I want you to hold out the palm of your hand{{ mcgrath }} Une heure que t’es caché derrière ton buisson à épier les moindres faits et gestes de ce père de famille et de ses trois enfants. Si tu n’avais pas été un gamin toi aussi, des passants t’auraient sûrement déjà signalé. Mais à te regarder, on a juste l’impression que tu joues à cache-cache. L’homme court dans tout l’aire de jeux, prétendant être un monstre, et les enfants, eux, ils crient, ils rigolent. T’aimerais les rejoindre. Toi aussi, tu veux jouer. T’es un peu grand, peut-être. Mais ton père, il a jamais été comme ça avec toi. Ils ont de la chance. Ça fait un moment que tu connais l’existence des autres, tu ne leur as encore jamais parlé. Tu n’oses pas trop. Tu as peur de te faire prendre. T’as peur d’être méchant aussi. Parce que t’as envie de les pousser, tous autant qu’ils sont. Tu veux tirer les couettes de la crevette qui trébuche tous les cent mètres. T’aimerais qu’ils arrêtent de te voler ton père. Parce qu’il est gentil avec toi. Il te raconte des histoires. Des histoires de pirates et de martiens, de princesses et de robots. Il est drôle ton père. Mais il est pas souvent là. Et ta mère s’en moque parce qu’elle aime personne et puis de toute façon, elle non plus, elle est pas souvent à la maison.
(…)Une clope au bec, tu attends contre le muret devant le poste de police. T’as payé sa caution, signé les papiers. Il est grand. Il sortira tout seul. Comme à chaque fois, tu te dis que c’est la dernière. Que tu ne l’aideras plus. Le fait est que t’es là, encore et encore. Vols à l’étalage, bagarres en veux-tu en voilà, incivilités sur la voie publique… La liste est longue. Mais t’es personne pour juger. T’es le premier pour te foutre dans la merde. La seule différence, c’est que tu ne te fais pas prendre, toi. Moins souvent en tout cas. Il passe devant toi sans un regard, tu hallucines. ‘Eh McGrath, dis pas merci surtout !’ lâches-tu en t’élançant derrière lui. ‘Tu veux quoi ? Que j’embrasse tes pompes ?’ Son insolence te fait serrer les dents. D’un coup bref, tu claques l’arrière de sa tête. ‘P’tit con. La prochaine fois, tu t’débrouilles avec tes vieux.’ ‘Moi, au moins, j’en ai,’ qu’il bougonne dans ses trois poils de barbe. C’en est trop. Tu le chopes par le col et le plaques contre le mur. ‘Et quelle fierté ça s’rait pour ton père d’savoir qu’c’est moi qui assure les arrières d’son p’tit batard, hein ?’ Il lève les yeux au ciel, plus résigné qu’autre chose. Tu t’en fous. ‘M’cherche pas ou j’t’éclate,’ conclus-tu en le relâchant. ‘T’es un frère en carton,’ qu’il te balance en remettant son t-shirt en place. ‘Et pourtant, c’est moi qu’t’appelle quand t’es dans la merde.’ Il souffle. Tu l’imites.
(…)‘Je veux plus que tu t’approches des filles.’ Tu relèves les yeux de ton burger pour les poser sur ton père, sourcils arqués. ‘Sérieusement ?’ T’as du mal à en croire tes oreilles. Tu sais que tu n’as pas les meilleures des fréquentations et que tu n’es pas ce qu’on qualifierait de sage. Mais t’es pas un mauvais gars. Tu pensais que ton père le savait. ‘T’as une mauvaise influence. T’as déjà embarqué ton frère dans tes conneries, ça suffit.’ La mâchoire t’en tombe. Tu lâches tes couverts pour t’enfoncer sur ta chaise, croisant les bras sur ta poitrine. De ton frangin et toi, c’est lui le plus douteux. Ses fréquentations sont d’ailleurs bien plus dangereuses que les tiennes. ‘C’est pour ça qu’tu m’as proposé un restau ?’ Tu soupires. ‘Super. Vraiment.’ Ça te foudroie. T’avais seize ans quand le monde de ton père et le tien ont réellement fusionné. Sa maitresse a accepté ton existence dans leur vie sans broncher – faut dire qu’elle était au courant de tout depuis le début, elle. T’as officiellement rencontré tes demi-frère et sœurs. Officieusement, tu t’étais arrangé pour croiser leur route plus tôt. Tu voulais savoir comment ils étaient. Tout était plutôt pacifique finalement. Jusqu’à aujourd’hui. ‘T’sais quoi ? J’t’emmerde.’ Tu te lèves brusquement, bousculant la table et renversant les verres qui se trouvaient dessus. Tu vas pour sortir, mais ça te démange, tu fais volte-face, avançant de quelques pas vers ton père avant de le pointer du doigt avec mépris. ‘Pour info, ton précieux gamin, j’l’ai jamais embarqué dans quoi qu’ce soit. Il a pas b’soin d’moi pour ça. Et j’te f’rai remarquer qu’c’est pas moi qu’on vient chercher au poste tous les six du mois, c’est lui. Mais ouais, t’as raison, j’suis une mauvaise influence pour les filles, vaut mieux que j’m’approche pas trop.’ Sur ce, tu te tires de là, claquant la porte derrière toi. Tant pis pour les autres. T’espères qu’ils ont apprécié le spectacle.
{{ vanderbilt }} L’épaule appuyée contre le dormant de la porte, tu observes ta mère depuis plusieurs minutes sans rien dire. Depuis qu’elle a pris sa retraite, elle passe le plus clair de son temps sur sa chaise à bascule à regarder la mer par la fenêtre. Il y a comme un décalage. Tu as l’impression de l’avoir vue passer de femme d’affaires hors pair à petite grand-mère sénile en l’espace de quelques semaines. Pourtant, tu le sais qu’elle est en pleine forme, qu’elle choisit volontairement cette oisiveté. Elle te fait de la peine, sincèrement. Un sentiment que tu n’aurais jamais imaginé ressentir pour elle. A vivre pour l’entreprise familiale, elle a oublié d’apprendre à vivre pour elle-même. ‘Mère, vous ne pensez pas qu’il serait temps de vous trouver de nouveaux projets ?’ demandes-tu, brisant finalement le silence. Elle tourne la tête vers toi et arque un sourcil. ‘Pourquoi faire ?’ Tu soupires en t’approchant, détournant le regard pour le poser à ton tour sur la mer qui va et vient sur la plage. ‘Vous avez fait ce qu’on attendait de vous. Vous avez présidé le groupe pendant plus de trente ans. Vous avez assuré la descendance et passé les rênes de l’entreprise. Est-ce qu’il ne serait pas temps de vivre pour vous plutôt que pour cette famille ?’ Tu te demandes d’où te vient cette soudaine compassion pour cette femme que tu as toujours comparé à une porte de prison. Elle n’a jamais été particulièrement aimante. Elle n’a pas eu beaucoup de gestes tendres à ton égard. Tu n’étais qu’un pion afin d’assurer la succession. Un devoir à accomplir. Rien de plus. Triste vérité que tu as fini par accepter avec le temps. Malgré tout, tu ne peux t’empêcher de penser que tu aurais pu terminer comme elle, toi aussi, si tu avais abandonné tes convictions en cours de route, si tu t’étais plié aux exigences familiales, si tu n’avais pas fugué. Elle n’a pas eu cette chance. Elle s’est fait écraser par le poids des responsabilités qui l’incombaient. Et aujourd’hui … aujourd’hui, il n’en reste qu’un robot. ‘Il vous reste bien vingt ans devant vous. Faites vos valises, partez à l’aventure, amusez-vous !’ Tu prononces sans le vouloir ces derniers mots avec une certaine supplication. Elle laisse échapper un rire bref, presque moqueur. ‘Voilà que tu te soucies de moi maintenant, c’est nouveau. Et cette famille dont tu parles, tu n’y crois pas toi-même. Quelle famille ? Je n’ai pas parlé à mon frère depuis des années. On sait tous les deux que ton père a quitté le navire il y a bien longtemps déjà. Et toi … le petit rascal, tu t’es assurément assez amusé pour nous deux. Tu crois réellement que j’ai porté le groupe à bout de bras pour toi ? Ou pour honorer mon père et sa mère avant lui ? Je l’ai fait parce que je le pouvais.’ Tu ne t’attendais pas à ça. Tu ne t’attendais pas à ce que ça te touche non plus. Elle soupire, secouant sèchement la tête. ‘Tu n’as donc rien retenu ? Les Vanderbilt sont voués à mourir seuls. J’ai choisi le groupe, je ne ferai pas exception. Et toi non plus mon fils. Laisse-moi donc regarder par la fenêtre si ça me chante.’ Des mots qui résument si bien cette famille. Ta famille. Des paroles que tu as déjà entendues enfant et qui n’ont fait qu’ancrer définitivement ta peur de la solitude. ‘Dire que je ne pensais pas pouvoir vous mépriser davantage, vous ne cessez de me surprendre mère.’ Sur ce, tu tournes les talons et quittes la demeure familiale pour ce que tu espères être la dernière fois. Ton cœur crie silencieusement alors que tu foules le pavé. Tu ne sais pas ce à quoi tu t'attendais en lançant cette conversation. Dire qu'elle te faisait pitié encore quelques minutes plus tôt. Ça t'apprendra. Tu meurs d’envie de te défaire de ce nom qui t’enchaine. Pourtant, tu n’en feras rien. Tu leur montreras à tous, là-haut, que tu ne finiras pas comme eux. La malédiction s’arrêtera avec ta mère. Tu l’as décidé.
{{ van }} Trois lettres graffées soigneusement sous une silhouette humanoïde. Van, c’est toi. Un surnom auto proclamé quand tu avais quatorze ans. Quand t’as quitté la demeure familiale. Quand t’en as eu marre d’entendre tes camarades accentuer la première syllabe de ton matronyme pour se moquer du rang social de ta famille. Quand t’as décidé que l’héritage des Vanderbilt ne serait pas le tien. Ironie du sort. Aujourd’hui, ton héritage, t’es en plein dedans. La journée, tout du moins. Le soir, la nuit, les weekends, fini de faire le pingouin. T’es jamais plus à l’aise que dans tes jeans trop larges et tes gros sweats à capuche. T’es jamais plus à ta place que chez ton oncle. Cette maison dans laquelle tu as passé ton adolescence. Ce repère que tu as transformé en safe heaven pour tes potes et toi quand il est parti en Europe. C’est pas un squat. Pas vraiment. C’est ta baraque. Le seul héritage auquel tu tiens réellement. Y’a qu’au hangout qu’on se contrefiche d’où tu viens et de pourquoi t’es là. Juste tu viens, tu t’éclates, tu repars et tu recommences. C’est aussi simple que ça. Dix ans qu’il est en service. Avec le temps, il s’est élargi à davantage de monde, ce n’est plus juste votre repère à Rip, toi et les autres. C’est beaucoup plus gros que vous. Et c’est ce qui fait son charme. Son importance aussi. T’es fier d’être à l’origine de ce truc-là même si t’étais pas vraiment tout seul. Parce que, tout ce que t’as, tu le dois à ton nom de famille, mais pas ça. Pas le hangout. Parce que le propriétaire, c’est pas Oakley Vanderbilt. C’est Van, juste Van. Van, le graffeur. Celui qui laisse des poulpes, des fleurs et des humanoïdes sur les murs des environs.
{{ barnes }} Affalé sur le canapé, tu fais tâche dans le décor. Il t’a demandé de venir, t’as rappliquer en deux-deux, sans prendre le temps de te changer. T’étais de repos, dans ton monde, loin des richesses du sien. Si sa secrétaire ne te connaissait pas, tu n’aurais jamais passé la sécurité. Mais voilà, non seulement elle te connait comme étant le meilleur ami de son patron, mais elle sait aussi ce que tu représentes – indépendamment de ton sweat gris maculé de peinture et de tes chaussures trouées. Tu ne payes vraiment pas de mine. Elle te rapporte un rafraichissement, propose d’augmenter la climatisation – elle s’inquiète de ton bien-être alors qu’elle devrait d’abord penser au sien. Cette vie, ces attentions, tu n’aimes pas ça. Elle finit par te laisser tranquille et tu t’emploies à passer le temps. Te baladant de meuble en meuble, t’installant finalement au grand bureau. Tu vois une photo de Noela, ça te fait sourire. Parce que c’est ce genre de personne, Al. C’est à ce moment-là qu’il rentre dans le bureau. Tu montres le cadre du doigt. ‘T’as peur d’oublier à quoi elle ressemble ?’ le taquines-tu en lui adressant un clin d’œil moqueur. ‘Plus sérieusement, qu’est-ce que je peux faire pour vous, monsieur Barnes ?’ Al te regarde avec amusement. Tu vois à sa tête qu’il a prévu quelque chose. Encore un plan farfelu pour décompresser. C’était quoi la dernière fois ? Une compétition de gobeurs de flambi ? T’as gagné, bien évidemment. Cela dit, tu le connais, t’es pas à l’abri d’une revanche. Parce qu’il est joueur, l’asticot. Et que tous les deux, vous êtes juste de gros gamins quand vous êtes ensemble.
{{ en vrac }} il n’aime pas trop manger. il ne mange d’ailleurs qu’un repas par jour et pourrait se contenter de la même chose tous les jours pour le restant de son existence. c’est plus une question de survie qu’autre chose. pas ailleurs, salé ou sucré, ça lui est égal. ○ il a une passion pour le dessin depuis qu’il est petit. il n’est pas rare de le voir griffonner dans un calepin – ou sur les murs des environs. ○ il a un chien. un jeune beagle qui répond au nom de … beagle. très original. ○ il mesure un mètre quatre-vingt-trois. ○ il a le permis depuis ses vingt ans et possède une peugeot 208 noire. ○ il écoute énormément de musique. il a toujours voulu apprendre à jouer de la basse, mais ne s’est pas encore décidé à sauter le pas. ○ la solitude, c’est pas trop son truc. il aime être toujours un minimum entouré. ○ il boit pas mal de café. ○ il s’endort partout et avec une facilité déconcertante. ○ il n’a jamais froid. ○ il fume depuis ses quinze ans. ○ il a été arrêté plusieurs fois pour ivresse sur la voie publique. ○ il sort beaucoup. ○ il n’entend presque pas de l’oreille droite, mais ne met jamais son appareil auditif. ○ il est fasciné par les fonds marins – et plus précisément par les poulpes. ○ il est intolérant au lactose. ○ il fait du skate depuis ses treize ans. ○ le sport, c’est globalement pas trop son truc. il aime courir cela dit. et il adore regarder les gens surfer. ○ il a quelques tatouages et s’en fera très certainement d’autres. ○ il aime les jeux en tout genre. ○ etc …