Raise your glass (ft Louise)

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♫ Ça fait bien dix minutes qu’elle essaie de tracer un trait d’eye-liner correct sur son œil, usant de toutes les ruses possibles pour tenir sa main stable. Elle a la paupière légèrement irritée à force de recommencer, mais décide de s’acharner malgré tout, elle l’aura ce foutu trait d’eyeliner ! Elle décide finalement de le tracer d’un coup, sans prendre le temps de bien dessiner, mais cette dernière tentative se solde par un nouvel échec. Elle soupire, s’observant dans la glace, le trait noir irrégulier, beaucoup trop imprécis pour être esthétique, puis attrape son gant pour retirer toute preuve de ses nombreux essais. Tant pis, elle partira sur un maquillage plus naturel, alors, couvrant les marques rouges d’irritation par du fond de teint et un léger fard à paupières. Elle se regarde alors, forçant un sourire à se dessiner sur son visage, avant de quitter la salle de bain, fin prête pour rejoindre Louise au bar.

Objectif du jour : changer les idées de son amie, et quoi de mieux pour ça qu’une soirée au Rooftop à faire la fête pour éviter de penser ? C’est sa stratégie, en tout cas. Elles se sont données rendez-vous à vingt heures, et avec cette histoire d’eyeliner, la voilà déjà en retard ! Elle enfile ses chaussures à talons en vitesse, attrape son sac au passage, et se précipite vers la porte de sortie en saluant brièvement ses colocataires, tranquillement installés sur le canapé, qui observent la furie depuis quelques minutes déjà. Elle claque la porte derrière elle et se met déjà à courir dans les rues de South Oceanside pour rejoindre le point de rendez-vous, avec bien dix minutes de retard. Elle regrette amèrement son choix de chaussures, fait à la va-vite sans vraiment réfléchir aux conséquences de se trimballer en talons hauts alors qu’elle meurt d’envie de danser. Elle s’arrête donc en cours de route pour retirer ses chaussures et poursuivre sa route, la paire à la main, jusqu’à se retrouver face au bar, et découvrir Louise qui l’attend à l’entrée.

Essoufflée, elle s’arrête enfin devant elle, tout sourire. « Désolée ! Ça fait longtemps que tu es là ? J’ai bataillé avec mon liner, et il a gagné ! » Elle a les cheveux en bataille malgré ses efforts pour les coiffer un minimum, sa robe virevolte au vent, et n’a pas lâché ses chaussures, finalement beaucoup plus à l’aise pieds nus. Ça ne l’a jamais trop dérangé, de toute façon, pas plus que les regards intrigués des gens autour. Elle se rapproche de Louise pour la prendre dans ses bras. « Comment vas-tu ? » Elle n’est pas au courant de tout. Elle sait seulement qu’elle loge chez Lena et Tyler, et qu’avec Jamie, c’est compliqué. Elle sait aussi qu’elle ne chante plus, et que ça ne lui ressemble pas. Alors, si elle ne peut pas tout réparer, Marylou voudrait au moins réentendre sa voix, persuadée que ça pourrait lui faire le plus grand bien. Elle a même hésité à la piéger un peu, organiser un karaoké improvisé, mais s’est finalement ravisée, assez peu sûre de sa réaction. Peut-être une prochaine fois. « Allez, ce soir, on oublie tout, et on en profite ! Prête ? » Elle passe son bras sous le sien, embarquant son amie en direction du bar.


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♫ Une petite virée entre amies avec Marylou était certainement ce dont elle avait besoin pour tenter de se changer les idées, ne serait-ce que le temps d’une soirée au moins. Elle n’a donc pas hésité un seul instant lorsque la rousse lui proposa ce rendez-vous qui, elle n’en doutait pas, serait agréable. C’est toujours le cas avec Lou. Elle a ce quelque chose en elle, en plus d’être solaire et pétillante de vie, vous êtes obligé de sourire quand vous la voyez sourire. La seule chose que Louise n’aime pas chez Lou, il faut bien quelque chose, c’est que jamais elle ne vous dira comment elle se sent vraiment. Elle vous fera toujours passer avant elle. N’en déplaise à Louise qui est mal placé, elle a cependant tendance à toujours essayé de lui tirer un peu les vers du nez. Parce qu’elle l’aime et qu’elle aimerait, pouvoir être là pour elle quand elle en a besoin. Ce bout de femme si incroyable, mérite le meilleur. Et pourtant, Louise sait pertinemment que les journées ont beau défiler, elles ne sont pas toujours évidentes pour cette jeune femme pourtant si méritante.

Pour cette occasion Louise avait ouvert sa trousse à maquillage, qui errait jusque là au fin fond de son sac de voyage. Depuis qu’elle est arrivé chez sa meilleure amie, il faut dire qu’à part errer entre les murs de cette immense maison toujours vêtue du premier vêtement qui lui tombe sous la main, elle n’a pas fait grand-chose. Mise à part s’occuper parfois de Anya. Alors ce soir c’est différent. Musique en fond, elle prend le temps de se maquiller, passe une robe de soirée que Lena lui prête. Elle enfile les escarpins, également prêtés par son amie, n’en ayant pas pris en partant de chez elle, et se redresse face au miroir du dressing. Elle souffle sur la mèche de cheveux pendant devant son visage, et passe ses mains le long de ses hanches en s’observant. Elle se trouve ridicule. Soit, elle n’allait pas rejoindre son amie en pyjama. Elle est heureuse de cette sortie qui, elle n’en doute pas, lui fera du bien. Pourtant, elle pense à lui. Elle aurait aimé prendre une gélule ou deux avant de partir, pour lui donner cet élan qui lui manque tant mais elle n’a plus rien.

Un taxi la dépose devant le rooftop pile à l’heure du rendez-vous qu’elles se sont fixé. Elle tire sur cette robe trop courte à son goût en jetant un coup d’œil autour d’elle. Plusieurs personnes sont à l’extérieur du bâtiment, notamment pour fumer, mais elle ne voit pas Marylou. Elle saisi son portable dans son sac, pas de message. Elle ne l’a donc a priori pas loupé. Toujours la portable à la main, elle fait glisser son doigt, jusqu’à ouvrir la conversation avec lui…Elle se mord la lèvre inférieure et range ce portable dans son sac. Elle rêve de ces foutues gélules dont elle doit se passer depuis maintenant plusieurs semaines. Combler ce manque et celui de l’homme qui ne cesse de faire battre ce qui lui reste de cœur, s’avère toujours aussi difficile. Elle se contentera de boire ce soir. C’est en relevant la tête qu’elle voit son amie arriver à sa hauteur, chaussures à la main, robe et cheveux virevoltants au grès du vent. A cette première image, tellement Marylou, Louise ne peut que sourire.

Essoufflée, elle avoue s’être battu avec son liner. « Hey ! C’est pas grave. Tu es très jolie comme ça Lou. » Louise lui sourit avant de la prendre dans ses bras elle aussi. Elle devine que le quotidien n’est pas toujours évident. Elle aimerait faire plus pour elle, mais elle sait pertinemment, qu’elle se refuse toute aide. Leur étreinte prenant fin, Louise hausse les épaules face à cette question à laquelle elle ne sait pas vraiment quoi répondre. « Et toi alors ? J’ai l’impression de ne pas t’avoir vu depuis une éternité ! » Louise sait pour sa maladie, pour la réaction de son petit ami qui l'a alors lâchement abandonné. Elles n'en n'ont que vaguement parlé, c'est Lena qui lui en a surtout parlé, s'inquiétant pour sa cadette. Marylou passe son bras sous le sien, et les voilà toutes les deux parties en direction du bar. « On ne peut plus prête oui ! » Louise s’arrête un moment avant de rentrer désignant les chaussures encore dans les mains de son amie d’un coup de tête. « Tu n’as pas peur qu’on te marche sur les pieds ? » Elle rit alors, trouvant que cela ressemblait tellement à Lou.



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♫ Elle a toujours été de nature impulsive et franche, Marylou, et n’a jamais franchement eu peur du regard d’autrui sur elle. A quoi bon, de toute façon, il y aura toujours quelque chose à dire. Autant que les bruits qu’on raconte sur elle soient réellement en accord avec sa façon d’être. Alors, lorsqu’elle débarque pieds nus, les chaussures à la main et les cheveux en bataille face à Louise, c’est un peu sa nature qui semble ressortir. Au moins, ça a le mérite de faire sourire son amie, et c’est avant tout pour ça qu’elle est là. Elle s’est donnée la mission de lui changer les idées ce soir. Elle n’a pas l’intention de lui tirer les vers du nez malgré sa curiosité souvent mal placée. Si Louise veut parler, elle parlera, mais dans l’immédiat, Marylou ne sait que trop bien qu’il est parfois préférable de faire la fête pour se changer les idées que de ressasser. C’est sa propre stratégie, en tout cas, celle qu’elle applique depuis des mois.

A son compliment, elle sourit et fait une petite révérence exagérée en riant. « Merci madame ! Et toi alors, cette robe te va comme un gant, tu vas en faire tourner des têtes ! » Elle rigole, pourtant pas très sûre de sa remarque. Elle peut être un peu maladroite, elle en est consciente, mais elle a juste envie que Louise profite à fond de sa soirée. Elle l’enlace et sa question sonne comme une nouvelle maladresse, n’obtenant aucune réponse de sa part. Elle aurait voulu faire plus, faire évaporer ses malheurs en un claquement de doigts, mais tout ce qu’elle peut faire, c’est la distraire de ses problèmes. Elle se contente de sourire un peu plus, visiblement pas dupe, en plaçant une main réconfortante sur son épaule, sans en dire plus. Elle n’a pas entendu toute l’histoire, et encore moins son point de vue à elle, mais elle en sait suffisamment pour reconnaître que la situation ne doit pas être facile pour elle. « C’est vrai que ça fait un moment ! Une excuse pour rattraper le temps perdu ce soir ! » Elle est toujours prête pour faire la fête, encore plus ces derniers temps, libérée de toutes ses chaînes, même celles dans lesquelles elle se sentait plutôt à l’aise. « Ça va très bien, je rencontre pleiiin de gens intéressants, si tu vois ce que je veux dire. » Elle fait un petit clin d'œil à Louise pour accentuer le sous-entendu. Elle ne s’en cache pas, elle enchaîne les conquêtes et ça lui va très bien. « Je m’éclate bien en ce moment. » résume-t-elle finalement. Elle ne dit rien sur sa maladie. Rien sur l’agacement qu’elle peut ressentir en recommençant une bonne dizaine de fois son trait de liner au point de s'irriter la paupière. Ou sur la douleur qu’elle ressent souvent le matin, au réveil. Elle garde tout ça bien pour elle. Elle n’a jamais aimé se plaindre de ses problèmes chez les autres. Et puis, ça ne sert à rien de rajouter une peine extérieure à celle que ressent déjà son amie.

Elles s’apprêtent à rentrer à l’intérieur du rooftop, bras dessus bras dessous, lorsque Louise s’arrête pour lui faire part de son inquiétude face aux pieds nus de Marylou. Elle ne peut pas s’empêcher de rire. Ça lui ressemble tellement. Elle se retrouve souvent les chaussures à la main et les pieds nus, en particulier après quelques verres, et ça ne l’a jamais dérangé jusque-là. « Si on me marche sur les pieds, je mords ! » Elle mime l’action, totalement décomplexée, espérant faire surgir un rire des lèvres de son amie. Elles s’avancent ainsi toutes deux à l’intérieur, où la musique ambiance résonne déjà dans les lieux. Très vite, elle l’attire au bar, premier arrêt obligatoire à cette soirée. « Qu’est-ce que tu veux boire ? Lâche-toi, c’est moi qui offre ! Et tu es la bienvenue chez moi si la soirée finit un peu trop bien, évidemment ! » Elle lui sourit comme pour la convaincre, nez légèrement retroussé à cause de son grand sourire. Elle se tourne vers le barman et n’hésite pas à jouer un peu de ses charmes pour l’attirer plus vite. Cliché, mais ça marche, comme souvent. Quelques mois auparavant, elle n’y aurait même pas pensé. Elle commande une bière pour elle, et la boisson que Louise à choisi, avant de se retourner vers elle. « Alors, Tyler et ma soeur ne t’ont pas encore rendue folle ? » Elle préfère se concentrer sur autre chose que les questions qui lui pendent au nez, parler du positif, de ce qui peut être pris avec humour. Et un jour, elle rechantera. Un jour, elle ira mieux, et ça, c’est une certitude. En attendant, faire la fête, rire, boire et danser, c’est une bonne distraction.

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