house of memories (w/asena)
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house of memories (w/asena)

MOON up all night
Oliva Salazar
Oliva Salazar
messages : 566
pseudo : winter solstice (elle).
id card : melissa barrera / cheekeyfire@av, song cry@bann.
multicomptes : noela, nailea, yeliz, noa, nell & isaura.
triggers : inceste, cruauté animale, violences et agressions sexuelles, maltraitance, automutilations, descriptions contenant du sang, age gap +15 ans.
warnings : dépression, grossesse non désirée, deuil anténatal, interruption médicale de grossesse, avortement, drogues, addiction.
présence : présente.
house of memories (w/asena) YRCRdnAg_o
âge : trente-trois ans.
occupation : photo-reporter.
statut civil : fiancée, parce que c'est facile, parce que c'était peut-être la suite logique. Parce qu'il faut empêcher le navire de couler.
orientation : bisexuelle.
habitation : san luis rey, apt. 52.
pronom ig : elle.
disponibilités : dispo (2/5).

— rps en cours.
www › jake (3)
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à venir › asena (2)

— rps terminés.
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infos rp : 500-1000 mots / dialogues en français mais pas gênée par l'anglais / 3ème personne du singulier au présent / réponse en 2 semaines en moyenne ou max 3 / présente plutôt le week-end.
   
 
「 house of memories 」
∙ feat. @Asena Eker ; juillet 2023 ∙
tw: dépression, deuil anténatal, accident de voiture.

Ce soir, peut-être, elle pourra oublier.
Laisser les maux de côté. Enfouir la peine au fond d’elle. Comme elle est, à dire vrai, si douée pour le faire. Prétendre. C’est plus facile, paradoxalement, avec les autres. Plus facile qu’avec Jake, qui sait tout, finalement. Qui a été spectateur de tous ses (leurs) malheurs. Aux autres, elle arrive encore à sourire, à s’en sortir. À faire comme si tout allait bien, comme si elle tenait le coup. Mais entre Jake et elle, un fossé se creuse, encore et encore. Elle laisse le chagrin se mettre entre lui et elle, et puis peut-être aussi la rancœur. Parce qu’il faut un coupable. Parce qu’elle se rappelle tout, malgré elle, quand elle le voit. Parce qu’elle n’arrive pas à lui dire, non plus, tout ce qui ne va pas. Parce qu’elle le repousse, alors qu’elle l’aime, Oliva. Et elle sait qu’elle a toujours fonctionné comme cela, à repousser malgré elle ceux qui lui veulent du bien, ceux qui savent comme elle va mal, ceux qui sont aux premières loges de sa douleur, ceux qui la comprennent mieux que personne. C'est peut-être injuste, c’est peut-être cruel – c'est l’expression de sa terrible douleur, de son désespoir si intense, de sa douleur d’exister. Du reste, à ceux qui ne la connaissent pas vraiment, elle arrive encore à jouer la comédie, Ol.
Et puis, un peu aux autres, aussi.
Ce soir, elle n’aura peut-être pas de mal à sourire.

Elle doit retrouver Asena.
Asena, elle sait (presque) tout, aussi. Comme elle sait (presque) tout d’elle.
Parce qu’elle la connaît depuis qu’elles sont gosses. Parce qu’elles ont grandi quasiment ensemble. Sans vraiment se perdre de vue, sans en avoir envie. Des meilleures amies pour la vie, même si Oliva n’a jamais trop fait dans la déclaration, même amicale. Pourtant, c’est vrai. Elle est toujours la première vers laquelle elle se tourne. Toujours la première à laquelle elle envoie un message. Toujours la première à laquelle elle s’est confiée. Et inversement, n’est-ce pas ? Peut-être. Il y a tout de même des choses qu’elles ne se disent pas. Parce qu’on n’est pas toujours obligé de tout se dire, même quand on est ami·es. Par exemple, Oliva n’a pas parlé à sa meilleure amie en détail du fossé qui se creuse entre Jake et elle. Elle s’est sans doute trahie à maintes reprises, à travers ses mots, expressions. Ou bien, lors de soirées alcoolisées où quelques confessions se sont échappées. Mais Oliva ne s’est jamais très étendue. Pas trop profondément, pas très longtemps. C'est qu’il faut parfois lui arracher les choses, dont elle aurait besoin de parler, pourtant. Cela viendra, à un moment ou l’autre, éventuellement.
Mais pas ce soir.

Non, ce soir, elle veut se changer les idées. Profiter.
Pas dire à Asena qu’elle a peur de perdre Jake. Qu’elle a peur qu’il ne veuille plus l’épouser, qu’il finisse par se barrer. Qu'elle a peur aussi de ne jamais lui pardonner. Qu'elle pense encore trop souvent au bébé. Qu'elle n’arrive pas à arrêter d’imaginer la vie qu’ils auraient eue, la famille qu’ils auraient formée. Elle aurait besoin, pourtant, Ol. De dire tout cela. De dire combien elle a mal. Combien elle n’avance pas.
Mais elle préfère le déni. Elle préfère sourire.
Elles doivent se retrouver pour dîner quelque part. À ce restaurant où depuis toujours, elles aiment aller. Bien manger, et puis bien boire, rire, plaisanter. Partager leurs dernières nouvelles. Leurs angoisses, leurs rêves. Se soutenir, se confier. S'aider, s’aimer. Oui, elle avait besoin de cela, ce soir, Oliva. Alors elle est contente de retrouver Asena. Sourit en la voyant, déjà. Même pas besoin de se forcer. « Hey. » Offre à la brune une brève étreinte, comme elle en a l’habitude. Un peu, mais pas trop – pas si tactile. Même avec celle qu’elle connaît depuis (presque) toujours. « J’ai réservé la même table que d’habitude. » souffle-t-elle, léger sourire aux lèvres. Donne bientôt son nom, et voilà qu’on les guide jusqu’à la table qu’elles connaissent pourtant par cœur. Celle avec vue sur la mer. Oliva ne tarde pas à s’installer, accrochant son petit sac à sa chaise, mettant correctement ses lunettes sur son nez. Attrape la carte qu’elle connaît par cœur. « On se prend une bouteille à deux, ou t’es plutôt d’humeur cocktail ? » demande-t-elle en parcourant la carte du regard. Elle prendrait bien du vin, pour le coup. Et si Asena n’est pas partante pour une bouteille, elle prendra juste un verre, ce sera très bien. Pas plus mal de rester raisonnable.
STARS burning in the skies
Asena Eker
Asena Eker
messages : 151
pseudo : borealis · she/her.
id card : ayca, sweet poison la queen (a) + iconsturkish · pinterest (i).
multicomptes : aela, majolica, haven & vida.
triggers : cruauté animale, violence infantile, inceste, viol, pédophilie.
warnings : violence familiale, fausse couche, suicide, ptsd, violence physique, déni de grossesse.
présence : le weekend (mostly).
house of memories (w/asena) 444ac9f43d82d631bd4a5b41ace2d6cf
âge : thirty-one.
occupation : flight attendant (on break).
statut civil : married.
orientation : straight.
habitation : 2302, north valley.
pronom ig : she · her.
disponibilités : open
en cours,
ozan · oliva · kemal ·

terminés,
soon.

infos rp : en moyenne 300/1200 mots — dialogues : français et anglais — ma fréquence de rp dépend de ma vie irl, j’essaie de répondre max. 15 jours, mais cela peut changer selon ma motivation. je prends ça relax, chill et sans pression.
   
 
[ house of memories ]
「 feat. @oliva salazar ; juillet 2023 」
tw: écrire ici les tw contenus dans votre rp

T’es enceinte, Asena. Tu vas faire comment ce soir?
Parce que c’est devenu coutume pour elles de partager une bouteille de vin lors l’une de ces soirées comme c’est aussi coutume de s’aventurer, certaines fois, sur le chemin des cocktails, à savoir lequel est le meilleur, lequel ne mérite pas ou très peu leur attention la prochaine fois et Asena est convaincue que d’ici le moment où elle sera assise face à Oliva, une idée germera dans sa tête. Ou peut-être qu’elle trouvera le courage de lui dire à propose de sa grossesse, mais ça, ça l’étonnerait beaucoup. Pour une multiples de raisons, la première est que l’idée n’est pas entièrement acceptée de sa part, la deuxième étant qu’elle ne veut pas ajouter au trauma de sa meilleure amie. Asena sait que Oliva ne lui en voudrait pas d’être enceinte malgré tout, elle le sait parfaitement très bien, pas après tout ce qu’elles ont traversées, pas après toutes les années d’amitié et pourtant cela ne l’empêche pas d’être terrifiée de sa réaction, le moment où la nouvelle traversera ses lèvres. C’est assez simple, pourtant, un petit peu trop simple et c’est Asena qui rend la position difficile. Il faudrait d’abord qu’elle l’annonce à Lewis aussi.

Je suis enceinte, trois mots si simples. Si difficiles à prononcer. Si étranges à dire, à penser. À se dire que c’est sa réalité maintenant et même, parfois, elle semble oublier que c’est le cas et le souvenir resurgir dans sa tête, la hantant. Je suis enceinte, ça tourne en boucle dans sa tête alors qu’elle est à la recherche d’une place de stationnement pas trop loin du restaurant. Le temps commence doucement à lui manquer et un prétexte pour ne pas boire ne lui ait pas venu depuis son départ de la maison. Maintenant, elle stresse à l’idée de retrouver Oliva, n’aime pas se sentir ainsi alors qu’elle retrouve une amie avec qui elle partage plus d’une décennies de souvenirs et s’il y a une personne qui comprendra, c’est elle.

Asena ne veut pas en ajouter sur sa douleur car elle voit à travers les sourires, la tristesse.
La blessure qu’elle tente de recoudre, de faire cicatriser.
Un moment difficile à surmonter et c’est peut-être sur cet élan de courage qu’elle se laisse guider jusqu’au restaurant où elle aperçoit Oliva de loin. L’étreinte légère entre elles, suffisant pour toutes les deux, rien de grandiose, qu’une étreinte pleine de chaleur. « Hey. » Son visage s’est illuminé le moment où ses prunelles bleutées se posent sur Oliva, suivie d’un grand sourire. Maintenant qu’elle est coincée à la maison pour une durée indéterminée, Asena a l’impression de ne pas la voir aussi souvent que dans le temps où elle était de passage à Oceanside avant le prochain vol. « On ne change pas une habitude gagnante. Bientôt, on va commencer à nous adresser par nos prénoms. » Asena sait de quelle table Oliva parle, elle sait exactement où celle-ci se trouve au point où, en cas d’une coupure de courant, Asena est certaine d’arriver à faire le chemin sans foncer dans une table, une chaise ou quoi que ce soit. Ça prouve juste le nombre de fois qu’elles sont venues ici. « Si ce n’est pas déjà le cas. » Ajoute-t-elle en rigolant légèrement, prenant place à son tour, retirant la petite veste qu’elle porte, voulant profiter de la brise légère avant de sortir un rire nerveux. Merde, merde, merde. « Ça va te surprendre, mais je suis d’humeur pour un verre d’eau là tout de suite. La dernière fois que j’ai bu, je me suis réveillée avec une grosse migraine et j’ai été malade pendant deux jours pratiquement. Ne te gêne surtout pas pour te gâter ce soir. » Qu’elle s’entend répondre avant d’offrir un léger sourire à Oliva. Sauver de justesse. « Je te conseille vivement le dernier cocktail que j’ai pris la dernière fois, un peu sucré, mais délicieux... » Jette un rapide coup d’œil à la carte, son index se déposant sur le titre d’un cocktail. « Celui-là, mermaid limonade. » Dommage, ne pas avoir été enceinte, elle en prendrait un.


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∙ feat. @Asena Eker ; juillet 2023 ∙
tw: deuil anténatal.

Asena est un bol d’air frais.
La meilleure toujours pour lui changer les idées.
Parfois, elle a l’impression, Ol, de ne même pas avoir besoin de parler. L'impression qu’Asena comprendrait tout, même sans un mot. C'est peut-être pareil, dans l’autre sens. Elle pourrait volontiers se targuer de la connaître par cœur – de lire en elle comme dans un livre ouvert. Peut-être. Malgré tout, il y aura toujours des choses qu’elle ne verra pas, ne décèlera pas. Devinera-t-elle avant même qu’elle le dise d’elle-même, la grossesse ? Peut-être, peut-être pas. Elle est tellement à côté de ses pompes, ces derniers temps, Oliva. Tellement à côté de ses pompes, depuis plus d’un an, déjà. Elle essaie de se reconstruire, elle essaie de se relever, elle essaie d’accepter, pour avancer. Elle essaie d’accepter que son bébé ne sera jamais né. Mais elle n’y arrive pas. Chaque fois qu’elle y pense, elle a cette boule à la gorge, ce trou dans le cœur. Elle demeure inconsolable encore. Et parfois, elle n’est sans doute pas facile à vivre pour Jake, qui n’irradie pas de bonheur, lui non plus. Ils ont leurs drames, leurs douleurs. Ils ont vécu chacun des choses difficiles, bien avant de se connaître. Mais leur histoire les tirait vers le haut, jusqu’à la catastrophe. Maintenant, elle ne sait plus. Oliva, elle se dit qu’à présent, c’est elle qui les tire vers le bas.

Pas de quoi la réconforter.
Pas de quoi la faire positiver.
Pas de quoi lui permettre de se sentir mieux.

Mais ce soir, elle sort.
Elle va retrouver Asena. Et se changer les idées – elle en est certaine, Oliva. Cela lui fera faire un break – ainsi qu’à Jake. Elle se sent déjà mieux, rien que de la voir, l’apercevoir. Puis elle la rejoint, enthousiaste. Les deux amies se sont saluées, brièvement étreintes – elles peuvent à présent aller s’installer, à la table qu’Ol a réservée. « Carrément. À ce stade, ils devraient même les graver sur la table directement, vu comme on la squatte souvent. » Cela fait du bien de rire, plaisanter. Pourquoi est-ce plus facile avec Asena, plus facile avec les autres ? Pourquoi est-elle si dure avec Jake, encore ? Elle s’en veut de lui en vouloir. Elle s’en veut de ne pas faire son deuil, d’être encore en proie au chagrin. De ne pas s’en remettre assez vite. Il y a peut-être aussi tout ce qu’elle ne lui a pas dit. À lui, à quiconque. Tout ce qu’elle garde pour elle, se faisant plus de mal encore.

Elles arrivent à la fameuse table, s’y installent. Tout de suite, Oliva, elle entend l’océan – celui qu’elle aime tant. Celui qui l’apaise, la détend. Si seulement ce pouvait être cela, le remède à tous ses maux. Sans plus attendre, elle demande à sa meilleure amie si elle a plutôt envie de vin ou d’un cocktail, ce soir. La réponse d’Asena l’étonne, et peut-être que la surprise se lit même un instant sur son visage, mais sur le moment, elle ne se pose pas plus de questions que cela. Cela arrive de ne pas être d’humeur à boire de l’alcool, et elle serait bien la dernière à juger quiconque à ce sujet. Ne se rappelle pas encore que, finalement, en-dehors des migraines et des gros coups de barre, des petites maladies sans gravité, les seules fois où elle a bu du soft en compagnie de sa meilleure amie, c’était quand elle était elle-même enceinte, Ol. Ce raisonnement-là ne se fait pas encore à son cerveau. Peut-être parce que l’argument d’Asena tient la route – ou, tout simplement, parce qu’elle est adulte et qu’elle fait bien ce qu’elle veut. « Ma pauvre, tu m’étonnes que tu aies envie de faire un petit break avec l’alcool après ça. » fait-elle, grimace sur le visage, compatissante. Et, naturellement, Oliva se laisse entraîner lorsqu’Asena lui fait directement sa propre recommandation, à propos de l’un des cocktails. Elle cherche le nom sur la carte pour lire la composition, rapidement convaincue. « Hm, bonne idée. Ça a l’air frais, parfait avec ce temps. » répond-elle, un peu songeuse, le regard perdu sur la carte. Elle finit par la poser, relevant le regard vers Asena. « Tu veux même pas un cocktail sans alcool ? Ou un thé glacé ? » Elle ne la juge pas à propos de son envie de ne pas boire d’alcool, mais un simple verre d’eau, elle trouve cela trop triste, Oliva. « Et tu veux qu’on prenne un truc à grignoter à partager ? Ou tu prendras un plat, peut-être ? » Il faut savoir quelque chose sur la brune : elle ne boit pas d’alcool sans manger à côté. Surtout pas si elle est là pour un moment, et dieu sait qu’elle peut passer du temps, sur cette terrasse avec vue sur la mer, à parler et plaisanter avec sa meilleure amie. « L’assiette de fromages et charcuteries me fait trop envie. Ou le plateau de fruits de mer ? Ou le tataki de thon, ça fait des lustres qu’on n’en a pas mangé ici. » Que des trucs déconseillés pour la grossesse, en somme. Mais Oliva ne peut pas le savoir, elle est à des lieues de se douter de quoi que ce soit.
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Asena Eker
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「 feat. @oliva salazar ; juillet 2023 」
tw: ptsd

La villa est devenue son refuge, ces derniers mois. L’endroit où elle passe une bonne partie de ses journées, à hanter les lieux, silencieuse comme une souris. Les occasions sont rares pour sortir, n’a plus réellement de famille dans le coin en dehors de son jumeau, mais même avec lui, c’est compliqué. Les deux vivent des moments difficiles et Asena ne veut pas en ajouter sur le plat de Ozan alors elle vagabonde dans la villa, traverse les pièces tel un fantôme. Des mois qu’elle y passe des journées entières, plus qu’auparavant parce qu’il y a quelques mois, Asena passait son temps dans un avion, haut dans les airs, à voyager ici et là, toujours prête pour le prochain voyage, jamais satisfaite. Maintenant, sa réalité est d’étouffer le moment où elle se trouve dans un avion, d’avoir les images qui reviennent la hanter et la frapper de plein fouet, l’immobilisant sur place et le souvenir de sa dernière tentative reste trop vive dans sa tête qu’elle sait, malgré tout, que ce n’est pas le bon moment.

Pas tout de suite.
Peut-être même jamais. Elle ne le souhaite pas, un rêve inconnu devenu réalité. Puis il faudrait qu’elle commence par avoir un semblant de vie en elle, cette lumière qui se rallume quelque part bien qu’Asena sait qu’elle ne sera plus jamais la Asena d’avant. Alors une soirée, à ce restaurant qu’elle connaît par cœur, s’impose pour les deux amies. Une chance de sortir de la maison, de ne pas prétendre quoi que ce soit car les deux se comprennent parfois d’un simple regard, d’un simple mouvement de la tête. Les mots ne sont pas toujours nécessaires ou utiles entre elles et c’est la beauté de ce lien qui les unit. « Ça doit être une option, pour un certain prix. » De quoi s’assurer que leur table soit toujours réservée, qu’elles aient toujours la chance d’avoir cette vue sur la mer, cette légère brise lors des plus belles journées moins étouffantes. Ce point de repère au restaurant, avec l’habitude de s’asseoir pratiquement toujours aux mêmes chaises et très tôt, cette habitude de commander un verre se fait présente qu’elle doit se retenir ; détourner la conversation, offrir une excuse à Oliva. Ce n’est pas dans les habitudes de Asena de refuser un verre, près tout, n’est-ce pas le moment parfait de relaxer, de profiter ? Pas aujourd’hui. Pas pour Asena. Donc, elle se retient. « Exactement et je me trompe jamais dans mes choix de cocktails. On dit même que j’ai des recommandations merveilleuses. » La diversion semble bien se dérouler pour Asena, qui est très fière d’elle.

Pour l’instant, ça ne dure pas très longtemps. « Ça existe des cocktails sans alcool ? » La blague vient naturellement, elle n’est pas idiote, Asena. L’idée est tentante, pourtant, mais elle ne sait pas si elle a envie de prendre le risque pour le moment, c’est encore trop risqué à ses yeux. « Je vais me laisser tenter par un thé glacé, ça ne peut pas me faire de mal. » Ajoute-t-elle en haussant les épaules légèrement ; elle n’en sait foutrement rien, Asena avant que le sujet de la conversation détourne sur les plats offerts sur le menu. Les entrées. Dans une autre, pré-grossesse, Asena aurait sauter sur l’occasion de déguster l’assiette de fromages et charcuteries. Le temps idéal pour en profiter, mais à la simple mention, elle est incapable de s’empêcher de faire une légère grimace. « Hmmm, d’excellentes propositions. » Mais, elle est enceinte, Asena et elle ne peut pas se permettre de manger cela. Du moins, pas à sa connaissance car ses connaissances en grossesse sont encore très limitées. Tout simplement parce qu’à toutes les fois où elle croît avoir le courage nécessaire pour en acheter, elle panique et remet le livre à sa place. Et si Lewis revient plus tôt un jour et tombe sur le livre ?, les questions de ce genre qui lui tournent en tête et pour l’instant, Asena n’est pas prête de se faire questionner. « Des bruschettas peut-être ? » Toujours dans le but de détourner le sujet, de ne pas aller sur ce chemin, toujours avec cette voix en fond qui lui dit de tout simplement lui dire. À la place, elle propose autre chose, également parfait pour ce temps magnifique qui s’offre à elles. Ou peut-être espère-t-elle que Oliva comprenne sans avoir besoin de lui dire.

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Elles se font du bien. Comme le font les amitiés véritables et saines, basées sur l’écoute et l’empathie, le respect des limites de l’autre et de ses envies, sans jamais de jugement ni de culpabilisation. Elles se connaissent depuis toujours, Asena et Oliva. Ou presque. Et elles sont restées dans la vie de l’autre, pour une bonne raison. D'autres amitiés se sont cassé la figure en cours de route, pour diverses raisons – la distance, le temps, des changements de valeur ou de tempérament. Mais pas la leur. La leur est restée intacte, quoi qu’il arrive. Quels que soient les drames rencontrés. Et dieu sait qu’elles en ont connu, chacune, surtout cette dernière année. Asena a vécu dans un avion un incident douloureux réveillant un traumatisme encore présent ; Oliva a perdu le bébé qu’elle attendait, à six mois de grossesse. Ce sont deux événements qui les ont ébranlées, chacune à leur façon, faisant écho à d’autres maux vécus plus tôt, peut-être enfouis, mais toujours là, au fond. De son côté, Oliva n’en parle pas. Pas trop. Peut-être toujours plus à Asena qu’à Jake – ce qui, en soi, est déjà un problème, puisque ce n’est pas sa meilleure amie qu’elle épouse –, mais ce n’est pas énorme non plus. Les trois quarts du temps, elle préfère juste prétendre que ce n’est jamais arrivé, que tout va bien, même si ce n’est pas le cas. Et, en compagnie d’Asena, c’est plus facile de faire comme si tout allait vraiment bien. Ce n’est que quelques heures, jusqu’à la prochaine fois où elles se voient.

Elle ignore si c’est la même chose, dans l’autre sens. Elle ignore même à quel point Asena peut ressasser ce qu’elle a vécu – n’ose pas forcément lui poser la question, craignant de retourner le couteau dans la plaie. Et c’est bien la dernière chose qu’elle voudrait, la blesser. Peut-être aussi que parler des maux d’Asena risquerait de les faire ensuite rebondir sur les siens. Peut-être. En tout cas, dans son cas personnel, la voir, passer ces quelques heures avec elle, lui met un peu de baume au cœur. Avec ou sans cocktail (avec ou sans alcool), peu importe. Si l’alcool peut parfois aider à délier les langues, cela ne veut pas dire que le fait de s’en passer rendra la soirée moins agréable. « Je suis d’accord, tu as des recommandations merveilleuses. » Elle lâche un léger rire, Oliva. Elle est d’accord, oui. Elle prendra certainement le cocktail qu’elle lui recommande. Rit un peu plus à la réaction d’Asena aux cocktails sans alcool, laquelle se décide finalement pour un thé glacé. « Très bon choix, par ce temps. » Et, après tout, c’est l’une des boissons les plus rafraîchissantes qu’elle connaisse, à son humble avis. Rien ne dit qu’elle ne se laissera pas tenter à son tour, après. Qui sait ?
Dans l’immédiat, Oliva, elle sent l’appétit se réveiller. Parfois, cela vient en buvant – mais il faut croire que le ventre gargouille tôt, ce soir. Alors elle fait quelques propositions à Asena, quoi qu’elle connaisse ses préférences – cela ne veut pas dire qu’elles ne changent pas d’avis, parfois. Elles se laissent porter par leurs envies du moment, après tout. Pourtant, rien de ce qu’elles peuvent prendre d’habitude ne semble convenir à Asena. Et même si elles sont toujours à l’écoute des envies de l’une et l’autre, elle trouve sa réaction un poil étrange. Comme si elle éludait, finalement. « Des bruschettas ? Oh, oui, pourquoi pas. » Elle n’est pas difficile, Oliva. Et les bruschettas, elle adore cela, même si ce n’aurait pas été son premier choix. Comme leurs choix semblent désormais faits, un serveur ne tarde pas à arriver pour prendre leur commande, avant de vite repartir. « T’es sûre que ça va ? » finit-elle par demander, incapable de réprimer l’inquiétude. Elle sait bien qu’il y a eu l’incident dans l’avion, qu’Asena s’ennuie en arrêt maladie, mais elle a l’impression qu’il y a autre chose. Elle a noté la grimace, aussi, finalement, à ses propositions de trucs à grignoter. « D’habitude, je crois que tu tuerais pour une planche de fromages et de charcuteries. » plaisante-t-elle en riant doucement. Là encore, elle ne lui a pas forcé la main et elle a respecté son choix. Mais cela, couplé à l’alcool, c’est un peu étrange. Dans le fond, est-ce qu’elle l’a déjà vue ne pas en boire ? C’est pareil dans l’autre sens, au fond, à part quand Oliva était enceinte – moment qu’elle essaie d’oublier, à présent. Mais Asena n’est pas enceinte. Si ? Enfin, pas qu’elle sache. Mais qu’est-ce qu’on évite de manger quand on est enceinte ? Certains fromages. De la charcuterie. Les viandes crues. Les poissons fumés. La réflexion est peut-être doucement en train de se faire un chemin vers le cerveau d’Oliva. À moins qu’elle ne reste dans le déni parce que ce n’est absolument pas un sujet qu’elle est prête à aborder.
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infos rp : en moyenne 300/1200 mots — dialogues : français et anglais — ma fréquence de rp dépend de ma vie irl, j’essaie de répondre max. 15 jours, mais cela peut changer selon ma motivation. je prends ça relax, chill et sans pression.
   
 
[ house of memories ]
「 feat. @oliva salazar ; juillet 2023 」
tw: ptsd

Asena ne veut pas réfléchir à tout ce qui la rend malheureuse ou contrariée ce soir. Que cela soit son incident dans l’avion ou sa grossesse. Elle ne veut pas avoir à dire quoi que ce soit à ce sujet car c’est trop difficile. Mais surtout, le premier sujet, elle préfère prétendre que cela n’existe pas ; que cela ne s’est jamais produit, que ce n’est pas pour cette raison qu’elle est coincée à la maison, incapable de faire autre chose qu’hanter les lieux car c’est ce que Asena est maintenant : un fantôme. Incapable de faire face à cette peur, ce traumatisme alors qu’être agente de bord est son rêve. Puis le deuxième sujet est trop difficile à accepter pour le moment, incapable de se faire à cette nouvelle réalité, mais il y a également le fait qu’elle ne souhaite pas faire du mal à Oliva en lui annonçant cela. Peut-être trop à cœur les sentiments de Oliva, sa meilleure amie, avant les siens alors qu’au fond, Asena sait qu’elle sera contente pour elle, que cela ne sera pas suffisant pour qu’elle la déteste et la coupe de son monde. C’est Asena qui n’imagine toujours le pire.

Alors ce soir, elle va prétendre aller bien, aussi bien que son visage et ce sourire qui ne se force pas le lui en donne l’occasion, mais cela s’avère être une situation plus compliquée qu’elle le pensait réellement. Elle qui pensait être capable d’esquiver les tentations de la soirée, la consommation d’alcool habituelle lors de ces retrouvailles. « Merci de le reconnaître. » Dit-elle en rigolant doucement. Le son est étrange, elle ne se rappelle plus la dernière fois qu’elle a ri sans avoir besoin de prétendre quoi que ce soit car même en compagnie de son mari, ça commence à se faire rare comme si c’était un son en voie d’extinction ou prohibé chez elle. Même auprès d’inconnus, ça devient difficile alors qu’elle a toujours été l’une des premières à rire des blagues d’un inconnu. Elle offre également un sourire à Oliva à la suite de son commentaire sur son choix de boisson pour cette soirée. Un thé glacé, ce n’est tellement pas Asena, mais ce n’est pas comme si elle avait réellement le choix, ne voulant pas prendre des risques inutiles et ce, même si elle est certaine que ce n’est pas encore réellement vraie cette grossesse. « C’est juste étrange de faire ce choix. » Parce que ça l’est et le restera. Ça ne lui ressemble pas. Pas la Asena d’autrefois, celle qui appartient au passé et aussi un tout petit peu au présent, lors de ces rares occasions où elles se sont vues lors des six derniers mois.

Ce qui n’aide pas est le fait de discuter de nourriture. De suggérer des plats qui la font baver en général, mais qu’elle ne peut pas toucher avant un bon moment. Asena n’était pas prête à faire une croix là-dessus, pas encore et ça la rend triste. « Tu peux aussi prendre un plat pour toi aussi Oliva, tu n’es pas obligé de me suivre dans mes choix banals. » Si elle continue de penser à l’assiette de fromages et charcuteries, ça n’ira plus alors elle se concentre sur Oliva, l’écoute donner leurs commandes au serveur avant de se racler la gorge. « J’ai connu pire comme journée, aujourd’hui est une bonne journée. » Comment lui dire ce qui lui pèse sur les épaules, comment lui avouer sa grossesse sans avoir l’impression d’être la pire amie au monde. C’est trop pour Asena. Ça commence à l’étouffer. « Tu as raison. Je ne me sens pas au top de ma force ce soir, léger mal de cœur depuis ce matin alors je ne veux pas prendre de chance. » Asena sait que Oliva plaisantait en prononçant ces mots, elle le sait et pourtant, elle trouve l’occasion de sortir une excuse. Un prétexte pour excuser son comportement qui sort de l’ordinaire ; ne sait même pas si cela est suspicieux. « Je suis aussi possiblement... » La pause est obligatoire, nécessaire même, le temps de reprendre son souffle et avoir une idée comment le lui dire. « Enceinte? Et j’ai cru comprendre que ce n’était pas bon pour le bébé. » Et là, elle est incapable de la regarder.

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Oliva Salazar
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triggers : inceste, cruauté animale, violences et agressions sexuelles, maltraitance, automutilations, descriptions contenant du sang, age gap +15 ans.
warnings : dépression, grossesse non désirée, deuil anténatal, interruption médicale de grossesse, avortement, drogues, addiction.
présence : présente.
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âge : trente-trois ans.
occupation : photo-reporter.
statut civil : fiancée, parce que c'est facile, parce que c'était peut-être la suite logique. Parce qu'il faut empêcher le navire de couler.
orientation : bisexuelle.
habitation : san luis rey, apt. 52.
pronom ig : elle.
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— rps en cours.
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infos rp : 500-1000 mots / dialogues en français mais pas gênée par l'anglais / 3ème personne du singulier au présent / réponse en 2 semaines en moyenne ou max 3 / présente plutôt le week-end.
   
 
「 house of memories 」
∙ feat. @Asena Eker ; juillet 2023 ∙
tw: deuil anténatal, accident de voiture, dépression.

Lorsqu'elle retrouve Asena, Oliva déconnecte un peu plus facilement. Elle arrive un peu mieux à laisser de côté ses angoisses, ses maux. Ils sont toujours là, évidemment. Mais elle arrive un peu plus à vivre l’instant présent. À sourire et à rire, à se retrouver. C'est plus facile avec Asena, simplement, parce qu’elle a toujours fait partie de sa vie, parce qu’elle est sa meilleure amie. Parce qu’elle n’a pas eu, non plus, à prendre une décision difficile quand Oliva a eu son accident et perdu l’enfant qu’elle attendait. Asena n’est pas Jake, mais surtout, Asena ne vit pas avec elle, au quotidien. Elle l’a vue dans tous les états possibles, surtout au plus mal ; elle la connaît par cœur, sans doute, même. Mais non, elle ne partage pas sa vie, elle ne vit pas au quotidien avec elle. Peut-être que si elle l’avait fait, alors elles ne seraient même plus meilleures amies, aujourd’hui. Assez régulièrement, Oliva se fait la réflexion qu’elle n’est pas à la hauteur, de toute façon. Elle s’est sentie terriblement seule, souvent, même si elle ne l’était pas physiquement. Elle s’est sentie incomprise, parfois. Elle a ses maux, ses démons, Oliva. Un gouffre dont elle essaie de sortir, depuis longtemps déjà. Mais ce n’est pas si simple. Et souvent, elle se dit qu’avant tous les autres, c’est Jake, un jour ou l’autre, qui partira.

Mais elle n’ose pas encore le confier. L'avouer. Surtout pas le dire à voix haute, ni à quelqu’un d’autre. Parce qu’elle se sent coupable, Ol. Habituée par tant d’émotions différentes, dans lesquelles elle ne sait pas faire de tri. Il y la culpabilité, la honte, le désespoir, la rancœur, la tristesse, la colère, le regret, le doute, l’angoisse, la peur, la solitude, le désarroi, la douleur. Il y a tant d’autres choses, encore. Elle ne sait pas tout exprimer correctement. Elle est dans le déni, les trois quarts du temps, quand elle y arrive. Comme maintenant. Là, maintenant, elle peut sourire et faire comme si tout allait bien. C'est mieux quand sa seule préoccupation concerne son choix de cocktail. D'autant plus qu’elle est merveilleusement conseillée par Asena elle-même. « Avec plaisir. » Petit sourire qui ne quitte pas ses lèvres. Cela lui met du baume au cœur. D'être là, non loin de l’océan, en compagnie d’Asena. De profiter d’une soirée en laissant de côté le quotidien, même s’il aura sans doute tôt fait de revenir sur la table. « De prendre un thé glacé ? » demande-t-elle, à sa réponse. La conversation dérive ensuite sur ce qu’elles vont manger avec tout cela, les deux amies. Oliva ne manque pas d’idées, mais Asena ne semble pas trop tentée par tout cela – qui a le don de l’étonner et de l’intriguer. Elle fait bien ce qu’elle veut ; c’est juste surprenant, venant d’elle. « Oui, c’est sûr. Mais les bruschettas ne sont pas une mauvaise idée, ça fait des lustres que je n’en ai pas mangées. » Cela la laisse un peu songeuse, l’espace d’un instant. Cela éveille son appétit, aussi. Elle retrouve quand même vite ses esprits, Oliva, s’inquiétant peu à peu pour sa meilleure amie. Elle lui demande si cela va, Asena répond que c’est une bonne journée, avant d’avouer finalement qu’elle a mal au cœur depuis le matin même, qu’elle ne se sent pas au top. « Oh, je vois, je comprends. C'est sûr que ce ne sont pas les conditions idéales. » grimace-t-elle, en réponse. « On restera pas trop tard, si tu veux. » Elle pourrait même partir maintenant, qu’Oliva ne lui en voudrait pas le moins du monde. Y compris si la soirée avait été reportée. Et, parce que la brune a tout de même plaisanté à propos de la planche à fromages et charcuterie pour laquelle Asena tuerait d’habitude, celle-ci lui donne toutefois un début de réponse. Si Oliva plaisantait, ce qu’Asena finit par lui avouer est autrement sérieux. Elle semble chercher ses mots ; les trouve finalement. Balance la vérité qui, peut-être, explique qu’elle n’ait pas eu envie de boire de l’alcool, qu’elle a mal au cœur depuis ce matin, qu’elle ne veut pas trop manger de fromage ou de charcuterie. Elle est enceinte.

Cela claque dans l’air.
Oliva, sans le vouloir, s’immobilise. Elle n’avait rien vu venir. Aurait peut-être dû.
C'est comme un coup de couteau dans son cœur, mais ce n’est pas la faute d’Asena. Non, tout cela, c’est juste la faute à ce chauffard qui a foutu la vie d’Oliva en l’air, qui lui a pris le bébé qu’elle attendait, qu’elle n’aura plus jamais. Elle a du mal, depuis l’accident, à voir et entendre des bébés, à apercevoir des poussettes et landaus, à croiser des femmes enceintes dans la rue. Non, Oliva ne s’en est toujours pas remise, elle est encore dévorée par le chagrin. Alors, voilà son unique réaction, d’abord : « Oh. » C’est tout ce qui s’échappe de ses lèvres, alors qu’elle est surprise, stupéfaite. Elle a besoin d’intégrer, mais surtout de digérer, l’information. « Fé... licitations. » finit-elle par articuler, quand ses neurones se reconnectent, lentement. Mais elle se sent bête, et elle se sent mal. Et elle a envie de fuir, aussi, un peu. Et elle a le cœur qui se serre, et bat, beaucoup trop fort.
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Asena Eker
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Peut-être qu’elles ont toutes les deux besoin de cette soirée ensemble.
Pour oublier tous les problèmes qui les attendent à la maison. Oliva avec ses propres démons dont elle ne lui dit rien et Asena avec les siens dont elle ne dit rien également. Tant d’émotions qu’elles ne partagent pas, préférant prétendre, le temps d’une soirée, que tout va bien parce que tout semble aller mieux lorsqu’elles se retrouvent. Ça ne dure pas éternellement, l’espace de quelques heures, le temps d’une soirée où elles parlent de tout et n’importe rien sans égratigner la surface de ce qui les terrifient.

Cependant, la soirée s’annonce plus compliquée que toutes les autres fois maintenant qu’elle est enceinte et qu’elle ne peut pas se permettre de consommer de l’alcool. Elle sort du chantier battu, Asena en refusant de prendre une consommation alcoolisée. « Oui, c’est bête, je le sais. J’ai l’impression d’être un enfant qui boit son jus. » À quand remonte la dernière fois où elle a commandé une boisson sans alcool? Des années. Aussi, à quand remonte la dernière fois qu’elle a refusé de partager une planche de fromages et charcuteries? Des mois. « C’est l’occasion de partager une assiette alors. Changer nos habitudes. » Et les prochaines fois également. Jusqu’à la naissance de cet enfant. Après des heures à se casser la tête pour trouver une excuse, elle en trouve enfin une. Pas la meilleure, mais ça fera l’affaire pour ce soir. Asena secoue de la tête de manière négative. Tard ou pas, Asena n’est pas encore prête à retourner à la maison. Pas tout de suite. D’abord, elle aimerait pouvoir effacer les derniers mois de sa mémoire le temps d’une soirée, avoir l’impression de retrouver cette ancienne Asena qui lui manque. « Ça va beaucoup mieux que ce matin, je t’assure. » Puis Asena n’a pas forcément envie de rentrer bientôt chez elle. Qu’est-ce qui l’attend, à la villa? Un silence total, des chambres familières, mais si étrangères à la fois. Lewis ne l’attend pas, lui qui est au travail. Alors, elle force un sourire sur ses lèvres, ne voulant pas laisser paraître le vide qui se trouve derrière ses prunelles bleutées parce que la raison de ce mal de cœur est cette foutue grossesse, cette foutue nouveauté. Nothing else. « Mise à part un silence total qui m’attend à la maison et quelques pièces silencieuses, j’ai tout le temps devant moi. » Elle a même le rire qui accompagne les mots qu’elle vient de prononcer car ça lui semble drôle sur le coup alors que ça ne l’est pas du tout. Puis vient le moment où Asena se sent ridicule de dissimuler quoi que ce soit et la vérité finit par sortir de sa bouche. Ces trois mots simples à dire : je suis enceinte, sa nouvelle réalité.

Bien sûr, Oliva est l’une des premières personnes à qui elle le dit.
Bien sûr, ça lui retire un poids sur les épaules, mais ça lui en ajoute un nouveau parce qu’elle redoute la réaction de sa meilleure amie. Ça lui prend quelques secondes avant de trouver le courage pour poser son regard sur Oliva et appréhende sa réaction. Un autre silence s’installe autour d’elle, les bruits extérieurs qui n’existent plus, les voix deviennent silencieuses et tout ce qu’elle entend, Asena, est son cœur s’accélérer avant de retenir son souffle. Un souffle que la Eker finit par pousser doucement et inconsciemment, elle se pince les lèvres, ferme les paupières et hoche une fois, deux fois de la tête. Oh, c’est ce que son cerveau enregistre en premier avant que le félicitations vienne se frapper contre son cerveau, qu’elle enregistre moins que le oh. « Merci? » Les bruits lui reviennent petit à petit et ça lui semble être trop, trop vite à la fois. Les conversations continuent alors qu’elle cherche quoi ajouter. « Oliva... » Elle cherche de la main son verre d’eau duquel elle prend une première gorgée puis une deuxième. « Dis-moi la vérité, comment est-ce que tu te sens? » Évidemment, sa première réaction est de lui demander comment elle se sent parce qu’à la réaction de sa meilleure amie, elle comprend que cela lui a coupé l’air des poumons, à sa manière que son félicitations a été dit, c’est de Oliva que Asena s’inquiète.

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Elle ne peut pas passer sa vie dans le déni.
Elle ne peut pas la passer à fuir. À éluder les réalités qui peuvent la blesser. À ignorer la peine qui continue de la submerger. Elle essaie sans doute trop souvent, Oliva, de fermer les yeux. De ne pas voir en face que la vie continue, pour d’autres. Tout le monde n’a pas perdu le bébé qu’il attendait, et heureusement. Mais elle a encore comme un blocage, Ol. Avec cela, et avec la conduite, parce que le traumatisme persiste. Elle a du mal avec les ventres ronds et avec les bébés qu’elle croise régulièrement. Parce que tout ravive ses maux. Même ce qui n’est pas une femme enceinte ou un nourrisson. Elle a l’impression qu’elle n’avance pas, qu’elle ne se remet pas. Et les rares fois où elle se dit qu’elle a l’impression que ça va mieux, cela ne fait jamais long feu. Elle ne sait pas quoi faire, alors. Elle désespère. Elle met timidement un pied devant l’autre. Avance, tout doucement, mais elle avance plus et plus rapidement qu’elle ne s’en rend compte. Il faut laisser faire le temps. C’est cela, le plus compliqué, au fond.

Malgré tout, il y a des moments de parenthèses.
Comme quand Oliva retrouve Asena pour boire un verre, comme ce soir.
Comme quand Jake et Oliva partagent – enfin – des moments de tendresse.
Parfois, Ol, elle a comme des lueurs d’espoir. Elle s’en sortira. Elle s’en remettra. N’est-ce pas ? Un jour, peut-être.

En attendant, elle est bien, là, avec Asena.
Se sent en sécurité, toujours dans une safe place avec elle.
Parce qu’elle a tant de patience, tant de bienveillance, à son égard. Elle n’est pas Jake. Pas liée directement à son malheur. Alors, c’est plus simple, quelque part. Parce qu’elle est extérieure. Pour elle, elle s’inquiète beaucoup, aussi. Cela change un peu les dynamiques – ce n’est plus forcément pour Oliva qu’on se fait du souci. Mais a priori, il n’y a rien de dramatique à ne pas vouloir boire d’alcool et les raisons d’Asena – qui ne regardent qu’elle par ailleurs, ce n’est pas comme si elle devait se justifier de quoi que ce soit – tiennent la route. « Tu rigoles ? Parfois, j’ai une envie folle de thé glacé et à côté, n’importe quel cocktail ne fera pas le poids. » plaisante-t-elle en riant et en lui faisant un clin d’œil. C'est surtout quand il fait chaud, quand elle a soif, et alors ? Si Asena a envie d’un thé glacé, alors elle fait bien de le commander. « Oui, c’est une bonne idée. Allons-y pour les bruschettas, alors. » Finalement, elle n’a pas été bien difficile à convaincre, Oliva. Et puis, maintenant, elle s’en fait un peu pour Asena, malgré tout, en lui disant qu’elles ne sont pas obligées de rester trop tard. Asena la rassure pourtant en lui indiquant que cela va mieux que ce matin. Oliva ne voit pas le lien. Oliva ne le peut pas, alors qu’elle ferme les yeux à tout ce qui s’apparente de près ou de loin à une grossesse. Elle esquisse une grimace aux mots de sa meilleure amie, même si elle dit cela en riant. Elles ont peut-être la même façon de gérer les choses, finalement. Le dire en riant, avec détachement. Comme pour casser la réalité des mots. « Tu sais que tu peux venir à la maison quand tu veux aussi, hein ? » tient-elle à lui répéter. Si jamais le silence se fait trop pesant. Si jamais elle se sent trop seule. Si jamais Lewis lui manque, quand il est dans les airs, quand elle, Asena, est condamnée – pour le moment – à rester sur terre.

Mais ce n’est pas tout ce qui tracasse Asena, visiblement.
Parce que bientôt, peut-être parce qu’Oliva insiste, parce qu’Oliva s’inquiète, Asena lui balance la bombe. Elle est enceinte. Alors la charcuterie n’est pas bonne pour le bébé. Oliva ne réagit pas comme il faut, ou pas comme elle voudrait. Mais sur le moment, elle n’arrive à rien d’autre qu’à ce pauvre Oh qui lui échappe, si brut, si tristement sincère. Elle arrive un peu à se reprendre en balbutiant des félicitations. Et maintenant, c’est gênant. Il y a le silence. Et il y a peut-être quelque chose qui s’est cassé, d’un coup, involontairement. Asena la remercie, semblant décontenancée. Oliva s’en veut, s’en voudra tellement, pour sa réaction, manquant tant d’enthousiasme. Se trouvera si égoïste, si coupable. Et voilà qu’Asena l’interpelle, lui demande pour de vrai comment elle se sent. « C’est moi qui devrais te poser la question. » souffle-t-elle en retour, Oliva, avec le regard un peu fuyant. Elle ne veut pas que cette annonce tourne autour d’elle alors que cela ne la concerne pas. Ce n’est pas elle qui doit voler la vedette à Asena, même si elles ne sont que deux en cet instant. « C’est pour ça... ton mal de cœur de ce matin ? » lui demande-t-elle, tout de même, vaguement. Façon discrète mais sincère de s’en faire pour elle. De demander si elle a des nausées matinales. Parce que malgré le drame, il n’empêche qu’elle est passée par-là, Oliva. Peut-être qu’elle aurait tout de même des conseils à lui donner, histoire de ne pas une meilleure amie tout à fait merdique.
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