i've got you, brother (jake)

tw: accident

Palpitant qui ne cesse de s’accélérer dans ta poitrine. Les mots de ta mère martèlent ta boîte crânienne. Tu tentes de faire le vide dans ton esprit, de te concentrer sur une tâche à la fois. Par exemple de faire attention à la circulation, ce n’est pas le moment d’avoir un accident. Mettant de côté la peur, le stress, même s’ils sont bien présents. Tu sens tes mains qui tremblent, mais tu restes concentrer sur ta conduite. Tu as tenté d’appeler ton frère en partant, mais rien, ta mère a essayé de son côté. Tu lui as laissé un message vocal puis une tonne d’sms. Oui, une tonne car tes propos étaient tout sauf cohérent. Il manquerait plus qu’il croit que tu fais un avc. Respirant un bon coup, tu trouves une place du premier coup, te voilà devant une de tes pires craintes : l’hôpital. Tu détestes cet endroit, c’est lugubre, froid, austère à tes yeux et jamais rien de bon ne s’y passe. Bon ok y a les accouchements et tout ce qui s’en suit, mais non à tes yeux ce n’est pas signe de bonnes nouvelles. La preuve en est, tu n’es pas là pour quelque chose de positif. Tu es là, car ton père a eu un problème. Ta mère n’a pas su te dire quoi, la panique emparait son esprit, son être, ce n’était pas clair. Tu sais juste qu’elle a peur, normal. Qu’ils ont besoin de toi, de ton frère au plus vite. Tu respires un bon coup, prenant une bonne dose d’oxygène. Te motivant pour rentrer dans ces lieux, tu peux le faire.

Suivre la ligne bleue. Consigne que tu respectes à la lettre, ton cœur qui s’emballe de plus en plus vite. Plus tu avances vers l’endroit. Tout va bien se passer, tu tentes de rester positif, parce que tu es comme ça. Tu détestes voir le verre vide ou à moitié plein, t’en sais plus rien à ce moment précis. Tu te contentes d’avancer et de ne pas te perdre dans ce labyrinthe, car on est d’accord les hôpitaux ne sont simples. Trouver son chemin revient à trouver une aiguille dans une meule de foin. Truc comme ça. Tu finis par voir la silhouette de ta mère, elle te voit et en peu de temps qu’il te faut pour comprendre : elle est dans tes bras. « ça va aller. » que tu sors machinalement. Vraiment ? Tu ne sais rien de la situation, juste que les médecins ont besoin de ton frère et toi. Ta mère parle, vite, tu comprends à peine ce qu’elle raconte. « Doucement.. oui je l’ai eu » mensonge, tu galères à le joindre, mais tu sais qu’il va arriver. Il s’agit de ton frère et tu sais qu’il va venir. Tu le connais. Pour le moment tu tentes de rassurer ta mère «  et si tu allais te prendre un café ? Ou appeler tata ? » parce que tu n’es pas le plus doué dans ce domaine et que ta mère te stresse plus qu’autre chose. Elle hésite et finit par t’écouter, tu peux souffler un instant. C’est mal de réagir ainsi, mais tu ne sais jamais comment réagir en cas de stress. Tu as besoin de recentrer tes pensées. Faire le vide un instant et puis tu détestes cet endroit. Respirant un bon coup, tu finis par te poser sur ce siège, les minutes passent et tu hésites à faire un combat entre tes pouces. Une chance : ton frère arrive. Il te ramène à la réalité. « Hey ! J’ai envoyé maman prendre un café et appeler tata, elle me foutait le stress, » parce que lui va comprendre. La situation moins, comme toi, il est tout aussi perdu, mais ça te fait du bien qu’il soit là. Accolade fraternel, tu as pas envie qu’elle s’arrête, parce que tu te sens protéger dans les bras de ton frère. C’est stupide, surtout à ton âge, mais c’est ce que tu ressens.

tw: accident de voiture, perte d'un bébé

L'hôpital, c'était bien le dernier endroit au monde où il avait envie de se rendre, Jake. La dernière fois qu'il y était allé, Oliva avait eu un accident. Elle avait été mourante et c'était à lui qu'on avait demandé de faire un choix. Sauver la vie de leur bébé ou celle d'Oliva. Un choix cruel qui continuait de peser sur sa conscience jour après jour. Il avait choisi Oliva. Ils avaient sauvé la vie d'Oliva mais leur bébé lui, n'avait pas survécu. Il n'avait pas envie de remettre les pieds dans cet hôpital, le blond. Savait que les souvenirs allaient remonter et remuer le couteau dans une plaie béante. Il aurait voulu se désister. Trouver une excuse n'importe laquelle pour rester chez lui. Mais ce n’était pas correct. Il avait bien compris en remarquant les appels en absence et les sms de son frère que quelque chose n'allait pas et qu’il fallait qu’il vienne. Il n’avait pas vu tout de suite, Jake, il avait été en plein cours, alors puisqu’il était dans l’eau, son téléphone n’était pas avec lui, soigneusement rangé au sec dans ses affaires. Il n’avait pu les messages qu’une fois le cours terminé, la douche prise et les affaires récupérées. Il s’était empressé de répondre qu’il arrivait.

Il avait prévenu Oliva également. N’avait pas beaucoup d’informations à lui donner, vu que lui-même n’avait pas compris grand-chose aux messages de son frère. Il s’était contenté de lui dire qu’il la tenait au courant avant de raccrocher et de prendre la route en direction de l’hôpital. Il se souvenait trop bien de la dernière où c’était arrivé et ça le rendait fou, Jake. Il fallait se concentrer sur la route, pas le moment d’avoir un accident. Mais c’était compliqué. Il fut soulagé, une fois garé sur le parking de l’hôpital, au moins, il avait réussi à faire la route sans souci, c’était déjà ça de gagné. Une fois à l’intérieur, il n’avait pas tardé à retrouver son frère cadet. Au moins, les indications qu’il avait pu lui laisser étaient un peu moins floues que le reste. « Hey. » Il lança à l’adresse de son cadet en arrivant enfin à son port. « J’imagine ouais. » Il pouvait parfaitement imaginer l’état de leur mère, sans doute que c’était exactement le même que le sien, un an plus tôt quand Oliva avait eu un accident de voiture. Il serra son frère quand ses bras quelques instants avant de lâcher un soupir. « Ça va, toi ? » Il demanda dans un premier temps. Les sms n’avaient pas été rassurants après tout. Il n’avait même pas eu le courage de tous les lire, tant il lui en avait envoyé. Avec des brides d’informations qui n’avaient pas forcément de sens. « Qu’est-ce qu’il s’est passé ? » Pourquoi leur père était à l’hôpital ? Est-ce qu’ils pouvaient faire quelque chose ? C’était idiot comme question, alors autant la garder pour lui. Cela dit, il se souvenait bien qu’avec Oliva, c’était vers lui qu’on était venu, parce que le bébé était en danger, Oliva aussi et ils n’étaient pas sûrs de pouvoir sauver les deux. Il fallait qu’il choisisse. Quel horrible choix on lui avait imposé, même un an plus tard, il ne s’en remettait pas, le blond. Il espérait que cette fois la situation serait différente, parce qu’il ne pouvait pas revivre quelque chose de similaire Jake.

tw: accident

Est-ce que tu sais gérer le stress ? Absolument pas. Tu bombardes ton entourage de message, ton frère en premier lieu, tu essaies de lui faire part de ce que tu ressens. Tu lui donnes les indications, pour qu’il trouve facilement. Pas comme toi. Tu sais que tourner en rond ce n’est pas le fort de votre famille. Tu essaies de souffler, de penser à autre chose, mais rien. Tu n’arrives à rien et ça tourne en boucle dans ta tête. Tu essaies d’en savoir plus. Sauf que pour le moment tu dois rassurer ta mère, la panique a pris place sur chacun de ses traits. Compréhensible. Il s’agit de son grand amour, de son mari, de ton père. Ton père. Pincement au cœur en songeant à tout ça, à ce qui a pu se passer, à ce qu’il va arriver. Rester positif, c’est ainsi que tu perçois les choses. Rester positif. Il faut bien que quelqu’un reste positif, non ? Affirmatif.  
Un temps.
Deux temps.
Tu souffles à nouveau, trépignant sur ta chaise.

C’est là que ton frère surgit, tu te sens mieux en le voyant dans les parages. Beaucoup mieux. Tu as l’impression qu’à ce moment précis : plus rien ne peut arriver. Pourquoi ? Parce que ton héros est là.  Oui, Jake reste ton héros, malgré les années, tu le considères toujours comme ça. « ça peut aller, j’aimerais en savoir plus, mais ils veulent rien dire. » est-ce que tu dois reprendre place sur cette maudite chaise ? Tu n’en as pas envie. Tu peux rester debout et suivre le rythme de ton frère. Oui, tu vas faire ça. «  je sais pas, maman m’a tel pour me dire qu’il avait eu un accident et qu’ils étaient là. » tu sens que ta main tremble. D’un coup, tu serres le poing, essaies de penser à autre chose. Tu peux le faire. « désolé de t’avoir bombardé, mais tu me connais, je sais pas gérer. » absolument pas. Tu commences à faire les cents pas, voilà que tu te transformes en votre mère. Tu souffles un bon coup et regardes ton téléphone. Ce dernier sonne dans ta poche. Asthon. Tu décroches et lui expliques rapidement ce qu’il se passe. Sa voix te fait du bien. Il essaie du mieux qu’il peut de te rassurer, tu lui dis qu’il n’a pas besoin de venir. Ton frère est là. Tu n’as pas envie qu’il te voit dans cet état, même s’il te verra ce soir. « ça doit pas être fun pour toi » tu sais bien que ça doit lui rappeler de mauvais souvenirs. Ce jour fatidique, tu essaies de ne pas y songer. « pardon, je suis vraiment un boulet. Et si … on parlait d’autres choses en attendant d’avoir des nouvelles. Tu penses quoi de cette couleur ? » tu finis par te poser sur cette maudite chaise. Tes yeux qui se posent sur ce mur, cette couleur. Horrible à souhait. Pourquoi met-on toujours des couleurs si.. neutre, glaciale dans un hôpital ? On pourrait mettre des tons plus joyeux, plus léger. Oui, voilà, tu préfères songer à ça plutôt qu’à autre chose. « je suis sûr que ça va aller. » crédible ? Moitié, moitié. Tu aimerais bien t’en convaincre toi-même, mais ce n’est pas gagné.

tw: accident de voiture, perte d'un bébé

Il aurait préféré ne plus jamais avoir à mettre les pieds dans un hôpital, Jake. Depuis l’accident d’Oliva, ce moment où il s’était retrouvé à devoir donner une réponse aux médecins alors qu’on lui demandait clairement qui sauver, entre sa petite-amie et leur enfant. C’était marqué dans son esprit et revenir dans cet hôpital, ça ne faisait que raviver les souvenirs. Il ne pouvait pas perdre Oliva, ça avait été comme une évidence sur le moment, mais les conséquences étaient cruelles. Il essayait de se rassurer en se disant que, le bébé avait eu moins de chance de s’en sortir qu’Oliva. Il avait été encore si petit. Mais impossible de ne pas s’en vouloir. Impossible de ne pas ressentir qu’Oliva aussi, elle lui en voulait. Ça faisait plus d’un an maintenant, mais ils étaient tous les deux encore traumatisés par cet événement et leur couple en avait pris un coup. Il l’avait demandée en mariage sur un coup de tête. Volonté de sa part de lui prouver qu’il l’aimait, qu’il voulait passer sa vie avec elle. Il avait cru que ça les aiderait, mais il n’en était pas si sûr que ça, à présent. Le mariage était devenu un nouveau sujet de dispute en plus d’une source de stress dont ils n’avaient pas besoin.

Maintenant, c’était son père qui était à l’hôpital. De quoi en rajouter encore, du stress, comme s’il n’avait pas sa dose. Il avait eu du mal à trouver la force de rentrer à l’intérieur du bâtiment, Jake. Mais il avait fini par le faire. Il le fallait bien. Pour son père, évidemment. Mais aussi pour sa mère. Et pour son frère, qu’il n’avait pas tardé à retrouver une fois à l’intérieur. « Je suppose qu’on doit juste attendre, alors. » Même si c’était pire que tout, d’attendre sans rien savoir. Il en savait quelque chose. C’était du vécu et c’était encore trop présent dans sa mémoire. « Je vois. » Il soupira, se sentait crispé rien qu’à entendre le mot accident, ça ne s’arrêtait donc jamais ? La vie ne voulait pas le laisser tranquille ? Il en avait marre des accidents, le blond. « Qui sait gérer, de toute façon ? » Pas lui, en tout cas. Si bien, qu’il finit par se laisser tomber sur une chaise, alors que son frère répondait au téléphone, probablement son copain à qui il donnait les dernières nouveautés. Il attrapa le sien pour envoyer un rapide message à Oliva, histoire de la tenir également au courant, même si des nouvelles, il n’y en avait pas tant que ça. « Non, clairement. » Il répondit à son frère. Il n’avait pas envie d’être là, pas envie d’être confronté de nouveau à ce genre de situation, tout en se sentant replonger dans celle qui avait détruit une partie de sa vie. Il laissa de nouveau échapper un soupir en regardant le mur en face de lui. « C’est … blanc. » Est-ce que Lip s'attendait vraiment à ce qu’il se lance dans une longue conversation sur la couleur du mur ? Il n’était clairement pas la bonne personne pour ça. « La dernière fois qu’on m’a dit ça dans ce genre d’endroit, j’ai perdu mon bébé. » Un peu trop franc, un peu trop froid aussi sans doute comme réponse. Il y avait des moments comme ça ou l’empathie, ce n’était pas son fort à Jake. Il n’arrivait pas à être optimiste, mais peut-être qu’il ne devrait pas plomber le moral de son frère. « Désolé. » Il n’était vraiment pas doué en tant que grand-frère, Jake, ce n’était pas nouveau. « Comment ça va, avec ton copain ? » Changer de sujet pour éviter de laisser son pessimisme pourrir encore plus l’ambiance et prendre des nouvelles de son frère, ça c’était ce qu’un grand-frère devait faire non ? Il n’en savait rien, mais ça valait le coup d’essayer.

tw: accident

« La dernière fois qu’on m’a dit ça dans ce genre d’endroit, j’ai perdu mon bébé. » Jake. Ton frère. Ton héros. Gamin tu le suivais partout, parce que tu voulais être avec lui. Tu voulais qu’il joue avec toi, tu voulais créer un lien. Ce lien qui a mis du temps à se faire. Parce que Jake a mis du temps à t’accepter. Il a mis du temps avant de te faire rentrer dans sa vie. Tu as laissé faire le temps. Parce que tu n’avais pas le choix, tu n’allais pas le forcer à t’aimer, à vouloir jouer avec toi. Même si cette idée t’a traversé l’esprit une ou deux fois. Non. Tu n’as rien fait, tu as laissé le temps jouer en ta faveur. Tu as toujours été de son côté, toujours même lorsqu’il a traversé cet enfer. Toi, tu l’as toujours cru innocent. Parce que ton frère était ton héros, est toujours ton héros. Tu ne comptes pas changer en un claquement de doigt. Alors oui, la communication a toujours été tendue entre vous et ça ne date pas d’hier. Alors cette bombe qui te balance, ces mots qui sont durs, froids, sans sentiments ne te font pas si mal que ça. Il s’excuse aussitôt. Parce qu’il est comme ça. Et puis tu sais. Tu sais ce par quoi il est passé, la vie n’a pas été tendre avec lui. Tu comprends, tu acceptes et tu encaisses, comme toujours. Parce que ça a toujours été ainsi, tu encaisses et tu prends ce qu’il te donne, même si c’est des miettes. C’est mieux que rien. Tu sais aussi qu’être ici, n’est pas simple pour lui, tu aimerais l’aider, mais comment ? Tu n’es pas doué. Tu n’as jamais été doué avec ça, réconforter les gens, trouver les bons mots. Toi, tu as toujours été le clown de service. Parce que c’est plus simple.

Les minutes s’écoulent depuis cette bombe et ton frère te parle à nouveau. Il essaie, il s’en veut, tu le sens dans sa voix. Tu le connais. Tu sais que votre relation s’est améliorée avec les années. Tu en es conscient. Tes yeux qui se portent sur ton téléphone, le sms d’Ashton qui te fait sourire. « ça va, il m’envoie des ondes positives. J’avais pas envie qu’il soit là, c’est.. j’sais pas. » pas que tu veuilles pas de lui pour t’épauler. Au contraire, mais tu sais que la situation est compliquée et puis tu n’as pas envie qu’il te voit ainsi. Tu ne sais pas quoi dire, quoi faire. Tu sais qu’il est là. Qu’il le sera toujours. « et toi avec Oliva ? » ces mots qui sortent de ta bouche, tu as peur de la suite. Tu regardes ce mur à nouveau, repensant à ses mots. « Tu veux pas qu’on aille dehors ? Si on doit attendre, autant attendre dans un endroit moins … flippant ou alors la cafet ? » tu ne peux pas te mettre à sa place. Tu peux tenter de comprendre sa douleur, même si c’est dur. Le choix qu’il a dû faire, tu n’auras jamais à le faire. En attendant, tu peux être là pour lui, tenter de comprendre à ta façon. Être ce frère, ce chieur pour lui. « j’vais prévenir les infirmières qu’on est en bas, comme ça s’il se passe quelque chose, elles peuvent nous prévenir. » Et oui, on ne croirait pas comme ça, mais ça t’arrive de réfléchir. Ton frère qui te suit, vous avez besoin de changer d’airs. En tout cas, tu as besoin d’être ailleurs. Les hôpitaux ce n’est pas ton fort, tu as l’impression de perdre toute ta joie de vivre. Et puis tu sais que ton frère n’aime pas cet endroit et qu’il a supporté assez d’enfer, autant lui épargner ceci.

tw: accident de voiture, perte d'un bébé

Bêtement, Jake avait souvent repoussé son cadet, quand ils avaient été plus jeunes. Lip était né des années après lui. Il était adolescent quand son frère avait vu le jour et ce n’était pas la période idéale pour les grands changements. Il l’avait mal vécu, le blond, alors il n’avait pas été un très bon grand-frère. Les choses allaient mieux aujourd’hui. Les années l’avait rendu plus souple, Jake et sans doute qu’après avoir passé des années de sa vie en prison, il avait une vision différente des choses. La famille était encore plus importante à ses yeux aujourd’hui, qu’elle ne l’avait été dans le passé. Pendant des années, il avait tout perdu, ça rendait la valeur des choses encore plus importante. Alors ça faisait un moment qu’il avait cessé de repousser son cadet, Jake, mais il fallait croire qu’il avait quand même des efforts à faire dans sa façon de s’exprimer. Sa remarque avait été un peu froide et déplacée. Pour sa défense, c’était parce que la situation était compliquée à gérer pour lui. Se retrouver dans cet hôpital, ça faisait remonter des souvenirs qui n’avaient clairement rien d’agréable. Cette fois où sa fiancée avait eu un accident de voiture et où on lui avait fait comprendre qu’il fallait qu’il choisisse entre sauver leur enfant ou la sauver elle. Un véritable calvaire dont il avait encore du mal à se remettre, Jake.

Mais Lip n’y était pour rien. Alors, après avoir réalisé qu’il n’aurait pas dû dire les choses comme ça, il s’était excusé, le blond. Il était vraiment désolé de ce ton, désolé de ne pas être très rassurant aussi. Ils étaient à l’hôpital parce que le père de famille avait un problème et sans doute, qu’en tant qu’aîné, il devrait chercher à rassurer Lip, mais il avait beaucoup de mal à le faire. Le mieux alors, c’était de changer de sujet. Ça au moins, il savait faire, Jake. Il était un peu maladroit, mais il avait fini par trouver un bon moyen de changer de sujet en évoquant la relation amoureuse du cadet des Wilkins. Avec un peu de chance, ça se passait suffisamment bien au sein du couple de Lip pour que le sujet soit un peu plus joyeux. « Tant mieux, si ça se passe bien entre vous. C’est rassurant de savoir que, quoi qu’il se passe, tu pourras compter sur lui. » Avec un peu de chance, son copain serait même plus efficace que lui pour tenter de le rassurer. Parce que Jake, lui, il était vraiment nul. Il haussa légèrement les épaules, quand son cadet évoqua Oliva. « Ça va, c’est un peu compliqué depuis l’accident, mais on va s’en sortir. J’espère. » Des fois, quand il faisait le point sur leurs disputes, il se demandait s’ils allaient vraiment s’en sortir. Elles étaient souvent idiotes, leurs disputes, comme s’ils cherchaient constamment les tensions. Ce n’était pas rassurant pour leur couple. Mais en même temps, elle avait accepté de l’épouser, alors ça voulait dire qu’elle avait envie d’être avec lui et comme c’était ce qu’il voulait aussi, c’était plutôt bon signe. Il avait envie d’y croire, Jake, même si ce n’était pas facile tous les jours. « Pourquoi pas, au moins, je pourrais m’en griller en une. » Une clope lui ferait du bien. Fumer n’était jamais une bonne chose, mais pour le coup au moins, ça l’aiderait à gérer son stress. Et puis Lip avait raison, ces couloirs étaient flippants, ils seraient mieux ailleurs. L’endroit était tout aussi anxiogène que la situation, alors autant aller prendre un peu l’air, ça ne pourra pas leur faire de mal, au contraire. « D’acc. » Il répondit en laissant son frère aller voir les infirmières pour les prévenir. Il espérait qu’ils auront vite des nouvelles et qu’elles seront positives. Il n’avait pas envie de vivre un nouveau drame Jake. Il n’était pas certain de pouvoir s’en remettre s’il devait perdre son père, ou apprendre qu’il était gravement malade. C’était bien trop tôt depuis la perte de son bébé. Il ne pouvait pas encaisser encore une mauvaise nouvelle. Lip ne tarda pas à revenir. « Tu veux passer par la cafet avant de sortir ? Ou on s’arrête à un distributeur ? » S’il voulait un truc à boire ou à manger, ça pouvait être une bonne option. Jake posait la question, parce que son cadet avait évoqué la cafétéria un peu plus tôt, alors peut-être qu’il avait faim ou soif. Un arrêt avant sa clope était envisageable. Il avait vraiment envie de fumer, mais ça pouvait attendre. Il n’était pas en manque. Il savait ce que c’était le manque, Jake, puisqu’il avait eu des problèmes avec la drogue plus jeune. Heureusement, il avait réussi à lutter contre tout ça, il ne lui restait plus que la clope, comme ultime addiction.

tw: accident

Les rapports n’ont pas toujours été si simples entre vous deux. Oh non. Tu t’es battu pour qu’il t’accepte. Pour qu’il se rapproche de toi. Ce ne fut pas simple, mais aujourd’hui vous avez des bons rapports, un lien. C’est ce que tu as toujours cherché, avoir un lien avec ton aîné. Tu as compris que ton arrivée ne fut pas simple. Il était adolescent et toi un bébé, aujourd’hui vous êtes deux hommes. Tu sais qu’il peut compter sur toi et inversement. Il n’a pas toujours les mots, mais ça t’importe peu, tu n’es pas comme ça. Tu ne t’offusques pas pour si peu. Parce que tu sais que ce n’est pas simple pour lui de venir ici. Toi aussi tu détestes cet endroit, peut-être pas autant que lui. Tu apprécies ses excuses, ne relèves jamais ses maladresses. Pas besoin de ça. Pas entre vous. Ce n’est pas idyllique, mais vous arrivez à trouver votre compte dans cette relation. Du moins, toi tu y trouves ce dont tu as besoin et tu espères que c’est réciproque.

Ashton. Sujet qui finit par arriver sur la table, tu souris rien qu’en parlant de lui. Il aurait pu être là, mais tu ne préfères pas. Rien de méchant, tu sais qu’il apprécie ta famille, mais tu as besoin de faire le point. Puis tu ne veux pas qu’il te voie ainsi, tu perds le contrôle à l’intérieur et ça t’effraie. C’est stupide, car tu sais qu’il s’en moquerait. Il t’aime envers et contre tout. Il te rassure par message et c’est suffisant. Tu lui expliqueras tout ce soir, dans votre bulle à vous. « Ouais, il est là pour moi, tout comme je le suis pour lui. Son groupe fonctionne bien et ça fait plaisir de le voir heureux. Non, on est bien t’en fait pas, faudrait que tu passes à l’appart’ un jour. » il est déjà venu, « avec Oliva bien sûr, on se ferait une petite bouffe tranquillement. » ajoutes-tu. Parce qu’à chaque fois se fut en coup de vent. Pas le temps de profiter de la soirée, toujours quelque chose à faire. Et puis c’est différent d’un repas en famille, pas la pression des parents. Juste entre vous. La question revient vers lui, savoir comment eux vont. Comment ils survivent à tout ça. Toi non plus tu n’es pas habile pour ce genre de discussion, vous n’êtes pas frères pour rien. « je vous le souhaite, vous êtes forts tous les deux. » c’est ce que tu penses et puis dans le fond… son choix fut dur et cornélien. Qui pourrait faire le bon choix ? Personne. Tu ne te mettrais jamais à sa place, tu peux essayer de comprendre, mais jamais échanger les rôles. Tu en restes pas moins là pour lui, c’est tout ce que tu peux faire. Être présent. Un peu comme vous l’êtes à présent pour votre mère.

Tu tournes en rond dans ta tête, mais aussi ici. Quoi de mieux que sortir ? Prendre l’air ? Il accepte de te suivre dehors, besoin de fumer. Tu vas pouvoir souffler, prendre un bol d’air frais, ce qui te fera le plus grand bien. Prévenir votre mère ? « distributeur, maman se trouve à la cafet et .. » tu n’es pas près pour la voir ainsi. Quoi dire ? Elle est dans tous ses états, ce que tu peux comprendre, mais tu n’es pas doué pour rassurer les gens. Hormis être là pour eux, mais là c’est de ta mère qu’il s’agit. « c’est moi qui paye. » tu sors ton billet et le mets dans le distributeur. « t’as une préférence ? » tu optes pour un cappuccino, ça te fera du bien. Un peu de douceur dans cet endroit rempli de noirceur. « de l’air, ça fait du bien. » tu donnes ton gobelet à ton frère, puis profites de cet air pur. « j’espère que tout va.. fin tu vois quoi. » bien se passer.. tu n’arrives pas à finir tes phrases. « bon ça ne vaut pas mes jus au boulot. » l’endroit ou tu aimerais bien être à ce moment précis. Dans ta forteresse à toi, loin de tout ça. Tu combles un peu la discussion, mais ça a toujours été ainsi entre vous. Ça te déplaît pas et puis tu n’es pas à ton aise, du coup tu parles. .

tw: accident de voiture, perte d'un bébé

Il n’était probablement pas le grand-frère de l’année, Jake. Il ne l’avait sans doute jamais été. Il en avait bien conscience, le blond. Pourtant, aujourd’hui il était là. Ils avaient besoin l’un de l’autre, leur père avait eu un accident, alors ils devaient pouvoir compter l’un sur l’autre. Il fallait qu’il garde son calme Jake et qu’il ne laisse pas le stress le dévorer. Il n’aimait pas cette situation, Jake. Pas seulement parce que son père était hospitalisé. Aussi parce que ça lui rappelait l’accident d’Oliva, cette journée tragique au cours de laquelle ils avaient perdu le bébé qu’ils auraient dû avoir. La douleur était toujours présente, comme marquée en lui au fer rouge. Il se demandait parfois s’il finirait par s’en remettre un jour. Il l’espérait. Il voulait qu’ils s’en remettent, Oliva et lui. Que leur couple survive à cette tragédie. Ce n’était pas facile, mais il continuait de s’accrocher. C’était dur, surtout en se retrouvant dans les couloirs de ce fichu hôpital. Il avait manqué de tact avec Lip, simplement parce qu’il s’était laissé ronger par tout ce qu’il ressentait. Il en était désolé. Son frère était tout aussi stressé que lui, alors il ne méritait certainement pas qu’il s’en prenne à lui avec ses remarques manquant clairement d’optimisme.

Il avait fini par se rattraper, du moins, il l’espérait. Il prenait des nouvelles de son couple, prenait des nouvelles de lui au passage. Il était rassuré de voir que ça allait pour lui et Ashton. Au moins, il avait du soutien et c’était une bonne chose. «[color=teal] Tant mieux, je suis content pour vous deux. Il l’était vraiment, le blond, même s’il n’avait pas toujours la bonne façon de se montrer. « Je crois l’avoir entendu à la radio, l’autre fois. » Il connaissait un peu le groupe de son copain, au moins de nom, même si sans l’annonce du présentateur radio, il n’aurait peut-être pas reconnu. « Faudrait qu’on s’organise ça, ouais. » Puisqu’il l’invitait à venir dans son appartement, autant qu’ils se prévoient quelque chose. Un verre ou un repas, ça ne leur ferait sans doute pas de mal. Avec Oliva, ouais, s’ils ne trouvaient pas une nouvelle raison de s’engueuler tous les deux. Mais il avait bon espoir que ça finisse par s’arranger. Ce qu’ils avaient vécu était compliqué, mais il fallait s’accrocher. « J’espère, ouais. » Pour l’instant, il ne pouvait pas en dire beaucoup plus. Il faisait de son mieux pour que tout se passe bien entre Oliva et lui. Il y avait des jours avec et des jours sans. Mais le mariage était toujours d’actualité, alors c’était bon signe. Ils avaient décidé de sortir prendre un peu l’air, une bonne décision. Il avait l'impression d’étouffer là-dedans. Ils avaient décidé de faire un arrêt au distributeur. Pas à la cafétéria, parce que leur mère y était. Il n’avait pas répondu, Jake, se contentant d'acquiescer, comprenant ce que voulait dire son frère. « Merci pour ta grande générosité. Ce sera un café pour moi. » Il répondit dans un ricanement discret. Un café ce serait très bien, pas le meilleur plan pour le calmer mais bon. Il avait attrapé son gobelet, alors qu’il suivait Lip dehors. Il fut soulagé en retrouvant l’air frais. « Ouais, j’espère aussi. » Il lâcha dans un léger soupir, avant d’avaler un peu de café et de poser son gobelet sur un muret, le temps de sortir son paquet de clopes. « Ouais c’est sûr, peut-être que si tu te mettais au jus de chaussette, tu pourrais les égaler. » Il répliqua, un sourire aux lèvres. Les boissons de son bar à jus étaient définitivement meilleures que tout ce qu’ils pourraient trouver dans ce distributeur. Il attrapa une cigarette et la glissa entre ses lèvres. « T’en veux une ? » Il demanda, pas certain que Lip fumait et en tant que grand-frère, il ne devrait pas l’inciter à le faire. Mais ils étaient tous les deux très stressés, alors pour le coup, ça ne pouvait que les aider à se détendre un peu.

tw: accident

Ton regard qui se pose sur ton frère. Est-ce que tu en veux une ? Tu devrais dire non, mais tu en meurs d’envie. Les minutes passent et toujours rien. Est-ce que tu as peur ? Affirmatif. Ce n’est pas normal que ça soit si long, mais qu’est-ce que tu en sais ? Rien. Tu n’y connais rien. La médecine ce n’est pas ton délire, peut-être que c’est positif. Ou pas. Rien n’est moins sûr. Tu n’oses imaginer ce qui se trame dans la tête de ton frère. Il en sait plus que toi sur l’attente, la souffrance qui va avec. Lui qui a vécu bien pire que toi. Toi qui arpentes les couloirs de l’hôpital, à la recherche d’une réponse, mais rien. Tu détestes cet endroit. Tu le détestes de tout ton être, ce n’est jamais bon signe lorsque l’on vient ici. Jamais. Tu souffles un instant, profitant de cet air pur, les couloirs sont bien trop lugubres à tes yeux. Tu essaies de penser à autre chose, pourtant, tu as l’impression de tourner en rond. Et pas que dans ta tête. D’un côté, tu as envie de croire que des bonnes choses peuvent sortir d’ici, après tout c’est là d’où tu viens. C’est ici que tu as poussé ton premier crie. C’est ici que tu es venu au monde. Toi le bébé inattendu, l’enfant qu’on attendait plus. Faisant le malheur de ton aîné, mais au final tout va bien. Vous vous en êtes plutôt bien sortis, la preuve, vous faites front commun pour attendre les résultats. Tu sais que tu devrais être auprès de ta mère. Sauf que tu n’y arrives pas. Tu n’es pas doué avec tout ça, écouter les gens, tu peux, les réconforter c’est pas ton fort. Tu bois une gorgée de ce café, immonde, tu en sers des bien meilleurs. Sauf que tu n’as pas le temps pour retourner à ta boutique. Prendre ou ne pas prendre. Tu ouvres la bouche et c’est à ce moment qu’une infirmière sort du bâtiment.

Ton regard qui se pose sur elle.
L’attente.
L’impatience qui se ressent dans ta jambe, tu ne tiens plus en place. Ou plutôt elle ne tient plus en place, elle bouge tout seule, comme si les fourmis étaient là. Tu attends, ton frère dans la même attente que toi. « votre père s’est réveil. » c’est tout ? C’est tout ce qu’elle ose dire ? Tu regardes ton frère, qui écrase sa cigarette. Il a compris. Il sait. Vous devez rentrer. Vous devez aller le voir, vous tenir à côté de lui, mais d’elle. Sauf que toi tu sens autre chose. Tu ne sais pas trop quoi, mais y a un truc qui tourne pas rond. Ou alors tu es juste parano. Sûrement ça. Pourquoi ça pourrait mal aller ? Franchement ? Bonne question. Tu suis ton frère, soulagé qu’il soit là, que ton père soit réveiller. Sa main qui vient frapper ton épaule, vous êtes là. Tout va bien se passer à présent, ton grand frère est là pour toi et inversement. Rien ne peut contrer votre lien. Vous êtes forts et tout va bien se passer. L’infirmière vous explique que vous devez faire des analyses. Une routine. Juste que votre père aura besoin d’un organe ou de sang. Tu ne comprends plus vraiment, tu es focus sur le visage de cette infirmière. Tout va beaucoup trop vite à ton goût. Tu respires un instant, ton frère qui décide de le faire en premier. Des examens de routine, rien de bien méchant. Juste un contrôle, une routine. Voilà tout. Vraiment ? Et si ces examens changeaient le cours de ta vie ? Tu n’es pas prêt pour ça, mais est-ce qu’on est prêt pour un changement ? Jamais. C’est là, les aléas de la vie.

THE END.