Like a family resemblance - pv Louise

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Reconstituer le puzzle d’une vie est un exercice compliqué. Tant d’éléments sont à prendre en compte pour comprendre le cheminement des gens et les raisons qui font qu’ils en sont où ils sont. Avec des pièces manquantes, la tâche est impossible. Ou alors elle force à inventer, à supposer, avec le risque d’être dans l’erreur. Je n’ai pas envie de cela. Je n’ai plus envie de cela. Je n’ai plus envie d’imaginer mon histoire. J’ai envie de connaître la vérité. Tant pis si elle est douloureuse. Elle le sera toujours moins que mes tourments. J’en ai assez de me torturer l’esprit. Mon cœur a déjà trop pleuré pour une jeune femme de vingt ans. Il est temps de refermer la blessure de mes origines quitte à en ouvrir d’autres. J’en ai besoin pour envisager mon avenir. Sans la panser, il m’est inenvisageable de me projeter dans l’avenir sereinement. Et ce malgré les encouragements et le soutien de mes proches. Ils ne suffisent pas à compenser l’absence de mes origines. Je suis venue à Oceanside pour cela, pour enfin lever le mystère. Ma quête a commencé par un autre mystère : Louise. Qui pouvait être cette femme évoquée par cette octogénaire ? Certainement un de ses souvenirs heureux, en rien en rapport avec mon histoire. J’y eu envie d’y croire, de croire à la lueur de son regard en apercevant mon visage. Bien m’en a fait au final. Si je n’ai pas retrouvé les traces de ma mère comme escompté, je suis tombée sur les traces d’une sœur. J’ai recoupé mille fois les informations dénichées pour m’assurer ne pas m’être trompée. J’ai balayé chaque ombre jusqu’à être certaine de mon coup. Cependant, je suis beaucoup moins certaine de la pertinence d’une rencontre. L’appréhension s’est emparée de moi depuis cette découverte. J’ai longtemps hésité à venir me présenter à elle, craignant sa réaction. L’envie a été plus forte que mes peurs. J’ai tenté de l’aborder il y a deux jours. Malheureusement, je l’ai vue aux bras de son mari alors qu’elle rentrait chez elle et je n’ai pas osé la déranger. Aujourd’hui, j’ai agi différemment et je patiente le départ de son époux. Adossée à un arbre, cela fait une heure que mon regard est rivé sur la porte d’entrée de leur immeuble. J’attends que son époux s’en aille. Normalement, il ne devrait pas tarder si je me réfère à mes observations. Je repense en boucle à ce discours tout préparé quand le battant pivote et que le brun entre dans mon champ de vision. Je me mets immédiatement en action, filant à grandes enjambées dans l’immeuble. Une inspection des boites aux lettres pour déterminer l’étage et le numéro du domicile. Une boule au ventre se forme dans mon estomac tandis que je gravis les escaliers. Les doutes s’immiscent dans mon esprit. Toute ma – relative – assurance semble s’être envolée durant ma montée. Ma volonté étant plus forte que mes angoisses, mon index appuie sur la sonnette. Les mains liées devant moi, je patiente l’ouverture de la porte. Quand ce moment arrive, je reste silencieuse plusieurs secondes, détaillant son visage. Les paroles de la vieille dame prenne tout de suite du sens tant j’ai l’impression de faire face à mon reflet vis-à-vis de son nez ou de ses pommettes. Un sourire étirant mes lèvres, aucun son n’est encore sorti de ma bouche. Tout mon discours préparé est bloqué au fond de ma gorge par toutes les émotions qui m’envahissent. Je ne suis pas muette pour autant. Les larmes roulant sur mes joues sont parlantes, probablement que n’importe lequel de mes mots. Évidemment, elle ne peut comprendre mon comportement. Si je sais qui elle est, elle ignore qui je suis. J’essuie les perles amères du revers de ma main. « Désolée, je pensais pas que ça me fera autant d’effet de te voir pour de vrai. » C'est clairement différemment qu'en photos regardées sur un écran.  Elle n’est pas plus avancée sur mon identité. Sauf si comme la personne âge rencontrée à Santa Monica, elle estime que j’ai le visage de ma mère, de notre mère.

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Fraîchement douchés, ayant pris le temps de ce nouveau petit rituel auquel elle est déjà attachée quand il rentre du travail, elle l’observe dresser cette petite liste de courses du coin de l’œil alors que ses cheveux sont encore humides. « Tu y tiens tant que ça ? On a besoin de rien tu sais. » Elle lui sourit, un large sourire même si elle sait d’avance qu’elle n’arrivera pas à le faire changer d’avis. Ayant toujours en tête, l’idée de la faire manger un peu plus, il se décide à partir en quête de quelques bricoles pour leur repas de ce soir. Elle s’en veut un peu qu’il reparte à peine arrivé, alors qu’il à travaillé toute la journée, pour aller faire des courses, essentiellement pour elle alors qu’elle a eu toute la journée pour y aller. Le voir concentré sur cette liste la fait tout de même sourire. Elle s’approche de lui et passe une main dans ses cheveux arrivé à sa hauteur, qu’elle fait glisser jusque dans sa nuque. Son visage penché près du sien, elle sourit de plus belle de le voir essayer de rester concentré sur son bout de papier. « C’est pas négociable. » Elle rit doucement, caressant du bout des doigts la nuque de son mari. « T’es sûr ? » Il se redresse, ne peut retenir un sourire en coin alors qu’il attrape ses clés sur le meuble d’entrée, ainsi que la laisse de Lola qu’il appelle. Elle le suit jusque dans l’entrée, finalement amusée. Il se penche vers elle pour l’embrasser trop brièvement à son gout avant d’ouvrir la porte de l’appartement. « A tout de suite mon cœur. »

Pantoise, se retrouvant de nouveau seule, elle regrette aussitôt de ne pas l’avoir suivi. Même si elle trouve cette idée de courses superflue. Elle s’occupe alors à ramasser et plier le linge, quand la sonnette retentit. Surprise, n’attendant personne, elle fronce les sourcils. Les personnes venant le plus souvent ici ne prennent généralement à peine la peine de frapper avant de rentrer directement, elle n’a pas l’habitude qu’on sonne. Elle s’avance et ouvre la porte pour découvrir une jeune femme sur son perron. Une brune, d’à peine une vingtaine d’années dont elle n’a aucun souvenir. « Bonjour ? » Lance-t-elle alors que la brune, la fixe, la dévisage, en semblant avoir l’esprit complétement ailleurs. De la voir pour de vrai ? Qu’est ce qu’elle voulait dire par là ? Elle avait beau réfléchir, Louise n’avait vraiment aucune idée de qui pouvait être cette jeune fille. Elle n’en est pas à avoir de ‘fan’ et quand bien même, comment aurait-elle pu avoir son adresse ? Le sourire qu’elle arborait jusque-là commença à se dissiper, ne saisissant pas ce que cette brune faisait là, et pourquoi elle n’énonçait pas clairement ce qu’il en était. Ça lui fait presque peur ce qu’elle lui dit. « Comment ça ? » Elle se pince la lèvre. « Qu’est-ce que vous voulez ? »  Louise ne cesse de l’observer, toujours à la recherche d’un indice qui pourrait l’aider à comprendre qui est cette jeune fille. En vain.  

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Depuis que je suis au courant de son existence, je n’ai cessé de rêver à cette rencontre. Je l’ai soigneusement préparée avec ma cousine pour ne pas la rater. J’ai prévu ce que j’ai à lui dire, ce que je veux lui dire. Tout ça pour rien, pour me laisser submerger par mes émotions une fois devant elle. Je m’étais pourtant promis de ne pas pleurer. Du moins, pas avant de lui adresser la parole. Comme quoi rien n’est jamais écrit à l’avance et que malgré toute la volonté du monde, le cœur a toujours le dernier mot. La vérité de l’instant présent a eu raison de mon plan initial. Maintenant, place à l’improvisation. Je vais devoir le faire rapidement. A ce rythme, mon mutisme risque de me valoir un claquement de porte au nez. Tout dépend de sa patience. Je n’ai pas envie de la tester. Surtout que si je suis troublée, elle doit l’être tout autant voire davantage. En tous cas, je le serai à sa place si une jeune femme débarquait chez moi en prononçant ce genre de phrase mystérieuse. Il est temps de la libérer, de me libérer. « Je suis venue rencontrer ma sœur. » La bombe est lâchée. J’aurai certainement pu avoir plus de tact pour lui annoncer le lien qui nous unit. J’ai agi suivant l’avis de mon cerveau, tout en spontanéité, pour me débarrasser de ce poids au plus vite. Ce n’est pas pour autant que je me sens légère. L’appréhension de sa réaction écrase mes frêles épaules. Comment va-t-elle encaisser la nouvelle ? Va-t-elle me croire ? Elle le devrait si elle fait attention aux détails similaires de nos visages, à nos héritages maternels. Cependant, je peux concevoir que ma révélation la chamboule et qu’elle n’y prête aucune attention. « Je comprends mieux comment cette vieille dame à Santa Monica a pu me prendre pour toi. » En vérité, pas plus que cela. Si nos traits ont des ressemblances, ils restent très différents. Loin d’être âgé et de vouloir lui manquer de respect, son visage n’affiche plus sa première jeunesse, son innocence. Je manque clairement d’objectivité sur ce coup-là, mais je ne vois que les éléments qui confirment le lien qui nous unit. Si elle n’est pas ma mère, le but de ma quête initiale, je l’imagine aisément devenir un pilier de ma vie. Évidemment, j’ai conscience que la construction prendra du temps. Sous réserve qu’elle accepte de bâtir une relation entre nous. Rien ne me dit qu’elle m’accueillera à bras ouverts dans sa vie. Peut-être qu’elle me verra comme un grain de sable indésirable venu enrayer l’engrenage de sa paisible existence. « Tu as certainement des dizaines de questions à me poser. » Tout comme j'en ai. J'y répondrai en fonction de mes capacités et de mes connaissances. Il y a des interrogations auxquelles je n’aurai pas de réponse. Toutes celles en rapport à notre mère par exemple. A ce niveau, c’est moi qui aurai des questions à lui poser. Mais chaque chose en son temps. Avant de courir après un passé, je saisis le présent qui me fait face.  

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La brune reste là, à la scruter encore un peu, muette. Alors que Louise la questionne, ne comprenant pas le moins du monde la raison de sa visite, ni même qui elle est, elle finit par pleurer. Si Louise est mal à l’aise face à cela, elle ne sait pas vraiment comment elle est censée réagir. Cette fille ne peut pas pleurer à cause d’elle, elle ne lui a rien dit ou fait. « Hey ?  Ça va ? » Question bête, elle en concède, mais que dire d’autre ? A deux doigts de poser la main qu’elle tend dans sa direction sur son épaule, elle se stoppe en chemin quand la jeune femme reprend la parole. Venue rencontrer sa sœur ? Louise fronce les sourcils, ne saisissant toujours pas. De quelle sœur lui parle-t-elle ? Elle fait référence à quelqu’un qu’elle connaît ? Une de ses amies ? Elle laisse échapper un soupire d’entre ses lèvres, prêtes à avouer le fait qu’elle est perdue là, elle l’écoute plutôt poursuivre avec son aveu à elle. La vieille dame de Santa Monica ? Louise roule les yeux, son sourire se fane. « Fran ? » C’est finalement un rire qui résonne dans ce couloir, alors qu’elles se tiennent encore toutes les deux sur le pas de la porte. « Tu te trompes. Je suis pas celle que…tu cherches. » C’est à son tour de la scruter un peu plus en détail. Bien sûr elle a les yeux chocolat similaires à ceux de sa mère, ces pommettes relevées et ce teint plus halé comme celui de la femme qui l’a mise au monde. Mais ces caractéristiques sont si communes.

Elle lâche à nouveau un rire, mêlé d’un soupire lorsqu’elle lui dit qu’elle doit avoir des tas de questions à poser. Ainsi, elle est convaincue que visiblement se serait Louise sa sœur ? « Quel âge tu as ? » Si sa mère avait été enceinte, elle l’aurait bien remarqué. Même si toutes les deux ne faisaient qu’à peine se croiser. A moins qu’elle ne soit née après son départ de chez ses parents, mais cela lui semble peut probable. « Qu’est ce qui te fais croire que je suis ta sœur ? Enfin si c’est ce que tu insinue ! » Elle ne comprend pas. Elle s’en veut un peu de lui parler de cette manière, un peu sèchement. Maladroitement. Elle est déstabilisée par cette situation qui la dépasse totalement. Il faut qu’elle s’assoie. Elle a besoin d’un verre. Un verre d’eau bien sûr. Elle pousse la porte dans son dos et s’appuie légèrement dessus, tendant son bras contre cette dernière en direction de l’intérieur. « Rentres si tu veux. » Après tout, même si elle ne sait pas qui elle est, elle ne paraît pas dangereuse. Et de toute manière, Jamie va finir par rentrer.

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Je ressens son scepticisme à mon annonce. Je la comprends totalement. Comment croire en de telles paroles de la part d’une inconnue en pleurs, ma crédibilité est quasiment nulle. Surtout qu’elle n’a pas les données que je possède. Elle ne sait rien de moi, de mon parcours, de mes recherches, de ma quête. Elle connaît le prénom de cette vieille dame par contre. Je reconnais ne pas avoir pris le temps de lui demander ou encore de regarder son identité sur sa boite aux lettres avant de m’enfuir en courant du seuil de son domicile. « Je te cacherai pas que tu n’es pas celle que je cherchais à la base. » Voilà de quoi ajouter du flou et des interrogations dans sa tête. Ce n’était pas forcément le moment. Ma spontanéité et ma sincérité en ont décidemment autrement. Elle n’est qu’une trouvaille collatérale sur le chemin de ma quête, une étape. Évidemment, je ne compte pas l’expédier en vitesse pour poursuivre ma route. Je veux savourer cette escale, cette découverte. Idéalement, j’aimerai même la rendre durable. Ce n’est pas gagné d’avance. Je vais d’abord devoir lui démontrer notre lien avant d’espérer qu’elle l’accepte et qu’elle désire nouer une relation entre nous, qu’elle décide de rattraper une partie du temps perdu, qu’elle décide de ne plus en perdre la moindre seconde. Pour le moment, elle rit, certainement nerveusement, certainement pour évacuer ses angoisses, tout comme je peux le faire moi-même. « J’ai vingt ans. » L’écart d’âge est grand, j’en ai conscience. Il ne joue pas en faveur de la vérité, mais elle est ainsi. « J’ai de nombreux éléments qui vont en ce sens. Crois bien que je les ai recoupés, vérifiés, pour être sûr de mon coup. Je te fais pas une farce de mauvais goût, Louise. Je suis réellement ta sœur. » Pour la première fois, je nous affuble officiellement de ce lien fraternel. Je doute que mon affirmation suffise à la convaincre. Elle a besoin d’arguments, de choses concrètes. C’est pourquoi je m’apprête à répondre à ses questions. Elle me reprend à m’inviter à entre chez elle, dans son cocon. Et d’un côté, quand je pense à mes accueils chaleureux, je ne peux que me dire que cela est probablement un truc de famille. « Ce sera mieux pour t’expliquer, merci. » Je m’avance dans l’encadrement de la porte et pénètre dans son univers. Une fois à l’intérieur, après quelques pas, je quitte le hall d’entrée et je me retrouve dans son salon. Je balaye l’espace de mon regard et découvre un bout de sa vie à travers les diverses photos présentes sur les meubles ou accrochées au mur. Dans un cadre plus grand que les autres, je l’aperçois avec son mari. Les clichés des enfants me questionnent sur son éventuelle maternité et sur mon éventuel statut de tata par extension. Ne désirant pas m’infiltrer trop loin dans son monde sans son autorisation, je m’assois sur la première chaise à ma disposition, autour de la table. J’attends qu’elle me rejoigne pour détailler davantage ma démarche. « Je vais essayer de te résumer comment j’en suis arrivée là, mais je te préviens à l’avance que je suis bavarde. » Un léger rire nerveux m’échappe. « Je m’appelle Jana. Je suis une enfant adoptée depuis ma naissance. Dès que j’ai eu l’âge de comprendre, mes parents adoptifs me l’ont dit et m’ont expliqué leur souci pour avoir un enfant naturel. J’ai grandi à Denver, dans une bulle d’amour, les considérants comme mes parents sans aucun doute possible. Tout allait bien jusqu’à mes dix-huit et qu’un accident me force à être hospitalisée un an. J’ai eu peur, j’ai compris que la vie était courte et qu’on était pas toujours maître de nos choix. L’idée de trouver mes origines a germé jusqu’à devenir un besoin vital. J’ai entrepris des recherches en ce sens. Je suis allée à Santa Monica, là où je suis née. Là-bas, j’ai trouvé l’habitation de ma mère, mais elle n’habitait plus là. La nouvelle prioritaire m’a orientée chez la voisine octogénaire qui a toujours été dans le quartier, Fran comme tu l’as appellée. En me voyant, elle m’a prise pour une Louise et m’a remerciée de venir lui rendre visite d’Oceanside. Je t’avoue pas avoir compris, mais j’ai suivi cette piste. Et à force de chercher, en me servant de ton nom de jeune fille, Hastings, j’ai fini par te trouver. J’ai fini par trouver ma sœur. Et aujourd’hui, je viens la rencontrer, te rencontrer. » Ma voix tremble sur la fin de mon récit tandis que de nouvelles larmes roulent sur mes joues.

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Une nouvelle remarque qui ne fait que perdre un peu plus Louise. Elle n’est pas celle qu’elle cherchait à la base ? Donc finalement ce n’est pas elle cette sœur dont elle parle ? Louise à beau faire tous les efforts du monde, elle ne comprend pas et semble en plus, comprendre de moins en moins. La brune lui confie avoir vingt ans, ce qui fait sourire Louise après un rapide calcul intérieur. Si cette jeune femme était sa sœur, elle aurait eu quatorze ans à sa naissance, il est donc évident qu’elle se serait rendue compte d’une grossesse mené par sa mère. Louise n’a pas le temps de réagir à ce point que la brune reprend, et lui certifie qu’après de nombreuses recherches l’ayant menées à plusieurs éléments, elle se trouve bel et bien être sa sœur. Tout se bouscule en Louise, tout se mélange, rien n’a de sens. Des années qu’elle s’évertue à croire, à clamer haut et fort qu’elle n’a pas de famille et voilà que comme ça, elle aurait une sœur de vingt ans qui apparaît comme ça, par magie, devant sa porte ?

Elle accepte d’entrer, admettant que cela serait plus simple pour qu’elle lui explique. Louise la laisse passer avant de ne refermer la porte derrière elles. Elle reprend son souffle, et s’avance, prête à affronter ce qu’elle à encore du mal à comprendre et encore plus à croire. Elle se dirige aussitôt vers les placards de la cuisine d’où elle sort deux verres et une carafe d’eau du frigidaire. « Il me faut un verre. Tu veux boire quelque chose ? J’ai de l’eau ou du jus de fruits à te proposer ? » Louise laisse échapper un rire nerveux face à cette proposition. Ce n’est pas d’un verre d’eau dont elle aurait eu envie, dont elle aurait besoin pour lui donner ce petit courage en plus pour affronter ce que la brune était sur le point de lui dire. Mais pour deux raisons évidentes, elle se contenterait de cette eau fraîche. Déposant les verres sur la table, devant laquelle la jeune femme a déjà pris place, elle en fait de même en tirant une chaise à son tour. Un résumé ? Cela parait essentiel…Louise avale son verre d’eau avant de ne s’en remplir un autre et de sourire à la brune. Au moins, elle sera certainement bavarde pour deux.

Elle l’écoute attentivement, elle tente d’assembler les pièces de ce puzzle qu’elle lui soumet. « Jana » Finit-elle par souffler. Elle tente encore d’assimiler le fait le plus essentiel, elle aurait une sœur, une sœur de vingt qui s’appelle Jana. Prudente, ne doutant pas vraiment de la sincérité de la brune, visiblement beaucoup émue à en croire les larmes qui coulent à nouveau sur ses joues mais Louise à tout de même encore du mal à croire en tout ça. Elle a du mal à croire que ce soit possible. « D’accord. » Elle avale un autre verre d’eau avant de le faire claquer sur la table et de sourire à Jana. « Pourquoi tu dis l’habitation de ta mère ? Je veux dire, tu dis pas ‘mes parents’. » Elle fronce les sourcils et se pince les lèvres, en tentant de revenir vint ans en arrière dans ses souvenirs. Des souvenirs auxquels elle n’a plus pensé depuis bien des années. « Je vois bien que tu as l’air sincère, que tu sembles croire ce que tu me dis là et c’est vrai que plusieurs choses semblent concorder mais…tu crois pas que si ma mère avait été enceinte je m’en serai rendu compte ? » A bien y penser, plus Louise pensait à ce fait plus elle se disait que finalement, elle aurait pu passer à côté de ça si cela avait été le choix de ses parents. Sa mère, elle ne faisait que la croiser essentiellement et faisait d’ailleurs tout pour la voir le moins possible afin d’éviter toutes ses remarques, tous ses jugements incessants…elle se souvient qu’elle à toujours voyagé assez régulièrement pour son travail, peut être qu’à cette période elle était encore plus absente que d’ordinaire. « Excuses moi, c’est juste tellement inattendu pour moi. Je t’avoue que j’ai du mal à le croire. » Elle lui sourit pourtant, en venant poser une main sur la sienne.

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Avec un brin de recul, je n’aurais pas dû évoquer chercher une autre personne. Elle n’a pas besoin d’éléments perturbateurs en cet instant. Ça doit déjà être suffisamment le bazar dans son cerveau avec mon annonce. De plus, je ne veux pas qu’elle se sente comme un second choix. Je suis ravie d’avoir trouvée une sœur à travers mes recherches. Moi qui ai grandi en tant que fille unique, entourée de mes cousin.e.s, je vais peut-être enfin découvrir la joie de l’amour fraternel. Tout dépendra de la place qu’elle m’offrira dans sa vie, de notre degré de complicité. De mon côté, je lui donnerai l’espace qu’elle désirera. Qu’elle envahisse ma vie et mon cœur. Qu’elle s’y installe et s’y incruste en profondeur. Je suis prête à l’accueillir. J’ignore la réciproque. Me faire entrer chez elle est encourageant. Un domicile est un cocon réconfortant, protecteur. On ne fait pas rentrer n’importe qui dedans. On n’ouvre pas une porte de son monde intime à la première venue. Bien que pas forcément encore totalement convaincue par mon récit, c’est au moins un signe qu’elle y croie un peu. Assise à sa table, j’attends qu’elle revienne pour me lancer dans le résumé de mon parcours. Je fais de mon mieux pour ne pas me perdre dans les détails. J’aimerais tellement tout lui raconter, partager avec elle. Mais je ne dois pas m’égarer dans des bavardages. A la fin de ma longue tirade, les yeux embués, je me décide à boire quelques gorgées d’eau. J’en ai besoin pour me remettre de mes émotions et pour reprendre la parole face à ses interrogations. « Parce que si au début j’ai cherché la trace de mes parents biologiques, je me suis rapidement aperçu que je trouvais que des choses sur ma mère. » C’est certainement dû à l’accouchement sous X, au pendentif qu’elle m’a laissé à ma naissance. « Je sais rien de mon père. Peut-être qu’il ne sait même pas que j’existe. J’ai encore beaucoup de mystères à éclaircir. » Mon père n’est pas spécialement identifiable en plus. Rien ne me dit que je ne suis pas le fruit d’un amant passager qu’il serait impossible de retrouver. Louise poursuit en exposant ses doutes. Je la comprends. Il n’est pas simple d’accepter ce brutal changement. Un changement qui en plus de lui apporter une sœur remet en cause tout ce qu’elle pensait savoir de sa famille. Malgré le tendre contact de sa main sur la mienne, sa réflexion me touche en plein cœur. Je n’ai pas de contrargument à lui rétorquer, une femme enceinte se repérant à des kilomètres surtout sur la fin. « Peut-être qu’elle a fait un déni de grossesse. » Je me risque à avancer une hypothèse. « Je sais que ça parait fou. J’ai tout un tas de documents chez moi et un dossier sur mon pc qui expliquent comment je suis arrivée à toi. Je me ferai un plaisir de tout te montrer pour te prouver que je te raconte pas des bobards. » Un doux sourire dessiné sur mes lèvres, j’apporte ma main de libre sur le revers de sa main posée sur la mienne. Visiblement, nous avons le même réflexe pour rassurer les gens. Un autre signe témoignant de notre lien. Tout n’est pas réglé, loin de là. Les choses ont avancé. Le voile s’est un peu levé. Et je connais la personne capable de définitivement le lever. « Pour avoir nos réponses, le mieux serait de demander directement à notre mère. » Elle est la mieux placée pour éclairer nos lanternes, pour dissiper les zones d’ombre. Maintenant, est-ce qu’elle le souhaite ? Serait-elle aussi bienveillante que Louise en me découvrant ? Le doute est permis. Cependant, il est toujours meilleur que l’ignorance. « Tu sais où elle habite ? » Les battements de mon palpitant s’accélèrent dans ma poitrine. Je suis potentiellement si proche du but, si proche de rencontrer celle qui m’a donnée la vie, de terminer ma quête. Patientant sa réponse, mes doigts se serrent légèrement sur sa main, se crispent d’appréhension. Les secondes de silence me semblent être une éternité.

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Louise écoute encore cette prétendue sœur qui lui explique qu’elle n’a trouvé des informations que sur sa mère biologique, leur mère, et rien sur son père. Elle fronce les sourcils à l’évocation de la supposition quant au fait que son père ne sait peut-être pas qu’elle existe. Elle est tellement stupéfaite de ce qu’elle entend, qu’elle ne trouve rien à dire. Elle ne sait pas. Ne sait plus. Elle a toujours pensé qu’elle ne connaissait que très peu de choses de ses parents, et ce fait semble radicalement s’avérer. Pourtant, même si elle aurait eu tendance à être légèrement plus proche de son père, elle savait qu’il aimait sa femme et qu’il avait cette tendance à la défendre, lui trouver des excuses. Elle avait du mal à concevoir qu’à lui aussi elle aurait pu lui cacher cette grossesse. Un déni de grossesse ? Après tout, à en juger son attachement probant à sa propre fille, elle aurait pu. Louise secoue la tête à la négative lorsque Jana lui propose de lui montrer tous les documents en sa possession pour lui prouver qu’elle dit la vérité. Sa main serre un peu plus la sienne, se trouvant en dessous. « Non, non, c’est la peine. Je te crois…je vois pas quel intérêt tu aurais à inventer ça. C’est juste que…ça reste difficile à concevoir. » Elle se pince la lèvre. Elle tuerait pour allumer une cigarette, là maintenant ! Juste le temps d’une cigarette pour faire redescendre toutes ces choses qui se bousculent en elle. La jeune femme lui sourit, et pose sa main libre sur les leurs. Louise sourit à son tour, un peu, avant que ce sourire ne se fane à la nouvelle évocation de ‘leur’ mère. Elle retire sa main d’entre les siennes, de manière un peu plus abrupte qu’elle ne l’aurait souhaité. « Je suppose oui. C’est elle qui à toutes les réponses. » Elle secoue de nouveau la tête à sa nouvelle question. « Puisque d’après ce que tu me dis, ils ne vivent plus dans la maison à Santa Monica, je suis désolé mais j’en ai aucune idée. » Elle souffle doucement puis reprend une inspiration, jugeant bon de lui apporter quelques précisions pour qu’elle comprenne sa position délicate alors que sa main à elle a de nouveau agrippée la sienne. Elle voit bien dans son regard l’espoir de trouver, grâce à elle, des réponses. Réponse que Louise ne sera malheureusement, pour elle, pas en capacité de lui apporter. « Je suis partie de là-bas il y a environ quatorze ans et depuis je n’ai jamais plus eu de nouvelles d’eux. » Elle baisse la tête. Sincèrement désolé de ne pouvoir aider cette jeune femme qui se retrouve déjà blessée par cette femme qui n’a décidément absolument rien d’une mère. Louise est un peu triste pour Jana mais aussi en colère contre la femme qui les aurait mis au monde toutes les deux. Cette femme qu’elle a décidément tant de mal à qualifier de mère. « Je suis désolé. »

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Je ne me suis jamais sentie aussi proche de réaliser ma quête. Je touche presque au but. Dans ma tête, il est évident que Louise va me permettre de retrouver ma mère. Je ne l’imagine pas me la cacher, m’empêcher de me libérer de ce poids qui me pèse tant. Je la vois déjà me donner l’adresse de notre mère voire carrément m’emmener chez elle en m’accompagnant. Je me projette face à celle qui m’a donnée la vie, à cette inconnue qui me ronge depuis tellement d’année. La joie se lit dans mon regard pétillant. Mes oreilles sont grandes ouvertes en attente de sa réponse, de ce petit mot composé uniquement de trois lettres. Emportée par mon optimisme, j’en ai oublié qu’il existé deux mots de trois lettres. Et si elle n’a pas prononcé celui de la négativité, sa phrase va tout de même en ce sens. L’ascenseur émotionnel est violent. Si près du somment, me voilà rapatriée au rez-de-chaussée dans une chute brutale. Si physiquement je ne présente aucun dégât, les blessures internes sont multiples et profondes. Tout n’est pas fini. Pire, tout semble commencer. Toutes ses démarches, tout cet investissement, pour rien. Enfin pas exactement. En dépit de ma déception, je peux me réjouir d’avoir trouvée une sœur. Et avec elle à mes côtés, avec ses connaissances sur notre mère, ma quête sera plus facile. Avec toutes les précautions nécessaires malgré tout. Du peu qu’elle parle, je comprends que leur relation n’a pas été la plus affective qui soit, qu’elle traine des casseroles d’un passé douloureux. Je resserre tendrement ses doigts, lui offre toute l’empathie dont je suis capable tout mon soutien. Une façon de lui signifier que je suis là pour elle, que je ne l’abandonnerai pas. « C’est pas grave. » Je ne lui en veux pas. Comment le pourrais-je ? Elle n’est pas responsable de mon parcours. Tout ne pouvait pas être aussi simple. Le destin est décidé à mettre à mal ma détermination. Ce n’est pas faute de lui avoir démontré être déterminée. Il est têtu, mais toujours moins que moi. Il ne gagnera pas ce combat, peu importe les obstacles qu’il mettra en travers mon chemin. « Tu peux me parler d’elle ? Ce qu’elle fait dans la vie ? A quoi elle ressemble ? » Des choses qui peuvent me donner des pistes pour poursuivre mes recherches. J’ai conscience de marcher sur des œufs. Si elle est partie de la maison familiale, si elle a coupé les ponts avec ses parents, c’est certainement à cause de soucis, de conflits. Il n’y a nulle curiosité malsaine dans mes demandes, juste un besoin de reconstituer le puzzle de mon existence, de rassembler des morceaux de pièces, de connaître mes origines. « Est-ce que tu aurais une photo d’elle ? » Un cliché serait plus parlant qu’une description physique. Bien que le temps passe et qu’elle n’a plus la même apparence aujourd’hui, j’aurai toujours une idée plus précise de son visage que celui que je me suis imaginée.  

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Louise lit clairement la déception de la jeune femme sur son visage lorsqu’elle lui avoue ne pas avoir de nouvelles de ses parents, en particulier de sa mère, depuis quatorze ans. Elle se pince la lèvre de nouveau face aux questions de Jana. Elle comprend son besoin, son envie d’en savoir davantage. Et si c’est un peu dur pour elle de devoir penser à cette femme qu’elle à depuis bien longtemps décidé de rayer de sa vie, elle se dit qu’elle peut bien faire ça pour cette « sœur » qui se tient à ses côtés. « Elle était mannequin. C’est pour ça qu’elle voyageait beaucoup, elle n’était pas souvent à la maison. » Elle baisse le regard, peu désireuse de s’attarder sur cette époque. Elle tente de rester objectif, ce sera à Jana de se faire sa propre idée si un jour elle vient à la retrouver. « Elle était grande, mince, brune et avait les yeux marrons. Elle à toujours eu le teint halé, tu semble avoir hérité de ça. » Elle rit légèrement avant de reprendre. « J’ai hérité de mon père plutôt moi, les yeux bleus, le teint pâle. » Elle détourne le regard du sien un instant, trop de choses remontent à la surface en quelques secondes. Des choses qu’elle pensait pourtant avoir définitivement enterré en elle depuis des années. Son regard s’accroche alors à une des photos dans le cadre du mur qu’elle observe. Jamie. Jamie et les Williams, se sont eux la famille qu’elle n’a jamais eue. Sa main glisse sur la table et elle vient en accrocher le coin et le serrer, sentant cette nausée prendre le dessus sur elle, elle reprend sa respiration et se retourne finalement vers Jana. « Je…je dois avoir ça mais… » Elle déglutit. « Je t’avoue que je ne sais pas où. J’ai…on a emménagé depuis peu ici et ça fait partie des choses que je n’ai pas encore, déballé. » Ce n’est pas un mensonge. Ni une vérité. Elle sait qu’elle à quelques photos de cette époque passée, elles sont certainement encore dans ce carton qu’elle traîne depuis des années, sans jamais l’ouvrir. Elle n’a jamais ressenti le besoin, et encore moins l’envie de se plonger dans cette époque. Si elle à emporté quelques souvenirs en quittant sa maison d’enfance, c’était au cas où un jour elle ait envie de les revoir, pour se rappeler qu’elle a eu raison de le faire…mais finalement elle a préféré tout laissé dans un coin, pour réellement passer à autre chose. « Je…excuses moi, je t’avoue que, ça fait beaucoup. Tu n’y es pour rien et j’espère sincèrement être en mesure de faire quelque chose pour toi. Je ne sais pas trop ce que tu attends de moi mais…tu crois que tu pourrais me laisser un peu de temps ? » Elle accroche son regard du sien, sincèrement touchée par ce tout. « Le temps pour moi de chercher ce que j’ai sur elle, et on pourra peut-être…essayer d’apprendre à se connaître ? Tu restes dans le coin ? »

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Alors qu’elle se met à me parler de ma mère, je projette une image dans ma tête. Je la vois dans de belles robes de créateurs, à défiler sur les podiums, attirant tous les regards sur sa tenue mais surtout sur sa silhouette élancée. Je souris bêtement face à cette vision. Un sourire qui s’efface rapidement devant le visage de Louise. Comme je le craignais, évoquer notre mère réveille des douleurs passées. Bien qu’elle ne le dise pas ouvertement, je le lis aisément à façon d’exprimer ses émotions, similaire à la mienne. Je m’en veux de lui faire du mal. Ce n’était clairement pas mon objectif. Et si je tiens à réussir ma quête, ce n’est pas au détriment des autres. Encore celui de ma sœur. Je la sens au bord des larmes, attristée par ses souvenirs. Ma main revient retrouver la sienne. Je tente de la réconforter. « Plutôt beau gosse alors le papa. » Je ris doucement. Je me risque à un peu d’humour. Je la complimente également. Peu importe de qui elle a hérité, c’est une très belle femme. Elle doit en faire tourner des têtes et attiser des convoitises. Son mari à de la chance de l’avoir. « T’en fais pas, c’est pas urgent. » Je ne suis plus à quelques jours près pour avoir un réel aperçu de ma mère. Je ne vais pas la forcer à fouiller dans ses cartons maintenant. Elle a besoin de repos, d’encaisser la nouvelle de mon existence. Tant pis pour ma curiosité. Je continuerai de l’imaginer défiler jusqu’à la découvrir en photo. Et de faire plus ample connaissance avec Louise.  « Pour te dire la vérité, je sais pas non plus. Mes parents adoptifs ont pas d’autres enfants, je suis pas experte des relations fraternelles. Je voudrais bien apprendre avec toi. J’aimerai être dans ta vie et que tu fasses partie de la mienne. Tu es la seule famille de sang que j’ai. » Du moins jusqu’à présent. De nouvelles perlent amères roulent sur mes joues. Je la balaye du revers de ma main de libre. Mes lèvres s’étirent au maximum de leur capacité à sa proposition. « Tu as tout le temps que tu veux. Je viendrai te trouver si tu traines trop quand même. » Un léger rire m’échappe à ma plaisanterie. Qu’elle se rassure, je ne compte pas la harceler et lui mettre la pression. Ce serait contre-productif. Et j’ai également besoin de temps pour poursuivre mes recherches. Obtenir un cliché de ma mère n’est en rien la retrouver. « Oui, je vis chez une cousine qui habite au centre-ville. » Je lui épargne vivre d’ordinaire à Denver et les détails qui y sont liés. Elle aura ces informations le moment venu, plus tard. « Je vais te laisser son adresse au cas où tu veuilles me rendre visite. » Sait-on jamais ? « Et mon numéro de téléphone pour me prévenir avant ou dès que tu as trouvé quelque chose d’intéressant. » C’est déjà une meilleure idée. Je lâche sa main afin de récupérer mon sac à main et en sortir un morceau de feuille et un stylo. Je m’aperçois ne pas l’avoir pris. J’avais oublié, troublée par cette rencontre autant plaisante que déroutante. « Tu aurais de quoi noter s’il te plait ? »

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La main de la jeune femme retrouve celle de Louise qu’elle caresse à peine avec une empathie certaine. Elle rit doucement à son tour au commentaire sur son père. « Merci. » La brune la rassure en lui assurant que ce n’est pas urgent, elle apprécie qu’elle comprenne, qu’elle lui laisse ce temps pour assimiler pleinement les choses, autant que possible. Elle relève la tête vers elle et lui sourit avant de l’écouter poursuivre. Touchée par ses propos, par ce qu’elle souhaite entreprendre avec elle, alors que finalement elle ne la connaît pas encore la touche, la déstabilise un peu. Nullement habituée au fait que les liens du sang aient une réelle importance, elle se dit que Jana pourrait sans doute être celle qui pourra la faire changer d’avis sur ce point. Ne la quittant pas du regard, elle hoche la tête et caresse un peu timidement, maladroitement, sa main du bout des doigts. « Je suis tout aussi nulle dans les relations fraternelles et relations familiales tout court, je te rassure ! Mais…je pense que je suis d’accord pour essayer d’apprendre avec toi. » Les larmes qui coulent sur la joue de celle qui s’avère être sa sœur, la touche d’autant plus. C’est la première fois que sa place, son existence au sein de cette ‘famille’ semble avoir de l’importance. Elle lui explique qu’elle vit chez une cousine dans le centre-ville, une belle aubaine du coup. Elle la laisse lui noter son adresse et son numéro de téléphone après s’être levé pour lui donner un papier, approuvant totalement d’avoir ces moyens de pouvoir la re contacter. « Je supposes que tu as déjà essayé, mais je pense que tu peux trouver des photos d’elle sur internet avec son travail. Même si…j’ai aucune idée si elle à continué longtemps ou non après mon départ. » Encore debout près du meuble où elle a pris le bloc note, elle hausse les épaules. « Je te promets de chercher ce que j’ai et je te rappel. » Elle se pince les lèvres, consciente que même si l’idée lui plaît, il lui faudra du temps, même quand elle la recontactera. « Tu sais je…j’ai envie d’apprendre à être une sœur…même si ça me paraît irréel de dire ça encore pour le moment, mais je te préviens…il va me falloir du temps pour apprendre à l’être. Si j’y arrive un jour. » Elle rit face à cet aveu véridique. « Ça me fait quelque chose de savoir que j’ai une sœur. Merci d’être venue me trouver. » Il lui faudra du temps pour assimiler, pour apprendre à avoir une famille, quelqu’un qui potentiellement compte sur elle et pour qui elle compte, mais elle sait qu’elle y parviendra. Elle à réussit avec les Williams, qu’elle considère comme cette famille qu’elle n’a à ses yeux jamais eus.