i'll heal you - minjae

tw: mention de deuil possible, de violence physique, description de blessures

« et fait pas attention à mon visage »

C'était bien la dernière chose à dire à Fawn. Déjà qu'il n'était pas très prudent face à cette nouvelle, après avoir lu cette dernière phrase, voilà qu'il accélère. Ce serait accabler Minjae que de causer un accident à cause de son imprudence, mais là, il n'en pouvait plus. Le choc l'avait envahi alors que ses yeux relisaient en boucle ce fameux message. « mon père me frappe depuis que je suis enfant... » Comment avait-il fait tout ce temps pour ne pas le remarquer ?? Comment avait-il pu être aussi... aussi con ? Stupide, idiot, débile et tous les synonymes. Il s'en voulait. Il s'en voulait parce qu'il a toujours aimé Minjae du plus profond de son âme. Il lui avait donné son coeur il y a quelques années déjà et il ne l'avait jamais vraiment repris. Et il s'en voulait plus que tout de ne rien avoir vu. D'avoir été témoin de ces actes et de n'avoir jamais posé une seule question.

Mais quel idiot. Un volcan était entré en éruption dans tout son être, faisant naître une chaleur enragée qui allait exploser d'un moment à l'autre. Fawn n'a jamais été un garçon violent et il ne le sera jamais. Cependant, il ne pouvait supporter une seconde de plus de savoir son amour dans un endroit dangereux. Il se serait bien arrêté sur le côté afin d'essuyer ses larmes nerveuses mais il a préféré les balayer d'un revers de manche. Il lui était impossible de s'arrêter, pas tant que Minjae ne serait pas en sécurité. Pas tant qu'il ne serait pas auprès de lui. Et curieusement, la chanson Sunroof jouait pile à ce moment-là, remplissant l'air ambiant d'une mélodie joyeuse.
I only got one thing on the back of my mind...

C'est avec brutalité qu'il arrêta sa voiture juste devant la maison de famille de Minjae. Et c'est tout aussi rapidement qu'il fit le tour de l'habitacle pour le rejoindre. Les yeux rivés sur son visage, bien sûr qu'il allait y faire attention. Bien sûr qu'il allait prendre le temps d'examiner ses blessures. Devant lui, les yeux brumeux, il posa ses mains sur ses joues. Il observa méticuleusement l'étendue des dégâts, puis il soupira lourdement en prenant sa main. « On s'en va. N'importe où, sauf ici. » annonça-t-il sans lui laisser le choix. Il allait bien sûr tout faire pour le convaincre de venir chez lui mais pour le moment, il avait besoin de parler de tout ça. Parce qu'en effet, cela n'avait pas été simple pour Minjae de le lui dire. Mais également, Fawn se sentait extrêmement coupable de n'y avoir vu que du feu pendant toutes ces années. Sa tête baissée vers le sol le démontrait, d'ailleurs. Il aida Minjae à charger son sac et puis, une fois les deux installés, il se mit à conduire, serrant le volant un peu plus que de mesure, les yeux rivés sur l'horizon exprimant un dégoût profond pour lui-même. Dans sa tête, tout se rejouait en boucle. Tous ces moments où il avait cru apercevoir quelque chose, une marque sur son visage, sur son corps. "Je me suis cogné" qu'il lui disait toujours pour l'apaiser. Maintenant, il était certain que quelqu'un lui avait fait du mal. Et bon sang, il s'en voulait à tel point qu'il crut de nouveau en l'enfer.

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Assis sur mon lit, comme tous les soirs, je m’étais pris une râclée de la part de mon paternel, c’était devenu une habitude après tant d’années à en prendre pleins la tronche pour plusieurs raisons et parfois pour aucunes raisons. Il avait juste ce besoin de se défouler et donc, il me cogné pour passer sa colère, comme j’ai dit, c’était une habitude maintenant, je savais que quand il n’était pas en voyage d’affaire, il finirait par venir et me cogner, je m’y étais préparer. Une poche de glace enrouler dans un linge poser contre le bas de mon œil, j’échangeais plusieurs messages avec Fawn, cela me faisait oublier ce que je vivais au quotidien et je me sentais à nouveau vivant depuis qu’il était revenu dans ma vie. Et si, normalement, je faisais semblant de rien, lorsqu’il me parlait de secrets, je n’ai pas réussi à le faire. Je relisais son message plusieurs fois et j’ai écrit ses mots que j’ai tout de suite regretté, mais Fawn, il insistait, les larmes me montaient aux yeux. Je soufflais un bon coup, j’écrivais la phrase, je l’effaçais et ainsi de suite jusqu’à l’envoyer, action que j’ai direct regrettée, je ne voulais pas l’impliquer dans mon cauchemar, mais c’était trop tard maintenant. À ses paroles, j’essaie de le calmer, mais il insiste pour que je fasse mon sac. Je pose donc mon téléphone et la poche de glace sur mon lit, je me lève de celui-ci, je sors une valise de mon dressing que j’ouvre et y mets plusieurs de mes affaires, pas tout, juste les indispensables, car j’ai beaucoup trop de choses, je reviendrais chercher le reste, à par si j’arrive à convaincre Fawn que ça va aller, mais ça, j’en doute fortement. Etant en pyjama, jogging et haut manche longue, j’enfile Un sweat à capuche bien chaud, des baskets et c’est parti en espérant que je ne croise pas le paternel, sinon je suis mort.

Je ne l’ai pas croisé, je soupire de soulagement alors que je suis enfin dehors, je referme la porte derrière moi, je ferme jusqu’au portail que j’ouvre, j’attends Fawn devant, regardant mon téléphone par la même occasion. Je regrettais de l’avoir mis dans cette situation, j’aurais dû me taire, mais c’était trop tard maintenant, j’allais devoir vivre avec. Finalement sa voiture se gare devant moi, je l’observe sortir de la voiture et venir jusqu’à moi. Il a pleuré, je le connais et je m’en veux encore plus de lui avoir dit. Lorsqu’il pose ses mains sur mes joues pour observer mes blessures, je baisse automatiquement la tête, j’avais honte en fait qu’il me voie comme ça. Je relève les yeux vers lui et serre doucement sa main. Je savais pertinemment ce qu’il ressentait, je le connaissais assez maintenant et donc, une fois dans la voiture avec lui, je le voyais tendu, mal, fixant la route en compressant son volant. Je pose directement ma main sur sa cuisse pour l’interpeler. « Ne t’inquiète pas, ça va, je vais bien. Je te le promets. » Qui j'essayais de convaincre là ? Lui et moi ? Sûrement les deux en fait, car je n’étais pas du tout sûr de mes mots à ce moment-là, mais tout ce qu’il comptait pour moi, c’était Fawn. Je regarde finalement le paysage qui défile, la tête contre la vitre, perdu dans mes pensées, soupirant à toute cette situation. « Je suis désolé de ne t’avoir jamais rien dit sur ce que je vivais, mais je ne voulais t’impliquer là-dedans et même là, je regrette de l’avoir fait, parce que Fawn, je déteste te voir comme ça, à cause de moi. » Je laisse échapper une larme après mes paroles, je me haïssais du plus profond de mon âme pour avoir parlé et l’avoir mis dans mes galères alors qu’il avait déjà les tiennes et si je pouvais, je ferai machine arrière, mais c’était trop tard maintenant, j’allais dorénavant vivre avec.

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Comment avait-il pu être aussi bête ? A toujours croire que Minjae était simplement maladroit, alors que la réalité était toute autre ? Fawn s'en voulait à mort. Il avait déjà perdu Faye. Il aurait pu perdre Minjae du jour en lendemain dans la plus grande inconscience de ce qui se tramait dans cette maison. Les mains sur le volant, il ne pensait à rien d'autre qu'à mettre Minjae en sécurité. Chez lui, il y resterait. Fawn trouverait un moyen de le faire emménager. Même sa main sur sa cuisse ne le rassurait pas tant que ça. Pourtant, il quitta le volant d'une main pour caresser la sienne avec tendresse et une douceur telle qu'on pourrait croire qu'il avait peur de le briser. Non, il n'allait pas bien. Il servait de punching-ball à son père depuis des années. Il ne pouvait pas faire croire une seconde de plus à Fawn qu'il allait bien. Cela avait forcément des répercussions sur sa vie, sur sa santé mentale, sur sa santé tout court, d'ailleurs. Alors, Fawn ne dit rien. Il reprit le volant, roulant plus prudemment qu'à l'aller. Ils n'étaient pas loin l'un de l'autre, ils seraient arrivés d'ici quelques minutes.

Et puis vinrent les nouvelles paroles de Minjae. Fawn soupira doucement en secouant la tête. « Rien n'est à cause de toi, Minjae. » Il se concentra un instant pour tourner à un carrefour avant de reprendre. « Mais je ne comprends pas... Tu as beau m'expliquer que tu ne voulais pas m'impliquer là-dedans mais je ne comprends pas pourquoi. » Il soupira à nouveau. C'était vraiment un concept qui lui échappait totalement. Il pensait partager le moindre secret avec lui, il représentait l'amour de sa vie. Mais voilà qu'un gros nuage était apparu sur leurs têtes, trop tard pour que Fawn ne puisse agir. Maintenant qu'il le pouvait, il se devait de le protéger. « Minjae, j'aurais pu être là et arrêter tout ça dès le début. J'aurais même dû le remarquer plus tôt, mener une enquête ou je n'en sais rien... Mais l'enfer que tu as subi... Tu n'étais pas obligé de le subir, alors pourquoi t'es-tu laissé faire comme ça ? Pourquoi ne m'as-tu pas laissé te protéger ? » Fawn se mordit la lèvre tandis qu'il se garait. Une fois la voiture à l'arrêt, il ne bougea pas. Il semblait complétement perdu avec cette révélation. Une chose était certaine : il ne laissera plus jamais ceci arriver.

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Une main poser sur la cuisse de Fawn, je sentais bien qu’il n’allait pas bien, je le connaissais à la perfection depuis le temps et là, le fait qu’il ne disait rien, qu’il est les yeux gonflés, preuve qu’il avait pleurée, prouvé qu’il n’allait pas bien. Alors je posais une main automatiquement sur ma cuisse pour le rassurer en lui disant que j’allais bien, que malgré le fait que je me faisais cogner depuis des années, j’allais bien, enfin c’était ce que j’essayais de me convaincre si je devais me montrer totalement honnête. Mais si, je ne faisais pas ça, pas sûr que j’aurais survécu à toutes ses années d’enfer. Il caresse doucement ma main, ce qui me fait sourire, alors que j’enlace nos doigts et que je caresse avec mon pouce la paume de sa main. Fawn était tout pour moi, c’était grâce à lui si j’étais encore là aujourd’hui, il était ma force et donc le voir si mal me briser littéralement le cœur. Je m’en voulais en fait et donc, je collais ma tête contre la vitre en regardant le paysage, m’excusant pour son état, parce que je m’en voulais tellement fort. Quelques larmes s’échappent, je les essuie rapidement, le grand sensible que j’étais savait qu’il allait beaucoup pleurer ce soir et sûrement cette nuit. Je m’y étais préparé, maintenant que Fawn savait.

Aux paroles de Fawn, je décolle ma tête de la vitre pour le regarder alors que lui est concentré sur la route, je soupire en passant une main dans mes cheveux. « Parce que j’avais peur Fawn tout simplement, peur que si tu t’en été mêler, il s’en serait pris à toi, qu’il aurait compris que toi et moi, nous étions ensemble et que donc, j’étais gay. Mon père est le genre de monstre à être homophobe et donc pour te protéger, j’ai préféré garder tout ça pour moi. » C’était triste à dire, mais je m’y étais habituer à cet enfer, je savais que quand il était à Oceanside, à chaque fois qu’il rentrerait du travail, il viendrait jusqu’à ma chambre et me cognerait, même si j’étais endormi, il s’en fichait royalement, il avait besoin de taper dans son punching-ball. À ses paroles, j’ai les larmes qui me montent aux yeux alors qu’il se gare en bas de chez lui. « Parce que j’ai toujours cru que je le méritais, que quand je lui ai demander pourquoi est-ce que j’étais le seul qu’il battait comme ça, il m’a juste dit que c’était parce que j’étais venu au monde alors qu’il ne m’avait jamais voulu. » Joues inondés, voix tremblante, cette conversation était vraiment dur. Je me frottais les yeux, grimaçant par la même occasion à cause de l’hématome et je me racle la gorge. « Je ne regrette pas une seule seconde de ne t’avoir jamais rien dit, car je préfèrerais mourir plutôt que te mettre en danger. » J’étais une véritable épave là, je n’arrivais pas à retenir mes larmes, je lâchais tout ce soir, pour la première fois devant quelqu’un, alors que d’habitude, je pleurais seul dans ma chambre ou dans ma salle de bain, recroquevillé au sol.    

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Des excuses, encore et encore. Minjae servait des excuses mais Fawn aurait pu faire tellement plus pour lui. A la place, il l'avait laissé se faire battre par son père pour un oui ou pour un non, au gré de ses envies. En danger, lui ? Fawn serait parti au bout du monde avec Minjae seulement pour le protéger. Il aurait dépensé toutes ses économies, aurait effectué des prêts pour le sauver. Fawn n'a jamais été en danger et il ne l'aurait jamais été même si son père l'avait appris. Maintenant qu'il savait, Fawn ferait tout pour mettre Minjae en sécurité. Mais n'était-il pas déjà trop tard ? Minjae avait l'air de penser que ce problème n'avait aucune solution. Pourtant, Fawn lui en présentait une sur un plateau d'argent. Il allait le persuader de vivre avec lui, au moins pour quelques temps, bien que Fawn se fichait pas mal du temps que ça allait prendre. Il ne le mettrait jamais dehors. Jamais.

Alors, à chacune de ses excuses, Fawn soupira et secoua la tête. Non, ce n'est pas comme ça, Minjae, qu'il pensa sans le prononcer. Il préférait rester concentré sur la route jusqu'à se garer, câjolant la main de son amour à côté de lui. Et puis, il ne bougea pas, l'écoutant encore verser ses excuses. En vain, parce que Fawn était déjà blessé. Mais Minjae, sensible, pleurait. Il évacuait comme il le pouvait et cela fendait le coeur de Fawn. Il ne pouvait rester sans agir face à lui, qui était brisé en mille morceaux. Il fallait qu'il fasse quelque chose. Un énième soupir et puis il descendit de la voiture. Il prit son sac, puis sa main et l'attira contre lui dans une étreinte presque étouffante tant elle était forte. Pourtant, il ne dit rien. Il n'avait rien à dire. Il ne voulait pas risquer de le blesser un peu plus encore. Fawn n'en pensait pas moins mais il préférait garder le silence.

Il le fit monter chez lui, le laissa prendre l'espace qu'il voulait alors qu'il alla préparer des boissons chaudes. Deux chocolats chaud garnis de chantilly, avec une cigarette russe plantée dedans, le tout saupoudré de petits chamallows blancs et roses. Il essaya tant bien que mal d'éviter de saler les boissons avec ses larmes, il les essuya rapidement une fois qu'elles furent prêtes. Fawn vint s'asseoir près de Minjae au salon, posant les deux boissons sur la table basse. Puis, il soupira, encore une fois. Il ne trouvait pas les mots pour le réconforter. Il était coincé à songer qu'il aurait pu faire quelque chose, cela dit, il fallait qu'il aille de l'avant. Mais c'était bien trop tôt pour lui. Fawn passa un bras autour des épaules de Minjae. « J'aimerais tout savoir, Minjae. Depuis le début, comment ça a commencé, pourquoi tu t'es mis à penser que tu le méritais... S'il te plaît. Raconte-moi. » Tout ça allait être dur à raconter et à écouter, mais Fawn avait besoin de savoir pour comprendre son chemin de pensée. Pour pouvoir entamer le processus de guérison, parce qu'il était bien hors de question qu'il le laisse dans cet état, à subir encore. Il était absolument hors de question que Fawn ne prenne pas soin de lui après tout ça.