human after all. (leslie)
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human after all. (leslie)

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human after all
「 feat. @Leslie Yung ; mars 2024 」
tw: mentions ; précarité

Jour, nuit, matin, soir. Peu importait le moment, il n'était pas rare de trouver Jesus à la salle de sport, ces derniers temps. Refuge à plus d'un titre, semblant de normalité qu'il cultive. Lien avec la civilisation qu'il ne peut se permettre de perdre ; lui permet de s'abriter, de passer le temps, de se ressourcer. Aujourd'hui, il a décidé de s'arrêter dans la salle de sport, s'est installé sur l'une des machines. Il ne s'y attelait que rarement, finalement. Faut dire que s'il est possible de boire à titre gratuit dans l'établissement … il n'était pas possible d'y manger de la même manière. Or, il n'avait pas forcément l'énergie pour se dépenser, ou l'argent pour manger.
Pourtant, Jesus reste et persiste. Un jour, il espère que ça lui amènera un potentiel employeur, une piste, quelque chose. Il ne sait pas. Des espoirs vains dont il entretient l'illusion.

Les répétitions s'enchaînent, son attention fixée sur son travail et sur pas grand-chose d'autre. Il avait réussi à comprendre comment fonctionnait certaines machines grâce à l'observation, mais il y en avait encore certaines qu'il n'osait approcher. Mécaniques délicates résistant à ses méninges sous-développées. Il ne sort de sa transe que lorsque le rythme s'achève, dernière poussée où il relâche enfin les bras de fer.

Termine la bouteille d'eau qui lui tient compagnie, aussi s'éloigne-t-il, en direction des vestiaires. Revient quelques minutes plus tard, soif étanchée et prêt à affronter un nouvel instrument de presque-torture.
Croise l'un des rares autres usagers à cette heure. Le détaille rapidement ; brun, un t-shirt bleu, les traits asiatiques. Peut-être qu'il l'avait déjà croisé. Peut-être pas. Jesus n'avait pas une grande mémoire des visages lorsqu’il n’avait, de surcroît, aucun nom à l’y associer.

Ses prunelles se dirige vers les tapis de course, sans doute l'installation sur laquelle il se sentait le mieux. Courir, ça, il savait faire. Usant ses chaussures depuis des décennies sur le bitume éclaté des rues de son quartier. Repère une machine, commence à s’y installer, et une bouteille solitaire sur celle d’à-côté attire son attention. Qu’un seul coupable, a priori. Jesus se retourne, à la recherche du type qui venait de s’éloigner.
- Eh, Chino ! qu’il gueule, un peu, pas trop fort, en espérant que ça soit assez fort quand même. Insiste un peu, parce qu’il a disparu. - Chino ! Il allait quand même pas le faire traverser la salle une autre fois pour une fichue bouteille ? Il allait bien s’en rendre compte, de son oubli, non ?


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human after all
feat. @jesus flores ; mars 2024
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tu aimes te rendre à la salle de sport aux horaires les plus calmes. tôt le matin, tard le soir. pouvoir te concentrer pleinement sur tes propres exercices, sur ta propre routine. tu profites du calme de la salle, bien que tu portes toujours ton casque quand tu fais du sport. mais tu préfères tout de même quand il n'y a pas énormément de monde autour de toi.
aujourd'hui, tu t'es installé sur un tapis de course. séance light pour aujourd'hui. profiter de l'endorphine qui glisse dans tes veines. de longues minutes de marche rapide, puis de jogging à un rythme tranquille. de quoi garder ton allure le plus longtemps possible. besoin de te dépenser et de penser à autre chose. de trop nombreux questionnements qui se glissent dans ton esprit, ces dernières temps. cette rencontre avec suki et ces nombreux messages que vous ne cessez de vous envoyer. tu te sens vivant, d'une manière différente de celle de la vie de tous les jours. tu ne saurais l'expliquer. tu as une petite idée, au fond. mais tu ne veux pas y penser. tu ne veux pas réfléchir à tout ça ; c'est trop tôt, trop récent. trop compliqué.

tu t'arrêtes finalement, respirant avec plus de force. toujours au fond de tes pensées ; celles tournées vers la jeune femme, encore et encore. tu retires ton casque, le laisse prendre place autour de ton cou. — eh, chino ! soupir léger sur les lèvres, silhouette sportive qui se dessine dans la salle non loin tu t'éloignes sans répondre, pour aller récupérer de quoi nettoyer le tapis de course. — chino ! tu lèves les yeux au ciel. toujours plus ou moins agacé ; à ce genre de remarques. tu déglutis lentement, tu récupères du papier que tu humidifies avec de la solution nettoyante, avant de retourner vers le tapis.
ton regard se pose sur l'inconnu. — c'est à moi que tu parles ? tu questionnes simplement en commençant à nettoyer l'appareil. tu récupères ta gourde par la même occasion. — désolé de pas me sentir visé, puisque je suis pas chinois. tu ajoutes, ta langue claquant contre ton palais, agacé. tu ne devrais pas rentrer dans ce genre de jeu ; tu le sais bien. des remarques dans le genre, tu y as eu le droit toute ta vie, après tout. tu sais que ça ne changera pas de si tôt. pas en amérique. alors, à quoi bon ?

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human after all
「 feat. @Leslie Yung ; mars 2024 」
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Confiant, quand il appelle le type qui vient de disparaître. Certain de faire une bonne action, d’éviter des recherches vaines. S’attendait pas à un remerciement - peut-être un simple signe de tête entendu.

Dégoûté, quand l’autre revient et commence à lui parler. Le questionner.
Pfiou, il avait manqué une belle occasion de se taire et de rester dans son coin.
Son anglais trop limité pour avoir le temps de lui répondre, pour savoir quoi lui répondre. L’autre enchaîne, récupère sa bouteille, cueille l’offense là où Jesus n’en avait pas laissé. Se retient de rouler les yeux au ciel, son nom était pas inscrit sur son putain de front non plus.
Il respire, tente d’harmoniser ses pensées. Peux pas sortir son téléphone pour servir de traducteur, c’est trop tard, il a déjà pas de fierté - celle-ci réussirait pourtant à en prendre un coup. Aujourd’hui, pas demain. Pourtant, y’a rien qui lui vient.
- Ok.
C’est fort. Très fort.
Jesus pourrait presque compter les anges qui passent.
- C’est la bouteille … chino-no-chino.
Serre les mâchoires pour pas débiter d’autres conneries, avec son anglais cabossé et ses pensées effilochées.
Aurait pu l’insulter en espagnol,
En mandarin,
En anglais, même, s’il l’avait vraiment voulu.
Au lieu de quoi, il l’avait juste - à tort, peut-être - décrit pour attirer son attention. Il l’avait pas insulté de quelque manière que ce soit, du moins, de son point de vue. Ses épaules se haussent avec son hésitation.
- T’es quoi ? L'envie de bien faire, pour quelqu'un qui en a pas grand-chose à faire, finalement. Toujours mieux que de l'ignorer, de monter sur le tapis de course et de s'élancer.

Il aurait peut-être dû l'ignorer et monter sur le tapis.

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feat. @jesus flores ; mars 2024
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les remarques ; tu en aurais presque l'habitude. dans ton enfance. à l'école. durant ton adolescence. à l'université. tes origines ne sont pas discrètes, traits semblable à ceux de tes parents. l'asie de l'est dans le sourire, sans que personne ne puisse avec certitude deviner d'où tu viens exactement. alors les gens se permettent des remarques, des spéculations. tu ne saurais même pas dire une phrase en mandarin.
définitivement pas chinois.
contrairement à ce que penses l'inconnu que tu rejoins sur le tapis. — ok. qu'il répond. lèvres pincées, tu attrapes ta gourde. — c'est la bouteille ... chino-no-chino. tu arques un sourcil, ton regard se pose sur le visage de l'inconnu. américain ? t'en sais trop rien ; peau halée qui pourrait avoir bien des origines. mais tu ne spécules pas, toi. soupir sur les lèvres, tu portes ta gourde à ces dernières pour boire une gorgée d'eau bien méritée. tu termines de nettoyer la machine. — tu comprends ce que j'te dis au moins ? tu siffles simplement en l'observant. ta langue claque contre ton palais. — c'est pas parce que j'ai des origines asiatiques que j'suis chinois. est-ce que tu as vraiment l'courage pour éduquer un parfait inconnu sur ce genre de sujet ? t'en sais trop rien.

— t'es quoi ? qu'il questionne. tu te tournes un peu en sa direction, sourcils légèrement froncés. voilà qu'il se met à courir. tu lèves les yeux au ciel, presque agacé. à quoi mène cette discussion, en réalité ? — j'suis américain. tu te contentes de répondre. ouais. t'es né sur le territoire. t'en as la nationalité. t'es rien d'autre qu'américain, n'est-ce pas ?
t'as bien compris qu'il parlait de tes origines, néanmoins. mais toi aussi t'peux jouer au con. et t'as pas honnêtement envie de faire des efforts, là, maintenant, crevé après ta séance. tu secoues un peu la tête se gauche à droite. il est pas bien méchant, au fond. mais ... tu te pinces les lèvres. — j'ai des origines coréennes. tu ajoutes finalement, appuyant bien tes mots.
t'auras fait un effort ; c'est pas mal, non ?
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human after all
「 feat. @Leslie Yung ; mars 2024 」
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Goût de cyanure dans la bouche. L'auto-destruction dans les veines ; et sous une parole, un acte attentif de bonne volonté, voilà l'imposteur sous le courroux de celui qu'il avait cherché à aider. Maladroit, sa bonne volonté n’aura pas suffit, aujourd’hui, à se faire comprendre. Un mot, que l’autre trouve déplacé. C’est pas l’intention qui prime, aurait sans doute pu le sauver d’un accident que l’étranger aurait eu la même réaction.
Le vocabulaire est absent, la compréhension se fait complexe. La morsure de ses paroles pénètre sa peau, chapelet de cicatrices qui viendront s’ajouter aux précédentes.

Il a envie de répliquer que oui ; il comprend ce qu’il raconte - sans franchement en avoir la force ou l’envie. Ne serait-ce pas plus simple, désormais, de s’ignorer ? De prétendre que rien ne s’est passé ? Jesus aurait voulu disparaître sous terre, le malaise avec, et pourtant le voilà qui creuse encore, pelle à la main, sueur sur le front.
Qui lui demande des explications. C’est dit ; c’est trop tard.
L’autre répond avec toute l’exaspération du monde - s’floque sous la bannière red, white and blue, un américain qui lui rappelle que lui ne l’est pas. Touché.
Y’a plus rien à rajouter.
Jesus grimpe enfin sur le tapis qui lui tend les bras. Avant de s’élancer, obtient sa réponse, un peu étrange. Coreano, c’est et ce sera. A défaut d’un prénom. A défaut de plus, il tâchera de s’en souvenir. Il acquiesce en sa direction.
Que dire d’autre, si c’est pour l’offenser à nouveau ?
- Ok. Good run.

Jesus se détourne enfin de lui, préfère s’attarder sur la machine et les réglages, retourne un instant dans les rues de sa ville natale, quand ses pieds frappent le tapis sombre. Il manquera le soleil qui baisse dans le ciel, dans cette salle aux lumières blafardes. Il manquera les voitures et les klaxons, les passants qu’il faut éviter et la course contre la montre. Ce jogging est d’une simplicité sereine et alarmante, y’a le palpitant qui comprend pas pourquoi il court, pourquoi il court encore. A quoi ça sert, désormais. Il n’échappera à rien, ici. Ni à son passé ni à lui-même.
Courir plus vite ne remontera pas le temps. Pourtant il s’exhorte et s’efforce, finira bien par arriver quelque part.


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