And trying to fix a world that I can't change (ft Jana)

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« Tu es sûre que tu ne veux pas que je vienne ? » Il la scrute avec une petite moue alors qu’elle vient d’ouvrir la porte côté conducteur de cette voiture qu’elle a louée pour la journée. Elle lance son sac sur le siège passager puis elle se redresse et relève la tête vers lui, un sourire aux lèvres. « Jamie, tout va bien se passer. Ce n’est qu’une journée. » Elle hausse les épaules, rieuse avant de s’approcher encore un peu plus de lui et de l’embrasser. Elle tente de le rassurer alors qu’elle-même est en stresse de cette situation, de cette journée qui l’attend. Elle est heureuse de revoir Jana, vraiment. Elle a envie de la connaître d’avantage mais cela l’effraie aussi un peu, c’est tellement nouveau pour elle. Elle a encore beaucoup de mal à se dire qu’elle a une sœur. C’est encore un peu trop irréel. Alors elle sait que cette journée, va justement apporter ce réalisme qui lui manque, mais ce n’est pas tout. Cette journée, non seulement elle va la passer en compagnie de cette petite sœur qu’elle n’a pas eu la chance de connaître jusque là mais elle va aussi la passer à travers la ville où elle a grandi, à voir des personnes qu’elle n’a pas vue depuis des années, à chercher une trace de sa mère qu’elle n’a pourtant aucune envie de revoir. Alors elle appréhende un peu, forcément. Pour Jana elle veut bien se lancer là-dedans, mais elle ne sait pas tellement comment elle pourrait réagir en fonction de ce que cette journée va donner.

Elle tire sur sa chemise puis sur son pull sans manches, c’est au tour de Jamie de rire en la regardant faire. « Tu sais que…tu n’auras même pas besoin de lui dire ? » Alors qu’il rit, elle se contente de relever la tête et de lui tirer la langue en fronçant les sourcils. Il l’attrape par la main et l’attire à lui pour l’entourer de ses bras. « Tu vas me manquer. » Il dépose un baiser sur son front, relâchant déjà cette étreinte. « Si jamais…pour quoi que ce soit, si tu veux que je vienne, tu m’appelles et je débarque ! » Elle hoche la tête avant de l’embrasser à nouveau et de s’installer aussitôt derrière le volant, plus elle attendra, plus elle aura du mal à le laisser et à partir. Elle aimerait qu’il vienne, elle le veut tout le temps avec elle mais elle sait qu’elle doit passer ce moment seule avec sa sœur. Et puis, il a toujours un peu de mal à comprendre son point de vue quand il s’agit de ses parents, ne sachant déjà pas comment elle va devoir s’y prendre, elle ne veut pas en plus risquer de ne pas être d’accord avec lui alors que déjà elle risque de décevoir Jana sur certains points. Il retient la portière et l’observe s’attacher. « Je t’aime. » Il lui sourit. « Moi aussi, je vous aime. »

Il ne lui faut que quelques minutes pour gagner la gare. Pourtant ces quelques minutes lui semblent durer une éternité. Anxieuse, elle se rend compte qu’elle stresse, alors que monter sur scène et chanter devant des centaines de personnes ne lui a jamais posé le moindre souci. Elle rit de cette situation un peu saugrenue, avant de se garer sur le parking. Elle descend de voiture, son sac accroché à son épaule et avance aussitôt vers l’entrée de la gare. Elle choisie de l’attendre ici mais jette quand même un coup d’œil à son portable pour voir si elle n’a pas déjà cherché à la contacter. Les portes s’ouvrent et se referment sans arrêt aussi bien pour laisser entrer des personnes que pour en faire sortir. Finalement, elle reconnaît Jana qui vient de passer ces portes. Elle finit de s’avancer vers. « Jana. Salut ! » Elle ne sait pas trop comment agir, un peu gênée, alors elle reste un peu en retrait tout en lui souriant sincèrement, même si ce n’est pas forcément ce qu’elle souhaite. « Tu as fait bon voyage ? »
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Trois heures. Cela parait court à l’échelle humaine. Cette durée est une éternité à mes yeux en cet instant. Trois heures me séparent de Louise, le temps que mon train termine son voyage et arrive en gare de Santa Monica. Trois heures pour enfin retrouver ma sœur. Il me tarde de la revoir, de commencer à développer notre relation même si je ne sais pas comment m’y prendre. D’un côté, je doute qu’il existe un mode d’emploi pour cela. Je compte me laisser bercer par ma spontanéité. A quoi bon élaborer un plan ? La vie m’a déjà démontrée l’inutilité de la chose. Rien ne se passe jamais comme prévu. La preuve avec cette découverte fraternelle alors que je recherchais ma mère biologique. Assise sur mon siège, j’admire le paysage de la fenêtre. La météo est ensoleillée en ce jour d’hiver. Cependant, la fraîcheur est tout aussi présente. Être frileuse ne m’aide certainement pas. Ma cousine n’a de cesse de me taquiner à ce sujet. Pas plus tard que ce matin pour m’emmener à la gare, quand j’ai mis le chauffage dans sa voiture malgré le fait de porter mon manteau rembourré alors qu’elle n’avait qu’une veste sur son dos. Déposée, elle m’a redemandée si elle ne voulait vraiment pas qu’elle m’accompagne. Si j’envisage de lui faire rencontrer ma sœur, aujourd’hui n’est pas le jour adéquat. Aujourd’hui n’est pas une simple rencontre. Louise doit me faire rencontrer des gens capables de me guider pour ma quête. Une quête trop personnelle pour l’embarquer même si elle est au courant de ma démarche et de son avancée. Je lui ai promis de l’appeler en soirée pour l’informer de ce que j’ai appris.

Le temps défile. Je me rends pas compte piquer du nez au fur et à mesure du trajet. En soi, ce n’est pas étonnant. Avec le stress, ma nuit a été agitée. Je n’ai trouvé le sommeil que très tard ou très tôt selon le point de vue. Si prendre ma douche et réaliser des madeleines m’a permis de me maintenir éveillée, la fatigue reprend ses droits. Je ne crains pas rater mon arrêt en m’endormant. Santa Monica est le terminus. Au pire, je crains d’être réveillée par un contrôleur. Ou certainement par le bruit des passagers quittant le wagon. Lorsque le train arrive à destination, je ressens une main pousser délicatement sur ma cuisse. Soulevant mes paupières, je découvre la silhouette d’une fillette blonde à la coupe au carré, un large sourire dessiné sur ses lèvres. « On est arrivé, madame. » Mes lippes s’étirent devant sa tendresse. « Merci. Tu veux une madeleine ? » J’ouvre la boite posée sur mes genoux. De délicieux effluves sucrés s’en échappent. L’enfant ne se fait pas prier pour piocher une gourmandise et l’apporter à sa bouche. « C’est cro bon ! », qu’elle me réplique à sa première bouchée, sa bouche pleine. Loin de m’offusquer de son impolitesse, je lui souris. « Embête pas les gens, Ginny. » Une grande dame vient d’apparaître derrière la silhouette enfantine. A la blondeur de ses cheveux et à ses yeux, je suis convaincue qu’elle est sa mère. « Veillez l’excuser. » « Ce n’est rien, vous en faites pas. » Mes mots à peine prononcés, elle attrape sa main de libre et l’entraine vers la sortie la plus proche.

Je referme ma boite. Je récupère un sac à dos contenant de quoi me laver et changer mes sous-vêtements demain matin. Je me dirige vers l’extrémité du wagon. Une fois dehors, je m’empresse de boutonner mon manteau jusqu’à mon cou. Je quitte le quai et m’avance vers l’entrée de la gare. Je prends conscience ne pas avoir défini de lieu de rendez-vous précis avec Louise. Si je ne la vois pas, je l’appellerai. Je n’aurai pas besoin de le faire. En franchissant le seuil de la gare, elle m’interpelle. « Coucou, Louise ! » L’enthousiasme s’entend dans ma voix. Je suis tentée de la prendre dans mes bras, mais je me retiens, ayant compris qu’elle n’était pas forcément à l’aise avec les marques d’affection. « Ça a été. J’ai dormi tout le long. J’ai fait des madeleines avant de partir ce matin. Ça te dit d’aller les dévorer devant un chocolat chaud ? » Ou un café ou un thé ou autre. Je n’ai que fait références à mon envie personnelle. Un début de journée en douceur avant de s'attaquer aux révélations. Des forces ne seront pas de trop.
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Voilà plusieurs mois qu’elle ne l’avait pas revue Jana. Le temps ayant eu une certaine emprise sur elle, sans conteste, mais elle a eu besoin de digérer l’information Louise, de l’assimiler comme il faut. Cette vie qui défile à toute allure depuis quelques temps est bien réelle, mais cela n’empêche. Même si elle le redoute un peu ce moment, surtout celui où elle va devoir parler concrètement de son passé familial, et se replonger dedans pour cette petite sœur presque tombée du ciel, elle est heureuse de la revoir. Sa sœur. Bien qu’elle se fasse davantage à l’idée, ça lui paraît encore fou. De pouvoir qualifier quelqu’un comme tel. Jusqu’à présent les seules sœurs qu’elle n’ait jamais eu étaient Elea, la jumelle de son mari ainsi que Anna, sa belle-sœur. Les deux femmes, qu’elle pensait jusqu’alors le plus s’apparenter en ce qu’elle aurait pu qualifier de  'sœurs'. Elle trouve ça encore complétement de fou de se dire, qu’elle aussi à finalement une sœur. Une petite sœur.

Son rythme cardiaque s’accélère quand elle la reconnait, et il ne lui faut que peu de temps pour le faire ! Elle se souvient parfaitement de la jeune fille, de sa grande taille fine, de ses longs cheveux bruns et cette manière qu’elle a de se tenir si droite. Depuis qu’elles se sont vues, Louise est forcée d’avouer que Jana a sans conteste quelque chose de sa mère. De leur mère. Aussi bien dans son physique que dans sa prestance qu’elle devine naturelle. Ayant appris par message qu’elle est danseuse, elle trouve que cet art lui va bien. C’est assez ironique de voir qu’elle aussi vit d’une passion artistique, d’un art relié au sien. Maladroite dans sa manière de faire, elle sourit à la jeune femme en arrivant à sa hauteur tout en la saluant. Chaleureuse n’est pas un mot qui qualifie Louise, mais elle fait du mieux qu’elle peut. Pourtant elle est sincèrement contente de la revoir Jana, et elle a envie d’en apprendre plus sur elle, d’établir une réelle relation avec elle par la suite.

Elle se sent un peu nulle face à l’enthousiasme évident de la brune, mais il s’agit là de quelque chose qu’elle ne peut pas contrôler. Elle a beau être du genre tactile avec Jamie, et ses amis les plus proches, néanmoins elle a cette manie de rester longtemps sur ses gardes avec les gens. D’avoir besoin de temps pour baisser les armes. Une sale habitude qu’elle doit certainement au fait d’avoir errée un certain nombre d’années complétement seule, ayant pris l’habitude de n’accorder sa confiance à personne. Louise lui sourit, tentant plus que tout de se détendre, se décrisper. « Le voyage t’a sûrement paru moins long comme ça ! » Face à cette proposition qu’elle lui fait, Louise se rend compte qu’elle n’a encore rien avalé de la journée. Bien incapable de le faire jusque-là. « Oh oui c’est une très bonne idée ça ! J’ai vu qu’il y avait un café là-bas, juste à côté, ça irait ? » Elle se détend doucement, elle le sent. Elle sait que ça va aller. La brune fait tout pour la mettre à l’aise et est si lumineuse, qu’elle n’en doute pas. « Tu as juste ton sac à dos avec toi ? » Louise se penche et comprend qu’elle ne semble pas avoir d’autre bagage. En même temps ce n’est que pour deux jours. « Alors comme ça tu cuisines ? » Elle sourit en commençant à avancer en direction du dit café. « Alors ça je peux te dire que tu ne le tiens pas des Hastings. » Elle rit en pensant à ses propres talents culinaires ainsi que ceux de ses parents. De sa mère principalement. Elle s’arrête déjà en chemin pour venir attraper le bras de la brune. « Je ne sais pas trop si tu as remarqué ou pas, mais pour te mettre à l’aise tout de suite, parce que c’est pas un secret ou quoi je voudrais te dire quelque chose. » Elle se pince la lèvre, ayant l’impression de lui sauter dessus, mais elle ne sait pas trop comment s’y prendre à vrai dire. « En me trouvant tu n’as pas seulement gagné une sœur, tu vas aussi avoir hérité d’une nièce. » Elle passe une main sous son ventre pour appuyer un peu l’arrondi déjà de moins en moins discret de celui-ci.
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Si Louise ne démontre pas autant d’enthousiasme que moi, je ne doute pas de sa joie de nous retrouver. Elle est simplement plus réservée. Peut-être également qu’elle éprouve encore des difficultés à me considérer comme sa sœur. J’ai conscience que ce n’est pas facile à accepter. J’ai eu le temps de m’y préparer lors de mes recherches. Si je cherchais ma mère biologique, j’avais en tête l’éventualité d’avoir une fratrie. J’ai été moins surprise de découvrir son existence qu’elle la mienne. Peut-être aussi qu’elle n’est juste pas à l’aise dans les relations humaines. Avoir du sang en commun ne signifie pas avoir le même caractère. Je ne lui demande qu’une chose : être elle-même. Je ne veux pas qu’elle joue un rôle, qu’elle tente de me plaire. Les gens ne sont jamais plus beaux que lorsqu’ils sont sincères. Et si je dois être privée d’étreintes, de bises, et autres marques d’affection, ce n’est pas grave. J’ai déjà le droit à des sourires. Ça me change de notre première rencontre. Petit à petit, elle s’ouvre. Il lui faut du temps. Et nous avons tout le temps devant nous. Un temps utilisé pour aller satisfaire nos estomacs pour commencer. Et à en juger son enthousiasme face à ma proposition, j’ai l’impression que nous partageons le péché de la gourmandise. « C’est parfait ! » Ce sera toujours mieux que de boire une boisson d’un distributeur de la gare. Puis nous serons mieux à une table, plus intimes pour discuter. « Et ma boite de madeleines. » Je ris doucement. Un détail à ne pas négliger alors que nous avançons. « Je ne fais pas partie des femmes qui emmènent la moitié de leur salle de bain en voyage. » Bien que coquette, je me maquille peu. Par contre, je compense cela par le nombre de vêtements placés dans ma valise. Je me suis retenue de prendre deux robes pour ce soir et demain. Je ne voulais pas m’encombrer pour nos déplacements. De la même manière, j’ai choisi mes meilleures chaussures pour marcher au détriment de ma coquetterie. « Je tiens ça de ma mère adoptive. Cuisiner c’est notre truc à nous pour passer du temps ensemble. » Et tant pis pour le cliché des femmes derrière les fourneaux. A force de bercer mes narines de délicieuses odeurs, je me suis intéressée à la cuisine. Et au lieu d’être dans ses pattes à la regarder, j’ai voulu participer. Je reconnais que c’était avant tout une technique pour goûter les plats au début. Proche du but, Louise s’arrête. Je l’interroge du regard. Elle m’inquiète. Je l’écoute attentivement, mon cœur tambourinant dans ma poitrine. Mon visage angoissé retrouve rapidement ses traits joviaux à son annonce. « Toutes mes félicitations ! » Je ne peux résister à l’envie de venir déposer une bise sur sa joue et de lui faire un câlin. Je n’avais rien remarqué. Mon esprit était trop focalisé sur ma propre personne. Je vais être tata. Ça me fait si drôle. Relâchant mon emprise, mes yeux observent ce ventre arrondi où est en train de pousser la vie. « Tout ça pour pouvoir manger des madeleines pour deux, tu es maligne. » Je glousse. Je la taquine. Il va de soi que ce n’est pas sa source de motivation. Cet évènement est le fruit de son amour avec son mari. « C’est prévu pour quand ? » Comme elle connait le sexe de l’enfant, elle en est à plus de trois mois de grossesse. Probablement cet été. « Vous avez déjà choisi le prénom ? » Je poursuis mon intrusion. En l’instant, je n’ai plus aucune pensée pour le sujet du jour. Je préfère me focaliser sur le présent et l’avenir que le passé. Je suis déjà folle de cet enfant avant qu’il ne naisse. Nul besoin de préciser que je serai une tata gaga.
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Jana accepte la proposition de Louise quant à aller jusqu’au café de l’autre côté de la rue pour ce petit déjeuner entre sœurs. Un moment posé, le temps pour chacune de se sentir plus à l’aise, et de pouvoir discuter un peu avant de se lancer dans cette journée si particulière et qui promet d’être plutôt bien remplie. En y pensant, le cœur de Louise ses serre un peu, forcée de s’avouer que même si elle est heureuse de se lancer là-dedans pour Jana, elle la redoute un peu cette journée. Elle s’accroche au fait qu’au moins, elle la passe avec la brune qu’elle va pouvoir enfin apprendre à connaître davantage. Son rire se mêle à celui de Jana alors qu’elles se mettent en chemin. Elle sourit face aux dires de la brune en hochant la tête. « Pour ça, je crois qu’on a là un point commun. Même si de fait, pour mon actuel voyage je suis plutôt pas mal chargée » Elle rit alors qu’elle fait référence à la tournée, qui s’étalant sur plusieurs mois, lui demande en effet d’avoir pas mal d’affaires, notamment ses tenues de scène. Mais en règle générale, Louise est également du genre à voyager très léger, de quoi se changer et se laver c’est bien tout ce qui l’importe. Sans compter sur sa guitare bien sûr. Son sourire s’estompe alors qu’elle imagine une petite fille cuisiner avec sa mère, un moment où la complicité entre les deux ressort effectivement très certainement. Quelque chose que Louise n’a pas connue. « C’est bien que tu ais eu la chance d’avoir une mère comme ça. » Elle se pince la lèvre, elle est maladroite. « Pardon. Je me doute que c’est difficile pour toi d’avoir appris que tu as été adopté mais de ce que je vois et j’entends, au moins tu as eu une famille aimante qui a su prendre soin de toi. »

Stoppées dans le chemin les menant au café dont elles sont maintenant juste à proximité, l’annonce de la grossesse de Louise détend aussitôt l’atmosphère, la réaction de Jana ne fait qu’agrandir son sourire alors qu’elles échangent déjà une étreinte.  « Merci » Elle souffle dans les cheveux de la brune, encore dans ses bras. Un contact qui lui fait du bien. « On peut dire ça même si tu sais, j’ai jamais eu beaucoup d’appétit » L’accueil si chaleureux de cette nouvelle de la part de la jeune femme lui fait chaud au cœur. Vraiment. Elle est toujours aussi surprise de voir l’importance que semble lui accorder Jana. Elle est incroyable sa sœur, elle en est déjà convaincue. « Pour les premiers jours de juillet. » Le sourire étiré sur le visage de Louise lui pince les joues. Elle souffle face à cette question. « Non, pas encore. » C’est vrai qu’ils n’en n’ont pas encore parlé avec Jamie. Chacun souhaitant sans doute encore un peu protéger l’autre. Prudents le plus longtemps possible, ils le sont sans doute à présent un peu trop compte tenu l’avancée de cette grossesse. Louise baisse le regard un instant, ne pouvant s’empêcher d’avoir une pensée pour Ellie, celle pour qui le prénom avait une évidence dès qu’ils ont sut qu’ils allaient avoir une petite fille. Elle secoua la tête, non, elle ne parlera pas d’elle tout de suite à Jana. Pas aujourd’hui. Mais ça viendra un jour. Elles pénètrent toutes deux dans l’enceinte du café et prennent place à une petite table. A peine installée, Louise se jette un peu sur Jana. « Tu sais beaucoup de choses sur moi mais je ne sais pas grand-chose sur toi. Tu as des frères et sœurs ? Où as-tu grandi ? Tu as quelqu’un dans ta vie ? Et la danse, tu danses depuis longtemps ? Tu donnes des cours en salle ? » Une véritable inquisition. Elle rit en mettant une main devant sa bouche. « Excuses moi. »
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Évoquer la cuisine avec ma mère adoptive me rappelle à quel point elle me manque. J’ai beau l’appeler tous les jours, la voir à travers l’écran de mon téléphone, ça ne vaut pas d’entendre sa voix en direct et la possibilité de la câliner. D’ailleurs, si je parle de mère adoptive, je pourrai m’arrêter à mère tout court. Elle m’a élevée, elle m’a tout donné, sans aucune retenue. Si nous n’avons pas de lien de sang direct, elle est clairement ma mère à mes yeux. Je me demande parfois pourquoi je remue mon passé, cours après un fantôme. Le vide de mes origines pèse sur mon cœur. Je veux comprendre mon histoire. Maintenant, son statut ne sera jamais remis en question. Je ne compte pas la délaisser une fois ma mère biologique retrouvée. Surtout pas après ce que Louise a pu me raconter à son propos. « T’en fais pas, y a pas de souci. C’est pas difficile. Mes parents adoptifs m’ont dit la vérité dès que j’ai été en âge de comprendre et j’ai été baignée d’amour depuis le premier jour de mon adoption et ça continue aujourd’hui. C’est plus pour toi que ça a été difficile… » Je lui offre un sourire compatissant. Nos chemins ont été différents. Et bien qu’elle ait grandi avec notre mère biologique, elle n’a pas été heureuse. Comme quoi les liens du sang ne font pas tout. Nulle envie de ma part de lui remémorer des souvenirs douloureux. Ça semble paradoxal en la sollicitant pour mes recherches. Si je pouvais me passer d’elle, je le ferai. Je me contenterai volontiers de développer notre relation fraternelle. Une relation qui va s’accélérer suite à son annonce. La nouvelle de sa grossesse balaye mes plans originaux. Je ne fais pas l’erreur d’oublier le présent avec ma quête. Et si j’ai compris que Louise n’était pas particulièrement fan des marques d’affection, ma spontanéité et mon enthousiasme ne lui ont pas laissé le choix. « Ça veut dire que tu risques de rater la Fête Nationale. » Je ris doucement.  Il va de soi qu’elle s’en fiche. Elle aura d’autres choses à penser que célébrer le Jour de l’Indépendance. « Vous avez encore le temps d’y réfléchir. » Bien que le temps passe vite. A mes yeux, c’est important de choisir le prénom de son enfant. Il signifie quelque chose. Encore un manque me concernant. J’ignore pourquoi Jana. Je n’ai jamais eu d’explications à ce sujet. Et si ça semble futile, ça fait partie des éléments qui me manquent, qui me relient à celle qui m’a mise au monde. Désirant prendre soin de ma sœur, et m’amusant également, je lui ouvre la porte pour entrer dans le café. A cette heure-ci, diverses odeurs de boissons chaudes planent dans l’air. Je l’entraine à une table proche d’une fenêtre, illuminée par les rayons du soleil. A peine installées, voilà qu’elle me bombarde de questions. Je reconnais que je suis surprise. J’en avant tout ravie. Cela démontre de son envie de mieux me connaître. « T’as raté ta vocation, t’aurais dû faire policière. » Je glousse. Je la taquine. « Je suis fille unique. Après les longues démarches pour adopter, mes parents n’ont pas voulu recommencer l’aventure. Puis ils avaient déjà l’enfant parfait, alors ils n'avaient pas besoin d'en avoir d'autres. » Je plaisante évidemment. J’ai conscience de mes défauts. « J’ai grandi à Denver dans le Colarado. C'est super joli. Si possible, je te conseille de programmer une date de concert là-bas. Et j’aurai même un hôtel gratuit à te proposer. » Je lui lance un clin d’œil complice. Je fais référence à chez moi. Nous avons une chambre d’ami à la maison. Et sans même avoir demandé à mes parents, je suis certaine qu’ils accepteront de l’accueillir. « Je suis célibataire. La vie n’a pas encore décidé de me présenter ma princesse charmante. » Si elle lit entre les lignes, elle comprendra que je suis lesbienne. Je n’ai aucun problème avec ça. Si je ne le crie pas sur tous les toits, j’assume mon homosexualité. « Je danse depuis que j’ai cinq ans dans une école, mais depuis que je sais marcher d’après ma mère adoptive. » Un léger rire m’échappe. Je repense à des vidéos de moi petite. Il est vrai que j’avais déjà un certain sens du rythme à quatorze mois. « Yep ! Je suis professeure depuis un an. Avant j’étais élève et je rêvais d’être une grande danseuse. Un accident a tout chamboulé, mais bon, je suis tout de même épanouie dans ce rôle. J’aime transmettre ma passion. » Je ne détaille pas davantage l’accident, le passage à l’hôpital, les combats. Un serveur approche prendre notre commande. J’opte pour un chocolat chaud. Le choix de Louise effectué, il repart derrière le comptoir la préparer. « D’ailleurs, si tu veux des cours, c’est quand tu veux. »
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