I want you to hold out the palm of your hand
(.s.o.l.a.k.) tw : maladie et mort infantiles. Ta main qui se pose sur la vitre, endroit que tu détestes déjà. Tu n’aimes pas venir ici, du haut de tes huit ans, tu comprends qu’ici ce n’est pas forcément un lieu cool. Tu le trouves dépriment, froid, tu changeras d’avis plus tard et encore… ton regard qui se pose sur cette chambre, ce lit. Ce petit garçon. Ton frère. Ton grand frère, Ramiz. Tu vois le regard de tes parents, tu n’entends pas tout, mais tu vois qu’ils sont tristes. Tu n’aimes pas ça. Grimace qui apparaît sur ton visage et tu reviens à ta place, prenant la délicate main de ta sœur dans la tienne. Regard qui lui dit que tu es là, envers et contre tout. (…) « l’est où Ramiz, » que tu demandes à ta mère. Tu ne vois pas qu’elle prend sur elle. Visage qui se raidit, elle s’abaisse et t’explique à nouveau. Ce n’est pas la première fois que ces mots franchissent le seuil de ta bouche. Sauf que tu n’acceptes pas. Ton cerveau il refuse de croire à cette nouvelle réalité, celle où ton frère n’est plus là. Le psychologue dit que tu es dans une phase de déni, tu ne sais pas ce que veut dire ce mot. Toi, tu sais juste que ton frère n’est plus là, son lit est vide. Tes parents songent même à changer votre chambre. Parce que oui, c’est la votre, en attendant tu la partages avec Yeliz. Toi ? Tu ne comprends pas. Tu le cherches, tu l’attends. Tu refuses de croire ce que ta mère dit. Une fois de plus, tu pars, lui tournant le dos, ne voyant pas le chagrin sur son visage.
Ton corps qui se relève d’un coup, bond que tu viens de faire. Palpitant au taquet. Frisson sur ton épiderme. Sueur sur ton front. Tu n’es pas bien. Ce même cauchemar qui te hante encore et encore. Cette chambre. Ton frère. Les années se sont écoulées, les plaies se sont refermées, pourtant le manque est toujours là. Tu regardes l’heure, attrapant ton téléphone. Tu lui envoies un sms, un simple texte. « vers l’infini et l’au delà. » elle comprendra. Elle sait. Parce qu’il ne reste plus que vous deux.
(.y.e.l.i.z.) « J’vais dire un truc qui va te surprendre, parce que crois-moi ça me surprend moi-même, mais Ozan a raison ! Tu mérites mieux qu’elle et je crois pas que ce mariage soit une bonne idée, mais je te soutiendrais toujours. » ta sœur qui se rapproche de toi, observant ton reflet dans ce miroir. Tes lèvres qui se sont étirées à ses paroles. Elle lui donne raison, parce qu’Ozan aussi il pense que tu ne devrais pas te marier. Lui aussi trouve que tu mérites mieux qu’Ariel. Pourtant tu sens au fond de toi, que c’est ce que tu dois faire, que tu l’aimes. Yeliz te connaît mieux que personne, Ozan compris et si les deux avaient raison ? Et si tu faisais une connerie. Tu grimaces en y songeant, pourtant tu sens qu’au fond de toi, c’est la bonne.
Bâton en main, tu souffles. « tu joues avec moi ? » tournant ta tête vers ta sœur, qui vient de s’asseoir à côté de toi dans les marches. « pas à la poupée. » que tu lui rétorques aussitôt. Elle rigole et lève les yeux au ciel. Vous n’êtes plus des enfants à présent, pas totalement des adultes, mais elle a compris. C’est votre truc. « pourquoi t’es pas avec Ozan ? » c’est une bonne question. Tu hausses les épaules et contemples ton bâton. Ce n’est pas ton genre de rester dans l’escalier à attendre l’idée absolue. Sauf que tu t’ennuies « il est pas dispo. » sûrement un rencard ou un truc du genre. Tu n’as pas demandé, bien que vous soyez inséparables, il n’a pas de compte à te rendre. « Allez viens, j’connais un bon remontant, » ta sœur te donne un coup de coude. Tu rigoles, « je choisis le film, » que tu rétorques. Tu sais qu’elle va s’occuper de la nourriture, mais tu appréhendes son choix cinématographique. Note à toi-même : refaire la culture ciné de ta frangine.
(.o.z.a.n.) Avachi dans ton canapé. Tu sais que tu devrais te reprendre, ce n’est pas ton genre d’être comme ça. D’être déprimé, de voir la vie de ce genre de côté. Non, ce n’est pas toi, mais tu n’arrives pas à rebondir. Tu aurais dû les écouter. Ils avaient raison. Elle est partie, emportant tout ce que tu avais, ton argent, l’appart et le peu de confiance que tu avais en l’être humain. N’oublions pas ton cœur au passage. « tu penses encore à elle ? » voix bien trop familière qui vient se poser à tes côtés, sur ce canapé, vestige de ton mariage. « faut jamais faire confiance aux sirènes. » tu tournes la tête vers lui et son sourire idiot. Tu sais qu’il dit ça pour te remonter le moral, qu’il veut te sortir de ta déprime. « on va pouvoir draguer en binôme à présent ! J’te fais pas le couplet d’une de perdue, dix de retrouver, » tu souris presque et tu sens qu’il est heureux. Tu le connais, il te connaît. Ozan, c’est le second frère que la vie t’a offert. C’est ton partenaire de connerie depuis des années, celui que tu n’échangerais pour rien au monde. Celui qui te comprend. Celui qui est là. Tu regardes ta bière, grimaçant, « un club ! » que tu dis, voyant qu’il est heureux comme un lapin. Après tout, ça ne peut pas te faire de mal.
« Qu’est-ce que tu ferais pas pour vivre avec moi. » tu regardes ton ami, il grimace. Tu sais qu’il déteste sa situation, être dans ce fauteuil. Être dépendant des autres, surtout là, vivre ailleurs que chez lui. Ce qu’il ne sait pas, c’est que tu as trouvé la solution à ses maux de tête. Est-ce la meilleure des solutions ? À tes yeux, oui. Est-ce qu’ils vont apprécier ? Non. Tu les connais les deux zigotos. Elle, lui en veut toujours, sûrement dû à cette histoire d’adolescence. Toi, tu la connais la vérité. Tu sais qu’il n’y est pour rien Ozan dans ce vol, tu as voulu dire la vérité, mais tu as gardé son secret. Tout comme tu l’as gardé à tes côtés, malgré les remarques de ton entourage. Parce qu’Ozan est un frère à tes yeux. « Mon petit éclopé j’ai la solution parfaite, alors non tu ne vivras pas avec moi une colocation d’amour, mais ... » tu laisses les mots en suspend. Tu vois qu’il a horreur de ça. « je te propose une autre solak. » grand sourire sur ton visage, à l’inverse du sien. Toi t’es heureux. Heureux de cette future colocation, qui s’annonce idyllique. Note à toi-même : acheter du pop-corn, un stock.
(.l.o.v.e.) « un jour, toi et moi on ira à Harvard ensemble et on vivra heureux pour toujours. » juste une promesse entre deux gamins. Elle était belle avec son sourire et ses jolies tresses. Prénom qui s’est effacé de ta mémoire, à l’inverse de cette promesse. Tu n’as jamais été heureux en amour, récent divorcé, un statut que tu ne pensais pas avoir. Mariage qui a été célébré en simplicité, entre vos proches, mariage d’amour. C’est ce que tu croyais, mais elle visait autre chose. Tu ne sais pas, plus. Tu ne veux plus y songer. Ariel et toi, c’était une belle relation, un amour de jeunesse qui s’est transformé en vie commune compliqué. Elle voulait des choses différentes, aspirait à une vie meilleure, ne supportait plus tes blagues. Un détail qui faisait soi-disant ton charme à vos débuts, te reprochant de ne pas vouloir plus. Pourtant ton métier te passionne, tu as tenté de faire des études, médecine, pour sauver des vies. Sauver des enfants, mais tu n’es pas voué à faire de longues études. Tu t’es vite ennuyé, rêvant de simplicité. C’est là que tu as réalisé que tu ne tiendrais pas cette promesse. Celle que tu avais fait à cette petite fille. Ton premier amour. Celle qui vivait en face de chez vous, sa famille a déménagé peut de temps après cette promesse. Est-ce que tu l’as revu depuis ? Tu ne crois pas, peut-être as-tu croisé son visage et tu n’as pas capté. Peut-être. « Houhou, la terre à la lune. » une voix te fait revenir à la réalité. Toi qui songeais à ce souvenir. « tu bouges ? » ta voisine. Tu lèves les yeux au ciel, elle attend, tapant du pied. « relax, t’es pressée ou quoi ? » tu adores attiser la flamme. Elle vient d’emménager en face de chez toi et on ne peut pas dire qu’entre vous c’est l’amour fou. Pourquoi ? Soit disant tu es bruyant, tu prends de la place, tu finis d’ailleurs par te décaler. Elle passe devant toi en grognant, ses sacs en main « un coup de main ?» tu sais qu’elle va te dire non. « sans façon. » tu souris, parce que même si ça ne passe pas, ça t’amuse. Puis bon soyons honnête, tu n’es pas le genre de gars qui se prend la tête pour si peu..