No excuses + Elias

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Lucy était vraiment mal ! Ce qu'elle redoutait venait de se passer et le pire dans tout ça, c'était qu'Elias avait vu clair au travers de textos échangés... Il avait raison quand il lui disait qu'elle ne savait pas mentir. Et surtout, il la connaissait tellement bien que c'en était flagrant pour lui. Elle s'en voulait tellement parce qu'elle lui faisait du mal et pas seulement à lui, à Kalen aussi ! Elle avait bien essayé de se dépatouiller de cette situation mais le flair d'Elias en ce qui la concernait était bien trop aiguisé !

Quand le capitaine était arrivé, il l'avait retrouvé dans un état pas possible. Non pas parce que son mari avait découvert qu'elle avait des sentiments pour un autre homme que lui mais surtout parce qu'elle s'inquiétait énormément de son état ! Elias était fragile, elle le sait bien Lucy et les message qu'il lui a envoyé ne se sont pas montrés rassurant. Comme si ce n'était pas suffisant, Edward l'avait assez bien irritée avec ses leçon de morale !

Arrivée à la maison, elle s'était mise à faire les cent pas ! Elle avait l'impression de devenir folle à attendre des nouvelles d'Elias. Elle savait très bien qu'elle n'était pas dans la bonne position pour se montrer trop insistante. Mais il lui faisait peur à s'isoler autant ! Alors, quand il lui avait dit qu'il était à la plage et qu'elle pouvait le rejoindre, elle lui avait répondu qu'elle arrivait tout de suite ! Et c'est ce qu'elle fit le plus vite possible ! Son coeur lui faisait tellement mal, la boule d'angoisse qui s'était logée dans le haut de son ventre l'empêchait presque de respirer. Elle avançait presque à reculons tellement elle avait peur de la suite. Elle était fébrile Lucy et quand elle aperçu la silhouette de son mari, assis dans le sable, elle s'arrêta. Elle avait peur que cette confrontation arrive depuis qu'il était de retour !

Pour ne pas trop le surprendre, elle s'éclaircit un peu la gorge avant de poser le pull qu'elle lui avait ramené et de s'asseoir à ses côtés. Il devait avoir froid depuis le temps qu'il était là... "Merci de m'avoir laissé te rejoindre..." Dit-elle pour tenter d'engager doucement la conversation.


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(Tenue) Elias exècre le mensonge par-dessus tout. Sans doute parce que ses parents lui ont inculqué que la vérité était toujours mieux que de doux mensonges, parce que quand la vérité éclate, les mensonges provoquent des blessures. Des blessures qui peuvent détruire une âme. C’est pour cela qu’il a toujours divulgué la vérité. Bien entendu, il a apprit avec le temps à la diffuser convenablement, avec les bons mots afin qu’elle le moins de mal possible. Sa quête de vérité est le moteur principal de son existence. C’est ancré en lui et il ne parvient pas à se détourner de ce chemin. Il a besoin de la découvrir, encore plus lorsque son instinct aiguisé sent qu’il y a quelque chose à creuser. Aujourd’hui, il en payait les pots cassés, en découvrant un secret que son épouse lui avait masqué. Comme il vient de le dire à Edward, il craint que cette aventure, qu’importe la forme qu’elle a prise durant son absence, n’est qu’une passade. Si cela avait été le cas. Il sait qu’elle lui en aurait parlé. Il ne connaissait rien de cette histoire entre elle et ce Kalen. Cet ami. Le premier auquel elle a pensé naturellement lorsqu’elle était en difficulté. Ce n’était pas anodin. Il le savait. Elle aussi sans doute. Cet homme comptait. Compte toujours et il va devoir apprendre à gérer avec cette réalité, alors qu’il n’arrive déjà pas à gérer son retour à Oceanside. Ses pensées sont confuses, son cœur saigne et délire sous le poids de cette douleur que cette réalité lui a infligé. Il est devenu mauvais, rancunier, lui qui a toujours de émotions égales. Il gère un conflit terrassant entre son esprit malade et son cœur. Il peine à trouver un point d’équilibre. Des images délirantes se construisent dans son esprit, des scénarios plus catastrophiques les uns que les autres, s’enchainent sans lui laisser le temps de respirer. Il se retrouve terrassé, en proie en une crise d’angoisse qui lui coupe le souffle et l’amène à hyperventiler seul sur cette plage où ses larmes inondent ses joues. Lui, qui pleure si rarement. Il ne se reconnait pas. Il ne se reconnait plus avec toutes ces émotions qui le terrassent. Seuls, son échange avec Angel lui apporte un peu de répit, une parenthèse dans laquelle se refugier alors que tous ses membres tremblent sous l’intensité de son émoi. Il ignore le temps qui s’est défilé depuis qu’il est arrivé ici lorsqu’il reprend un peu conscience. Il n’ose pas relire ses SMS à Edward, encore moins le dernier mail qu’il vient d’envoyer à Angel. C’est à peine s’il a conscience de ce qu’il s’est produit jusqu’à cet instant. Il replie ses cuisses contre son torse. La fraicheur de la nuit commence à être mordante, mais il pense plutôt que c’est le froid qui l’habite à cet instant qui est la véritable cause de ses frémissements. Il se sent lessivé, vidé, apathique. Comme à chaque fois qu’il s’extirpe du chaos imposé par une crise. Il finit par jeter un coup d’œil, remarque l’heure avancée. Cela fait plusieurs heures qu’il est ici. Un soupir s’échappe de ses lèvres. Il ne peut pas rentrer tout de suite. Une discussion s’impose, loin des oreilles de leurs filles. Il ne souhaite pas qu’elle assiste au spectacle pitoyable qu’il montre à cet instant, ni même qu’elle assiste à une dispute entre lui et sa femme. Il sait déjà que la relation entre les deux demoiselles n’est pas au bon fixe. Il ne souhaite pas que le peu d’équilibre qu’elles ont soit bafoué par le mal qui gangrène leur couple. Après une minute d’hésitation, il finit par lui envoyer un SMS et l’invite à le rejoindre. Cette plage est un endroit symbolique de leur vie. C’est ici qu’ils promenaient Danielle lorsque Lucy rentrait du travail, là où il leur arrivait d’aller faire un pique-nique pour profiter du panorama à deux kilomètres de chez eux en coupant par les chemins pédestres. Si elle est chez eux, il lui faudra une bonne quinzaine de minutes pour le rejoindre. Il s’intime à respirer, à laisser ses pensées de côté pour juste se perdre dans la contemplation du paysage. Il ne faut pas réfléchir à ce qu’il va se passer, sinon il est certain qu’une nouvelle crise l’emprisonnera de nouveau. Il respire fortement et lentement, tentant d’amoindrir des larmes qui glissent malencontreusement sur ses joues. Il ne devrait pas se sentir aussi bouleversé. Il l’avait envisagé. Trois ans, c’est long, surtout quand on pense que l’autre est potentiellement mort, car il a disparu des radars. S’il était mort, il aurait voulu qu’elle refasse sa vie. Au fond, il sait juste qu’il n’était pas prêt à l’entendre, alors qu’il peine déjà à se relever de cet enfer. Il ne lui en veut pas, s’il met de côté la blessure que son cœur ressent. Son omission et sa discrétion voulait juste le préserver. Du moins, il le suppose. A moins qu’elle ait tenté de se mentir à elle-même. De toute façon, une discussion s’impose. Une discussion dont les prémices se précisent lorsqu’il sent une silhouette rejoindre l’endroit où il se trouve. Il ne tourne pas la tête. Il se contente de sécher les traces de ses larmes malgré la migraine qui se fait plus mordante. Il ne doit pas craquer. C’est ce qu’il s’intime de faire lorsqu’il entend le raclement de sa gorge, lorsqu’il sent le pull être posé sur ses épaules dont il se saisit pour venir le passer Afin de contrer les tremblements qui l’assaillent sans qu’il puisse certain totalement leur cause. « J’espère être assez maître de mes émotions pour ne pas tout foiré, dévoilé une facette qui ne serait pas digne de moi. » Il murmure dans une voix enraillée par l’émotion qui demeure bien vivace au creux de ses entrailles. Un nouveau soupir s’extirpe de ses lèvres alors qu’il garde son regard fixé sur l’horizon. C’est plus simple pour lui de s’exprimer de cette manière. Cela met de la distance entre lui et ses émotions. « Tu n’as pas besoin de t’excuser. Je ne veux pas entendre ça. Je veux juste comprendre, connaitre les détails… et surtout ce toi, tu comptes faire. Parce que ce n’est pas qu’une passade. Ne nous voilons pas la face. » Il finit par lâcher dans un ton légèrement plus amer avant de prendre une grande inspiration. Inspirer, expirer. Ne penser qu’à cela. Ce mécanisme naturelle qui lui fait défaut depuis que l’anxiété profonde s’est immiscée dans sa vie et a chamboulé tout son équilibre.    

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Elle n'avait pas mis plus d'un quart d'heure à arriver sur la plage, Lucy. Le pas rapide, elle en était un peu essoufflée mais c'était aussi à cause de toutes ces émotions qui se bousculaient en elle. Cette angoisse était bien réelle. Elias était fragile et même s'il lui avait dit qu'il allait bien, elle savait que ce n'était pas le cas. Comment pouvait-il aller bien après ce qu'il venait de découvrir. Elle le trahissait et la culpabilité ne la quittait plus depuis qu'elle avait eu l'annonce qu'il avait été retrouvé ! Si elle n'avait plus vu Kalen depuis ce temps, elle n'avait pas pu se résigner à arrêter de lui parler et aujourd'hui, c'est chez lui qu'elle était allée chercher de l'aide... Elias ne méritait pas ça...

Arrivée sur la plage, elle se fit toute petite. Un simple raclement de gorge pour signaler sa présente. Lucy avait la gorge serrée et n'osait pas aller trop près de lui. Elle posa le pull tendrement sur les épaules de son mari et le remercia de finalement avoir bien voulu qu'elle le rejoigne. Elle se doutait bien qu'il ne l'avait pas fait de gaieté de coeur, ça se confirma avec ce qu'il lui dit à propos de ses émotions. Il ne la regardait même pas... Comment le pourrait-il après tout ? Elle avait brisé leurs voeux de mariage et tout ce qu'ils avaient construit en plus de vingt ans... Lucy sentit son regard s'humidifier et elle allait s'excuser encore une fois quand il l'en empêcha ! La nausée la prit de court quand elle entendit le ton qu'il prit. "Elias, je..." Elle se laissa tomber doucement dans le sable. Pas juste à ses côtés parce qu'elle se doutait bien qu'il ne voulait pas vraiment la voir. Assez proche mais assez en retrait pour ne pas se faire trop encombrante. "Je ne sais pas quoi te dire... C'est arrivé comme ça... Jamais avant il y a quelques mois je ne me suis permise de penser à m'ouvrir à nouveau à quelqu'un... Je t'aime ! Tu le sais que je t'aime..." Dit-elle la voix tremblante.


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(Tenue) Il ne la regarde pas, mais perçoit son émoi, ce qui est loin de le laisser indifférent. Malgré cela, il se doit de garder l’esprit au clair, car il n’est pas totalement confiant sur sa capacité à gérer ses émotions. Il serait bien incapable de définir ce qu’il ressent au fond de ses entrailles. Cette déchirure qui délite sa poitrine, si douloureuse, que même ses heures d’interrogatoires semblent indolores en comparaison. Il a eu mal, très souvent, des douleurs intenses, mais jamais de cette manière. Pas au point de devenir réellement fou. Sans doute parce qu’au fond de lui, il sait. Il sait parfaitement que sa vie va changer à compter de cet instant. Lucy n’est plus totalement sienne alors qu’il a toujours vécu avec cette certitude, ce mensonge, parce qu’en réalité, rien n’est immuable. Tout peut changer. Oui, tout. Même les sentiments de ses proches, de sa femme. La crise de la quarantaine. Etape fatidique qui fait éclater nombres de couples. Ils n’y font pas exception. Il s’était cru exempté de cette étape, car il avait une confiance totale en elle. Il a toujours confiance en elle, mais il sait que rien n’est plus pareil. La pilule est difficile à avaler. Il se concentre sur le rythme de sa respiration afin qu’elle ne s’enraille pas de nouveau. Un moment d’égarement et il sait qu’une crise d’angoisse pourrait le terrasser de nouveau et il ne sait pas s’il pourra subir une nouvelle vague. Lucy finit par prendre la parole. Des phrases entrecoupées parce que l’émotion la submerge. Elle est fébrile, alors qu’il semble solide comme un roc. Un peu à l’image d’un passé où c’était lui qui venait atténuer ses angoisses. Un équilibre qu’ils semblent retrouver dans le pire moment de leur vie de couple. Cette pensée lui arrache un sourire triste, à peine visible sur les traits de son visage. Je t’aime ! Tu le sais que je t’aime. Bien sûr qu’il le sait. Il n’en doute pas. Il inspire profondément en fermant un bref instant ses prunelles qui luisent de cette émotion qui menace de le submerger de nouveau. La tension qui l’habite est palpable. Il vient serrer ses doigts dans le creux de sa paume pour tenter de se concentrer sur autre chose. Un soupir vient s’extirper de ses lèvres alors qu’il vient se recroqueviller sur lui-même pour chasser le plus de stimuli autour de lui. « Bien sûr que tu m’aime Lucy. Tu crois que j’en doute ? Absolument pas ! » Il lâche dans une voix éraillée par une émotion qui point dans le timbre de sa voix. « Seulement, je ne suis pas dupe, Lucy. Tu es attaché à cet homme, suffisamment pour avoir un comportement coupable alors que tu sais très bien que je ne t’en veux pas. » Sa voix se fait plus acerbe sans qu’il en prenne immédiatement conscience. Il s’efforce de contenir ses émotions, mais elles sont là, trop intenses et désireuses de s’épandre. Cela le rend dingue. Il ne veut pas laisser ses parasites prendre le contrôle de son esprit avec des images résolument erronée. Il a besoin d’être maître de lui-même. « Ce qui fait le plus mal, c’est que tu as senti le besoin de le cacher, de me tromper. Bon sang, tu sais à quel point j’exècre le mensonge, Lucy ! » Elle sait à quel point, c’est une valeur essentielle pour lui. Sans doute celle sur laquelle il est le plus intransigeant. Il sent ses menottes serrées trembler sous le coup de cette vague scélérate qui menace de s’abattre sur lui. Inspirer, respirer, ne songer qu’à cela pour ne pas flancher, se noyer dans cet océan d’émotions qu’il n’a jamais su apprivoiser convenablement.

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Plus rien ne serait comme avant... Elle le savait Lucy parce qu'elle avait brisé tout ce qui les rendait solides. Pourtant, elle l'aimait son mari ! Mais sa fille avait eu raison quelques mois plus tôt quand elle lui avait dit qu'elle abandonnait l'espoir de le voir revenir un jour à la maison... Elle n'avait pas voulu l'admettre mais c'était la vérité... Elle avait senti le besoin de commencer à aller de l'avant. Trois ans, c'était long... Puis, il y avait eu le retour d'Elias qu'elle commençait à ne plus espérer. Elle était heureuse de le voir rentrer sauf à la maison. Mais il y avait toutes ces craintes qu'elle ne pouvait pas complètement enterrer et cette culpabilité qui la bouffait...

C'était vital pour elle qu'il sache qu'elle l'aimait ! Elle n'avait jamais cessé et ne cesserait sans doute jamais de l'aimer. Sa réponse la rassura bien qu'elle fit couler ses larmes. Il était blessant dans ses paroles mais c'était largement mérité. Elias était totalement en droit de lui exprimer sa colère et ses blessures. Elle ne sait pas comment elle aurait réagit à sa place... "Je... Suis désolée... C'est juste que..." Elle soupire en remontant un peu les genoux contre elle. Il faisait bien frais, encore plus que la nuit était tombée et qu'elle se sentait fébrile à cause de la situation. "Comment j'aurais pu te dire une chose pareille alors que tu reviens d'un enfer sans nom ! Je ne pouvais pas Elias... Et tu devrais m'en vouloir parce que moi, je m'en veux !"


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(Tenue) Il était sans doute injuste dans ses propos. Il est fort à parier, car lorsque le cœur s’exprime et prend le contrôle, il est rarement juste dans ses propos. Il le sait. C’est pour cela qu’il a toujours préféré faire fonctionner son esprit, plutôt que son cœur, mais malheureusement, il n’a pas toujours la capacité d’avoir ce filtre lorsque ses sentiments sont de la partie. Malencontreusement, cette situation qu’ils vivent et intimement lié à ses sentiments et il est encore trop fragilisé pour prendre suffisamment de recul pour être juste, sans paraitre insensible. Ce qui lui pose un problème. Il n’aime pas être dans cet état. Il peut même dire que cela le rend dingue. Cette situation le rend dingue. Il déteste cela au plus haut point. Ses excuses ne font qu’alimenter le monstre tapi dans sa poitrine. Il n’en veut pas de ses excuses, car il ne peut pas s’empêcher de ressentir cette envie de se montrer mauvais, revanchard et il exècre cela. Ce n’est pas lui. Ce n’est pas eux, bon sang ! Il refuse de le croire. « Tu ne m’as jamais rien caché Lucy. Ce n’était pas à toi de juger si j’étais prêt ou non à l’entendre. J’ai cru comme un con que tu m’en aurais parlé comme tu l’as toujours fait. Je me suis réconforté avec cette idée que cette inquiétude ne s’était pas produit, que j’allais pouvoir retrouver petit à petit cette connexion avec toi. » Il lui indique dans une voix empreinte d’amertume. Il est incapable de faire autrement. Il maitrise le flot de ses pensées, tait le fait qu’il se sent comme un con. « Une connexion qui va clairement être difficile de reconstruire alors que ton cœur et ton esprit n'aspire qu’à être à un autre. Et s’il te plait, ne prétend pas le contraire, Lucy. Je pensais que c’était moi qui avais du mal à me refaire à la normalité, qu’on marchait sur des œufs fragiles, mais maintenant je sais qu’il n’y a pas que ça. Alors, la vrai question, Lucy… La vraie question que je te pose là : qu’est ce que tu comptes faire !? » Il lui lance avec un peu plus de force dans le timbre de sa voix. Une forme de cri de cœur, tellement éloigné de celui qu’il est. « Parce que je n’ai clairement pas besoin de me tourmenter avec ça. J’ai déjà bien trop de démons contre lesquels me battre. Je ne suis absolument pas prêt à affronter un fantôme qui hante l’esprit de ma femme et qui me donne l’amer impression de ne plus être assez bien pour elle. » Il lâche dans une voix tintée par des sanglots qu’il se force à contenir, car c’est sans doute le fond de sa propre pensée. Celle de ne plus être assez pour elle, leur fille, leurs amis. Parce que d’une certaine façon, le Elias qu’ils ont connu est mort ce jour où ils ont subi l’attaque et où il a été entrainé au cœur de l’enfer. On ne peut pas en revenir indemne. C’est impossible.

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Elias avait raison, elle ne lui avait jamais rien caché avant ça... Lucy se sentait honteuse et horrible. En trois ans, elle n'avait pas laisser son coeur s'ouvrir jusqu'à ce que Kalen s'y fasse une petite place. Elle ne voulait pas l'admettre mais au fond, elle savait qu'elle avait abandonné son mari. Parce que si son espoir de ne pas le voir rentré ne s'était pas envolé, elle ne se serait jamais permise de faire un pas vers le policier... Mais trois ans, c'était long et Lucy n'avait rien contrôlé de la situation.

Elles étaient très peu nombreuses voire quasi nulles les fois où elle avait entendu Elias prendre ce ton et ça la déboussolait. Elle ne voulait pas que ça se passe de cette façon. Elle n'avait aucune idée de comment faire ou dire les choses. Mais ses mots résonnaient à en lui faire mal. Elle lui présentait ses excuses, c'était plus fort qu'elle. Elle avait fauté et même s'il lui avait dit ne pas avoir besoin de ça et qu'il ne lui en voulait pas, elle savait que c'était faux. Il devait le savoir aussi... "C'est vrai, ce n'était pas à moi de juger si tu étais prêt à l'entendre ou non... Mais moi... Je n'était pas prête... Ce n'était pas pour te mentir Elias... Je ne..." Elle fut arrêtée dans ses paroles alors qu'il évoquait cette connexion perdue entre eux. Et cet ultimatum qu'il lui posait. Elle sentit une larme rouler le long de sa joue sans oser le regarder. Jusqu'à ce qu'il lui dise avoir l'impression de ne plus être assez pour elle... "Non ! Tu as toujours été assez ! C'est... Moi... Qui t'ai abandonné... Je ne sais pas comment arranger les choses..." Avoua-t-elle très bas et honteusement.

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(Tenue) Sans doute qu’il aurait dû repousser cet échange. Il a cru que ces quelques heures passées en solitaire lui avait permis de reprendre contenance et l’esprit plus au clair, mais il se rend compte que ce n’est pas le cas. La blessure des non-dits est cuisante et il se sent démuni face à ce flot d’émotions qui lui prend aux tripes. Ce sentiment de trahison. Il ne l’a jamais ressenti. Du moins, jamais avec une telle intensité. Il a le sentiment d’avoir été dupé, que sa vie depuis son retour repose sur un mensonge. Il a beau retourner la situation dans tous les sens, c’est le sentiment qui prédomine. Il se reconstruit sur un mensonge, l’illusion que les choses sont comme avant et il sait maintenant que c’est faux alors il déconstruit tout ce qu’il a vécu jusqu’à cette découverte. Son esprit, qu’il sait malade, part dans des scénarios plus dramatiques les uns que les autres, influencé par ses sentiments dont les filtres sont caducs, abimés par des années de captivité, de tortures mentales et physiques. Il tente de garder pied, de rester le plus rationnel possible mais c’est trop difficile. Il s’agit de Lucy, sa femme, sa meilleure amie, celle qui a toujours fait partie de sa vie et qui risque de disparaitre à son tour de son existence, parce qu’elle…

C’est moi…qui t’ai abandonné…

Cette vérité déchirante qui lui arrache un sanglot long et incontrôlable alors qu’il se recroqueville sur lui-même pour accuser le coup de la nouvelle, de cette vérité qu’il avait conscient, mais qu’il ne s’avouait pas à lui-même. Des sanglots secouent son être squelettique, accablé par cette douleur déchirante qui l’écartelé de toute part. Son corps tremble sous l’intensité de l’émotion, de ce sentiment de perte qui l’accable et manque de lui arracher son souffle. C’est à peine s’il arrive à retrouver sa respiration tant il a le sentiment d’être dépossédé de tout. A cet instant, c’est comme s’il se retrouvait victime de milliers de coups de couteaux et qu’aucune plaie ne pouvait être étanchées ou cicatrisées et qu’il saigne jusqu’à se vider de son sang, pour le laisser presque mort avec cette douleur latente qui ne s’arrête pas. Il pleure comme un enfant, victime d’une migraine assommante qui lui arrache toute raison, dévoilant l’âme détruite qui est en dessous, qui ne sait plus à quoi se rattacher. Après tout, quel espoir lui reste-t-il ? A cet instant, il l’ignore. Tout lui semble dénué de sens…


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Il y a cette panique en elle. Cette angoisse bien présente d'affronter la réalité. De voir le mal qu'elle fait à son mari. Et dans cette histoire, il n'y a pas que lui qu'elle fait souffrir, Lucy ! Elle a pourtant toujours été une bonne personne, en tout cas elle ose l'espérer ! Jamais durant plus de vingt ans, elle n'a regardé un autre homme que son mari avec de vrais sentiments sincères. Mais ces trois ans avaient ébranlé tout ce qu'elle pensait acquis...

Voir Elias assis sur le sable de cette plage qu'ils connaissaient si bien tous les deux lui fut douloureux. Elle était perdue, Lucy. Elle aurait dû lui parler tout de suite mais comment aurait-elle pu faire une chose pareille ? Ca n'aurait pas été moins douloureux et avec l'état de son mari, elle pensait que c'était la bonne chose à faire. Seulement, elle vivait mal avec cette culpabilité. Parce que même si elle l'aimait du plus profond de son être, elle pensait aussi à Kalen. Elias le savait ça... Même si elle ne voulait pas se l'avouer et que ça remettait tout en cause... Elle avait failli à son rôle, elle avait trahi son mari et sa famille et n'avait aucune idée de comment agir ou réparer les choses. Etait-ce seulement réparable ?

Elle le vit se recroqueviller un peu plus sur lui même et se laisser emporter par les sanglots. Ca attisa les siens également. C'était tellement douloureux et déchirant de le voir ainsi. Les larmes de Lucy se mirent à couler un peu plus mais la panique la prit bien plus fort en se rendant compte de cette crise dont il était victime. Elle faisait face aux terreurs d'Elias depuis son retour mais elle ne l'avait jamais vu aller aussi loin. Il semblait en difficulté respiratoire et elle ne réfléchit pas plus en retirant toute la distance qu'il y avait entre eux. "Elias..." Elle ne savait pas si ce qu'elle faisait était bien pour lui mais elle ne pouvait pas rester sans rien faire. Alors, elle se plaça dans son dos et l'entoura de ses bras pour essayer qu'il se calme un peu. Elle ressentait toute l'émotion qui le traversait à l'instant, c'était déchirant et invivable de le voir comme ça. "Elias, je t'en prie, essaye de te calmer... Je... Je te demande pardon..."

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(Tenue) Il reconnait immédiatement les prémisses de sa crise d’angoisse, mais comme toujours elle le prend en traite et il lui est impossible de se défaire de son emprise. Encore moins à cet instant où il a le sentiment de voir son monde s’écrouler. La blessure infligée par cette vérité qu’il s’était efforcé d’ignorer est bien trop profonde pour pouvoir l’ignorer. Elle s’abat sur lui comme une vague scélérate qui lui arrache le cœur et les trippes au passage. Sa respiration se fait haletante et une migraine carabinée vient envahir son être pour le paralyser sur place. Ses émotions n’ont plus de filtres et il craque psychologiquement. Ses pleurs rendent sa respiration plus difficile. Il ne maitrise plus rien. Il est dépossédé de son libre arbitre et suffoque sans pouvoir tenter de reprendre le contrôle. Ses pensées deviennent éparses, inintelligibles, absentes. Il devient une coquille vide, un corps tendu et bouleversé à l’extrême comme s’il pouvait exploser à tout instant. Il sent un contact sur son épiderme, une emprise qui s’efforce de l’ancrer au présent, mais en vain. Il se met à suffoquer dans les bras de sa femme alors qu’un cri incontrôlable s’extirpe du fond de ses tripes comme un hurlement de désespoir. Il déchire l’environnement, lui au passage, expression violente d’un mal-être contenu depuis trop longtemps. Ses muscles contractés finissent par se détendre comme s’ils rompaient sous l’intensité de ce mal qui le gangrène. Sa respiration dangereusement hachée finit par se calmer, retrouver un rythme habituel.

Seulement, il devient une poupée désarticulée, vidée de toute essence. Il déteste cette sensation, mais la connait tellement par cœur qu’il n’en est plus surpris. Son regard est vitreux, sa peau transluit des sueurs que son corps a sécrété naturellement sous l’intensité de cette crise. Son corps continue de trembler alors qu’il glisse ses phalanges fébriles pour essayer ces larmes qui continuent de perler sur ses joues et son chaume de quelques heures. Il se sent éreinté, à peine conscient de cette présence qui s’est ancré à lui pour le maintenir dans le présent. Le visage encore posé contre ses genoux, il se remet de ses émotions, mais la douleur est là, suintante et infestée par une amertume qui rend le contact de Lucy déplaisant. Un amer gout de trahison qui lui déplait fortement, car il sait qu’il est injuste. Il n’a pas envie de l’être. Alors, il ne dit mot, la laisse prendre le temps qu’il faut pour prendre conscience qu’il s’est calmé et qu’elle peut le relâcher. Il ne se sent pas capable de parler. Il veut juste rentrer, s’allonger et sombrer dans un sommeil sans songe comme à chaque fois qu’il a une crise. Il ignore le temps qui s’écoule jusqu’à qu’il attrape sa canne, s’extirpe des bras de sa femme pour se redresser péniblement. Il est plausible de voir sa fatigue dans sa gestuelle et dans son expression. Il refuse l’aide qu’elle souhaite lui apporter. Il est déjà assez mal à l’aise qu’elle l’ait vu dans cet état.

« Ça va aller… je veux juste rentrer, Lucy. » Il lui indique dans une voix enraillée, légèrement cassée.

Il retrouve son équilibre et avance d’un pas hésitant sur quelques mètres, le temps que son organisme se remette en marche. La douleur de son genou est presque imperceptible en comparaison du reste. Il ferme quelques secondes les yeux pour remettre de l’ordre dans ses pensées qui se retrouvent brouillées par cette migraine. Il s’intime à inspirer profondément, se concentrer que sur ce mouvement naturel pour éviter qu’une nouvelle agitation ne le gagne. Le chemin du retour se fait dans le calme et bien trop vite ou bien trop longtemps après la devanture de leur demeure s’offre à eux. Il s’arrête quelques secondes pour l’observer, comme si une nouvelle page était sur le point d’être tournée.

« Laisse-moi le temps de digérer tout ça, Lucy… » Il lui demande simplement avant de reprendre le chemin de la maison, d’ouvrir la porte et d’entrer dans la demeure, retrouver le canapé sur lequel il s’allonge, exténué, incapable de monter les marches jusqu’à leur chambre.

Ce soir, il risque de s’endormir ici, lutter contre des cauchemars, des images de cet enfer, comme à chaque fois que ses défenses sont amoindries. Il sait que les prochains jours vont être difficiles. C’est malheureusement une routine à laquelle il a eu trop à faire ces dernières années. Le docteur Taylor pourra sans doute lui prodiguer des conseils. Il le contactera demain.  




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