Well, pick me up with golden hands (ft Emily)

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♫ Un peu plus de deux semaines qu’ils ont emménagé dans leur nouvelle maison, une jolie demeure sans prétention mais qui leur donne à nouveau cette sensation qu’ils attendent depuis bien longtemps, de se sentir chez eux. Dans leur quartier, avec leurs habitudes, un peu plus loin que leur ancienne maison, mais c’est tant mieux. Les souvenirs douloureux y sont encore trop rattachés, et une petite distance ne fait pas de mal. Il reste encore des travaux à faire, mais les plans se dessinent et ils imaginent à deux l’environnement qu’ils veulent créer, autant pour eux que pour ce petit miracle qui approche. Sa chambre est encore en travaux, elle aussi, et si le berceau qu’il lui a confectionné trône au centre d’un mur, si des étagères accueillent quelques vêtements, accessoires pour bébé et autres essentiels, ils sont encore bien loin d’avoir fait le tour de cette liste qui ne lui paraît jamais diminuer. Il ne reste que deux petits mois à peine, et voilà la panique qui s’installe doucement dans sa tête, alors qu’il voit tout ce qu’ils auraient dû faire avant, tout ce qu’il leur manque. Et avec ce stress, s’accompagne celui de savoir s’il saura bien s’occuper d’elle, naturellement. Une angoisse qui monte en puissance à mesure que le temps avance, alors que le monde des bébés ne lui est pourtant pas inconnu, qu’il passe et a toujours passé du temps avec ses nièces, ses neveux, et même plus éloignés que ça. Mais après tout, être ce tonton drôle qui garde les enfants de temps en temps, et être père de l’un d’entre eux, c’est encore différent. L’angoisse, aussi, de savoir s’il saura se tenir, si l’envie d’un verre qui lui vient parfois, lorsqu’il se sent dépassé, pourra être tue. La peur d’un craquage un peu trop facile, mais il espère que la simple pensée de sa petite famille suffira. Ses démons ne sont jamais bien loin derrière lui, il le sait pertinemment. Pourtant ce jeton lui rappelle qu’à quelques mois près, cela fera presqu’un an qu’il a retrouvé son chemin.

Aujourd’hui, il a appelé sa sœur à la rescousse. Ou plutôt, il lui a demandé bien gentiment s’il pouvait passer, dans l’espoir qu’elle puisse apaiser son stress et peut-être aussi lui partager quelques objets bien utiles pour un bébé, qui ne lui servent plus depuis qu’Ovie a grandi. Un peu pour la blague, il est passé chercher des fleurs chez le fleuriste du coin. Petit clin d'œil obligé aux messages qu’ils se sont envoyés. Ils se voient régulièrement, toujours inséparables malgré les années, même s’ils ne sont plus autant fourrés l’un chez l’autre comme avant, elle est la gardienne de ses secrets et il l’est aussi des siens. Il arrive devant la porte de sa maison et n’y sonne qu’à peine avant de pousser la poignée pour entrer, prudemment, à l’intérieur, habitude un peu trop envahissante peut-être, et pourtant, c’est quelque chose de naturel. Une petite partie de lui aurait aimé qu’ils soient voisins, à quelques mètres l’un de l’autre, un jardin qu’ils auraient pu partager, et en même temps, il est parfaitement bien là où il est, et sans doute que cette légère distance est bénéfique, aussi. « Ems ? » Il l’appelle, avançant doucement avant que sa sœur n’apparaisse dans son champ de vision, et qu’un sourire ne vienne naturellement se loger sur ses lèvres en la voyant. Il lui tend les fleurs, l’air taquin alors que ses fossettes ne creusent un peu plus ses joues. « Alors ? Franchement, avoue, c’est le début d’une belle déclaration non ? » Il rigole en enlaçant sa jumelle. Ça ne fait pas si longtemps qu’ils ne se sont pas vus, mais quelques jours sans la voir, c’est déjà beaucoup. « Elle est là, Ovie ? » Evidemment qu’il s’enquit aussi de sa petite nièce adorée, première princesse de cette famille, il se réjouit à l’idée qu’une autre arrive, de son côté.

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S’il y a bien une chose qu’elle chérit de tout son cœur, c’est sa famille.
Emily est une acharnée de travail. Elle a fait et continue de faire de nombreux sacrifices au profit de son job. Elle n’est pas aussi présente qu’elle l’aimerait pour sa fille, pour les siens, même si elle fait déjà beaucoup. Ce qu’elle aimerait pouvoir se scinder en deux ou bien qu’il y ait plus d’heures en une journée ! Mais à défaut de voir ses souhaits se réaliser, Emily se contente de faire de son mieux. Ces derniers temps elle parvient à trouver un équilibre, une organisation qui lui permet de véritablement trouver une stabilité. Ne pas sombrer dans son travail, ne pas se laisser déborder de toutes parts. Depuis qu’elle est montée en grade (un vilain euphémisme), tout s’est accéléré. Dire que la période où elle a dû se donner plus que jamais pour prouver sa valeur et à quel combien être érigée à la tête de l’Ocean Agency était rude, garder cette place durement acquise l’est d’autant plus. Les responsabilités se multiplient : la gestion du personnel, des ventes de chacun, les siennes, les rendez-vous et autres réunions qui n’en finissent plus. La vague aurait pu mener à la noyade, mais Emily est faite pour le poste. Son ambition n’a pas eu les yeux plus gros que son ventre, elle avait prévu le raz-de-marée. C’est pourquoi elle ne se sent pas crouler sous le travail. Du moins pas plus qu’auparavant. Elle sait s’organiser et compartimenter sa vie. Il y a le travail, certes, mais il y a sa vie privée qu’elle protège plus que tout. Elle favorise les moments de qualité plutôt que de quantité.
Cette soirée est la parfaite représentation de sa pratique. Elle a pu rentrer tôt, aller chercher sa fille à l’école (ce qu’elle ne parvient pas à faire tous les jours), faire un tour au parc du coin, profiter d’un goûter délicieux attrapé au café du coin qu’Ovie adore. La petite a pu profiter de sa mère qui poussait la balançoire afin “ d’atteindre les étoiles ”, comme elles aiment le dire. Puis elles sont naturellement rentrées à la maison, rien que toutes les deux. Elle aurait pu passer chez ses parents, mais pour une fois qu’elle avait sa fille rien que pour elle, Em voulait en profiter. Presque égoïstement. Mais elle savait que son rare moment de présence attirerait les vautours ! Un vautour en particulier ! Son jumeau, Jamie, qui lui a envoyé un message pour passer ce soir-là. Et parce qu’elle ne peut jamais lui dire non et qu'elle aime tant sa présence, Em a bien évidemment accepté.

Parfois, Emily se dit qu’avec Jamie, ils sont la parfaite représentation caricaturale des jumeaux. Ils se comprennent si bien, parfois sans avoir besoin de parler. Ils passent le plus de temps possible ensemble et ont bien du mal à être séparés trop longtemps. Jamie est son roc. Son double. Il est celui qui a toujours été là, même dans les moments où personne d’autre n’aurait pu l’être. Em aime chacun des Williams, elle aime profondément sa famille dont elle est si fière, mais il y a un quelque chose chez Jamie, une évidence telle, qu’elle finit par attendre avec impatience son arrivée.
Alors, quand elle entend sa voix d’homme l’appeler depuis l’entrée, Em s’empêche de courir à sa rencontre (il ne faudrait pas trop l’encourager à venir on plus !). “ Oui ! ” lance-t-elle tout de même, venant à sa rencontre. Elle interrompt le dîner qu’elle fait réchauffer et s’empresse de le rejoindre.
Elle s’apprête à l’enlacer rapidement en guise de bonjour quand elle remarque que ses mains sont occupées par un bouquet de fleurs qu’il lui tend. Em l’arrache de ses mains et roule des yeux. “ Tu es en retard ! ” Jamie évoque la requête lancée par sa soeur concernant une déclaration qu’il devrait lui faire s’il voulait qu’elle accepte sa présence ainsi que l'heure qu'il n'a pas respectée. Elle finit par accepter l’accolade, feignant d’être agacée.
“ Elle termine un cadeau pour tonton Jamie... Elle devrait arriver d’ici une minute. ” Em insiste sur le cadeau qui n’a rien d’une surprise puisqu’Ovie est une passionnée de dessin. Elle en distribue à la pelle à toute la famille. Emily pourrait la regarder pendant des heures en train de dessiner, de faire de son mieux, l’air concentré avec son bout de langue sorti, pour réaliser sa meilleur production. Elle se demande d’ailleurs si sa fille aime réellement dessiner ou si ce qui la motive tant est de ravir ses proches. Cette pensée attendrit à tous les coups une Emily fière.

“ Comment va Louise ? Je ne l’ai pas eue aujourd’hui. ” que demande Emily qui n’a guère besoin de demander à son frère de la suivre jusqu’à la cuisine, qu’il le fait déjà. Elle s’interroge sur Louise, sa grossesse particulièrement. Connaissant le passif du couple, Em ne peut que se montrer présente. Pour y être passé, elle sait que chaque jour de grossesse est différent alors elle se montre très attentive à sa réponse.

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♫ Il a toujours été du genre à s’inquiéter un peu trop de tout, un peu trop pour les autres, ses proches en première ligne. Cette grossesse n’a fait qu’accentuer ce trait. Ils ont passé les premiers mois avec la boule au ventre, l’angoisse de voir l’histoire se répéter, avec l’incertitude d’avoir la force de surmonter à nouveau une telle épreuve. Pourtant, cette fois-ci, tout leur a souri, les médecins leur ont répété encore et encore que tout allait bien, qu’il n’y avait aucun problème à l’horizon, et si la peur a petit à petit laissé sa place à l’espoir, au bonheur qui se profile, l’inquiétude demeure. Il se méfie de chaque petit hoquet de travers, chaque main que Louise peut poser sur son ventre, de quelque rictus qui indiquerait la moindre gêne, pour autant parfaitement normale. Et à mesure que le temps avance, c’est l’angoisse de ne pas être à la hauteur, de ne pas être assez bien préparé, de ne pas savoir comment agir. La peur, aussi, dont il ne parlera jamais, que son exemple ne soit pas le bon, qu’un manquement le fasse replonger, qu’une mauvaise passe l’amène à un verre, malgré toutes ses promesses. Louise se montre rassurante, en apparence plus calme que lui, bien qu’il se doute qu’elle ne lui avoue pas tout. Une sale habitude de prise par chacun d’eux pour épargner l’autre lorsque l’idée serait pourtant de tout partager. Mais ils y parviendront.

C’est dans cet état d’esprit embrouillé qu’il arrive chez sa soeur, un besoin de réconfort, de réassurance, parce qu’à elle, il ne peut rien cacher, rien qu’un rictus et elle saurait immédiatement. C’est aussi la seule à qui il oserait demander quelques petites nécessités qu’ils ne se sont pas encore procurées. En retard de quelques minutes, il a malgré tout un joli bouquet de fleurs entre les mains, et son grand sourire pour la convaincre de toute l’affection qu’il lui porte. Même si, à vrai dire, ils ne manquent déjà pas de se le rappeler régulièrement. A sa remarque, il soupire bruyamment, regardant rapidement sa montre alors qu’Emily lui a déjà arraché le bouquet des mains. « Dix minutes ! Juste dix minutes, ça va, non ? » Si de son côté à elle, tout est souvent millimétré, ce n’est pas vraiment son cas, et ils s’en amusent souvent, se taquinant l’un l’autre sur ce fait. Il profite de l’accolade pour lui faire un bisou sur la joue avant de réclamer sa petite nièce adorée. Il a hâte à l’idée de voir sa fille jouer avec elle, d’ici quelques années, une vision qui apaise déjà son esprit. Il a la chance d’avoir cette famille, cette proximité à toute épreuve. Il rigole tandis qu’Emily lui parle de la fameuse surprise d’Ovie, un nouveau dessin à afficher sur son frigo, hochant lentement la tête en haussant les sourcils, amusé, feignant l’étonnement. « Oooh ! Un cadeau.. Je me demande vraiment de quoi il s’agit ! » Il continue de rigoler gentiment, ayant parlé un peu plus fort dans l’espoir que la petite l’ait entendu. Il ne serait pas étonné de la voir poursuivre le dessin, plus tard.

Il suit naturellement sa sœur dans la cuisine, tapotant sur son plan de travail à sa question. « Ça va. Elle en a surtout marre, en ce moment. Et elle s’inquiète un peu de l’après… pour nous deux. » Il sourit un peu timidement, se remémorant la discussion qu’ils ont eu quelques jours plus tôt. L’arrivée du bébé va bouleverser leur quotidien, ça ne fait absolument aucun doute. « Mais elle va bien. J’ai même plutôt envie qu’elle se repose un peu plus. Et le bébé va aussi très bien. Elle devrait arriver en pleine forme ! » Un petit rire qui retentit avant qu’il ne baisse un peu la tête, un sourire comme coincé sur ses lèvres. « Il nous reste encore pas mal de trucs à préparer… C’était bien la tournée, mais on a pris beaucoup de retard, du coup… » Il glisse ses doigts machinalement sur le plan de travail de la cuisine d’Emily, les yeux rivés dessus plutôt que de regarder sa sœur, l’angoisse presque palpable. Il finit par relever la tête sur elle, accrochant un nouveau sourire à ses lèvres. « Et toi alors ?! Ça va ? Tu t’en sors, en ce moment ? » Il a un respect profond pour elle, d’avoir réussi à mener sa carrière tout en éduquant sa fille majoritairement seule. Ils étaient là pour l’aider, certes, mais ce n’est pas pareil. Elle est forte, sa sœur.

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“ Non, c’est pas ok du tout ! On a des horaires à respecter par ici et tonton Jamie n’est pas une raison valable de les remettre en cause ! ” Feignant de s’emballer, Emily attrape un vase dans lequel entreposer les fleurs offertes par son frère. Elle fait les gros yeux quand, pile au même moment, sa fille décide de faire son entrée. Les mains en avant, elle s’empresse d’aller enlacer les jambes de l’oncle manifestement ravi de ces retrouvailles. L’accolade ne dure pas bien longtemps puisque la petite est impatiente d’offrir son précieux présent à Jamie. Emily s’émeut de l’instant présent, de cette relation entre les deux personnes qu’elle aime le plus au monde. “ On a déjà dîné, mais tu veux quelque chose à boire ou manger ? ” Un malin sourire sur les lèvres, Emily sait très bien que son jumeau n’acceptera probablement pas de manger ce qu’elle a elle-même cuisiné car… ce n’est jamais vraiment fameux. Pour Ovie, sa maman est la meilleure cuisinière de manière tout à fait biaisée, quand viendra l’âge de désacralisation, elle rejoindra le banc de ceux qui aiment fortement Emily, mais pas sa cuisine.

Rejointe dans la cuisine par Jamie et sa fille, Emily interroge ce premier sur l’état de Louise. Il l’informe sur sa bonne santé, mais son impatience. “ C’est normal à ce stade, encore un peu de patience même si c’est plus facile à dire qu’à faire. Et je sais de quoi je parle. ” À la fin de sa grossesse, elle n’en pouvait plus. Impatiente de rencontrer sa petite merveille, mais aussi exténuée de se mouvoir avec difficultés et, il faut bien qu’elle se l’avoue, l’envie de retrouver son propre corps. Elle ne songe pas tellement aux kilos qu’elle a pris, mais au fait de se réapproprier ce corps dont la priorité a été, durant tous ces mois, la maison d’un bébé qui fait un certain poids. En revanche, Em ne partage pas la crainte de l’après concernant le couple parce que le père d’Ovie s’est enfui aussitôt qu’elle lui a annoncé sa grossesse. Elle sait toutefois se mettre à la place de Louise et s’interroger. “ Je pense que c’est normal, il va falloir un temps intermédiaire pour que chacun et chaque chose prenne sa place. Mais je suis certaine que tout va bien se passer. ” Elle le pense réellement, Jamie et Louise seront les meilleurs parents pour leur petite merveille, à eux. " Et comment tu vas, toi ? insiste-t-elle tout en souriant à son jumeau à l’entendre la rassurer quant à l’état de la puce, le voir dans un tel bonheur la rend doublement heureuse. Pour lui, pour eux, mais pour elle-même aussi. Elle s’est réellement investie dans cette grossesse et ne déroge pas à son engagement : “ Est-ce que t’as besoin de mon aide ? Ça se calme un peu au boulot, si je peux vous aider pour quoique ce soit. ” Elle fronce les sourcils pour lui adresser que ce n’est pas tellement une proposition qu’elle formule de vouloir les aider, mais une injonction de la contacter s’il y a besoin. Mais elle sourit à nouveau parce que son jumeau sait bien qu’elle ne veut pas s’imposer… Même si elle souhaite être présente, le plus possible. Et c’est bien plus qu’elle n’aurait pu il y a encore quelques mois de cela et l’interrogation de Jamie tombe pile sur le sujet. “ Écoute, ça va plutôt bien. J’arrive enfin à souffler un peu et à passer plus de temps avec Ovie, même si les parents n’ont pas l’air d’être ravis d’avoir moins leur petite fille à leurs côtés mais bon… ” Elle mime de souffler, de s’agacer, quand en réalité cela l’amuse tant. Elle est reconnaissante de cette chance qu’elle a d’avoir une famille si soudée et présente à ses côtés, surtout en tant que mère carriériste célibataire.

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♫ A sa réponse, il souffle bruyamment, exagérément, d’un air faussement agacé, rentrant toujours un peu plus dans son jeu. « Pff.. Je suis sûr que si tu demandes à Ovie c’est toujours une raison valable ! » Il tire la langue brièvement, comme un gamin, face à sa soeur, avant de se mettre à rigoler, tandis qu’elle récupère un vase dans lequel placer le bouquet qu’il vient de lui offrir. Ils n’ont qu’à aborder Ovie pour que cette dernière apparaisse, toute fière, agitant son dessin dans les airs jusqu’à arriver à sa hauteur et lui attraper la jambe. « Tiens, tiens, quand on parle du loup ! » Il s’agenouille et lui fait les gros yeux, grand sourire aux lèvres en voyant le dessin qu’elle lui présente avec enthousiasme, un gribouilli bien de son âge qu’il s’empresse de complimenter, promettant déjà de le garder bien précieusement, comme tous les autres, et il ne ment pas, possédant déjà un fichier rempli de ses dessins. « Comment elle va, ma crevette ? » Il l’attrape pour la prendre dans ses bras et la petite fait mine de bouder, malgré son rire qui ne peut s’empêcher de passer la barrière de ses lèvres. « J’suis pas une crevette moi ! » Emily lui demande alors s’il veut boire ou manger quelque chose, et il repose simplement Ovie sur le sol en secouant la tête. « Non, si vous avez déjà mangé je vais pas t’embêter. Je veux bien un verre d’eau, par contre. »

Ils se dirigent tous les trois dans la cuisine, Ovie les suit joyeusement, chantonnant un air sûrement appris à l’école quelques jours plus tôt. Il l’adore, cette petite, et a déjà tellement hâte de voir sa réaction à l’arrivée de sa cousine. Il lui caresse le dessus de la tête en discutant avec sa sœur, gardant ses propres inquiétudes pour lui-même. « Oui, ça commence à être long pour elle. Pour moi aussi j’avoue. On a juste hâte qu’elle arrive. » Son sourire s’accentue un peu, empli de douceur en songeant à ce que sera la vie d’après. Il confie les quelques doutes dont Louise lui a fait part, quelques jours plus tôt, une inquiétude logique, et pourtant, comme le lui rappelle Emily, lui non plus, ne doute pas qu’ils s’en sortiront. Il acquiesce alors, reposant ses mains sur le comptoir. « Oui. Il va falloir qu’on s’acclimate un peu, mais je ne m’inquiète pas. » Il sait leur couple suffisamment solide et stable pour tenir. Il est surpris lorsque sa sœur lui demande comment il va, met un petit temps à formuler une réponse qui a du mal à venir, les yeux rivés sur ses doigts qui tapotent nerveusement le comptoir. « Ça va. Je vais bien, vraiment. J’ai juste… peur de tout faire foirer… » Il relève la tête vers sa sœur, rapidement, souriant en soufflant du nez avant de détourner à nouveau le regard, préférant concentrer la conversation sur ce qui leur reste à faire, à présent qu’ils sont rentrés. Naturellement, Emily ne tarde pas à lui proposer son aide, et ça le fait sourire. Elle est son roc, sa sœur, son soutien infaillible, quand bien même son emploi du temps est complexe. « Merci. » Il sourit, hésitant un peu à enchaîner sur ce qu’il venait justement lui demander. « Justement… Est-ce que tu as encore des choses que tu avais pour Ovie, qui ne te servent plus ? La baignoire de bébé, par exemple, des trucs comme ça ? » Son sourire se déforme un peu sous la petite gêne qu’il ressent à lui demander ce service, mais après tout, pourquoi racheter des choses qui peuvent être réutilisées ?

Elle parle de son travail, et il est content de savoir qu’elle peut enfin souffler un peu, après tout le travail d’acharnée qu’elle a fourni. On peut dire qu’elle a bien réussi, après des faux départs et pas mal d’imprévus, elle est parvenue à la hauteur de ses ambitions. Il éclate de rire à la mention de ses parents, grands-parents poules bien trop heureux d’avoir leur petite princesse rien que pour eux. « Après, si tu les écoutais, elle serait toujours chez eux ! » Il plaisante, tournant son regard vers sa nièce en passant sa main sur son visage pour l’embêter gentiment. « Mais tant mieux, c’est important aussi de pouvoir t’accorder ce temps-là. Et puis… Si jamais tu as besoin de sortir un peu, d’avoir ton temps à toi… Tu sais qu’on est là, hein. » Il sourit à Ovie, puis à sa sœur. Une petite allusion ici ? Peut-être un peu, même s’il n’insistera pas plus que ça sur le sujet.

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Son frère lui demande un verre à défaut d’accepter un repas, Emily s’active donc, non sans penser qu’il meurt de faim mais préfère se passer de sa nourriture. Tant pis pour lui, plaisante-t-elle dans son coin tandis que sa fille se défend du doux surnom que son oncle lui a attribué. Ovie n’est plus un bébé et elle le martèle dans ses phrases, autant que possible. Il est vrai qu’elle n’est plus un nourrisson ce qui crée à chaque fois un petit pincement au cœur de sa mère, tout de même ravie de la voir grandir, évoluer et développer son caractère bien à elle. Mais elle préfère garder cela pour elle et non préparer son frère à ce qu’il vivra dans plusieurs années. Il aura suffisamment le temps de le vivre à son tour, puis il est déjà inquiet pour la grossesse qui semble s’éterniser à son goût et celui de Louise. Em lui affirme qu’elle comprend leur impatience. Sa main se pose sur celle de son frère qui traîne sur le plan de travail et dit d’un ton très doux : “ Vous n’êtes pas les seuls, ici aussi ça s’impatiente. ” Un sourire taquin sur les lèvres, elle se tourne vers sa fille et s’adresse à elle : “ N’est-ce pas qu’on a hâte d’avoir un cousin ou une cousine, Ovie ? ” Cette dernière s’excite un instant, exprime ainsi une joie qu’elle ne peut contenir. Quant à Jamie, sa jumelle ne s’en fait pas. Son discours n’a rien de désolant, bien au contraire il lui semble très sain. La peur de “tout faire foirer”, pour reprendre les mots du futur parent, la ramène à nouveau dans des souvenirs plutôt heureux. Malgré l’absence d’un partenaire sur lequel s’appuyer, Em avait tout pour se sentir incapable de veiller sur un petit être. Pourtant, elle a survécu. Et bien plus que cela encore parce qu’elle se considère être une mère relativement bonne et capable. Ses proches l’ont soutenue, aussi bien moralement que lorsqu’il a fallu garder Ovie. Alors non, Em ne s’en fait pas. “ Tu ne vas rien faire foirer, sois-en certain, mais c’est normal que tu penses ainsi. On passe tous par là. Rappelle-toi de mon état pour Ovie, et je n’avais pas une superbe Louise à mes côtés. ” Et pour cause, sa belle-soeur et meilleure amie est une partenaire incroyable à avoir à ses côtés. Jamie, tout comme Louise, ont de la chance de s’avoir l’un et l’autre. Une réciprocité qu’Em admire. Elle lui propose toujours son aide parce que parfois, on a juste besoin de l’entendre, même si l’on sait que c’est une vérité marquée dans le marbre. Ce qui semble l’intéresser, c’est plutôt les anciens vêtements d’Ovie qui pourrait lui resservir. “ Ne m’en dis pas plus ! ” plaisante-t-elle en se hâtant soudainement vers la chambre d’amis et revenant tout aussi vite, un sourire très fier aux lèvres, un grand bac dans les mains. Elle peine à l’apporter et doit reprendre un peu son souffle une fois posé sur le plan dans la cuisine. “ J’ai déjà tout préparé, j’attendais que tu me le demandes. Dedans il y a tout ce qu’il faut pour les premiers mois, hormis ce qui ne rentre pas dans la boîte évidemment. ” Toute excitée, elle s’absente à nouveau, un peu plus longtemps qu’auparavant, et revient les bras chargés d’une chose peu identifiable. “ Ça, c’est le graal. Profite du spectacle ! ” Elle appuie sur un bouton de son index, le geste exagéré, puis d’un seul coup une poussette s’ouvre d’elle-même. Ça lui a coûté un bras, mais elle ne regrette cet achat pour rien au monde. Ovie est aujourd’hui trop petite pour y rentrer, mais impossible pour Em de s'en séparer. Tout comme ses vêtements et autres objets lui ayant appartenu que sa mère est prête à céder à son frère et sa meilleure amie, le cœur rempli d’émotion et de joie. “ Tadammmm ! ” Ovie se détache de son oncle, trop excitée par celle communicative de sa mère, et demande à redonner la chambre à cette poussette. “ Tu es trop petite, chérie. ” que lui répond Emily en la soulevant, non sans mal, et feignant de la mettre en place. Ça suffit à ce qu’Ovie s’en désintéresse. La petite est alors au cœur de la réponse d’Em quand son frère lui demande comment elle se porte. Rien de plus franc, elle se confie sur l’équilibre qu’elle a trouvé entre sa vie professionnelle et personnelle, lui permettant à présent de passer plus de temps avec sa fille et que cette dernière soit moins chez ses grands-parents. Non pour le plus quand plaisir de ces derniers. “ Oui, pas faux. ” plaisante-t-elle à son tour. “ Oui je sais bien. Pour le moment ce rythme me convient. Ma promotion en tant qu’associée me permet de m'organiser plus ou moins comme je le souhaite. C’est une très bonne chose. ” Les soirées à gogo ne l’intéressent plus tellement, non pas que se montrer parmi la société mondaine n’ait jamais été sa came mais elle a dû sacrifier bien du temps auprès des siens pour le bien de sa vie professionnelle. Aujourd'hui, Em espère que cela est révolu.

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♫ La main d’Emily sur la sienne lui arrache un petit sourire entendu, avant que sa sœur ne s’adresse à Ovie, et qu’il suive son regard vers la petite fille qui acquiesce à grand coup. Il a hâte lui aussi, hâte de voir les deux petites apprendre à se connaître, espérant de tout coeur les voir fourrées ensemble, de la même manière qu’eux avec leurs cousins, plus jeunes. Il est heureux d’avoir sa sœur à ses côtés, toute sa famille à proximité, éléments indispensables à ses yeux, il aurait bien du mal à composer sans eux. Il répond honnêtement à la question de sa jumelle, n’ayant rien à cacher à celle qui connaît la moindre de ses mimiques par cœur. La confiance en lui, ça n’a jamais été tellement son fort, et à l’heure actuelle, s’il rêve de pouvoir porter son bébé dans ses bras, l’idée de ne pas être un bon père le terrifie. Et si elle ne l’aimait pas ? Si elle le rejetait entièrement ? S’il se révélait trop sévère ou, au contraire, trop laxiste ? Si, tout comme sa mère, elle partait en claquant la porte à peine sa majorité obtenue pour ne plus avoir à les supporter, tous les deux ? Il y a tant de choses qui tournent en ce moment dans sa tête, tant de possibilités de tout gâcher, et il se retrouve parfois paralysé par cette peur-là. Ses parents ont été exceptionnels, et s’il y a bien un modèle sur Terre à ses yeux, ce sont bien eux. S’il n’était pas à la hauteur ? Il tait chacun de ses doutes à sa femme, ce constant besoin de la protéger des inquiétudes alors qu’il s’agace de la voir faire exactement la même chose. S’il y a bien au moins une chose de certaine, c’est qu’eux deux, il n’y aura jamais aucun doute sur l’amour qu’ils se portent.

Emily le rassure et il esquisse un petit rire, baissant la tête en acquiesçant machinalement avant de redresser son regard sur sa sœur, serrant un peu sa main, comme un soutien silencieux. « Tu nous avais, nous. » Ce n’est pas tout à fait la même chose, c’est certain, mais ils ont toujours fait un maximum pour que l’absence du géniteur -il ne pourrait pas l’appeler autrement- d’Ovie soit le moins difficile possible. « Pour le reste, j’espère que tu as raison. » Il laisse traîner son sourire, tâchant d’ignorer ses quelques angoisses quant à l’avenir, conscient pourtant de toute sa chance. Être si bien entourés, ce n’est pas donné à tout le monde. Et justement, Emily ne tarde pas à lui proposer son aide, et il sait parfaitement qu’il pourra compter sur elle, de la même manière qu’elle peut compter sur lui. Il profite de ce petit moment pour lui demander ce qui manque à leur liste, certains objets qu’ils avaient déjà, avant, mais dont ils se sont séparés en pensant ne jamais avoir d’enfant. Ils n’oublient pas, n’oublieront jamais, mais se sont promis de ne jamais laisser leur fille porter ce fardeau.

Em s’illumine à sa demande et sort bien vite de la pièce, sous les yeux circonspects de Jamie et sa nièce, qui s’échangent un regard d’incompréhension avant de la voir revenir, les mains remplies d’un grand bac dans lequel sont entassées tout un tas d’affaires familières. Elle le pose sur le plan de travail et il pioche à l’intérieur, attrapant l’excitation de sa sœur au vol en voyant les tous petits vêtements de bébé, les différents jeux d’éveil, et autres essentiels. « Tu es sûre que tu ne veux pas garder tout ça ? Ça ne va pas te manquer ? » Il a du mal à se dire qu’Ovie ne rentre déjà plus dans ces vêtements, un petit pincement au cœur en comprenant que le temps passe bien trop vite. Elle repart aussi sec, ne revenant que quelques minutes plus tard avec une armature qu’elle semble impatiente de montrer. Il s’éloigne du bac, s’approchant d’elle pour inspecter ce qu’Emily trafique, les mains posées sur les hanches, sourcils froncés. Lorsque la poussette se révèle, il pousse un « oohh » d’étonnement avant de rire, se remémorant le fameux objet, tandis que sa nièce lui file entre les jambes pour réclamer la poussette. Il n’y a pas si longtemps, c’était elle, à cette place. Le spectacle est un peu émouvant, il la revoit déjà tout bébé, dans les bras de sa mère alors qu’elle venait tout juste d’accoucher.

Trouver un équilibre entre sa vie professionnelle et personnelle a été un sacré challenge pour Emily, mais il est ravi de la voir le trouver. Si leurs parents se plaindront bientôt de ne plus voir leur petite-fille comme avant, la jeune femme, elle, peut ainsi profiter de sa fille de la meilleure des manières. « Je suis content pour toi. » commence-t-il, sincère, et profondément admiratif de la force qu’est sa jumelle. « Tu peux vraiment être fière de tout ce que tu as accompli jusque-là… » Il lui sourit encore, s’approchant pour placer une main bienveillante sur son épaule. « Et c’est loin d’être terminé ! » fait-il en riant gentiment. Tout ce qu’elle a, elle s’est battue pour l’avoir, et il n’y a pas plus grande satisfaction que de voir que ça fonctionne. « Tu penses à te reposer un peu, quand même ? » Question presque rhétorique, mais il tente quand même, l’inquiétude pour ses proches le caractérisant parfois un peu trop.

tw: aucun pour le moment.

“ N’ai-je pas toujours raison ? ” plaisante une Emily taquine qui tente de rassurer son jumeau quant au futur qui l’attend. Elle aussi a connu ces doutes, ces questions envahissantes qui n’ont plus aucune validité une fois que son enfant est enfin dans ses bras. Le cri libérateur, le cri réparateur. Il suffira d’un cri pour que tous les doutes sautent. Quant au reste, Em a confiance en son frère et sa meilleure amie. Et si problème il y a, toute la famille sera présente pour les épauler, mais ce n’est même pas une possibilité qui vaut le coup d’appréhender en amont. Il faut simplement vivre le moment présent, savourer chaque instant car ça passe vite. Terriblement vite. Ovie va bientôt entrer à la grande école, une ineptie pour sa mère dors et déjà quelque peu nostalgique. Et cette dernière n’a pas fini d’orner son humeur parce qu’à peine la question formulée par Jamie, voilà une Emily qui se rue sur les anciennes affaires d’Ovie bébé et les présente à son frère qui s’amuse également à piocher des pièces. “ Oh que si ça va me manquer, ça me manque tous les jours. Le temps passe si vite… ” Son regard se pose sur sa fille, les larmes lui montent presque aux yeux mais elle se reprend. “  J’ai fait le tri en amont, j’ai gardé ce que je souhaitais garder. Plus que de raisonnable, d’ailleurs, mais je tiens à ce que ces affaires servent aux plus de bébés possible de la famille. Vois-le comme une nouvelle tradition ! ” Imaginer sa nièce porter les vêtements de sa fille et jouer avec les anciens jouer de sa fille a bien plus de valeur que de laisser ces affaires dans une boîte en plastique. Ça n’aurait fait aucun sens. Alors, dès qu’elle a su pour la grossesse de Louise, l’agente immobilière de luxe a fait de la place dans son agenda afin de faire le tri, toute excitée.  Ce n’est donc pas aujourd’hui qu’elle va changer d’avis. “ Deal ? ” Jamie sait très bien qu’il n’a pas tellement le choix car la voilà en train de déplier une poussette à “ouverture facile”. Il faut prendre le coup, voilà tout. Ravie d’avoir réussi, Emily se tourne vers Jamie d’un air de vainqueure. “ Ce bijou m’a sauvé la vie plus d’une fois. Il faut juste avoir le coup de main, une semaine d’entraînement devrait suffir. ” exagère-t-elle  à peine.

C’est avec sourire que Jamie la complimente sur son parcours. Il faut dire qu’elle est passée par de drôles de défis, à devoir se consacrer presque exclusivement à son ascension professionnelle et ne voyant presque plus sa fille, à réussir à devenir associée et à reprendre un rythme plus correct et adapté à une vie de famille. Ça fait chaud au cœur d’Emily que son travail soit récompensé. Plus, que son frère se rende compte des enjeux qu’elle a surmontés. Mais il s’inquiète, encore et toujours, du Jamie tout craché. Alors à Em de le rassurer : “ Oui, cher frère, comme je te l’ai dit tout revient à la normale. ” Si vendre des villas à plusieurs millions d’euros peut être considéré ainsi. “ Nous avons même repris nos soirées vendredi traditionnels avec les filles. C’est que tout va bien. ” Elle évoque ici ces soirées entre amies qu’elle organise depuis des années maintenant, qu’elle a manqué un bon nombre de fois jusqu’à récemment. Dieu ce que ça lui avait manqué. “ Ovie ma chérie, il va être l’heure d’aller te coucher. Tu fais un dernier gros bisous à tonton Jamie ? ”  lance-t-elle à l'intention de sa fille.

tw: ràs

♫ La boîte que lui présente sa sœur est remplie à ras bord de vêtements et d’objets qu’il ne connaît que trop bien. Des vestiges d’une époque révolue, et pourtant pas si lointaine que ça, puisque la petite à qui tout appartenait n’a même pas encore cinq ans. On dirait que c’était hier qu’elle passait encore dans cette petite grenouillère de bébé, toute joyeuse, ses dents pas encore tout à fait faites. Il s’étonne de voir sa mère se séparer ainsi de cette précieuse collection, et ses mots font écho à ce sentiment. Il regarde une seconde Ovie pour constater le passage de ce temps, souriant presque tristement à se dire qu’en effet, le temps passe bien trop vite. Il aperçoit les yeux de sa sœur s’humidifier légèrement, trop peu pour que les larmes s’échappent, mais bien assez pour les rendre vitreux. Il s’approche alors et passe gentiment son bras autour d’elle un instant, la secouant doucement avant de la relâcher. Elle se reprend finalement et il suit le ton, accentuant son sourire en acquiesçant à sa proposition, touché. Ils n’avaient pas eu le temps pour tout ça, la dernière fois. Un petit tic au cœur qu’il aura toujours, mais avec lequel il apprend à vivre, progressivement. Leur première fille sera toujours une part d’eux, peu importe les années qui passent. Et il attend avec impatience la venue de cette nouvelle petite fille, un trésor qu’il compte bien chérir plus encore que si ce passif n’avait pas existé. « Merci, alors ! Je l’aime déjà, cette nouvelle tradition. Et qui sait, ces affaires ne seront pas bien loin, si jamais… » Un petit coup d’épaule qu’il lui offre, gentillet, sans vraiment de réel poids à ses mots, simplement l’idée que la porte n’est jamais totalement fermée, après tout.

« Deal. » acquiesce-t-il avec le sourire en l’observant batailler un peu pour ouvrir la poussette qu’elle a maintenant entre les mains. « Oh, si c’est l’histoire d’une semaine d’entraînement alors… ! » Son léger rire perce la barrière de ses lèvres, et il s’approche à son tour de l’objet pour l’analyser, tâcher de comprendre à nouveau comment il peut bien fonctionner, bien qu’il l’ait déjà tâté, il y a quelques années. « Merci, Em… C’est vraiment adorable. Je te promets qu’on en prendra grand soin. » Et ça n’a rien d’une promesse en l’air. Ces artefacts ont quelque chose d’important, au moins sentimentalement, et l’idée de les perpétuer au travers de leur famille est plaisante. Il faut dire que, s’ils avaient commencé nombre d’achats pour Ellie, ceux-là ont trop vite fini abandonnés, vendus, ou donnés, pire encore, il se souvient encore de sa rage déversée sur le berceau, qui s’est brisé en mille morceaux. Ils n’y croyaient tellement plus, après ça. Mais cette fois, c’est différent, et il a hâte.

Il ne tarit pas d’éloges au sujet de sa sœur, qui a réussi à relever bon nombre de défis depuis que sa fille a pointé le bout de son nez, et même avant ça. Si ça a été compliqué, sa vie souvent sur un flux tendu, aujourd’hui, elle peut fièrement dire qu’elle a réussi à allier sa fille et son travail. Il acquiesce en souriant, se moquant de lui-même et de sa capacité à toujours s’inquiéter, peu importe la situation. « Bon, si tu le dis. Tant mieux, alors. » Elle mentionne les soirées du vendredi qui ont repris, et il fait mine de soupirer. « Oui, j’ai cru comprendre que tu me volais à nouveau ma femme ces derniers temps ! » Il laisse échapper un rire, absolument pas sérieux quant à sa fausse jalousie. Au contraire, il est même ravi de constater que la vie reprend son cours, après des mois tumultueux. Elle s’adresse à Ovie qui se fait boudeuse alors que sa mère lui indique qu’il est bientôt l’heure d’aller se coucher. La petite s’approche malgré tout de lui pour lui proposer un bisou, et il l’attrape dans ses bras pour lui offrir un câlin. « Allez, crevette, c’est l’heure ! On se revoit bientôt, de toute façon. » Il dépose un baiser sur sa joue avant de la reposer sur le sol en secouant affectueusement ses cheveux, puis il s’adresse à sa sœur. « Tu veux que je te laisse ? Ou je vous accompagne ? »