With a little help from a friend (ft Sully)

tw: mention d'alcoolisme, d'attouchements

Des jours qu’il y pense, que cette soirée tourne en boucle dans sa tête. Il a l’impression d’avoir encore échoué, de n’avoir encore pas su la protéger, lui qui s’était pourtant promis de le faire, lui qui avait décrété haut et fort que plus rien ne lui arriverait, il s’est retrouvé face à une réalité qu’il n’a jamais envisagée. Il s’est méfié, pourtant, au début, mais toute sa méfiance était dirigée vers Sully, pas une seule seconde il n’a réellement pensé que la menace viendrait de son manager. L’envie de vomir lui vient lorsqu’il repense au fait qu’il ait pu lui serrer la main et lui sourire à de nombreuses reprises sans savoir. Une rage qu’il n’avait encore jamais ressentie pour quiconque, alors qu’il a finalement découvert ce que c’était que la haine, et cette envie irrépressible de le savoir au fond du trou, plus bas que Terre, quitte à l’enterrer lui-même si nécessaire. Il l’a pourtant laissé filer et s’en veut depuis, tâchant de rester confiant quant au fait qu’entre lui, Louise, Nash, et Sully, ils sauront trouver une solution pour le détruire, mais la crainte reste encore, persistante et vicieuse, à l’idée de laisser Louise seule face à tout ça. Ses pensées presque intégralement dirigées vers cette crainte, son esprit a fini par faire le travail, cherchant désespérément un moyen efficace de lui venir en aide, de la protéger, et si l’idée lui paraît encore un peu folle, elle lui apparaît cependant comme une évidence à laquelle il regrette de ne pas avoir pensée plus tôt.

Il ne lui en a pas encore parlé, se contentant de tâter le terrain avec quelques questions floues, mais dirigées, avec l’appréhension qu’elle se dise qu’il cherche à la fliquer, mais si elle savait à quel point son incapacité à la préserver l’empêche de dormir… Alors, pour être certain de ne pas faire de bêtise, de ne pas se lancer dans quelque chose d’impossible, ou d’un peu trop fou, il a décidé de demander conseil à Sully, bien plus à même de savoir si, oui ou non, son projet est viable. Il est encore un peu méfiant, toujours un peu sur la défensive en sachant ce que son manager a fait subir à Louise, mais elle lui a assuré qu’il n’était au courant de rien, qu’il n’a jamais joué le même jeu que lui, et à voir sa réaction, il fait de son mieux pour y croire.

Il lui a donné rendez-vous au Maxdon’s, idée un peu farfelue, surtout venant de sa part, mais ce lieu le rassure toujours un peu, malgré tout. Il s’est promis de ne pas faire de bêtise, maintenant fermement dans sa main le dernier jeton reçu en récompense de son sérieux, objet qui paraît tellement anodin alors qu’il s’agit pourtant d’une relique, une représentation physique de ce qu’il a pu se promettre, à lui comme à tous ses proches. Il appréhende, mine de rien, de rentrer à nouveau dans son propre bar. Qui, d’ailleurs, ne sera plus le sien pour encore très longtemps. Il déglutit, attendant le chanteur devant l’établissement pour le mener directement au studio qu’ils ont aménagé au-dessus de la salle, sans passer par la case comptoir. Sully n’arrive que très peu de temps après lui, et un sourire se dresse malgré tout sur son visage, bien qu’un peu timide, teinté d’une anxiété à peine dissimulée. Il lui serre la main pour le saluer, tapant légèrement sur son bras de son autre paume. « Merci d’être venu ! Comment ça va ? » demande-t-il, malgré la situation assez tendue qui les rapproche aujourd’hui. « Ça te va si on monte directement ? » Il ne lui laisse honnêtement pas spécialement le choix, se tournant déjà vers la petite porte qui mène à l’étage, le guidant jusqu’au petit studio, modeste mais qui est devenu un petit repère au fil du temps. Encore une chose qu’il regrettera lorsque son titre de propriété lui sera arraché. Il guide son invité d’un geste de la main jusqu’à la petite table en bois posée dans un coin de la pièce, deux chaises de chaque côté. « Installe-toi, fais comme chez toi. Je te sers quelque chose ? On s’en tient au soft, d’accord ? » Là encore, s’il aurait largement proposé autre chose il y a quelques mois encore, aujourd’hui, il ne laisse pas forcément de choix, de peur de se laisser tenter si le chanteur craque pour une bière. Ils n’ont encore jamais parlé de sa sobriété, jamais vraiment parlé d’eux, à vrai dire, et s’il tient encore fermement son jeton dans la main, il n’a pas spécialement envie de parler de cette période plus en détail. Ils ne sont, de toute façon, clairement pas là pour ça, aujourd’hui. Aujourd’hui, il a un projet. Il s’est renseigné, a même préparé tout un plan, prêt à combler ses lacunes en droits pour s’assurer que Louise puisse réaliser ses rêves et poursuivre sa carrière sans avoir à craindre quoi que ce soit, dans un monde qui, à vrai dire, lui manque beaucoup, à lui aussi.