The sun will show the way (ft Louise)

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♫ A peine est-il sorti de la clinique qu’ils repartent déjà, valises chargées dans le coffre, de cette voiture de location qu’il n’aime déjà pas beaucoup, regrettant sa propre voiture qu’il a lui-même envoyée à la casse. Lola a été déposée un peu plus tôt chez ses parents, et ils se sont mis d’accord, pour cette fois, c’est Louise qui prend le volant, lui n’ayant pas encore le courage de se remettre à conduire, la peur irrationnelle de la mettre en danger bien trop présente pour l’envisager. Ils ont décidé de profiter du rendez-vous à la clinique de San Diego pour s’offrir un petit week-end en amoureux, rien que tous les deux, et puis, ils doivent de toute façon rester dans les parages pour les prochains jours, alors autant lier l’utile à l’agréable. Des tas de sentiments se mélangent à l’intérieur de sa tête, entre la hâte, l’excitation, l’appréhension, et la peine, aussi, bien camouflée mais bien présente quelque part dans le creux de son cœur. Cette petite culpabilité vicieuse qui rend la décision bien délicate, mais ensemble, ils ont choisi le bonheur. Ils ont choisi le présent et l’avenir, s’étant mis d’accord que rien n’enlèvera jamais ce qu’ils ont vécu.

Accoudé sur le rebord de la vitre côté passager, il observe le paysage défiler sous ses yeux, ses cheveux se mouvant au gré du vent apporté par la vitesse du véhicule, son pied tapotant nerveusement sur le sol alors qu’il sent qu’ils se rapprochent de la ville. Il ne sait pas réellement à quoi s’attendre, ni ce à quoi ressemblera ce rendez-vous, et les prochaines semaines. Il regrette de ne pas avoir été présent pour le premier, de ne pas avoir accompagné Louise dans sa démarche dès le départ, mais ne peut que la comprendre, et puis, Elea était là, au moins. On pourrait trouver ça trop rapide, trop abrupt, par rapport à son état, à tous les changements qui se jouent déjà dans sa vie, mais celui-là, il y tient, et il veut s’y plonger corps et âme, déterminé à entamer ce nouveau chapitre avec elle, laissant derrière ces derniers mois difficiles pour avancer, main dans la main, tous les deux. Il a été un peu surpris, au début, de l’entendre lui reparler de ce projet de bébé, de la voir si enthousiaste à l’idée de réessayer, un peu inquiet au départ que cette décision soit la conséquence directe de ce qu’il a pu lui faire vivre, et si, parfois, tard le soir, ça l’inquiète encore, elle a tout de même réussi à le convaincre que son choix s’est fait bien avant. Lui, il aurait été parfaitement heureux rien que tous les deux, sans jamais que ce sujet ne soit réabordé. Pour autant, lorsqu’elle lui a proposé de réessayer, son coeur a débordé de joie. Il a hâte, il veut y croire, espérer que cette fois, ça marchera, que cette fois, tout ira bien. Il fera tout pour, en tout cas, il s’assurera de ne pas la laisser seule, de ne pas prendre le moindre risque. Il veut croire que tout se passera bien, camouflant bien au fond de lui les angoisses qui cherchent à se frayer un chemin. Ils l’auront, ce bébé.

Il tourne la tête pour observer Louise, toujours aussi belle, les cheveux au vent, et alors que sa main se place sur le pommeau de vitesse, il en profite pour s’en saisir et la porter à sa bouche pour y déposer un baiser, lui souriant alors qu’elle le regarde un instant. Qu’est-ce qu’il peut l’aimer. Maintenant, il en est persuadé. Rien ne pourra jamais les séparer. S’ils ont survécu à ces longs mois, alors, ils survivront au reste. Il s’en fait la promesse, et dans quelques mois, il l’officialisera une fois de plus. « Comment tu te sens ? Pas trop stressée ? » Lui ne tient pas en place, ne sachant pas sur quel sentiment arrêter son cœur, qui lui donne l’impression d’être prêt à exploser à chaque instant. Il caresse son bras avant de libérer sa main, sans pour autant la lâcher du regard, la tête appuyée sur la vitre derrière lui.

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♫ Louise a ce petit sourire qui ne semble pas vouloir venir quitter son visage aujourd’hui, même si dans le fond elle est morte de peur et surtout, elle rêve de griller une cigarette. Elle fait claquer le coffre de cette voiture de location qui sera la leur pour quelques temps avant de ne grimper dedans, derrière le volant. Simplement censé déposer Lola chez les parents de Jamie, sa mère avait insisté pour qu’ils emportent deux, trois gamelles de friandises qu’elle avait préparé pour leur escapade. A défaut d’une cigarette, Louise avait attrapé un des muffins qu’elle avait calé entre ses dents avant de fermer le coffre. Même si son sourire s’élargie, elle laisse échapper un soupir avant de ne faire tomber ses mains de chaque côté du volant, appuyé avec force dessus. Elle se tourne vers Jamie, son muffin à moitié avalé à la main et si elle parvient à lire sur son visage une partie de son appréhension, elle lui sourie et caresse se cuisse avant de ne démarrer le contact. « Allé, on y va ! » C’est sa mère qui a raison, sa sortie est encore très récente, datant d’il y a quelques jours à peine. Il lui avait dit et c’était normale, il est encore à un stade où chaque jour est une bataille qu’il doit remporter. Une bataille pour laquelle il doit sans cesse lutter. Ce voyage, dont les Williams ne connaissent pas le but, était certainement trop précipité mais elle sait qu’il va l’aider. L’aider à avoir ce but en plus, cette envie supplémentaire de se battre et surtout remporter chacune de ces batailles quotidiennes. « Tu en veux un bout ? » Elle rit en lui tendant sa moitié de gâteau restante.

Elle ouvre déjà sa fenêtre, ayant besoin d’air sous ce soleil de plomb qui tape sur l’habitacle. Elle jette un coup d’œil en direction de son mari, pour le voir accoudé sur le rebord de sa vitre, visiblement dans ses pensées. Elle-même dans les siennes, elle ne peut s’empêcher de fredonner quelques instants l’air de la musique qui accompagne leur route. Elle a conscience que ça fait beaucoup, ça LUI fait beaucoup. Hier soir encore, ils étaient déjà en train d’apprendre à Nash et Cassie pour leur renouvellement de vœux à venir, ce nouveau mariage à prévoir qui, pourtant, donne le sourire à Jamie dès qu’il l’évoque. Et aujourd’hui, les voilà en chemin pour entamer tous les deux ce projet bébé auquel quelques mois plus tôt, Louise ne croyait définitivement plus. Et pourtant, c’est elle qui avait fait un pas en avant, qui s’était lancé dans les recherches, les démarches. Attendant dans un premier temps le bon moment pour lui en parler, elle ne revint pas en arrière pour autant malgré ce qu’il a put se passer au contraire. Cette décision, tel un déclic en elle, elle ne l’a pas prise pour lui mais pour eux, pour elle. Ayant cessé d’être embrumée par la peine de leur perte, par cette prise excessive de médicaments, elle à réussi à se relever un tant soit peu en le retrouvant lui. Elle a enfin réussi à entrevoir que si elle se battait, s’ils se battaient vraiment, ensemble, ils seront capables de tout. Pour venir ajouter ce bonheur à celui qu’ils avaient d’être simplement ensemble elle était dorénavant prête à connaître les solutions qui pouvaient s’offrir concrètement à eux. S’il n’avait pu être là pour cet exposé de solutions qui pouvaient s’offrir à eux, elle ne regrettait pas d’avoir eu l’occasion de faire le point. De prendre conscience, que non, tout n’est pas perdue. Parfois, elle à l’impression de le mettre un peu au pied du mur, pourtant elle sait qu’il le veut autant qu’elle ce bébé.

Concentrée sur la route, à mesure qu’elle s’enfonce dans la ville, n’ayant plus vraiment l’habitude de conduire et ayant cette petite appréhension supplémentaire avec lui à ses côtés qui lui fait confiance, elle sent son regard sur elle. Son sourire s’étire, au moment où elle sent ses lèvres sur sa main et qu’elle aperçoit son sourire, elle se rend compte qu’il est revenu avec elle et surtout, qu’il est heureux. Heureux tout autant qu’elle, de partir pour cette aventure. D’avancer ensemble vers leur avenir, laissant pour un temps de côté cette période sombre qu’ils ne pourront pourtant jamais oublier et dont ils ressortent encore plus fort. Elle rit, alors qu’elle sent ses doigts glisser sur son bras tandis qu’il ne cesse de l’observer. « Je me sens heureuse. » Elle jette un coup d’œil furtif dans sa direction, avant de ne se concentrer de nouveau sur la route. « Bon ok…et stressé aussi. Mais…on est tous les deux et j’y crois Jamie. J’y crois vraiment. » Elle se pince la lèvre. « Et toi ? Comment tu te sens ? » Ils s’en sont fait la promesse, dorénavant, plus de secrets. Parler est essentiel et d’autant plus parler de leurs sentiments.  


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♫ Il est perturbé, la tête ailleurs, des tas de pensées qui se chevauchent à l’intérieur. Il ne parle pas beaucoup, le regard légèrement flou alors que ses parents leur disent au revoir, celui de sa mère fixé sur lui, inquiète, sans comprendre la raison de ce week-end, qui lui paraît précipité. Il lui sourit en l’enlaçant avant de s’asseoir à l’intérieur du véhicule, Louise, tout sourire, à ses côtés. Il est encore dans ses pensées alors qu’elle se tourne vers lui en lui tendant son muffin. Il lui adresse un sourire en riant légèrement, à la fois touché et embarrassé de toutes les attentions de sa mère, toujours trop protective, trop présente, trop maternelle. Et pourtant, cet amour, ce ne sera jamais trop. Il s’approche du muffin et en croque un morceau, la pâtisserie encore dans la main de Louise, avant de se pencher vers elle pour lui embrasser la joue, puis se replace sur son siège pour insérer sa ceinture, malgré tout stressé de se retrouver à l’intérieur d’une voiture. C’est étrange, d’ailleurs. Il n’est pas le conducteur, et son accident n’était pas directement en lien avec sa conduite, mais plutôt à son état. Il n’aurait jamais rien eu en tant normal. Alors, pourquoi sent-il des frissons le parcourir alors que le moteur se met à vrombir ?

Il reste une bonne partie du trajet à observer le paysage, encore dans ses pensées alors qu’elles se bousculent à l’intérieur de lui. Son cœur ne cesse de tambouriner dans sa poitrine, au point qu’il peut le sentir taper au niveau de sa tempe. Il a hâte, pourtant, tellement hâte de démarrer ce nouveau chapitre, ce projet fou qui lui occupe l’esprit depuis quelques semaines déjà, et s’il essaie de se tenir au présent, son esprit ne cesse de vagabonder à imaginer cet avenir qui pourrait les attendre. Et au milieu de cette hâte, de ce sentiment d’excitation intense, il y a la peur, aussi. Celle de ne pas y arriver, celle de tomber de haut, celle de ne pas s’en relever, cette peur qui lui glace encore le sang malgré tout. Il finit par se tourner vers Louise pour l’observer, se demander si, elle aussi, elle ressent cette même peur que lui. Il sourit en la voyant fredonner la chanson qui se joue dans l’habitacle, ses cheveux emportés par la brise, un sourire qu’il n’avait pas vu depuis un moment sur son visage, et qui ne cesse de s’y loger depuis qu’il est rentré. Ils sont heureux, tous les deux. Ça y est, le tunnel prend fin et ils peuvent enfin entrevoir la lumière, capturer cette dose de soleil qui leur réchauffe la peau doucement.

Il lui attrape alors la main pour l’embrasser tendrement, bien incapable de ne pas la toucher et profiter de l’apaisement que ce simple geste lui apporte. Il sourit enfin, vraiment, caressant délicatement son bras en lui demandant ce qu’elle ressent dans l’instant. Sa réponse lui arrache un nouveau sourire, et si le stress et les angoisses sont bien logés quelque part au fond de lui, elle parvient à les camoufler un peu plus d’un voile de bonheur. Elle lui avoue malgré tout son stress, inévitable, mais elle y croit. Elle semble y croire dur comme fer, que cette fois-ci, ça fonctionnera, que ce traitement fera son effet, que la suite s’annonce plus belle encore, et ça lui réchauffe le cœur. Alors qu’elle lui retourne la question, il marque un temps d’arrêt pour réfléchir. Comment se sent-il, finalement ? Quel est le sentiment qui prédomine, parmi la multitude qui l’assaillent depuis ce matin ? « Honnêtement ? Je sais pas. » Il lui sourit, penchant légèrement la tête en la regardant. Il prend ensuite une inspiration en se frottant la nuque, cherchant les bons mots pour s’exprimer, un exercice encore relativement nouveau pour lui. « J’ai hâte. Je suis surexcité, même. Je suis tellement heureux qu’on se lance là-dedans, j’ai envie d’y croire, et je suis prêt à tout faire pour l’avoir, ce bébé… » Son sourire s’accentue à l’évocation de ce souhait, de cette possibilité d’avenir qu’il avait cessé d’envisager, cette image d’eux, parents, qui lui fait bondir le cœur autant qu’elle le lui pique. Il lâche un instant Louise du regard pour venir fixer l’extérieur, qui défile alors qu’ils sont entrés dans la ville. Ses doigts se mettent à s’entortiller les uns aux autres, signe de la mixité de ses sentiments. « J’ai aussi… très peur de ce qui pourrait arriver. D’à quel point ça pourrait nous impacter, et nous rappeler ce qu’on a déjà vécu… » Il n’a pas envie de prononcer son nom, toujours un peu fragile sur le sujet. Il n’ose pas vraiment lui dire qu’il se sent aussi un peu coupable d’avoir cette envie d’avancer, de laisser ce passé derrière, de la laisser derrière.

Il se pince les lèvres et les doigts avec, en baissant la tête pour chasser ce sentiment qui vient obscurcir un peu le tableau idyllique qu’il voudrait dresser, puis la relève pour regarder Louise en rattrapant son sourire au vol. « Mais oui, on est ensemble. On se lâchera plus, quoi qu’il arrive. Et j’ai hâte que cette nouvelle aventure commence…! » Ils sont ressortis plus forts de ces derniers mois, et de tout ce qui leur est arrivé depuis. Ils se le sont promis, et se le promettront encore : cette fois-ci, ils ne se lâcheront plus, pas un seul instant. Il tend son bras pour atteindre sa joue, la caressant légèrement du dos de sa main. « Et à partir de maintenant, je veux être là à chaque étape, à chaque rendez-vous. Je veux rien louper. »

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♫ Elle remarque cette pause qu’il marque avant de répondre à la question certainement la plus difficile. S’ils s’essaient à présent tous deux à cet exercice de confier d’avantage leurs émotions, notamment l’un à l’autre, cela n’en est pas évident pour autant.  Son sourire s’estompe l’espace d’un instant devant sa première réponse, qui a au moins le mérite d’être honnête. Elle l’observe lui sourire avant de prendre sa respiration, et se frotter la nuque, signes évidents que ce n’est pas facile pour lui. Pourtant, ses mots viennent rassurer Louise qui frémit juste à l’entendre prononcer ce mot là en particulier. « Jamie… On l’aura.» Elle se tourne une fraction de seconde vers lui, sourire aux lèvres, infiniment touchée par ces simples mots qui représente déjà beaucoup. Et puis il est de nouveau happé par l’extérieur, son regard fuyant, ses doigts se triturant entre eux. Le sourire de Louise se fane sous ces mots alors qu’elle-même la ressent aussi cette peur inévitable. Elle jette un nouveau regard rapide dans sa direction, et tend sa main jusqu’à sa cuisse qu’elle caresse doucement avant de lui sourire tout même. « Je comprends. Moi aussi j’ai peur mais…se sera différent. » Il le faut. Elle retire sa main pour venir accrocher le pommeau de vitesse, gardant bien l’asphalte droit devant elle. Malgré leur désir d’avancer, ce qu’ils ont déjà vécu ne cessera sans doute jamais de les hanter, au fond d’eux. Et ce souvenir d’elle, le peu qu’ils ont, rien ne pourra l’effacer. Elle se mord la lèvre, pas encore prête à lui proposer ce dont elle pense déjà depuis plusieurs jours.

Elle voit, elle sent qu’il lutte, certainement contre un tas d’émotions, de souvenirs qui le submergent. Si elle se rassure un peu en le voyant relever la tête vers elle et sourire, elle reste inquiète. Elle aimerait faire plus. Elle aimerait avoir la capacité de le soulager de tous ces poids qui semblent peser sur lui, malgré cette promesse de renouveau et cette puissante ferveur d’un avenir joyeux. « Ah ça non, plus jamais on se lâche ! » Elle jette un coup d’œil à l’heure sur le tableau de bord et son sourire s’élargie. « Elle commence dans une heure à peine l’aventure. » Elle a encore du mal à y croire à vrai dire. Ce projet qu’elle a été strictement incapable de ne serait-ce envisager il y a quelques mois, est sur le point de se concrétiser dans quelques minutes. Qu’il aboutisse ou non, en se lançant dedans ils ont décidé de faire un pas vers l’avenir. Et surtout, ils ont décidé de rester soudé, qu’importe ce qu’il advienne. Ils ne se laisseront pas de nouveau séparer par leur peine si elle venait à s’immiscer une nouvelle fois dans leur vie. Il tend son bras vers elle et caresse avec douceur sa joue. Elle doit lutter contre son envie de fermer les yeux pour apprécier ce geste qui lui fait un bien fou. Il la rassure. L’apaise. Le regard brillant, elle sourit de plus belle en écoutant sa requête. « Justement. » Elle jette un rapide regard vers lui. « J’aimerai que tu participe encore plus. Je voudrais que ce soit toi qui me fasses les piqûres si tu es d’accord ? » Elle se pince les lèvres. Elle y pense depuis plusieurs jours déjà, en ayant notion qu’elle pourrait se les faire elle-même, elle a plutôt envie que ce soit lui qui s’en charge. Le rendre vraiment acteur lui aussi de tout ça. D’autant plus pour cette première étape. Arrivés sur le parking de la clinique, elle s’estime chanceuse de trouver une place assez facilement, n’étant pas très à l’aise avec les manœuvres, surtout avec cette voiture qui n’est pas la leur.


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♫ Ils se sont promis, alors qu’il se trouvait encore à la clinique, d’en finir avec les secrets, les cachotteries, de tout se dire, en particulier sur leur ressenti, et c’est ce qu’il essaie de faire, de plus en plus, se confiant progressivement à Louise lorsque le moment s’en fait sentir, n’ayant plus envie de lui cacher quoi que ce soit. Alors, lorsqu’elle lui retourne sa question, il ne peut pas nier que ses sentiments sont partagés, que toutes ces émotions se jouent en lui sans qu’il ne parvienne réellement à en isoler une seule. Il est heureux, extatique à l’idée de commencer ce traitement, entamer concrètement les démarches pour qu’ils puissent avoir un enfant ensemble, mais il traîne malgré tout avec lui cette peur qui ne le lâche pas, celle de retrouver une situation qu’ils ont déjà connue, et qui a bien failli avoir raison de leur histoire. Il n’a pas envie de souffrir, encore moins qu’elle souffre, et n’est pas franchement prêt pour la chute vertigineuse qu’il redoute.

Pourtant, elle a l’air si sûre d’elle, absolument persuadée, déterminée, que ce bébé sera bien plus qu’un rêve, qu’une éventualité. Il répond à son sourire, ému par ses simples mots. Ils l’auront. Il a envie d’y croire, de s’accrocher à l’idée, et pourtant, il ne peut s’empêcher une certaine réserve, motivée par sa peur, une certaine culpabilité, et son appréhension, qu’il finit par lui confier, un peu timide, n’ayant pas envie de gâcher l’instant. Simplement, il s’est juré d’être honnête. Son geste, sa main sur sa cuisse, le rassure, lui apportant cette sensation réconfortante d’être entendu, compris. Il relève ses yeux vers elle pour lui sourire, se voulant rassurant, à son tour. « Oui. Cette fois, ce sera différent. » répète-t-il simplement, avant d’affirmer que plus jamais ils ne se lâcheront, et il en est absolument convaincu, déterminé à rester auprès d’elle, quoi qu’il puisse se passer, quoi que l’avenir leur réserve. Il suit son regard sur le tableau de bord et prend une grande inspiration, avant de la relâcher dans un rire, entre le stress et l’excitation alors que son cœur ne cesse de tambouriner dans sa poitrine. « J’arrive pas à croire qu’on va vraiment le faire… » Il se mord la lèvre inférieure avant de se tourner vers elle. Cette fois, l’excitation est visible à la façon dont il hausse les sourcils comme un gamin. Il a peur, il est terrifié, à vrai dire, mais finalement, à l’approche de ce rendez-vous, de la concrétisation de ce projet qui va suivre, c’est finalement la hâte et l’envie qui prédominent.

Il lui caresse la joue doucement, avant de lui dire qu’il tient à être là à chaque étape, désireux de participer entièrement, ne pas la laisser seule, à aucun moment. C’est important pour lui, et il se dit que c’est important pour elle aussi. Dans cette même idée qu’ils seront toujours là l’un pour l’autre, que leurs mains ne cesseront jamais de se lier, il tient à faire ce chemin avec elle, jusqu’au bout. Elle rebondit sur ses mots, le regardant brièvement avant de lui soumettre son idée, qu’elle semble ruminer depuis un moment déjà, à la manière dont elle se pince les lèvres. Il reste un instant silencieux, la regardant, autant surpris qu’ému par la proposition, puis se redresse sur son siège, comme pour se rendre un peu plus sérieux. « Tu es sûre ? » Ca l’effraie un peu, l’idée de mal faire, l’idée de tout faire foirer, de lui faire mal… Mais elle semble y tenir, et ça le touche, de savoir qu’elle lui fait confiance. Il n’y réfléchit pas tant que ça, n’en a pas besoin, et un sourire s’étend sur ses lèvres, le visage remué par l’émotion alors que tout lui paraît bien concret. Il irait presque se pincer pour s’assurer qu’il n’est pas en train de rêver, presque méfiant de sa propre réalité, alors que tout a changé si vite, jusqu’à lui en donner le tournis. « Merci, Louise. » Il a de la chance. Il le sait, en est parfaitement conscient. Il est affreusement chanceux de l’avoir encore à ses côtés, qu’elle lui accorde autant de confiance, alors qu’elle aurait toutes les raisons de se méfier. Et il n’a aucune envie de la décevoir, aucune envie de donner raison à toutes ces voix dans sa tête qui lui indiquent qu’il n’est pas digne. Il ne se concentre que sur elle, déterminé à lui donner raison, à elle.

Ils arrivent enfin devant la clinique, après plus de trois quarts d’heure de route, et si le parking est déjà bien rempli, Louise trouve tout de même rapidement une place convenable pour se garer. La voiture s’arrête, le moteur se coupe, et il est temps d’y aller. Pourtant, en détachant sa ceinture, son regard est attiré par un couple au loin qui tient son enfant par la main. Il les observe un instant, alors qu’ils se dirigent vers le parking en faisant basculer le gamin, tout sourire. Et malgré lui, malgré tous les efforts qu’il fait pour ne pas trop se projeter, il ne peut pas s’empêcher de les voir un peu, eux. Il finit par se tirer de sa rêverie, et détourne alors les yeux en s’éclaircissant la gorge, lâchant la boucle de la ceinture de sécurité avant de se tourner vers Louise et lui sourire, comme si de rien n’était. « Prête ? Tu es toujours sûre de toi ? » Il préfère vérifier encore une fois, juste au cas où. Ils sortent ensuite du véhicule, il attend qu’elle arrive à sa hauteur puis attrape sa main pour faire le chemin jusqu’à l’entrée de la clinique ensemble.

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♫ Il en convient, cette fois-ci se sera différent. Ce qui est de toute manière inévitable. Si Louise s’en persuade, malgré ce tiraillement qu’elle peut encore ressentir au fond de son cœur, elle veut croire que cette nouvelle chance qu’ils sont sur le point de s’offrir leur permettra de connaître un nouveau bonheur et que celui-ci ne prendra pas fin de manière aussi impromptue, aussi brutale que précédemment. Elle va tout faire pour, et elle n’a aucun doute quant au fait que Jamie aussi. Main dans la main, ils sont sur le point de faire ce premier pas en avant, de se lancer dans cette aventure, censée faire d’eux les parents auxquels ils aspirent depuis de nombreux mois à présent. Voir cette excitation semblant habiter son mari à l’approche de la clinique, si près du début de cette première étape, la rassure et la fait sourire. Elle rit doucement. « Moi non plus. C’est complétement dingue quand on y pense ! » Touchée de le voir ainsi, elle aimerait pouvoir le prendre dans ses bras, le sentir contre elle et l’embrasser pour lui rappeler à quel point elle l’aime et elle est heureuse qu’à nouveau ils avancent ensemble vers l’avenir.

A l’évocation de cette proposition quant au fait que ce soit lui qui fasse ses piqûres, il garde le silence un instant, le regard tourné vers elle qui tente de rester concentrée sur la route. Tâche difficile, tant elle le sent chamboulé par cette proposition mûrement réfléchie.  Elle sourie à sa question, sentant l’appréhension dans le timbre de sa voix. « Evidemment que je suis sûr. Je me suis renseigné et c’est tout à fait possible. Alors… » Elle se pince à nouveau la lèvre. « J’ai envie que ce soit toi parce que, même si c’est pas tout à fait naturel, c’est un peu une manière de me dire que c’est toi qui va faire tous ça. Ça viendra de toi, et pas de ces piqûres. » Elle se tourne un instant vers lui pour lui sourire et le contempler. Elle peut aisément lire l’émotion qui l’habite sur son visage. Elle l’aime tellement. « Mais je veux pas que tu te sentes obligé non plus si c’est...trop. » Elle grimace légèrement en l’entendant la remercier, elle secoue la tête en laissant échapper un rire. Elle tend la main vers lui, le regard rivé sur la route, et caresse sa main. « T’as pas à me remercier. On fait ça tous les deux…c’est moi qui te remercie d’avoir accepté de te lancer là-dedans si vite. »

Une fois garée sur le parking, elle se détache et se penche à l’arrière de la voiture, par-dessus le pommeau de vitesse, pour attraper son sac à main, non sans se contorsionner un peu, elle se redresse et tourne la tête aussitôt vers Jamie qui n’a pas encore vraiment bougé, il semble ailleurs. Elle détourne son propre regard vers ce que son mari semble observer. Son cœur manque un battement et son sourire se dissipe vaguement en apercevant à son tour ce couple qui tient un enfant par la main. Elle laisse échapper un souffle à peine audible d’entre ses lèvres et se retourne vers lui, en se penchant un peu plus, le plus possible compte tenu la séparation entre eux et tend sa main pour venir lui caresser la joue avec douceur. Un sourire se dessine à nouveau sur ses lèvres lorsqu’il se tourne vers elle, comme si de rien n’était. Il s’intensifie à sa question, elle le regarde avec cette petite lueur dans les yeux, cette étincelle qu’ils ont réussi à raviver en elle, émue en pensant à ce dont ils sont sur le point de faire, elle aussi touchée par la vision de cette famille, se projetant totalement tout en s’obligeant à tout de même maintenir une réserve de sécurité.  « Oui. » Elle se penche encore, approchant son visage du sien, sa main toujours sur sa joue. « Mille fois oui Jamie. Et toi ? »

Elle sert sa main quand il attrape la sienne et elle ne la lâchera plus jusqu’à ce qu’ils se retrouvent dans le bureau du médecin. C’est une femme et elle dégage quelque chose de beaucoup moins austère que le souvenir impérissable du dernier médecin qu’ils ont vu ensemble. Elle semble à la fois douce et rassurante, même si bien sûr, elle est honnête avec eux. Elle leur explique à tous les deux le processus de cette fiv qu’ils vont débuter dès aujourd’hui, détaillant brièvement chaque étape dans un langage qui leur est tout à fait compréhensif. Et même si elle leur sourit, elle leur avoue que bien sûr, il se peut que ça ne fonctionne pas. Mais que ce ne sera pas un drame, ils pourront recommencer. D’après les derniers examens en date de Louise, aucun nouveau kyste ne s’est formé et tout semble opportun. Chaque étape de cette fiv, chaque échographie passée durant les deux prochaines semaines, sera une victoire pour eux. Ils s’apprêtent à se lancer dans un mois où ils devront se soutenir car ils vont inévitablement traverser un flot d’émotions rythmé par le stress de toutes ces étapes à franchir…Surtout Louise qui risque d’avoir en plus les effets du traitement hormonal qui lui sera administré. En un regard complice et souriant, ils savent. Ils seront là, vraiment, l’un pour l’autre et ils traverseront ce mois plus unis que jamais dans cette bulle qui sera la leur. Leur petit secret d’amour.

Le médecin les laisse finalement se diriger vers une autre salle de soins où une infirmière doit venir pour leur expliquer comment procéder aux injections en effectuant la première de cette série de quatorze…Si tout se passe bien. Alors qu’ils attendent dans cette salle aux couleurs chaudes, Louise se tourne vers son mari et le regarde avec ce sourire tendre accroché aux lèvres. Sa main dans la sienne, elle se penche pour embrasser sa joue et lui murmurer à l’oreille. « Je t’aime. » Elle est heureuse qu’ils soient si soudés, qu’ils ne fassent qu’un. Rassurée de voir que dans cet endroit, elle ne se sent pas aussi mal que dans cet hôpital dans lequel elle espère sincèrement ne plus remettre les pieds. Elle espère qu’il se sent aussi bien, aussi léger qu’elle à ce moment. Elle espère également de tout son être que le dernier souvenir qu’ils ont en commun d’une visite médicale, disparaisse à tout jamais. Jamais plus elle ne le mettra de côté. Penser à ce moment, pas si lointain que ça finalement, lui fait encore un peu mal, pourtant elle relève le regard vers lui et en voyant ce sourire intarissable sur son visage, elle l’oubli. « Prêt pour ta leçon ? » Elle rit. Heureuse d’être ici avec lui et d’entrevoir la perspective de l’aboutissement de ce projet si cher à leur cœur.


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♫ C’est qu’il a encore du mal à y croire, à se dire que cette nouvelle étape est réellement sur le point de débuter, alors qu’il n’y pensait plus vraiment depuis des mois maintenant. Il ne s’attendait pas à ce qu’elle en fasse la demande, à ce qu’elle lui propose cette folle aventure, mais s’est plongé dedans sans autre hésitation que celle de sa propre certitude. Elle l’a rassuré à de nombreuses reprises depuis, enthousiaste et pressée de commencer, sûre d’elle quant à son choix, et il n’a pu que la croire, embarqué lui aussi dans cette montée d’adrénaline qui le fait se sentir vivant. Il a besoin de ça, besoin de nouveaux projets, besoin d’avancer, d’aller de l’avant, faire table rase, ou presque, de ces mois troubles, de ces longs mois de silence, et la chute qui en a découlé. Elle a ravivé son envie d’être père, lui qui s’était fait à l’idée de ne plus l’être, il se met pourtant à y croire à nouveau, excité à l’approche de la clinique, ne sachant pas exactement à quoi s’attendre, nerveux, angoissé, mais terriblement pressé d’y être. Il n’a pas pu assister au premier rendez-vous, n’a pas été aux prémisses de ce projet, mais cette fois, et à partir de maintenant, il se promet d’être là, coûte que coûte, quitte à tout abandonner pour avoir la possibilité d’être présent.

Il est surpris par sa proposition, interdit en la regardant, assez peu confiant quant à ses capacités à gérer quelque chose d’aussi important, mais elle lui sourit immédiatement alors qu’il lui pose la question, comme si elle avait une totale confiance en lui alors que lui n’en a plus aucune. Il a bien du mal à la retrouver, cette confiance, après ce qu’il a pu faire, comment il a pu être, les mois précédents. Il fait doucement du chemin, un pas après l’autre, mais il le sait, ça ne sera pas facile. Il est touché par ses mots, si bien qu’il baisse un instant la tête en esquissant un petit rire qui étouffe sa montée de larmes. Il a de la chance de l’avoir, il en est parfaitement conscient. Et avec ça, il n’a plus jamais envie de la décevoir. Il remonte le regard alors qu’elle se tourne vers lui pour lui sourire, faisant rater un battement à son cœur après tout ce qu’elle vient de lui dire. Les larmes au bord des yeux, il sourit, et saisit sa main alors qu’elle caressait la sienne, pour y déposer un baiser avant de secouer la tête à la négative. « Non, c’est pas trop, et je me sens pas obligé… Je suis juste… » …profondément touché, tellement qu’il a envie de pleurer. Au lieu de ça, il soupire, avant de la remercier, bêtement, mais à cet instant précis, ça lui semble si important. Sa main toujours dans la sienne, il la serre un petit peu plus en lui souriant, toujours, heureux de ce nouveau départ qu’ils se donnent, cette fois pour de vrai, cette fois ensemble, main dans la main, se promettant mutuellement de ne plus se lâcher. « J’ai hâte de commencer cette nouvelle étape… j’ai pas envie d’attendre plus. » Du pouce, il caresse le dos de sa main, avant de la relâcher, par sécurité, un sourire encore accroché à ses lèvres alors qu’il observe l’extérieur défiler sous ses yeux. Tout va bien, se répète-t-il. Tout ira pour le mieux. Quoi qu’il arrive, quoi que leur réserve l’avenir, tant qu’ils restent ensemble, tout ira bien. Ce n’est pas de l’espoir, c’est une promesse.

Ils arrivent bien vite devant la clinique, et son regard est comme happé par cette petite famille, ces deux parents faisant basculer l’enfant joyeux, entre les poteaux séparant le bâtiment de la route. Il a beau tenter de rester calme, de ne pas aller trop loin à imaginer quelque chose qui n’a aucune existence concrète, son esprit possède sa volonté propre, et il ne peut s’empêcher de les voir tous les deux, dans quelques années, faire la même chose. Il se recentre un peu, tâchant de ne pas laisser paraître son envie dans son regard alors qu’il se retourne vers Louise, sentant sa main caresser délicatement sa joue. Il n’a qu’à la regarder pour comprendre qu’elle l’a surpris, qu’elle aussi, elle se laisse entrevoir cet avenir. Un échange de sourire et il lui demande, malgré tout, si elle est bien sûre d’elle, si elle n’a pas changé d’avis entre temps, un besoin pour lui de s’assurer qu’elle ne fait pas ça pour lui, qu’elle a bien fait son choix, qu’ils sont bien ensemble, sur cette même longueur d’ondes. Elle le rassure, et il tourne légèrement sa tête pour embrasser la paume de sa main, avant d’acquiescer. « Plus que jamais. »

Il esquisse un nouveau sourire, puis ils sortent finalement du véhicule, main dans la main sans jamais se lâcher, jusqu’à leur arrivée dans le bureau du médecin. Assis l’un à côté de l’autre, l’angoisse ressurgit alors, son pied tapant le sol nerveusement, tandis qu’il écoute attentivement les mots du docteur, tentant de comprendre exactement tout le processus de cette fiv, posant des tas de questions pour se rendre compte de tout ce que cela implique, en particulier pour Louise. Il y a un risque que ça ne fonctionne pas du premier coup. C’est même très fréquent, et il retient bien l’information, serrant un peu plus la main de sa femme comme pour lui dire que ça ne sera pas la fin, qu’ils ne s’arrêteront pas à ça. Leur complicité ne fait aucun doute, alors qu’ils s’engagent sur cette terre encore inconnue, persuadés que, quoi qu’il puisse se passer, tout ira bien. Ils se soutiendront, coûte que coûte, comme ils le font depuis quelques temps. Cette fois, c’est différent. Cette fois, ils y arriveront. Il faudra tenir le secret, et c’est un petit rire qu’ils échangent à cette annonce, sachant très bien que pour lui, ce sera bien difficile. Une chance qu’Elea soit déjà au courant, c’est la seule à qui il ne saurait mentir. Il engrange toutes ces informations qui lui donnent le tourni, mais il tient bon, jusqu’à ce qu’on les dirige dans une autre salle, pour cette première injection qui marquera le début officiel de cette aventure.

Et alors qu’ils se retrouvent seuls, tous les deux, ses oreilles bourdonnent, ses yeux s’écarquillent, et sa jambe se remet à trembler. Ils sont là pour une raison, la plus belle des raisons, et il est terrifié à l’idée d’être la cause d’un raté de traitement. Et alors qu’il retourne tout ça dans sa tête, qui lui donne l’impression de pouvoir exploser à chaque instant, il sent ses lèvres se poser sa joue, et entend ses mots doux, qui, magiquement, le font sortir immédiatement de sa torpeur en l’apaisant automatiquement. Il se tourne alors vers elle et approche son visage du sien, front contre front tandis qu’il embrasse à nouveau sa main en souriant, répondant doucement, sur le même ton, à son affirmation. « Je t’aime. » Sa main libre caresse sa joue délicatement alors qu’il se sent désormais plus calme, malgré l’angoisse qu’il ressent encore, au fond de lui. Tout ira bien, parce qu’ils sont ensemble.

Il joint son rire au sien à sa question, acquiesçant d’un air franc, décidé à tout faire pour qu’ils parviennent à avoir cet enfant dont ils n’osaient plus rêver ces derniers mois. « Oui, et crois-moi, je vais bien écouter ! » Son sourire ne s’efface pas, jusqu’à ce qu’une infirmière arrive dans la pièce et commence à leur présenter la marche à suivre. Il écoute attentivement, observant chaque geste en posant des questions pour être certain de ne pas faire de bêtise, dans cette envie presque obsessionnelle de tout faire parfaitement. Ca lui fait un peu peur, mais un regard de Louise lui indique qu’elle a confiance en lui, et il s’y raccroche désespérément.

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♫ Ce week-end prolongé à San Diego a réellement une saveur particulière pour elle, pour eux. Non seulement parce qu’il est avant tout l’occasion pour eux de se retrouver encore d’avantage, hors Oceanside, juste tous les deux. S’ils ne font que ça depuis la sortie de la clinique, encore toute récente, de Jamie, se retrouver, ils continuent d’en éprouver le besoin. La nécessité. S’étant tous deux attachés à des retrouvailles passées, embrumées par l’état de Jamie cette fois c’est différent. Tout va très vite, il reste encore fragile, elle en a bien conscience, mais ce besoin viscéral qu’ils ont d’avancer les a conduits ici et les aide à aller de l’avant. S’ils ont déjà entrepris moultes changements dans leur vie pour ce nouveau départ qu’ils s’offrent, celui qu’ils viennent chercher ici à San Diego est certainement le plus important. Il y a quelques mois encore, Louise avait tiré un trait quant à la possibilité de fonder un jour un foyer, de devenir mère. Persuadée que ce ne serait jamais possible. Qu’elle n’en aurait jamais plus la capacité physique, que de toute manière c’était écrit, elle n’était pas faite pour avoir une vraie famille à elle. Qu’elle ne parviendrait jamais à se remettre de cette perte l’ayant meurtrie au plus profond d’elle-même et l’ayant, par la même occasion, éloigné de celui qu’elle aime pourtant le plus au monde. Malgré tout, la voici lancée, plus optimiste que jamais dans ce projet fou de fécondation in vitro, plus proche que jamais de sa moitié retrouvé aussi bien pour le meilleur qui reste à venir que pour les embuches qui pourraient tenter de se dresser sur leur passage. Dire qu’elle n’a plus peur serait mentir, mais elle se sent aujourd’hui beaucoup plus forte. Le temps à nul doute fait son œuvre mais également Jamie, certainement sans qu’il en prenne lui-même conscience. Cette façon qu’il a eu de lui prouver son amour inébranlable pour elle malgré tout ce qui s’est passé, tout ce qu’elle a entrepris de faire pour l’éloigner d’elle. Cette bataille qu’il vient de se livrer contre lui-même, contre le démon ayant tenté de prendre possession de lui. Cette mise à nue de ses sentiments trop longtemps camouflés qu’il lui a offerte. Il ne s’en rend pas compte, elle le sait, et pourtant, il la rend fondement plus forte. Chaque jour d’avantage.


Jeudi 21
injection + première nuit à l'hôtel

Depuis la semaine dernière, depuis qu’elle a su pour sa sortie, elle prépare ce week-end. C’est de la folie, elle le sait mais qu’importe ! Elle croit en eux, plus encore que jamais. Et surtout elle a foi en lui, en sa force et cette volonté de se relever qui remportera envers et contre tout, elle n’en doute pas un instant. Ils ne se sont pas attardés à l’accueil de ce petit hôtel, situé juste à côté de la clinique, qu’elle a réservé quelques jours plus tôt. Il a insisté pour porter cet unique sac de voyage rassemblant leurs affaires à tous les deux. Elle tient malgré tout sa main libre dans la sienne et vient se coller à lui alors qu’ils arpentent ce couloir donnant sur plusieurs chambres, à la recherche de la leur pour les prochaines nuits. Son sourire ne l’a pas quitté depuis qu’ils sont sortis de la clinique, presque euphorique, elle se sent sur un petit nuage et ça lui fait un bien fou. Elle sait que rien n’est gagné, rien n’est encore fait mais elle est heureuse. Heureuse de le retrouver pleinement et qu’ils se soient lancés. Une première étape de franchie. Elle ressert ses doigts autour des siens en repensant à ce moment, où il observait l’infirmière faire, plus concentré que jamais. Elle rit doucement en le revoyant si sérieux poser ses questions. Jamie est un mari incroyable alors elle sait, il sera un jour un père extraordinaire.

Sans lâcher sa main, elle tente d’introduire la clé qu’on leur à donné dans la serrure de la porte portant le numéro qu’on leur à indiqué mais elle n’y parvient pas, elle râle en se raclant la gorge, sous le regard amusé de Jamie qui s’approche pour finalement attraper la clé. Elle recule d’un pas pour lui laisser la place. « Si tu crois y arriver mieux que moi ! » Elle lève les yeux au ciel, son sourire toujours ancré sur son visage. Jamie finit par abandonner le sac de voyage sur le sol et s’obstine à son tour, tandis que Louise, taquine, balade ses mains libres sur lui. Elle dépose plusieurs baisers au creux de sa nuque, sur sa joue, lorsque la porte s’ouvre enfin, mais ce n’est pas Jamie qui a réussi à l’ouvrir. Face à l’erreur évidente qu’ils viennent de commettre, Louise éclate de rire alors que Jamie se confond en excuses.


Vendredi 22
injection + visite parc

Il appréhende encore un peu. Elle le voit, elle le sent, alors elle presse sa main dans la sienne et la caresse doucement. Elle a tout confiance en lui. Et l’infirmière le lui à bien dit, une fois que la seringue est réglée sur le bon dosage, il ne peut pas se tromper. Il ne peut pas mal faire. Louise lui sourit, remontant son haut, laissant apparaître son ventre. Elle se contente de le regarder lui, d’observer les traits de son visage à la fois concentré et sérieux. Elle jette aussi un œil au regard amusé de l’infirmière, qui supervise aujourd’hui, le laissant passer à l’action. Elle sursaute légèrement lorsqu’il lui pince la peau. « Pardon. C’est rien, continue mon cœur. » L’infirmière s’approche un peu et le rassure à son tour, en lui assurant qu’il fait tout bien. Il gagnera en agilité au fil des jours. Louise ne peu s’empêcher d’embrasser sa joue lorsqu’il à terminé l’injection. « Merci » Ce geste qui l’impressionne encore lui, compte tellement pour elle.


Samedi 23
zoo & injection

Elle se retourne, encore au chaud sous la couette malgré les rayons du soleil éclairant la chambre depuis un certain temps déjà et le voit, dormir près d’elle. Elle prend le temps de l’observer, d’apprécier cet air apaisé sur son visage. Elle le caresse du bout des doigts, heureuse de voir que ce séjour se passe bien. Que son retour à la vie à l’extérieur semble se dérouler sans encombre. Elle se hisse encore plus près de lui, de sorte à coller son corps contre le sien. Elle approche son visage du sien et effleure sa joue de ses lèvres, les laissant glisser le long de sa joue, puis vers sa nuque. « Bonjour mon amour. » Elle aurait pu le laisser dormir, elle aurait pu le regarder comme ça encore un moment mais c’est plus fort qu’elle, elle a envie d’être avec lui. D’attaquer cette nouvelle journée. Si elle est toujours aussi confiante, aussi heureuse d’avancer chaque jour un peu plus, elle a aussi un peu peur à certains moments. Elle songe déjà à cette échographie qui doit avoir lieu demain, pour faire le point sur le bon effet du traitement. Elle a envie d’y croire mais elle appréhende quand même. Alors elle redoute le moindre instant seule…


Dimanche 24
pic nique & injection & échographie

Elle a insisté pour porter le sac à dos en précisant à Jamie qu’elle n’était pas en sucre et que ce n’étaient pas les quelques victuailles qu’ils avaient rassemblés qui allaient peser bien lourd sur son dos. Cette dernière journée ici serait sans doute la plus chargée, aussi bien émotionnellement que par ce qu’ils allaient entreprendre. Louise avait insisté pour aller visiter ses falaises qu’elle trouve magnifiques et a immédiatement été séduite par cette idée de pique-nique soumise par son mari. Elle est la première étonnée de se rendre compte que crapahuter sur ces rochers, malgré le regard un peu inquiet de Jamie, lui plaît beaucoup. A l’air libre, cheveux au vent et face à cette vue interminable sur l’horizon c’était tout ce qu’il leur fallait pour patienter jusqu’à l’heure du rendez-vous.

Ayant l’impression d’avoir trouvé le lieu idéal pour s’installer, enthousiaste, elle se retourne vers lui et glisse légèrement. Elle se rattrape après lui, en lui attrapant le haut de sa veste. Le cœur battant, ayant eu une petite frayeur qu’elle n’admettra pas, elle se mord la lèvre en restant quelques secondes, la tête nichée au creux de son cou. Elle finit par relever la tête vers lui. « On s’installe ici ? » Elle lui sourit, l’air de rien.


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♫ C’est Louise qui s’est occupée de préparer ce week-end, de la réservation de leur chambre d’hôtel aux quelques activités prévues. Ces quelques jours en dehors de leur environnement quotidien, rien que tous les deux, il y pense depuis qu’elle lui a annoncé qu’elle voulait réessayer, qu’elle était prête à se battre pour réaliser ce rêve qu’ils avaient de devenir enfin parents. Ils n’en avaient pas reparlé avant, avaient abandonné l’idée, trop douloureuse et vive encore, mais voilà que, quelques jours à peine après sa sortie de clinique, ils se plongent corps et âme dans ce projet qui, ils l’espèrent, changera à jamais leur vie. C’est un gigantesque pas en avant, une nouvelle étape dans laquelle ils ont décidé de se lancer, main dans la main, plus solides que jamais après ce mois de séparation forcée, se retrouvant enfin à proprement parler, bien loin du dernier week-end passé ensemble, à demi-teinté de peine, de secrets, de lâcheté face à ce démon qu’il s’est évertué à ignorer jusqu’à ce que ce soit presque trop tard. Aujourd’hui, il a envie de se racheter, de lui prouver plus encore tout l’amour qu’il peut lui porter, toute la reconnaissance qu’il peut avoir envers elle, après toutes ces confidences et ses non-dits balayés. Ils se retrouvent enfin, réellement, presque comme avant, si ce n’est plus forts encore. Ce week-end est une bénédiction qu’il n’aurait jamais vue venir, et cette fois, ils se soutiendront, coûte que coûte, sans faillir. Et il y croit. Il y croit dur comme fer.

Jeudi 21
injection + première nuit à l'hôtel

Il est impressionné, un peu effrayé à l’idée de se rater, ou de faire mal à Louise par la même occasion. Même si l’idée de participer de cette façon lui plaît, et le fait que ce soit elle qui en ait fait la demande le touche encore plus, mais il n’en reste pas moins ébranlé, observant scrupuleusement chacun des gestes de l’infirmière, les bras croisés sur son torse, les doigts d’une de ses mains frottant ses lèvres de trac, les sourcils froncés, sérieux en posant quelques questions qui peuvent paraître anodines mais qu’il ne peut s’empêcher de poser. Il est si concentré que, lorsque Louise esquisse un léger rire, ses yeux, ne lâchant pas les mains de l’infirmière jusque-là, se recentrent sur elle d’un air interrogateur, avant de se rendre compte de la tête qu’il doit faire. Il se déride alors, lui souriant doucement en se rapprochant d’elle pour lui caresser gentiment le bras, se moquant un peu de lui-même et de son manque d’assurance. Tout ira bien, c’est ce qu’on ne cesse de lui répéter, et qu’ils se répètent eux-mêmes comme un moyen de compenser leur inquiétude. Il n’y a aucune raison qu’il n’y arrive pas, et s’il n’est pas spécialement connu pour son agilité, c’est même tout le contraire, il n’aura qu’à se concentrer sur la raison pour laquelle ils font tout ça.

Ils arpentent les couloirs de l’hôtel en souriant, sa main toujours dans la sienne, comme les trois-quarts du temps depuis qu’il est rentré. Elle se colle un peu plus à lui et il lui embrasse le front avant d’arriver en face de ce qui semble être leur chambre. C’est en tout cas le numéro que leur a indiqué la réception. Elle tente d’y insérer la clé mais ne parvient pas à ouvrir la porte, et il s’avance alors, presque en justicier alors qu’il n’a pas franchement plus de chance qu’elle d’y arriver, déposant leur sac de voyage à côté d’eux pour se concentrer sur la porte, qui s’ouvre pour découvrir un type un peu trop barraqué à son goût, bien mécontent d’avoir été dérangé par des bruits de clé comme si l’on tentait de s’introduire dans sa chambre. Louise rit et s’il tient toujours à son sourire, lui-même amusé par la situation, il semble s’excuser mille fois avant qu’on ne lui claque la porte au nez et qu’il se retourne vers sa femme pour pouffer de rire. Il baisse les yeux vers la clé pour apercevoir que le numéro n’est effectivement pas le bon, et que leur chambre à eux se situe juste en face. Rattrapant le sac à dos, il insère donc la clé et cette fois-ci, aucune résistance, ils peuvent enfin profiter pleinement de leur chambre d’hôtel, vue sur l’océan. Il soupire de soulagement, attrapant les mains de Louise au passage en s’avançant à reculons dans la chambre, se pinçant les lèvres alors qu’un sourire se dresse encore sur son visage. « Un week-end entier, rien que toi et moi… » Il sourit un peu plus en la rapprochant de lui pour l’embrasser.

Vendredi 22
injection + visite parc

C’est à lui maintenant, à lui de réaliser l’injection, sous l'œil avisé de l’infirmière qui se veut rassurante, alors qu’à l’intérieur de lui, c’est la panique. Il ravale difficilement sa salive, effrayé à l’idée de faire quelque chose de mal, comme si le moindre de ses gestes pouvait tout gâcher. Louise aussi la sent, cette peur qui s’empare progressivement de lui au point que ce fait bien deux minutes qu’il fixe la seringue sans rien en faire. Elle attrape alors sa main, lui déclenchant un léger sursaut qui le fait revenir à la raison, et il lui sourit, de ce sourire empli d’inquiétude qu’elle doit bien connaître. Il lève sa main et la lui embrasse avant qu’elle ne relève légèrement son haut. Il prend une grand inspiration, puis pince la peau de Louise, mais elle sursaute et il en fait de même, retirant immédiatement ses mains comme un gamin pris en faute, paniqué à l’idée de lui avoir fait mal, mais elle le rassure encore et l’encourage, tandis que l’infirmière se rapproche pour contrôler ses gestes. Ca peut peut-être paraître anodin, une simple piqûre, mais il s’est lui-même mis tant de pression, et le moment lui semble si solennel que son palpitant tambourine au point de l’entendre taper contre sa tempe. L’injection terminée, il soupire de soulagement en caressant doucement la peau de sa femme, relevant le regard sur elle tandis qu’elle s’approche pour lui embrasser la joue, glissant un merci qui vient faire fondre son coeur.

Samedi 23
zoo & injection

Il ouvre les yeux sur cette douce sensation d’un baiser sur sa joue, lui arrachant un petit soupir d’aise tandis qu’elle descend jusqu’à l’approche de sa nuque. Alors qu’elle lui dit bonjour, il souffle du nez, ses yeux encore plissés qui l’observent. Il approche sa main d’elle, la glissant sous son oreille, ses doigts caressant la base de ses cheveux. « Hm… le meilleur des réveils… Bonjour. » Un nouveau petit rire franchit la barrière de ses lèvres alors qu’il se retourne pour se mettre sur le dos, appuyé sur son coude tandis qu’il se rapproche d’elle pour l’embrasser, sa main toujours contre sa mâchoire. « Bien dormi ? » demande-t-il, à voix basse, ses lèvres encore tout proches des siennes. Il se détache légèrement et la regarde, simplement, appréciant toujours autant de se réveiller auprès d’elle. C’est peut-être le matin qu’il la trouve la plus belle, et c’est d’ailleurs ce qui l’a fait craquer lorsqu’il lui a demandé sa main, la question posée de façon totalement spontanée alors qu’il voulait tant préparer un de ces dîners romantiques qu’on voit dans les films. Son sourire s’accentue alors qu’il y repense un instant, sans une once de regret pour autant. « Comment ça va, ce matin ? Nerveuse ? » Il s’en doute, il sent la petite angoisse derrière ses sourires, et lui non plus ne peut s’empêcher d’appréhender. Mais pour l’heure, sa main glisse doucement le long de son bras pour le caresser gentiment, profitant de la paix que leur offre ce petit confort matinal.

Dimanche 24
pic nique & injection & échographie

Il surveille Louise d’un œil prudent, sans doute trop à son goût, mais c’est plus fort que lui. Elle a voulu explorer les hauteurs de San Diego et ça lui plaît, cette grande étendue devant leurs yeux, le soleil balayant la vue imprenable sur l’océan, et les cheveux de Louise qui se promènent au vent, des reflets dorés agrémentant sa chevelure de feu. Il sourit en l’observant crapahuter, cet air apaisé qui lui va si bien sur le visage, le sac à dos rempli de provisions qu’elle a insisté lourdement pour porter. Elle est têtue et il ne sait toujours pas vraiment lui résister. Et alors qu’elle se retourne sur lui, ses mèches flottant dans l’atmosphère, et son grand sourire aux lèvres, son cœur manque à nouveau un battement. Puis il la voit glisser et s’affole, s’avançant rapidement, ses bras désireux de l’attraper désespérément, alors qu’elle se raccroche à sa veste. Son cœur bat la chamade sous la pression, et l’inquiétude se lit sur son visage alors qu’il passe sa main sur ses cheveux pendant les quelques secondes où elle loge sa tête tout contre lui. « Bon sang, tu m’as fait peur… » glisse-t-il dans un soupir, avant qu’un petit rire nerveux s’échappe de sa bouche. Elle relève la tête, l’air de rien, indiquant l’endroit face à eux pour qu’ils installent leur petit pique-nique, les pommettes rosies, ce petit sourire encore perché sur ses lèvres. Il rit encore, son bras venant chercher son dos comme pour s’assurer qu’elle est bien là, contre lui, en secouant la tête d’un air faussement agacé avant de lui voler un baiser. « Si tu veux oui. Tu t’es pas fait mal ? » Il passe sa main sur sa joue, replaçant au passage quelques mèches de ses cheveux derrière son oreille, laissant la pression redescendre progressivement après ce léger coup de chaud.

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Dimanche 24
pic nique & injection & échographie

Bien que tous les rendez-vous se soient très bien passés jusqu’à présent et qu’elle reste confiante pour ce projet auquel elle s’accroche chaque jour un peu plus, elle ne peut s’empêcher d’avoir ce trac aujourd’hui. Cette appréhension grandissante qui lui tord le ventre et qui tourne en boucle dans son esprit depuis qu’elle a ouvert les yeux ce matin. Cette balade qu’ils se sont offerte sur les hauteurs de San Diego, face à l’immensité de l’océan lui a fait du bien, elle a adoré crapahuter là-haut et admirer ce vaste paysage qui lui en a mis plein les yeux. Et si elle pourrait mal prendre la prudence attentive de Jamie et sa prévenance infaillible à son égard, cela la fait plutôt sourire et la touche. Elle le montre beaucoup moins, pourtant, elle aussi s’inquiète beaucoup pour lui. Il est sorti seulement depuis quelques jours et elle sait que, même s’il ne dévoile absolument rien, la situation est très certainement encore difficile pour lui. Il lui avait dit, chaque jour il va devoir faire des choix. Alors elle fait tout pour diriger son choix vers l’avant, vers les petits bonheurs qu’elle est en capacité de lui offrir. Elle n’ose pas vraiment lui demander si ça va, parce que ça lui fait peur. Elle a peur, malgré sa confiance en lui, en eux, que tout ne s’effondre à nouveau. Ce week-end, certainement trop précipité, la rend pourtant heureuse. Pleinement. Elle est heureuse de le retrouver enfin, presque comme avant si ce n’est qu’elle a cette impression que tout est encore plus fort entre eux. Tout ce qu’elle ressent à son égard et si intense, si puissant. Elle sait qu’ensemble ils vont parvenir à aller pleinement vers l’avant.

Louise se raccroche, un peu plus fort que d’habitude, à la main de Jamie alors qu’ils arpentent tous les deux les couloirs de la clinique en direction de l’endroit qu’on leur à indiqué à l’accueil. Ce n’est pas la première échographie qu’elle passe, même depuis que son corps est vide de vie, pourtant cette fois un petit stress supplémentaire semble s’emparer d’elle. Une nouvelle étape de ce parcours qu’ils entreprennent à franchir. Si cette étape n’est pas validée, ils retournent à la case départ. Ce petit espoir auquel elle s’accroche depuis quelques jours malgré son désir de rester prudente en ne voulant pas s’emballer, se verra détruit aussi vite qu’il s’est établi. Elle relève le regard vers Jamie et lui sourit avec tendresse, elle sait que pour lui non plus ce n’est pas évident. Le fait qu’il l’accompagne pour cet examen la remue d’autant plus. La dernière fois que ce fut le cas, Ellie était encore en elle et les battements de son cœur résonnaient à travers la pièce. Cette fois, ils ne verraient rien et n’entendraient rien, si ce n’est la conclusion du médecin. Arrivés devant la salle d’examen, ils s’installent tous les deux côte à côte sur deux chaises encore libres. A peine assise, Louise attrape de nouveau la main de son mari et la caresse doucement de son pouce alors que son regard lui se pose sur la femme installée juste en face d’eux. Le ventre plus qu’arrondi de cette dernière attire son regard, comme hypnotisée par les pensées défilantes dans son esprit bien malgré elle, son regard reste ainsi posé vers elle un instant. Elle finit par secouer la tête et se tourner vers Jamie avant de laisser tomber sa tête sur son épaule un instant, gardant toujours sa main dans la sienne, sur sa cuisse. Elle n’ose pas briser le silence un peu pesant de l’endroit, pourtant, elle meurt d’envie de lui répéter une fois de plus qu’elle l’aime et que tout ira bien.
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♫ Dimanche 24
pic nique & injection & échographie

Fais de ton mieux, et tout ira bien. C’est ce qu’on lui a répété lorsqu’il est sorti de clinique, et qu'il se répète chaque fois qu’il doute, depuis. L’angoisse et l’appréhension les envahissent tous les deux alors qu’ils arrivent dans la salle d’attente, dans cette clinique qu’ils commencent à connaître pour y être passé quasiment quotidiennement ces quatre derniers jours. Et ils ne sont pas prêts de la quitter, si tout se passe bien. C’est ce qu’il espère, ce qu’il se répète depuis ce matin, que tout ira bien, qu’il n’y a aucune raison pour que tout ça ne fonctionne pas. C’est une sorte de première étape, celle qui déterminera de la marche à suivre, et si Louise reste confiante, lui émet plus de réserve, de peur de se retrouver blessé, mais s’accroche autant que possible. Il veut y croire, il veut tout faire pour que ce traitement fonctionne, qu’ils puissent avoir ce bébé dont il rêve tant, mais en définitive, tout ce qu’ils peuvent faire, c’est de leur mieux. Espérer, prier, même, malgré toutes ses réticences à croire en quelque chose de plus qu’eux, que tout se passera pour le mieux.

Leurs mains solidement accrochées l’une à l’autre alors qu’ils patientent dans cette salle d’attente, il le voit, son regard qui se fixe en face d’eux, cette femme au ventre bien arrondi qui lui rappelle un peu trop ce qui a été. Pourtant, lui se refuse à la regarder, se contentant d’explorer des yeux la pièce, ses murs remplis de posters préventifs ou vendeurs de miracles tapotant tranquillement ses doigts sur le dos de la main de Louise, comme pour lui indiquer qu’il est là, avec elle. Il tourne cependant à nouveau la tête vers elle tandis qu’elle pose la sienne sur son épaule, puis place sa main libre au-dessus de leurs deux mains jointes avant de déposer un baiser sur son front. « Tout va bien se passer. » lui glisse-t-il en souriant, reposant sa tête sur la sienne. Il tente autant de la convaincre elle que lui-même, le pied tapotant le sol nerveusement, malgré lui. Tout va très vite, peut-être un peu plus que recommandé, mais ça lui va. Il est prêt à avancer dans ce tourbillon qui lui donne un objectif, une raison d’être, une raison supplémentaire de se battre. Il fait de son mieux. Tout ira bien.

Au bout de quelques minutes, on les appelle pour rejoindre la salle d’examen. Un regard échangé et il lui sourit, sentant déjà son cœur tambouriner un peu plus fort alors qu’ils n’en sont encore qu’au début. « Prête ? » chuchote-t-il presque à son intention. Il espère tant que cela continue, et ça lui fait peur, tout cet espoir, toutes ces pensées qui prennent de plus en plus de place, et qu’il n’a pourtant pas envie de freiner. Il prend une grande inspiration et se lève, emboîtant le pas à sa femme sans lâcher sa main pour autant. Faites que tout aille bien. se dit-il, priant une entité quelconque à laquelle il ne croit pas vraiment. Il se souvient encore de la dernière échographie qu’ils ont passée ensemble, presque presque un an auparavant, si différente, et le vrombissement de ce petit cœur qui battait à ce moment-là dans le ventre de Louise. L’émotion était palpable, alors qu’on leur apprenait que ce serait une fille. Alors que le souvenir lui revient en mémoire, il marque un petit arrêt, freinant l’avancée jusqu’à la pièce, pris d’une soudaine angoisse qu’il essaie de ralentir tant bien que mal. Il n’est pas guéri de tous ses démons, il le sait très bien, et se bat chaque jour pour les faire reculer. Mais qu’est-ce qu’il rêverait d’un verre, actuellement. Alors il serre plus fort la main de Louise comme pour se raccrocher à cette réalité-là, cet amour qui le sauve un peu plus chaque instant, souffle à nouveau et lui sourit pour la rassurer avant d’acquiescer et de, cette fois-ci, s’engouffrer à l’intérieur de la pièce, tandis que le médecin indique à Louise de prendre place. Il ne sait pas ce que leur réserve l’avenir, espérant qu’ils n’aient pas à reprendre tout à zéro si vite, mais ce qu’il sait, en revanche, c’est qu’ils se battront, ensemble, pour concrétiser ce vœu de bonheur infini.

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♫ Dimanche 24
pic nique & injection & échographie

Finalement c’est lui qui les dit à voix haute ces mots qu’elle se répète en boucle depuis ce matin. Alors qu’il pose sa tête sur la sienne après ce baiser, ces mots la confortant un peu plus dans cet espoir qu’elle garde vif au creux d'elle-même, elle le remarque ce pied. Ce pied qui tape frénétiquement le sol avec une nervosité certaine, qu’il ne paraît pas pouvoir dissimuler. Elle sait que c’est beaucoup pour lui, sans doute trop même. Elle sait à quoi il pense, contre quel désir il lutte certainement actuellement, se raccrochant comme il peut à elle. Elle même aimerait tant sortir d’ici prendre l’air et griller une cigarette. Elle se redresse et pose sa main libre sur sa  cuisse avant de relever le regard vers lui et de caresser sa cuisse. « Oui, quoi qu’il arrive. Ça ira.  » Elle en est convaincue. Bien qu’elle tente d’y croire, de se raccrocher à cet espoir qui la maintient debout depuis quelques semaines maintenant, qui la pousse à se battre contre toutes ses épreuves qu’ils ont traversées ces derniers mois, si ça ne marche pas aujourd’hui, ça ira quand même pour eux. Ils resteront debout et main dans la main.

Elle lui rend son sourire et acquiesce de la tête en se pinçant la lèvre. C’est le moment, celui où ils sauront si ces quatre derniers jours, si cette première tentative ont payé, s' ils peuvent continuer de garder espoir car cela fonctionne. Car ils auront encore une chance de réussir. Elle se lève et s’avance vers la pièce où se dirige le médecin, la main toujours dans celle de Jamie qui se lève à son tour, se cramponnant plus que jamais à lui. Elle est surprise de sentir la main de Jamie serrer encore plus fort la sienne, et de tirer sur son bras alors qu’il s’est arrêté en chemin. Elle se retourne vers lui et peut lire sa détresse sur son visage. Cette peur palpable qui semble s’emparer de lui. Alors elle lui sourit, elle lui lance un “ je t’aime” du bout des lèvres et caresse sa main avec son pouce. Elle aussi a peur, mais elle peut suffisamment y croire pour deux.

A peine entrés dans cette pièce, on demande à Louise de s’installer sur cette table d’examen qui se trouve en plein milieu de la pièce, et le médecin propose à Jamie de prendre place sur la chaise à côté de la table, de l’autre côté de l’échographe. Après une dernière caresse du bout des doigts, Louise lâche la main de son mari pour retirer ses chaussures et s’allonger sur cette table. Habituée, elle défait le bouton de son jean et remonte légèrement son haut avant de se tourner vers Jamie pour lui sourire. Le médecin leur parle, leur explique brièvement, mais Louise n’écoute pas, elle préfère se concentrer sur lui. Elle attrape de nouveau sa main qu’elle glisse le long de son corps pour ne pas gêner. Il est tout ce qui compte. L’examen est rapide, elle ne saisit pas vraiment tout ce que le médecin leur dit mais elle en retire le principale, le traitement fonctionne. Ils vont pouvoir continuer d’avancer ce projet, continuer sur cette lancée. Si rien n’est encore joué, son stress de cette journée retombe en un instant et elle ne peut étouffer un sanglot alors que son visage affiche pourtant un sourire. C’est une première petite victoire, une première étape qu’ils ont réussi à franchir tous les deux. Elle se redresse pour s'asseoir du côté où Jamie est lui-même encore assis et se penche vers lui pour l’embrasser brièvement. Elle se fiche bien de ne pas être seule avec lui, elle ne veut pas, elle ne peut pas attendre davantage. Tout ça c’est avec lui qu’elle le vit, pour lui, pour eux, alors à cet instant elle ne voit que lui.

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♫ Il ne peut empêcher sa jambe de trembler nerveusement, aussi stressé qu’elle face à la situation, et l’incertitude qui se présente à eux. Ce n’est que la première étape, un premier point de contrôle qui leur permettra, ou non, de continuer sur cette lancée, sans avoir à tout recommencer. Quel que soit le résultat de la journée, ils ne s’arrêteront pas là, tout ne sera pas terminé, et pourtant, l’angoisse ne cesse de l’assaillir. Il aimerait pouvoir la cacher, prendre sur lui en serrant les dents, mais depuis quelque temps, ça lui est quasiment impossible. Sa tête posée contre la sienne, il se rassure en empoignant sa main, entrecroisant ses doigts fermement contre les siens. Elle est son ancre, aujourd’hui plus que jamais, et elle finit par poser sa main sur sa cuisse comme un signe qu’elle n’est pas dupe, qu’elle a bien saisi son état d’esprit. Un regard, et quelques mots échangés suffisent à lui arracher un sourire. Oui, quoi qu’il arrive, tout ira bien. Il acquiesce, et n’a pas plus le temps de réagir que le médecin les appelle.

Suivant sa femme jusqu’à la pièce, il s’arrête pourtant net en chemin, se raccrochant sa main pour freiner ses démons, et cette angoisse qui ne semble pas vouloir le lâcher. Il prie. Il prie que tout se passe pour le mieux, que la suite ne soit que plus belle, que la chance soit avec eux. Il a peur de trop espérer, peur de trop s’emballer, déjà grillé une fois par le soleil, il ne sait pas s’il serait capable de survivre une deuxième fois. Sa main, son sourire, ces petits mots chuchotés entre deux regards, comme si elle lisait parfaitement dans ses pensées, sont son salut. Il capte ses yeux pâles et sourit en acquiesçant comme réveillé de cet instant de doutes, caressant à son tour sa main de son pouce avant de chuchoter lui aussi un je t’aime à peine audible. Ils continuent alors d’avancer, bien vite invités à s’asseoir, elle sur cette table d’examen, lui sur la chaise placée juste à côté. Il la lâche un instant tandis qu’elle se déchausse et s’allonge, s’asseyant à côté d’elle, en soutien. Il écoute attentivement chaque mot du médecin, plus concentré que jamais pour essayer de comprendre ce qu’il leur explique, avant que la main de Louise vienne à nouveau chercher la sienne, et que son regard se reconcentre sur elle. Il lui sourit, embrassant cette main avant de la laisser retomber, la serrant un peu plus tandis que toute son attention est désormais dirigée sur elle.

Son coeur tambourine, à nouveau empli de cette angoisse, mais la délivrance ne se fait pas tant attendre, et le médecin leur explique alors que les efforts qu’ils ont fourni jusque-là n’ont pas été vains, que le traitement semble fonctionner, que, cette fois, la chance semble de leur côté. Soupir de soulagement, il baisse la tête et les épaules avec, comprenant maintenant que tous ses muscles s’étaient contractés jusque-là. Il relève la tête et aperçoit Louise qui éclate en sanglots, ce sourire empli d’émotion pourtant sur le visage. Les larmes rejoignent bien vite ses yeux, à lui aussi, tandis qu’elle se redresse pour se tourner vers lui et l’embrasser. Il se relève alors, répondant à son baiser en entourant son visage de ses mains fébriles, savourant la joie de l’instant, ce soulagement qui efface ses angoisses, au moins pour aujourd’hui. Ils ont franchi la première étape avec brio, sans aucun nuage à l’horizon. Et dans cet instant, il n’y a plus qu’eux qui existent. Eux, et cet espoir qui s’immisce progressivement, ce projet qui se laisse dessiner, auquel ils ont tant rêvé. Il la prend dans ses bras, la serrant fort en embrassant sa joue. « Je t’aime tellement… On va y arriver. » Ce n’est pas terminé, la route est encore longue, mais cette première étape leur fait déjà tellement de bien, qu’il est presque impossible de ne pas exprimer toute cette joie.

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♫ Samedi 07 Octobre
Prélèvements à la clinique.  

C’est le grand jour, celui où tout peut changer, où tout va changer pour eux. Dernier rendez-vous en date qui remonte à mardi, rendez-vous doublement particulier. Non seulement parce qu’il signait la fin du traitement mais aussi parce qu’on leur avait confirmé que ce dernier avait été efficace. Tout est optimal en préparation de samedi, aujourd’hui. Sa main accrochée à la sienne, elle tire dessus avant qu’ils ne s’engouffrent dans ce bâtiment qu’ils commencent à bien connaître à présent. Elle l’attire sur le côté de l’entrée, pour profiter des derniers instants d’intimité qu’ils vont pouvoir avoir avant quelques heures. « Tu es prêt ? » Elle se pince la lèvre, incapable de camoufler sa propre inquiétude, son appréhension. Elle passe ses bras derrière sa nuque et se rapproche de lui, son souffle s’écrase sur lui, sur ce visage pâle à la mine aussi fatiguée que la sienne. « On aurait put demander à procéder autrement pour toi. Récupérer ce qu’il faut et faire ça…ailleurs. Tous les deux. » Elle baisse le regard, s’en voulant un peu de ne pas y avoir pensé avant, de ne pas avoir demandé si une telle chose était possible. Il était à présent trop tard, elle-même est attendue pour son intervention. Si elle est heureuse du bon déroulement de tout ce processus jusqu’à présent, cela la chagrine tout de même un peu cette façon de faire. Donner un peu d’eux, chacun de leur côté. Elle sait qu’au final, ça revient au même, mais ça la touche quand même. Alors qu’elle sent ce poids sur ses épaules, qu’elle culpabilise un peu de lui imposer ça en plus du reste elle l’embrasse doucement, avec tendresse, savourant ce baiser. Ses lèvres quittent les siennes, elle pose son front contre le sien. « Désolé que tu doives passer par là. » Une de ses mains est toujours sur sa nuque et ses doigts jouent avec ses cheveux. Elle se concentre pour ne pas craquer. Pas maintenant. Elle est fatiguée, perturbée, enthousiaste mais triste à la fois, un peu anxieuse de ce qui l’attend aussi. « Même si je me réveilles pas tout de suite, tu viendras me rejoindre après ? » Elle se doute de la réponse mais elle a besoin de l’entendre. Elle joue les durs, la femme forte, mais au fond elle a la trouille. Elle sait que si elle se réveille et qu’il n’est pas là, se sera difficile pour elle.


Elle ouvre les yeux avec difficulté sur cette lumière un peu assommante. Il lui faut quelques instants pour s’acclimater, pour réaliser qu’elle se réveille dans cette chambre. La même de laquelle elle est partie un peu plus tôt en direction du bloc. Elle voit enfin plus clair et se rend compte qu’il est là, près d’elle. Aussitôt, elle se sent plus apaisée, même si elle cherche son regard du sien. « Alors c’est bon ? » Elle lui sourit et sans doute aidée par les restes de l’anesthésie, la fatigue et le traitement hormonale des dernières semaines, elle finit par craquer et plusieurs larmes coulent le long de ses joues. Elle reprend son souffle et un semblant de contenance, avant de glisser la paume de sa main sur sa joue à lui, la caressant doucement. « Ça y est, nos petits morceaux de nous sont en train de fabriquer notre bébé ? » Elle rit doucement.
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♫ Ils ont passé chacune des étapes précédentes avec brio, aucun nuage ne se profile à l’horizon, leur laissant espérer le meilleur et craindre le pire. S’ils commencent à bien connaître cette clinique pour les aller-retours qu’ils y font depuis quelque temps déjà, aujourd’hui, c’est différent. Date déterminante pour la suite, il a eu bien du mal à trouver le sommeil la nuit dernière en prévision de ce moment, tout autant extatique qu’inquiet quant à la possibilité que tout s’écroule maintenant. Ils se laissent aller à espérer, quasi-désespérément, malgré leur prudence, que leur vœu se réalise, que ce bébé existe, et s’il faudra encore attendre pour le savoir, c’est aujourd’hui que le voyage commence réellement. C’est main dans la main, comme toujours, qu’ils franchissent les portes de l’hôpital, alors que son cœur à lui bat déjà la chamade de stress. Il angoisse, Jamie, de ne pas être capable d’y arriver, d’être celui qui fera tout foirer, pour une simple bêtise, son rôle le plus déterminant qu’il ne parvient pas à tenir. Ils en ont ri, un peu, mais l’angoisse reste là. C’est elle qui le tire de ses pensées, sa voix salvatrice qui résonne légèrement dans la pièce, et lui arrache un sourire. Il baisse les yeux, puis rattrape son regard en hochant la tête d’un air entendu, comme pour lui faire comprendre que, pas tant que ça, alors qu’il s’efforce à montrer le contraire. Ses bras l’entourent et il se sent mieux, rapprochant son front du sien en fermant les yeux pour profiter de cet instant de calme qu’elle leur offre. Il avait besoin de ça, ce tout petit moment pour eux. Ses mains caressent les bras de Louise, autour de lui, et il sourit à ses mots, doucement, ne parlant pas trop fort pour que seuls eux ne s’entendent. « C’est plus pratique comme ça… ça ira, ne t’en fais pas. Et puis, ça vaut le coup. » Ses yeux se rouvrent sur elle et son sourire s’allonge, complice, alors qu’il tente de la rassurer. Bien sûr que ça vaut le coup. Cette possibilité vaut tous les efforts, et s’il aurait évidemment préféré faire autrement, tout ce qui compte, c’est ce qu’ils sont en train de créer.

Elle l’embrasse, et si le baiser est doux, il sent bien que quelque chose la chiffonne. Une main vient caresser son dos alors qu’elle s’excuse, faisant tiquer son cœur de la voir culpabiliser. « Hey. » Il place sa main libre sous son menton, gentiment, pour qu’elle le regarde, et lui embrasse la joue tendrement. « Tu n’y es pour rien. Ce n’est pas ta faute, Louise. C’est rien, à côté de ce que toi, tu dois subir. Et c’est pas ça, qui compte. Ce qui compte, c’est qu’on va tout faire pour l’avoir, ce bébé. » Il lui sourit, avant de l’embrasser, puis la prend dans ses bras pour la serrer fort contre lui, tâchant de la rassurer autant que possible, malgré le stress qu’il ressent lui aussi. « Evidemment que je viendrai. Quand tu te réveilleras, je serai là. » Un nouveau baiser dans son cou et il se détache d’elle, caressant sa joue avant de replacer une mèche de cheveux derrière son oreille. Tout se passera bien. Aujourd’hui, ce sera le début de cette nouvelle aventure qu’ils désirent tant. Et il n’est pas question qu’ils lâchent prise.


Tout s’est bien passé. Il s’est senti un peu impressionné, intimidé, mal à l’aise dans cet endroit qu’il trouve lugubre, mais tout s’est bien passé. Il a rejoint Louise dès qu’on le lui a autorisé, et s’est installé à côté d’elle pour lui tenir la main jusqu’à ce qu’elle se réveille. Cette scène lui rappelle encore quelques souvenirs, mais il les chasse avec cet élan d’espoir qui persiste, alors qu’elle ouvre finalement les yeux, doucement. Il se rapproche alors, sourire ému à l’appui alors qu’elle se tourne vers lui. Il hoche alors la tête en passant sa main sur le visage de Louise, les larmes déjà au coin des yeux alors qu’elle commence à craquer elle aussi. « Oui. » Elle libère ses larmes et il s’y met aussi, alors qu’il sent sa main parcourir doucement sa joue, un sourire intarissable qui se dessine encore sur ses lèvres, mêlant son rire au sien à sa remarque. « Oui, mon coeur, on est en train de fabriquer un bébé. » fait-il avant de l’embrasser sur le front avec insistance, le cœur rempli d'émotions. « Encore une petite étape, et il n’y aura plus qu’à attendre. » Sa main attrape ensuite la sienne pour la serrer fort contre lui. « On y est presque. » Et se passera bien. Il veut y croire et s’y raccroche, priant pour que l’avenir lui donne raison.

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♫ Mardi 10 Octobre
Transfert d'embryon  

Encore un rendez-vous, une nouvelle étape, celle qui doit clôturer ce chemin entrepris depuis plusieurs semaines à présent. Bien que le couple ait put l’effectuer sans embuches, un flot de sentiments se bouscule en Louise. A la fois excitée et impatiente par ce dernier détail, et pas des moindres, à effectuer, elle est aussi fatiguée et un peu lasse. Ils sont si proches du but, elle le sait et pourtant elle est fatiguée et elle a peur. Plus ils approchent de la fin de parcours, plus elle appréhende, les questions la submergeant. Elle a tellement envie que ça fonctionne, elle y croit tant alors qu’elle s’était interdite de le faire. Prévoyant cette chute qui pouvait tomber à tout instant et qui la briserait à nouveau si elle se laissait emporter par cette histoire qui n’a encore rien d’écrit. Rien de fixe.

Evidemment il est là avec elle, toujours. Son pilier, sa moitié, celui pour qui elle est prête à tout. Un regard de lui et elle se sent un peu plus forte, plus enclin à affronter ça, à rentrer encore dans cette clinique en gardant la tête haute et le cœur empli de ces espoirs qu’elle ne peut complétement refreiner malgré cette prudence qui s’impose pourtant. Elle n’a pas dormi de la nuit, alors forcément, elle est fatiguée et certainement plus sensible encore. A fleur de peau, elle s’avance dans cet antre qu’elle aimerait pourtant ne plus fouler. Elle s’accroche à sa main, à son bras, ses doigts liés aux siens, le regard concentré sur ces couloirs qu’ils traversent jusqu’à atteindre le bon endroit. Ils s’installent dans cette salle d’attente, un peu trop familière et aussitôt elle se tourne vers lui, elle sent qu’elle est à deux doigts de craquer. Trop de choses se bousculent, trop de poids sur ses épaules déjà meurtries. Elle voit bien que lui aussi et fatigué et il a de quoi. Entre l’excitation et l’appréhension de ce moment et en plus, il vient de faire toute sa journée de travail à la ferme et de conduire pour venir jusqu’ici. Louise se pince la lèvre en le scrutant, s’en voulant de ne pas avoir pu le faire changer d’avis quant au fait qu’elle conduise au moins. Elle tend sa main vers lui pour la poser sur sa joue, et la caresser doucement du bout des doigts. « T’es fatigué mon amour. » Son regard ne peut se défaire de lui. « Après ça on rentre d’accord ? Et je pourrais peut-être conduire ? »

Ils n’ont pas à attendre longtemps que leur nom résonne déjà dans la pièce. Ils se lèvent tous les deux, doucement et suivent le médecin. Il leur fait signe de s’assoir face à son bureau derrière lequel il prend place malgré cette table de consultation qui trône au centre de la pièce et une infirmière qui semble préparer du matériel juste à côté. « Alors. Tous s’est très bien passé pour les embryons qui ont bien pris. D’après l’échographie que vous venez de passer, tout est bon pour moi. Pas de formation de kyste, rien…alors on peut y aller. C’est le grand moment cette fois. » Il est presque trop enjoué. Louise tourne la tête vers Jamie et lui sourit, avec cette réserve tout de même. Le médecin explique encore une fois ce qu’il va se passer, que ce n’est pas douloureux du tout et qu’il n’y aura ensuite plus qu’à patienter jusqu’à la prise de sang. Et puis il leur avoue ce qu’elle redoutait un peu. Il explique à Jamie qu’il va devoir sortir le temps qu’il effectue le transfert, que cela sera rapide et que Louise pourra le rejoindre aussitôt que cela sera terminé. Elle comprend, elle sait que c’est délicat, qu’il a besoin de se concentrer sur ce qu’il fait sans avoir à se soucier des réactions que pourrait avoir le potentiel futur père. Elle se lève en même temps que son mari et vient se coller contre lui et l’entoure de ses bras tout en nichant sa tête au creux de son cou. « Je t’aime » Qu’elle lui souffle, avant de déposer un baiser dans son cou et de le relâcher.

Alors que Jamie vient de sortir, Elle écoute ce qu’on lui dit en déposant son pantalon et son sous vêtement, avant de s’installer sur cette table froide. Elle s’allonge et se concentre alors sur l’odeur de son parfum qu’elle vient de coller à son nez et qui la rassure. L’infirmière aussi la rassure un peu, lui promettant que tout va bien se passer, que ce n’est rien. Elle ferme les yeux, n’ayant absolument pas envie de voir ce qu’il se passe. Elle pense à lui, à tout ce qu’elle rêve encore d’accomplir avec et pour lui. Elle pense à leur nouveau mariage à venir, à ce qu’elle aimerait lui dire, lui promettre à cette occasion. Elle ne sent rien, si ce n’est une sensation pas forcément agréable, mais elle n’a pas mal. Elle ne fait pas attention à ses larmes qui coulent le long de ses joues, alors qu’elle ne pleure pas.

Il n’aura fallu que quelques minutes. Quelques minutes qui lui parurent être une véritable éternité. Elle se rhabille avec hâte et après quelques mots qu’elle n’entend qu’à peine, elle attrape sa veste, son sac à main et sort de la pièce pour retrouver son mari. Elle le cherche du regard, juste une seconde, le temps pour lui de se relever de sa chaise et elle s’avance vers lui pour se laisser tomber dans ses bras. « On rentre à la maison ? »

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♫ Mardi 10 Octobre
Transfert d'embryon

Ils sont presque au bout du chemin, avant dernier rendez-vous dans cette clinique qu’il n’en peut plus de visiter, l’angoisse montant en même temps que l’espoir à chaque nouvelle étape franchie, mais ils s’accrochent, ensemble. Il était réticent à l’idée d’y croire, au début, cette peur paralysante de se retrouver à nouveau en proie à la peine d’y avoir un peu trop cru, alors que son coeur s’attache pourtant à l’idée que chaque victoire est un pas de plus vers ce bébé qu’ils espèrent rencontrer. Il ne sait pas s’ils pourraient se relever une seconde fois, après avoir déjà manqué de se perdre la première. S’il ne le montre pas, il a peur, Jamie, de se retrouver à nouveau dans cette situation, son pire cauchemar depuis qu’il a bien failli se réaliser, alors il s’accroche un peu plus à sa main alors qu’elle serre la sienne, et la ramène contre son torse en avançant une fois encore dans ces couloirs qui lui paraissent de plus en plus froids à mesure que le temps avance. Tout est allé si vite, tout s’est si bien passé, alors, l’attente est telle que la chute serait brutale.

Ils sont installés dans cette salle d’attente qu’ils commencent à connaître un peu trop bien, et déjà son pied tape le sol de façon irrépressible. Il n’a pas vraiment dormi cette nuit, et il sait très bien qu’elle non plus. Tous les deux fatigués de toutes ces émotions contradictoires qui les envahissent un peu plus chaque jour. Il a hâte que l’attente s’arrête, hâte d’avoir une réponse, une vraie, définitive et rassurante, et si l’angoisse ne se stoppera pas là, ils pourront au moins se concentrer sur du concret. Il a les yeux dans le vide, plongé dans ses pensées alors que sa jambe tambourine et que ses doigts caressent machinalement la paume de la main de Louise, lorsqu’elle le sort de ses réflexions en posant sa main sur sa joue. Il sursaute un peu, puis sourit, lisant déjà l’émotion dans les yeux azur de sa femme. D’un geste, il embrasse sa paume et continue de sourire. Si la fatigue se lit sur son visage, elle n’est pas non plus épargnée. « Toi aussi. » dit-il en soufflant du nez, plaçant une mèche de ses cheveux roux derrière son oreille. « Oui, après ça, on rentre directement. Et ne t’en fais pas pour ça, je peux conduire, vraiment. »

Un nouveau sourire et on les appelle bien vite. Il la regarde un instant pour se donner du courage, serrant légèrement les dents avant de se lever et la suivre jusque dans la petite salle, sa main toujours ancrée dans la sienne. Les mots du médecin sont rassurants, une bouffée d’air lui indique qu’il avait simplement cessé de respirer à partir du moment où ils sont entrés. Il se tourne vers elle pour lui sourire franchement, ému, le coeur à nouveau gonflé d’espoir, alors que tout semble se dérouler correctement. Ils y arriveront. S’il a encore un peu peur de trop se réjouir, il a un peu plus envie d’y croire. Une dernière étape, et il n’y aura plus qu’à attendre. Il écoute attentivement les explications du médecin, puis, alors que celui-ci lui demande de sortir, ses sourcils se froncent. Il tente d’argumenter, trouver un moyen de rester à ses côtés, jusqu’à hausser très légèrement le ton alors que le médecin s’évertue à refuser, puis, finalement, se retrouve forcé d'obtempérer. Lui qui voulait être là jusqu’au bout, se retrouve à devoir patienter sagement à l’extérieur, et ça lui fait mal. Ils se lèvent tous les deux et il la serre fort contre lui alors qu’elle s’approche, lui embrassant la joue au passage. « Je te retrouve juste après, d’accord ? Tout ira bien. Je t’aime. » La séparation est douloureuse alors qu’il sait qu’elle ne sera que de quelques minutes, mais la porte qui se referme sur lui le déstabilise.

Il prend place sur un siège juste en face, se relève, fait quelques pas pour patienter alors que son angoisse augmente. Il n’y a pas de raison d’avoir peur, pourtant, aucune raison de se mettre dans un tel état, alors que d’ici quelques minutes, la porte se rouvrira, mais c’est plus fort que lui. Il se rassoit, ses pieds tambourinant le sol alors qu’il place ses coudes sur ses genoux, les mains serrées l’une contre l’autre et son front reposant dessus. Il déteste ça. Déteste se retrouver là, seul, alors qu’elle est de l’autre côté, seule aussi. Il souffle pour se contenir, puis la porte finit par s’ouvrir et il sursaute, se relevant immédiatement de sa chaise pour voir Louise fondre sur lui pour le prendre dans ses bras. Il l’entoure alors, recroquevillant sa tête dans le creux de son cou quelques instants avant de l’embrasser. A sa demande, il acquiesce, saisit d’émotions alors qu’il lui caresse la joue. « Oui, on rentre, mon coeur. Ca y est, c'est fini. » Il attrape alors sa veste pour la lui mettre sur les épaules, lui embrasse le front et l’entoure de son bras pour finalement quitter la clinique. Il lui demandera plus tard si tout s’est bien passé, une nouvelle étape de franchie qui marque le début de deux semaines d’attente, qui leur paraîtront sans doute interminables.

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♫ Lundi 23 octobre 2023
résultats fiv

Louise a écrit:Jamie... j'ai reçu le mail pour récupérer les résultats.  

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23/10 à 14:42

Jamie a écrit: Je finis au plus vite et j'arrive !! Et on repart direct !

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23/10 à 14:54

Louise a écrit:Pas besoin de repartir...il suffit de cliquer sur le lien pour avoir les résultats sur le téléphone...    Prends ton temps quand même...on est plus à ça prêt.  

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23/10 à 14:56

Jamie a écrit:Ah, oui, 21e siècle !
Ok ok, je pars là, je me dépêche ! Tu m'attends hein !

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23/10 à 15:04

N'appuie pas sur ce bouton !

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23/10 à 15:05

Louise a écrit:Et oui mon chéri ! La technologie !  
Bien sûr que je t'attends. Je veux pas savoir sans toi.  

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23/10 à 15:05

T'inquiètes pas.  
Je t'aime mon amour.   Fais attention mais rentres vite...

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23/10 à 15:07

Deux semaines, deux semaines qu’ils ont passés la dernière étape de tout ce processus censé les aider à mettre en route ce bébé qu’ils désirent tant. Deux semaines, plus celles d’avant où tout se bousculent en eux tout un tas de questions, d’appréhensions, de peurs…Louise s’est cachée comme elle a put derrière cette force de caractère qui la caractérisait autrefois mais dans le fond il n’en est rien. Elle a peur. Peur d’être déçue, de souffrir à nouveau d’un nouvel échec, bien qu’elle ait tout fait pour espérer le moins possible. Mais malgré toute la volonté du monde, elle n’a pas pu s’empêcher de songer à l’éventualité que ça fonctionne et ce dès ce premier essai auquel elle ne croyait même pas il y a encore quelques mois en arrière. Au bonheur qu’elle ressentirait alors, au sourire émue que Jamie aurait. Ils sont si proches de toucher du doigt ce petit bonheur qu’ils ne peuvent s’empêcher d’espérer malgré toutes les précautions possibles.  

Louise a laissé son portable posé sur la table après un dernier message à Jamie qui ne devrait plus tarder. Depuis elle tourne en rond dans l’appartement. Ces derniers jours, tout un tas de signaux ont tendus à leur faire penser que ça a fonctionné. Et elle a envie d’y croire. Elle le sent presque, intimement convaincue que ce transfert d’embryon a marché, qu’elle porte leur futur bébé et qu’il est encore là, bien accroché. Pour quelqu’un censé ne pas s’emballer, cette conviction s’avère plus forte encore que cette résolution. Ses nausées de plus en plus importantes, cette fatigue presque incessante qu’elle ressent chaque jour d’avantage, elle veut que ce soit ça. Que ce soit le fruit de cette petite vie qui se fait doucement en elle, et non pas seulement de toutes ces hormones qu’elle a pu recevoir ces dernières semaines. Elle finit par s’installer devant son piano, sans grande conviction d’en tirer grand-chose.

Ses doigts s’écrasent peu à peu sur les touches, un semblant de mélodie en ressort mais elle ne cesse de se couper au moindre bruit qu’elle croît entendre. Finalement, c’est Lola qui s’avance vers la porte d’entrée en commençant à tourner devant, signe que son maître arrive. Effectivement, Jamie finit par ouvrir la porte. « Jamie. » Aussitôt Louise se relève et s’avance vers lui, elle se jette littéralement dans ses bras, l’entourant sans attendre des siens et venant caler sa tête au creux de son cou. Sa main droite vient caresser sa nuque et remonte jusque dans ses cheveux alors qu’elle s’enivre un peu plus du parfum de son mari, de la chaleur rassurante de sa peau contre la sienne. Elle recule légèrement la tête pour déposer un baiser dans son cou avant de venir caler son front contre le sien, sa main toujours dans ses cheveux, faisant tournoyer son index dedans. « T’es prêts ? » Elle sent son cœur battre à tout rompre contre le sien, aussi impatiente qu’anxieuse. Finalement, ses lèvres accrochent les siennes avant qu’elle n’entende sa réponse, les caressant doucement mais avec une intensité certaine avant de sourire et de se reculer pour observer ses yeux clairs. « Qu’importe ce qu’il en est…je t’aime. » Elle attrape sa main pour glisser la sienne dedans et entrelacer ses doigts aux siens. « Et on sera ensemble ? » Encore plus terrifiée à l’idée de le perdre lui plus que quoi que se soit d’autre, elle a besoin de se rassurer avec cette certitude. Pourtant elle sourit un peu plus, elle sourit parce qu’elle croit. Plus que jamais.
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♫ Lundi 23 octobre
Résultats de la FIV

Il n’a pas arrêté d’y penser, déconcentré toute la journée par le stress de ces résultats qu’ils attendent depuis deux semaines, plus encore si l’on compte toute l’appréhension qu’ils ont mis dans chaque étape de cette démarche. Il est terrifié de la possible désillusion, effrayé par l’éventualité d’y avoir encore trop cru alors qu’ils se sont pourtant mis d’accord pour y aller doucement, mais chaque nouvelle étape passée a été un tel soulagement que l’espoir à fini par se loger au creux du coeur, appuyé plus encore par cette impression de Louise, de sentir quelque chose changer en elle. Il a peur de trop y croire, pourtant conduit à se rattacher à un second miracle, cette chance qui pourrait avoir enfin tourné de leur côté. Fidèle à lui-même, toute cette journée à songer à tout ça l’a amené à quelques mésaventures, des maladresses qui le caractériseraient presque un peu trop. Il s’est coupé, a renversé un sac de graines sur le sol, cassé quelques pots qui trainaient là… des bêtises d’inattention qui auraient pu faire rire s’il ne s’agissait pas de son travail. Et puis, ce sms de Louise qui l’a fait tout arrêter. Il a fait au plus vite pour terminer ses tâches, expliquant rapidement à sa sœur qu’il fallait qu’il parte, là, maintenant, que c’était urgent. Il est parti pile à l’heure, pas une minute de plus, envoyant un message à Louise pour lui indiquer qu’il partait, s’emmêlant déjà dans ses pieds en cherchant à sortir. Son cœur bat à tout rompre sur le trajet, à mi-chemin entre l’angoisse et l’élan d’espoir, comme si, au fond, il sentait.

Il gare la voiture devant l’appartement, se détache et s’avance rapidement, passant les marches deux par deux pour rejoindre Louise au plus vite. A peine la porte ouverte, Lola saute sur ses jambes pour réclamer des caresses qu’elle obtient immédiatement. « Oui, ma belle, elle est où ta maman ? » Il n’a pas le temps d’appeler Louise que c’est elle qui s’annonce, et tandis qu’il se relève, elle arrive dans sa direction pour lui sauter au cou. Il resserre l’étreinte autour d’elle pour la soulever légèrement du sol alors qu’elle enfouit sa tête dans son cou, plaçant ses mains autour de sa nuque en glissant ses doigts dans ses cheveux, l’apaisant un peu plus maintenant qu’il se trouve à ses côtés. « Tu m’as manqué aujourd’hui. » C’est peut-être trop mais c’est vrai, d’autant plus en ce moment, d’autant plus aujourd’hui, alors qu’il aurait préféré rester avec elle toute la journée pour attendre ensemble. Elle lui embrasse le cou et il la repose sur le sol, bras serrés autour d’elle alors qu’une de ses mains navigue dans son dos. Front contre front, il a le cœur qui tambourine, en proie à un mélange d’émotions subtil, alors qu’elle lui pose cette question à laquelle il n’a pas vraiment de réponse. Prêt, pas vraiment. Il a beau avoir essayé de se préparer à toutes les éventualités, il est encore terrifié, et il se doute qu’elle est dans le même état. Elle dépose finalement un baiser sur ses lèvres avant qu’il ne puisse répondre et ça lui fait un bien fou. Il souffle alors, s’adressant à elle d’un sourire. « Je sais pas… mais j’ai très envie de découvrir les résultats... et toi ? » Sa réponse le touche et l’apaise, sa respiration jusque-là saccadée se fait plus régulière alors qu’elle attrape sa main, qu’il resserre autour de la sienne. « Oui. Moi aussi, je t’aime. » Un nouveau baiser qu’il dépose sur ses lèvres avant qu’elle ne lui réponde à nouveau, sous la forme d’une question. C’est sans doute ça qui le terrifie le plus, finalement. Que des résultats négatifs impactent leur équilibre, qu’ils se perdent à nouveau comme ça a été le cas quelques mois plus tôt. A ça, il ne pourrait pas survivre. Il esquisse un plus large sourire en guidant la main de Louise jusqu’à ses lèvres pour l’embrasser, rassurant. « Quoi qu’il arrive, on sera ensemble, et on se battra. » Ils n’abandonneront pas, ils se le sont promis. Et puis, il y a très peu de chance que ça fonctionne du premier coup. Il se le répète sans cesse depuis des semaines, bien qu’à mesure que le temps avance, cette conviction s’étiole peu à peu.

Ils s’avancent alors dans l’appartement, main dans la main, suivis de près par une Lola tout aussi euphorique qu’eux, jusqu’à la table sur laquelle elle a posé son téléphone. Elle s’assoit, et lui reste debout, incapable de rester posé sur une chaise en attendant les résultats. Il souffle, plaquant ses mains à sa bouche comme pour prier. Qu’est-ce qu’il a pu prier, ces derniers temps. Pas une entité spéciale, pas un dieu, mais l’univers, la chance, tout ce à quoi il peut se raccrocher pour espérer que cela fonctionne. Il se penche ensuite sur le téléphone, une main solidement accrochée à la chaise sur laquelle Louise est assise en la surplombant légèrement alors que le chargement des résultats se fait. Les quelques secondes qui les séparent de la réponse lui paraissent interminables, alors que son cœur semble vouloir exploser dans sa poitrine, et que ses mains se mettent à trembler. Au milieu de tout ça, une pensée parasite qu’il chasse bien vite alors que la page s’affiche enfin. Quelques mots lus en diagonal qui ont très peu d’intérêt pour lui, et puis, finalement, la réponse.

Le temps s’arrête, son cœur aussi, alors que son cerveau percute. « Enceinte. » Il répète les mots comme pour leur donner tout leur sens, encore silencieux le temps de réaliser. « Enceinte. » Il finit par se tourner vers Louise et les larmes finissent par lui monter aux yeux comme si le trop plein d’émotions retombait enfin. « Ça a marché... » Il n’y croit pas. A trop peur de se l’imaginer vraiment. Mais son sourire s’étend et c’est l’explosion de joie, alors qu’il comprend finalement, vraiment, ce que tout ça veut dire. « Ça a marché, Louise ! » Un rire nerveux transperce la pièce, et il la prend immédiatement dans ses bras pour la soulever du sol, la serrant fort contre lui en éclatant d’un rire franc, plus heureux que jamais alors que ce rêve-là, il ne l’attendait plus. Lola fait la fête autour d’eux sans prendre conscience de ce qu’il se trame alors qu’il fait tournoyer Louise, libérant tout ce qu’il a bien pu ressentir durant les semaines passées. Ça a fonctionné. Du premier coup. Il ne s’y attendait pas, mais le bonheur qu’il ressent est inégalable. « On l’a fait ! Il est là ! Il est bien là ce bébé ! » Un main caresse l’arrière de sa tête alors qu’elle est toujours au-dessus du sol, puis il la repose enfin pour l’embrasser avec vigueur, avant de la reprendre dans ses bras. « Je t’aime. Je t’aime, je t’aime. On va y arriver, Louise. On va vraiment le faire. » Il prie, il espère, de tout son coeur il espère que cette grossesse se terminera normalement, qu’il pourra serrer dans ses bras leur enfant, le parfait mélange d’eux deux, et tout cet amour qu’ils se portent déjà.

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♫ Lundi 23 octobre 2023
résultats fiv

« Toi aussi. » Souffle-t-elle alors que ses lèvres se retrouvent près de son oreille après avoir embrassé son cou, savourant encore cette étreinte qu’il lui rend tandis que seuls la pointe de ses pieds effleure encore le sol. Lui était prêt à passer cette journée près d’elle, prêt à prendre une journée de repos exprès, convaincue que sa patronne de sœur aurait accepté sans vraiment rechigner. Mais Louise avait tenue à ce qu’il aille tout de même travailler, de sorte qu’au moins l’un d’entre eux ait l’esprit, et les mains, un peu occupés, histoire de ne pas resasser ce moment sans arrêt dans leur esprit. Ce moment qu’ils ont attendu avec impatience depuis deux semaines, autant qu’ils l’ont redouté. Son souffle s’écrase sur elle alors qu’elle le voit lui sourire et aussitôt, son cœur vacille, se raccroche à ça. Elle hoche doucement la tête. « Moi aussi. » Bien qu’ils se le soient déjà promis, ses mots la rassurent, lui donne un peu plus d’élan pour avoir la force de les regarder ces résultats et surtout de les affronter. Qu’importe, positif ou négatif, ils n’en n’ont pas terminé des doutes, des peurs mais selon, cette aventure sera tout de même teintée d’une joie inégalable. Quoi qu’il advienne à présent, ils feront front ensemble envers et contre tout.

Leurs mains toujours liées l’une à l’autre ils s’avancent jusqu’à la table ou prône le portable de Louise, suivis par Lola, gagnée par l’euphorie du moment. Louise s’assoit alors que Jamie se poste derrière elle, prenant appuie sur le dossier de sa chaise, visiblement incapable de s’assoir, de rester en place en cet instant. Ses doigts glissent sur l’écran de son téléphone et elle souffle à son tour alors que l’écran charge les résultats. Elle craint que cette page s’affiche enfin autant qu’elle à hâte. Elle ne le voit pas et pourtant, elle le sent. Elle sent très bien que Jamie, trépigne là derrière elle, prenant sans aucun doute beaucoup sur lui. Un lourd silence s’immisce dans la pièce durant ces quelques secondes qui paraissent s’éterniser et durant lesquels une multitude de sentiments traversent Louise. La page s’affiche enfin et de nouveau son doigt la fait glisser, laissant défiler quelques chiffres qui n’ont pas vraiment de signification pour elle, ce qui les intéressent ce n’est que la conclusion en bas de cette page. La conclusion de ce parcourt qu’ils ont réussi à réaliser sans la moindre embûche jusque-là.

Alors qu’elle lit ce mot, ce mot qui ne pourrait pas être plus clair, elle se rend compte que son regard s’embrume aussitôt. Elle plaque une main devant sa bouche, tenant toujours son cellulaire dans l’autre, n’osant bouger davantage alors qu’elle sent des larmes venir couler jusque sur sa main et qu’elle étouffe un souffle, un soupire mêlant soulagement et joie. Ce mot que Jamie répète, comme pour lui donner tout son sens, pour l’affirmer davantage encore tant il semble incroyable. Encore silencieuse, elle se retourne vers lui en se levant et le voit ce sourire sur ses lèvres, ce regard qui s’illumine autant qu’il se voile de ses larmes prêtes à sortir pour lui aussi. Elle hoche la tête, souriante à son tour, mêlant son rire au sien, alors que ses larmes ne peuvent s’arrêter de couler, relâchant le stress de cette journée qui lui parut si longue. Elle se raccroche à lui en l’entourant de ses bras, le serrant aussi fort que possible alors que ses pieds quittent à nouveau le sol et que Lola aboi en tournant comme eux, ne saisissant pas bien ce qu’il peut bien arriver à ses maîtres. Elle rit alors qu’il la fait tournoyer dans la pièce. Elle a du mal à y croire et pourtant c’est vrai, ça a marché, elle est enceinte. Ils ont réussi ce qu’elle pensait impossible et du premier coup, avec ce premier essai qui vient de dépasser toutes ses timides et prudentes espérances. Elle incline légèrement la tête en arrière et son rire résonne un peu plus. « Oui. On va avoir un bébé. On va avoir un bébé Jamie ! » Bien que cela lui semble surréaliste, il a raison, il est bien là ce bébé, ce minuscule bout de lui bien accroché, en train de se former au creux d’elle-même. La tête encore un peu dans les nuages, il la repose sur le sol et l’embrasse aussitôt avec force, alors que leurs bras retrouvent l’autre. Elle rit encore devant cette déclaration, devant ces mots. « Je t’aime aussi mon amour. Oui, on va vraiment l’avoir ce bébé. » Elle relâche son étreinte pour venir attraper sa main et venir la poser contre son ventre tout en la suivant du regard. « Il est vraiment là ! » Elle relève la tête vers lui. « Je t’aime tellement Jamie. » Et elle se hisse pour venir l’embrasser à nouveau avec force, si heureuse du chemin qu’ils ont déjà réussi à parcourir en si peu de temps. Même si cette peur, un peu viscéral, la titille toujours aujourd’hui il n’y a que cette victoire qui compte. Que cet amour pour lui qui la porte plus haut que n’importe quoi. Elle s’agrippe à lui tandis qu’elle appuie un peu plus son baiser, consciente qu’elle l’aime chaque minute un peu plus.  

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