La musique met l'âme en harmonie avec tous ce qui existe (June 01)

à peine le pieds posé dans la boîte de nuit que le rythme prend possession de ton corps, tu n'as jamais prétendu être une bonne danseuse, toute simple, tu te laisses avec cette douceur naturelle qui t'caractérise. ce soir comme beaucoup d'autre soir t'as ce besoin d'oublier la solitude, celle qui t'envahis chaque nuit depuis presque un an, c'est toujours plutôt difficile, tu t'remets doucement. pas envie d'te laisser abattre, pris ton courage à deux mains, vivre comme un point d'honneur. n'pas t'laisser bouffer par ses pensées obscures qui venaient t'envahir tard le soir.

dansant, marchant, t'alterne, tu te laisses porter, comme si tu flottais déjà - t'es pourtant encore bien sobre - au fur et à mesure que la distance diminue entre toi et l'bar, la sobriété disparaîtra bientôt. t'évites souvent les gens qui te connaissent parce que la plupart t'regarde avec cette pitié que t'as fini par haïr au plus profond d'ton âme. t'es pas à plaindre, t'as ouvert les yeux, t'as plus besoin de pitié, le seul qui la mérite c'est l'fautif qui paye les conséquences.

t'as pas envie d'penser à ça, à lui, t'as pas envie qu'même ici, qu'même maintenant il t'gâche la soirée. premier verre dans la main, il descend plutôt vite, fallait ça pour remettre les idées en place. l'sourire est présent, l'carburant est dans la machine, t'es comme transformée, comme une potion magique qui redonne le pouvoir qu'on a perdu. verre de nouveau rempli, tu l'savoureras celui-là, avant de te perdre dans la foule qui semble avoir envahi la piste.

Pas décidé, fais pas attention à la direction, aux obstacles c'est la bousculade. Main qui saisi ton poignet tu portes ton attention sur l'visage alors que l'tien s'illumine d'un doux sourire. cette personne là tu la connais, puis elle te connait sans caeden alors forcément c'est l'idéal pour toi, tu peux profiter de ta soirée pleinement sans y penser, débarassée.

« — j'vais bien et toi ? j'suis trop contente, ça fait trop longtemps ! », ton sourire ne se décroche pas alors que tu relâches l'accolade.
« — j'savais pas que tu traînais dans des endroits comme ça » que tu lâches près de son oreille pour qu'il puisse entendre, avant de prendre une gorgée de ton verre.

la nuit on croise toute sorte de monde, des gens de la vie de tout les jours, d'autres, oiseaux de nuits n'apparaissant qu'une fois la nuit tombée, d'autres fois c'est sous une facette qu'on a pas l'habitude qu'on rencontre des gens qu'on connaît déjà. le sourire était de mise, bien accroché à ton visage face à rama, l'plaisir de le croiser, de le revoir après tout ce temps, un peu de surprise aussi. plutôt habituée de le croiser dans des endroits plus sérieux, où la fête n'est pas de mise.

un an et demi, déjà, t'as bien changé depuis ce temps là, ou plutôt tu subis les changements qui se sont opérés dans ta vie. c'est pas forcément facile tout les jours, tu t'en caches pas, alors pour palier à ce genre de mood qu'on cherche souvent à fuir, c'est ici que tu cours pour t'enivrer l'esprit. musique trop forte, lumières qui ne cessent de bouger, noyade dans un bain de foule, tout est fait pour remplir le vide. alcool, pour anesthésier.

« – j'dirais que c'est plutôt pareil.. et que ça fait presque autant d'temps qu'on s'est pas vu que je traîne ici, à quelques mois près » léger sourire affiché sur ton visage, c'est un peu devenu ton quartier général cet endroit finalement. l'barman connaît même ta commande avant qu'tu puisses avoir le temps de l'énoncer.

« – oui, j'suis seule.. toi aussi ? » que tu demandes en regardant autour de lui, vérifier que personne ne soit en train de l'attendre. l'occasion de passer un tout petit peu de temps avec ce gars qu'tu n'as pas vu depuis longtemps. c'gars avec qui tu dirais pas non de rigoler un peu ce soir.

L'ambiance de la boîte te traverse, tu la ressens au plus profond, sentiment agréable qui empli ton âme, ça se voit au sourire que tu arbores sur le visage, scindé de part en part, à force t'auras les joues qui tirent c'est sûr. L'alcool ingurgité y participe, pas besoin d'réfléchir trop longtemps pour comprendre. L'sourire s'est accentué à la vue d'rama, cet ami qu't'as pas vu depuis bien longtemps. Depuis l'fameux accident qu'a marqué un point final à sa carrière, sujet qu't'aborderas pas, minimum de délicatesse.

« – ça doit être ça oui, j'suis contente de voir que tu vas bien en tout cas » qu'tu lâches en posant amicalement ta main sur son épaule. C'est sincère et ça s'voit dans l'fond de tes yeux pourtant vitreux, c'dans ces moments là qu'ils sont les plus honnêtes.

« – bah ça correspond un peu à la période où t'as arrêté d'venir ici je crois, on à du s'louper de six mois j'pense » retour du japon, tristesse, noyade dans les pleurs au fond d'ton lit, l'oreiller à éponger des larmes à n'en plus finir, jusqu'à décider d'sortir. D'apprendre à vivre seule, à remplir la solitude, pas d'meilleur moyen que d'sortir dans ce genre d'endroit.

« – et puis t'as raison, c'est l'bon endroit pour ça », de ce fait, tu n'pouvais que confirmer.
Terrible question qui tombe, ouais, t'es seule, beaucoup depuis quelques temps, alors tu t'noies dans la foule. Pourtant dehors t'as l'impression qu'le monde te regarde autrement, comme si y avait ce truc écrit sur ton visage, c'besoin d'remplir le vide, la peine, la désolation. Alors tu t'forces à sourire encore plus, à t'amuser, et finalement tu t'convaincs toi même qu'tout va bien.

« – bah.. comme tu peux l'voir, oui » haussant les épaules, penchant légèrement la tête sur le côté alors qu'personne ne semble t'accompagner, autour d'toi, que des inconnus.