like crazy — lyle

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[ outfit ] Elle se réveille avec la sensation de ne pas s’être arrêtée de courir. Ces derniers temps, son tempérament courant d’air semble même d’autant plus exacerbé par les innombrables personnes qu’elle croise, voit le temps d’un déjeuner ou d’une longue soirée. Jamais le temps d’une nuit. Parce qu’il y’a un besoin de repos dans cette course de fond qui n’a jamais de fin. Comme emportée dans le tourbillon de sa propre tornade, Suki ouvre les yeux avec l’impression qu’un camion lui est passée dessus. Pourtant la veille, elle n’a fait qu’une soirée cinéma en compagnie de cet homme qu’elle fréquente depuis peu. Beau brun répondant au nom de Leslie, abordée en pleine rue par celle qui ne connaît pas la gêne, et qui depuis peu commence à partager un pan de sa vie. Une nouvelle relation avec laquelle elle ne souhaite pas éclipser ses liens actuellement tissés avec ses proches. Lyle en faisant partie, s’inscrivant dans une amitié naissante et dans les premiers balbutiements d’une attache qui se veut sincère.

Lentement, elle soupire son flegme en s’étirant de tout son long. Encore un peu dans le brouillard, il lui faudra bien cinq bonne minutes avant de pouvoir s’extirper de son lit. Un rapide coup d’œil à son téléphone lui fait comprendre qu’elle ne peut pas lambiner plus longtemps au risque d’être en retard à son repas avec le blond. Pendant son temps de préparation comprenant la douche, l’habillage et le maquillage, c’est la valse aux textos qu’elle échange avec son date d’hier lui ayant envoyé un message dès son réveil. Voyant les minutes s’écouler, elle active la cadence pour tracer le dernier trait d’eye-liner avant l’heure limite de son départ. Satisfaite du résultat, elle attrape son téléphone, ses clés et son porte-feuille, et jette le tout dans son sac à main. Elle claque la porte de son appartement qu’elle verrouille à double tour.

Le trajet jusqu’à sa voiture se fait dans la précipitation. Son sac balancé sur le fauteuil passager, elle démarre et s’engage en trombe dans la circulation fluide à ce jour. Chanceuse de ne pas être coincée dans un ralentissement, elle profite d’un feu rouge pour envoyer un texto à Lyle lui annonçant son arrivée imminente au pied de son appartement, à quelques rues de son logement. Arrivant à destination, elle récupère son ami. — Hey Lyle, allez grimpe ! Une fois le blonde attaché, elle démarre à nouveau puis remonte la rue en direction du quartier nord pour rejoindre le restaurant dans lequel elle a réservé un bon repas pour le midi. Elle se gare dans le parking du restaurant, puis coupe le moteur. Une fois dehors, elle se rapproche du blond avec un grand sourire. — Je suis contente de te voir, tu vas bien ? Comment s’est passé la semaine pour toi ? Avec quelques clients patientant qu’un serveur viennent les placer, elle profite de cette attente pour engager la conversation avec lui. 

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L'envie d'écrire lui a pris tôt, cette fois-ci. Elle ne survient pas toujours au même moment. Parfois, c'est le soir que Lyle se sent le plus à l'aise avec un crayon dans la main, la tête penchée vers ce carnet qui se noircit beaucoup trop vite. Bientôt, il faudra qu'il en rachète un, l'écrivain qui continue de gratter le papier avec une mine noire plutôt que de passer aux temps modernes avec un ordinateur. La sensation de libération n'est pas la même lorsqu'on tape sur un clavier. Les mots sortent plus facilement lorsqu'il forme les boucles lui-même, tâchant régulièrement la tranche de sa paume des tâches grisâtres de la mine ou du bleu plus soutenu de l'encre du stylo. C'est de celle-ci qu'il essaie de se débarrasser. Les mains sous l'eau de l'évier de la cuisine, Lyle jette un coup d'œil à l'horloge du four, réalise ainsi qu'il a tout intérêt à courir prendre une douche s'il ne veut pas être en retard pour son repas avec Suki. Il ne sait toujours pas comment expliquer l'entrée de la brune dans sa vie. Ils sont différents, elle et lui. Elle est volubile là où il est taciturne, elle se montre là où il tend à se faire discret. Au fond, c'est peut-être ce qui lui plaît chez elle et ce qui en fait le début d'une amie. Elle le sort de sa zone de confort, l'oblige à s'ouvrir un peu plus au monde. C'est un travail titanesque qu'elle commence à réaliser, sans même s'en rendre compte.

Lorsque la jeune femme annonce son arrivée imminente, Lyle est tout juste prêt. Il enfile ses baskets, lui qui ne fait jamais beaucoup d'efforts pour se vêtir, et quitte l'appartement, lunettes de soleil sur le nez, portefeuilles et téléphone glissés dans les poches arrières de son jean. Un coup d'oeil vers la vieille Ford qu'il conduit mais qui ne leur servira pas de moyen de locomotion aujourd'hui - ce qui est pour le mieux -, Lyle grimpe finalement dans la voiture de Suki qu'il salue. Le trajet n'étant pas si long, les deux amis attendent d'être arrivés à destination et d'être sortis de la voiture pour enfin se saluer comme il le faut.

- Je suis content de te voir aussi, répond sincèrement le peintre qui ne laisse pas si souvent d'autres gens entrer dans sa vie. Et ça va, ça va, ajoute-t-il, glissant les mains dans ses poches alors qu'ils gagnent une place dans la file des clients. J'ai bossé sur un chantier toute la semaine, je dirais pas que c'était calme mais au moins, il n'y avait personne pour scruter ce qu'on faisait.

Non pas que les clients insatisfaits soient si nombreux que ça mais Lyle est toujours plus détendu quand personne n'est là pour surveiller et commenter les faits et gestes de l'équipe.

- Et toi ? Tu as passé une bonne semaine ?, demande-t-il sans pour autant oser aller jusqu'à lui demander comment s'est déroulé son date de la veille.

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[ outfit ] Dans cette tornade inaltérable, elle vacille sans jamais pouvoir se stabiliser. Puis il y’a Lyle. Il a cette capacité de la canaliser en lui renvoyant la réflexion d’une différence indéniable. Trop calme, très silencieux, toujours discret. Parce qu’il est son exact opposé, le rejoindre pour ce déjeuner c’est comme parcourir le monde pour rejoindre son antipode. Dans ces nombreux contraires, Suki y trouve son compte. Sans trop se l’expliquer, elle apprécie grandement sa compagnie et la recherche aussi souvent que possible. Au combien même cette amitié est à son balbutiement, elle se construit favorablement pour eux, et c’est donc naturellement qu’elle entretient sa croissance. Aussi les retrouvailles semblent briller sous l’astre de la réjouissance, marquant ainsi le début d’une agréable journée.

La main se resserre machinalement autour de son sac en tissu, la brune engage la discussion pour ne pas laisser son impatience l’envahir et pouvant créer l’agitation en elle. Elle penche la tête sur le côté, prêtant une oreille attentive aux explications du peintre avant le questionner sur son travail. Même professionnellement parlant, il est loin de son domaine d’activité. — Tu étais sur quel type de chantier ? Tant mieux si tu as pu travailler sans avoir l’impression d’avoir Big Brother derrière toi. Ils avancent d’une seconde place, à deux pas d’un serveur qui s’occupe de placer un dernier groupe de clients avant eux. Elle observe l’affluence du restaurant qui semble modérément rempli, laissant penser que les fourneaux tournent à plein régime pour le service du midi. — Un peu le rush jeudi, mais globalement ça s’est également bien passé. Puis ça m’a fait du bien de sortir hier soir, j’ai été au cinéma avec Leslie, donc c’était chouette. Un grand sourire illumine son visage à l’allusion du brun, cet architecte qu’elle a soudainement abordé dans la rue pour lui donner son numéro sans trop savoir s’il la recontacterait après cette folie spontanée. Son regard dévie en direction des mirettes céruléennes du blond avant de préciser derrière un léger toussotement. — C’est son nom, le gars du date dont je t’ai parlé. C’est mieux que de continuer à le désigner de manière impersonnelle à travers la formulation "mon date".

Le serveur vient à leur rencontre, elle indique avoir réservé une table pour deux, puis il les guide jusqu’à destination en déposant la carte des menus et des boissons. Elle le remercie d’un bref signe de tête avant de s’installer face à Lyle. — Quelque chose te fait envie sur le menu ? J’espère que tu aimes manger mexicain ? Dans une volonté de changement culinaire, elle espère qu’il saura y trouver un intérêt pour un plat sur la carte.