breaking the habit
tw/ langage grossier, violence physique/morale,
homicide et crime sexuel (mentions)@Leif Sundströmn'aurait jamais cru être confrontée à ce tableau, une fois dans sa vie; la vision de l'amoureux du mauvais côté des barreaux. même si robyn était avertie de son passif avec la flicaille, le voir de ses propres yeux au poste de police restait déroutant. lui laisse un goût amer, d’injustice même, au fond de la gorge - leif ne mérite pas ca. pense avoir suffisamment passé du temps à ses côtés (puis dans des situations diverses et cocasses) pour avoir saisi sa personnalité. sans doute pas entièrement, évidemment, robyn consciente que chacun traîne des mystères et autres secrets. et si elle est au moins certaine d’une chose le concernant : il ne fait pas dans la violence gratuite. la petite pétasse et son her father hit mine, robyn n’en tient pas rigueur. selon elle, le suédois ne peut user de ses poings seulement après avoir été provoqué et non pas sans raison. n’est pas là pour lui lancer la pierre lorsqu’elle se trouve devant sa cage, veut juste comprendre ce qu’il s’est passé. une réflexion sous-jacente également, trouver un moyen de le faire sortir de là. la raison de l’emportement est évoquée, elle lâche les barreaux, bras tombant mollement de chaque côté de ses hanches. ne pensait pas qu’il s’agirait de svea, ne pensait pas non plus que ça lui crèverait autant le cœur. de le voir ainsi, lui, couplé au rappel de l’adolescente assise et de son air abattu. les enfants peuvent être des monstres envers les autres de leur âge, elle le sait bien, des souvenirs lui reviennent de sa propre enfance rythmés par un nuage de moqueries. the same piece of shit qu’elle semble entendre meugler pas loin sur sa droite, ne prend même pas la peine de tourner la tête – leif dans sa ligne de mire, qui a toute son attention. ne peut pas lui en vouloir d’être venu aux mains. ne peut pas s’avancer et surtout pas se projeter; mais aurait sans doute fait pareil à sa place. on touche pas à la famille – celle qui compte – on touche pas à svea. pas après tout ce qu’elle avait vécu depuis son plus tendre âge. « she’s ok. » un peu pensive, ne voit pas ce qu’elle pourrait dire d’autre, en vérité incapable de savoir ce qui se passait réellement dans la petite tête blonde. ne veut pas non plus inquiéter son oncle, pas comme s'il pouvait faire quelque chose ici. ce que robyn sait par contre, c’est qu’elle l’a laissée seule avec cette saloperie – et ça, elle doit y remédier.
envie d’étendre son bras à travers les barreaux pour le toucher, caresse fantôme du bout des doigts;
envie de lui dire qu’il n’est pas seul, cette fois-là;
envie de lui promettre qu’il sera bientôt dehors.
mais elle ne fait rien, robyn. parce que dans cette situation, elle est celle qui porte un badge et une arme à la taille. parce qu’elle ne devrait pas rester là, comme il lui fait remarquer. rejeter pour un argument sensée, doit rester professionnelle même si elle est persuadée que les deux glandus derrière en n'ont rien à foutre qu’elle échange quelques mots avec le prisonnier. « gonna check on svea. » annonce-t-elle. and i'm gonna get you out of here. va trouver un truc, une idée, ne peuvent pas le laisser poireauter des heures. le darron est ni dans le coma, ni mort; doit y avoir un moyen même s’il lui faudra barratiner.
elle fait demi-tour, délaisse leif à son propre sort, après plusieurs marches et quelques couloirs retrouve l’entrée. croit halluciner lorsqu’elle voit la petite conne murmurer à l’oreille de svea. cette dernière semble se liquéfier sur place. « HEY! » gueule et les rejoint à grandes enjambées. bras tendu, à deux doigts d’attraper la bully pour la tirer en arrière. stoppée net, s’est retenue au dernier instant. sa main se rétracte à contre coeur, ne peut pas se permettre ce geste dans sa position et au commissariat. avec la grande gueule qu’elle a, elle ferait tout pour enterrer la kaplan. « get the fuck outta here. » la mâchoire serrée avant de se retourner vivement vers le type qui n’avait pas été tenu de les surveiller. ne le lui reprochera pas pour autant; l’avait aussi autre chose à faire que du baby-sitting de kindergarten. « mitch! call her mother, nanny or whatever, i don't want to see her face here again. » l’index pointé vers l’accusé. stupid horse face, même. peut aller plus loin que se moquer de son outfit s’il le faut, de sa gueule. chacun son tour. « up! » petit soldat grommèle en se levant mais ne dit rien, robyn lui ordonne par la gestuelle de se diriger vers son collègue. déjà de l’histoire ancienne pour la trentenaire, les traits s’adoucissent en regardant svea. « you ok? » comprend instinctivement qu’elle n’aura pas de réponse honnête ici, au coeur du brouhaha policier. peut-être qu’elle n’en aura pas non plus dans l’intimité de son appartement. hochement furtif de la part de l’adolescente, robyn l’invite à la suivre. « come with me. » passe une main derrière son dos lorsqu’elle se lève, tandis que l’autre attrape la poignée du sac à dos. ouvre la marche, les pensées fusent dans tous les sens à la recherche du stratagème. ne perd pas le nord pour autant, l’oeil furtif suit le dédale et les marches, à la recherche du bureau de la lieutenant foster en cybercriminalité. croisent de la vie au fur et à mesure de leur marche dans les locaux et la présence de la jeune fille ne semble déranger personne. la sonnerie du portable de robyn vient toutefois déranger. « yes? » mendoza au bout du fil lui demande si elle a terminé le compte rendu. comment dire ? épargne son visage embêtée à svea puis s’éclaircit la gorge. « not yet, something came up. i'll send it to you later. » et elle raccroche. pourrait s’y mettre dès qu’elle aura réglé le couac avec les sundström. dans un premier temps s’assurer que svea soit en sécurité et pas emmerdée, dans un second s’occuper du cas de son oncle; plus tendu. elles arrivent proche d’un bureau, la porte entrouverte indiquant la présence du lieutenant. robyn se tourne vers svea et baisse le ton. « so, you’ll wait a bit, the lady in there is nice, don’t worry. in the meantime i'm gonna see what i can do for leif. » une main rassurante sur son épaule à l’instar de son sourire, tenter de lui transmettre un peu de chaleur dans ce foutoir monstre engendré par une merdeuse. s’en suit le coup à la porte, robyn entre dans le bureau avec svea sur ses talons. « hey foster, um... she's my partner's daughter, can she crash here before i take her home? » reste dans l’illusion d’un père et de sa fille, plus simple à comprendre pour les autres, évite les questions inutiles aussi. la quarantenaire assise derrière son bureau vire ses lunettes de son nez et prend en considération robyn et svea. « sure, no problem. hi. » « hi. » murmure l'adolescente. robyn dépose le sac à dos de svea au pied d’une chaise vacante. n’avait pas choisi foster au hasard; en plus d’être une femme, son fils traînait dans le coin de temps en temps et elle ne bossait ni pour le département homicide, ni pour les narcotiques. « see ya. » robyn s’éclipse et part s’atteler au plus gros des problèmes.
bien des minutes se sont écoulées, kaplan a pratiquement retourné son bureau à la recherche du dossier nécessaire. imagination totale d’un plan qu’elle vient tout juste de préparer dans sa caboche, persuadée du succès de celui-ci si elle se montrait convaincante. enfile sa veste par-dessus son t-shirt même si elle crève de chaud, pour se donner consistance, refait sa queue de cheval par la même occasion. se permet d’effacer svea de ses inquiétudes, pour l’instant, la sait entre de bonnes mains, si elle a besoin de quoique ce soit. elle retourne aux étages inférieures, s’étonne de voir plus de mouvements lorsqu’elle retrouve le département des gardes à vue. elle s’avance avec précaution, une pochette cartonnée sous le bras. constate qu’ils viennent juste de faire sortir le darron amoché accompagné d’un type bien propret sur lui; son avocat. ce dernier discute avec les deux officiers, pendant ce temps l’autre doit sûrement s’adonner à des singeries discrète face à la cellule de leif – elle ne préfère pas regarder, est censée rester professionnelle et impartiale. le regard se perd loin de l’échange entre les policiers et l’avocat, l’oreille bien attentive pour autant, grapille les informations. l'éventualité d'une plainte mise de côté, thanks god. conversation terminée, suit des yeux le père et l’avocat partir d’où elle était venue. gurl, it’s your move. se pointe devant les deux officiers avec ses grands sabots - ou plutôt ses converses taille 38. « i need this guy out. » coup de tête en direction de leif. « what for? he stays there for two hours. or four. » oeillade complice entre les deux, manquent de ricaner. quel bande de cons. mais elle pourrait les comprendre, est aussi passée par là dans son ascension, il y a des années. « witness to my case. i need to question him. » succincte dans ses mots, elle agite le dossier devant leurs yeux. « do it here. » les yeux roulent, robyn n’est vraiment pas aidée. « you know it's against protocol. » s’ils veulent jouer à ça, et apparemment la réponse est oui. « and so is getting him out now. you're not his lawyer, as far as i know. and what were you two talking about earlier? » fuck. robyn fixe un instant l’autre gars, il marque un point, même deux. son visage se tourne alors vers son mec au loin. elle ne peut absolument pas leur avouer qu'ils sont en couple, foutrait clairement la merde. elle ne peut pas non plus se laisser intimider par deux officiers. les yeux reviennent à eux, le ton de sa voix n’en est que plus ferme. « then call your sergeant for me. i'm gonna request his permission myself to release mr sundström to answer questions about my case. » un bref instant de pause, l’opportunité pour un des hommes d’ouvrir la bouche mais robyn ne lui permet même pas de s’exprimer. « i know you want to keep him for assault and battery, but be fair; the other guy got out just ‘cause he could. and in the meantime, his testimony could be crucial to a case i'm dealing with for rape and murder. so yeah, the victim's already dead and can wait a couple more hours, even four hours. but the criminal who did this is still out here, chillin’ somewhere ‘cause the local police is unable of seein’ fucking priorities and making right decisions. » un blanc désagréable s’installe entre les trois collègues. kaplan ne dit plus rien, aurait pu leur montrer les photos sous le pif pour appuyer ses dires et les faire réfléchir deux minutes de plus. ce qu’ils ignorent ? le coupable de l’affaire reyes, qu’elle tient entre les doigts, a été arrêté il y a deux jours. mais ça ils ne peuvent pas le savoir. elle fait deux pas en arrière, les laisse prendre la décision seuls ou appeler leur supérieur. supérieur en repos pour la journée; robyn a pris soin de vérifier au préalable. « coop, you know he's off today… i'm not sure he'd be thrilled if we bothered him for that. » ça cause dans son dos tandis qu’elle profite de feuilleter la paperasse dans sa pochette. pas la première fois qu’elle mentira et sûrement pas la dernière. certainement non, indéniablement prête à tout pour aider le suédois. c'est ça d'aimer. « fine. » retentit, elle claque la pochette et se retourne. fait pas le fier celui qui lui montre la paperasse. « you have to sign these papers. » un pas en avant pour la signature sacrée, synonyme de liberté pour leif. elle accroche de nouveau son stylo à son dossier et les remercie, la moindre des choses à faire en contournant légèrement la procédure. le plus âgé des officiers se pointe enfin devant la cellule. « ok the german, you’re free to go. detective wants to talk to you. » détective qui se retient de lever les yeux au ciel en entendant le surnom d'allemand. garde la distance, attend que leif soit complètement libéré. l'autre présente ses effets personnels sur le bureau pour qu'il puisse les récupérer en passant devant. « please follow me. » à l'adresse de son copain-faux témoin. peuvent souffler ou presque, robyn n'a pas encore adressé un mot à leif à ses côtés, joue la discrétion. les murs ont des oreilles ici, et les caméras surtout des yeux. cette fois, elle n'emprunte pas la même route pour rejoindre l'étage de son département. les fait prendre un détour, jusqu'à s'engouffrer dans une cage d'escaliers peu fréquenté.
dès que le battant de la porte se ferme derrière le suédois, elle peut enfin relâcher ses épaules. « dickhead won't file a complaint, that's good. i'll let you know if i get any more info. » grimpant les marches une à une, s'engage à lui déblatérer tout ce qu'il à à savoir. « svea is waitin' in some office, i'll take her home when i'm done questioning you. » se retourne alors vers lui, « i'm mean 'questioning' you. » fait la gestuelle typique des guillemets et son dossier en profite pour foutre le camp de sa main et éparpille tous les documents et photographies sur le palier. « fuck. » aussitôt accroupie pour récupérer ce qu'elle a égaré. lui faut pas beaucoup de temps pour réaliser que son plan n'allait pas fonctionner comme elle l'avait prévu. dans un monde idéal, elle aurait interrogé leif puis l'aurait laissé rentrer chez lui avant d'aller chercher svea pour la ramener avec sa caisse. avec ses petites magouilles, elle ne souhaitait pas que l'oncle et la nièce soient vus ensemble. « argh shit! you don't have a car. i'm stupid, i forgot that detail. » lui qui avait mentionné un peu plus tôt, qu'il n'avait pas dû payer l'essence en venant ici. les neurones qui tournent à plein régime depuis quelques temps déjà, doit se calmer, en oublie même la primauté. secoue la tête avant de se redresser avec ses papelards de nouveau serrés dans sa main. un coup d'oeil furtif autour d'eux pour vérifier que personne n'allait se pointer dans les escaliers, la solitude leur offre un instant d'intimité. « how do you feel? » regard s'attache au sien, désormais attendrissant. les doigts féminins viennent timidement chercher la chaleur des masculins.