I want you to hold out the palm of your handZeus ; dieu des dieux. Il s'impose dans le creux d'un été en prétextant son innocence et pourtant, il est aussi corrompu jusqu'à la moelle. Nuitée agitée, sanglots de l'accoutumée, choses qui meurent, choses qui naissent. Néons qui grésilleraient presque si la chambre n'était pas si bien éclairée. Minutes qui s'écoulent, douleur loin d'être arachnéenne, le petit être sort de son cocon et hurle à plein poumons. Odeur de fer, de trahison, de légataire d'une passion. Iris qui rencontrent celles de l'être interdit, de l'être à mesure abandonné qui ne sera pas égayé. Cris qui cessent, interrogation commune à la situation, rien ne vient. Rien ne sort. Un simple souffle qui prononce l'appel par lequel on l'interpellera. Hazel, idiotie d'une mère qui n'a rien voulu de tout ça. Prétend s'intéresser au gamin gigotant dans les bras du corps médical. Nettoyage forcé, on ne retrouvera jamais la maternelle qui a pris la poudre d'escampettes sans rien laisser derrière elle. Abandon, très clairement. C'est aux portes de cette maison qu'on l'installera. Pas le choix, pas la moindre informations. Et on laisse ce petit qui, si on lui avait offert l'alternative, aurait décidé de se fondre dans le néant plutôt que de venir virevolter au vent. Années qui s'imposent dans l'existence de l'enfant perdu. Se pose des questions, le pourquoi du comment. Qu'a t-il fait pour mériter ça? Fixe le décor de cette ville à laquelle il n'appartient pas tellement, s'imagine que chaque maternelle peut être la sienne. N'a pas d'idéologie, ni de passion pour une famille qui n'existe pas. Pourquoi moi? Pourquoi pas moi? Caractère qui se forge lentement, qui se laisse le temps de fleurir. Car les meilleurs sucreries sont celles qu'on attend impatiemment. Il y a déjà cette électricité. L'été annonce l'orage de sa naissance, le tonnerre gronde et l'éclair travers le miroir. Il reprendra son empire. Qu'il le veuille ou non.
Athéna ; il n'est plus le seul. Un autre est arrivé. Il n'est pas loin derrière et pourtant, il commence déjà à lui taper sur les nerfs. Puis il y en a eu une autre. Et encore un autre. Quand les géniteurs ne sont pas là, c'est à lui que revient la gérance de leur univers. Quel égoïsme. Il est prisonnier de quelque chose qu'il ne comprend pas encore. La famille est tout ce qu'on a. Quelle famille? Il sent quelque chose de plus derrière sa voix. C'est comme le squelette et il se doit d'être le cerveau. La pression tombe, il commence à ouvrir les yeux sur un royaume qui est constamment en guerre. Il regarde autour de lui, les pions sont en place et la guerre fait déjà rage. Il prend les armes. Tant de gamins qui lui ressemblent, qui détiennent la même histoire que lui. Et ce même endroit, ce même orphelinat qui n'a de cesse de le hanter. Duquel il souhaite s'enfuir, se glisser entre les sables brûlants du désert. Se fait un nom à travers ce caractère de feu et voilà que la justice prend la forme d'une folie. Parce qu'il balance d'une famille à une autre, ne trouve jamais sa place. Car celle ci n'existe peut être pas.
Aphrodite ; les soupires dans ses draps satinés, les baisers fiévreux, les tremblements. Il ne sait pas ce qu'il lui arrive. La colère et la rage sont jalouses. Il n'y a pas de place pour elles, ce soir. Depuis trop longtemps, le prince s'anime d'une autre sensation. Ses prunelles sont moins sombres et le tonnerre a cessé derrière lui. A la place, un chemin de passion s'installe derrière lui. Il a quitté le trône des yeux, discrètement. Maudit par une odeur qui l'enivre. Il s'éloigne de ce qu'on lui demande. Parce que quand il fixe ses yeux à lui, il voit plus grand. Beaucoup trop grand pour un gamin comme lui. On ne lui autorisera jamais, pas dans ce chaos constant. Alors, il garde ça secret. Il n'a pas le droit de l'afficher, il ne dit rien. C'est une douce sensation d'interdit avec laquelle il joue, à laquelle il succombe. Ses paumes sur ses hanches et ses lèvres sur sa gorge, le parfum d'une histoire à la Roméo et Juliette qui ne parviendra pas à bon terme. La tragédie est moderne à ce jour, et quand il lui promet l'éternité, la Faucheuse fait sa soudaine apparition. Mais ça, ils ne le savent pas. Parce qu'ils supposent avoir un avenir devant eux, mais que le prince est voué à un avenir des plus sombres et qu'il n'aura jamais le choix. Lui promet de l’aimer jusqu’à son dernier souffle, parce qu’il est différent. Qu’il en vaut la peine. C’est ce qu’ils disent tous, de toute manière. N’a pas idée qu’au final, il ne lui sera jamais assez bien. Écrit sur le testament, dans le livre des sorcières, tu tomberas mon enfant comme jamais tu n'es tombé.
Arès ; la colère le ravage. Elle a pris le contrôle, elle lui souffle à l'oreille qu'il peut faire mieux. Qu'il n'a pas à se sentir coupable d'aimer ça. Il n'est plus innocent, il ne l'a jamais été. Il se noie, se lave le visage du sang de ses ennemis. Il cherche à se venger d'un mal imaginaire, dont il ne connait même pas l'existence. Mais on lui a dit, on lui a inculqué. On lui a dit. La tendresse n'existe pas, ses veines brûlent, et la danse macabre continue de jouer. La mélodie est si gothique que les gargouilles tremblent en dehors. La peur se lit sur les visages, la rage est comme une de ses amantes. Elle est beaucoup moins agaçante, elle fait moins de bruit et quand elle soupire, c'est pour le faire frissonner et le convaincre de ses choix. Les lames sont affutées, soigneusement rangées mais bien vite armées. Il se doit de survivre, il en a l'ordre. Il n'est pas un soldat, il a bien grandit l'adolescent rebelle. La rébellion s'est transformée en besoin de larmes, de corps inertes et de puissance. Les premiers coups déchirent la peau, les autres brisent des côtes et les crânes s'explosent contre le sol. Le carmin tâche les murs, l'alcool vieux d'âge est renversé sur le tapis. Son souffle est rapide, son visage ressemble à une oeuvre d'art. Les félicitations sont de mises, son apprentissage est terminé. Le coup monté à son insu a été retourné contre les villageois aux fourches. Le prince n'est pas encore monté au rang de roi. Pas encore. Mais les représailles sont toujours plus amères et quand il ose pousser la porte de son monde supposé, il peut sentir les reproches, les regards effrayants. L'odeur d'alcool près de son visage et son myocarde arraché à son calme. Tombé dans une famille terrible, ce sont ses genoux qui s'écorchent à chaque coup reçu au visage. Des coups laissant des bleus ardents et un égo tuméfié. Il ne flanche pas. Même pas quand on le jette à son tour au sol. Il provoque, le prince. Qu'importe s'il doit y rester. Mais ces supposés géniteurs n'y sont pas à ce point. Non, il le laisse juste assez respirer, ramper jusqu'à sa chambre. Pour se relever et recommencer, encore et encore.
Hadès ; sa gorge se noue, son coeur explose entre sa cage thoracique. Il est silencieux, il n'ose déclarer quoi que ce soit. Il est coupable, votre honneur. Il est coupable d'avoir trop aimé. D'avoir osé regarder ailleurs, du mauvais côté. Le droit chemin ne l'intéresse pas. Il a toujours été celui qui ne suit pas les règles, qui provoque, qui utilise sa rage pour se faire entendre. Mais dans sa colère silencieuse, il a mis à terre bon nombres de leurs ennemis. Aujourd'hui, le juge est celle qu’il a aimé. Qu’il a supposé différente. Il n'y a rien qu'il peut répliquer. Il ne sait comment l'information a fuité. Quelqu'un l'a remarqué. Ses changements, sa colère, sa rage en tout genre. Et dans ce monde, on n'est pas autorisé à être heureux. Et surtout pas lui. Pourtant, il y croyait. Il croyait à cette âme soudaine, à cette promesse. Quand bien lui est plus âgé. Quand bien même lui est plus réaliste. Moins chaotique. N'est il que l'objet d'un grand projet? Donc tu t'en vas? Tu sais que je n'ai pas le choix. Tu pourrais rester ! Je ne peux pas. Donc tout était faux, entre nous? T'avais promis. T'avais promis ! Tu savais que ça arriverait. Dégage de là ! Aphrodite lui souffle de ne pas briser ça. De stopper son cinéma. Il va se perdre, encore plus. Aphrodite hurle que ce n'est qu'un amour de jeunesse, destiné à se fracasser. Qui disparaitra avec le temps. Mais Hadès est allié avec la Faucheuse. Le prince sait que quelque chose se prépare. Impassible jusqu'à ses iris, les tremblements intérieurs le déstabilisent. Il l'entend. Il le voit à quelques mètres. Je t'en prie, laisse moi une chance. Je ferais des efforts. C’est ce que tu répètes sans arrêt. Il a raison. Dans ses excès, le prince aura recommencé. Dans la confiance de l'ombre, dans la confiance du secret, il a supposé pouvoir se confier, d’une main brûlante sur tous les objets. Tout tombe. Le funambule ressent le vent et la corde finit par lâcher.
Dionysos ; le liquide ambré coule dans sa gorge. Liquide qu'il partage avec une poupée aux allures délectables. Sa main dans ses mèches blondes, elle lui sourit. Aphrodite est revenue mais pas de la meilleure des manières. La passion résonne encore en lui, certes mais pas dans le bon monde. Corrompu au sens littéral qu'au sens figuré, le prince se délecte de sa position. Il a prit la poudre d'escampettes. Majorité atteinte, le prince a tout lâché et a prit son envol. Plus rien qui le retient. Il disparait et fait de sa vie un conte de fées qui est loin d'en être un. Un qui ne sera jamais éclairé. Aucune lumière au bout du tunnel. Parce que les substances le font encore et toujours planer à bien des égards mais que cela l'arrange bien considérant la vie qu'il mène. Il a réussi d'une certaine façon, alors pourquoi ne pas répondre par l'affirmative. Il a oublié le déchu. Il oublie les émotions, les douces sensations et se livre au travail. Au perfectionniste. Au besoin d'être meilleur. Au besoin d'être celui qui gagne. Et il y est parvenu. Pourtant sa vie n'aura jamais été si vide, si perdue dans un amas de brises loin d'être délectables. S'est brisé le prince, et dans ses paumes ensanglantées résident les morceaux de miroir qui reflètent désormais en lui, ce chaos intensifié.