ses torts, plutôt que de faire l’autruche – même si à Al, elle n’a toujours rien dit. Mais face à Joan, plus rien ne peut se changer. Ce qui est fait, est fait. Et même leur liaison appartient au passé, commence à remonter. Pourtant, entre elles, il y a toujours ce truc dans l’air. Maintenant, la rancœur, la colère. Mais peut-être toujours autre chose, même si Noela ne veut pas l’admettre. Elle s’enflamme bien vite, en tout cas, quand Joan mentionne Al. Sujet sensible, surtout lié à sa galerie – parce que Joan ne le sait pas, mais elle se prend déjà tant de jugement à cause de cela, Noela. Surtout de la part de sa belle-famille. La réponse de Joan l’étonne, quoiqu’elle ne soit pas surprise. Sa mauvaise foi préfèrerait peut-être. « Un coup de pouce, ouais. On peut dire que c’est ça. » se contente-t-elle de répondre. Et tant pis si c’est un gros coup de pouce qui la fait parfois douter de tout. D’elle-même, de ses capacités, de son mérite. Elle doit l’avouer : elle a un complexe à ce sujet. « Alors ne me balance pas des trucs pareils. » rétorque-t-elle, passablement agacée. T’as touché le gros lot. La voilà si piquante, Joan. Si provocante. Et cela fonctionne. Cela met Noela dans tous ses états. Et voilà qu’elle aussi, à son tour, provoque. Elles ne font pas preuve d’une grande maturité, l’une comme l’autre. Aucune ne montre l’exemple, ni ne calme le jeu. Au contraire, elles continuent de jeter de l’huile sur le feu. « Ouais, c’est bon, j’ai compris les 36 dernières fois où tu l’as dit. » lâche-t-elle, laissant échapper un soupir. Et puis, cela dérape – lentement, mais sûrement.

Joan finit par demander si elle a c o m p t é.
Juste après avoir demandé si Al, elle l’aimait. Mais cela, c’est vite relégué au second plan.
Parce que, oui : Joan veut savoir si elle a compté.
Et Noela, trop douée à ce jeu-là, prend la fuite. Elude la question, du moins, puisqu’elle ne peut évidemment pas s’enfuir physiquement de cette pièce où elles sont coincées depuis déjà trop longtemps. C’est légitime, pourtant, ce qu’elle répond, non ? Elle ne voit pas ce que cela change. Cela ne fait que ressasser le passé, que Joan semblait vouloir vraiment oublier. Elle demande quand même si elle a des regrets. Sans s’attendre à la suite. À Joan qui confirme avoir des regrets – mais sans doute pas ceux qu’elle espérait. Elle regrette de s’être laissée berner. Pire : de l’avoir laissée entrer dans sa vie, de s’être ouverte à elle. Parce qu’elle lui a menti, Noela, et que Joan est tombée amoureuse. Elle fronce les sourcils, Noe, décontenancée. Cela, elle ne l’avait pas vu venir. Et Joan qui s’approche. Joan, toujours plus près. Noela, elle n’a pas reculé. Elle reste là où elle est. « J’ai pas voulu mentir. » souffle-t-elle, comme une confession s’échappant de ses lèvres, qu’elle n’a pas su retenir. C’est vrai : elle n’a pas voulu mentir. Tout a simplement semblé lui échapper. Elle ne sait pas ce qui lui a pris, n’a pas d’excuses. C’est sa faute uniquement, elle le sait. Mais elle a perdu la raison. Le cœur a pris le dessus, à un moment. Et maintenant, Joan lui dit qu’elle est tombée amoureuse, qu’elle lui manque et que cela la fait souffrir. Et que malgré tout, elle la rend dingue. Et alors, si proche d’elle, Joan l’embrasse, main contre sa nuque. Et Noela ne recule pas, ne l’arrête pas. Noela reste juste plantée là, à lui rendre son baiser, sans réfléchir, cerveau à nouveau déconnecté. Puis le baiser prend fin et Joan reprend la parole. Lui brise le cœur à lui dire qu’elle la déteste pour tout cela. « Tu me détestes, mais tu m’embrasses. » murmure-t-elle, le souffle court, le cœur battant à trois cents à l’heure. Tous ses sens sont en éveil, à se remettre de ce qui vient de se passer. Et le pire, c’est que Noela, elle voudrait recommencer. Sentir à nouveau son parfum, et puis même, la serrer dans ses bras. « J’arrive pas à te suivre. » Mais elle ne s’éloigne pas, Noela. Elle ne bouge pas d’un pouce, et surtout, elle ne détourne pas son regard de celui de Joan, celui dans lequel elle pourrait se noyer, pour l’éternité.

tw: mention d'infidélité.

Tu perds le contrôle de la situation. Rien de tout ça n’était prévu. Tu n’aurais pas dû venir ici et pourtant tu y es. Et maintenant tu es coincée avec Noela, celle que tu t’es juré d’éviter et de détester. Jamais en revenant à Oceanside, tu n’aurais pensé la revoir. La ville n’est-elle donc pas assez grande ? Visiblement non. Car tu l’as revue la dernière fois à la plage et ça t’a mise hors de toi. Tu as été piquante, comme tu l’es maintenant. Tu as cette haine au fond de toi qui parle pour toi. Ton cœur prend le dessus sur tes pensées et tu lui craches ton venin sans la moindre relâche. Tu passes par bien trop d’émotion que tu n’es pas claire dans ton jugement, Joan. Tu la détestes, tu lui en veux, tu ne cesses de le lui dire et pourtant t’es là, dans sa galerie, face à elle. Incapable de t’éloigner d’elle. Bien que tu ne le puisses, à cause de cette fichue porte bloquée que tu as fermée sans le savoir. Tu laisses échapper un soupir, car vous tournez en rond. Cette conversation ne rime plus à rien. Tu te contentes de lui faire des reproches, encore et toujours. Change de disque Joan. Alors tu attaques son mari. Tu insinues des choses. Tu appuies là où ça fait mal, car tu ne veux plus laisser Noela te faire du mal. Pas plus qu’elle ne l’a fait.
— J’ai blessé ton égo ? Tu m’envoies désoler. Tu roules des yeux suite à sa remarque. Finalement, elle fait bien ce qu’elle veut, Noela. Elle assume ce qu’elle veut aussi. Tu as lu des choses dans la presse et même si elle te fait comprendre qu’elle a eu cette galerie, car elle a travaillé dur, tu as du mal à y croire. Car son mari, il est bel et bien derrière tout ça, tu n’as aucun doute là-dessus. Mais ça les regarde eux. Pas toi. Tu veux juste lui faire du mal à Noela, même si tout ça, ça ne te ressemble pas. Tu n’es pas cruelle, Joan. Tu ne te laisses juste pas faire. Et tu es incroyablement rancunière. Car elle t’a brisé le cœur Noela. Après tout ce temps, tu aurais dû passer à autre chose. Tu es en couple après tout. Mais tu l’as revue et tout a changé.

— Alors pourquoi ? que tu souffles aussi. Tu t’es rapproché d’elle. Dangereusement, même. Ton cœur pourrait sortir de ta poitrine. Il te fait presque mal. T’as le souffle court, mais tu n’as pas envie de reculer. Tu lui dis même tout ce que tu as sur le cœur, Joan. Tu lui balances tout sans aucun filtre. Tu lui énonces tous tes regrets, lui avouant même que tu étais amoureuse. Un verbe qui peut se conjuguer au présent, car t’as jamais su l’oublier et la revoir te fait remonter bien des sentiments. Tu regrettes de t’être laissée avoir. De t’être laissé berner. De t’être ouverte à elle. Mais ce baiser si soudain, tu ne le regrettes pas. Tu n’aurais pas dû, mais tu en mourrais d’envie. Comme pour hisser le drapeau blanc le temps de ce baiser passionné qui te fait frissonner comme jamais. T’as juste envie de la serrer fort contre toi, de sentir à nouveau la douceur de sa peau. Terrible erreur que d’avoir laissé parler ton cœur une nouvelle fois.
C’est toi qui recules. Qui retires tes lèvres des siennes sans pour autant t’éloigner. Tu es toujours aussi proche d’elle et tu ne peux t’empêcher d’esquisser un sourire à sa remarque. Elle a raison, Noela. Tu la détestes, mais tu n’as pas pu t’empêcher de l’embrasser, car tout ton être l’appelle. — Je … T’es prête à répondre Joan, mais tu entends soudainement la poignée de la porte bougée et une voix féminine appeler après Noela. Tu paniques. Tu te recules rapidement pour garder tes distances, remettant quelques cheveux en place, le souffle toujours court et le cœur qui ne peut se calmer. Pas après ce que tu as fait et que tu n’aurais pas dû faire. Car t’es en couple et peut-être que tu n’es pas mieux que Noela, en fin de compte.

tw : infidélité.

C’est dangereux de se retrouver là, avec Joan. Coincée dans la même pièce. C’est ironique, aussi. A croire que la vie aime à faire ce genre de coups, à planter des couteaux dans le dos. Ou peut-être à réunir les gens. Noela n’y voit pas de signe, cependant. Pas du genre à croire au destin, aux signes du ciel, à l’influence des astres ou ce genre de conneries. Non, voilà ce qui est arrivé : Joan a eu envie de venir dans la galerie qui lui appartenait, c’est assez simple. Il n’y a de hasard ou de coup de la vie là-dedans. Joan est venue de son plein gré, certainement pour une bonne raison – qu’elle n’est pas obligée de lui citer. En réalité, elle ne lui doit aucune explication quant à sa présence ici. Mais aux yeux de Noela, cela reste louche. Elle a du mal à suivre la brune, du début à la fin. Et maintenant, voilà qu’elles se retrouvent coincées ensemble dans cette pièce, dans laquelle le public n’est pas censé mettre les pieds. A croire presque que Joan la cherchait. Mais cela, elle ne l’avouerait jamais, pas vrai ? Noela ne peut de toute façon même pas concevoir cette possibilité. Joan la déteste, un point, c’est tout. Pas besoin de chercher autre chose, pas besoin d’une explication toute différente pour se rassurer.
Après le coup que Noela lui a fait, il ne pourrait pas en être autrement. Sa rancœur est méritée.

Mais par moments, elle la trouve un peu injuste, Joan. On dirait qu’elle cherche à se venger, cherche à la blesser. Peut-être comme elle-même l’a fait. Peut-être que Noela ne fait que récolter ce qu’elle a semé. Jamais pourtant elle n’a voulu merder. Elle n’a pas cherché à blesser Joan, ni à lui mentir. C’est juste arrivé, même si c’est trop facile à dire. Joan ne pardonne pas, en tout cas. Continue de provoquer, d’appuyer où cela fait mal. Dans le fond, ce n’est pas juste une question d’ego. « Non, c’est pas mon ego que tu blesses, mais tu dois t’en ficher. » Elle mime le détachement, l’indifférence, en haussant les épaules. Pour minimiser ce qu’elle ressent. Minimiser l’influence de la présence de Joan, de ses mots, sur elle. Cela ne lui fait pas rien de la voir. Cela ne la laisse pas indifférente, en tout cas. Mais cela, elle ne peut décemment pas l’avouer, Noela. Elle est toujours mariée, et elle a déjà trop trahi Aldwin. Finalement, elle en dit tout de même trop : elle n’a pas voulu mentir. Tout à coup, le ton de Joan a changé – alors celui de Noela aussi, par ricochet. La question que la brune lui pose en retour, la laisse muette quelques instants. C’est vrai : pourquoi ? « Je voulais pas ruiner tout ça. » souffle-t-elle. Elle n’avait pas voulu ruiner le moment, ces quelques jours ensemble. Ce qu’elles avaient vécu. Et puis, probablement plus. Parce que Joan n’a pas tort, dans le fond. Noela, elle croit qu’elle perdrait beaucoup trop, si elle perdait Al.

Et puis, tout à coup, tout dérape.
Joan s’est approchée. Noela n’a pas reculé. Et la première l’a embrassée ; sans que la seconde ne bouge d’un pouce. Sans qu’elle ne mette un terme à ce moment interdit, se rendant coupable d’avoir dit oui. Le baiser ne dure pas assez longtemps, se termine beaucoup trop vite. Une douce parenthèse qui prend fin, quand Joan s’éloigne. Alors Noela reprend la parole, lâche qu’elle n’arrive pas à la suivre. Qu’elle la déteste mais l’embrasse. Joan ouvre la bouche, quand tout à coup, la poignée de la porte bouge, une voix appelant Noela à travers la paroi. Joan semble déstabilisée, s’écartant rapidement de la porte en se recoiffant vaguement, tandis que Noela s’approche. « Oui, je suis là ! La porte s’est refermée, je suis coincée. » Elle omet le on qu’elle n’a pas besoin d’expliquer pour le moment – non sans un regard pour Joan, cependant. Heureusement, la porte finit par s’ouvrir, grâce à son employée. « Enfin ! J’ai cru qu’on ne sortirait de là. » A partir de là, Noela remet son masque – celui qu’elle porte, les trois quarts du temps, avec les autres. C’en est fini de celle qui s’est trouvée ébranlée quelques instants plus tôt par Joan, ses mots, son baiser. « Tu devrais y aller. » indique-t-elle d’un ton poli à cette dernière, l’invitant à prendre congé. A son employée, elle prétendra quand Joan sera partie qu’elle n’est rien d’autre qu’une acheteuse qui a cru que les toilettes se trouvaient ici.