i'm just a kid. (minjae)

tw: trespassing

- Ok donc tu as bien compris que c’est … ?
- C’est interdit.
- Eeeet ?
- Que je dois pas refaire ça.
- Eeeet ?
- Que je dois rien dire à papy et mamie.

Y’avait franchement de quoi être fière. Elle acquiesce, Tab, alors qu’ils arrivent devant le bâtiment convoité. Paraître innocent, faire comme si on appartenait aux lieux. Comme s’ils avaient tous les droits de se trouver là. Avant d’y emmener Ashton, Tabitha s’était un minimum renseignée sur les horaires des différentes activités de la salle. Normalement, ils avaient un créneau de quelques heures où la salle était libre … restait plus qu’à espérer que celle-ci reste ouverte entre les cours. C’était le cas, à l’époque, les autres salles plus ou moins utilisées restaient en général ouvertes. Aussi, à part une silhouette qui s’éloignait dans le couloir, personne ne les remarqua.
La porte s’ouvrit, comme autrefois, sans aucune difficulté. Faut dire qu’il n’y avait littéralement rien à voler, dans cette salle. Le matériel était stocké ailleurs. Les miroirs étaient collés au mur. La voie libre, elle pousse gentiment Ashton à l’intérieur, avant de refermer la porte derrière eux. Tab laisse la lumière artificielle réveiller la pièce, et son fils la découvrir.
- C’est fou, y’a vraiment rien qui a changé ici … La poussière qui a sans doute changé de place. - Et ça te fait quoi alors, de venir ici ? Voir où je m’entrainais, à l’époque ? L’gamin hausse les épaules. Mais, c’est lui qui lui avait demandé de venir voir. De venir danser ici, au moins une fois.
- C’est bizarre, mais j’aime bien les miroirs. A elle aussi, la salle lui paraissait bizarre. Si étrange, d’y revenir, sans aucun de ses amis de l’époque. - Tu veux toujours danser ? Il acquiesce, un grand signe de tête, et Tabitha examine le parquet du sol.

Si rien n’avait changé … D’instinct, elle s’avança, deux pas ici, trois pas par là, elle fit face à sa réflexion, avant de poser son regard au sol. Ah ! Son nom, en petites majuscules, le long de la latte de plancher. Les années étaient passées, le sol avait sans doute été verni de nouveau depuis … mais les inscriptions étaient restées. Témoignaient de leurs aventures. - T’as pris ta marque ?
Grand sourire alors qu’il lui répond à l’affirmative. Tab se pointe devant lui, regarde le bout de ses pieds et attend qu’il l’imite. - Okay, tu t’appelles Maggie, toi ? Et,
y’a rien de plus pur que le son de son rire. De sa surprise, de son rejet du prénom, et de la réalisation alors qu’il part enfin vers la place qu’elle occupait quelques secondes plus tôt. Là où il peut lire son prénom à elle. - Haaa ! qu’il souffle-pouffe, sans doute à deux doigts de lui demander s’il devait pas noter son nom quelque part au sol lui non plus. Mais la gravure n’était pas dans ses intentions.
Tabitha reprend sa position. - Normalement, tu peux prendre une marque. Un pas en arrière, deux sur la droite. A quelques centimètres près, elle y était. La place de DeMarco. Son fils la suit, s’amuse du prénom au sol - lui a-t-elle jamais parlé de DeMarco ? - et en se penchant un peu plus, c’est peut-être là qu’elle s’en rend enfin compte. Qu’il y a … beaucoup plus de prénoms qu’à son époque.
- Hmm … y’en a qui se sont rajoutés … peut-être qu’on va trouver un Ash. Le long des lignes du parquet, des prénoms qui s’alignent, gravés dans le bois. Elle ne sait pas si ce sont d’autres jeunes, qui se sont rajoutés à leur groupe de danseurs improvisés, qui ont voulu laisser leur trace également. Ou, plus probablement, des jeunes qui suivaient les cours officiels, qui les ont remarqués, et ont voulu les imiter. Sans en connaître l’origine, ni la signification. Mais ça lui plaisait, à Tabitha, de savoir que leurs dégradations devenaient des repères pour d’autres.
Mais ils n’étaient pas venus pour ça, à la base, alors Tab lance une playlist qui bouge, replace son fils devant DeMarco - c’était plus simple, elle savait exactement où il se trouvait dans l’espace - et reprend la sienne. Commence l’échauffement.

Ensuite, elle devait apprendre à son fils à tomber.
Quoi que le mouvement était plutôt naturel pour lui - elle doutait que de tels entraînements plaisent à ses voisins.
Quant à lui apprendre à se relever - et bien, c'est ce qu'elle lui apprenait depuis qu'il était né.

Aussi, dans leurs enchaînements au sol, Tab ne voit pas la paire d'yeux qui est posée sur eux. Ne décèle pas l'attention portée, trop habituée à la scène.

tw: mention de violences parentale.

Comme chaque jour après les cours, je me rendais au centre, soit pour donner les cours de danse aux enfants, soit pour m’entraîner moi, parce que ça me détendait de danser, j’oubliais tout, parce que malgré mes études et le métier que j’aurais au final, cette passion était bien là, du coup, je m’entraînais, je dansais, je me défoulais et je restais allonger sur le parquet pour réfléchir à toute ma vie en générale, notamment à ce que je vivais depuis que j’étais enfant. Les violences que me faisait subir mon père avait laisser des cicatrices sur mon corps, mais aussi à mon âme. Danser me faisait oublier à quel point, ma vie était merdique et à quel point, parfois j’avais envie d’en finir. Mais je n’en faisais rien, je restais là et je continuais de subir tout ça. Heureusement que la danse et que mon job bénévole avec les enfants me faisait oublier tout ça pendant un temps. Aujourd’hui, j’avais un cours en fin d’après-midi, mais j’étais venu plus tôt pour m’échauffer et pour danser un peu. En arrivant sur place, j’allais poser mes affaires à mon casier et je me changeais en attrapant ma bouteille d’eau. Je marchais jusqu’à la salle alors que j’entendais de la musique. Je m’avance pour voir une jeune femme sûrement avec son fils entrain de danser, cette vision me faisait automatiquement sourire, c’était tellement adorable à voir. Je restais là, les bras croisés à les regarder s’échauffer et danser, ils étaient doués. Je n’avais pas envie de les interrompre puisqu’ils avaient l’air de prendre vraiment du plaisir à danser, alors pourquoi ne pas les laisser kiffer jusqu’au bout. Le petit avait l’air de vraiment s’amuser en plus, alors pourquoi les interrompre ? Non, je reste là, observant ce moment entre mère et fils.

Lorsque la musique arrive à sa fin, je ne peux pas m’empêcher d’applaudir, ce qui les fait sursauter tous les deux. « Pardon, je n’avais pas envie de vous faire peur, j’ai trouvé ça vraiment super. » Je m’avance doucement vers eux et je tends ma main. « Minjae enchanté, je suis bénévole ici, je donne des cours aux enfants. » Je ne les avais jamais vu avant, peut-être que le petit, il voulait s’inscrire et ça me ferait plaisir de lui donner des cours. « Vous êtes là pour le cours ? Je serais ravi de donner des cours à votre fils. Il est vraiment doué. » Parce qu’il était doué, que j’adorais les enfants, sinon, je ne serais pas bénévole ici et que j’adorais enseigner ma passion en créant des chorégraphies pour eux, surtout que nous donnions des spectacles pour les fêtes et pour la fin de l’année aussi, avant les vacances d’été. Du coup, être bénévole était un véritable plaisir pour moi, surtout lorsque je voyais tous ces enfants heureux de danser pour leurs familles. La plupart du temps, je finissais souvent en larmes en coulisses lorsque je voyais les fils avec leurs pères qui étaient fier d’eux. Mais je prétendais que c’était l’émotion de la fin de l’année tout ça, ce qui marcher à chaque fois, fort heureusement d’ailleurs. Mais voilà, être bénévole dans ce centre était la meilleure décision que j’avais prises puisque j’y passais pratiquement tout mon temps libre, c’était comme ma deuxième maison à ce stade.

tw: trespassing

C’est la musique qui les entraîne. Qui les accompagne pour l’échauffement, que Tabitha ne néglige pas de peur de se faire plus mal - sa cheville allait mieux, néanmoins, elle ne voulait pas tenter le diable, depuis sa chute. Son attention est pourtant principalement tournée vers son fils, qu’elle observe grâce au miroir face à eux. Il l’imite, sans broncher, geste après geste - et une part d’elle ne peut s’empêcher de se demander, pour combien de temps encore. Combien de temps avait-elle devant elle, pour partager ce genre de moments précieux ? Avant qu’il ne se lasse de sa compagnie, avant qu’il ne rejette ses suggestions, avant qu’il ne prenne ses propres décisions et se lance, s’élance, sur le chemin de la vie, tout seul ?

En attendant, elle pouvait encore rire à ses côtés, apprendre de ses découvertes, progresser - ensemble. Par-dessus la musique, elle l’invite, - Tu suis mes mouvements, ok ? et à ses côtés, elle compte, de la seule manière que connaissent les danseurs : dans le désordre, et sans les chiffres. Mélodie en huit aux allures d’infini, des 7, 8, boom, sliiiide, and, 4.
Mmh. Peut-être que ses difficultés en mathématiques venaient de là … au moins savait-il déjà qu’un nombre peut être représenté autrement que par des chiffres. -Et, maintenant, tomber ? Tu sais faire la vague, au sol ? Comment tomber, se relever, ne pas se faire mal. Repousser ses propres limites, et celles de la gravité. L’art de pousser sur ses bras, de s’élever sans élan.
Ashton ne réussit pas forcément du premier coup, mais sa mère est là pour l’aider à se replacer, pour l’encourager, pour lui montrer.

Avant d’être interrompus par des applaudissements. Tabitha qui se fige, se retourne rapidement vers l’origine du bruit, le danger, avant de découvrir un jeune homme. Pas forcément très effrayant, ni effrayé - s’excuse même de les avoir dérangés. Tab se relève à son approche, mère féroce qui s’interpose entre l’inconnu et son fils - danger minuscule, le type la dépassait aisément d’une tête. Sa politesse tient ses crocs à l’écart.
Tabitha le jauge un instant, penche la tête et ne se cache même pas de le détailler. Un bénévole qui donnait des cours ici … oops, elle avait sans doute empiété sur le créneau qui arrivait. Elle devrait trouver une pirouette pour s’en sortir, et ne pas alerter les personnes qui dirigent l’établissement. Finit par accepter la main tendue. - Tabitha. J’espère que mon fils et moi ne … dérangeons pas ? Le rôle de l’ingénue ne lui seyait guère, mais un sourire pouvait toujours attiser la sympathie.

Il s’inquiète plutôt de savoir s’ils étaient là pour le cours. La voilà, sa porte de sortie. Aussi se tourne-t-elle vers Ashton, pour lui faire les grands yeux, lui faire comprendre qu’il fallait qu’il joue le jeu. - C’est … très gentil à vous de dire ça. Vous pouvez nous en dire plus, sur ce que vous enseignez exactement ?
Un peu de miel, et ils seraient sortis d’ici dans peu de temps. Et leur intrusion ne serait jamais signalée. Ce n’était pas la première fois que Tabitha devait s’extirper d’une situation délicate, mais en présence de son fils, les cartes semblaient soudain redistribuées. Les enjeux n’étaient plus les mêmes. Au fond, ses questions n’étaient pas dénuées d’intérêt - elle n’avait pas vraiment pris le temps d’étudier ce qu’ils faisaient ici, et ce Minjae pourrait l’éclairer. - Tu voulais pas faire de danse classique, c’est ça ? demande-t-elle à l’adresse de son fils, qui, après avoir regardé le jeune prof, puis sa mère, décide de faire la moue, et “non” de la tête.
Peut-être plus tard. Tabitha ne le pousserait ni à faire de la danse, ni à ne pas en faire, persuadé qu’il était plus que capable de prendre ses propres décisions. Alors, non, ils n’étaient pas venus pour une potentielle inscription. Mais Tab attendait de voir si son fils serait intéressé par cette perspective.

tw: mention de violences parentale.

En venant au centre de danse où j’allais donner mon cours aux enfants bénévolement, j’étais venu à l’avance, aimant mettre de la musique et danser. C’est ce que je faisais depuis que j’étais gosse, danser seul face au miroir, me perfectionnant, car c’était ma passion après tout. Si mon père avait refusé que je prenne des cours enfant et je l’exerce à l’université, voulant en faire mon métier, je m’entraînais tout seul et j’étais meilleur maintenant. J’avais un niveau assez élevé pour quelqu’un qui n'avait jamais pris de cours avec des pro, au point de pouvoir donner des cours à des enfants bénévolement. Faire ça me rendait heureux et surtout, me permettait de danser, ça n’avait pas de prix. Alors en m’avançant vers la salle, je pouvais voir que quelqu’un était là. Une femme avec son fils je suppose qui dansaient tous les deux. Je croisais les bras, regardant la scène avec le sourire, trouvant ça trop émouvant, me rappelant que j’aurais adoré partager ça moi aussi. M’enfin bref, la musique se termine, ils arrêtent de danser et je ne peux pas m’empêcher d’applaudir, ce qui les fait sursauter et me fait grimacer, oups. Je m’approche donc doucement vers eux, en écoutant la jeune femme qui confirme que c’est son fils. « Pas du tout, cet endroit est fait pour ça et puis mon cours commence dans quelques heures, alors il n’y a pas de soucis. » C’était toujours plaisant pour moi de voir des passionnés de danse comme je pouvais l’être pénétré dans cette salle de danse et se lâcher au rythme de la musique comme je pouvais le faire quand j’étais seul face au miroir et donc à moi-même. Je pourrais danser pendant des heures, je le faisais d’ailleurs et donc, je comprenais que cette maman ait voulu le faire avec son fils. Je me racle la gorge à sa question, espérant la convaincre de le laisser prendre des cours, car il est vraiment super. « Alors moi, je donne des cours de hip pop, mais il y a tout types de danse ici comme modern jazz, salsa, classique, samba, tango et j’en passe. Il y a des profs pour chaque danse et donc assez pour satisfaire tout le monde. Et vous pouvez me tutoyer, j’ai que 22 ans donc… » Un sourire se dessine sur mes lèvres à sa moue par rapport à la danse classique. Il était adorable clairement, j’ai toujours aimé les enfants pour ma part, pour ça que je donne les cours d’ailleurs, du coup je suis toujours émerveillé quand j’en vois un. « Hum… je ne vais vous dérangez plus longtemps, vous pouvez continuer à danser. Promis, vous n’aurez aucuns problèmes. Moi je serais juste à côté si jamais, vous avez besoin de quoi que ce soit. » J’avais des révisions à faire de toute manière, alors c’est ce que j’allais faire en attendant mon cours de tout à l’heure et que la salle soit libre. Je n’allais pas les jeter dehors, car j’avais envie de danser, c’était loin d’être mon genre ça.

tw: //

Pour sûr, Tabitha n’avait pas prévu de se faire surprendre ici, en territoire connu et incongru. Sinon, elle n’aurait jamais traîné son fils avec elle, dans cette drôle d’aventure qu’il devait promettre de tenir pour lui.
Alors elle feint l’assurance, quand un frisson dérangeait son échine. Il le fallait ; au moins pour Ashton. Accepte la main tendue, se présente, s’excuserait presque d’être là. Pourtant, la mère sait exactement ce qu’elle fait. Pour le moment, son manège fonctionne, et la pression sur ses épaules se relâche un peu.

Et tant qu’à faire d’être en compagnie d’un professeur … Tabitha se saisit de l’occasion et demande des informations, feint l’intérêt … pour se rendre compte qu’elle pourrait réellement se trouver intéressée. Restait à savoir si son fils l’était tout autant.
Si Ashton n’était pas intéressée par la danse classique ; le prof leur annonce en revanche proposer de la danse hip hop ; et que la plupart des autres styles, classiques ou de salon, étaient également enseignés. Hip hop, c’était sans doute le plus pertinent ; Ashton n’étant que le prolongement de sa mère. Par habitude, elle note aussi son âge - information qu’elle n’avait pas demandé, mais qu’elle retiendra quand même.
- Ok, je vois, c’est intéressant à savoir … Tab interroge son fils d’un regard, se demande si elle peut pousser le vice … après tout, ils étaient venus ici pour danser … Lui se dandine, impatient de recommencer à bouger ou à partir.
Pourtant, quand c’est le prof qui envisage de partir, et de leur laisser la salle ; c’est Tab qui le retient. - Non, attendez … Trame qui se dessine devant ses yeux, sous les prunelles orages de son rejeton. Il sait déjà ce qu’elle va dire. Attends, qu’elle se reprend, en réaction à sa requête précédente. Montre-nous. Apprends-nous. Qu’on puisse se faire une idée des cours, et du niveau que tu proposes. Elle lâcherait pas son gamin au premier venu, encore moins si le niveau était … un peu trop faible. Impossible pour elle d’entendre Ashton se plaindre d’un truc - et il en serait capable.
Elle tourne dans la salle, le regard désormais rivé au sol. A la recherche de son nom, gravé dans le bois du parquet. Gage d’ancienneté, de larmes, de sueur, de sang. Gage de qualité, peut-être. Transmission discrète, de danseur à danseur. S’il était chorégraphe, ou du moins professeur, alors son nom était certainement en première ligne - face au miroir. Tab sait que le nom de Wolf, par exemple, y est. Au milieu - évidemment.
- Minjae … on a remarqué qu’il y avait des prénoms au sol, est-ce que le tien s’y trouve ? De dos à lui, la mère décoche un clin d'œil à son fils. Ils étaient sans doute tirés d'affaire. Et avec son audace, ils se retrouveraient sans doute bientôt au beau milieu d’un cours privé, et gratuit.

tw: mention de violences parentale.

La danse que j’enseignais aux plus jeunes me permettait de me changer les idées et d’oublier la vie merdique que j’avais. On ne pouvait pas dire que j’étais le plus heureux du monde avec des études que je n’appréciais pas, une famille qui ne me soutenait pas et un père qui me battait et me rabaisser à la place des câlins et des encouragements. Ces cours de danse me permettaient pendant la durée du cours d’oublier tout simplement et de prendre du plaisir à danser avec les enfants. Je n’avais pas non plus un niveau de professionnel, m’ayant toujours entraîné seul devant ma télévision ou mon ordinateur en reproduisant de pas. J’étais conscient qu’il y avait meilleur que moi, c’était même sûr à cent pour cent ça, mais au centre, ils ne disaient rien puisque je travaillais bénévolement et que c’était pour le plaisir. Du coup, après avoir échanger quelques mots avec la mère et le fils, je me prépare à quitter la salle pour les laisser s’entraîner et en profiter avant que mon cours commence. De plus, j’avais des révisions à faire pour le lendemain, donc je saurais m’occuper sans problème en attendant que mon cours commence, mais la voix de la jeune femme m’arrête et je me retourne vers elle. Je la regarde avec interrogation, attendant de savoir ce qu’elle veut et je hoche la tête positivement à sa requête. « D’accord, je vais vous montrez ça, mais soyez indulgents, je ne suis pas non plus un professionnel. » J’ai toujours eu le culot de me rabaisser et de dire à tout le monde que ce que je faisais n’était pas assez bien puisque j’avais entendu ça tout au long de ma vie, donc j’avais fini par le croire moi-même malheureusement. « Ce que je vais montrer, c’est ce que j’apprends aux enfants de l’âge de votre fils en ce moment. » J’allume la musique, je me mets en place et là, je commence à danser en faisant la chorégraphie au complet en espérant ne pas me trompé ou quoi, car j’avais encore mal dans les côtes, mais j’y faisais abstraction pour tout donner et parce que, j’aimais plus que tout au monde danser. À la fin de la chorégraphie, j’éteins la musique et je reprends mon souffle. « Voilà en gros, je sais que ce n’est pas parfait, mais, c’est ce que je propose. » Je comprendrais aussi qu’elle veuille que son fils s’entraîne avec un professionnel, beaucoup de parents avaient retirer leurs enfants, car ils n’étaient pas satisfaits et je leurs n’en voulais pas, je savais très bien que ce que je faisais n’était pas du grand art. Je m’approche du sol où il y avait les prénoms et me baisse pour lui montrer le mien avec mon doigt. « Oui, il est juste là au milieu de pleins d’autres. » J’avais trouver ça marrant de graver mon nom ici et de laisser ma marque puisque cet endroit était le lieu où je passais le plus de temps, encore plus que chez mes parents, donc, j’avais eu l’envie de montrer que j’avais passé du temps ici et que j’aimais de tout mon cœur cette salle de danse.

hj:

tw: //

L’incartade serait bientôt oubliée. Dépassée par la conversation, la danse, l’intérêt qu’elle portait au jeune danseur et à ses cours. Et quand il réaliserait qu’ils n’avaient décidément pas leur place ici, en pleine journée, sans doute seraient-ils loin.
Tabitha acquiesce quand le chorégraphe cède à sa demande, se demande si sa modestie est honnête ou feinte, si le talent est caché ou inexistant. Aussi attend-t-elle de voir. - Oui, pas de soucis. Un aperçu de la chorégraphie du groupe d’âge d’Ashton, qu’elle observe avec attention.
Du coin de l'œil, elle peut voir Ashton déjà commencer à imiter certains des mouvements, quand ils étaient répétés, le mouvement de ses épaules qui ondulent en rythme. La danseuse a le regard critique, son rôle de patronne qui lui seyait un peu trop à la peau. Globalement, ce qu’il proposait était dynamique, rythmé, et avait l’air assez fun, bien qu’il lui manquait l’ensemble des danseurs pour se faire une véritable idée de la danse. En tous cas, elle devait reconnaître qu’il avait du potentiel comme chorégraphe … mais se demande tout de même s’il ne répète pas simplement une chorégraphie repérée sur internet. Pour initier des enfants à la danse, c’était déjà très bien. Restait à savoir si Ashton se déciderait à rejoindre les rangs - y avait-il seulement de la place pour des inscriptions en milieu d’année scolaire ?
- Ne dis pas ça. Cela n’a pas de sens. Aucun des enfants ne te dira que la choré n’est pas parfaite, et aucun parent ne devrait l’entendre. Ce qui est parfait pour quelqu’un ne l’est pas forcément pour tous. Le discours d’encouragements n’avait pas été demandé, mais il aura été dit. - Tant que tu es passionné et que tu t’éclates à le faire, ton énergie le transmettra. Si ses mots, son ton se veulent bienveillants, elle doit se forcer à penser que son avis n’est pas sollicité - qu’elle ne se trouve pas face à l’un des danseurs du nightclub.

Sourit finalement quand elle apprend que son nom est également gravé dans le parquet de la salle désuète. Tabitha aime entendre que leurs gravures stupides perdurent, qu’elles inspirent d’autres danseurs. Comme il s’est baissé pour leur montrer l’emplacement, elle peut enfin lire la mention de son prénom. J’en reviens pas qu’il y en ait autant … Bien. T’en dis quoi, Ashton ? Agréablement surprise, le constat ne manque pas de lui faire réaliser le nombre d’années qui se sont écoulées depuis la dernière fois où elle s’est retrouvée ici.
- Je sais pas trop encore. Elle lui donnerait le temps d’y penser, sans doute se retenait-il d’éclater de rire ou de dire non. Mais ce n’était pas si farfelu que cela ; même si Tabitha ne l’avait jamais forcé à aller dans un domaine ou dans un autre, celui-ci gravitait naturellement autour des mêmes centres d’intérêts qu’elle, car elle lui avait toujours partagé les siens.
Oh - les inscriptions sont toujours ouvertes ? Ce n’est pas dérangeant de commencer en milieu d’année ? Est-ce qu’il peut … y réfléchir ? A priori, ce n’était pas le cas puisqu’il avait lui-même pensé qu’ils étaient là pour des inscriptions … Tabitha danse sur le fil, entre ce qu’elle prétend et ce qu’elle est, ce qu’elle devine et ce qu’elle sait. Si, pour le moment, la discussion avait été cordiale, elle espérait que celle-ci le soit jusqu’à ce que leurs chemins se séparent. Aura-t-il le réflexe d’observer le sol, reconnaîtra-t-il son prénom ?

hj: