a new page opens (Angel #05)

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(Tenue) Hier lui semblait à des années lumières, pourtant, il n’y avait que quelques heures qui s’étaient écoulés. Elias s’était accroché à l’idée de son départ, au fait que c’était nécessaire et bénéfique. Il avait été dans un état second depuis son échange avec Lucy et Danielle. Il ne savait pas par quel miracle, il avait pu tout affronté sans perdre totalement le contrôle. Angel avait pris la suite sur la préparation de ce voyage, il l’avait secondé d’une main de maître et sans doute qu’il ne pourrait jamais lui être assez reconnaissant. Même si à cet instant, il semble apathique, hermétique à tout, même à lui. Pourtant, il ne s’en formalise pas. Il l’a laissé dormir profondément, l’a apaisé par le contact de sa main contre sa nuque lorsqu’un cauchemar l’a arraché violemment de son sommeil. Il n’a rien dit, s’est juste contenté d’être là et Elias avait conscience de cette chance. Sa dévotion l’ébranlait bien plus qu’elle ne le devrait. Seulement, il se savait en fragilité à cet instant précis. Le repos était nécessaire pour espérer pouvoir s’en extirper. Il lui offrait un sourire reconnaissant à défaut de pouvoir parler. Le contact de sa peau contre la sienne l’apaisait incroyablement et il ressentait un manque dès lorsqu’il était rompu. Cela n’était pas sans signification et il le savait. La tête lourde, les yeux clos, il se laissait bercé par la musique diffusée dans l’habitacle. Des morceaux de piano d’artistes que tout deux appréciaient et c’était agréable. Angel n’avait pas l’air de se formaliser de son silence. Sans doute qu’il entrevoyait l’état dans lequel il se trouvait. Ils s’étaient arrêtés manger un bout en chemin, ils avaient échangé un peu, mais cela avait suffi à le mettre dans un état hagard et il s’était endormi dans la voiture, sans même s’en rendre compte. C’est Angel, qui finit par l’extirper de son sommeil, par la pression de sa main contre son bras. Il se rend compte qu’ils sont arrivés, que la voiture est stationnée devant ce chalet vu sur l’annonce.

« Désolé. Je me suis assoupi. » Il s’excuse en venant se redresser, quelque peu perdu entre songe et réalité.

« Je n’ai pas été un partenaire des plus loquaces aujourd’hui. Je te prie de m’en excuser. » Il ajoute en venant doucement presser son bras à son tour dans un geste empreint de douceur et de reconnaissance.

« Merci pour tout, Angel. Vraiment. » Il formalise sa reconnaissance par des paroles appuyées de gestes.

« Cela ira mieux demain. Je serai sans doute moins… hagard. » Il précise, essayant un mot au hasard pour exprimer cet état dans lequel il se trouve aujourd’hui.

Un soupir s’extirpe de ses lèvres, car il voudrait être plus enthousiaste qu’il l’est à cet instant, alors qu’il se sent apaisé d’être là, avec lui, mais n’arrive pas à le ressentir et l’exprimer.

« Et si on allait découvrir notre havre de paix pour quinze jours ? » Il le questionne en essayant de mettre plus d’énergie dans sa voix, rendre son expression moins fatiguée en y logeant un sourire qu’il s’efforce de rendre le plus sincère.

En effet, une part de lui a hâte de prendre ces marques dans un environnement dénué de son passé, sécurisé, où il pourra reprendre ses marques, en compagnie de cet homme qui est devenue une ancre dans son existence, le garant de son équilibre et au fond, il sait que ce n’est pas sans raison, ni signification. Il va devoir trouver la raison de tout cela, tout en profitant de ces quelques jours en sa compagnie en tant qu’hommes libres.  

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Les dernières heures avaient été riche en émotions. Elias avait fini par se résoudre à rentrer chez lui la veille, après avoir passé quelques heures en ma compagnie, pour régler ses comptes avec son épouse. Si j’avais été mal de le voir s’éclipser ainsi, je n’avais rien pu faire de plus. Il n’y avait que lui qui pouvait régler ça. Dès le lendemain matin, j’avais préparé notre départ. J’avais été cherché la remorque, que j’avais arrimé à sa voiture pour y mettre ma moto. J’avais ensuite préparé mes affaires pour deux semaines, sans avoir de signe de vie de sa part jusqu’au début d’après-midi. C’était seulement à ce moment là, lorsque nous avions convenu de partir, que je l’avais revu. Son état était sans équivoque. Il était livide. Fatigué et blême. Je n’avais pas posé de questions. C’était inutile. Comment est-ce que ça aurait pu bien se passer, de toute façon ? Nous avions embarqué sans plus de fioritures, direction la montagne. J’avais mis la musique à fond durant tout le trajet, sans la moindre parole échangée. Il avait besoin de repos. Il n’avait d’ailleurs pas tardé à sombrer et je n’avais rien fait pour l’en empêcher. C’est seulement lorsque nous étions enfin arrivés, au bout de quelques heures, qu’il reprit vie sous mon touché. Je lui accordais un sourire désolé alors qu’il s’excusait lui même.

« Ne t’en fais pas. » avais-je simplement répondu.

Le chalet était devant nous, prêt à nous accueillir pour quelques jours. Cela allait lui faire du bien, nous faire du bien, du moins je l’espérais sincèrement.

« Tu n’as pas à me remercier. Ni à t’excuser. Tu traverses une phase difficile. Prend tout le temps dont tu as besoin, sans te soucier de moi. C’est pour ça qu’on est là après tout. » argumentais-je en un sourire se voulant encourageant.

J’observais la bâtisse que nous avions réservée, le paysage à couper le souffle qui l’entourait. Ici, nous serions tranquille. Loin de nos tracas et de la civilisation. J’en avais besoin, moi aussi, même si je n’en avais pas réellement exprimé le souhait auparavant.

« Allons-y. »

Je sortais de l’habitacle, claquant la portière derrière moi avant de lever le nez sur le chalet. C’était grand. Un sourire conquis trainant aux lèvres, j’attrapais nos sacs à l’arrière de la voiture puis me dirigeais vers l’entrée, guettant les réactions de mon ami.

« Jusque là, c’est comme sur les photos. Espérons que l’intérieur soit tout aussi avenant. »

Je déposais les sacs à l’entrée le temps d’ouvrir la porte, découvrant le salon.

« Après toi. »

Je le laissais l’honneur d’entrer en premier en récupérant les sacs, que je déposais ensuite sur la table de la salle à manger en entrant. Un soupir me traversa tandis que j’arpentais le chalet à sa suite.

« T’en penses quoi ? On sera bien ici je crois. »

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(Tenue) La situation dans laquelle il se trouve n’est pas aisée. Ils le savent tous les deux, mais cela ne l’empêche pas pour autant de se préoccuper pour Angel, ce qu’il peut engendrer dans son existence, sans en avoir réellement conscience. La bienveillance est un véritable don du ciel. Il a le sentiment qu’il n’a jamais rencontré un homme aussi prompt à avoir le cœur sur la main et à s’oublier parfois pour les autres. Il a conscience qu’il fait partie de ceux qui peuvent le gangréner. Cela lui déplait, mais il ne parvient pas à faire autrement tant sa présence devient importante au point qu’Angel devient de plus en plus sa zone de confort. Il se sent plus lui-même à ses côtés et cela n’a pas de prix, si ce n’est celle d’Angel. Il sait qu’il ne va pas pouvoir se reposer continuer sur son ami. Il a sa propre voie à suivre, mais il est heureux qu’il lui octroie ces quinze jours en sa compagnie. C’est un beau cadeau qu’il lui offre, mais ce n’est pas pour autant qu’il va cesser de se soucier de lui. Bien au contraire, Angel fait désormais partie des siens. Il est prompt à l’accepter comme idée. Ils décident de s’extirper de la voiture pour rejoindre le pas de la porte. Le lieu a l’air parfait pour cette petite retraite à deux. Il laisse l’air frais de la montagne s’immiscer dans ses poumons. C’est idiot, mais cela lui fait du bien, soulage le poids qu’il ressent dans sa poitrine depuis la veille. Il hoche la tête aux propos d’Angel sur les commentaires qu’il porte sur le bâtiment. Il se rend compte qu’Angel a déjà récupéré les clés du logement. Sans doute une pause durant sa sieste, ce qui lui fait prendre conscience qu’il a eu un sommeil de plomb dans la voiture. Il passe devant à la demande de son ami, pénètre dans la pièce principale qu’ils allument en pénétrant dans le chalet. Le chalet est totalement constitué de bois et dégage une ambiance rustique qui lui plait beaucoup.

« Ce sera le cadre parfait pour profiter des guimauves au coin du feu, non ? » Il lui indique en venant lui jeter un coup d’œil amusé. Un sourire détendu vient légèrement ourler ses lippes alors que sa canne tape la mesure de ses pas.

L’endroit est spacieux. Il y a un étage où doivent se situer les chambres et la salle de bain. Cet endroit sera parfait pour eux. Ils ne devraient manquer de rien.

« En tout cas, c’est chaleureux et confortable. Je pense qu’on va s’y plaire. Cela nous offre un meilleur confort que cette chambre d’hôtel dans laquelle on s’était retrouvé à Bagdad. » Il indique en essayant de faire un trait d’humour.

A l’époque, il était très impacté par ses années de captivité. Le moindre bruit le faisait trembler et sursauter. Aujourd’hui, il était capable d’aller en communauté, tant que le nombre ne dépassait pas une vingtaine dans un environnement étroit. C’était déjà une belle avancée.

« En vrai, je pense que ce sera parfait pour nous ressourcer. Encore plus lorsqu’on aura passé une nuit au calme. » Il avait l’espoir que son corps se sentirait plus apaisé ici où il n’avait pas un rôle à tenir.

La vérité, c’était qu’il y avait peu de chance qu’il ne se réveille pas en pleine crise à cause d’un cauchemar, mais au moins, il ne gênera personne. En tout cas, personne qui ne sait pas les gérer et cela avait un effet sécurisant qu’il ne pouvait pas se permettre de négliger, il fallait bien l’avouer.

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J’observe Elias évoluer à travers notre refuge. Il semble reprendre quelques couleurs, au fur et à mesure de nos découvertes. Evidemment, il n’y a pas de miracle. Evidemment, tout n’est pas si simple, mais c’est un début. Un pas après l’autre. Je lui offre un sourire goguenard à sa réplique sur les guimauves. Si j’avais su, je me serais bien gardé de faire ce commentaire, la veille au soir.

« Moque toi seulement, ma vengeance sera terrible. »

Mon sourire se poursuit. Une fois de plus, je chéri notre complicité. Je suis ravi, lorsqu`il m’offre son avis sur ce qui nous entoure. Je suis du même avis que lui. Nous avons bien choisi. Ici, nous ne manquerons de rien. Et si il le fallait, nous n’étions qu’à quelques kilomètres du premier magasin venu. Son commentaire sur notre chambre d’hôtel me pique un peu. Plus que prévu, ce qui me surprend moi-même. Le souvenir de cette chambre frôle mon esprit. Peut-être était-ce parce qu’à ce moment là, je pensais dur comme fer que j’étais sur le point de le perdre ? Qu’il retournerai à sa vie et qu’il m’oublierai. À l’époque, je n’étais pas en mesure de comprendre à quel point son absence me serait douloureuse. À présent, elle m’était devenue insoutenable. Pourtant, il faudrait bien que cela change. Que je reparte d’où je venais, pour le bien de tous.

« Il n’y a pas photo. En même temps, ce n’est pas très compliqué. »

J’avisais la cheminée, constatant la petite réserve de bois trônant à coté. Mon sourire réapparu de lui même. Cela suffirait pour la nuit, mais je notais que je devrais en couper dès le lendemain, pour que nous soyons à l’aise. Les nuits étaient fraîches ici, logés dans les montagnes. Hors de question d’avoir froid.

« Je pense aussi. Je crois qu’on ne regrettera pas notre séjour. » Je me tournais vers lui, gardant mon sourire. « Merci, de m’avoir proposé de t’accompagner. J’en avais besoin aussi. »

Je lui lançais un regard rempli de gratitude avant de me glisser jusqu’à nos sacs.

« J’ai fais quelques courses pendant que tu dormais. Des essentiels. Et de quoi manger pour ce soir. Si il te manque quelque chose, tu n’auras qu’à me donner une liste, j’irais en ville demain pour aller chercher ce qu’il faut. »

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(Tenue) Un rire fin et délicat s’extirpe de ses lèvres à la remarque de son ami.

« Je n’y crois pas une seule seconde. Tu es bien trop gentil pour chercher à te venger. » Il lui indique avant d'ajouter : « Je trouve cet intérêt vif pour les guimauves mignons. Je n’aurai pas cru que c’était un de tes fantasmes, c’est tout. »

Il lui offre un sourire moqueur et complice. Cela fait du bien de ressentir ce type de chaleur naturelle qui s’immisce en soi, grâce à un échange avec autrui. Il a bien besoin de cette légèreté aujourd’hui, notamment ce soir, après une journée où il a été dans le dur. Peut-être trop pour qu’il en soit venu à dormir si profondément qu’il n’a rien remarqué des différents arrêts qu’à pu Angel lors de leurs ascensions pour le chalet. Il se sent bien dans cet endroit dénué de tout. Il est vierge pour se constituer de nouveaux souvenirs auprès d’Angel, qui n’auront pas une saveur âpre entre soulagement et angoisse, bonheur d’être presque libre et crainte de voir leurs routes se séparer. Angel, comme aujourd’hui, a été celui qui a rendu cette période supportable.

« C’est vrai. » Il commente simplement alors qu’il le voit s’intéresser à la cheminée.

Cet endroit est parfait pour eux. Ce que lui confirme Angel qui le remercie de lui avoir proposé de l’accompagner. En vrai, il se rend compte qu’il ne l’aurait demandé à personne d’autres. Ce qui est loin d’être anodin, car il perçoit, qu’il avait vraiment envie qu’il soit là.

« Ne me remercie pas. Je le voulais aussi. A vrai dire, j’avais envie que tu sois là. » Il lui indique avec sincérité, car il ne sait pas faire les choses autrement.

Il veut juste pouvoir retrouver cette facette de sa personnalité, cet Elias qui disait ce qu’il avait à l’esprit, tout en prenant soin des autres. Il se rend compte qu’il a vraiment eu un sommeil de plomb pour ne pas avoir cerné qu’il s’était arrêté pour faire quelques courses.

« Merci Angel. Je te dirai si j’ai besoin de quelques choses. D’ailleurs, pour te remercier, je t’inviterai à manger quelque part, un de ces jours. Pour te remercier d’avoir conduit sur tout le chemin et parce que ça me fera plaisir, bien sûr. » Il lui indique alors qu’il se rapproche de la table où sont posés leurs affaires.

« D’ailleurs, tu as prévu qu’on mange quoi ce soir ? Des guimauves ? » Il conclut avec un petit sourire en coin, légèrement fier de sa boutade, savourant simplement cette allégresse qui vient doucement envahir sa poitrine et rendre son regard plus brillant également.

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La répartie de mon ami me laisse pensif. Trop gentil. C’était loin d’être la première fois que j?entendais ça. Ça faisait partie de moi, la gentillesse. Au plus loin que je me souvienne. Ça m’avait d’ailleurs souvent posé problème, au cours de mon existence. Plus d’une fois, on avait profité de moi. Plus d’une fois, je m’étais mis entre parenthèses pour les autres. J’avais dû apprendre à ne pas me laisser faire. Apprendre que je ne pouvais pas sauver tout le monde, aussi. Mes années de services militaire m’avait beaucoup appris là dessus. J’avais pourtant tués des gens, lors de mon existence. Plus d’une fois. Pour me protéger ou protéger les miens. Pour Elias, aussi. Alors non, trop gentil, je ne l’étais pas. Plus depuis longtemps.

« Tu me connais mal dans ce cas. »

Je me retenais de faire le moindre commentaire à propos du fait qu’il trouvait cette histoire de guimauve mignon. À la place, je préférais le remercier, puis m’occuper des courses, lui proposant mon aide si il avait besoin de quelque chose. Sa proposition fit bondir mon cœur dans ma poitrine. Je lui offrais un regard quelque peu troublé qu’il ne vit pas, l’attention portée sur nos sacs. Venait-t’il réellement de me proposer de dîner avec lui ? Ça ne veut rien dire. Rien du tout. Je détournais les yeux, déglutissant en reprenant mes esprits. Comment pourrait-il en être autrement ? Sa remarque sur les guimauves me fait cette fois lever les yeux au ciel.

« Tu l’auras voulu… »

Je lâchais brusquement ce que j’avais en main pour lui foncer dessus. Je l’attrapais au vol, l’envoyant sur mon épaule dans mon élan tel un sac à patate avant de l’entrainer jusqu’au canapé où je finissais par le lâcher.

« Je vais te transformer en guimauve, tu vas voir, »

Je le surplombais, un éclat espiègle brillant dans le regard. Mes doigts partirent à l’attaque de ses côtes sans sommation, riant aux éclats de ma bêtise.

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(Tenue) Un sourire légèrement amusé ourle ses lippes aux propos de son ami. C’est vrai qu’il ne le connait pas parfaitement, mais il sait de manière certaine qu’il ne fera aucun mal à un de ses proches, jamais de manière intentionnelle ou pour le plaisir de se venger. Il est certain que cela ne fait pas partie de l’ADN de son ami. Il se rendait compte qu’il se considérait comme un proche, tout comme il l’était pour lui. Cette prise de conscience est encore étrange, mais il s’y est acclimaté, à défaut d’en comprendre le sens profond. Il lui propose naturellement de partager un repas au restaurant durant leur séjour pour le remercie pour ce qu’il a fait ce jour et pour tout le reste. Ce sera une épreuve du feu pour Elias, car il devra accepter de se mêler au reste du monde, mais dans un endroit aussi reculé de la montagne en Californie, il se dit qu’il devrait pouvoir gérer. Il s’en sent capable, tant qu’Angel est à ses côtés. Il agit comme un véritable calmant naturel sur ses nerfs. Il le sait. Il le sent au fond de ses entrailles, dans ses muscles qu’ils lui semblent moins tendus à sa présence. Une dépendance qu’il a voulu fuir, mais pas présentement, appréciant simplement la sérénité de ce moment passé en sa compagnie, comme la veille ou au cours de leurs rencontres de ces quinze derniers jours. En attendant cet instant, ce soir, il est prévu qu’il mange ici, alors naturellement il s’enquit de ce qu’il a prévu. L’idée étant de pouvoir l’aider à la préparation afin d’équilibrer leur rôle au cours de ce voyage. Elias ne voit aucun inconvénient à être celui qui prépare les repas durant leurs séjours. Il en profite pour taquiner de nouveau son ami sur les guimauves, car cela l’amuse. A cet instant, il est loin de se douter qu’il est en train de jouer avec le feu. D’ailleurs, un hoquet de surprise le prend lorsqu’il se retrouve attaqué par Angel qui l’envoie naturellement sur son épaule avec aisance. Il en perd ses mots alors qu’il se retrouve lâché sur le canapé. La proximité d’Angel est perturbante, son regard malicieux également. Sans doute parce qu’il s’agit d’un acte à la fois intime et si naturel. C’est vraiment étrange, mais en même temps, il ne peut s’empêcher de vouloir s’extirper de son emprise, de chercher à se soustraire de l’emprise de ses doigts qui viennent frôler ses côtés. Des rires s’épanchent de ses lèvres, dévoilant à la fois amusement et fébrilité.

« C’est bon, c’est bon, j’arrête de te taquiner avec ça ! » Il annonce en levant les bras en signe de reddition.

Si jusqu’alors son regard était porté uniquement sur ses mains, il finit par relever ses iris vers celles de son ami. La proximité fait exploser sa fébrilité tout comme accélère le rythme de sa respiration sans crier garde. Il a conscience de son souffle proche de son visage, de la proximité de son corps près du sien. Angel s’éloigne simplement et lui permet de reprendre son souffle, quelque peut perturbé par ces quelques secondes de latence qui lui font entrevoir qu’il y a quelque chose de sous-jacent, qu’il doit creuser.

« Finalement, tu as plus de force que tu le prétends. Je me méfierai à l’avenir. » Il lui indique en rendant son ton léger, cherchant à amoindrir ce trouble qui agite sa poitrine alors qu’il s’efforce de se relever pour retrouver la table, leurs courses, prêt à faire comme si de rien n’était.

En attendant de comprendre ce qu’il se passe.

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Elias s’agitait tel un diable sous mes doigts, à la hauteur des chatouilles que je lui prodiguais. C’était gamin, totalement puéril, mais peu m’importais. Ainsi au moins, il comprendrait le message. Je riais en parfait miroir avec lui, avant d’enfin cesser mes attaques au moment où il rendait finalement les armes. Puis, il y eu cet instant. Quelques secondes, qui défilèrent tel un moment de latence dans le temps tandis que ses iris rencontraient les miennes. Mon cœur s’affola dans ma poitrine. Je n’aurais pas dû y prêter attention. Ni à cela, ni à la tentation grandissante de m’emparer de ses lèvres. C’était bien trop tentant. Bien trop dangereux. Mon corps fini par reprendre vie pour lui laisser son espace vital. J’espérais que le trouble qui m’habitais à cet instant ne se voit pas sur mon visage.

« Ça t’apprendra à me provoquer. »

Je répondais sur un ton se voulant aussi léger que lui, même si le cœur n’y était pas. J’observais Elias se relever pour retourner auprès de la table comme si rien ne c’était passé. Peut-être avais-je eu tord d’agir ainsi ? Je me levais aussi, reprenant contenance dans mon mouvement pour rejoindre moi aussi les courses que j’avais pris soin d’acheter pendant le trajet. Le silence se fit entre nous. Je m’appliquais à reprendre le rangement, jusqu’à ce que je me souvienne de sa question initiale.

« J’ai pris de quoi faire simple pour ce soir. Une pièce de viande, quelques légumes. Il y a moyen que l’on se débrouille avec ça. J’espère que ça te va. »

Noyer le poisson, essayer de ne pas trop penser à ce qui venait de se produire était une tâche bien plus ardue qu’il ne paraissait. Il fallait que je me concentre sur autre chose, plutôt que de repasser en boucle cette attirance à laquelle j’avais trop facilement voulu céder. Il ne fallait pas que cela se produise.

« Je vais aller ranger mes affaires. Qu’elle chambre veux-tu prendre ? »

Je fermais les armoires pour revenir vers mes bagages. J’avais besoin de prendre mes marques. Besoin d’une cigarette, aussi. Quelque chose pour m’éloigner de lui, l’espace de quelques instants au moins. Avais-je été stupide, d’accepter sa proposition et d’être venu ici avec lui ? Cette question tournais soudain un peu trop dans mon esprit.

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(Tenue) Il n’est pas près d’oublier ce qu’il vient de se passer et assurément pas ce trouble qu’il perçoit être commun avec Angel. Ce qui est très déroutant. Ils sont tous les deux prompt à prendre une porte de sortie à l’encontre de cette gêne qui semble les posséder. Le silence s’installe entre eux alors qu’il l’aide à ranger les denrées apportées. Un silence dont la teneur est différente de ceux qu’ils ont l’habitude de partager. Elias ne sachant pas quoi dire, ne prend pas l’initiative, car il se rend compte que la question qui frappe son esprit pourrait être mal interprétée par son ami et il ne voudrait pas le froisser d’aucune manière.

« Parfait, ne t’inquiète pas. » Il le rassure en venant doucement presser son bras pour ne pas laisser ce trouble s’installer entre eux et donner l’illusion que ce n’est pas normal.

Peut-être l’est-ce ? Il l’ignore. Il sait juste que cela ne dérange pas. C’est juste déroutant et il ne sait pas trop comment interpréter ses émotions. Cela a toujours été son souci majeur. Ils s’éloignent pour continuer à ranger les affaires. A la question d’Angel, il lui offre un sourire amical.

« Prends celle qui te tente le plus, je n’ai pas de préférence. Je pense que je vais commencer à préparer le repas. Prends le temps qu’il te faut. Tu dois être fatigué avec la route. » Il lui indique en venant doucement poser sa main sur son dos dans une action bienveillante.

« Tu peux te reposer un peu, si tu veux. Je t’appellerai quand ça sera prêt, d’accord ? » Il lui propose naturellement en venant chercher son regard, lui offrant un sourire amical alors qu’il retire sa menotte de son dos pour se diriger naturellement vers la cuisine.

Sa canne tapant le sol pour commencer à chercher les ustensiles nécessaires pour préparer le repas. Cette occupation est bienvenue pour se changer les idées et peut être que seul, il parviendra à mieux comprendre ce qui se passe dernièrement dans ses émotions au sujet d’Angel.

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Elias et moi sommes visiblement dans le même état, désirant fuir la situation que j’ai moi même provoquée. Il semble que j’ai été trop loin cette fois, que cela était définitivement trop intime. Tout ce que j’espérais, c’est que cela n’avait pas produit une gène qui allait s’éterniser dans le temps. Je n’avais pas envie de ça. C’était même l’opposer de ce que je désirais.

Elias m’approche. Je vois bien qu’il essaie de me rassurer, de chasser cette gêne qui n’a pas lieu d’être. Je lui offre un sourire pour toute réponse, avant d’annoncer que je vais m’installer. J’ai cruellement besoin de distance. Besoin d’être seul.

« D’accord. Je vais faire ça. On se voit tout à l’heure. »

Son contact dans mon dos m’apaise. Ce n’est rien, juste un détail, mais il est appréciable dans une telle situation. Je le laisse s’éloigner sans rajouter quoi que ce soit, me contente de l’observer s’afférer en cuisine, comme si rien de tout cela ne c’était produit. C’était mieux comme ça, sans doute. J’attrapais mes sacs, pour me diriger vers les chambres, que nous n’avions pas encore pris la peine de visiter. Je prenais la plus petite, lui laissant la plus grande pour qu’il soit à l’aise. Je pris le temps de déballer chacune de mes affaires, que je rangeais à sa place en laissant mes pensées vagabonder, toutes dirigées qu’elles étaient vers Elias. C’était de pire en pire, cette attirance envers lui. Fallait-il que je lui en parle ? Que je lui avoue ce que je pouvais ressentir pour lui ? J’étais divisé, incapable de trouver la réponse juste à cette question. J’en avais envie, pourtant. Une envie égoïste, tout comme celle de venir ici, avec lui, pour profiter encore de sa présence, alors même qu’il venait de se séparer de son épouse. Était-ce une mauvaise personne, pour en profiter comme je le faisais ? Je préférais ne pas trouver de réponse à cette question.

Mes affaires rangées, je pris mes affaires de toilettes pour me glisser cette fois jusqu’à la salle de bain. J’avais besoin d’une bonne douche. De prendre soin de moi. Le jet presque brûlant de la douche me fit un bien fou. J’en profitais pour laisser s’échapper les pensées impures qui trainaient beaucoup trop dans ma tête. Essayer de ne plus penser à son corps en dessus du mien, à cette proximité, a mon envie de plus en plus vorace d’attraper ses lèvres. Comment allais-je faire, pour me contenir ?

Je mis un temps pharaonique pour sortir de la salle de bain. Je m’étais changé, avait réussi à me reprendre et me sentait enfin capable de retrouver la compagnie de mon frère d’arme. C’est avec le sourire, que je fini par réapparaître dans la pièce de vie. Mon regard coula sur lui, occupé à préparé à manger. Ce que j’aimais cette vision, si simple pourtant. Je me dirigeais vers lui, m’arrêtant derrière lui et découvrir ce qu’il avait préparé en glissant ma tête à côté de la sienne, par dessus son épaule.

« Ça sent divinement bon. »

Un compliment, avant que je ne m’écarte sensiblement pour aller récupérer la vaisselle dans les armoires au dessus de sa tête dans le but d’installer la table.

« Attention… »

Je veillais à ne pas le blesser dans la manœuvre, récupérant le nécessaire que j’allais ensuite déposer sur la table de la salle à manger. Je pris le temps de dresser le tout, ajoutant les couverts et des verres à vin.

« Je nous ai pris une bonne bouteille tout à l’heure. Tu m’en diras des nouvelles. Ça devrait bien se marier avec ton plat. »

J’allais récupérer la dite bouteille que j’avais pris soin de ranger plus tôt, servant nos verres. Je m’en emparait ensuite, laissant la bouteille sur la table pour le rejoindre à nouveau. Je lui offrais le sien, faisant tinter nos verres ensemble.

« À nous. »

Je pris appui contre l’élément de cuisine, les yeux traînant dans les siens le temps de goûter le liquide. Mon regard fini par dévier sur la cuisson qu’il finissait, essayant de retrouver mon courage.

« Je suis désolé, pour tout à l’heure. J’espère que tu n’as pas trouvé ça déplacé. Je me suis laissé aller. »

Peut-être était-ce finalement le mieux à faire, m’excuser. C’était mieux pour notre harmonie. Juste au cas où.

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(Tenue) Il se concentre sur la préparation du repas. C’est une distraction appréciable pour laisser à l’orée ce trouble que cet instant a réveillé en lui. Il a bien conscience qu’il y a un sens à tout cela, mais il ignore lequel. Il a beau se questionner depuis de nombreux mois, il n’arrive pas réellement à mettre le doigt sur la raison. Sans doute parce que cela implique de nouvelles choses, des éventualités qu’il n’avait jamais envisagées. Le risque de mal identifier ses émotions est important. Il ne peut pas prendre cela sans décortiquer tout de A à Z. Il a besoin de cela pour être certain de la conclusion qu’il en tirera. Il ignore la durée qui sépare le moment où Angel quitte la pièce et celle où il revient à ses côtés. Son instinct perçoit sa présence avant même qu’il ne se fasse connaitre. Sa proximité est perturbante, mais nullement déplaisante. Il ne saurait comment le définir. Cette intimité semble si naturelle et peu commune entre deux amis. Il n’a jamais eu ce genre de relation avec un autre homme. Pas même avec Edward, son meilleur ami. Pourtant, il n’y voit rien de déplaisant dans cette proximité partagée avec Angel, si ce n’est la surprise d’être conscient qu’il l’apprécie peut-être trop.

« J’espère que le goût sera à la hauteur de son odeur. » Il lance simplement dans un sourire complice alors qu’il s’efforce de ne pas laisser dévoiler son agitation.

Angel évolue à ses côtés et il a conscience de ses mouvements autour de lui, sans pour autant que cela le mette en insécurité. C’est terriblement agréable de l’avoir à ses côtés, dans cet instant simple et coutumier qu’est les échanges avant un repas partagé. Le militaire lui sert un verre de vin qu’il vient lui amener. Il s’en saisit alors qu’il laisse le plat mijoter. Son verre vint tinter contre le sien. Il trinque avec son ami, se perd quelques instants dans la lueur de ses prunelles qui ne le quittent pas. Ce qui a un pouvoir hypnotisant et curieux sur son myocarde qui éveille des émotions étranges. Ses lèvres trempent dans le vin, savoure l’arôme qui se dégage du liquide. Il ne s’attendait pas à ce qu’il évoque cette agitation précédemment ressentie. Son regard tremble légèrement sous le coup de la surprise alors qu’il sent son ami concentrer son regard ailleurs que sur lui.

« Que veux-tu dire, Angel ? » Il le questionne doucement, car il ne sait pas exactement pour quoi il s’excuse, ni pourquoi il évoque le fait que c’était déplacé.

Son regard cherche le sien alors qu’il est réellement curieux de la réponse. Il vient déposer son verre sur le plan de travail. Il ignore s’il doit donner le fond de sa pensée ou garder ses pensées pour lui.

« C’est troublant, mais pas désagréable. » Il admet dans un soupir qui dévoile son trouble alors qu’il prend une inspiration.

« Au contraire, je pense y prendre gout, mais j’ignore ce que cela peut signifier. Cela semble si naturel avec toi. Cette proximité est un bol d’air, mais j’ai conscience que cela peut être dû à mon PTSD. » Il lui indique pour lui transmettre ses réflexions, mettre des mots sur ce qu’il ressent. Il n’a pas envie de mentir ou de prétendre autre chose. Il n’a jamais su le faire.

« Je ne m’étais jamais interrogé sur ce que je pouvais ressentir pour quelqu’un d’autre. Je n’ai connu que Lucy. C’est venu naturellement avec elle, au fil des années et de l’affection que je lui porte, mais si je suis honnête avec moi, je m’interroge sur ce lien qui nous lie, cette agitation qui m’habite quand je suis proche de toi, perturbante et appréciable également, mais je n’ai pas de réponses claires à donner. Alors si mes réactions t’amènent à croire que tu fais quelque chose de mal, j’en suis navré. C’est juste que je suis un peu largué en ce moment. » Il conclut en venant lui lancer un regard, ne sachant nullement comment il va réagir à ses propos.

Au moins, c’est posé et dit. Ils sauront s’extirper de ce trouble ensemble. Du moins il l’espère.

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Ma question semble le troubler. Il semble que mes excuses le prenne de court, à ma plus grande surprise. Sa question me fait regretter mes excuses. J’aurais dû me taire, étant donné que je me retrouve muet, incapable de lui répondre. Je laisse le silence planer, le laissant reprendre la parole. Ses aveux me troublent bien plus que prévu. Troublant, mais pas désagréable ? J’ai peur de comprendre la teneur de ses mots. L’espoir logé au plus profond de mon être feule, à la hauteur de ses aveux. Le PTSD tout d’abord, provoque une pique dans ma poitrine. Je comprends finalement qu’il se questionne bien plus que je ne l’imaginais. Était-il réellement en train de me dire qu’il me considérai autrement que comme un ami ? Je l’avoue, je ne sais pas comment réagir à tout cela. Quoi répondre à ce genre de choses après tout ? D’un coup, je me sens tout aussi largué que lui.

« Je ne savais pas, que tu ressentais tout ça. »

Mes iris le retrouvent. J’aimerais chasser ce trouble qui l’habite. J’aimerais avoir les mots qui conviennent.

« Ça me perturbe aussi, tout ça. »

Je délaissais mon verre sur le plan de travail, le faisant doucement tourner entre mes doigts. Mon cœur battait plus fort dans la poitrine alors que j’observais la danse du liquide carmin. Allais-je réellement lui avouer que je le voyais comme plus qu’un ami, au risque de tout foutre en l’air ?

« J’aime être près de toi. J’aime notre complicité. J’aime… enfin… »

Je perdais mes mots. Mes dents martyrisaient d’un coup ma lèvre inférieure. Je refusais d’en dire plus. De lui dire à quel point il y a avait plus. Parce que ce n’était peut-être rien, après tout. C’était peut-être son PTSD, comme il l’avait dit lui même.

« Je suis heureux que tu m’en aies parlé. Si… Si tu préfères changer nos plans, si tu préfères que je m’en aille, pour que tu puisses mettre tout ça en ordre dans ta tête, je partirais. Tu n’as qu’un mot à dire. »

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(Tenue) Il s’efforce d’être le plus honnête sur ce trouble qu’il ressent en sa compagnie. Il n’ignore pas que sa perception de la réalité peut être erronée vis-à-vis de ce qu’il ressent. Il aimerait pouvoir y voir plus clair. Il a du mal à croire que l’affection qu’il porte à Angel soit de quelconque nature qui puisse être questionnable. Il est juste incapable de mettre un terme clair, de pouvoir exprimer de manière intelligible ce qu’il ressent à son égard. Seulement, il refuse pour autant qu’Angel présume qu’il est le problème. Ce n’est pas le cas. Il s’agit de lui et de son esprit malade qui l’est. Il prend conscience que ce qu’il lui dévoile la déroute. Ce qui est rarement le cas. Il se demande s’il n’a pas été trop franc ou a mal choisi ses propos. Cela ne serait pas la première fois. Angel finit par prendre la parole. Il admet que cela le perturbe aussi. Il perçoit sa nervosité dans ses mouvements, dans le fait de consacrer son regard sur le verre dont il fait tourner le contenu. Ce n’était pas ce qu’il souhaitait. Sa confession le prend de court à son tour. C’est agréable d’entendre que lui aussi aime être à ses côtés, apprécie cette relation qui les lie. Seulement, il ne s’attend pas à la suite de ses propos. Cela doit se percevoir dans l’incompréhension qui marque ses traits.

« Non ! » Il lance dans un ton qui laisse entendre aucune réplique. « Non, je te préfère ici, avec moi. » Il ajoute en venant lui presser le bras pour qu’il n’en doute pas.

En même temps, il peut comprendre ce qui amène son ami a pensé que ce repli à deux n’est pas idéal pour lui permettre d’y voir clair. Il serait prompt à être d’accord avec cette pensée, mais c’est au-dessus de ses moyens.

« J’ai besoin de toi. Je sais que c’est égoïste. » Il indique avec une certaine fébrilité dans le regard. « Durant notre séparation à l’aéroport, j’ai tenté de me dire que je pouvais me retrouver, mais je crains que je ne puisse me reconstruire que si tu es à mes côtés. Tout me semble si simple à tes côtés, mon ami. Je n’ai plus l’impression de suffoquer sous un masque que je m’efforce de porter. C’est la première fois que je me sens si vulnérable face à quiconque. Si tu n’étais pas là, Angel, je ne sais même pas si j’aurai la force de me lever vu ce que je traverse. Et je sais au fond de moi, que cela doit forcément avoir une signification et je souhaite la trouver. Seulement, malgré mes besoins, tu as également les tiens et si cette situation te pèse où te pose un problème, tu n’as à rester ici. Tu dois penser à toi. Rien qu’à toi. » Il lui indique en venant doucement caresser son bras du bout de son pouce dans cette intimité bienfaitrice bien que perturbante.

« La vraie question que tu dois te poser est : est-ce que tu veux partir ? » Il conclut avant de relâcher la pression en s’éloignant un peu. Il veut qu’il y réfléchisse sérieusement. Il est prompt à croire qu’il pourra accepter sa réponse quelle qu’elle soit et s’en sortir s’il préférait partir, car au fond, Elias est prêt à mettre ses besoins de côté pour s’assurer de ceux de son ami.

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Je ne pouvais définitivement pas lui dire toute la vérité. Lui dire que tout ce que je ressentais pour lui, allait bien plus loin que la simple amitié. Qu’il m’arrivait de vouloir être plus proche encore que ce que nous étions déjà et que mes nuits étaient chargées de son souvenir. Je ne pouvais décemment pas lui avouer que même maintenant, je ne désirais que de fondre sur ses lèvres pour lui prouver à quel point j’avais envie d’être avec lui. Faire voler en éclat notre amitié, ce lien si puissant qui nous liait. Impossible, quand bien même j’en mourrais d’envie.

Alors je ne lui avoue qu’à demi-mots, tout ce qui se passe à l’orée de mes lèvres. Je fini même par lui proposer que je parte, si il estime que ce sera mieux pour lui, pour nous. Le simple fait qu’il pense que peut-être tout cela puisse être à cause de son trouble me fend le cœur. Je ne devrais pas ressentir ça. Ça ne devrait pas m’atteindre, mais la vérité est toute autre.

La proposition ne lui plaît pas. Il s’empresse de me retenir, de me dire que non, ce n’est pas ce qu’il veut. La suite me désarme. Je ne sais plus comment réagir à tout ça. Je ne sais plus ce que je dois faire ou penser. Mon cœur éclate dans ma poitrine. Il s’agite, au point de brouiller mes pensées. Au point que je pourrais craquer, si il ne m’avait pas rappelé que je n’étais que son ami.

« Non. Je ne le veux pas. » je lui répond, en essayant d’effacer la sensation grisante que me procure la vague caresse sur mon bras.

« Ce que je veux, c’est être avec toi. C’est ce que j’ai toujours voulu et plus encore maintenant. Moi aussi, j’ai besoin de toi. Besoin de sentir que tu es là, près de moi. Que quoi qu’il se passe, je ne risque pas de te perdre, comme ça a été le cas quand on s’est quittés à l’aéroport. J’ai peur. Peur de te perdre si je vais trop loin, si je me laisse aller à tout ce que tu m’inspires. Alors, non, je ne veux pas partir. C’est même tout le contraire. »

Ma fébrilité transperce dans ma voix. Je n’ai plus envie de faire semblant. Je n’ai plus envie de cacher mes sentiments, pourtant c’est ce que je m’efforce de faire, encore.

« Ça me blesse, de réaliser que tout ça, c’est peut-être juste dû à ton PTSD. Qu’à un moment, tu risque de te réveiller un matin et de réaliser qu’en fait tu n’as pas besoin de moi. Que c’est un mirage, tout ça et que tout parte en fumée. C’est égoïste, je le sais. Mais je n’y peux rien. Parce que… »

Les mots restent bloqués dans ma gorge. Des mots interdits que je me refuse à prononcer. Je fini par lever les yeux au ciel, n’osant pas le regarder. C’est au dessus de mes forces. Mon regard plane un instant sur le sol, tandis que je cherche mes mots.

« Je suis désolé. Pour tout ça. Tu es en pleine séparation avec ta femme et je ramène tout à moi. Je me sens coupable, de ressentir tout ça. »

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(Tenue)Elias ressent le besoin d’avoir Angel a ses côtés, mais si cela le pèse, il est prêt à apprendre à se passer de sa présence. Il ne veut pas devenir une gêne pour lui. Il ne souhaite pas qu’il se sente piégé, obligé d’être à ses côtés si ses aspirations divergent. Ce qui ne semble pas être le cas selon les propos d’Angel. Ce qui lui permet de respirer plus aisément, comme s’il craignait que la réponse soit autre. Ses propos accélèrent les battements de son cœur, car il est difficile de ne pas être touché par ces mots qui révèlent une affection à son égard. Une affection qu’il perçoit dépasser la simple amitié d’après ce qu’il en perçoit. Ce n’est pas directement dit, mais il le sait, ce qui très déroutant, car il ne parvient pas à identifier ce que cela engendre en lui en termes d’émotions : plaisir, mais aussi une inquiétude, car il a peur de le blesser malgré lui par son incapacité à saisir ce qu’il ressent. Une blessure déjà infligée, ce qui est loin de le laisser indifférent. Il sent que l’éventualité qu’il a évoquée plus tôt l’émeut profondément. C’est la seconde fois qu’Angel lui semble si vulnérable et cela ne le laisse absolument indifférent. Il l’observe avec émotion, sa main autour de son bras s’affermit pour lui offrir une faible caresse qui cherche à apaiser ou offrir de la douceur. Il se sent démuni face à cela. Cette fébrilité qui semble s’emparer de cet homme qui semble inébranlable face aux tempêtes qui le frappent est chamboulant.

« Mon PTSD peut effectivement tronquer la réalité, mais je doute qu’il puisse me tromper totalement sur ce que je ressens, Angel. L’affection que je ressens pour toi et belle et bien réelle. J’ai pour toi la plus profonde estime et amitié. Ce sera à jamais le cas. Tu es devenu important pour moi et je ne souhaite absolument pas qu’on redevienne des étrangers, un jour. Non, pas alors que je te dois ma vie et sans doute l’homme que je suis aujourd’hui. » Il lui indique en venant serrer fermement son bras alors qu’il sent une agitation gagner ses membres.

« Je suis vraiment désolé si je te blesse, Angel. » Il murmure en venant prendre une grande inspiration. « C’est la dernière chose que je souhaite et je me rends compte que c’est déjà le cas. » Il poursuit en lui offrant une expression sincèrement navrée.

« Tu comptes énormément pour moi et tu auras toujours de l’importance à mes yeux. Ces moments qu’on partage, cette connexion aussi, elle ne peut pas être faussée. J’en suis presque certain. » Il poursuit en tâchant de se montrer le plus rassurant possible, car lui-même ne veut pas croire que son esprit est assez malade pour lui faire croire qu’il ressent des choses qui seraient le fruit de son imagination.

« Et si on mettait tout cela de côté pour juste profiter du moment ensemble, programmer ce qu’on va faire durant notre séjour ici ? On aura tout le luxe d’en discuter plus tard, lorsque tout sera plus clair, qu’en dis-tu ? » Il propose simplement en l’invitant à passer à table. Un moyen de mettre un terme à cet échange pour se concentrer sur l’essentiel : ce repli pour profiter de bons souvenirs l’un avec l’autre, loin de l’enfer de la guerre et du monde.