I want you to hold out the palm of your handZisel. Gamin autiste sensible, “hypersensible” selon les adultes qui l’entourent. Il ressent trop fort la souffrance des autres, alors il préfère s’isoler avec ses bande-dessinées dans la cour de récré. S’effacer, comme le font ses parents, beaucoup trop omnibulæs par leur premier enfant miracle, leur petit·e prodige qui fait tout mieux que lui. Dont les dessins finissent encadrés tandis que les siens finissent au mieux en papier brouillon ou au pire à la poubelle. Alors Zusman dessine en cachette, garde ses histoires de super-héros pour lui. Ça va que plus tard, saon benjamin·e naît et lui permet de jouer les coiffeurs.
Zus. Le collège pardonne pas, surtout quand on est le geek au grand nez enfoui dans ses comics, aux grandes oreilles qu’il essaye de cacher comme il peut avec ses cheveux longs, dans lequelles jouent du Metal. Zus intègre un peu plus qu’il fait partie des indésirables, des moches, des bizarres. Mais la puberté est clémente avec lui et son masking fonctionne : ça s’arrange au lycée. C’est le gars chill et sympa, qui s’entend avec tout le monde. Les cool kids, comme les cancres, les nerds, les geeks ou les queers alternatifves et outcasts. C’est avec ces dernier·es qu’il lie les liens les plus profonds et y trouve progressivement sa famille choisie. Même s’il manque toujours de confiance en lui, c'est une tête dure qui refuse de se plier aux règles qu’il juge injustes ou insensées, méprise le concept de hiérarchie et ne sait pas se taire face à l’injustice. Sauf quand ça le concerne lui : il ne trouve pas la force ni le courage de faire quoique ce soit quand sa copine de l’époque le trompe avec son meilleur ami.
L’université ne l’intéresse pas, Zus veut vite être indépendant. C’est le point de non-retour pour ses parents, pour qui leur fils devient officiellement synonyme d’échec. Mais on ne dit pas à Zus comment vivre sa vie, et à ce stade, il est habitué à son rôle de déception familiale. Il se trouve un emploi en tant qu’ouvrier du bâtiment, dans lequel il trouve fraternité et stabilité financière. C’est un jeune homme aux aspirations et envies simples, ça lui convient. Il a un toit, de quoi manger et s’amuser. Il évolue dans divers groupes amicaux, y tient le rôle du mec discret, bienveillant et effacé. Il parle poésie avec les rappeurses, refait le monde avec les punks, partage son amour de la musique avec les metalheads, son amour de la route avec les bikers.
Y a "Lily", elle est en détresse et lui veut la sauver. Elle attend de lui un bad boy violent car c'est ce qu'elle a toujours connu. Il ne lui donnera jamais ce qu'elle attend, alors elle essaye de saboter la relation comme elle peut, incapable de le quitter. Elle le trompe sans cesse, avec des mecs "plus virils", "plus forts". Une tornade, cette fille, qui l’emporte dans l’alcoolisme et l’addiciton à la kétamine. Qui disparaît et le laisse échoué comme un épave, sa confiance en lui définitivement achevée.
Puis y a Lena. Elle aussi souffre et Zus n’a pas appris la leçon : il veut la sauver à défaut de ne pas avoir pu sauver Lily. C’est la première qui n’attend pas de lui un bad boy. Elle apprécie toute sa tendresse, sa douceur. Mais Zus s’affirme pas assez, alors elle le compare sans cesse à son ex dans l’espoir de l’y pousser. Les deux ne savent pas que son cœur est scellé à celui-ci. Jusqu’au jour où un gars moleste Lena. Les dernières années ont été difficiles : il a perdu deux ami·es aux armes de la police, sa grand-mère d’une maladie. Son grand-père, la seule figure parentale aimante et présente pour lui, est passé à côté de la mort et a décidé de retourner vivre en Europe. Zus craque, lâche toute la colère qu’il a refoulée toute sa vie sur l’agresseur. Il témoigne d’une violence extrême, vicieuse et acharnée. Lena lui dit que Tyler lui n’aurait jamais fait ça. C’est la comparaison de trop, il s’en va sans plus donner de nouvelles.
Zeus. Alarmé par la violence dont il a témoigné, il s’inscrit à un club de boxe dans l’espoir d’évacuer sa colère. Il y recroise "Ed", qu’il connaît déjà de du motorcycle club et de la scène Metal. Ed est plein de bonnes intentions, quand il le présente à ses potes dans le club - des bikers que Zusman n'a jamais vu avant. Des gars qui boxent pour les mauvaises raisons. Mais tous l’accueillent dans leur “fraternité”, l’encouragent à "man up", célèbrent le "vrai bonhomme" qu’il devient, le valorisent. Les filles aussi, d’ailleurs, alors qu’il a toujours été le plan Z pour elles jusqu'à ce moment. Il reçoit aussi soudainement l’approbation, l’affection de son oncle "Adir", qui avait toujours jugé son neveu de lopette jusqu’ici. Celui-ci devient la figure paternelle que son père n’a jamais été. Il a toujours été comparé à X, dévalorisé par rapport à Y, alors pour Z, c’est la consécration. Il est rebaptisé Zeus, et change complètement au fil des mois. C’est un caïd machoman, bagarreur, bourrin et grande gueule. Ses paroles imitent celles de ses “frères” et de son oncle : misogynes, homophobes, virilistes. Mais contrairement à eux, pour Zeus, ça s’arrête aux paroles. All bark no bite. Il est convaincu d’être la meilleure version de lui-même. Revanche sur toustes celleux qui l’ont laissé sur le côté, sur lui-même, d’avoir été “faible” et de s’être laissé faire. Il l’ignore, mais c’est aussi un refoulement total de sa bisexualité.
Blondie, oh, blondie. Il la rencontre à une soirée Metal et c’est l’alchimie instantanée. Als deviennent partenaires BDSM et il ne s’en rend pas compte, mais c’est elle qui lui permet d’explorer sa masculinité et la violence de manière saine. Blondie, il ne connaît même pas son nom et pourtant elle occupe toutes les pages de son carnet, sous forme de croquis ou de poèmes. Mais un vrai bonhomme ça laisse pas son esprit se soumettre à une gonzesse, alors il ne lui avoue pas ses sentiments. Puis sûrement qu'elle finirait pas le remplacer, elle aussi.
Sa “fraternité” est de plus en plus demandeuse. Véritable culte de la virilité aux rituels cruels, l’incitant à toujours consommer plus de cocaïne et s’adonner à toujours plus de violence quand ils ne lui en infligent pas eux-mêmes. Leurs discours sont de plus en plus haineux, de plus en plus ciblés. C’est son meilleur ami qui lui ouvre les yeux : ce n’est pas une fraternité, mais une secte masculiniste. C’est après avoir finit à l’hosto qu’il craque dans les bras de Blondie. Il ne peut plus encaisser le rôle de Zeus, de toute la violence, la censure de ses émotions, la performance qu’il demande. Il part deux mois en Europe retrouver son grand-père et en revient le cœur replacé au bon endroit. Il rejoint un nouveau club de boxe avec un professeur aux intentions nobles. Ça y est, il peut enfin vivre paisiblement, et il espère que ça sera avec Blondie. Mais elle disparaît, laisse un appartement vide et une ligne injoignable derrière elle.
Zuski. La rupture qui n’en est pas une a été violente et difficile, mais il parvient à le prendre comme un retour de karma, une leçon de vie. Il en a appris ce qu’est la masculinité saine et solide, qu’un “vrai bonhomme” n’avait de sens que celui qu’il lui donnerait : un homme doux, empathique, courageux et responsable. Il ne refait pas l’erreur de nier son passé, admet que Zeus comportait des parties de lui qu’il taisait. Il en a retiré sa force, sa tenacité, son affirmation - utile seulement quand équilibrée par la douceur, la sensiblité et le calme de Zus. The best of both worlds.
Besoin de se distancer des scènes Metal et bikers, traumatisé par leurs recoins fascistes. Il s’approche du Blues et de la Soul, s’y fait un ami. Celui-ci a une sœur : Abby. Als flashent l’un·e sur l’autre. Als se marient, ont deux enfants, Elijah et Ariel, arrivée en même temps que Mandy, une pitbull grise. Il arrête le tabac, la kétamine et la cocaïne. Als construisent un foyer débordant d’amour et de douceur.
Z. Visite d’un policier à son travail. “Accident de la route impliquant votre famille” “n’ont pas survécu” “négligence d’un conducteur ayant également perdu la vie”. Le reste est flou. Chagrin anesthésié à la kétamine, colère noyée à l’alcool. Overdoses sur comas éthyliques sur crises suicidaires. La tentative finale, réveil à l’hôpital. Dr. Lena Shepherd-Kane à son chevet, le nom de celui à qui son cœur a toujours été scellé apposé au sien, enceinte de ses enfants. Alors que lui a tout perdu.
Zusman. Il se relève doucement, se dessine, montre ses couleurs - rose, violet, bleu. L’espoir dans les bras de cet homme qui lui fait re-découvrir l’amour. Il finirait bien ses jours à ses côtés. Mais il croit reconnaître des crins dorés dans la foule d'O'side.