It comes and goes in waves (ft Jamie)

tw: deuil d'un enfant.

La nuit commence doucement à tomber sur cette journée qui touche à sa fin. Elle est allongée sur le canapé, la tête sur ses cuisses alors qu’il regarde la télé. Faisant de même jusqu’alors, elle tourne la tête vers sa main qui erre sur son ventre, frôlant au passage cette cicatrice encore trop visible, encore trop lourde de sens. Elle mord ses lèvres presque jusqu’à sang, hésitant une nouvelle fois à lui parler. A lui parler de ce sujet qu’elle voudrait aborder depuis si longtemps mais, elle n’y parvient jamais. « Jamie ? » Elle garde son regard fixé droit devant elle, elle risque de se raviser sinon. « Il y a quelque chose que je voudrais te demander mais…j’ose jamais. » Elle se redresse pour pouvoir finalement mieux le voir. Elle replie ses jambes devant elle et les entoures de son bras. « Ça t’arrives d’aller la voir ? D’aller voir Ellie ? » Elle baisse le regard un instant, s’en voulant déjà d’assombrir l’ambiance de cette soirée. « Je sais qu’on s’était dit qu’on en parlerait plus, du moins qu’on parlerait de ce qu’on ressent sans que ce soit encore tabou mais…c’est pas facile. J’ai toujours peur de venir assombrir les choses. De te faire du mal en en parlant. » Elle relève la tête pour accrocher son regard, et lui sourit. Comme elle peut. « Je suis heureuse de tout ce qui arrive Jamie, vraiment. Mais…j’arrive pas à l’oublier. J’arrive pas à oublier quand c’était elle qui était là, que je la sentais bouger, que je m’imaginais notre vie à tous les trois. Elle a existé, on a vu, on a entendu son petit cœur battre. Je m’en veux que toi ou même elle, où qu’elle soit, pensiez que je peux l’oublier. Que je puisse la remplacer comme ça. » Elle attrape sa main et la caresse aussitôt. « Je crois que j’aimerai aller la voir mais je peux pas le faire toute seule. »

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Ils profitent d’une fin de journée tous les deux, à passer simplement du temps ensemble en regardant la télévision calmement. Sa main sur le ventre de Louise qu’il caresse du bout des doigts, les lunettes sur le nez alors qu’il fixe l’écran devant lui, pas vraiment concentré sur ce qui y est représenté, alors qu’il menace déjà de s’endormir malgré l’heure, mais ces derniers temps, il a un peu trop tendance à suivre le soleil. Il a l’impression d’être vieux, Jamie, avec ce rythme qui ne colle pas à sa vie, mais il savoure chaque moment passé avec elle, même les plus simples. En particulier les plus simples. Il pique légèrement du nez alors qu’elle l’appelle, lui arrachant un petit « hm ? » alors qu’il dirige son regard sur elle, calmement, passant sa main libre sur ses cheveux pour apercevoir son visage. « Qu’est-ce que tu veux me demander ? » Elle se relève et il se tourne vers elle pour mieux la regarder, attendant la suite avec une certaine appréhension. Sa question le désarme légèrement, il détourne le regard et se pince les lèvres, n’ayant jusque-là jamais osé aborder ce sujet précis, puis elle précise, et il relève son regard sur elle avant de venir caresser doucement sa joue. « Ne t’en fais pas pour moi… » Il lui sourit, avant de se décider à répondre à sa question, s’installant plus confortablement en face d’elle pour se sentir plus à l’aise. « J’y suis déjà allé, oui… » Il baisse les yeux. Il ne lui a encore jamais dit, jamais vraiment. « J’y vais régulièrement, à vrai dire… désolé de ne pas t’en avoir parlé avant… » Son regard cherche le sien et il sourit à nouveau, penchant la tête de côté, un peu tristement. S’ils avaient dit qu’ils en parleraient plus ouvertement, le faire réellement s’avère plus difficile. Alors qu’elle lui avoue ses peurs, il se rapproche d’elle et pose sa main sur son genou recroquevillé. « Louise… mon coeur, personne ne pense que tu l’oublies. Personne. Je sais que c’est difficile… ça l’est pour moi aussi, tu sais… moi aussi je culpabilise à chaque fois que je me réjouis un peu trop… Mais rien ne pourra jamais remplacer Ellie. Ce bébé, ce n’est pas elle. Ce n’est pas pour oublier, ni pour remplacer… Et Ellie sera toujours là, quelque part. » Elle lui attrape la main pour la caresser, et il la serre contre la sienne, se rapprochant encore pour coller son front contre le sien en souriant. « On pourra y aller ensemble, alors. » chuchote-t-il en passant sa main libre derrière la tête de Louise.

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« Bien sûr que si je m’en fais pour toi. J’ai pas envie de te rajouter ça sur les épaules… » Il se redresse à son tour et lui avoue être déjà allé la voir oui. Lui aussi baisse le regard alors qu’elle se sent un peu bête. « C’est pas toi qui dois être désolé. C’est moi. » Elle souffle doucement, son regard accroche de nouveau le sien alors que sa tête est légèrement inclinée sur le côté. « Je t’ai vraiment abandonné pour ça. Je m’en veux de pas avoir été capable de faire ça avec toi. De pas avoir été là. » Si elle se doutait qu’il y avait déjà été depuis qu’elle est là-bas, elle ne pensait pas qu’il le faisait régulièrement. « Je me suis tellement braqué par rapport à ça…c’est normal que tu m’en ait pas parlé. » Il se rapproche d’elle et pose une main sur son genou, en l’écoutant parler. « Pourquoi on culpabilise autant alors qu’on n’y est pour rien ? » Elle souffle, se mordillant la lèvre, maintenant comme elle peut ce flot d’émotions, tout à fait capable de la submerger à tout moment. « Oui. Elle sera toujours là. » Elle tire sa main vers sa poitrine, et la colle sur le côté gauche, sur son cœur. « Elle fera toujours parti de nous je supposes. C’est elle notre premier bébé. » Il se rapproche encore davantage et vient poser son front contre le sien, chuchotant en plaçant sa main libre derrière sa tête. Elle ferme les yeux un instant. « Oui. » Elle prend une plus grande inspiration et ouvre à nouveau les yeux. « Je veux me rattraper. Avec toi et pour elle. Pour nous. »

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« Ne gardes pas des choses pour toi par peur de ma réaction… ça va, Louise… Et… on est deux. » Un petit sourire s’étend sur ses lèvres, discret, mais aussi rassurant que possible. Le sujet est délicat, encore sensible, et s’ils se sont promis de s’en parler en toute transparence, entre la promesse et l’acte, il y a encore un pas à faire. Il l’écoute attentivement, ses sourcils se fronçant légèrement alors qu’elle se sent si coupable de quelque chose pour laquelle il ne pourrait pourtant jamais la blâmer. « Louise… » commence-t-il, dans un souffle, baissant le regard avant de se concentrer à nouveau sur elle. Ça lui fait si mal de savoir qu’elle culpabilise à ce point. « Je ne t’en ai pas parlé parce que j’attendais que tu sois prête. Je ne pourrais jamais te blâmer de ne pas avoir pu venir avec moi. Et tu ne m’as pas abandonné, tu n’as pas à t’excuser, je comprends que tu n’aies pas voulu y aller avant. C’est normal… On a simplement géré tout ça un peu différemment, mais ce n’est pas pour ça que tu dois te sentir coupable de quoi que ce soit… » Lui, il a eu besoin de ce contact, besoin de se rendre sur cette tombe, comme un moyen de comprendre l’incompréhensible, une façon d’assimiler l’information, mais il s’est bien douté que, pour elle, aller la voir représentait une épreuve qu’elle n’était pas encore prête à affronter. Il esquisse un léger soufflement de nez à sa question, pas vraiment amusé, pourtant. « Parce que tout ça ferait tellement plus de sens s’il y avait un coupable à accuser. » chuchote-t-il en caressant doucement sa main dans sa sienne, la gorge légèrement nouée alors que l’émotion s’empare d’eux. Sa main suit son geste et son regard se pose sur l’endroit qu’elle indique, alors qu’un sourire se dresse légèrement sur ses lèvres, se retenant de verser quelques larmes qui cherchent désespérément à se longer dans le coin de ses yeux. Il acquiesce à l’affirmation, touché, lui aussi, se rapprochant d’elle pour coller son front au sien en posant sa main libre doucement derrière sa tête. « Et rien ne changera jamais ça. Jamais. » Il lui embrasse gentiment la joue, une main toujours dans la sienne, et rouvre les yeux alors qu’elle dit vouloir se rattraper. « Tu n’as pas à te rattraper, de quoi que ce soit. » Son pouce caresse le dos de sa main alors qu’il lui sourit d’une manière rassurante. « Mais si tu te sens prête, alors on peut y aller tous les deux, quand tu veux, tu n’as qu’un mot à dire. On pourra passer prendre des fleurs… Ça pourrait t’aider, toi aussi, de venir… » Dire que ça l’aiderait à se sentir mieux serait lui mentir, tout comme dire que ça la soulagerait, que ça arrangerait les choses… Mais, pour lui, c’est une certaine consolation.

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« D’accord. J’hésites plus alors… » Elle observe son petit sourire, elle aimerait tout lui dire, sans détour mais ce n’est pas évident. Elle rencontre des petits moments difficiles, elle se doute que c’est réciproque mais comme il ne lui en parle pas, elle fait de même. Elle l’écoute attentivement, touchée par ses mots. Rassurée qu’il ne lui en veuille pas, même un peu, de ne pas avoir put faire ça, vivre ça, avec lui. « Merci » C’est tout ce qu’elle parvient à dire à cet instant. « Oui sans doute…pourtant il n’y aura jamais de coupable. » Elle reprend son souffle alors qu’il caresse doucement sa main. Un sourire se dessine sur son visage à la suite de ce qu’elle lui dit, elle voit qu’il est touché. Lui aussi proche de laisser s’échapper quelques larmes. « Non, jamais. » Front contre front, elle reprend. « Ca va déjà faire un an…» Elle se redresse un peu alors qu’il lui embrasse la joue, et qu’elle caresse la sienne de sa main libre, pour le voir ouvrir les yeux à nouveau. « Oui, je suis prête. C’est une bonne idée les fleurs. » Elle appréhende déjà. Mais en même temps…elle sait, elle sent qu’elle a besoin, de la retrouver. Un peu. « Je doutes qu’on puisse mais, je veux pas qu’on oublie Jamie. Je veux pas qu’on l’oublie elle, ni ce qu’on a pu ressentir tous les deux. Je veux plus continuer à me laisser bouffer les petits bonheurs qu’ont à put avoir avec elle, grâce à elle, par ce qui est arrivé. Je veux plus m’obliger à essayer d’oublier pour avoir moins mal, parce qu’elle mérite mieux que ça. Être toujours rattaché au pire de ce qu’on à vécue alors que pendant six mois elle à été la plus belle chose. » Elle sent qu’il lui en faut peu pour s’effondrer alors qu’elle s’efforce à vouloir le contraire. A bout de souffle, elle respire par le nez, serrant les dents pour contenir ce sanglot qui pourrait arriver. Elle lâche sa main pour passer son bras autour de lui et l’attirer à elle, venant se caler contre lui. « Je veux y aller avec toi. Je veux avancer. »  

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« Non… Personne n’est responsable de ça… et on n’aurait rien pu faire de plus… » L’affirmation est douloureuse, mais il a fini par le comprendre. Il aurait été si facile de trouver le coupable n’importe où, blâmer les médecins de n’avoir rien vu, se blâmer lui-même pour être rentré plus tard, comme si sa présence aurait changé quelque chose, mais en réalité, personne n’aurait pu faire quoi que ce soit. L’émotion est palpable alors qu’elle évoque la présence d’Ellie, à jamais leur petite fille malgré le destin qui la leur a arrachée. Il acquiesce à nouveau, un petit sourire aux lèvres, rempli d’émotions qu’il tente tant bien que mal de retenir, plaçant son front contre le sien pour sentir cette proximité qui les caractérise. « Oui… j’arrête pas d’y penser… » chuchote-t-il avant de lui embrasser doucement la joue. Ce triste anniversaire approche et il ne sait pas comment l’appréhender. La peine sera toujours là, pour eux deux, il le sait. Mais l’idée d’avancer lui plaît. « On pourra aller les choisir ensemble, alors… Moi je prends toujours les mêmes… » Des lys blancs. Il est arrivé un jour chez ce fleuriste sans savoir quelle fleur serait la plus appropriée, la détresse devait être suffisamment visible pour que le commerçant le conseille alors qu’il avait du mal à s’exprimer. Il l’écoute attentivement, l’émotion gagnant peu à peu du terrain alors qu’il entend sa voix trembler légèrement, et serre un peu plus sa main dans la sienne en esquissant un sourire compréhensif. Ils sont en train de guérir, peu à peu. Toujours aussi proche d’elle, lui caresse la joue du bout des doigts en replaçant une mèche de ses cheveux derrière son oreille. « Elle sera toujours avec nous. Tu as raison, il faut qu’on arrête de vouloir camoufler tout ce qui est arrivé pour oublier. Elle était là, pendant ces six mois, elle a existé, et on doit se souvenir d’elle comme le petit miracle qu’elle a été… » Il veut s’y raccrocher, lui aussi, passer ce cap de vouloir à tout prix oublier pour se souvenir de tout ce qui les a rendu heureux pendant ces six mois. Il le voit, qu’elle n’est pas loin de craquer, qu’elle est tout autant, si ce n’est plus, chamboulée que lui. Elle le prend dans ses bras pour l’attirer, et il entoure les siens autour d’elle de la même manière, retranchant sa tête dans son cou pour y déposer un petit baiser en la serrant un peu plus fort. A ses mots, il sourit, acquiesçant silencieusement en la gardant dans ses bras. « On pourra y aller ce week-end, alors. » Ils décident à présent d’avancer ensemble, sans oublier, leurs bagages avec eux, simplement tournés vers l’espoir que l’avenir dessine.

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Il a raison, absolument personne n’aurait rien put faire. N’aurait put changer cette destinée. Il a fallu faire du chemin avant d’accepter ce fait, mais il semble que c’est enfin le cas aujourd’hui et pour tous les deux. Il hoche la tête, un sourire discret au bout des lèvres, lâchant cet aveu avant d’embrasser sa joue. Elle ferme les yeux à ce contact, retenant ses larmes. Elle tourne légèrement la tête pour caresser sa joue à lui du bout des lèvres et déposer à son tour un baiser. « Ah oui ? Lesquelles ? » Elle devine aisément l’émotion qui le gagne lui aussi alors qu’il l’écoute avec attention, il écoute ce qu’il sait déjà. Ellie fera toujours partie de leur vie et même s’ils sont en proie à avancer dans ce deuil qui les torture depuis presque un an déjà ils ne l’oublieront jamais. Ni ce drame ni même les jolies choses qu’ils ont eu le temps de vivre avec et grâce à elle. Ces petits souvenirs d’elle, de cette parentalité qu’ils ont touché du bout des doigts, bien qu’ils ne puissent se considérer vraiment comme parents, ils ont néanmoins déjà une fille. Elle sera toujours leur premier enfant. Un petit miracle, c’est le bon terme. Se blottir dans ses bras, à cet instant, est plus que nécessaire. L’endroit où elle se sent le mieux au monde, où elle sait que tout finira par aller. Temps qu’il la serrera comme ça contre lui, elle sait. Elle sait qu’ils parviendront encore à tout affronter, à avancer ensemble. « Merci » souffle-t-elle la voix tremblante alors que ses mains s’accrochent à lui, une à son vêtement, l’autre à ses cheveux, alors qu’elle sent son souffle à lui dans son cou, ainsi que ses lèvres sur sa peau. Si son étreinte se resserre, elle en fait de même tout en fermant les yeux. Ils restent comme ça une minute, peut être deux. Le relâchant doucement elle le voit sourire à nouveau, ses lèvres s’étirent légèrement pour en faire de même alors que son regard accroche le sien. « D’accord. » Elle attrape sa main dans la sienne, et la caresse, baissant la tête vers elle. Elle souffle et se lève du canapé sans lâcher sa main. « On va au lit ? » L’envie irrépressible de se blottir contre lui et de ne plus le quitter se faisant ressentir, elle ne souhaite que cela. Ce moment, bien que douloureux dans le fond, lui a fait du bien. Ils ont besoin d’en parler, de se confier d’avantage et ce soir est un premier pas.