She's Alright (ft Sullivan)

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♫  Deux bonnes semaines que Louise est resté terrée chez elle, qu’elle n’a pas contacté Sully et qu’elle n’a pas mis les pieds au studio ou sur une scène. La musique, la scène sont ses moteurs depuis des années mais suite à ce qui s’est passé, elle avait besoin d’un break, de recentrer les choses. Elle n’abandonne pas à cause de ça, il n’en est pas question un instant. Elle a minimisé les choses depuis des semaines, elle en a bien conscience, et de fait, elle a honte. De nature plutôt combative et débrouillarde, elle a honte de ne pas avoir été capable de gérer ça avant que ça ne dégénère. Si elle à hésité pour porter plainte c’était par rapport à ‘limage que l’on pourrait avoir d’elle, elle ne veut pas qu’on la réfère à ça, qu’on sache qui elle est pour « ça ». La fille qui porte plainte contre l’agent de l’artiste qui la fait un peu plus briller depuis cet été.

Si elle ne connaît personnellement Sully que depuis quelques mois, il est pourtant devenu quelqu’un d’important dans sa vie. Le partenaire de scène, de composition qu’elle n’aurait jamais imaginé. Un véritable ami.  Bien sûr, grâce à lui, sa carrière vit un véritable essor avec cette collaboration inattendue et tout ce qui en découle mais elle est aussi tombée sous le charme de la personne en plus de l’artiste. Travailler avec lui est un véritable plaisir, ils ont su s’apprivoiser l’un et l’autre en quelques secondes seulement, être à l’aise aussitôt, comme s’ils s’étaient toujours connus. Elle se sent à l’aise avec lui et même si certains tabloïds leur prêtent une liaison, elle sait qu’il n’y aucune ambigüité entre eux. C’est d’ailleurs très certainement ce qui fait qu’elle soit aussi à l’aise. Si elle est comblée en amour et ne s’en cache absolument pas, au contraire, elle sait que Sully est amoureux. Amoureux d’une femme de son passée. Louise l’a très vite compris, à travers ses textes, son attitude un peu renfermée en dehors de la scène. Il lui en a vaguement parlé mais elle a compris qu’il n’aimait pas particulièrement s’épancher sur le sujet, ce qu’elle respecte.

Elle se décide enfin à revenir vers lui. A tenter d’oublier ce qui s’est passé. Il est temps d’aller de l’avant, de retrouver ses amours avec la musique et elle sait qu’il est la personne idéale pour le faire. Jamie aussi bien sûr, le premier avec qui elle partage cet amour de la musique, cet amour qui les a d’ailleurs rapprochés tous les deux à l’époque. Ce mari qui fait déjà tellement pour elle au quotidien et à qui elle ne veut pas trop en demander. Depuis le début, Sully la bouscule, la pousse à se dépasser sans cesse davantage…ce dont elle a besoin pour s’y remettre. Il semble prendre lui aussi un certain recul puisqu’il reste à son ranch quelques temps…Louise voit là une aubaine, prendre l’air là-bas pourra peut-être lui faire du bien. Sully à bien déjà essayé de la faire monter à cheval, sans véritable succès mais qui sait, réitérer et la pousser encore à se dépasser pourrait l’aider.

Elle descend tout juste du Uber l’ayant conduite ici qu’elle scrute les alentours tout en inspirant cet air un peu plus frais, un peu plus humide, dû à la végétation plus importante des environs. Elle est venue simplement avec son sac, pas de guitare. Néanmoins, elle n’a pu se résoudre à ne pas prendre son carnet de notes, qui n’a jamais cessé de la suivre partout. Première vraie sortie qu’elle fait seule depuis ce soir-là, qu’elle ose entreprendre sans Jamie pour veiller sur elle. Même s’il a prévu de la rejoindre après son travail à la ferme. Elle s’avance vers l’entrée de cette immense maison où elle imagine son ami seul. Elle a du mal à comprendre cette solitude à laquelle il semble pourtant accroché. Elle frappe à cette porte imposante et tourne la tête vers les écuries qu’elle aperçoit, toujours subjuguée par ce petit monde qui tourne ici autour de chez lui.
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♫  Alors qu’il allumait le four, et mélangeait le beurre, le sucre et la farine, Sully essayait de calmer le cours de ses pensées. Non loin de lui, Cosmé, le gros rouquin, se tenait droit sur le comptoir, son regard ambré porté sur son maître alors qu’il s’activait. Présence rassurante et envahissante. Il clignait lentement des yeux, et ronronnait comme une turbine, dispensant son amour contre quelques gratouilles derrière l’oreille, les moustaches pleines de farine. Il semblait ressentir l’agitation du cowboy et se tenait comme toujours à ses côtés. Quiconque prétendait qu’un chat n’aime pas son maître, n’en avait visiblement jamais eu. Ou ne leur avait pas laissé leur chance. Il faut dire que le moment était délicat. Sullivan ne parvenait pas à étouffer la culpabilité qui l’assaillait. Il avait failli face à son amie et sa partenaire de scène, en étant stupidement aveugle. Il y avait pourtant toujours eut chez Hank, quelque chose de dérangeant, que l’on pouvait à tort attribuer à son goût pour l’argent. Jamais il ne l’aurait laissé avec la rouquine s’il avait pu se douter de ce que ce connard pouvait trafiquer dans son dos. Cependant, il l’avait fait. Et depuis deux semaines, Louise n’était plus elle-même et toutes les excuses du monde ne lui rendraient pas, ce qu’elle avait perdu dans cette foutue loge. Il louait les dieux, que Nash et Jamie soient arrivés juste à temps, avant que ce soit plus grave. Une petite patte vint tapoter son bras et il abandonna une partie du carton de lait dans un petit bol, et enfourna les cookies dans le four brûlant. Un coup d'œil autour de lui et il se dit qu’il était plus ou moins prêt à la recevoir même s’il régnait partout un cafouillis de vêtements et d’objets abandonnés. Il empila le tout dans une corbeille qu’il enferma dans un placard, le chat toujours sur ses talons. Les cookies étaient hors du four depuis quelques minutes quand il entendit une voiture dans l’allée.

Au départ, il s’était dit qu’il se montrerait prudent, parce que le peu d’échange qu’il avait eu avec Louise ne lui permettait pas vraiment de connaître son état d’esprit. Mais quand il vit l’ombre d’un sourire sur son visage, il l’attrapa dans une embrassade un peu brusque, avec ses manières d’ours et la pressa un peu dans ses bras en lui assurant combien il était heureux de la voir entière. A n’en pas douter, quelqu’un l’avait placée sur sa route pour qu’ensemble ils puissent construire quelque chose. Il l’aimait comme une sœur, comme une amie, comme une âme qui le comprenait sans vraiment avoir besoin de parler. Tout ça grâce ou à cause de la musique. Putain ce qu’il s’en voulait de lui avoir fait du mal.

“Jamie arrive plus tard ? T’as bonne mine ça fait plaisir. Tu peux pas savoir combien je me suis fait du mouron pour toi.” Il la relâcha enfin, et Cosmé vint se glisse entre les jambes de la jeune femme pour se frotter à elle. “Viens donc, on va se poser un peu et après je t’emmène voir le p’tiot.” Quelque part, il se disait que le poulain aurait un effet thérapeutique sur elle, un peu comme l’aurait un chiot ou un chaton. Personne ne pouvait résister à un bébé.

“Tu fais comme chez toi.” Fit-il en l’invitant à entrer. La maison était entièrement faite de bois, avec une décoration un peu vieillotte, pleine de bibelots qu’on s’attendrait à voir chez un cowboy. Un cliché en chair et en os, mais l’ensemble avait quelque chose de réconfortant et chaleureux.  

“Qu’est-ce que je peux te servir à boire ? J’déconnais pas pour le café. Mais j’sais y faire avec le thé aussi si tu préfères.” Il était visiblement un peu nerveux puisqu’il versa le contenu de ses placards sur le comptoir de la cuisine comme s’il était un barista s’attendant a un rush du goûter.

“Comment vous allez toi et ton homme ?” Et le p’tit haricot, mais il n’osa pas se montrer aussi intrusif.

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♫  Sully ouvre la porte, elle le voit qui la scrute un bref instant, heureuse de simplement le revoir, elle lui sourit. «  Hey ! » Elle n’a pas le temps de lui dire qu’il a de la farine sur la joue qu’il l’attrape et la serre dans ses bras. Peu habituée à ce genre d’étreinte, elle finit par l’entourer de ses bras à son tour, elle pose sa tête contre lui et apprécie ce geste qui vaut largement plus que les mots. Si elle ne parvient pas à mettre avec précision des mots sur sa relation avec Sully, elle sait, elle sent que c’est fort, sincère. En si peu de temps, il est devenu plus qu’un ami à ses yeux. Si au départ, il était seulement question de travailler ensemble, le temps de reprendre un de ses morceaux, ils sont maintenant bien incapables de se séparer. Aussi bien pour la musique que pour le reste. Comme si c’était écrit, tout s’est fait naturellement et rapidement entre eux, et ce sans jamais la moindre ambiguïté, le moindre faux semblant.

Cet instant précieux tirant sur sa fin, elle l’écoute alors que son chat arrive déjà se frotter contre ses jambes, sans doute un peu attiré par l’odeur de Lola sur son pantalon. « Oui, il est encore à la ferme. » Elle se penche pour le caresser, appréciant ses ronronnements alors qu’il ne cesse de se frotter contre, réclamant d’autres caresses, ce qui lui arrache un nouveau sourire. Elle relève la tête ver son ami, touchée. « Merci. Il faut pas. » Elle marque une pause, le temps pour elle de se relever. « C’est passé maintenant. » Elle le pense. N’ayant de toute manière pas trop eu conscience de la gravité de la situation avec ce soir-là, elle sait qu’elle va rebondir rapidement. Surtout entouré de toutes ces belles personnes qui ne cessent de veiller sur elle, et dont fait parti Sully. « Je te suis. Dis…tu sais que tu as de la farine là ? » Elle frotte sa joue du bout des doigts en rigolant. Sullivan à encore beaucoup de choses à lui apprendre de lui visiblement car elle ne l’aurait jamais imaginé cuisiner ! « Je sens qu’il doit être trop mignon ce bébé ! »

Elle s’avance dans cette maison qui a beaucoup de caractère, de charme. Une maison en bois, qui correspond à merveille à Sully et son amour pour cette vie de cow-boy qui lui tient à cœur. Louise aime beaucoup l’ambiance qui se dégage du lieu. Si la décoration pourrait paraître vieillotte, elle trouve que ça lui donne un côté cosy, réconfortant. On a juste envie de se caler devant le feu et de boire une boisson chaude en regardant simplement part la fenêtre.   « Oh non, un café ça me va très bien ! T’es pas obligé pour la déco. » Elle rit de nouveau en observant le jeune homme tout renverser sur le comptoir de sa cuisine. Elle s’approche vers lui en tendant déjà les bras. « Tu veux que je t’aide ? »

« Ça va. Regarde, je sors…et toute seule. » Elle souffle en souriant. Elle fait la maligne, mais elle à été la première surprise à avoir eu un peu de mal à faire surface à la suite de ce qui s’est passé. Dépassée par le fait que même la musique, n’a pas sût l’aider, cette fois encore. « Ça va Jamie même si je sais qu’il s’en veut encore et qu’il s’inquiète trop. Mais ça va s’atténuer je suppose. » Elle hausse les épaules. « Et toi alors ? Cette retraite au vert se passe bien ? Tu te sens pas trop seul ici ? » Elle tourne un peu sur elle-même en écartant les bras, faisant référence au vaste lieu.
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♫  Sullivan relâcha la rouquine en lâchant un petit rire embarrassé, se rendant compte que son accolade avait sans doute était un peu brusque et inattendue. Et bien que les limites de leur amitié soient claires dans leur esprit commun, il avait toujours une pensée pour Jamie et ce que les journaux pourraient publier. Il avait toujours rectifié leurs théories abracadabrantes sur une possible intimité avec la chanteuse mais ils ne se lassaient pourtant jamais du sujet. Pourtant, n’y avait-il pas de la beauté dans leur lien ? Le fait qu’ils soient capables de franchir si facilement les barrières vers l’univers musical de l’autre, et d’en faire quelque chose de nouveau. Un mélange harmonieux. Quelque chose qui transcendant les foules autant que les parts de leurs âmes qui étaient meurtries. Il n’y avait pas plus pur que cela.

“C’est que j’me suis donné du mal…” Cette fois le rire était sincère alors qu’il s’essuyait encore la joue, s’assurant qu’il n’y avait plus rien. “Ca fait un bail que j’avais pas cuisiné pour quelqu’un.” Alors qu’il l’invitait à entrer, la laissant doucement s’imprégner de l’impression de quiétude de la maison. Il lui portait un regard attentif, comme s’il était spécialiste dans la lecture des pensées rien qu’à travers un geste ou une posture. Quoi qu’il se dise il n’était pas possible d’étouffer la culpabilité qu’il ressentait. Elle lui collait à la peau comme la poussière quand on était moite de sueur.

Il tira une chaise à son attention, refusant l’aide qu’elle offrait si gracieusement. Il était conscient qu’un café et un cookie n’allait pas tout effacer mais quelque chose en lui le poussait à la traiter comme si elle était faite d’un matériau fragile depuis qu’il savait qu’elle était enceinte. “Vraiment je m’occupe de tout, t’as juste à te détendre. J’donne pas l’impression que je sais ce que je fais mais j’te jure que si. Ca m’aide aussi, d’avoir les mains occupées.” Avec précaution et un peu plus d’assurance, il servit un café, et un latte avec une mousse onctueuse et un zeste de sirop de noisettes. Posant les deux sur le comptoir, il la laissa tendre la main vers ce qui lui plaisait le plus. Il fit glisser les cookies sur une assiette à sa portée, la fierté de sa réussite redressant sa posture.

“Je suppose que ça va prendre du temps, avant que tout revienne à la normale. Enfin…” Il fit une moue, se mordillant la lèvre pour se montrer mesuré alors que chez lui la colère contre son manager était toujours aussi brûlante. Comme de la lave coulant dans ses veines. “ Il est bien ton homme. Mais ça c’est pas une surprise. Moi je serais devenu fou à sa place.” Chez lui les choses ne se réglaient pas avec la justice, elle était auto proclamée. Puis étouffée. Il fallait faire parti d’un cercle fermé pour savoir pourquoi tel ou tel voisin se crachaient à la gueule depuis des décennies. Le lot des petits patelins sans doute, où l’on pouvait facilement aller enterrer les secrets.

“T’as jamais eu à travailler dans un ranch si tu penses que j’peux me sentir seul. J’ai pas une minute à moi, mais j’adore ça. J’avais justement besoin de pouvoir éteindre mon cerveau un peu. J’me sens vraiment très con, Lou. J’pourrais jamais vraiment me faire pardonner ma connerie. Mais j’veux que tu saches que j’irais jusqu’au bout pour lui faire payer à cet enfoiré. Tu veux quelque chose, t’as juste à demander.” Il frotta le lobe de son oreille, grimaçant alors qu’il se montrait vulnérable, ce qui était plutôt rare.

“C’toi qui prend les rênes. Tu veux qu’on fasse plus de dates, moins… Que je t’écrive un opéra. N’importe quoi. Tout ce dont t’auras besoin.”


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