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Pet photography, isn't easy - Jude
Depuis qu'Amelia avait organisé un évènement caritatif pour le refuge animal d'Oceanside, elle y avait laissé son nom comme bénévole en cas d'urgence. Malheureusement, avec son horaire du temps plus que chargé auprès de son agence événementielle, Ame ne pouvait y venir plus qu'une ou deux fois par mois. Toutefois, elle savait que le peu de temps passé à aider les animaux du refuge aidait, par le fait même, les autres bénévoles à prendre une pause.
En cette fin de semaine d'avril, Amelia s'y rendit avec la joie de retrouver ce lieu si doux et bienveillant. Cheveux attachés en une queue de cheval haute, jeans taille haute et chemise à carreau, la jeune maman avait adopté son look de la campagne. Elle gara sa voiture et arriva dans l'espace d'accueil afin de connaitre sa tâche. Enceinte de presque six mois, Amelia ne pouvait pas faire n'importe quelle tâche, mais elle s'y sentait quand même utile d'y donner un coup de main pour 2 heures ou 3.
Aujourd'hui, la tâche qui lui était attitrée était la prise de photos des nouveaux animaux pour les mettre ensuite sur les réseaux sociaux en guise de publicité. Une tâche qui convenait parfaitement à Scott qui évidement était habituée à ce type d'activités dans son rôle de gestionnaire au Dazzle & Delight events. Cependant, les chiens, les chats et toutes autres petites boules de poils demandaient une gestion de plus que des objets. Heureusement, on lui avait jumelé un acolyte pour gérer les petites bêtes. Arrivant dans la pièce ou les photos seraient prises, elle se présenta tout de suite à l'homme, qui après réflexion lui rappelait un lointain souvenir. Bonjour ! C'est moi qui va prendre les photos ! Amelia Scott. dit-elle chaleureusement en tendant la main à l'homme, tout en se creusant la tête pour retrouver d'où elle le connaissait. Je crois, en fait, que votre visage ne m'est pas inconnu? Aussi bien lui poser la question directement.
Ça peut paraître étonnant, mais le bénévolat au refuge fait pourtant bel et bien partie des devoirs thérapeutiques de Jude ; le contact des animaux l’a toujours apaisé, pour une raison qu’il ignore et qui confine parfois au mystique. Tant pis si leurs histoires tragiques lui brisent le cœur, tant pis s’il renifle jusque dans son appartement désert lorsque l’un de leurs protégés perd la vie sur la table vétérinaire ; avoir l’impression de faire un peu pour eux, c’est faire énormément pour lui-même. Alors, après trois ans de thérapie cognitivo-comportementale pour traiter la dépression qui l’a assommé sans prévenir – ou plutôt, sans qu’il ait pu la voir venir –, il est temps pour lui de se jeter dans le bain des activités qui lui font du bien. Ce qui comprend, eh bien, augmenter son temps de bénévolat au refuge. Ainsi, cela fait désormais quelques semaines qu’il passe tous les week-ends – au moins une fois par semaine – pour donner un coup de main. D’un naturel réservé, l’aîné Pascoe éprouve des difficultés à se mêler avec aisance aux autres bénévoles, mais son contact particulièrement naturel avec les animaux semble suffisamment plaire pour que personne n’émette la moindre objection à sa présence ténue.
Pour quiconque connaît l’éditeur, l’observer se perdre en gazouillements gagas et en regards débordants d’amour a de quoi surprendre ! Et c’est sur ce spectacle qu’Amelia Scott tombe lorsqu’elle débarque dans la pièce transformée en studio photo improvisé. Assis en tailleur sur le sol, Jude est occupé à enfouir ses longs doigts délicats dans la fourrure d’un labri visiblement ravi de se voir couvrir de compliments et d’affection. Lorsqu’il remarque la présence de son acolyte toute désignée, il manque de sursauter et rosit d’embarras. “Oh, euh, bonjour” répond-il maladroitement, avant de froncer les sourcils à l’écoute de son nom. À présent que son attention est focalisée sur elle, son visage lui rappelle effectivement quelqu’un. Conclusion à laquelle semble parvenir Amelia, puisqu’elle l’émet à haute voix. Et là, ça lui revient : Dazzle & Delights ! “Ah, mais oui ! Vous travaillez pour l’agence événementielle, non ? Je suis Jude Pascoe, l’éditeur de chez Secretarybird Publishing avec qui vous avez échangé pour un salon.” Ça lui fait bizarre, de croiser une connaissance dans le coin. Et, en même temps, ça a quelque chose d’un peu réconfortant, car la dénommée Amelia est plutôt agréable.
Revenant à leurs moutons – ou plutôt, en l’occurrence, à leur labri –, Jude désigne gentiment le chien qu’il quitte en se relevant précautionneusement. “Je vous présente Gribouille, notre première star du jour. Elle ne devrait pas être trop difficile à immortaliser, elle est très tranquille.” Ça ne sera sans doute pas la même chanson avec les autres animaux à venir, car dans le lot, il y a des lapins – animaux craintifs et nerveux par excellence. Il rejoint donc Amelia pour se tenir du côté photographe, avisant avec un certain plaisir que la chienne se tient sagement assise en les dévisageant. “Parfaite, non ?”
Silencieuse en écoutant l'homme lui répondre, Amelia eu un flash au même instant où ce dernier confirmait qu'ils s'étaient effectivement déjà croisés dans un autre contexte. Elle eut une brève réflexion qu'elle ne se serait pas imaginée cet homme dans ce lieu, mais chassa cette pensée. Bien sûr oui !! Je m'en souviens très bien maintenant, bien contente qu'on se retrouve ici ! déclara avec enthousiasme Amelia qui était bien contente d'être devant un visage connu.
Son attention fût ensuite transféré vers l'animal que son collègue d'un jour caressait. Ame ne pouvait qu'approuver, la jolie chienne avait l'air très douce et apaisée. Wow, je ne connais pas votre secret, mais décidemment vous avez le tour avec elle ! affirma la brunette en vérifiant les paramètres de l'appareil qui avait été préalablement installé. Elle n'avait pas particulièrement d'études dans le domaine de la photographie, mais on peut dire qu'avec son emploi et sa carrière d'entrepreneur, elle avait appris les bases sur le terrain. Dites, est-ce que le tutoiement vous irait ? Questionna Amelia tout en débutant la séance d'avec Gribouille. Pas que l'utilisation du "vous" la dérangeait, mais plutôt dans un esprit de convivialité pour tout ce qu'ils risquaient d'affronter ensemble dans la prochaine heure. Voilà Gribouille, déjà terminé ma belle, avec ces photos je suis certaine qu'elle sera adoptée rapidement ! D'ailleurs, je crois que tous les deux, vous feriez un chic duo! Ajouta Melia avec un petit sourire en coin. La jeune maman ignorait si ce dernier avait déjà des animaux à la maison, mais elle ne pouvait niée la chimie entre les deux. Dans tous les cas, Gribouille trouverait bientôt son chez-soi, Ame avait confiance.
La gêne se dissipe heureusement rapidement, une fois que Jude a remis un nom sur ce visage qui titillait ses neurones. À son tour, Amelia paraît avoir une illumination et s’exclame que ça lui revient – le contraire aurait été plutôt vexant. “J’en suis bien content également” réplique-t-il avec un petit sourire sage, plutôt heureux de la voir se réjouir spontanément de ces retrouvailles improbables. Lui qui appréhendait un peu ce duo, le voilà plus détendu et amical ; ce qui n’était pas franchement gagné, connaissant la réserve de l’animal. Un bon point pour la jeune femme qui lui fait face ; qui enchaîne presque immédiatement en le complimentant sur son attitude avec la charmante Gribouille. Inévitablement, ses pommettes se font à nouveau gagner par une pointe de rose et il évacue le sujet d’un rire embarrassé, détournant les yeux de l’appareil photo que sa partenaire règle avec attention. “Oh, c’est surtout elle qui est adorable, moi, je ne fais rien de bien spécifique !” L’éditeur prend appui sur ses genoux – qui craquent au passage dans une grimace – pour se redresser et laisser la sage chienne seule devant la lentille.
Alors qu’il la rejoint à pas tranquilles, les mains fourrées dans les poches de son jean décontracté pour les occuper, Jude se laisse surprendre par sa question, à laquelle il acquiesce. “Oui, vous… tu” se corrige-t-il aussitôt avec un sourire désolé, “peux me tutoyer.” L’habitude un brin guindée de l’éditeur revient au galop dès qu’il s’agit de rencontrer de nouvelles personnes dans un contexte qui n’est pas strictement personnel ; mais Amelia paraît suffisamment à l’aise pour infuser un peu de son comportement détendu dans celui de son coéquipier. Silencieusement, il la laisse mitrailler le canidé parfaitement photogénique en se faisant la réflexion qu’il n’a pas hâte de passer au modèle suivant ; un berger australien un chouïa trop énergique, qui va sans doute leur donner du fil à retordre pour obtenir des photos nettes. Perdu dans ses pensées, il met une seconde de trop à s’apercevoir que sa partenaire annonce la fin de la séance pour Gribouille avec enthousiasme, non sans ajouter avec malice qu’elle et Jude feraient un bon duo. L’aîné Pascoe hausse les épaules avec une moue tardive. “Je ne pense pas qu’elle serait heureuse en appartement.” Bien sûr, l’idée est séduisante… mais s’il veut mettre en pratique son désir d’adopter un animal, surtout un chien, vendre son appartement pour chercher un pavillon serait un premier pas. Et puis, ça fait déjà quelque temps que ça lui trotte dans la tête : son propre jardin, surtout, et un compagnon à poils pour piétiner ses fleurs soigneusement entretenues. Plus tard, peut-être…, se répète-t-il, sans s’apercevoir qu’il ne fait que repousser le moment de sauter le pas – comme bien d’autres choses dans sa vie. “Je vais chercher la star suivante” annonce-t-il en disparaissant dans les couloirs pour filer vers le chenil.
Il revient avec Bip-Bip, le fameux berger australien qui porte très bien son nom. Et, effectivement, dès qu’il détache la laisse pour le laisser gambader dans la pièce transformée en studio photo, le filou court vers Amelia pour lui sauter dessus en aboyant et en remuant joyeusement de la queue. Dans un soupir un peu amusé, Jude pose la laisse dans un coin et s’avance vers le chien excité. “Allez mon vieux, va falloir se calmer un peu… Tiens.” S’accroupissant devant l’appareil, il tend une friandise pour l’appâter – se faisant récompenser d’un coup de croc trop enthousiaste pour gober la gâterie (et ses doigts avec). “Aïe ! Eh, dis donc, fais attention un peu” le gronde-t-il gentiment, mais c’est peine perdue, car le jeune chien fou a déjà tout avalé et s’échine désormais à lui lécher la figure malgré ses mains dressées en faible bouclier. “Bip-Bip, stop ! Hey !” Et d’un bon joyeux, le berger australien lui saute dessus pour l’étaler de tout son long au sol. Open bar de léchouilles ! Bon courage avec celui-là…
Amelia était contente de pouvoir utiliser le tutoiement, car elle se sentait ainsi toujours plus proche de son interlocuteur. Puisqu'elle devait faire équipe avec cet homme pour les prochaines heures, aussi bien se mettre à l'aise. Leur travail serait ainsi plus facile à ses yeux. D'autant plus qu'avec son rôle de co-propriétaire de D&D, Ame devait beaucoup trop souvent user des formes de politesse, ça devenait lassant à la longue. Bon point, mais si tu es ouvert, je suis certaine qu'on pourrait toujours te trouver un compagnon d'appartement ! Déclara avec confiance et aimabilité Melia tout en ne voulant pas avoir l'air d'insister. Après tout, elle ne savait que très bien que l'adoption d'un compagnon était un engagement à prendre au sérieux et qu'une telle décision ne devait venir que du futur propriétaire lui-même.
Allons-y ! Approuva la jeune trentenaire en ajustant la lentille de son appareil. Elle devait bien avouer prendre goût à sa tâche de la journée, se transformer en photographe d'un jour lui allait très bien et été finalement plus facile que prévu. La brunette sursauta légèrement en voyant la future star d'un jour faire son entrée, tout un contraste avec Gribouille. Elle accueilli tant bien que mal Bip-Bip en tentant au maximum de le tenir loin du matériel de photographie. Elle remercia Jude pour son aide et approuva la technique des friandises, mais porta une main devant sa bouche en comprenant qu'il venait de se faire mordre. Oh zut, ça va ?? Questionna Amelia en s'approchant afin de constater la gravité de la situation.
Avant même qu'elle puisse intervenir, Bip-Bip s'en donnait à cœur joie sur Jude qu'il avait apparemment décidé de bien aimer. Se dépêchant au maximum, Ame se dirigea vers un panier afin d'y récupérer un os et la laisse. Viens ici mon beau !! Demanda Melia en approcha prudemment l'os de son champ de vision tout en ne voulant pas se mettre trop dans l'action étant enceinte. Elle réussit à capter son attention quelques instants, ce qui lui permis de lui remettre sa laisse. Cependant, l'excitation du berger australien était encore très présente. Ouff, les photos vont être plus difficiles... Tu es okay ? Décidemment, une petite séance de sport avant shooting photo aurait probablement été bénéfique... Et Amelia avait clairement célébré trop vite : prendre des animaux en photo n'avait rien de facile.
L’enthousiasme d’Amelia est rafraîchissant, et sa douceur spontanée apaise un peu la nervosité naturelle de l’éditeur. Malgré tout, le sujet de l’adoption le ramène à des considérations qu’il préfère tenir éloignées pour le moment ; ce bond hors de sa zone de confort le met mal à l’aise – il n’y est pas encore préparé. À moins qu’il se trouve (encore) des excuses pour ne pas prendre son courage à deux mains. Après tout, la lâcheté n’est-elle pas sa spécialité ? “Ouvert ?” répète-t-il prudemment, faisant un peu semblant de ne pas voir où elle le mène. Adopter une autre espèce domestique serait une solution, bien sûr, mais cette possibilité fâche l’anxiété qui lui noue l’estomac. Alors, il ne tarde pas à s’éclipser pour ramener le prochain top model poilu du jour, histoire de distraire l’angoisse créée par cette conversation. Seulement, il ne s’était pas attendu à ce que Bip-Bip soit aussi enthousiaste !
Sa pauvre partenaire du jour en sursaute de surprise, déstabilisée par le contraste entre les deux toutous. La tornade australienne se focalise sur elle, bientôt détournée par les friandises avec lesquelles le quadragénaire l’appâte ; seulement, en récupérant l’attention explosive du chien, c’est Jude qui se retrouve emporté dans le tourbillon de son énergie. Un coup de croc maladroit plus tard et un cri mal étouffé lorsqu’il se retrouve au sol, assailli par pratiquement trente kilos de muscles et de poils, c’est Amelia qui s’approche précipitamment pour s’assurer que tout va bien. “Hmpf, oui, oui…” grogne-t-il en se redressant péniblement lorsque sa coéquipière attire Bip-Bip avec un os pour le libérer de sa présence étouffante. Elle parvient à lui remettre sa laisse, lâchant dans un soupir que la séance va être sportive. “À qui le dis-tu ! Mais ça va, ne t’en fais pas” la rassure-t-il une fois debout, lui montrant une simple marque de crocs enthousiastes sur sa main. “Je pense que tu as bien fait, pour l’os. Mastiquer va l’occuper et le canaliser.” Et en effet, Bip-Bip semble absorbé par son os, tant et si bien qu’il suffit à Jude de tirer sur la moelle pour l’attirer dans le champ de la caméra, où il l’installe en position couchée avec son précieux butin qu’il continue de râcler bruyamment. Un sourire fend le visage échevelé de l’homme, qui relève ensuite les yeux vers Amelia. “Je crois que c’est le moment de le mitrailler, on n’aura pas mieux.”
Toujours inquiète de l'état de son partenaire photo d'un jour, Melia fût quelque peu rassurée de constater qu'il y avait eu plus de peur que de mal. La brunette était aussi bien soulagée d'avoir réussi à remettre une laisse au cou de la petite boule d'énergie qu'était Bip-Bip. Cependant, ses inquiétudes persistaient face au défi que cette séance photographique allait représenté.
Ainsi, elle laissa Jude poursuivre l'intervention auprès du chien en sentant son anxiété diminué au fur et à mesure que le calme retombait. Fiou, il a l'air déjà pas mal plus docile le beau garçon. Ame retourna derrière l'appareil photo et tâcha de bien placer ce dernier afin de capter les meilleures images possibles de ce chien. Clairement, une famille avec l'accès à un grand terrain serait de mise, ne pu s'empêcher de penser la jeune maman. Elle rendit un sourire franc à son acolyte, prête à jouer son rôle de photographe. C'est parti !! Décidément, cette tâche était plus physique qu'elle ne l'aurait pensé, d'autant plus qu'il y avait une grande différence entre photographier des accessoires pour l'organisation de ses évènements et prendre en cliché des animaux.
Comme à son habitude, Ame s'appliqua dans sa tâche et fût bien contente du résultat. Voilà, c'est fait !! Je dois vraiment félicite notre travail d'équipe sur ce coup là! C'était un réel sentiment d'accomplissement que ressentait Amelia. En espérant que le prochain soit moins excité par la séance hahaha.. Tu es certain d'être okay, on peut prendre une pause si tu le souhaites ! ajouta Melia qui n'avait pas envie de revivre une expérience similaire et qui voulait s'assurer que l'homme allait réellement bien.
Un sentiment de soulagement mêlé de félicité s’infuse lentement dans la pièce alors que le berger turbulent se laisse enfin photographier grâce aux efforts combinés des bénévoles. Le plus dur est fait, à présent, il ne reste qu’à demeurer immobile auprès du toutou occupé à s’acharner sur son os, tandis qu’Amelia mitraille le mannequin poilu du jour avec un professionnalisme admirable. Enfin, Jude se redresse avec un petit soupir – du genre qui sous-entend qu’il est bien content que ça se termine. Immédiatement, Bip-Bip se dresse sur ses pattes postérieures pour poser les antérieures sur les cuisses de l’éditeur, qui rit en le repoussant gentiment. “OK, OK, j’ai compris. Je te dépose dans le parc en revenant” promet-il, laissant une caresse appliquée sur le crâne du chien survolté. “Oui, on peut dire qu’on s’est bien coordonnés sur ce coup-là” approuve-t-il, avant de secouer la tête. “Non, vraiment, ce n’est rien, ne t’en fais pas. Je vais le dépenser un peu, tu veux venir ou tu préfères m’attendre là ?” Sûr de lui, il tire la laisse du bonhomme agité jusqu’à la sortie et tient sa promesse : plutôt que de le faire retourner en box, il le libère dans le parc destiné à exercer les chiens à l’adoption. Ça ne lui fera pas de mal.
Armé d’une balle, il la lance de toutes ses forces de l’autre côté du parc clôturé ; lançant inévitablement le berger sur ses traces dans une ruée chaotique – qui arrache encore un rire au quadragénaire. Pensivement, il fouille dans la caisse à jouets pour en tirer un cordage solide. Voilà qui devrait faire l’affaire et solliciter l’énergie débordante du loulou dès qu’il lui aura rapporté la balle !
Sans hésiter, Amelia accepta la proposition d'aller faire dépenser un peu d'énergie à la boule de poil qui leur avait fait dépenser la leur.Je te rejoins! Affirma Melia en replaçant ses objectifs avant de s'assurer de ne rien briser en son absence. Elle en profita également pour écrire un bref texto à son mari afin de lui donner de ses nouvelles. Évidemment, enceinte de plusieurs mois, ce dernier aimait bien avoir des petites mises à jour de son état au courant des journées.
Elle sortit finalement rejoindre son coéquipier d'un jour et ne pu s'empêcher de faire un commentaire devant la scène qui se dressait devant elle : je peux te confirmer qu'un compagnon à quatre pattes serait bien accompagné avec toi! rigola la brunette tout en étant très sérieuse. Décidément, Jude avait un intérêt pour les chiens et ces derniers le lui rendaient bien. Je viens de vérifier l'heure et selon l'horaire, on aurait le temps d'en photographier encore un ou deux, puis je peux te conseiller en même temps pour le compagnon qui te conviendrait le mieux! ne pu s'empêcher d'ajouter Ame aimablement. Évidemment, le choix final revenait à l'homme, mais elle adoooorait participer à ce type de réflexion, et ce, même si c'était fictif et pas nécessairement une adoption immédiate. Se penchant, Scott prit le temps de flatter un adorable labrador qui semblait plutôt âgé et davantage à la recherche de câlins que de camarades de jeux.
Sans trop de surprise, Amelia lui emboîte le pas après avoir bidouillé quelques petites choses du côté de l’appareil. Jude n’y prête pas vraiment attention, tout entier focalisé sur le remuant cabot qui se réjouit dès l’instant où il comprend qu’ils se dirigent vers le parc. Évidemment, la balle qu’il lance est aussitôt suivie par un tout autre genre de balle lancée à pleine vitesse – plutôt une boule de poils suivie d’une traînée de langue largement sortie. La future mère profite de ce moment de répit pour revenir à la charge avec un éventuel animal de compagnie. “Ce n’est pas l’envie qui manque… Mais il faut d’abord que je vende mon appart, que j’achète un pavillon… J’ai tout le temps d’y réfléchir.” Un peu trop pragmatique, l’homme ne voit pas vraiment l’intérêt d’y songer maintenant – un peu, peut-être, parce qu’il a peur de se languir d’une présence aimante et de retomber trop facilement dans cette dépression qui le guette encore à chaque recoin sombre de son existence. Heureusement, le chien surexcité l’empêche de se plonger dans ses pensées amères : il revient à la charge en galopant fièrement, jouet dans la gueule. Amusé, l’éditeur est paré à réceptionner la bête avec une corde solide étroitement tressée ; à peine la lui tend-il que Bip-Bip lâche sa balle baveuse pour se jeter sur le nouveau jouet en tirant de toutes ses forces, train arrière dressé tandis que ses pattes s’enfoncent dans le sol pour solidifier ses appuis. L’aîné Pascoe vacille, propulsé en avant, dans un rire joyeux qui éclaire singulièrement ses traits d’ordinaire trop sérieux.
À son tour, Jude se penche en avant, pieds solidement plantés dans le sol, et tire le jouet vers lui. Aussitôt, le border collie réplique sans vergogne dans un grognement joueur qui étire un peu plus le sourire de l’humain occupé à le dépenser. Il ajuste sa force à celle de l’animal, afin de lui donner suffisamment de résistance sans abîmer ses dents solidement plantées dans la corde. “Et toi, tu as des animaux ?” s’enquiert-il, un peu essoufflé. La jeune femme est enceinte jusqu’aux yeux ; ce n’est donc pas le moment d’adopter, mais il se demande si elle a déjà quelques compagnons à quatre pattes qui l’attendent chez elle. Mais ils n’ont pas le temps de s’apesantir sur la question, car Amelia lui rappelle que l’heure tourne et qu’il leur faut encore photographier quelques bestioles – non sans lâcher au passage qu’elle pourrait le conseiller pour une adoption adaptée. Jude lâche la corde, étirant une grimace. “Je ne pense vraiment pas ce que ce soit une bonne idée d’adopter qui que ce soit maintenant. Mais, oui, très bien, passons à la suite.” Après avoir rattaché le trublion et laissé ce dernier dans son box, il se dirige vers la partie dédiée aux NAC et attrape gentiment un grand lapin à la belle robe fauve. “Hey, salut toi… On n’en a pas pour longtemps, promis.” Les yeux ronds et le souffle rapide, le pauvre lagomorphe reste immobile dans les bras de l’éditeur jusqu’à ce qu’ils atteignent la salle transformée en studio photo, où il dépose le lapin au sol. “Il s’appelle Pompon, pas très original…” commente-t-il en reculant pour laisser de l’espace à la pauvre créature encore immobile et méfiante.
Amelia n'insista pas davantage se contentant d'hocher la tête par l'affirmative. Après tout, ce n'était pas de ses affaires et l'homme était bien assez grand pour prendre ses propres décisions. Cependant, Ame était convaincue que ce dernier finirait par flancher un jour ou l'autre, en tout cas elle n'en serait pas surprise, mais très ravie. Elle observa le jeu entre Jude et le chien en profitant de ce moment de pause et de silence. La main posée sur son ventre, la maman était bien reconnaissante de ce doux moment de sérénité.
La question ramena à la réalité la jeune mère qui se fit un plaisir de répondre. Après tout, son cher pitou était la continuité de sa famille. Oui, nous avons un chien.. qui est plus âgé et avec moins d'énergie que ce cher Bip-Bip haha rigola Scott en ayant toujours les yeux posés sur le duo.
Quelques instants plus tard, elle suivit l'homme à l'enclos suivant sans rien redire sur le commentaire précédent concernant l'adoption. Ame, qui avait pourtant lâché l'affaire quelques minutes plus tôt, n'avait pas pu se retenir d'un autre commentaire sur une potentielle adoption et avait bien compris que c'était maintenant de trop. Ainsi, elle conserva un silence poli et regarda le prochain petit model à photographier. Installa de nouveaux ses appareils, Amelia laissa son coéquipier d'un jour placer ce magnifique lapin. On est bien d'accord haha déclara Amelia en entendant le prénom. C'est parti! Ajouta la brunette en activant son appareil et en prenant une dizaine de photos. Il est plutôt calme! Se réjouit Amelia qui avait l'habitude que les petits animaux comme les lapins tournent toujours leur tête au mauvais moment. Ne voulant pas non plus qu'il soit traumatisé, puisqu'il semblait méfiant, Melia fit de son mieux pour ne pas faire durer la séance trop longtemps. Voilà! Il pourra retourner dans le confort de son chez soi.
Les yeux rivés sur le berger et les mains solidement arrimées à la corde que chacun tire de son côté, Jude tend toutefois une oreille pour accueillir la réponse de sa binôme du jour. Un petit rire essoufflé lui échappe. “Tant mieux, je ne crois pas qu’un Bip-Bip serait très approprié à ton stade de grossesse !” Il ne manquerait plus que le cabot surexcité ne la renverse en courant ! Non, c’est bien mieux ainsi. Et puis, les vieux chiens ont droit à une belle retraite ; ce que trop de gens ont tendance à oublier.
Une fois le jeu terminé et le loulou rentré dans son box, l’éditeur esquive une nouvelle suggestion d’adoption. Amelia ne renchérit pas, visiblement soucieuse de ne pas insister davantage. Lorsque leur nouveau petit modèle à longues oreilles fait face à l’appareil, ils échangent quelques mots amusés sur l’absence d’originalité de son nom, avant de remballer l’ensemble. Une séance rapide et bien menée ! Tant mieux, considérant le caractère naturellement craintif des lapins. Jude le récupère avec délicatesse en l’enveloppant fermement de ses bras, hochant la tête au commentaire de son interlocutrice. “Oui, et je crois que ce sera le dernier pour ma part. Je n’ai pas vu l’heure tourner” commente-t-il en jetant un œil à sa montre. “On pourra poursuivre demain matin ?” propose-t-il, tandis qu’il allonge le pas pour remettre Pompon à sa place. S’il est plutôt heureux d’avoir passé un agréable moment avec Amelia, ce temps était malheureusement trop court ! Des animaux et une présence tranquille, il ne lui en faut pas davantage pour être heureux – mais il est cependant temps de se séparer pour aujourd’hui.