Well, pick me up with golden hands (ft Emily)

tw: ràs

♫ Un peu plus de deux semaines qu’ils ont emménagé dans leur nouvelle maison, une jolie demeure sans prétention mais qui leur donne à nouveau cette sensation qu’ils attendent depuis bien longtemps, de se sentir chez eux. Dans leur quartier, avec leurs habitudes, un peu plus loin que leur ancienne maison, mais c’est tant mieux. Les souvenirs douloureux y sont encore trop rattachés, et une petite distance ne fait pas de mal. Il reste encore des travaux à faire, mais les plans se dessinent et ils imaginent à deux l’environnement qu’ils veulent créer, autant pour eux que pour ce petit miracle qui approche. Sa chambre est encore en travaux, elle aussi, et si le berceau qu’il lui a confectionné trône au centre d’un mur, si des étagères accueillent quelques vêtements, accessoires pour bébé et autres essentiels, ils sont encore bien loin d’avoir fait le tour de cette liste qui ne lui paraît jamais diminuer. Il ne reste que deux petits mois à peine, et voilà la panique qui s’installe doucement dans sa tête, alors qu’il voit tout ce qu’ils auraient dû faire avant, tout ce qu’il leur manque. Et avec ce stress, s’accompagne celui de savoir s’il saura bien s’occuper d’elle, naturellement. Une angoisse qui monte en puissance à mesure que le temps avance, alors que le monde des bébés ne lui est pourtant pas inconnu, qu’il passe et a toujours passé du temps avec ses nièces, ses neveux, et même plus éloignés que ça. Mais après tout, être ce tonton drôle qui garde les enfants de temps en temps, et être père de l’un d’entre eux, c’est encore différent. L’angoisse, aussi, de savoir s’il saura se tenir, si l’envie d’un verre qui lui vient parfois, lorsqu’il se sent dépassé, pourra être tue. La peur d’un craquage un peu trop facile, mais il espère que la simple pensée de sa petite famille suffira. Ses démons ne sont jamais bien loin derrière lui, il le sait pertinemment. Pourtant ce jeton lui rappelle qu’à quelques mois près, cela fera presqu’un an qu’il a retrouvé son chemin.

Aujourd’hui, il a appelé sa sœur à la rescousse. Ou plutôt, il lui a demandé bien gentiment s’il pouvait passer, dans l’espoir qu’elle puisse apaiser son stress et peut-être aussi lui partager quelques objets bien utiles pour un bébé, qui ne lui servent plus depuis qu’Ovie a grandi. Un peu pour la blague, il est passé chercher des fleurs chez le fleuriste du coin. Petit clin d'œil obligé aux messages qu’ils se sont envoyés. Ils se voient régulièrement, toujours inséparables malgré les années, même s’ils ne sont plus autant fourrés l’un chez l’autre comme avant, elle est la gardienne de ses secrets et il l’est aussi des siens. Il arrive devant la porte de sa maison et n’y sonne qu’à peine avant de pousser la poignée pour entrer, prudemment, à l’intérieur, habitude un peu trop envahissante peut-être, et pourtant, c’est quelque chose de naturel. Une petite partie de lui aurait aimé qu’ils soient voisins, à quelques mètres l’un de l’autre, un jardin qu’ils auraient pu partager, et en même temps, il est parfaitement bien là où il est, et sans doute que cette légère distance est bénéfique, aussi. « Ems ? » Il l’appelle, avançant doucement avant que sa sœur n’apparaisse dans son champ de vision, et qu’un sourire ne vienne naturellement se loger sur ses lèvres en la voyant. Il lui tend les fleurs, l’air taquin alors que ses fossettes ne creusent un peu plus ses joues. « Alors ? Franchement, avoue, c’est le début d’une belle déclaration non ? » Il rigole en enlaçant sa jumelle. Ça ne fait pas si longtemps qu’ils ne se sont pas vus, mais quelques jours sans la voir, c’est déjà beaucoup. « Elle est là, Ovie ? » Evidemment qu’il s’enquit aussi de sa petite nièce adorée, première princesse de cette famille, il se réjouit à l’idée qu’une autre arrive, de son côté.

tw: aucun pour le moment.

S’il y a bien une chose qu’elle chérit de tout son cœur, c’est sa famille.
Emily est une acharnée de travail. Elle a fait et continue de faire de nombreux sacrifices au profit de son job. Elle n’est pas aussi présente qu’elle l’aimerait pour sa fille, pour les siens, même si elle fait déjà beaucoup. Ce qu’elle aimerait pouvoir se scinder en deux ou bien qu’il y ait plus d’heures en une journée ! Mais à défaut de voir ses souhaits se réaliser, Emily se contente de faire de son mieux. Ces derniers temps elle parvient à trouver un équilibre, une organisation qui lui permet de véritablement trouver une stabilité. Ne pas sombrer dans son travail, ne pas se laisser déborder de toutes parts. Depuis qu’elle est montée en grade (un vilain euphémisme), tout s’est accéléré. Dire que la période où elle a dû se donner plus que jamais pour prouver sa valeur et à quel combien être érigée à la tête de l’Ocean Agency était rude, garder cette place durement acquise l’est d’autant plus. Les responsabilités se multiplient : la gestion du personnel, des ventes de chacun, les siennes, les rendez-vous et autres réunions qui n’en finissent plus. La vague aurait pu mener à la noyade, mais Emily est faite pour le poste. Son ambition n’a pas eu les yeux plus gros que son ventre, elle avait prévu le raz-de-marée. C’est pourquoi elle ne se sent pas crouler sous le travail. Du moins pas plus qu’auparavant. Elle sait s’organiser et compartimenter sa vie. Il y a le travail, certes, mais il y a sa vie privée qu’elle protège plus que tout. Elle favorise les moments de qualité plutôt que de quantité.
Cette soirée est la parfaite représentation de sa pratique. Elle a pu rentrer tôt, aller chercher sa fille à l’école (ce qu’elle ne parvient pas à faire tous les jours), faire un tour au parc du coin, profiter d’un goûter délicieux attrapé au café du coin qu’Ovie adore. La petite a pu profiter de sa mère qui poussait la balançoire afin “ d’atteindre les étoiles ”, comme elles aiment le dire. Puis elles sont naturellement rentrées à la maison, rien que toutes les deux. Elle aurait pu passer chez ses parents, mais pour une fois qu’elle avait sa fille rien que pour elle, Em voulait en profiter. Presque égoïstement. Mais elle savait que son rare moment de présence attirerait les vautours ! Un vautour en particulier ! Son jumeau, Jamie, qui lui a envoyé un message pour passer ce soir-là. Et parce qu’elle ne peut jamais lui dire non et qu'elle aime tant sa présence, Em a bien évidemment accepté.

Parfois, Emily se dit qu’avec Jamie, ils sont la parfaite représentation caricaturale des jumeaux. Ils se comprennent si bien, parfois sans avoir besoin de parler. Ils passent le plus de temps possible ensemble et ont bien du mal à être séparés trop longtemps. Jamie est son roc. Son double. Il est celui qui a toujours été là, même dans les moments où personne d’autre n’aurait pu l’être. Em aime chacun des Williams, elle aime profondément sa famille dont elle est si fière, mais il y a un quelque chose chez Jamie, une évidence telle, qu’elle finit par attendre avec impatience son arrivée.
Alors, quand elle entend sa voix d’homme l’appeler depuis l’entrée, Em s’empêche de courir à sa rencontre (il ne faudrait pas trop l’encourager à venir on plus !). “ Oui ! ” lance-t-elle tout de même, venant à sa rencontre. Elle interrompt le dîner qu’elle fait réchauffer et s’empresse de le rejoindre.
Elle s’apprête à l’enlacer rapidement en guise de bonjour quand elle remarque que ses mains sont occupées par un bouquet de fleurs qu’il lui tend. Em l’arrache de ses mains et roule des yeux. “ Tu es en retard ! ” Jamie évoque la requête lancée par sa soeur concernant une déclaration qu’il devrait lui faire s’il voulait qu’elle accepte sa présence ainsi que l'heure qu'il n'a pas respectée. Elle finit par accepter l’accolade, feignant d’être agacée.
“ Elle termine un cadeau pour tonton Jamie... Elle devrait arriver d’ici une minute. ” Em insiste sur le cadeau qui n’a rien d’une surprise puisqu’Ovie est une passionnée de dessin. Elle en distribue à la pelle à toute la famille. Emily pourrait la regarder pendant des heures en train de dessiner, de faire de son mieux, l’air concentré avec son bout de langue sorti, pour réaliser sa meilleur production. Elle se demande d’ailleurs si sa fille aime réellement dessiner ou si ce qui la motive tant est de ravir ses proches. Cette pensée attendrit à tous les coups une Emily fière.

“ Comment va Louise ? Je ne l’ai pas eue aujourd’hui. ” que demande Emily qui n’a guère besoin de demander à son frère de la suivre jusqu’à la cuisine, qu’il le fait déjà. Elle s’interroge sur Louise, sa grossesse particulièrement. Connaissant le passif du couple, Em ne peut que se montrer présente. Pour y être passé, elle sait que chaque jour de grossesse est différent alors elle se montre très attentive à sa réponse.

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♫ Il a toujours été du genre à s’inquiéter un peu trop de tout, un peu trop pour les autres, ses proches en première ligne. Cette grossesse n’a fait qu’accentuer ce trait. Ils ont passé les premiers mois avec la boule au ventre, l’angoisse de voir l’histoire se répéter, avec l’incertitude d’avoir la force de surmonter à nouveau une telle épreuve. Pourtant, cette fois-ci, tout leur a souri, les médecins leur ont répété encore et encore que tout allait bien, qu’il n’y avait aucun problème à l’horizon, et si la peur a petit à petit laissé sa place à l’espoir, au bonheur qui se profile, l’inquiétude demeure. Il se méfie de chaque petit hoquet de travers, chaque main que Louise peut poser sur son ventre, de quelque rictus qui indiquerait la moindre gêne, pour autant parfaitement normale. Et à mesure que le temps avance, c’est l’angoisse de ne pas être à la hauteur, de ne pas être assez bien préparé, de ne pas savoir comment agir. La peur, aussi, dont il ne parlera jamais, que son exemple ne soit pas le bon, qu’un manquement le fasse replonger, qu’une mauvaise passe l’amène à un verre, malgré toutes ses promesses. Louise se montre rassurante, en apparence plus calme que lui, bien qu’il se doute qu’elle ne lui avoue pas tout. Une sale habitude de prise par chacun d’eux pour épargner l’autre lorsque l’idée serait pourtant de tout partager. Mais ils y parviendront.

C’est dans cet état d’esprit embrouillé qu’il arrive chez sa soeur, un besoin de réconfort, de réassurance, parce qu’à elle, il ne peut rien cacher, rien qu’un rictus et elle saurait immédiatement. C’est aussi la seule à qui il oserait demander quelques petites nécessités qu’ils ne se sont pas encore procurées. En retard de quelques minutes, il a malgré tout un joli bouquet de fleurs entre les mains, et son grand sourire pour la convaincre de toute l’affection qu’il lui porte. Même si, à vrai dire, ils ne manquent déjà pas de se le rappeler régulièrement. A sa remarque, il soupire bruyamment, regardant rapidement sa montre alors qu’Emily lui a déjà arraché le bouquet des mains. « Dix minutes ! Juste dix minutes, ça va, non ? » Si de son côté à elle, tout est souvent millimétré, ce n’est pas vraiment son cas, et ils s’en amusent souvent, se taquinant l’un l’autre sur ce fait. Il profite de l’accolade pour lui faire un bisou sur la joue avant de réclamer sa petite nièce adorée. Il a hâte à l’idée de voir sa fille jouer avec elle, d’ici quelques années, une vision qui apaise déjà son esprit. Il a la chance d’avoir cette famille, cette proximité à toute épreuve. Il rigole tandis qu’Emily lui parle de la fameuse surprise d’Ovie, un nouveau dessin à afficher sur son frigo, hochant lentement la tête en haussant les sourcils, amusé, feignant l’étonnement. « Oooh ! Un cadeau.. Je me demande vraiment de quoi il s’agit ! » Il continue de rigoler gentiment, ayant parlé un peu plus fort dans l’espoir que la petite l’ait entendu. Il ne serait pas étonné de la voir poursuivre le dessin, plus tard.

Il suit naturellement sa sœur dans la cuisine, tapotant sur son plan de travail à sa question. « Ça va. Elle en a surtout marre, en ce moment. Et elle s’inquiète un peu de l’après… pour nous deux. » Il sourit un peu timidement, se remémorant la discussion qu’ils ont eu quelques jours plus tôt. L’arrivée du bébé va bouleverser leur quotidien, ça ne fait absolument aucun doute. « Mais elle va bien. J’ai même plutôt envie qu’elle se repose un peu plus. Et le bébé va aussi très bien. Elle devrait arriver en pleine forme ! » Un petit rire qui retentit avant qu’il ne baisse un peu la tête, un sourire comme coincé sur ses lèvres. « Il nous reste encore pas mal de trucs à préparer… C’était bien la tournée, mais on a pris beaucoup de retard, du coup… » Il glisse ses doigts machinalement sur le plan de travail de la cuisine d’Emily, les yeux rivés dessus plutôt que de regarder sa sœur, l’angoisse presque palpable. Il finit par relever la tête sur elle, accrochant un nouveau sourire à ses lèvres. « Et toi alors ?! Ça va ? Tu t’en sors, en ce moment ? » Il a un respect profond pour elle, d’avoir réussi à mener sa carrière tout en éduquant sa fille majoritairement seule. Ils étaient là pour l’aider, certes, mais ce n’est pas pareil. Elle est forte, sa sœur.