life outside a cocoon (ari)

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Les cloches de l'église du quartier sonnaient, rappel à une réalité que Cami n'était que trop habile à fuir, là sous les lumières d'une ville peinant à connaitre de neige. Noël n'avait jamais été la saison favorite du garçon, magie éteinte depuis un bon moment, lui qui avait rapidement déchanté quant aux histoires que l'on contait aux plus crédules, barbe blanche, rennes et cheminées. Pourtant, il y avait toujours cette part de lui qui continuait à regarder vers le ciel, billes scrutant la moindre étoile pour tenter d'y trouver des flocons. Une part d'enfance qui ne semblait pas vouloir le quitter. Il devait être environ deux heures du matin, quelques heures après sa première connexion sur le jeu, quelques heures après les premiers mots échangés en vocal avec son partenaire de ces derniers mois. Un garçon sous les traits d'un humain, probablement de son âge. Il lui arrivait d'imaginer ses traits, là, derrière son écran. Un blond tirant vers le châtain aux yeux noisettes, grain de beauté effleurant son oeil droit, faisant pencher la balance de la symétrie alors que des lunettes venaient se déposer sur son arête, une petite boucle sauvage tombant sur son front, dandy du vingt et unième siècle. Oh, il le savait Cami, que son imagination ne retraçait rien de vrai, et que la réalité devait être toute autre, mais il ne pouvait jamais s'empêcher de voir ce visage s'articuler lorsque son icone de profil prenait vie. Conversations futiles certes, mais qui avaient tendance à l'animer lorsque la fatigue se faisait ressentir. « (...) et donc le gars m'a envoyé balader comme ça. Je t'avoue que j'ai pas trop compris. » la fameuse rencontre avec un acteur en vogue, il y avait de ça quelques mois, celui pour lequel tous les jeunes de leurs âges avaient tendance à crusher. Cami, il avait du mal à s'intéresser aux gens qu'il ne connaissait pas, alors lorsqu'en plus la personne s'était montrée désagréable à son égard, il n'en fallait pas plus pour l'effacer du radar. « Après le film a l'air bien, mais ouais du coup ça m'a pas motivé à le voir. » malgré l'insistance de son amie, il avait préféré sauter cette soirée cinéma, et rester devant son écran, avec lui. Pourtant, une part de lui ne pouvait s'empêcher de compatir envers l'acteur, lui qui semblait être persécuté dernièrement par les médias pour une histoire dont il ne connaissait que vaguement les tenants et aboutissants. C'était dans ces moments là qu'il validait son propre choix de rester anonyme, malgré sa notoriété sur la toile. « T'en penses quoi toi ? T'as l'air plus calé que moi sur tout ça. » parce que Peanut, il lui parlait souvent de films, de nouveautés et autres, alors que Cami lui semblait totalement déconnecté de cette réalité. Comme si ils évoluaient sur deux mondes opposés, et que seul ce channel vocal les reliait, là, à travers l'univers.

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Encore ce soir, Morphée a décidé de lui faire la gueule, ce n’est pas faute de sa part, pourtant, d’essayer de faire la paix depuis plusieurs jours, à s’efforcer de ne pas dormir en journée pour se recaler, quand bien même il se sentait tout bonnement exténué. Mais le sommeil continue de le fuir, l’esprit persécuté par des pensées nocives qui ne lui laissent aucun répit. Ça c'était calmé pourtant, il commençait à reprendre confiance, motivé par son manager qui lui promettait un rôle secondaire dans un prochain film historique, après avoir longuement discuté avec la réalisatrice. Sauf qu’il a été remplacé par un autre moins... “problématique”, et l’espoir qu’il avait ressenti, aussi bref fut-il, l’a à nouveau anéanti. Alors il a fait ce qu’il sait faire de mieux en ce moment. Allumer son pc et lancer ce jeu qui est devenu son refuge dernièrement. Ari ne pensait pas, en l’installant, qu'il aurait un tel impact sur sa vie. Il déprimait sur son téléphone lorsqu’il est tombé sur une publicité. Il a commencé à regarder des vidéos sur YouTube, curieux de comprendre pourquoi ce jeu en particulier conservait, même après des années, un tel engouement alors que, graphiquement, il semblait loin derrière d'autres jeux plus récent. Sa réponse, il l'a finalement eu après quelques heures de jeu, quand il s’est rendu compte du plaisir ressenti à explorer, accomplir des objectifs et looter de nouveaux items. Mais ce qui fait de ce MMORPG un endroit aussi incroyable est sa communauté, et ça il l’a découvert après quelques semaines de jeu durant l'été, en sympathisant avec un membre de la guilde Echoes, dont il a souvent croisé le nom sur d’autres joueurs durant ses épopées. Malgré son niveau débutant, il a été accueilli à bras ouvert, et ça a changé la donne pour Ari, qui, préférant fuir la réalité, s'était investi corps et âme dessus. Mais la rencontre qui l'a certainement le plus marqué reste celle avec le chef de guilde, Silvio, qui s’est proposé, malgré le fait qu’il ait certainement mieux à faire, de l’aider, lui enseignant toutes les autres subtilités du jeu qu'il avait négligé, l’aidant à améliorer son style de jeu pour les prochains raids à venir. Il n'a aucune idée à quoi il ressemble, mais ça n’a aucune importance pour Ari. Il aime discuter avec lui, sa façon de réfléchir et le timbre réconfortant de sa voix. Il ne devrait sans doute pas être aussi dépendant d’une personne qu’il ne connaît que depuis peu, encore moins qu’il n’a jamais rencontré, mais l’acteur se réjouit de ses moments partagés, où ils ne font parfois que jouer. Malgré sa curiosité, Ari n’a jamais trop osé demandé des informations privées, de peur de devoir faire de même, mais parfois, il a pu récolté quelques informations sur lui via d'autres joueurs plus anciens, et quelques rares autres fois, Silvio se confie à lui. Il ne s'attendait juste pas à découvrir quelque chose le concernant directement aujourd'hui.

Derrière son écran pc, les yeux de l’espagnol s'écarquillent de stupeur à la révélation du leader. Il coupe aussitôt son micro pour se maudire à haute voix alors qu'il écoute son ami lui révéler qu’ils se sont croisés dans la vraie vie une fois.  Et il n’en avait pas la moindre idée. C'était une époque sombre, dernière cérémonie qu’il a assisté suite au scandale avant de se terrer dans son appartement. Il avait bu ce soir-là, ne se souvient pas de grand chose, juste de Berverley et ses manigances. Il ne se souvient pas du serveur qu’il aurait apparemment insulté et méprisé, et ça le frustre plus que de raison d’avoir laissé une si piètre image de lui à celui qu'il cherche tant à impressionner. Il se racle la gorge, se demute pour parler d’une voix légèrement enrouée. — Ah oui, j’imagine… Idiot. Il ne pourra jamais lui faire face maintenant qu’il sait ça, et pourtant quand il a emménagé à Oceanside, ce n'était pas uniquement pour rejoindre son frère. Quand il a su que plusieurs membres de la guilde vivaient dans le coin, il s’est dit que c'était une belle opportunité pour se rapprocher. Quand bien même il n’ait absolument rien dit aux autres, de peur qu'ils veuillent le rencontrer. — Oh tu sais, je ne suis pas non plus expert people, qu’il ment d’une grimace, une main nerveuse dans sa tignasse, je pense que les célébrités vivent dans un monde bien particulier, et, même s’il s’est comporté comme un connard, il n’a pas l’air si mauvais de ce que j’ai pu voir… Il se sent rougir à sa pitoyable tentative de changer son opinion le concernant, mais l'idée que Silvio puisse le détester lui aussi lui paraît insoutenable. — Il avait pas mal bu, et avec le scandale, tu as dû tomber au pire moment, désolé… Il ne s’en souvient pas mais il s'en veut, honteux. Il s’humecte les lèvres, un moment silencieux avant de finalement ajouter, un brin timidement. — Tu devrais quand même tenter de voir le film, il doit se trouver facilement en streaming… Il est à voir au moins une fois, qu’il tente maladroitement, les joues en feu et le palpitant rapide à l'idée que Silvio le voit à l'écran. C'est con car il ne s'était jamais fait aucune réflexion là-dessus sur son entourage, mais étrangement quand ça concerne Silvio, tout semble différent. — Enfin si les films de guerre t'intéressent évidemment , ajoute-t-il précipitamment d’un rire nerveux. — Et puis il meurt à la fin donc tu pourras jubiler comme ça…