I want you to hold out the palm of your hand
racisme, fusillade, deuil, mort
por favor, deja de pensar que es culpa tuya. no eres responsable de los defectos de los demás, muchacho. tête dodelinante pour mieux faire passer les maux mots. ils sont acerbes, tonitruants. ce n'est qu'un murmure criant au fond des ses pupilles. seize ans. gamin estropié des deux anges de sa vie. famille heureuse, sans histoire. un pack de lait manquant. rien qu'un pack de laits. horreur du liquide ancré dans ses entrailles, le gamin est incapable d'en boire aujourd'hui encore.
ce n'était que l'épicerie du coin. ce n'était qu'à quatre cents mètres de la maison. rien que quatre cents mètres pour que toute leur vie change. l'adolescence dans les veines à peine mâtures. pince-étau entre les mains foncées, écrou à resserrer. le gamin n'a pas voulu bouger de son garage aménagé pour remplir cette toute petite tâche. acheter du lait. lucia et catalina à sa charge pendant une vingtaine de minutes. aujourd'hui ça fait quatorze ans que ça fait vingt minutes.
sirènes bleus, sirènes rouges, sirènes bruyantes. une. deux puis trois. nico a redressé son regard inquisiteur. quartier pas si calme. modeste. l'habitude d'entendre les flics se glisser ici, mais autant ? et les ambulances ? des regards échangés avec les voisins aux mêmes origines hispaniques que les siens. regroupement dans un des quartiers de la ville. lucia bougeant dans tous les sens, bataillant avec catalina la plus douce, la plus calme.
il n'a suffi que d'une seconde pour sentir la différence. pour entendre les coups de feu. pour sentir l'odeur de la poudre. myocarde en ébullition. questions révoltantes et interrogations cruelles. nico a laissé ses soeurs à la vieille voisine pour courir. courir comme s'il perdait la vie. il perdait une partie de sa vie. ses parents. polices déjà en place, éteignant la vie dans ce regard meurtrier. regard croisé, une fois. regard croisé de multiples fois dans ses cauchemars. démons de ses nuits. des corps. trop de corps. puis ses parents. un cri déchirant et le reste ? le gamin ne s'en souvient pas. plus.
il paraît que deux flics ont dû s'imposer dans sa vision pour l'arrêter, deux pour stopper le gamin déchaîné et le ramener à la raison. il n'y avait plus rien à faire.
translate: s'il te plaît, arrête de penser que c'est ta faute. tu n'es pas responsable des fautes d'autrui mon garçon.
c'est ce qu'il pensait. il y avait encore tellement à faire en réalité. deux petites têtes brunes aux yeux ébènes. deux petites têtes brunes dont il devenait responsable. nico travaillait déjà dans un garage en tant que mécanicien. des doigts d'or, une passion captivante ne rapportant pas toujours assez. pourtant, nico savait se débrouiller. courses de rue dans un bolide qui représentait toute sa vie. à défaut d'arriver à tenir aux gens, il s'est rabattu sur des morceaux de taule. des morceaux qui se remplacent sans dégât, sans attache. sa abuela s'est investie dans la tâche. garde entre ses doigts fripés, fratrie qu'il ne fallait pas séparer. nico est devenu responsable, optimiste aussi. capable de faire naître n'importe quel sourire sur les lippes de ses soeurs peu importe les circonstances. elles devenaient sa raison de vivre, sa raison de poursuivre. c'est ce qu'aurai voulu ses parents.
en vrac
gamin des rues, ayant grandi avec des vêtements troués mais un sourire toujours collé aux lèvres. -- un foyer toujours animé, gorgé d'amour et de musique. sa mère était une danseuse de cumbia. le gamin pouvait passer des heures à la regarder virevolter. -- passion des bolides ancrée dans sa peau, une voiture reçue de son grand père quand il est décédé. bolide entre ses doigts qu'il a retapé de fond en comble. bolide dont il se sert encore aujourd'hui, seulement pour la sortir prendre l'air -- nico possède également une nissan skyline argentée qu'il surnomme souvent ma chérie, surnom moqué par ses petites soeurs. -- à part des entorses au code de la route, nico n'a jamais été impliqué dans des délits quelconques. il n'a pas de casier judiciaire emprunt à s'enfuir avant que ça ne dérape. -- c'est un drogué de vitesse qui se soigne pour cesser de concourir dans la rue quand la nuit tombe en même temps que les sms indiquant les lieux de rassemblement. -- son boulot lui plaît vraiment. -- il n'a jamais été doué à l'école, incapable de rester en place derrière un bureau. -- nico ne touche pas aux drogues, aucune drogues dures en tout cas. il se laisse parfois à fumer pour souffler. -- il a horreur des armes à feu, évidemment. -- il essaie d'aller au cimetière le plus souvent possible, tout en y trainant ses soeurs pour rendre visite à leurs parents. -- la racisme est la cause principale de la mort de ses parents et de toutes ces personnes à l'épicerie du coin, racisme qu'il essaie encore de combattre. -- quand son esprit s'agite, ses racines ancestrales prennent le dessus et sa langue migre vers des consonances hispaniques. il parlait espagnol avec ses parents, toujours avec sa abuela. -- sa grand-mère est encore vivante mais de plus en plus malade, nico craint le jour où elle s'éteindra à son tour, cette brillante étoile. -- il s'en veut toujours de ne pas avoir lâché ses outils pour récupérer le pack de lait à la place de ses parents, ainsi il a tout donné à l'éducation de ses soeurs. -- ils ont déménagé quand sa grand-mère a repris la garde des filles, quelques maisons plus loin de cette épicerie maintenant à huit cents mètres. -- nico ne fait pas beaucoup de sport, se dépensant à l'ouvrage principalement. -- oreilles percées, il change quelque fois de bijoux. -- tignasse volage, il lui arrive de tout couper pour laisser pousser de nouveau. -- il a une collection indénombrable de t-shirt sans manche dans son placard. -- les femmes sont son pêché même si au fond de ses entrailles il rêve d'une famille, comme celle qu'il avait avant que tout ne dérape. -- aujourd'hui en couple, il se complet dans sa relation presque secrète. ses soeurs se demandent qui c'est, pourquoi il n'en parle pas. sa grand mère aussi mais... lui et arisia ? ils ne sont pas comme ça, pas comme tous ces couples. à l'opposé de ses désirs, de ses rêves de gamin... nico se complet dans les difficultés qu'elle représente. poupée aux airs froides se dévoilant quelques secondes, précieuses secondes qu'il grave toujours dans sa mémoire.