Skywriting ( ft Malou )

tw: alcoolisme, cure de sevrage.

Depuis le retour de Jamie à la maison, dans sa vie, Louise s’est laissé s’enfermer dans cette petite bulle avec lui. Ayant envie et surtout besoin de le retrouver, pleinement. Deux semaines où tout ou presque à gravité autour de lui, autour d’eux et même si cela pourrait paraître trop, cela lui a fait du bien. Se lancer déjà tous les deux, mains dans la mains, corps et âmes dans ces deux projets si essentiels à leur avenir et leur guérison des mois passés avait fini de les maintenir dans cette bulle. Et puis Jamie à commencé de travailler à la ferme avec Elea et si Louise s’inquiète pour lui, elle est heureuse de le voir peu à peu reprendre vie au fil des jours. Elle a confiance, en lui et en l’avenir. Elle a eu l’occasion de voir Nash bien sûr et aussi Cassie dernièrement, qui étaient déjà au courant de tout mais elle n’a pas encore pris le temps de revoir Marylou. Ces dernières semaines ont été délicates vis-à-vis de son amie, bien qu’elle ait eu envie de lui parler à plusieurs reprises, elle n’en a rien fait jugeant que ce n’était pas à elle de le faire et que Jamie avait besoin de temps et d’espace pour pouvoir surmonter cette épreuve à son rythme et à sa manière. Non avec Marylou elle en a profité Louise pour se concentrer sur le nouveau chemin que prenait sa carrière depuis le début de l’été, non seulement pour le vivre pleinement mais aussi pour, de ce fait, avoir l’esprit occupé.

Louise arrive sur la plage et retire aussitôt ses sandales qu’elle glisse dans son sac avant de s’avancer. Elle est heureuse de retrouver son amie, un sourire se dessine d’ailleurs sur son visage à mesure qu’elle avance. Elle se sent soulagée de pouvoir enfin lui parler librement et puis elle a hâte aussi de savoir ce dont elle veut lui parler elle de son côté. Elle a fait tant de mystères de ce sujet de conversation auquel elle semble tenir, tout en ayant tout de même visiblement du mal à l’idée de l’aborder. Elle longe le long de la plage, les pieds dans le sable encore chaud lorsqu’elle l’aperçoit. Son sourire s’élargie jusqu’à ce qu’elle arrive à sa hauteur. Elle l’étreint aussitôt d’un bras. « Salut ! Comment tu vas ? » Elle se recule et scrute son amie, surprise par ce petit minois qu’elle affiche. « Ok…tu as déjà besoin d’un verre toi ? » Elle lâche un léger rire avant de prendre Marylou par l’épaule.
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Voilà quelques semaines maintenant qu’elle n’a pas revu Louise, probablement trop occupée à retrouver son mari, et elle ne peut que la comprendre. Elle ne sait pas exactement ce qui lui est arrivé, n’a pas non plus posé trop de questions, percevant l’envie de Louise de ne pas trop en parler. Ce qu’elle sait, c’est qu’il a eu un accident de voiture, qu’il a été évidemment blessé, mais que malgré tout, il a eu de la chance. Elle sait aussi que son état était alarmant, et qu’il a inquiété pas mal de monde autour de lui, puisqu’elle a été aux premières loges pour constater la peine de Nash. Ca lui a brisé le coeur de le voir dans cet état, pour elle qui disait se moquer de lui, profiter simplement sans attache, voilà qu’elle réalise que son ressenti n’est pas aussi simple. Elle y pense tous les jours, un peu trop, un peu trop souvent, le matin au réveil, le soir au coucher. Lorsque le nom qu’elle lui a attribué dans son téléphone s’affiche, c’est son coeur qui tique, et ses joues qui s’enflamment, bien malgré elle. Ce n’était pas prévu, certainement pas souhaité, et voilà qu’elle panique, maintenant, à l’idée d’avoir tous ces sentiments pour lui alors qu’ils devaient en rester là. Elle n’a pas non plus envie de tout arrêter, de mettre un terme à tout ça et ne plus le revoir, mais elle le sait, il faudra sans doute s’y résoudre. Elle ne sait plus comment faire, n’a aucune idée de comment s’y prendre, telle une addicte accro à sa drogue, elle est accro à lui. Alors, elle a décidé de profiter de cette soirée pour demander l’aide de Louise. Elle ne sait pas réellement à qui s’en remettre, elle aurait peut-être pu en parler à son meilleur ami, mais avait envie, et besoin, de l’opinion d’une femme, honnêtement. Et puis, elle se souvient de la décision que son amie a prise, un peu avant l’été, de s’éloigner de Jamie. Elle sait que, dans leur cas, ce n’était pas la solution, mais pour elle, c’est sans doute de ça dont elle a besoin.

Elles se sont données rendez-vous sur la plage et c’est l’occasion parfaite pour se retrouver, et partager un peu les dernières nouvelles de chacune. Louise a quelque chose à lui dire, et pour elle, qui a toujours été d’une curiosité insatiable, c’est vraiment le genre d’information qui la fait trépigner d’impatience. Elle est assise dans le sable, tranquillement à regarder l’horizon en réfléchissant à la façon dont elle pourrait aborder le sujet ‘Nash’ sans trop en dire, parce qu’à vrai dire, elle n’a pas spécialement envie qu’elle sache de qui il s’agit. Et alors qu’elle rumine, elle aperçoit finalement son amie qui s’avance, et se lève pour la saluer d’un large sourire. Son étreinte lui fait du bien, elle le sait, la soirée sera agréable, un véritable moment de détente, comme toujours. « Hey ! Ça va plutôt bien, et toi ? Tu as bien meilleure mine depuis la dernière fois ! » Elle rayonne, et semble avoir repris des couleurs, ce qui lui va si bien. A sa remarque, elle lâche un petit rire elle aussi en s’avançant un peu le long de la plage. « J’avoue qu’un verre, ça ne serait pas de trop ! » Elle va avoir besoin de courage pour lui parler de tout ça. Les deux jeunes femmes avancent progressivement en direction d’un petit bar-café proche de la plage, bras dessus-bras dessous. « Alors, comment ça se passe, maintenant que tu as retrouvé ton petit cocon ? » Elle se doute qu’ils ne se sont pas lâchés, connaissant assez le couple pour savoir qu’ils sont inséparables, peut-être parfois un peu trop à son goût, mais c’est leur façon d’être ensemble, après tout. Elles arrivent rapidement au niveau du bar et Marylou se tourne vers son amie en souriant. « Qu’est-ce que tu bois ? C’est moi qui offre ! » Elle lui doit bien ça.

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Louise rit à la remarque Marylou, mêlant son rire au sien alors qu’elles s’avancent déjà toutes les deux le long de la plage. « Ça va bien. Je sais pas trop comment je dois prendre ça ! Mais merci je suppose. » La dernière fois, si elle ne fait pas erreur, c’était à l’occasion d’une de ses scènes avec Dean où son amie l’avait accompagnée avec Nash également. Alors oui, à cette époque, il lui manquait encore sa moitié à ses côtés pour partager notamment ce genre de moment, mais pour autant elle a souvenir qu’ils ont plutôt passé un bon moment. Enfin surtout elle qui a passé la soirée et une bonne partie de la nuit après le concert à rire avec eux et d’eux et de leurs regards qui en disaient long. « Toi par contre, ton regard ne trompe personne. Quelque chose te chiffonne ! » Elle est comme ça Marylou. Elle a beau vouloir camoufler pas mal de ses émotions, son regard en dit parfois, souvent, beaucoup à sa place ! Louise n’est pas étonné de la voir détourné la conversation aussitôt vers elle, ce qui la fait sourire en secouant légèrement la tête. « Divinement bien. » Elle sourit de plus belle, obligée lorsqu’elle pense à son mari, levant les yeux au ciel, même si elle grimace tout de même légèrement en se pinçant la lèvre. « Je sais qu’il y aura sans doute encore des moments compliqués mais je savoure chaque instant. » Marylou à eu, des semaines durant, cette pudeur à respecter le choix de Louise quant à ne pas trop s’étaler sur le pourquoi du comment de la durée de cette hospitalisation pour Jamie alors qu’elle ne cessait de lui dire qu’il n’avait aucune grave séquelle liée à l’accident. Louise à toujours apprécié ce fait, elle aurait eu bien plus de mal à ne rien lui dire dans le cas contraire. Elles ne mettent que peu de temps pour arriver au bar, Marylou se tourne aussitôt vers Louise pour lui demander ce qu’elle veut boire. Un nouveau pincement de lèvre. « Hum…alors…Je dirais un vigin mojito à la fraise ! » Elle rit déjà de nouveau devant la mine étonnée de son amie. « Ben quoi ? C’est toi qui payes apparemment et j’ai envie de fraises et de citron ! » Elle s’empresse d’aller s’assoir à une des rares tables encore vite, piquées directement dans le sable où Louise garde donc les pieds pendant que Marylou va chercher leur boisson au comptoir.  Déjà bien trop impatiente de son retour vers elle pour qu'elle lui raconte ce qui la tracasse !
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Elles en ont, des choses à se dire, depuis le temps qu’elles ne se sont pas réellement vues, qu’elles n’ont pas réellement pris le temps de discuter. Elle le sait, que cette période sans Jamie n’a pas été facile pour elle, et si elle ne connaît pas la réelle raison de son absence, elle sait au moins que ce n’était pas quelque chose de simple à aborder. Elle l’a perçu, ce petit quelque chose de différent, derrière ses sourires, cette petite inquiétude en plus qui n’était pas là avant. Alors, en voyant la réaction de Louise à sa remarque, elle agite légèrement les mains en guise d’excuses, s’accordant à son rire. « Non non, il ne faut pas le prendre mal ! C’est juste que… il y avait comme un petit quelque chose qui semblait manquer… et maintenant, tu as l’air plus apaisée, je dirais. » Elle lui sourit, avant que son amie ne vienne lui faire comprendre qu’elle peut lire en elle comme dans un livre ouvert. Elle aurait dû s’en douter, que ça se verrait sur son visage. Son sourire s’estompe légèrement alors qu’elle baisse la tête un instant, avant de la relever vers Louise pour détourner la conversation sans répondre, préférant largement écouter ce qu’elle a à lui dire que passer elle-même directement à la casserole. Elle ne parvient toujours pas à savoir quoi lui dire, comment le lui dire, sans éveiller trop de soupçons, sans se mouiller trop à son goût. Et puis, qu’est-ce qu’elle peut bien dire, au final ? Qu’elle avait raison depuis le départ ? Qu’elle a des sentiments pour Nash ? Quels sentiments, finalement ? Est-ce que ce n’est pas son cœur qui lui joue des tours ? N’est-elle pas en train de confondre l’extase du plaisir charnel avec un semblant de palpitation dans son cœur ? Peut-être qu’elle se monte la tête pour rien, finalement ? Peut-être que tout ça finira par disparaître tout seul, non ? Et alors que ce flux de pensées la traverse, ses joues s’empourprent et elle sent son palpitant qui s'emballe à la simple image de son sourire. Elle est nerveuse, Marylou. Alors elle recentre son regard sur son amie et l’écoute parler un peu de ses retrouvailles, intriguée par les quelques bribes d’informations qu’elle lui donne. « Des moments compliqués ? Pourquoi ça ? » Elle n’ose pas encore réellement rentrer dans le dur, lui poser directement la question qui lui chatouille le bout des lèvres.

Elles se dirigent vers le bar de la plage, et son amie commande un virgin mojito, sous l'œil intrigué de Marylou, qui s’attendait à quelque chose de plus fort. Sans vraiment de jugement, une simple surprise. A la réponse de Louise, elle lève un peu les mains en acquiesçant, tout sourire. « Pas de problème, tu as le droit ! » Elle rit légèrement et, pour sa part, se commande un mojito, menthe, avec tout l’alcool nécessaire à lui donner du courage. Elle le sait, ce ne sera sans doute pas son dernier verre. Louise s’installe sur une table et elle s’occupe des boissons. Lorsque la sienne arrive au comptoir, elle s’empresse de le boire quasiment cul sec avant d’en redemander un nouveau. Certes, ce n’est pas la meilleure façon de savourer un mojito, ni la meilleure boisson pour un shot, mais elle n’a pas pu s’en empêcher, tremblant presque de nervosité. Sa deuxième tournée ne tarde pas à arriver, elle paie au comptoir et rejoint vite son amie à la table, posant les deux boissons dessus. Elle souffle de stress, observant Louise avant de prendre un large sourire qui se veut rassurant, mais qui ne l’est pas franchement. « Alors, dis-moi… j’ai pas voulu trop insister là-dessus… mais Jamie, s’il est resté aussi longtemps à l’hôpital… c’est pas que son accident, si ? Qu’est-ce qu’il s’est passé ? » Rediriger la conversation sur elle. C’est mieux. Elle n’est pas encore prête. Et puis, ça l’intrigue, il faut dire. Elle n’en a pas plus su auprès de Nash, et elle s’est dit que ce n’était de toute façon pas vraiment ses oignons, mais tout de même. Si aujourd’hui, tout va bien, s’il est de retour, que tout va mieux, est-ce qu’elle est en droit de se demander ce qui lui est arrivé ? A peine a-t-elle posé la question qu’elle regrette, ayant l’impression de s'immiscer dans une affaire dont Louise n’a peut-être pas envie de parler. « Pardon, tu n’es pas obligée de me répondre, je comprendrais si tu préfères ne plus en parler… ça a dû être dur pour toi… » En parlant, elle place sa main sur celle de Louise, la serrant légèrement avant d’esquisser un sourire compatissant à son intention. Elle n’a pas envie de la brusquer, de la blesser, alors que la situation n’a pas l’air si simple.

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Forcément, faisant suite à sa remarque, Marylou se reprend, semblant s’en vouloir que Louise puisse mal interpréter ce qu’elle a voulu dire. Alors qu’elle a totalement raison, à ce moment-là, il y avait quelque chose qui lui manquait, en elle. Maintenant que tout semble être rentré dans l’ordre dans le chaos qu’a été sa vie quelques semaines et mois en arrière, il n’y a nul doute sur le fait que cela doit se lire aisément sur son visage. De toute manière c’est bien simple, depuis la sortie de clinique de Jamie, elle ne peut s’empêcher de sourire, non seulement heureuse de le retrouver enfin, pleinement, mais aussi en pensant à tous ces projets qui se dessinent à l’horizon. Pour autant, l’air pensif de Marylou et sa petite mine, ne lui font aucun doute quant au fait que quelque chose la tracasse. Comme à son accoutumée, alors qu’elles s’avancent toutes deux bras dessus bras dessous vers le bar, elle tourne la conversation plutôt vers Louise. Elle comprend qu’elle n’est pas prête à lui parler de ce qui semble la travailler. Face aux questions de son amie, Louise se contente de redresser la tête vers elle et de lui sourire alors qu’elles arrivent déjà à hauteur du bar. « Je vais t’expliquer quand on sera installé. C’est un peu long à expliquer. » Elle ne lui à encore rien dit et pourtant, elle se sent presque soulagée d’être enfin sur le point de le faire.

Elle le sait, ce n’est pas son habitude de boire un cocktail sans alcool à une soirée, d’autant moins entre filles comme celle de ce soir. Cela a le mérite de faire rire Marylou qui part aussitôt en direction du comptoir commander leurs boissons. Une fois installée, Louise en profite pour attraper son portable et envoyer un sms à Jamie. Juste pour savoir comment il va, et aussi parce que c’est plus fort qu’elle. Lorsqu’elle relève la tête, elle voit Marylou arriver avec les deux verres dans les mains, elle les dépose sur la table avant de prendre place en face de Louise qui vient de ranger son portable dans son sac qu’elle laisse tomber à ses pieds. Alors qu’elle attrape son verre et commence à en siroter une partie, elle remarque ce regard que Marylou pose sur elle, et ce sourire compatissant. Elle repose son verre sur la table et écoute son amie, qui finalement va elle-même l’amener au sujet dont elle aimerait lui parler. Elle qui espérait avoir droit à quelques confessions, il faut croire que Marylou n’est toujours pas prête pour ça. Elle n’a pas le temps de répondre qu’elle reprend, tout en plaçant une main affectueuse sur la sienne, la serrant doucement. « Non, justement, ça fait partie de ce dont j’aimerai te parler ce soir. » Elle lui rend son sourire, ne sachant pas vraiment comment amener la chose, ni par où commencer.  « Tu as raison, s’il est resté si longtemps c’est pas seulement pour l’accident. D’ailleurs il était même pas à l’hôpital. » Elle baisse le regard. Non pas qu’elle éprouve la moindre honte quant à cette situation, mais parce qu’elle s’en veut un peu de n’avoir rien dit plus tôt à son amie. De lui avoir menti par omission. « Jamie était saoul quand il a eu son accident. » Un sourire, nerveux, se dessine sur son visage. Elle souffle après avoir repris une plus grande inspiration. « Ça faisait quelques mois que l’alcool à finit par s’immiscer dans sa vie et j’ai…enfin, je m’en suis pas rendu compte tout de suite. J’étais pas vraiment là pour lui… » Elle marque une pause. Ce fait inéluctable lui brise le cœur. Bien qu’ils soient tous les deux passés par-dessus tout ça, une partie d’elle ne cessera de s’en vouloir. «  Quand on s’est retrouvé, il m’a promis que ça irait mieux. Je l’ai cru. J’avais envie de croire que je pouvais l’aider. Lui suffire.  Mais… » Elle laisse échapper un souffle, mêlé d’un rire. « J’ai clairement pas réussi. » Elle chasse du revers de sa main libre, une larme qui vient de s’échapper. « Il a fait une cure de désintoxe pendant tout ce temps. Excuses moi Malou, je…j’ai gardé ça pour moi et pour la famille. Je voulais pas qu’on le voit différemment, qu’on le juge. Et je pensais que c’était pas à moi d’en parler…même si j’aurais voulu le faire à plusieurs reprises avec toi. »
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C’est tellement plus simple, pour elle, de rediriger la conversation sur Louise, de s’intéresser à elle pour oublier tout ce dont elle a peur de parler, malgré tout son besoin de déballer ses sentiments. Et puis, il faut dire que ça fait bon nombre de semaines qu’elle se demande ce qui est réellement arrivé à Jamie pour passer autant de temps à l’hôpital, en particulier lorsque son amie lui a assuré que ce n’était pas assez grave pour ça. Elle y a songé plusieurs fois, parfois en voyant l’air préoccupé de Nash, qui ne lui a jamais plus rien révélé depuis cette nuit-là, cette parenthèse, qui en était réellement une pour lui, apparemment, alors qu’elle y pense encore, que ça la hante. Elle n’aurait probablement pas dû répondre présente. Aurait dû le laisser se débrouiller, garder sa place d’aventure régulière, sans plus. C’était ce qu’ils s’étaient promis, la seule promesse qu’ils s’étaient faite d’ailleurs, et pourtant, elle n’a pas pu se retenir de lui envoyer un message lorsqu’elle a su, imaginant sa peine de savoir son meilleur ami blessé, sa meilleure amie aussi inquiète. Ça lui a piqué le cœur, même, de l’imaginer autant en peine. Et puis maintenant, ce sont les regrets et la culpabilité qui l’assaillent, alors qu’elle sait pertinemment qu’elle court après un mirage, une illusion d’une histoire qui n’aura pas lieu.

Alors oui, c’est tellement plus simple d’écouter Louise lui raconter toute la vérité, plutôt que d’affronter la sienne. Elle fronce les sourcils à ses premiers mots, intriguée, mais, sans poser de question, elle la laisse continuer, libérer ce poids qu’elle semble avoir sur le cœur. Il était saoul. Ça devrait l’étonner mais pas tant que ça, finalement, bien que ça n’empêche pas la révélation de faire mal. « Oh, Louise… » qu’elle dit, un peu bêtement sans savoir quoi rajouter, se contentant de resserrer un peu plus son étreinte sur sa main, pour l’encourager à continuer, en guise de soutien pour la peine qu’elle a dû ressentir, et ressent encore, en en parlant. Elle souffle, puis son récit continue, mais alors qu’elle marque une pause, Marylou s’immisce, caressant le dos de la main de son amie de son pouce. « Tu ne pouvais pas imaginer que ça irait aussi loin, Louise… tu n’es pas responsable de ses actions. » Et elle le pense. Aider quelqu’un n’a de sens que lorsque la personne cherche de l’aide. S’il s’est engouffré dans cette brèche, ce n’est certainement pas la faute de Louise. Elle reprend, et son sentiment de culpabilité fait mal à voir. C’est la deuxième main de Marylou qui vient soutenir les siennes, soutien silencieux face à ses mots, lui laissant tout l’espace nécessaire pour aller au bout de tout ce qu’elle a besoin de lui dire. Devant ses yeux aussi tristes, le cœur de Marylou se pince, ses sourcils se froncent en compassion, alors qu’elle se dit que ça n’a pas dû être simple, ces derniers mois. Elle le savait, en particulier lorsque ces deux-là se sont séparés, un mois bref qui aura pourtant été très mal vécu par chacun d’eux, elle l’a bien vu. L’illusion de se dire que tout s’arrangerait lorsqu’ils se seraient retrouvés était belle, mais ça n’aurait jamais pu suffire. « Tu n’as pas à t’excuser pour ça… je comprends. J’imagine à quel point ça a été dur pour vous deux… Et tu avais raison, ce n’était pas à toi de m’en parler, ou du moins, pas à ce moment-là… Vous aviez besoin de rester en famille et c’est bien normal. Je te remercie de m’en avoir parlé, aujourd’hui… Et je suis contente, malgré les circonstances, qu’il ait pu avoir de l’aide, et faire cette cure. Ça n'a pas dû être simple, autant pour lui que pour toi… » Elle sourit, compatissante, avant de reprendre, cette envie, ce besoin, d’essayer d’apaiser l’esprit de son amie de ses maux, bien qu’elle s’en doute, son intervention ne changera peut-être pas grand-chose. « Ce n’est pas de ta faute tu sais…? Ce qui vous est arrivé, ça vous a tous les deux atteints. Vous avez géré ça d’une manière différente, et ce n’est pas une histoire de suffire à l’autre, Louise, tu le sais… Si tu n’as rien vu, je suis sûre que lui non plus. Puis c’est devenue une habitude, puis un besoin… Tout ça, ce n’était pas par rapport à toi… mais son incapacité à trouver du sens à ce qui vous est arrivé. » Elle le connaît beaucoup moins, Jamie, mais elle est à peu près certaine qu’il ne s’est jamais dit un seul jour que Louise n’était pas suffisante. « Il est sorti, aujourd’hui. Vous êtes ensemble, pour de bon, vous avez traversé le pire, et vous vous relevez, ensemble. Tout va bien, aujourd’hui ? Enfin, je veux dire, par rapport à tout ça, lui, ça va mieux ? Et toi, où en es-tu, dans tout ça ? Comment tu vas, vraiment, comment tu vois les choses, à présent ? »

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Dire toutes ces choses à voix haute n’a rien d’évident pour Louise, même si le fait de le faire auprès de Marylou est tout de même moins difficile que si elle avait dû le faire avec quelqu’un d’autre. Pour autant, ça lui fait mal ce nouveau constat, d’avouer ces failles. Aussi bien les siennes, que celles de Jamie.  Elle n’éprouve aucune honte, non, seulement une certaine tristesse, même si elle sait que cette page est en train de se tourner. Elle a confiance en Jamie, et au lieu d’éprouver le moindre sentiment de honte ou déception, elle est fière de lui. Fière de ce qu’il a réussit à entreprendre durant sa cure et qu’il ait réussi à gagner contre ce poison, contre cette drogue qui avait pourtant réussi à prendre possession de tout son être. Alors oui, enfin confesser tous ça à son amie n’est pas simple, mais dans le même temps, cela la soulage Louise. Elle se libère d’un poids parfois trop lourd à porter pour elle. Comme elle le lui dit, elle a tant voulu lui en parler avant, à plusieurs reprises, mais ce n’était pas à elle de le faire. Et surtout, le plus difficile pour elle serait qu’on juge Jamie là-dessus. Qu’on lui colle cette étiquette d’alcoolique qu’elle n’accepte pas. Elle se refusait à le voir, d’autant plus à l’accepter lorsque c’était le cas et encore moins aujourd’hui qu’il se trouve sur le chemin de la guérison. Qu’il fait tout pour s’en sortir. Mais elle sait que Marylou ne portera pas de jugement, qu’elle comprend très bien cette situation. Que ce problème n’est pas apparu de nulle part.

Elle apprécie cette oreille attentive qu’elle lui tend, tout comme ce geste avec sa main, preuve tacite de son soutient, de sa présence. Elle est reconnaissante Louise d’avoir une amie comme Marylou dans sa vie. Elle est de ces personnes qui, rien qu’en leur présence, mettent de la lumière dans votre existence. Elle aimerait la croire, vraiment, mais elle en est incapable. Si en effet, elle n’est pas directement responsable des actions de Jamie, pour autant, elle n’en a pas terminé de se sentir coupable, quoi qu’on en dise. Elle est rassurée d’entendre ces mots, qu’elle lui confirme qu’elle comprend, qu’elle ne lui en veut pas. Son sourire apaisant la pousse elle-même à en afficher un léger alors qu’elle continue de l’écouter, en hochant doucement la tête à ses dires. Même si à l’évocation pourtant si évasive de ce qui leur est arrivé, elle frémit. Elle tente de ne pas s’attarder sur ce sujet, sur l’élément déclencheur de tout ce qui a suivis ces derniers mois. Et ces mots pourtant, l’apaise d’une certaine manière…elle a raison Marylou. Jamie n’a pas réussi à trouver de sens à ce qui s’est passé. Non pas qu’elle, elle en ait vraiment trouvé un, mais elle a finit par avoir un électrochoc. Plus tôt que lui. Simplement. Incapable d’ajouter quoi que ce soit à ces mots résonnant de vérité, de bon sens, elle se contente toujours d’hocher doucement la tête, sans retirer sa main des siennes. « Oui. » Elle tend sa main libre pour attraper son verre et en boire une gorgée. Comme si cela allait l’aider à lui dénouer la gorge. « Oui ça va. Il va mieux mais je sais qu’il va devoir prendre sûr lui pendant un moment. Sans doute toujours. » Elle reprend son souffle, un sourire s’étirant enfin sur ses lèvres. « Je suis heureuse de le retrouver, vraiment. J’ai envie qu’on avance enfin et ensemble. J’ai confiance en lui, en nous. Je l’aiderai autant que je le peux. » Elle se pince la lèvre, et regardes son amie du coin de l’œil. « Je veux qu’on avance, qu’on se relève de tout ça. On n’oubliera jamais, tout ce qu’on a traversé, mais j’aimerai qu’on tourne la page. Et…j’ai un truc à te dire. » Elle souffle, et laisse échapper un léger rire. Telle une adolescente, elle pouffe presque en pensant à ce qu’elle va lui dire. Un véritable contraste entre ce qu’elles viennent d’évoquer et ce qu’il en est. Mais ça la rend heureuse Louise, rien que d’y songer à tous ça…et elle se dit que c’est ça le principal. Ce qu’elle doit retenir. « Par contre, après tu me dis ce qui te tracasse ! » Elle fronce les sourcils pour se donner un air un peu plus sérieux. Non, elle n’a pas oublié et ne compte pas laisser Marylou se défiler et ne rien lui dire.
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Elle ne peut qu’imaginer ce qu’ils ont vécu, ce par quoi ils sont passés ces derniers mois, et toute la peine qu’ils ont dû ressentir. Elle en a eu quelques échos timides de la part de Louise, quelques confessions qu’elle lui a faites sans trop rien dire, mais elle n’aurait pas pensé que ça irait aussi loin. Certes, elle s’attendait à ce que l’accident de Jamie ne soit pas uniquement dû à un coup du sort, la maladresse d’un conducteur, ou un défaut technique, mais de là à imaginer qu’il pouvait être aussi mal, elle ne l’aurait pas cru. Ça lui serre le coeur, de voir la peine dans les yeux de son amie, cette culpabilité qui ne la lâche pas, malgré tout ce qu’elle pourrait bien lui dire, et pourtant, elle en est convaincue, tout ça, ce n’est pas sa faute. Après tout, quel idiot prend le volant avec autant d’alcool dans le sang ? Elle ne l’aurait pas pensé si inconscient, Jamie. Elle est au moins soulagée, pour lui comme pour Louise, qu’il ait pu se faire aider, et qu’il en soit sorti aujourd’hui.

Elle s’enquit un peu plus de son état, de la situation actuelle, pour lui comme pour elle. Après tout, se remettre de tout ça, elle se doute que ça n’a rien de facile. Il leur faudra encore certainement du temps pour guérir complètement, si toutefois cela est réellement possible. Ses mains enserrant toujours la sienne, elle observe Louise boire une gorgée de son verre alors qu’elle a presque oublié qu’elles se trouvaient attablées, que le mojito qu’elle a pris se réchauffe tranquillement au soleil. Elle se sent bête, maintenant, d’avoir choisi de l’alcool, plutôt qu’autre chose. Pas étonnant que son amie, elle, ait préféré la version soft. Elle qui avait envie de s'embrumer un peu l’esprit pour se donner du courage, voilà qu’elle regrette. Elle l’imite cependant, portant son verre à ses lèvres pour en boire une gorgée elle aussi, écoutant la réponse de Louise.

« Oui, j’imagine… ça ne se règle pas si facilement, tout ça. Mais il t’a, toi, et il a fait ce qu’il fallait pour s’en sortir. » Elle lui sourit, rassurée de savoir que, si ce n’est jamais aussi simple, ils sont sur la bonne voie, tous les deux. Touchée, aussi, que Louise se confie à elle de cette manière. Et son sourire fait plaisir à voir, après toutes ces épreuves. « S’il y a bien un couple auquel je crois, c’est en vous deux. Bien sûr que vous vous en sortirez. Maintenant, vous allez pouvoir mettre tout ça derrière vous pour avancer. Je suis vraiment contente pour toi, pour vous, que ça commence à aller mieux, que vous vous retrouviez pour de vrai. Vous le méritez tellement… » Et c’est vrai. Elle ne croit plus vraiment en l’amour, plus vraiment en les hommes, plus vraiment en cette illusion de pouvoir aimer entièrement une seule et même personne pour toute la vie, et pourtant, lorsqu’elle les voit, eux, ça lui donnerait presque envie… Le petit rire mystérieux de Louise accentue son sourire, alors qu’elle reprend une gorgée de son mojito, curiosité piquée très vite par l’air malicieux de son amie, et ce début d’annonce qui ne demande qu’à continuer. « Un truc à me dire ? Vas-y, je veux savoir, maintenant ! »

Elle rigole, mais bien vite, son sourire se fane légèrement, tandis que la rousse la rappelle à l’ordre. Elle aurait presque oublié, à force de détourner le sujet pour ne pas parler de ce qui la tracasse, qu’elle a ce petit parasite dans le cœur. Un peu moins enthousiaste que son amie, malgré son air sérieux qui s’immisce sur son visage, elle lui répond d’un sourire un peu moins franc, un peu moins brillant, acquiesçant à sa demande avant de finir son verre d’un cul sec. Tant pis si ce n’est pas tellement le bon message aujourd’hui, elle, elle en a besoin, de ce petit courage désinhibé. « Si tu veux, mais me faudra un autre verre, je crois ! » Elle ne sait pas si elle est prête à avouer tout ce qu’elle a à dire. Et puis, au fond, elle sait très bien ce que Louise va lui répondre, mais pour l’heure, elle aurait plutôt besoin que ses conseils aillent dans son sens. Elle n’a jamais voulu tout ça, ils ont établi des règles bien claires dès le départ pour que ça n’arrive pas, et pourtant… ses joues rougissent alors qu’elle y pense, et son cœur s’emballe bêtement.

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