Learning to fly (ft Jamie)

tw: sevrage alcoolique, blessures

Elle a réussi à grimper dans le taxi avec lui, elle lui sert la main, sans ne jamais la lâcher depuis qu’ils sont sortis de ce bâtiment qu’elle déteste viscéralement. Personne n’a rechigné à ce qu’elle fasse le voyage avec lui et qu’elle l’accompagne dans ce nouvel endroit. Elle n’a pas vraiment laissé le choix il faut dire. Arrivé ici, on leur fait une visite express en leur expliquant quelques règles de base, à son intention particulièrement. Les visites ne sont que sur rendez-vous, personne ne peut se prononcer pour l’instant sur la durée de ce séjour, si elle emmène des affaires se sera toujours à l’accueil…Elle à le droit de voir cette pièce vide et froide qui va lui servir de chambre mais on lui fait comprendre qu’il est temps pour elle de partir.

Ils sortent de la pièce laissant au couple un minimum d’intimité, pourtant l’un d’entre eux reste juste sur le côté du pas de la porte, à l’extérieur certes, mais semblant attendre qu’elle s’en aille vraiment. Louise se tourne vers Jamie, toujours aussi heureuse de le voir debout sur ses jambes. Elle s’avance vers lui et l’entoure de ses bras, sans pour autant vraiment le serrer, redoutant de le faire souffrir plus qu’autre chose. Elle cale sa tête dans son cou et profites de la chaleur de sa peau contre son visage. Elle laisse un baiser dans son cou et redresse la tête vers lui, sans pour autant retirer ses bras qu’elle laisse descendre autour de sa taille. C’est la meilleure chose à faire, elle le sait et pourtant son cœur saigne un peu plus. Il est difficilement concevable pour elle de le laisser là, seul. De partir sans lui et rentrer dans ce nouvel appartement. Elle à la gorge nouée et pourtant elle fait tout pour ne pas craquer. Pour lui. « C’est pour mieux se retrouver après. » Elle essaye de se convaincre autant que lui. Elle retire doucement ses bras d’autour de lui pour les laisser tomber le long de son corps, avant d’attraper sa main dans la sienne. Parler est un risque de craquer, parler n’a jamais été nécessaire pour eux…alors elle scrute son regard, elle peut aisément lire en lui tout ce désarroi dans lequel il se noie depuis trop longtemps Elle lève la tête vers lui et vient appuyer son front contre le sien.  « On se revoie vite d’accord ? » Une promesse à laquelle elle veut croire, à laquelle elle veut se raccrocher. Elle penche la tête complétement sur le côté, de manière à pouvoir venir frôler ses lèvres des siennes, sans lui faire trop mal. « Je t’aime Jamie, n’en doutes jamais.  Quoi qu’il arrive, je t’aimerai toujours. » A deux doigts de flancher…elle fait glisser sa main de la sienne, et se retourne vers la porte. Elle ne peut s’empêcher de se retourner vers lui avant de sortir et la vision qu’elle à lui brise le cœur. Le voir ainsi souffrir, physiquement et mentalement est une torture pour elle. Pourtant elle lui lance un sourire triste, lui murmurant un dernier je t’aime du bout des lèvres avant de ne partir.

tw: sevrage alcoolique, blessures

Il serre la main de Louise fort entre les siennes, angoissé à l’intérieur du taxi. Il ne sait pas vraiment où il va, ni combien de temps il y restera, et les signes du manque commencent déjà à se faire sentir, rajoutant à la douleur déjà causée par les blessures de son accident. Heureusement qu’elle est là pour l’accompagner, le rassurer, alors que lui aurait probablement déjà pris la fuite au moindre signal. Il n’a pas vraiment le choix, de toute façon, enfermement forcé qu’il a lui-même provoqué. Il ne cessera de se sentir coupable de tout le tort qu’il a causé, d’avoir vu toute sa famille pleurer pour lui, pour quelque chose qui aurait pu être si aisément évité. Il a donc promis. Promis de s’en sortir, de se faire aider pour avancer. Mais déjà, sa pensée la plus forte se tourne vers les verres qu’il n’aura plus jamais le droit de goûter. Il tente de garder un semblant de sourire en visitant le lieu froid qui l’abritera ces prochaines semaines au moins, et qui lui file déjà la chair de poule alors que sa future chambre lui donne déjà des frissons. Il pourra la décorer, qu’on lui dit, mais ça ne le fera jamais se sentir chez lui.

Il est temps pour Louise de partir et il se met déjà à paniquer à l’idée de se retrouver seul ici, de la voir sortir de cette clinique sans lui, sa peur nouvelle de l’abandon multipliée par son manque et son angoisse actuels. On leur laisse l’opportunité de se dire au revoir, malgré la pression qu’il ressent de devoir écourter alors qu’il n’a aucune envie de la laisser partir. Elle se rapproche et l’enlace, il s’y raccroche autant que possible, la serrant plus fort dans ses bras même si ça lui fait mal. Il est terrifié de ce qui l’attend, bien loin d’être prêt pour ça. Il sent son souffle dans son cou, sur lequel elle dépose un baiser et il ferme les yeux, s’imprégnant une dernière fois de son parfum, qui, il le sait déjà, va lui manquer terriblement. Il voudrait s’excuser encore, lui demander pardon à genoux, mais il se retient, sachant déjà que ce n’est pas le moment. A la place, lorsqu’ils se détachent légèrement, il glisse une main dans ses cheveux, caressant dans son pouce sa joue, alors que ses yeux à lui s’embrument déjà de devoir rester là, sans elle. « C’est pour mieux se retrouver après. » Il acquiesce en essayant de s’en convaincre, esquissant un sourire bien triste alors qu’il se veut rassurant.
Elle retire ses bras pour mieux attraper sa main, il entrelace ses doigts aux siens comme pour consolider leur lien. Il n’a pas envie de rester là. Il veut s’en sortir, se sevrer, se débarrasser de ce mal, d’abord pour elle, ensuite pour lui, mais il doute encore qu’il ait le courage de le faire réellement, ne sachant pas encore totalement ce qui l’attend, hormis la douleur qu’il ressent déjà. Le front de Louise contre le sien, il garde le regard baissé, un peu trop honteux et terrifié pour la regarder dans les yeux. « Le plus tôt possible. » lui répond-il, alors qu’il sait pertinemment que même ça, ça va mettre un temps. Il ne sait pas encore quand il sera en mesure de la revoir, avec toutes ces règles si strictes, surtout celles la concernant. Soudain, celle pour qui il serait capable de tout, son soutien le plus infaillible, devient une source potentielle de rechute, que les spécialistes préfèrent éloigner un peu plus. Il les déteste déjà. De sa main libre, il caresse encore le visage de Louise, profitant de la douceur de sa peau alors que ses lèvres frôlent les siennes en lui glissant un doux message qu’il fera de son mieux pour ne pas oublier, lors des moments les plus difficiles. « Je t’aime aussi. Toujours. Je vais tout faire pour aller mieux, je te le promets. » Cette promesse à peine prononcée, elle se détache déjà de lui, lui faisant relever la tête sur elle qui s’éloigne, alors qu’il a déjà envie de la retenir, contenant ses larmes autant que possible, pourtant si fragilisé sur l’instant. Il l’observe alors qu’elle se retourne sur lui, ses pas la guidant vers la sortie. Il place une main sur sa bouche pour ne pas craquer, se mordant la lèvre pour empêcher les larmes de sortir. Alors qu’elle lui glisse un je t’aime discret, il lui répond de la même manière, une larme glissant finalement le long de sa joue.
Le voilà désormais seul dans ce nouvel endroit, la gueule cassée, le corps abîmé, les tremblements de ses mains reprenant de plus bel alors que ses yeux ne semblent plus capables de s’arrêter de pleurer. Avant de sortir à son tour de la pièce, de l’autre côté, il tente de se calmer, relevant la tête comme pour retenir ses larmes à l’intérieur, inspire un bon coup avant de souffler, puis passe ses mains sur ses joues pour essuyer les pleurs. Il faut qu’il reste fort. Qu’il se batte. Heureusement, il leur reste tout de même le contact virtuel du téléphone. Il ne serait pas capable de passer tout ce temps sans lui parler, de toute façon.

tw: ràs pour l'instant.

♫ Après une semaine sans le voir, Louise commençait à perdre espoir que ce moment arrive. Alors oui, il y a cette condition, celle qui consiste à ce qu’elle participe elle aussi à la séance avec le psychologue mais au moins, elle allait enfin le voir. Être dans la même pièce que lui. Elle se cramponne à ce sac à mesure qu’elle avance dans ce couloir froid, avec cet aide-soignant qui l’accompagne. Il est là, enfin là devant elle à quelques mètres seulement. Elle accélère le pas et court presque finalement, se fichant bien des regards curieux sur elle. Elle lui saute au cou, le plus doucement possible quand même pour ne pas lui faire trop mal, ses bras l’entourent aussitôt et ses lèvres s’écrasent contre les siennes. Un court baiser qu’elle aurait voulu prolonger, mais à entendre le raclement de gorge près d’eux, ces retrouvailles doivent déjà cesser. Elle se recule et penche la tête vers cet homme qui finit par lui tendre la main. « Je suis Monsieur Gibson, je suppose que vous êtes Louise ? » Elle serre la main qu’il lui tend. « Bonne supposition. » Il tend ensuite cette même main en direction d’une pièce où la porte est restée ouverte, les invitant à entrer. « Merci d’être venue. Je vous en prie, si vous voulez bien. » Elle se retourne vers Jamie, contente de voir que son visage est moins gonflé, moins abîmé, moins douloureux. Elle glisse sa main dans la sienne et elle le suit dans cette pièce qu’elle déteste déjà. Ils s’installent tous les deux sur ce canapé qu’on leur désigne, alors que le médecin prend place dans un fauteuil en face. Alors ça se passe vraiment comme dans les films. Louise s’assoit au plus proche de Jamie, n’ayant pas relâché sa main. « Alors…est-ce que l’un d’entre vous veut dire quelque chose ? » Louise observe cet homme leur faisant face, puis son mari un instant, il baisse le regard. « Louise, comment prenez-vous le fait d’être ici ? » Elle hausse les épaules, se mordille déjà la lèvre. « Je me demande ce que j’ai fait pour être…devant vous. » « Ce n’est pas une punition. Vous n’avez rien fait…seulement dans le processus qu’à entamé votre mari, nous jugeons qu’il serait bien d’évoquer certains points que vous n’avez pas eu l’occasion d’aborder ensemble alors que ceux là ont considérablement marqués Jamie. Moi je suis là simplement pour vous aiguiller un peu. » Il lâche Louise du regard, pour venir le poser sur Jamie. « Jamie, vous voulez commencer par nous parler de ce moment, cette époque où vous avez commencé à garder les choses que vous ressentiez pour vous ? »

tw: sang, fausse-couche, deuil.

♫ Il va enfin pouvoir revoir Louise, et si ce n’est pas tout à fait de la manière qu’ils auraient tous les deux espéré, c’est déjà ça, et c’est un premier pas vers des visites plus privées. Lorsque son psy lui a proposé, il n’a pas hésité une seconde, malgré l’appréhension qu’il peut avoir à se confier sur tout ce qu’ils ne se sont jamais dit. Il a finalement pris conscience que, pour eux, c’était aujourd’hui la meilleure solution pour s’en sortir. Il est debout dans le couloir, le médecin à côté de lui, attendant sa femme, le pied tapotant le sol nerveusement. Il la voit arriver au bout de de quelques minutes de l’autre côté du couloir, accompagnée par un aide-soignant, et, d’office, ses yeux s’embrument sous l’émotion, tandis qu’un large sourire se dessine déjà sur ses lèvres. Elle lui a tant manqué, et cette semaine lui a paru interminable. Elle marche plus vite et il s’avance, lui aussi, jusqu’à ce qu’elle s’échoue dans ses bras et qu’il les referme sur elle, la serrant le plus fort possible avant de l’embrasser, le plus intensément que le contexte et ses blessures le lui permettent. « Tu m’as tellement manqué ! » Il sont bien (trop) vite interrompus par le corps médical, comme si leur contact était néfaste, alors qu’il lui fait le plus grand bien. Le médecin les invite rapidement à entrer, se présentant à une Louise légèrement méfiante, et elle attrape sa main pour aller à l’intérieur. Il la serre fort, comme un moyen de la rassurer avant de la suivre, s’installant à côté d’elle sur le canapé qu’il commence déjà à bien connaître. Il redoute un peu cet échange, qu’il sait pourtant nécessaire. L’un collé à l’autre, il n’a plus aucune intention de la lâcher. A la première question du psychiatre, il lance un bref regard à Louise avant de baisser la tête, hésitant. Ils ont beaucoup de choses à se dire, et il n’a aucune idée de comment s’y prendre. Le médecin enchaîne en interrogeant Louise sur son ressenti, et sa réponse ne l’étonne pas. Il resserre sa main sur elle en l’observant, se voulant rassurant, accompagné par les mots du docteur. Celui-ci se concentre finalement sur lui, entrant dans le vif du sujet directement. Il soupire et commence déjà à se mordre l’intérieur des lèvres avant de tourner son regard sur Louise. Décidément, se confier ne sera jamais un exercice facile pour lui. Il se redresse légèrement sur le siège, sans lâcher sa main, cherchant les bons mots. « J’ai jamais été très fort pour avouer quand ça n’allait pas. J’ai toujours préféré encaisser et digérer dans mon coin avec le sourire. » Il agrémente d’un petit rire, d’ailleurs, avant que son sourire ne s’estompe, conscient que tourner autour du pot ne fera que retarder un peu l’échéance. Il souffle. « Ça a empiré après cette nuit-là… » Il ferme les yeux et les images lui reviennent automatiquement. En les rouvrant, il lâche la main de Louise pour joindre les deux siennes, nerveusement, les fixant. « C’était… trop dur. Même aujourd’hui, j’arrive pas à me sortir cette image dans la tête… Louise sur le sol… et tout ce sang… » Il se stoppe, déjà troublé de se remémorer ce moment. Après une inspiration, ravalant ses larmes, il reprend. « J’ai jamais eu aussi peur de ma vie. Et je me suis senti tellement… impuissant. Je pouvais rien faire. Si j’étais pas rentré aussi tard, peut-être… peut-être qu’on l’aurait pas perdue… Ellie. » Il a du mal à prononcer son prénom, ne l’ayant jamais fait à haute voix depuis cette nuit-là. Sa gorge se noue déjà et il a bien du mal à se contenir, lui qui voulait rester fort, c’est raté. « J’avais déjà du mal à regarder Louise dans les yeux, après ça… Je voulais juste la protéger. Et puis, je savais pas comment gérer tout ça. C’était trop. Beaucoup trop pour en parler. » Il finit par se retourner sur Louise, l’air désolé en rattrapant sa main pour la serrer, en soutien, et pour s’excuser, aussi. Un moment de silence survient alors qu’il ne parvient pas encore à dire plus. Le médecin prend alors la parole. « Vous n’en avez jamais parlé, depuis ? » Il secoue la tête à la négative. Ce sujet reste tabou, ils n’ont jamais été jusqu’à aborder ce qu’ils ont pu ressentir. « Louise, qu’en pensez-vous ? Comment est-ce que vous avez vécu ce moment ? »

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♫ Sa voix résonne finalement dans la pièce. Encaisser et digérer, ces deux choses dont ils ont tous les deux abusés, jusqu’au trop plein. Ils ont beau partager tellement tous les deux, finalement devant la difficulté, trop soucieux de ne pas vouloir blesser d’avantage l’autre, ils n’ont jamais su communiquer. C’est quand elle voit son sourire s’effacer, qu’elle sent qu’il va continuer. Que les mots vont enfin s’extirper de sa bouche…et ça suffit à lui faire peur. Evidemment, elle aimerait qu’ils se disent enfin tout ce dont ils n’ont pas été capable de parler jusqu’à maintenant, laissant planer tous ce mal être au-dessus de leurs têtes, mais cela n’empêche qu’elle est effrayée à l’idée d’entendre Jamie évoquer les véritables souffrances intérieures dont il a été la victime pendant des mois. Il aborde cette nuit-là, sans détour. Alors qu’il lâche sa main, elle l’observe sans relâche et l’écoute avec attention. Avec émotion. Elle porte sa main à présent libre à sa bouche, triturant ses lèvres jusqu’à ce qu’il prononce son prénom. Pour la première fois. Elle sent que son rythme cardiaque s’accélère, elle sent ce nœud dans sa gorge, ses larmes qui tentent de monter. Elle ferme les yeux quelques secondes quand il saisit à nouveau sa main, après un regard pour elle. Non, ils n’en ont jamais parlé. Jamais. Elle tourne la tête vers le médecin. Elle est désarçonnée par ces questions, par ce qu’il vient d’évoquer, même si bien sûr, elle s’y était préparé, sachant qu’il s’agit du point de départ.  Après un instant de silence, elle se tourne vers son mari. « C’est la première fois que…je t’entends dire son prénom. » Ce qui finalement la rend plus réelle encore que leurs souvenirs mutuels. Elle soupire en baissant le regard sur ses mains. « On n’a pas vécue le même moment. Je…quand j’ai commencé à avoir mal, j’ai été sous la douche. Je me suis rendu compte que je perdais du sang et…j’ai pas réagis tout de suite. Je veux dire, c’était comme si mon esprit voulait pas comprendre. J’ai perdue connaissance et je me suis réveillé dans cette chambre d’hôpital où j’ai compris tout de suite. » Elle marque une pause. Avalant sa salive et espérant chasser ce nœud. « Tu étais là, tu étais là à côté de moi et déjà j’ai pris mes distances, sans le vouloir. Je…je me sentais tellement coupable, que j’ai pas réussi à parler pendant des jours après ça. Je suppose que c’est là que ce fossé s’est creusé entre nous. » Elle relève la tête vers lui, serrant sa main. « J’étais brisée…morte à l’intérieur. Je crois que j’ai longtemps cru que tu pouvais pas comprendre…parce que c’est moi qui l’ai perdue. Que ma peine était telle que, personne pouvait saisir. Pas même toi. Alors que toi aussi tu as perdue Ellie. » Cette fois, une première larme roule sur son visage. « Je ne savais pas que tu te sentais coupable. Tu n’avais aucune raison de l’être. Jamais je ne t’ai reproché quoi que ce soit, jamais je n’ai songé à ce que ce soit de ta faute. Je pensais que si tu arrivais plus à me regarder c’est parce que tu m’en voulais à moi. » Elle marque un temps d’arrêt. Se rendant compte à quel point leur manque de communication avait pu les induire en erreur. Elle tourne la tête vers le médecin.  « Avant la semaine dernière…j’avais pas notion qu’en fait, c’est pour Jamie que cette nuit à été la plus difficile. J’avais jamais pensé au fait qu’il ait perdue sa fille cette nuit mais qu’il a aussi failli perdre sa femme. Je…je me suis jamais mis à sa place pour ça. Je me rendais pas compte à quel point ça a été difficile à vivre pour lui de me trouver comme ça et de pas savoir si j’allais m’en tirer. » Entre deux notes, il relève la tête vers eux. « Jamie, est-ce que vous voulez réagir à ce que Louise vient d’évoquer ? » Elle finit par tourner la tête vers lui, sans lâcher sa main qu’elle sert d’ailleurs avec trop de force.

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♫ Il n’avait encore jamais prononcé son prénom. Jamais à haute voix, alors que pourtant, il y pense souvent. Lorsque Louise le lui fait remarquer, il se retourne vers elle et lui sourit tristement, comme un aveu silencieux de souffrance. Peut-être qu’il voulait la garder un peu pour lui. Ou peut-être qu’il voulait la laisser exister uniquement dans son imaginaire. Prononcer son nom, c’est comme reconnaître que tout ça fait réellement partie de leur histoire, et qu’il est temps d’assumer, d’en parler. C’est à son tour et il l’écoute attentivement, observant chacune de ses réactions alors qu’il apprend enfin ce qu’elle a pu vivre pendant tout ce temps. C’est la première fois qu’ils en parlent si ouvertement, si sincèrement, alors qu’ils ont jusque-là plutôt évité le sujet, malgré toutes leurs promesses de ne plus jamais rien se cacher. Il découvre sa blessure, sa plaie encore bien ouverte qu’il ne pouvait qu’imaginer jusque-là. Ca lui fait mal de l’entendre, d’entendre le récit de ce qu’elle a vécu cette nuit-là, et de ce qu’elle a pensé par la suite. Il s’en veut de lui avoir laissé croire qu’il lui reprochait la moindre chose, lorsque l’inverse exact se jouait dans son esprit. Lui qui ne voulait que la protéger, perturbé par son mutisme qu’il n’a pas su comprendre, il avait tout faux, finalement. Il voudrait la serrer fort dans ses bras, lui dire qu’il ne laissera plus jamais rien de similaire leur arriver, lui arriver, il se retient, se contentant de serrer sa main pour respecter la distance qu’on leur impose aujourd’hui. Il aperçoit une première larme couler sur sa joue, et lui-même n’est pas très loin de craquer, la gorge nouée, il sent bientôt les larmes arriver, alors qu’elle s’adresse au médecin, se souvenant de la panique qui s’est emparée de lui sur le moment. Il l’observait jusque-là, sans la lâcher des yeux, avant d’être finalement interrompu par le psy. Il renifle, ému, prenant un moment pour trouver les mots justes, alors qu’il a tant à lui dire. « Je… » Il s’arrête, souffle pour retrouver ses esprits et tâche de se redonner une certaine contenance en déglutissant avant de reprendre, redressant le regard sur Louise pour s’adresser directement à elle. « Je t’en ai jamais voulu. Pas une seule seconde. Comment j’aurais pu t’en vouloir, ça n’a jamais été ta faute. J’avais honte, je me sentais coupable. C’est… » Il baisse les yeux, avant de se reconcentrer sur elle. « C’est moi qui t’ai parlé d’avoir un enfant. Tu n’étais pas spécialement partante au départ. J’ai l’impression d’avoir provoqué ça, toute cette souffrance. Et moi aussi, j’ai cru que tu m’en voulais pour ça, et t’aurais eu raison. » Sa main serre un peu plus fort la sienne alors qu’il continue ses confessions, prêt à offrir autant qu’elle. « J’ai jamais eu aussi peur de ma vie. J’ai cru… J’ai cru que c’était fini. Pour elle, et pour toi aussi. J’ai eu tellement peur. Je sais pas si ça a été plus dur pour moi, j’ose même pas imaginer ta souffrance à toi, de l’avoir… » Il hésite un instant à en parler, mais finalement, s’ils sont là, c’est peut-être nécessaire ? « …portée, et perdue. Cette souffrance-là, je la connais pas. J’aurais voulu qu’on en parle avant… Et tu n'as pas pleuré, pas une seule fois, et j’ai eu peur de te perdre une nouvelle fois. Je suis désolé… tellement désolé, j’ai pas su comprendre, et on s’est tous les deux renfermés sur nous-même alors qu’on aurait pu s’aider. J’ai cru qu’en reparler ne ferait qu’accentuer la peine qu’on pouvait avoir, mais ça nous a fait sombrer, tous les deux… » Ils n’en sont qu’au début, au point de départ de leurs problèmes et de leurs confessions, et pourtant, il peine déjà à contenir ses larmes, qui finissent par se frayer un chemin le long de ses joues. Il voudrait revenir en arrière et changer tout ça, la soutenir comme il n’a pas été capable de le faire, mais c’est impossible. Aujourd’hui, il est temps d’avancer.

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♫ A mesure qu’elle l’écoute, les larmes coulent le long de ses joues, ses larmes qui ont mis tant de mois avant de ne couler. L’émotion palpable entre eux est forte, il lui est difficile de le laisser se livrer ainsi et le voir pris par tant de sentiments sans pouvoir le serrer dans ses bras. Elle aurait voulu le couper plusieurs fois pour réagir, mais si reconnaissante de connaître enfin ce qu’il a traversé, ce qu’il a pu ressentir au plus profond de lui durant tout ce temps, elle le laisse parler. Le voir pleurer lui aussi est un crève-cœur, pourtant elle sent que cela est nécessaire. Mêlé à ses larmes, elle laisse échapper un rire étouffé en regardant Jamie. « A ne pas se parler, on à réussi à se convaincre tous les deux de choses complétement absurdes. » Elle lève sa main libre pour venir essuyer du bout des doigts, furtivement quelques larmes sur la joue de son mari. « Si j’ai pas parlé d’enfant avant toi c’est juste que je m’étais toujours dis que, sûrement comme ma propre mère, je ne saurai pas être une maman comme il faut. Tu as rien provoqué Jamie, au contraire…tu m’as juste donné confiance en moi. A partir de là j’ai réalisé que c’est ce que je veux plus que tout, fonder une famille avec toi. Avoir un enfant. » Elle reprend son souffle, laissant retomber sa main sur sa cuisse, sans quitter son regard. « Jamais je pourrais t’en vouloir d’avoir cru en moi au point de faire de moi la mère de tes enfants et encore moins de m’avoir offert la possibilité de porter la vie. De porter notre fille. » Elle déglutie. Baissant la tête un instant. Elle mord sa lèvre et relève finalement le regard à nouveau vers lui. « J’ai pas vraiment de mot pour cette souffrance dont tu parles…comme je l’ai dit je…une partie de moi est morte avec elle je crois à ce moment-là. J’arrivais plus à penser, ni à ressentir quoi que ce soit. J’arrivais plus à te regarder parce que je me sentais coupable mais aussi parce que je supportais pas cette tristesse constante dans ton regard. A cause de moi. Alors oui, je me suis enfermée sur moi-même…et surtout, je me suis…évadé encore un peu plus de tous ça. Je voulais rien assumer. Je…j’ai un peu abusé de mes cachets. » Elle tourne la tête vers le médecin, marquant un temps d’arrêt. « Allez-y continuez » Elle reprend son souffle. « Je me suis rendu compte qu’en les prenant, ça me permettait de ne plus penser. Un peu comme si j’étais…un corps vide. Je pouvais pas pleurer. Je passais mon temps à dormir. Je me suis enfermé là-dedans et j’ai même pas été capable de me préoccuper de toi. De voir en face ta souffrance à toi. C’est moi qui suis désolé. » Elle attrape ses mains dans les siennes. « Je suis tellement désolé pour tout Jamie. »

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♫ C’est la première fois qu’ils se laissent le temps de parler à coeur ouvert depuis que c’est arrivé. La première fois que chacun écoute l’autre sans détour, sans jamais l’interrompre, laissant libre cours aux émotions qui les assaillent depuis tout ce temps. Il en vient à se demander pourquoi ils ont mis tout ce temps, joignant légèrement son rire au sien, déformé par les larmes qui coulent le long de ses joues, qu’elle vient essuyer de ses doigts. Il ferme les yeux, s’accrochant à son contact, avant d’embrasser sa main en rouvrant les yeux pour l’écouter à nouveau parler. Elle le rassure, apportant un nouvel éclairage sur une peur qu’il ne lui connaissait pas réellement. Lui, il est pourtant convaincu qu’elle ferait une mère exceptionnelle. Il se retient de l’interrompre pour le lui dire, mais préfère la laisser s’exprimer jusqu’au bout. L’heure est à la parole, et il ne voudrait surtout pas la couper dans ses confessions. Touché, il place sa main sur sa cuisse en soutien, ne la quittant pas des yeux, oubliant même le contexte dans lequel ils se trouvent. Il n’y a qu’eux, et il peut enfin la comprendre, après tous ces mois de silence. Alors qu’elle poursuit, il se rend compte d’à quel point il a pu se montrer inattentif à ses maux. Plus son récit continue, plus le choc est rude. Il n’a rien vu, ou il n’a pas voulu voir. Il n’a pas voulu remarquer qu’elle cherchait à apaiser son mal en arrêtant de penser. Comme lui a essayé de le faire. Il place une main sur sa bouche en se mordant les lèvres, les yeux humides face à ses révélations, avant de la joindre aux siennes. « Non, arrête de t’excuser, t’as rien à te faire pardonner. C’est moi qui aurais dû être là pour toi. J’ai rien vu. J’ai pas été attentif alors que tu souffrais dans ton coin, j’ai pas pensé que… Louise, pardon. J'aurais dû m'en apercevoir, j'aurais dû être là pour prendre soin de toi... » Ca lui fait mal, de savoir qu’il a été incapable d’être la pour elle. Incapable même de voir au-delà de sa propre souffrance, d’un égoïsme sans nom alors qu’elle aussi traversait cette épreuve. D’une main, il vient caresser sa joue en effaçant les larmes qui s’y trouvent, gardant son autre main bien accrochée aux siennes. « Et aujourd’hui, ces cachets, tu… tu en as encore besoin ? » Il tourne un instant son regard sur le médecin, soudain gêné par sa présence, alors qu’il voudrait se trouver seul avec elle dans un moment si important. « Tu n’as rien fait de mal, tu n’as pas à t’en vouloir. Je suis désolé, tellement désolé que tu aies eu à vivre ça. J’aimerais pouvoir tout effacer, et revenir en arrière. Tu n’es pas fautive. Tu ne l’as jamais été. Ce n’est pas de ta faute. » Il n’a pas cessé de caresser sa joue en plus parlant, se voulant le plus rassurant et doux possible alors qu’il prend enfin conscience de la réellement souffrance de sa femme, dont il ne voyait qu’une toute petite portion, un iceberg dont il a longtemps ignoré la véritable forme. « Tu sais, j’ai jamais vraiment eu envie d’avoir un enfant, avant toi. J’aurais jamais pu imaginer en avoir un avec qui que ce soit d’autre. Les quelques mois qu’on a eu ont été les plus heureux de ma vie, et je suis persuadé que, si on en avait eu la possibilité, tu aurais été une mère exceptionnelle. » Il lui sourit, un peu tristement, mais parfaitement convaincu. « J’aurais tellement voulu te protéger de ça. J’aurais tout fait… » Le médecin se redresse sur son siège, avançant légèrement son corps vers eux. « Vous ressentez tous les deux cette culpabilité, mais avez-vous déjà pensé qu'aucun de vous n'aurait rien pu faire ? Que rien de tout ça n'était de votre faute, qu'à ce moment-là, vous ne pouviez tout simplement pas donner plus de vous-mêmes ? »

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♫La veille encore, Louise était assez réfractaire quant au fait de voir un psychologue afin d’aborder ces parties les plus difficiles de leurs vies, jugeant qu’étaler leurs problèmes devant un inconnu ne les aideraient pas à les régler. Pourtant, un peu sous la contrainte certes, elle était là aujourd’hui. Non seulement elle était venue mais en plus, elle s’est laissé prendre au jeu. Elle parle, se confie pour la première fois sur ce qu’elle a traversé à la suite de ce drame venu perturber le cours, pourtant idyllique, de leur existence. Et si à certains moments, elle avait l’impression de n’être qu’avec lui, la voix du médecin la ramenait à sa présence. Comment avaient-ils pu en arriver là ? Comment ont-ils pu s’éloigner comme ça alors que finalement chacun était accablé par sa culpabilité vis-à-vis de l’autre ? Evoquer tout ça lui faisait mal mais en même temps, elle sentait un peu de ce poids en elle, s’envoler. Ecouter ce que lui avait put ressentir l’aide à comprendre…même si c’est douloureux. Elle apprécie chacun de ses contacts physiques, refreinant cette envie de plus. Cette envie de venir se blottir dans ses bras. Elle observe cet homme mettre des mots sur ce dont ils peinent encore à concevoir. « Alors c’est ça ? Il faut simplement accepter qu’aucun de nous n’est coupable de quoi que ce soit ? » Elle hausse les épaules, reprenant bruyamment son souffle. Elle sait qu’il a raison. « Je suis d’accord. Je suis d’accord de mon côté pour essayer de…dissiper cet cette culpabilité. Après tout…les médecins nous l’ont dit, même si on à pas voulu écouter à l’époque. Il n’y avait rien à faire. Ce qui est arrivé, serait forcément arrivé, quoi qu’on ait fait de plus ou de moins. Et on était chacun trop…brisé, pour avoir la force, la capacité de prendre soin de l’autre. » Elle relève la tête vers lui. « Jamais je t’en voudrai de quoi que ce soit. Ce qui compte c’est que maintenant on soit là pour l’autre, maintenant qu’on arrive à y voir claire. Pour moi aussi ces mois dont tu parles ont été les plus beaux de ma vie...mais tous ceux que tu m’as offert avec toi l’ont été aussi. Je sais qu’ensemble, on peut le retrouver ce bonheur.» Cette idée suffit à lui donner le vertige. Elle l’aime tellement, et penser à la puissance de ce bonheur qui les attends, une fois que tout ira mieux, la submerge. Elle sourit, en serrant sa main entre les siennes. « Non. Je n’ai plus besoin de ces cachets. J’ai réussi à me relever Jamie. Je n’ai besoin que de toi. De toi à part entière. » Pas qu’elle lui reproche quoi que ce soit. Juste qu’elle espère qu’il laisse lui aussi ce poison ayant réussi à l’envahir derrière lui pour de bon. « Je…j’ai dû faire sans parce que je n’en avais plus. C’est à ce moment que je suis…partie. Peut être que la perception nouvelle de toute cette situation était trop difficile à supporter. Je me suis débarrassé de cette habitude par la force des choses. Et même si j’ai fait la plus grosse connerie de ma vie, j’en suis revenue plus forte. » A nouveau, un léger rire sort d’entre ses alors qu’elle se tourne vers le psychiatre. « Déjà que je ne pouvais pas te voir avant…alors maintenant. » Une once de sourire s’affiche sur les lèvres de l’homme qui à encore la tête baissée sur ses notes. « Jamie, qu’elle est votre avis à vous par rapport à ce que j’évoquais et de cette culpabilité ? »

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♫ Ils se livrent enfin, et si ça fait mal, si c’est difficile, après tant de temps sans en parler, c’est un poids sur le cœur qui se libère enfin. Ils sont enfin en mesure de se comprendre, alors que chacun évoque des choses que l’autre n’aurait jamais imaginé, alors que la culpabilité qu’ils ont en commun pèse lourd sur leur peine. Au final, c’est le médecin qui vient lever le voile, répétant quelque chose qu’ils n’étaient peut-être pas en mesure de concevoir avant. Que ce qui est arrivé n’était pas de leur ressort. Qu’ils n’auraient pas pu l’éviter, quelle qu’ait été leur action. L’injustice de la situation le frappe encore, et d’une certaine manière, sa culpabilité était devenue une sorte de confort, une réaction à une peur irraisonnée, mais bien là, que les dés étaient déjà joués. C’est parfois plus simple de se dire qu’il aurait pu faire mieux, plutôt que d’accepter l’injustice. Elle est la première à parler, la première à accepter, alors que lui a encore du mal à l’admettre. Elle ne lui en a jamais voulu, de la même manière qu’il ne lui a jamais rien reproché. Comment auraient-ils pu, de toute façon ? Il lui sourit, à jamais admiratif de sa force d’esprit, qu’il a découvert bien assez tôt mais qui ne cessera jamais de le surprendre, et de l’impressionner. Il n’est pas aussi fort qu’elle, il le sait, et d’une certaine manière, il aimerait qu’elle n’ait pas eu à l’être autant, de par son histoire. Elle resserre ses mains sur les siennes et il s’y raccroche encore alors qu’elle lui affirme qu’elle n’a plus besoin de cachets, qu’elle s’en est sortie seule là où lui peine encore. Peut-être que, finalement, son départ, bien que brutal et destructeur, l’a aidée à se relever, elle. Il baisse un instant la tête à l’évocation de cette période qui a vraisemblablement marqué sa chute, bien malgré lui assailli par la culpabilité de se retrouver si faible. Plongé dans ses réflexions, il ne la relève qu’à l’intervention du psychiatre qui lui adresse une question directe à laquelle il peine lui-même à répondre. « C’est… » Il cherche à formuler ses pensées de manière cohérente, exercice pour lui encore compliqué. « Je sais que vous avez raison. Je me rends compte maintenant… que rien de ce qu’on aurait pu faire n’aurait changé quoi que ce soit. J’ai simplement malgré tout du mal à ne pas me sentir coupable de ce qui est arrivé par la suite. » Il décide d’être honnête, raccrochant ses iris sur celles, si bleues alors que l’émotion les marquent, de Louise. « Mais je vais essayer. Parce que moi non plus, je ne t’en ai jamais voulu. Et que je veux qu’on avance, ensemble, sans tout ce poids sur les épaules. Je veux être là pour toi, pour tout ce qu’on a encore à vivre, et j’ai hâte de pouvoir sortir d’ici pour vivre tout ça. » Il rit légèrement en adressant un regard insistant au médecin, qui sourit à son tour. « Chaque chose en son temps. » dit-il, en bon professionnel. « Tu es tellement forte... Comment tu as fait, toute seule ? J'arrive pas à croire que j'aie rien vu... Pardon, Louise, ça a dû être tellement difficile... J'aurais dû prendre soin de toi, avant tout... Ca te manque, parfois ? » Il se sent coupable, malgré tout ce qu'on peut lui dire, cette culpabilité-là, il ne pourra pas l'éteindre si facilement. Il n'a pas été là pour elle, lorsqu'elle avait tant besoin de lui à ce moment précis. « Moi, j’ai été incapable de me freiner, incapable d’écouter, ou de me faire aider jusque-là. J’ai pas ta force, mais je vais tout faire pour m'en sortir, je te le promets. » Il ne peut s’empêcher de lui caresser une nouvelle fois la joue, seul contact qu’il peut réellement se permettre pour l’instant. Il lui sourit, aussi triste qu’admiratif. « Avec un peu de recul… Même si c’était terrifiant… Tu as fait le choix de te sauver, et c’était sans doute nécessaire… J’étais pas en mesure de t’aider, et ensemble… peut-être qu’à ce moment-là, ça nous détruisait plus qu’autre chose. Je comprends, maintenant. S’il-te-plaît ne t’en veux pas pour ça. Tu as fait le choix qui t’a sauvée, et c'est le meilleur choix que tu aies pu faire. Finalement, ça nous aura sauvés tous les deux. » Si elle n’était pas partie, qui sait ce que serait leur relation aujourd’hui. Après cet aveu, et toutes ces confidences, il se dit que, peut-être, si elle n’avait pas fait ce choix, ils n’auraient fait que s’enfoncer, l’un suivant l’autre, sans être capables de se relever.

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♫C’est difficile pour lui, c’est une évidence et pourtant, il tient bon, sa main toujours accrochée aux siennes, il avoue avoir conscience que le psychiatre à raison sur ce qu’il avance. Un pas en avant, encore ralentie par cette culpabilité qu’il ne peut pas effacer si facilement, d’un revers de la main. Telle une promesse, il lui dit les yeux dans les yeux qu’il fera tout pour. Avancer, ensemble. Ce souhait qui leur tient à cœur, à tous les deux. Elle sourit tristement à l’évocation de sa sortie bien sûr, une douce illusion la laissant s’imaginer rentrer avec lui à la maison une fraction de seconde. Illusion brisée aussi vite qu’elle était venue par la remarque de l’homme ayant pour mission de les ramener sur terre. Forte ? Elle ne peut s’empêcher de secouer la tête en le laissant continuer de parler. Elle ferme les yeux au contact de ses doigts de nouveau sur sa joue. A vrai dire, avant cet instant qu’ils sont en train de vivre, avant ses mots…elle n'en n’avait pas conscience. Elle n’avait pas pris réellement notion de l’ampleur de ce départ qu’elle-même à eu du mal s’expliquer. « Je ne suis pas forte, j’ai juste pas eu le choix. Alors non, ça ne me manque pas. Parce que j’estime ne plus en avoir besoin mais aussi et surtout parce que j’étais à court…Jamie, ne compare pas ça à…ton problème avec l’alcool. Tout ton univers tourne dans une ambiance où l’alcool est commun, présent presque sans arrêt sous tes yeux. » Elle se pince la lèvre, pensant à l’après. Après ça, plus rien ne serait comme avant, c’est une certitude. « Franchement, même si tu t’en étais rendu compte, même si tu avais essayé de faire quelque chose pour moi tu crois que je t’aurais laissé faire ? » Elle sourit, connaissant très bien la réponse. Ce caractère bien trempé et cette indépendance perpétuelle ayant raison sur elle la plupart du temps. « C’est marrant, j’ai jamais vu ça comme ça. Quand je l’ai fait, je pensais surtout à faire en sorte que toi tu sois sauvé de tout ça… Jusqu’à présent je pensais d’ailleurs que c’était ce qui avait fini de te briser. De t’entraîner dans cette…déchéance. » Le médecin les observe, il lève alors une main, elle détache son regard de celui de son mari. « Je vous proposes qu’on aborde cet autre sujet au cours d’un prochaine séance ? Je pense que vous avez déjà beaucoup avancé pour aujourd’hui…ensemble. » Elle fronce les sourcils, observant tour à tour le psychiatre et Jamie. « Une autre séance, avec Jamie ? » Le médecin sourit. « Oui et avec vous si vous le voulez bien. » Elle souffle et se laisse tomber dans le fond du canapé. Elle à pris conscience que la séance à laquelle elle venait de participer allait leur permettre d’aller de l’avant, ayant mis en lumière plusieurs choses dont elle n’avait pas notion…mais combien de temps tout ça allait durer ? Elle a l’impression, parfois, que le personnel de cet établissement pense qu’elle aurait sa place ici elle aussi. Elle se ravise, sachant qu’elle est prête à tout pour l’aider lui, l’aider à aller mieux et à rentrer à la maison, avec elle. « Si c’est ce qu’il faut. » Elle hausse les épaules, une fois debout, sur le point de quitter cette pièce, elle se retourne vers le médecin. Elle tourne ça dans sa tête depuis de longue minutes déjà, hésitante. Mais elle tente le tout pour le tout, elle n’a rien à perdre. « Est-ce que je peux vous parler, juste une minute s’il vous plait ? Seul ? » Elle se retourne vers Jamie et lui adresse un léger sourire en coin, se doutant qu’il ne comprend pas.  

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♫ Il n’en avait pas pris conscience, avant d’être ici, avant qu’elle ne lui montre l’évidence, que l’alcool prenait autant de place dans sa vie. Jeune barman, devenu gérant, puis propriétaire de pub, son quotidien déjà entouré de bouteilles en tout genre, sans parler de ses sorties, de ses fréquentations, sans être néfastes, toutes leurs soirées, toutes leurs célébrations, tous leurs moments difficiles, étaient accompagnés d’alcool. Il y songe en l’écoutant parler, frappé par l’évidence qu’à son retour, tout sera différent. Tout devra l’être. Va-t-il perdre des gens, pour si peu ? Pour autant ? Ca l’effraie, tout d’un coup, mais il tente de cacher son incertitude d’un sourire, pas prêt à la confier cette fois-ci, se contentant de l’écouter encore. Elle a beau lui dire qu’elle a été forcée d’arrêter, pour lui, ça reste de la force. Elle a toujours été forte. Il souffle du nez à sa question. Bien sûr qu’elle aurait refusé son aide, sa fierté indépendante l’empêchant d’accepter qu’on l’aide. Un peu comme lui. Sauf que lui, c’est du déni. Ses mains à nouveau sur les siennes, il l’écoute parler de cette période terrifiante, ce moment où elle est partie. Il le sait maintenant, il le comprend, avec un peu de recul, qu’elle a bien fait, même si ce n’était pas son intention de départ, au moins, elle s’est sauvée, elle s’est sortie la tête de l’eau là où lui a été incapable de l’aider. Ca a peut-être accéléré un peu sa chute, pourtant inévitable, mais finalement, il ne lui en veut pas d’avoir choisi cette option. Qui sait ce qui serait advenu d’eux sinon. Il resserre la pression de ses mains sur les siennes, prêt à répondre, mais se fait interrompre aussitôt par le psychiatre, qui leur indique que ce sujet sera pour plus tard, sans doute trop lourd pour ne pas constituer une séance à part entière. Il acquiesce, et il sent déjà la réticence de Louise à l’idée de revenir ici. Il sourit un peu tristement, d’un air désolé parce qu’il l’est, désolé. De lui imposer ça, de lui faire vivre ça. Il sait cependant que parler comme ils le font, ça ne peut que leur être bénéfique. « Ça peut nous aider à repartir du bon pied, tu penses pas ? » Il était le premier réticent, mutique lors de sa première séance, avant de craquer complètement à la première question posée. Une séance éprouvante qui a essuyé un bon nombre de mouchoirs, mais qui l’a libéré, finalement. C’est le but de tout ça, après tout, non ? Elle accepte et il en est soulagé. Il a envie d’avancer, plus que tout. Sortir d’ici le plus vite possible et se reconstruire après tout ça. Cette terrible année, il veut la mettre de côté. Elle se lève et il l’imite, entremêlant ses doigts aux siens, avant qu’elle ne se retourne vers le médecin pour demander à lui parler. C’est vers lui que son regard se tourne ensuite, elle veut le voir seule, et ça l’inquiète. Il fronce les sourcils, sa main resserrée sur la sienne comme pour se rassurer. Il finit par obtempérer et relâche sa main pour lui embrasser la joue, moyen de se rassurer à nouveau. « Je t’attends juste devant alors, d’accord ? » Il a la boule au ventre de ne pas savoir ce qu’elle peut bien vouloir lui dire. Est-ce que ça le concerne ? Est-ce qu’il devrait s’inquiéter ? Il quitte la pièce bien malgré lui, lançant un dernier regard à sa femme avant de refermer la porte pour attendre dans le couloir, le pied tapant sur le sol, les bras croisés sur son torse, la tête basse, s’appuyant contre le mur alors que les minutes défilent… trop lentement.
La porte finit par s’ouvrir et il sursaute, faisant de son mieux pour ne pas se précipiter sur elle pour en savoir plus immédiatement. Il se contente de se détacher du mur, placer les mains dans ses poches en s’approchant l’air de rien, petit sourire qu’il voudrait voir cacher son inquiétude. « Alors, vous avez parlé.. de quoi ? » Il ne peut s’empêcher de lui poser la question, un peu trop curieux, un peu trop anxieux.

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♫ Un peu pris de court par le médecin qui les coupe dans cet élan qu’ils ont finalement tous les deux réussi à prendre au vol, Jamie semble rester un peu interdit. Elle le sent soulagé qu’elle accepte en fin de compte cette nouvelle séance qu’on lui propose à elle aussi. Elle lui rend son sourire, bien que sur l’instant elle le trouve si triste, paraissant si lasse. Il faut dire que cette séance à elle seule venait de remuer pas mal d’émotions en eux, alors elle avait du mal à imaginer à quel point cela devait être éprouvant pour lui de se plier à cet exercice très régulièrement. Bien sûr, cela leur faisait du bien mais dans le même sens, c’était un travail de dure haleine. Un travail sur eux même, menant à tant de réflexions. A peine levés, leur main toujours l’une dans l’autre, il entremêle ses doigts aux siens, ce geste lui pince le cœur. Elle n’est pas prête à se détacher de lui. Pas tout de suite, pas comme ça. Lorsqu’elle fait part au médecin de sa demande, elle sent la main de son mari resserrer d’avantage la sienne et tandis que le psychiatre accepte la requête, Jamie embrasse sa joue, soucieux, et lâche sa main faisant glisser doucement ses doigts le long de celle-ci. « D’accord. J’en ai pas pour longtemps. » Elle lui sourit, tentant d’être rassurante. Essayant de se rassurer elle-même par la même occasion, tout en commençant de réfléchir à ce qu’elle allait pouvoir dire pour qu’il accepte de lui donner ce qu’elle souhaite. Il referme la porte derrière lui, elle se retrouve seule dans la pièce avec le médecin. Elle reste debout à lui faire face et se lance.


C’est elle qui ouvre la porte à la volée, un immense sourire accroché aux lèvres dont elle ne parvient pas à se détacher. Elle le voit aussitôt s’approcher d’elle, les mains dans les poches, cet air inquiet marquant son visage malgré ce petit sourire qu’il lui offre. Elle s’avance, le psychiatre sur les talons, elle l’embrasse rapidement à la commissure des lèvres et pose une main contre son torse. « On a l’autorisation de se voir un petit moment juste toi et moi. » Elle approche son visage près du sien et se mord la lèvre, sentant ce regard posé sur eux derrière elle. « Pour pouvoir te parler d’un des projets dont je t’avais parlé tu te souviens ? » Elle voit Jamie se pencher vers son médecin, elle se retourne également vers lui pour le voir hocher la tête et tendre cette main à nouveau vers son ‘bureau’. « Je vous laisse la pièce, le temps pour moi de faire une pause-café. » Un léger sourire marque son visage tandis qu’il tourne les talons. Louise saisit la main de Jamie à l’attire aussitôt à l’intérieur en poussant la porte derrière eux. Son sourire toujours solidement ancré.


Aussitôt seuls, elle se retourne vers lui et s’avance pour venir poser ses mains autour de sa nuque et enfin l’embrasser avec toute cette intensité qu’elle refoule depuis qu’elle la retrouvé, oubliant un instant ses blessures. Agrippant son tee-shirt elle vient finalement caler sa tête, juste sous la sienne, sur son torse et réfléchis à ce qu’elle va lui dire. De la manière dont elle va le faire alors qu’elle la déjà fait tellement de fois dans son esprit. Elle relève la tête vers lui pour plonger ses yeux clairs dans les siens, entremêlant doucement ses doigts aux siens. « Je voudrais te poser une question d’abord… » Un petit rire s’échappe d’entre ses lèvres, devant le regard interrogateur de son mari. « Est-ce que tu veux toujours avoir un bébé avec moi Jamie ? » Dire ces mots à voix haute suffit à la faire frissonner de tout son être tant cela semble encore irréel. Elle reste là, debout face à lui et ne peut résister à continuer, les larmes aux yeux de lui confier ce secret qu’elle à gardé en elle depuis plusieurs semaines déjà… « Je…Le mois dernier, ça faisait un an Jamie. Un an qu’une petite vie s’est accrochée à moi. Forcément, j’y ai pas mal pensé…pas forcément avec peine. Je pensais à cette joie qu’on à connu à ce moment-là et les mois qui ont suivis. Et bien sûr, j’ai aussi pensé à la peine qui nous a accablé en décembre…Je ne souhaite pas qu’on reste là-dessus. Je ne veux pas que nos fins d’années et celles de notre famille, soient toutes gâchées car nous penseront toujours à ce qui s’est passé. J’aimerai que dès cette année, nous puissions avoir quelque chose de positif. Quelque chose de beau à quoi se raccrocher pour se créer de nouveaux beaux moments. » Elle se pince les lèvres, et ne peut retenir une larme qui roule sur sa joue. « Bien sûr, je n’oublierai jamais Ellie pour autant. » Dire ce prénom, à voix haute est tout nouveau mais c’est tellement mieux de l’appeler ainsi que le bébé. Même si ça reste douloureux.l « Ce rendez-vous où je suis allé, c’était dans une clinique spécialisée à San Diego. Je vouais…refaire le point et savoir ce qu’il était possible de faire puisque j’ai compris que naturellement c’était presque impossible. Et…mon amour, on m’a proposé quelque chose. On nous propose une alternative, un petit coup de pouce, pour pouvoir avoir un bébé tous les deux. Bien sûr, il se peut que ça ne marche pas du premier coup mais…Je…j’ai très envie d’y croire tu sais. Alors, si tu es toujours d’accord, pour ma part, j’aimerai beaucoup avoir un bébé avec toi et je suis prête à ce qu’on se batte pour réussir. » Elle redresse la tête vers lui, émue, curieuse et anxieuse à la fois de découvrir sa réaction ayant conscience qu’elle venait de lui livrer tout un tas d’informations d’un coup. Mais elle ne pouvait plus garder ça pour elle, elle a besoin de l’intégrer à ce projet qu’elle veut partager plus que tout avec lui.
 

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♫ Ca l’angoisse, de la savoir seule avec son psychiatre, sans savoir ce qu’elle veut lui dire, ce qu’il peut lui répondre. Il n’a pas la moindre idée de ce qu’elle peut lui vouloir, et même s’il fait de son mieux pour se rassurer, à l’heure qu’il est, ses angoisses parviennent encore à s’immiscer en lui, vicieuses, alors qu’il appuie fermement sa tête contre le mur, un peu trop probablement, les yeux fermés pour tenter de rationaliser cette peur qui n’a justement rien de rationnel. Les bras croisés sur son torse, appuyé contre le mur du couloir, il se met à fixer l'halogène au plafond assez longtemps pour en avoir la vision troublée, puis baisse le crâne pour observer le sol avant que la porte ne finisse par s’ouvrir et qu’il se rende finalement compte qu’il a cessé de respirer en cours de route. Il s’avance vers Louise, qui arbore un large sourire sans qu’il n’en comprenne le sens. Il libère une main de l’un de ses poches pour la placer délicatement dans le dos de Louise alors qu’elle l’embrasse et c’est d'œil interrogateur qu’il lui demande alors, penaud, et sa réponse ne fait que l’intriguer plus encore. « Quoi ? Comment… ? » Elle lui parle d’un de ses projets, cette surprise qu’elle semblait avoir hâte de lui partager, dont il ignore tout. Elle était censée garder le secret encore un peu, elle lui a dit, pourtant, que ce ne serait pas pour aujourd’hui. Qu’est-ce qui lui a fait changer d’avis ? Il sourit, lançant un regard vers le médecin qui ne fait que lui confirmer les dires de sa femme, qui, d’ailleurs, ne tarde pas plus à lui attraper la main pour le trainer à l’intérieur de la pièce. Il observe en passant le psychiatre et s’inquiète presque du sourire qu’il a aux lèvres, lui aussi. Ca lui ferait presque peur, alors qu’il n’a pas la moindre idée de ce qui l’attend.

A peine la porte refermée qu’elle s’agrippe à lui pour l’embrasser comme il aurait rêvé de le faire un peu plus tôt. Un sourire se dessine sur ses lèvres alors qu’elle s’accroche à elle, une main dans ses cheveux, l’autre sur sa hanche. Elle lui a trop manqué, et elle lui manque encore, alors qu’il sait pertinemment que cet échange aura une fin bien trop rapidement. Il lui sourit alors qu’elle se détache, plaçant sa tête tout contre son torse. Il resserre ses bras autour d’elle, sans aucune intention de la lâcher, après un peu trop longtemps sans la sentir contre lui. La respiration plus lente, dans le calme agréable de cette pièce, alors qu’ils se retrouvent enfin seuls tous les deux, il finit par lui poser la question, pas trop fort, comme un secret. « Alors, qu’est-ce que tu voulais me dire ? » Elle mêle ses doigts aux siens en relevant la tête pour le regarder, un petit éclat de rire qui lui fait tiquer le cœur alors qu’elle semble préparer quelque chose. Il la regarde, à nouveau intrigué, et ses sourcils se froncent à sa question, à laquelle il ne s’attendait pas le moins du monde. « Quoi ? » S’il veut encore d’un bébé avec elle ? Cette envie-là, il l’a enfoui si profondément en lui qu’il n’y avait pas repensé depuis. Du moins, il avait fait en sorte de ne pas y penser, puisqu’il ne s’agissait plus d’une possibilité. « Pourquoi cette question ? » Son sourire a quelque peu changé, teinté d’une légère inquiétude alors qu’il n’ose pas vraiment lui dire oui. Il l’observe alors que l’émotion semble la gagner, et ses sourcils s’arquent en repensant à tout ce qu’ils ont pu traverser. La main contre sa joue, il l’écoute parler, attentivement, comprenant progressivement son raisonnement, jusqu’à ce que l’émotion le gagne à son tour. « Tu veux dire que… ? » Il a peur de poser la question, peur de s'imaginer des choses alors qu’elle n’a pas encore prononcé elle-même les mots clairement. Il aperçoit une larme sur sa joue qu’il chasse en passant délicatement le revers de sa main dessus, acquiesçant avec émotion à ses mots, les lèvres retroussées alors qu’il entend son prénom. Il le sait, jamais ils ne pourront l’oublier, jamais ce prénom les laissera insensibles, et jamais rien ne viendra chasser son souvenir. Elle restera à jamais gravée dans leur cœur. C’est le cœur battant qu’il écoute la suite, la confirmation de l’espoir qu’il n’osait encore se donner. A ses derniers mots, il finit par craquer, libérant les larmes qu’il a longtemps réprimées alors qu’elle lui offre une nouvelle raison de se battre, une nouvelle raison d’avancer. Il n’ose pas encore y croire, le regard baissé tentant de calmer les larmes qui ne cessent désormais de couler. Il redresse finalement le regard sur elle pour lui sourire, les yeux remplis d’espoir, passant sa main derrière la nuque de Louise, caressant sa joue de son pouce. « C’est vraiment ce que tu veux ? » chuchote-t-il, incapable de parler plus fort dans un moment si intime. « Tu veux, vraiment ? » Il a peur, peur qu’elle pense qu’elle ne lui suffirait pas, alors qu’il est depuis bien longtemps convaincu du contraire, qu’il a fini par faire la paix avec l’idée de ne jamais avoir d’enfant. Pour autant, son coeur se soulève alors qu’elle évoque cette idée, ce petit bout d’espoir qui pointe le bout de son nez. Son sourire s’accentue et il acquiesce machinalement, resserrant sa main contre sa joue. « Alors oui. Mille fois oui, bien sûr que je veux toujours avoir un bébé avec toi ! » Il plaque alors ses lèvres sur les siennes, glissant ses deux bras autour de sa taille pour la soulever du sol, au moins autant que ses blessures le lui permettent, le sourire aux lèvres camouflé derrière son baiser. Il voudrait la faire tournoyer, la faire danser, il voudrait lui faire l’amour immédiatement pour lui faire comprendre à quel point il peut l’aimer en cet instant, alors qu’il la voit se relever, envisager ce qui semblait inenvisageable quelques mois auparavant. Il se retient pourtant, la reposant sur le sol en détachant ses lèvres des siennes pour plaquer son front contre le sien. « Moi aussi, j’ai envie d’y croire. Et je suis aussi prêt à me battre. On va y arriver, Louise. J’en suis sûr. » Il lui embrasse la joue, le cœur rempli de nouvelles émotions, de nouvelles perspectives qui lui donnent d’autant plus envie de s’en sortir. D’autant plus envie de quitter cet endroit pour avancer, enfin, ensemble.

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♫ Il s’agit du genre de choses qu’il n’est jamais évident d’aborder, même avec celui qui partage sa vie, qui partage tout. Surtout dans leur cas à eux, après tout ce qu’ils ont traversé. Louise est passé par plusieurs phases engendrées par ce deuil qu’elle à du entreprendre bien malgré elle, celui d’Ellie mais aussi le deuil de sa capacité physique à avoir des enfants. Si en restant un temps dans le déni, tentant simplement de tirer un trait définitif sur tous ça sans vouloir, sans pouvoir, aller chercher plus loin elle s’est finalement résignée. A accepté de voir, de prendre les choses comme elles étaient, sans plus tenter de les laisser de côté comme si elles n’existaient pas. Alors elle a pris cette décision après quelques recherches sur internet. Elle a eu besoin d’en savoir plus, de comprendre quel était le souci exact et quelles pouvaient être les alternatives…elle était même prête à envisager de ne pas pouvoir avoir d’enfant qu’elle porterait, ce qu’elle pensait alors de toute manière impossible. Elle avait accepté le fait que beaucoup d’enfants, et elle était plutôt bien placé pour le savoir, rêvait d’une famille qui saurait leur donner tout l’amour que chaque enfant mérite plus que tout. Tout cet amour que Jamie et elle étaient prêts à offrir. Au dernier rendez-vous qu’elle avait eu, celui où sa vie a basculé l’espace de quelques minutes, elle n’était pas en capacité à entendre et encore moins à entrevoir quoi que ce soit, restant bloqué sur le fait que plus rien n’était vraiment possible.

Evidemment quand elle s’en est rendu compte, elle a voulu lui en parler. Elle l’a voulu maintes fois. Mais si au premier abord elle n’osait pas vraiment, s’en voulant encore de la manière dont elle avait réagi la dernière fois que le sujet avait été mis en question, elle avait ensuite été freiné dans son élan par les problèmes d’addiction que rencontrait Jamie. Elle s’était persuadé que ce n’était pas le moment, qu’il avait besoin lui aussi de se relever pour qu’elle l’embarque là-dedans. Alors elle à pris les devants avec ce rendez-vous, s’étant mis en tête qu’elle lui en parlerai au dernier moment et qu’il viendrait avec elle, souhaitant plus que tout, tout partager avec lui. Sans détour. Mais cet accident à pas mal chamboulé les choses…il a aussi confirmé à Louise, qu’ils n’avaient vraiment plus de temps à perdre pour vivre cette vie à laquelle ils aspirent tous les deux, pour tout mettre en œuvre pour qu’ils soient le plus heureux possible.

Elle l’observe. Elle scrute chacune de ses réactions alors qu’elle commence à lui en parler. De ce projet sans doute complétement fou dans lequel elle est prête à se lancer avec lui à ses côtés s’il est partant. Surpris, il ne comprend pas pourquoi elle lui pose cette question, et elle ne peut pas lui en vouloir. Prudent, il n’y répond d’ailleurs pas. L’air inquiet, il l’observe tout autant qu’elle et écoute ce qu’elle lui dit. Comme pour le rassurer, elle caresse doucement ses doigts, emmêlées aux siens. Elle sent qu’elle doit continuer à lui expliquer ce qu’il en est, elle n’avait pas pensé au fait qu’il puisse se faire une idée erronée. Elle aurait aimé lui dire qu’elle était enceinte mais pas cette fois. Non, et pourtant cela ne l’attriste pas, cela n’efface pas ce sourire figé sur ses lèvres car elle sait que cette nouvelle-là, viendra. Il vient essuyer du revers de la main, la première larme qui coule le long de sa joue, lui-même visiblement gagné par l’émotion à l’évocation de leur fille. A mesure qu’elle continue, elle voit cette émotion s’amplifier sur son visage, elle entoure son visage de ses mains alors que les larmes viennent couler, malgré son regard baissé. A voir le sourire qui se dessine sur ses lèvres, certaines de ces larmes sont des larmes de joie. Elle poursuit, la voix tremblante. Lorsqu’il passe sa main derrière sa nuque, et que son pouce vient caresser sa joue, elle ferme les yeux, appréciant ce contact. Elle l’entend lui chuchoter ces deux questions, alors que lui-même n’a pas encore répondu à la sienne. Elle ne parvient plus à retenir ses larmes, pourtant elle lui sourit. « Oui. » Elle reprend son souffle, se rendant compte qu’elle aussi chuchote. « C’est ce que je veux Jamie, plus que tout. Je ne le veux pas pour toi. Je le veux pour nous, pour moi. » Elle se pince la lèvre, hésitante. « C’est pour ça que je voulais te parler…maintenant. Je ne supportais pas l’idée que tu penses que c’est toi qui voulais un enfant quand je ne pense qu’à ça depuis plusieurs semaines. »

Le sourire de Jamie s’élargie, elle sent qu’enfin il se relâche. Il baisse les armes et laisse enfin s’exprimer cette joie qu’il semblait refreiner jusque-là en répondant à cette question si importante. Il l’embrasse sans attendre et la soulève du sol, alors qu’elle s’accroche à sa nuque, elle sent son sourire sous son baiser. Il la repose sur ses jambes, il détache ses lèvres des siennes pour venir poser son front contre le sien, alors qu’elle, passe ses mains derrière sa nuque, en profitant pour caresser ses cheveux du bout des doigts. Il est prêt et semble y croire tout autant qu’elle. Il lui embrasse la joue et elle éloigne son visage du sien pour mieux l’observer…encore un peu. Elle porte une main à sa bouche, envahie par toutes ces émotions qui la submerge. Cette fois, les choses se concrétisent et cela suffit à la rendre heureuse. La perspective de ce qui les attends tous les deux, suffit à faire battre son cœur deux fois plus vite. Elle rapproche son visage du sien, posant une main sur sa joue. « Je t’aime Jamie. Je sais que cette fois, notre amour sera plus fort que tous les obstacles qui essaieront de se dresser devant nous.» Elle l’embrasse doucement, savourant chaque seconde près de lui. C’est à ce moment que le médecin frappe doucement sur la porte n’étant même pas crochetée et que cette dernière s’ouvre sur lui.

 

tw: ràs

Elle remonte la bretelle de cette robe qui a tendance à glisser, en profite pour remettre en place l’anse de son sac sur son épaule. Elle se passe une main dans ses cheveux, prête à passer l’entrée de l’établissement, jetant un coup d’œil à sa tenue dans le reflet de la porte vitrée. Elle se dit, une nouvelle fois, qu’elle en fait trop, qu’elle aurait simplement dû enfiler un jean et une blouse plutôt que cette robe blanche, qu’elle à pourtant déjà portée un certain nombre de fois. Mais ça a été plus fort qu’elle, essayer de se faire un peu jolie après ces deux semaines, pour lui. Elle n’en revient presque pas de se dire que ça y est, elle va enfin le voir. On lui donne enfin le DROIT de voir SON mari. Sa punition est enfin levée. Elle sourit nerveusement en pensant à ce fait, c’est quand même un comble qu’on puisse lui reprocher d’avoir une relation trop fusionnelle avec celui qu’elle est censée aimer le plus au monde. Si elle est la première à se reprocher certaines choses, celle-ci n’en a jamais fait partie ! Rien ne changera, elle continuera de l’aimer si intensément, de vouloir passer chaque seconde de sa vie avec lui, d’avoir besoin d’être près de lui. Sans doute est-t ’elle dépendante de lui et quand bien même ? Elle relève ses lunettes de soleil sur ses cheveux et ses yeux s’habituent peu à peu à la pénombre du lieu. Un courant d’air lui glace le sang tandis qu’elle s’avance pour se présenter à l’accueil.

Elle avance dans ce couloir vers SA chambre, cette fois on lui à simplement rappelé le numéro et on la laisse s’y rendre seule. Elle sent son cœur s’emballer à mesure qu’elle avance, a mesure que l’espace entre lui et elle se réduit. Il lui manque tellement. Elle arrache ses lunettes de sur sa tête pour les enfouir dans son sac. La porte est entrouverte, du bout des doigts elle tape dessus, la faisant s’ouvrir doucement. Elle peut déjà sentir les effluves de son parfum flottant dans la pièce, cela suffit à amplifier l'émotion qui la gagne déjà.

tw: ràs

Ça y est. Il aura fallu attendre bien plus qu’ils ne l’auraient cru, mais Louise peut enfin lui rendre visite. Elle lui manque un peu plus chaque jour, au point qu’il se raccroche bêtement au t-shirt aspergé de son parfum qu’elle lui a laissé. Il se sent un peu comme un adolescent enfermé dans sa chambre, et ça lui fait mal, de savoir qu’on lui interdit de voir sa femme, comme si ce n’était déjà pas suffisamment compliqué. Ses murs sont couverts des dessins d’Ayden, des photos de sa famille, de Louise, et des petits mots qu’on a pu lui envoyer. Il les a accrochés pour ne pas oublier, pour pouvoir s’y raccrocher, en cas de doute, retrouver un peu de son monde ici, malgré les murs blancs et l’ambiance lourde dissimulée sous les sourires. Il va bien, il se sent mieux, et s’il a maintenant peur de découvrir comment sera sa vie à sa sortie, il a hâte, aussi, d’attaquer un nouveau chapitre, bien plus beau, bien plus sain que le début de cette année. Il est en train de se relever, progressivement, même s’il sait que ce sera encore difficile. On l’a prévenu, ça n’arrêtera pas d’être difficile, et il devrait faire un choix chaque jour de sa vie, mais il est prêt, ce choix, il le fera.

Il est assis sur son lit, jouant un peu de la guitare en attendant son arrivée. Il a décidé d’arrêter de regarder l’heure et d’arrêter de tourner en rond bêtement, alors il s’est posé et a empoigné son instrument pour se distraire, détourner son attention de sa hâte, et de son angoisse, aussi. Savoir qu’elle va découvrir son environnement, l’état de sa chambre, et son fonctionnement ici, ça lui fait un peu peur, mais c’est le prix à payer pour la voir. Au bout de quelques minutes à jouer quelques notes un peu au hasard, chercher des combinaisons intéressantes pour composer quelque chose, il entend finalement les coups salvateurs sur sa porte entrouverte. Il relève immédiatement les yeux, s’arrêtant de jouer, pour la découvrir, ses cheveux roux lâchés, habillée de cette robe blanche qu’il connaît et dans laquelle il la toujours trouvée si belle. Son cœur manque un battement avant de se remettre à battre la chamade, il pose sa guitare sur son lit en se relevant prudemment, presque effrayé de faire un pas de plus. Puis il s’avance vers la porte pour l’ouvrir complètement, un large sourire, et ce regard qui lui est réservé. « Te voilà… » Il sourit plus encore avant de la prendre dans ses bras pour la serrer fort, une main placée derrière sa tête pour caresser ses cheveux. Il sent son parfum, celui qu’il connaît bien, s’échapper de sa peau alors qu’il place sa tête dans le creux de son cou, lui déposant un baiser au passage. « Tu m’as tellement manqué… » chuchote-t-il à son oreille. Il se détache pour la regarder, bien plus ému qu’il ne l’aurait cru, caressant sa joue avant de capturer ses lèvres en un baiser, qui lui a tant manqué, l’entraînant à l’intérieur de la pièce.

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Elle est presque intimidée, après tout ce temps, à débarquer ici dans ce qui devenu son chez lui provisoire. Assis sur ce lit de fortune, sa guitare entre les mains, il se retourne vers elle, l’air aussi interdit qu’elle. Un sourire s’étire sur son visage lorsque son regard se pose sur elle. Elle à tellement attendue ce moment, ayant parfois presque cessé d’y croire, qu’elle se retrouve là, sur le pas de se porte, émue de simplement le revoir. Il abandonne sa guitare sur son lit et se relève doucement, silencieusement. Enfin son sourire s’élargit, Louise ne peut pas le quitter des yeux, comme si elle avait du mal à réaliser que cette fois il était bien là en face d’elle. Elle ressert cette étreinte, si longuement attendue, calant sa tête légèrement sur le côté entre son épaule et son cou, une main qu’elle presse dans son dos, pour le sentir le plus proche d’elle possible. Elle peut sentir ses doigts dans ses cheveux, son souffle chatouiller son cou, ce baiser, ces mots qu’il lui chuchote à l’oreille. Frémissante, elle ferme les yeux et savoure chaque sensation, chaque seconde. Plus rien n’existe à ce moment à part eux. Elle oublie cette pièce, ce lieu, cette porte entre ouverte, ses marques encore visibles sur son visage, elle le sert contre elle et c’est tout ce qui compte. Être avec lui. « Toi aussi. Tellement… » Elle murmure alors qu’il s’éloigne à peine et l’observe de cette manière qui lui donne l’impression d’être un trésor. Elle redresse la tête, glissant sa main le long de sa hanche alors qu’il caresse sa joue avant de presser ses lèvres contre les siennes en l’entraînant à l’intérieur, sans quitter ses lèvres. Elle glisse son autre main derrière sa nuque, incline la tête pour intensifier ce baiser. Tout de lui lui a tant manqué.

A contre cœur, elle met fin à ce baiser et appuie sa tête contre la sienne, reprenant son souffle. Elle sourit en soufflant. Elle rêve de se blottir contre lui et pourtant, elle s’éloigne mais glisse sa main dans la sienne, comme pour être sûr qu’il ne lui échappera pas si elle le quitte une seconde des yeux. Elle se tourne vers son lit, vers ce pan de mur recouvert de son histoire, de bride de vie des siens. « Tu as bien fait de refaire un peu la déco toi aussi. » Elle lui sourit, pourtant l’imaginer passer ses journées et ses nuits ici lui fait mal au cœur. Elle caresse du bout des doigts de sa main libre sa guitare posée sur le lit. « Qu’est-ce que tu jouais ? » Elle l’attire contre elle en tirant doucement sur son bras, le sourire aux lèvres elle accroche son regard d’un air taquin. « J’espère que tu me joueras quelque chose. J’aime tellement te voir jouer. » Elle se pince la lèvre et lui vole un baiser du bout des lèvres. Elle mêle ses doigts aux siens et relève leurs deux mains entre eux, en baissant le regard dessus, sans quitter son sourire. « Dis-moi, il te manquerai pas quelque chose ? »

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La revoir lui fait un bien fou, la serrer dans ses bras plus encore. Elle est belle et merveilleuse, et sa présence lui manque terriblement entre ces murs, alors que l’odeur de son parfum s’amenuise progressivement sur son t-shirt. Il se revoit un peu, lui derrière son bar, elle de l’autre côté du pub, alors qu’il tombe déjà amoureux pour la première fois d’elle, et cette sensation-là ne l’a jamais quitté depuis. Il la serre fort, l’embrasse en l’entraînant à l’intérieur sans la moindre intention de la lâcher, soudain rassuré par sa seule présence, oubliant presque l’angoisse qui se jouait en lui de la voir découvrir son nouvel environnement. Il savoure chaque fraction de seconde de ce baiser, désirant que ce moment s’éternise, mais elle finit par se détacher de lui pour revenir à la réalité de l’endroit où ils se trouvent, attrapant sa main à la place en inspectant la chambre sous son regard légèrement embarrassé. A chaque papier qu’il a reçu, les photos, les petits mots, les dessins d’Ayden, il a progressivement envahi le mur derrière son lit, le couvrant autant que possible de ce qui le raccroche à la vie, ce qui le raccroche à la sanité. Il l’observe découvrir la pièce, ce qu’il en a fait, sa main dans la sienne et il la serre un peu plus lorsqu’elle fait un commentaire sur sa décoration. Il lui sourit à son tour, sans rien dire, entre l’émotion et cette légère gêne d’un gamin pris en faute en train de tenter de réparer sa bêtise. Il se sentira toujours idiot, toujours coupable, quand bien même on lui dirait que ça ne sert à rien, ce sentiment-là fait désormais partie de lui.

Elle caresse doucement sa guitare avant de lui demander ce qu’il joue et il secoue la tête, puis elle le tire légèrement pour qu’il se rapproche. Il saisit l’occasion pour placer délicatement sa main libre au niveau de sa taille, l’observant avec le sourire, rapprochant légèrement son visage du sien. « C’était rien, je m’amusais juste à chercher une mélodie. Je te jouerai tout ce que tu veux. » Son sourire s’accentue et c’est elle qui finit par lui voler un baiser la première, mêlant ses doigts aux siens par la même occasion. Son regard s’abaisse sur leurs mains et il l’imite, caressant la sienne de son pouce avant que sa remarque ne finisse par le couper. Mince, la bague. Bien sûr qu’elle a remarqué qu’elle manquait. Lui-même n’a pas mis longtemps à s’en rendre compte, et s’est évertué à ne pas lui en parler. Il a dû la perdre au moment de l’accident, et lorsqu’il s’en est aperçu, il a cherché partout, dans les moindres poches, les moindres recoins de pièce, mais rien, son alliance avait disparu. Alors il a eu peur de lui dire, d’avouer cette nouvelle faute.
Il se pince les lèvres, les yeux cherchant à la fuir un instant en cherchant comment couvrir la vérité avant de se résigner, avant de soupirer légèrement en plaquant son front sur le sien. « Pardon… je sais pas où elle est… Je l’ai cherchée partout, mais je crois… j’ai dû la perdre pendant l’accident.. Je sais pas comment c’est possible. » Il a le regard bas, culpabilisant à nouveau de toute cette situation, l’alcool, son accident, sa présence ici, et toutes les conséquences que tout ça peut avoir sur Louise. Il relève finalement les yeux sur elle en esquissant un léger sourire coupable. « Je savais pas comment te le dire… »

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Tandis que son sourire ne quitte pas ses lèvres à elle, elle voit que lui se pince les siennes et fuit instantanément son regard. Elle fronce les sourcils, elle s’en veut de le voir mal à l’aise. Elle n’a pas le temps de répliquer que son front vient s’apposer au sien. Alors qu’il tente à nouveau de se faire pardonner, elle plaque sa main libre sur sa nuque et la caresse doucement au niveau de l’implantation de ses cheveux dans lesquels elle a la main. « Jamie » Elle murmure presque, désolée qu’il éprouve une telle culpabilité pour quelque chose dont c’est elle qui est coupable. Elle éloigne son visage du sien, laissant glisser sa main jusqu’à son torse. Il relève la tête et tente de lui sourire, mais elle voit que ça ne va pas. « C’est moi qui te demande pardon. » Elle se pince la lèvre et fait glisser la bride de son sac avant de glisser la main dedans. Elle attrape aussitôt l’anneau qu’elle avait placé dans une petite poche sur le côté du sac et se retourne vers lui pour lui faire face. Elle sent ses joues s’empourprer légèrement…elle aurait aimé faire ça autrement, mais elle a suffisamment attendu. D’autant qu’elle ne supporte pas voir la peine qu’elle lui a causé en attendant autant. Il lui est difficile de se rendre compte qu’indirectement, elle lui avait du mal en gardant cette bague. En voulant lui faire cette fameuse surprise. Elle est forcée de s’avouer qu’elle s’y était mal prise.

Elle-même face à sa propre culpabilité, le regard brillant, elle accroche le sien et lui sourit timidement en dressant cet anneau devant lui, entre eux. Tenant toujours sa main dans la sienne. « Pardon de l’avoir gardé si longtemps avec moi. Je…j’attendais le bon moment pour te la rendre. » Elle mord sa lèvre, avec force, pensant que cette vive petite douleur l’empêcherai de pleurer bêtement. Elle recule sa main, l’anneau entre ses doigts alors qu’il était prêt à le saisir. Elle lui sourit et malgré tout, sent une larme couler sur sa joue. « Je sais que c’est ridicule…on est marié depuis trois ans seulement mais…je voulais te demander si tu étais d’accord pour renouveler nos vœux ? » Elle baisse la tête un instant pour reprendre sa respiration et soupire alors que son sourire s’élargit et qu’elle plonge à nouveau ses yeux dans son regard vert. « Cette année à été si difficile, si éprouvante pour nous…j’ai envie que tu te rendes compte à quel point je t’aime. A quel point je suis désolé… J’aimerai à nouveau te promettre de t’aimer quoi qu’il arrive et surtout que je serai toujours là à tes côtés. Toujours. J’existe pas sans toi Jamie. » Elle souffle à nouveau, sans quitter son regard et fini par approcher un peu plus son visage du sien et étouffe un rire. « Je veux pas d’un grand mariage…juste te promettre encore une fois que je t’aimerai toute ma vie devant nos proches qui ont du s’imaginer tant de choses ces derniers mois. » Sa main encore dans la sienne, elle l’amène sur son ventre pour les poser toutes les deux dessus. « Et mon rêve le plus fou serait qu’on soit plus tout à fait que tous les deux à ce moment-là. »

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Il se sent un peu bizarre, un peu vide sans son alliance à son doigt, la peau marquée de l’avoir toujours portée. Son absence est visible, appuyée par celle, bien réelle, de sa femme à ses côtés. La honte déjà bien ancrée en lui depuis toute cette histoire, la disparition de cette bague n’a fait que renforcer son sentiment, et il n’a pas osé l’aborder avec Louise, cachant délibérément, lorsqu’il y pensait, sa main pour ne pas qu’elle s’en aperçoive, comme si ça allait changer quoi que ce soit. Il serait forcément confronté au moment où elle s’en rendrait compte, et en trouver une autre n’aurait pour lui aucun réel sens. Il se sent mal à l’aise alors qu’elle lui pose la question, les yeux rivés sur ses doigts pour lui faire comprendre qu’elle a remarqué, qu’elle n’est évidemment pas dupe. Il s’excuse, les yeux fuyants sans trouver de réelle explication. Elle a simplement disparu, évaporée au moment de l’accident, ce fait ne faisant pourtant pas sens pour lui, mais il n’en trouve pas d’autre. Sa main sur sa nuque le ramène à elle, il relève le regard pour lui sourire, profondément désolé d’avoir perdu quelque chose d’aussi important.

Pourtant, c’est elle qui s’excuse, et il se contente de froncer les sourcils sans comprendre, secouant déjà la tête à la négative alors qu’il l’observe fouiller dans son sac pour y attraper quelque chose. Il ne comprend pas en quoi elle pourrait se sentir coupable, jusqu’à la voir sortir de son sac l’anneau en question. « Comment…? » Il relève la tête pour la regarder sans comprendre, tandis qu’elle lui explique qu’elle attendait ce fameux bon moment pour la lui rendre. Il esquisse un léger rire, secouant la tête, puis se passe une main sur le visage en continuant de sourire, avant de faire un geste pour tenter de récupérer la bague, mais elle la retire avant qu’il n’ait pu l’attraper. Une nouvelle fois, il la regarde d’un œil intrigué, lui qui voulait tant récupérer son alliance, qui désespérait, même, de la retrouver un jour, voilà qu’elle lui offre autant de résistance. Il voit une larme couler sur sa joue et ça lui pince le cœur, avant qu’elle ne lui pose une question à laquelle il ne se serait jamais attendu. Surpris, presque sous le choc, un sourire s’étire bêtement sur ses lèvres sans vraiment comprendre. « Quoi ? » Elle poursuit, expliquant sa démarche et au fil de ses mots, ce sont ses larmes à lui qui commencent à se frayer un chemin jusqu’à ses joues, profondément touché, après tout ce qu’ils ont vécu ces derniers mois, qu’elle veuille à nouveau sceller leur amour, comme une promesse qu’ils se feront encore de rester l’un avec l’autre, pour toujours.

Il se pince les lèvres en acquiesçant rapidement à sa demande tandis qu’elle approche son visage du sien. « Moi non plus, j’existe pas sans toi. Bien sûr que je suis d’accord.. Ça tombe bien, j’en ai des nouveaux… » Il rit, le regard embrumé et elle poursuit, jusqu’à amener leur deux mains jusqu’à son ventre, laissant place à ce rêve qu’ils ont tous les deux, cet espoir qui a sû rejaillir alors qu’il ne l’attendait plus. Caressant son ventre du bout des doigts, le regard plongé dessus, son sourire accroché à ses lèvres, il pose son front sur le sien, paisiblement, confiant face à ce qui les attend. « Je te promets qu’on fera tout pour ce rêve devienne une réalité. » Il glisse sa main derrière son dos, l’autre derrière son oreille, caressant sa joue de son pouce, rapprochant ses lèvres des siennes en chuchotant. « Et je pourrais te promettre tous les jours de t’aimer toute ma vie… Qu’est-ce que ça donne, trois ans de mariage… les noces de froment ? » Il lui sourit, ses lèvres à quelques millimètres des siennes, il sent son souffle lui chatouiller la joue, humidifiée par les quelques larmes qu’il n’a pas su retenir, puis s’empare de ses lèvres pour sceller cette nouvelle promesse d’avenir, ce nouveau départ qu’ils se donnent. Sa demande signifie tant pour lui, une nouvelle chance, une nouvelle occasion de lui exprimer tout son amour, et cette peur envolée de la voir partir à nouveau, toutes ces choses qu’elle lui laisse entrevoir, qu’il n’aurait pas cru possibles quelques mois plus tôt. Il voit la lumière au bout du tunnel, l’espoir après tous ces mois difficiles, une nouvelle page à écrire, et il jubile de hâte, malgré la légère angoisse qui, vicieuse, s'immisce, elle aussi. En est-il vraiment capable ? Il chasse cette idée en la regardant un sourire intarissable perché sur ses lèvres alors qu’il lui caresse la joue de son pouce. « J’ai quand même le droit de récupérer mon alliance ? » Il esquisse un rire en la regardant tendrement, trop heureux de la retrouver là, à ses côtés, malgré ce cadre, qu’il oublie presque, finalement.