I want you to hold out the palm of your hand
ARISTOCRATIE. Rama est né de l’union d’un bien né et d’une roturière digne d’un conte de fée. Son père fait partie de la noblesse thaïlandaise. Le sang bleu coule dans ses veines à ce titre, mais il n’a pas la sensation de faire partie de cet univers qui lui est totalement étranger, en dehors de ses séjours chez ses grands-parents. Très amoureux de cette étudiante rencontrée lors d’une soirée étudiante, son père n’a pas désiré s’éloigner d’elle, même lorsque la demande lui a été formulée par sa famille. Ce refus de se plier aux règles a fortement déplu à la famille Ratanaporn, mais ils n’ont pas totalement exclu leur fils de leur lignée. Il a juste été mis à la marge et ne fait plus partie des soirées mondaines. Ce qui n’a clairement pas déplu au père de Rama qui a accepté la sentence avec un sourire amusé. Rama a quant à lui assister à des cérémonies de ce genre durant ses vacances chez ses grands parents et s’il a appris les us et coutumes de ce monde au fil des années grâce aux conseils avisés de son grand père paternel, cela ne l’a pas formaté pour autant. Il ne considère pas comme un noble - si ce n'est pour plaisanter avec ses amis - et est résolument à part dans les diner de famille lorsqu’il se retrouve en compagnie de ses cousins et cousines en Thaïlande. Ils ne vivent pas dans le même univers et il ne s’en formalise pas. Il accepte qu’ils soient différents, tout comme ils acceptent le petit ricain à leur tablée durant ses séjours dans son pays natal.
La famille Ratanaporn. Elle fait partie des plus respectés de la Thaïlande. D’une lignée au sang bleu, ses ancêtres se sont illustrés dans de nombreux domaines : armée de terre, marine, médecine et dans la protection civile. Ils se sont toujours mis au service de leur pays dans leurs champs de compétences pour le bien de tous. On compte dans sa ligné des Généraux, des Médecins illustres qui se sont fait connaitre en Thaïlande. Rama éprouve une grande fierté de porter le prénom du feu grand père de son géniteur : un homme aux états de services irréprochables. Il a toujours connu son père comme un homme du feu, intègre et prenant très à cœur son métier aux commandes de la brigade de sapeurs-pompiers d'Oceanside, ville où ils se sont installés pour vivre une vie bien au calme, parfaite pour construire leur famille. Sa mère est une femme de lettres, passionnée par la poésie et l’écriture. Très amoureux l’un de l’autre, Rama a évolué dans une unité familiale solide et remplie d’amour. Il n’a manqué de rien. Sa mère veillait sur lui comme la prunelle de ses yeux et son père, malgré son travail prenant s’est toujours montré aimant et présent durant toute son enfance, jouant avec lui au basket et au baseball.
Disparition de son père. Il avait treize ans lorsque son père est décédé lors d’une intervention en voulant sauver un membre de son équipe emprisonné par les flammes. Cette perte a été profondément éprouvante pour Rama qui a dû se montrer fort pour soutenir sa mère dans cette dure épreuve. Il s’est intimé de ne pas pleurer, parce que c’était le risque du métier et que son père ne lui avait jamais menti. « Je ferai de mon mieux pour rentrer, mon petit roi’. » Pas de promesses, juste la formulation d’un souhait à chaque fois qu’il grimpait dans son camion en partance pour une mission. Rama et sa mère ont été soutenu par la brigade de son père, devenu orphelin de leur chef. Cela leur a permis de garder la tête hors de l’eau, de ne pas sombrer dans une douleur inconsolable. Encore aujourd’hui, les hommes de son père sont comme des figures paternelles pour Rama.
Ecriture. L’écriture a été très bénéfique pour Rama durant cette phase de son existence. Il laissait couler sous l’encre de son stylo toutes ses pensées pour purifier son âme. C’est à cette période également qu’il a commencé à créer ses propres histoires. Un moyen pour lui de fuir son quotidien parfois difficile aux côtés d’une mère complètement dévastée par la perte de son âme-sœur. Elle était forte, faisait de son mieux pour cacher sa tristesse à son regard d’adolescent, mais Rama n’était pas dupe. Ses pleurs étouffés dans la chambre à coucher dans laquelle elle allait se refugier quelques heures avant de retrouver leur chambre d’ami ne passaient pas inaperçu aux oreilles de l’adolescent qui assistait impuissant à ce deuil qu’il devait gérer par lui-même. Il a été suivi par une psychothérapeute à cette période. Cela lui a éviter de mal tourner ou d’utiliser cette douleur comme un moyen pour se défouler sur autrui.
Révélation de sa bisexualité. Etonnamment, il avait accepté le décès de son père facilement, comme une fatalité qui était un risque de son métier, mais c’est son absence qui était le plus difficile à digérer. Surtout lorsque les affres de l’adolescence ont commencé à titiller ses sens et qu’il a développé un attrait résolument conséquent pour les corps sculptés de ses camarades de classes. Si ces copains désiraient regarder sous les jupes des demoiselles ou palper leurs belles poitrines et cuisses, lui c’étaient aussi les torses athlétiques et les fesses masculines qui éveillaient son ambition. Pour faire face à cette réalité, il a joué la comédie en usant de ses charmes sur la gente féminine. Ses yeux étaient son meilleur atout tout comme son sourire avant que son corps ne devienne plus viril. Il a enchainé les petites amies. Il n’avait pas envie d’être mis à la marge et prendre le risque de perdre sa "famille" à la caserne qui était la base de son équilibre. Ses désirs et fantasmes, il les consommait dans l’écriture de nouvelles pleines d’érotismes, où ses protagonistes vivaient ces nuits d’ivresse qu’il rêvait.
Sauver autrui. Une vocation dans le sang. Voulant suivre les pas de son père décédé, il a été rapidement une évidence pour Rama qu’il deviendrait sapeur-pompier. Il s’est entrainé dur pour cela, enchainant les heures de sports et s’entrainant avec les hommes de son père qui lui ont tout appris. Loin d’être idiot, il était un élève moyen. Il avait déjà son projet en tête et même s’il avait un amour conséquent pour la littérature tout comme sa mère, passion qu’ils partagent encore aujourd’hui, il s’est naturellement dirigé vers une licence en « Fire Science » pour bien connaître toutes les spécificités de son futur adversaire. Sa mère n’a pas cherché à le retenir même s’il sait qu’elle avait cette peur au ventre qu’il pourrait lui arriver le même destin funeste que pour son père. Rama a appris à jongler avec cette peur pour ne pas laisser les craintes de sa mère s’immiscer en lui. Il s’est vite démarqué et avec son diplôme en poche, il a passé le concours pour rentrer dans le corps des hommes du feu. Cela a été des mois éprouvants, mais il avait 21 ans lorsqu’il est officiellement devenu un sapeur-pompier.
Casse cou. Sa vie établie, Rama a commencé à mordre la vie à pleine dent, quitte à faire grincer les mâchoires de ses supérieurs sur le terrain. Très instinctif, il avait tendance à faire sa propre analyse de la situation et a prendre des décisions qui n’étaient pas totalement en accords avec celle de son chef du brigade. Il s’est remonté les bretelles plus d’une fois, mais n’a jamais regretté de s’écouter à partir du moment où il parvenait à sauver la vie d’une personne qu’on pensait perdue.
Elle. En 2019, sa route à croiser celle qu'il pensait être la femme de sa vie. Elle était somptueuse dans cette robe qui mettait parfaitement en valeur ses formes féminines. Rama a naturellement tenté sa chance. Il n'a jamais été timide. Il a usé de ses charmes, de ses yeux expressifs et de son sourire à la fois doux et séducteurs. Leur premier baiser a été explosif dans un coin sombre de cette boite de nuit alors que son corps se collait au sien. Encore aujourd’hui, il se rappelle la saveur exquise de sa bouche contre la sienne, la manière dont il a joué avec sa langue pour lui arracher un gémissement d’anticipation. La nuit qui a suivi cette rencontre a été un fantasme vivant autant pour l’un que pour l’autre. Rama s’est révélé être un amant formidable et tout naturellement ils ont développé une addiction pour le corps de l'autre. Tous les deux joueurs et résolument tentés l’un par l’autre, ils se sont revus de nombreuses fois avant de se dévoiler peu à peu à l’autre. L’intimité et la complicité de leurs rencontres étaient précieuses, au point de tomber profondément amoureux de l’un et de l’autre. Elle est son premier amour et encore aujourd’hui, elle garde une place bien à part dans son existence. Leur relation a duré quatre ans durant laquelle Rama l’a aidé à se défaire de la drogue et de son côté nocif. Ils se sont aimés passionnément et tendrement, mais l'accident de Rama a tout changé.
L'accident Les souvenirs de cette nuit hantent encore ses songes. Il se rappelle la chaleur qui s’échappaient de cette maison prise par les flammes incandescentes. Elles dévoraient la carcasse des murs qu’ils arpentaient à la recherche d’une âme qui vive. Sa brigade savait qu’il restait quelqu’un. Un homme, emprisonné dans sa chambre qui avait eu assez de souffle pour les contacter. Ils étaient arrivés aussi vite que possible. Pas assez pour vraiment offrir une chance à cet homme de s’en sortir, mais Damian refusait de s’avouer vaincu. En analysant tous les paramètres, il avait suivi ses hommes, avait ouvert le chemin dans le dédale de ses poudres échouées sur le sol. La chaleur était étouffante et son équipe cherchait cette chambre qui étaient peut-être tombée en lambeaux. Et puis il avait entendu ce cri strident d’une âme dans un coin de la maisonnée, dans la partie la plus dévorée et il avait demandé à son équipe de reculer. Son instinct lui avait incité à mettre en sécurité ses collègues qui étaient avec lui alors qu’il se lançait déjà dans une mission commando. Il n’avait pas réfléchi. Il avait foncé pour offrir le maximum de chance à cet homme. Il avait juste eu la possibilité d’atteindre la porte de la pièce avant qu’une partie du plafond s’effondre sur lui avant le trou noir.
Convalescence/Rupture. Il a passé deux mois dans le coma, a subi de nombreuses opérations durant cette période pour reconstituer sa peau déchirée par les brûlures. Il avait une chance monstre. Son équipe l’avait arraché de sous les décombres pour l’extraire hors des lieux, conscient que le pauvre malheureux derrière la porte devait désormais être décédé. Enveloppé par des bandages pour protéger ses cicatrices purulentes encore sensibles, il avait repris connaissance dans une chambre d’hôpital sous le regard larmoyant de sa mère et de sa petite amie. Il a facilement accepté ce qui lui est arrivé, mais a eu beaucoup de mal à tolérer le décès de leur victime. Encore aujourd’hui, il s’en veut. De manière raisonné, il sait qu’il a fait ce qu’il a pu, qu’il était juste trop tard pour agir, mais ce cri strident de douleur est encore bien présent dans son esprit. Comme par le passé, il a gardé la tête froide en apparence et a recraché toutes ses émotions sur du papier. La convalescence a été difficile à vivre pour le sapeur-pompier. Ses brûlures hideuses ont été pénibles à regarder et à appréhender. Il a vite compris qu’il lui serait résolument difficile de revenir sur le terrain et qu’il était mis sur le banc de touche, dans la case : « accidenté du travail ». Invalide pour être plus direct. Le regard de sa petite amie a changé sur lui comme nombre de ses proches. Il a détesté cette pitié dans leurs prunelles et a eu des réactions plutôt cruelles à leurs égards. Il a fini par ne plus tolérer le toucher de sa petite amie qu’il sentait mépriser son corps. Il a fini par la pousser à bout où elle lui a fait comprendre qu’elle le trouvait hideux avec ses cicatrices, mais qu’elle l’aimait. Enfin qu’elle aimait encore celui qu’il avait été. Qu’il n’était plus. Cela a été les mots de trop. La vérité qui l’a complètement détruit même s’il n’en a rien montré. Elle l’a quitté et Rama a fini par vendre l’appartement pour aller s’établir ailleurs, fuir ce passé qui ne serait plus le sien. Encore une fois l’écriture l’a sauvé. La musique aussi, ironiquement. Après tout, c'était elle la musicienne tourmentée. Il semblait avoir échangé les rôles. Comme lors de son enfance, il s’est enfermé dans des univers différents du sien. Il est parvenu à sortir quelques chapitres qui ont connu le succès. Ses romans lui permettent de vivre une vie pleine de rebondissements qu’il n’a plu.
THE CHEKMATES. Son noyau. Ces précieuses âmes que la vie lui a permis de rencontrer, de se lier pour le meilleur et pour le pire. Il compte énormément de potes. Il n'a jamais eu de mal à s'en faire, mais eux, ce sont ses piliers, ceux qui sont là contre vents et marées, malgré les aléas de la vie. Aujourd'hui, ils sont sa bouchée d'air. Tous les vendredis, il puisse le courage en lui pour les rejoindre, passer quelques heures en leur compagnie, retrouver l'illusion d'être toujours le "Roi", ce leader qu'il a toujours été pour eux. Certains se laissent duper, d'autres perçoivent sa fragilité, s'inquiètent, aspirent à ce qu'il s'ouvre, mais cela lui fait du bien de prétendre que rien n'a changé, qu'il est toujours celui qu'ils ont connu. Alors malgré les pensées sombres, il goute à ce bonheur éphémère, ces quelques heures qu'il arrache à ses pensées noires. Il sait qu'il pourra compter sur eux, le jour où il aura besoin d'exprimer ce qu'il ressent. Pour le moment, il a besoin de faire le deuil de ces espoirs déçus, accepter la vérité et prendre le temps de la digérer, d'en apprendre avant de se relever. Il compte bien y parvenir, quand bien même sa dépression semble vouloir lui faire dire le contraire. Il y croit. Sinon, pourquoi continuerait-il à vivre ?