( cleo ) long night

De toutes ces choses qui n’ont pu être explicitement exprimées ? Ces conversations devenues sourdes, ces propos survolés, quand bien même, ils ont pu être exprimés un million de fois. De prétendre être là lorsque le silence et l’absence sont les médiocres réponses dans la maisonnée devenue trop grande pour eux. Là, où les doutes ont commencé à s’immiscer, que les soupirs se sont lassés. À cause d’une raison : de ce qu’il manque dans cette place. Quelque chose d’important. Qui était là avant. Qui se partageaient sous des rires dansants, sous longues discussions, sous un quotidien mouvementé. Et elle le sait, Cléo. Elle sait.

Peu importe l’amour porté l’un pour l’autre. Sous les promesses qu’aucun monde ne pourra jamais les séparer, paroles d’adolescents. Mensonges pour une simple raison. Qu’elle a commencé à conserver pour elle, ne plus s’ouvrir comme avant, ne plus s’exprimer comme avant. Changement significatif à ne voir que le même environnement et se refermer comme une coquille. Pour une simple affaire. Celles des Fleurs du Mal.

Fleurs du Mal.

Des affaires de meurtres en séries. Drame pourtant théâtralement exposé, aussi beau que mortel. Le cœur comprimait en rentrant du travail, la peur de trouver un bouquet néanmoins posé avec innocence, mais qu’elle interprétait autrement. Il est impossible de comprendre complètement comment cela fonctionne dans cette situation. Et encore moins de juger celui-ci dans ce contexte singulier. Et toutefois, elle avait l’impression d’évoluer sans cesse dans un univers brutal, frôlant la beauté humaine jusqu’à sa plus grande cruauté. Et le pire, c’est de ne pouvoir pleinement en discuter avec ceux de l’extérieur qui ne comprennent pas et ceux de l’intérieur qui commencent à perdre en objectivité. Et elle, où se trouvait-elle véritablement dans tout cela ?

Tout est toujours biaisé. Et elle n’avait fait qu’omettre ce qui était là depuis tout de temps. Sous les lèvres qui restaient cloisonnées. Sous les manques d’expressions. Et elle, qui ne voulait pas percevoir que ses pas l’amenaient davantage vers son travail que chez elle. Que, malgré les engagements, les essaient de conversations, tout se finissait irrévocablement de la même manière : l’absence. Répétant le même schéma, oubliant les années précédentes à partir en voyage, à profiter à deux. De déconstruire un bonheur qui s’était établie aux fils des ans.

Après la conversation de trop, la porte claquée, les affaires ramassées et le tourment passé, elle s’est envolée ailleurs. Là où le consensus monotone est parfois irrégulier, mais qu’elle apprécie pleinement. Peu importe s’il faut s’éloigner de temps en temps du politiquement correct, elle veut croire à une issue différente que celle dans laquelle elle s’était engagée. Ne plus oublier les fautes et vivre autrement. En essayant éperdument de ne plus retourner dans ce schéma obsédant et destructeur. Elle veut vivre, Cléo. Elle veut revivre, tout simplement.

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Fait un peu de sport et de la méditation, avec son chien en guise de compagnie adorable ┉ s’occupe souvent des enfants de Galaad, tata attitrée ┉ essaie de sortir deux ou trois fois par semaine, pour s’aérer l’esprit ┉ à une peur bleue de certains bouquets de fleurs, notamment ceux composés de bleus et de violets, rare peur pour quelqu’un d’aussi stoïque qu’elle ┉ garde toujours quelques bijoux que son ex lui a offerts, en se tâtant si elle doit les garder, les jeter ou les revendre ┉ s’entretient maladroitement avec ses parents lorsqu’ils appellent, ne sachant comment baser leur situation