psssst le feu ça brule et l'eau ça mouille (Archie)

L'échange mémorable entre Archibald et le musicien qu'il admirait eut lieu lors d'un gala prestigieux où Archibald se produisait au piano. L'atmosphère était électrique, la salle remplie d'élégance et d'applaudissements, tous charmés par la maîtrise impressionnante d’Archibald et son enchaînement parfait des notes. Cependant, au milieu des acclamations enthousiastes, il y avait une voix discordante, celle du musicien respecté que Archibald tenait en haute estime.
Ce musicien, un mentor virtuel pour Archibald, s'était montré désobligeant dans sa critique, dévoilant une franchise brutale au milieu de l'euphorie générale. Alors que tous encensaient la performance, le musicien, sans filtre, déclara que la musique d'Archibald était dépourvue d'âme, un bel enchaînement mécanique dénué de saveur.
Les mots résonnèrent dans la tête d'Archibald comme un écho discordant. Il était habitué aux louanges, aux applaudissements, mais cette critique déchirante venait de quelqu'un dont l'opinion comptait véritablement pour lui. La désobligeance du musicien piqua Archie au plus profond de son être, faisant naître en lui un doute qui s'intensifierait au fil du temps.
Le musicien avait continué, précisant que la musique d'Archibald était vide, sans intérêt, un pur exercice technique sans passion. C'était comme si le musicien avait écarté une façade brillante pour révéler la vacuité derrière les compétences techniques impressionnantes.

the   beginning

Au cœur de la salle, Archie se prosterne, yeux clos, laissant la musique de l'orchestre s'élever autour de lui. Sa baguette de direction impose le silence à sa droite, tandis que sa main libre guide avec une timidité croissante, puis une fermeté violente, et soudain, le silence retentit. "Ça va pas," hurle-t-il, ouvrant brusquement les yeux, balayant la salle de haut en bas, marmonnant. Il tambourine sa baguette sur son front en rythme avec ses pensées frénétiques, s'arrêtant brusquement pour fixer un point dans le vide. Y a quelque chose qui cloche, t'es pas d'accord ?  L'orchestre s'est habitué à ses excentricités, les chocs initiaux de ses tenues et de son absence de chaussures ayant cédé la place à la patience et à la curiosité. La curiosité de découvrir ce qu'il leur réserve cette fois-ci.
Soudain, Archie se retourne vers eux. "Reprenez depuis la seconde partie," décide-t-il cette fois-ci en gardant les yeux ouverts. Les premières notes emplissent l'air, mais plutôt que de se concentrer sur les musiciens, les yeux d'Archie suivent frénétiquement quelque chose visible à lui seul. À gauche, en haut, puis à droite, un spectacle dont ils ont l'habitude, mais dont l'explication leur échappe. Il leur avait pourtant donné la réponse lorsque la question avait été posée dans le passé : la musique est vivante, expressive, parfois récalcitrante à certains enchaînements. Ils ne semblaient pas comprendre, se demandant s'il avait consommé quelque chose ou s'il ne s'agissait pas simplement des élucubrations d'un génie à des années-lumière du commun des mortels.
"On parle de l'âme de la musique, non?" avait-il demandé Jusque-là, ils semblaient d'accord. "C'est bien ça, attendez." Pour illustrer ses propos, il avait diffusé son morceau préféré de Mozart, le Requiem, les enjoignant à se concentrer et à garder leurs sens ouverts, pas seulement les yeux. Il marquait certaines parties par des commentaires. "Entendez-la rugir ici," son corps accompagnait chaque parole, "et là, regardez-la se dissimuler, la fuite." Son regard suivait une chimère qu'il semblait être le seul à voir. "Elle s'élève, grandit, s'impose." Ses bras mimaient la description avec la frénésie du possédé. "Et elle ravage, et vient nous consoler." La composition de musique de film avait donné une toute autre dimension, confirmant le statut vivant de la musique. Pourtant, la certitude que son choix de drogue était le bon persistait parmi l'assemblée.
Captant quelque chose compréhensible à lui seul, il ferme brutalement les mains, imposant le silence dans la salle. Archie se précipite vers ses notes, saisit un stylo au passage, trace de grandes lignes, écrit de nouveaux accords par-dessus. "On va jouer cette partie différemment, lisez et on reprend immédiatement." Il fait passer la feuille modifiée aux musiciens concernés, qui semblent se demander ce qu'un changement si minime peut apporter. "On reprend," lance-t-il après quelques minutes. De dubitatif, l'orchestre est surpris, puis enfin admiratif. Le changement est radical, l'harmonie rétablie apporte une dimension plus profonde à la mélodie, étreignant les âmes. "C'est mieux, non ?" Des sourires fleurissent alors que la conviction qu'il devrait continuer à prendre ce qu'il prend se répand, car ça en vaut la peine.

La nuit t'entoure d'un voile mystérieux, un confident silencieux pendant tes moments de détresse. Errant dans l'obscurité, tu fais la rencontre d'Allegra, une femme mystérieuse et magnétique. Sa voix profonde et réconfortante t'ensorcelle dès le premier instant de cette rencontre onirique dans la nuit. Allegra n'est pas simplement une compagne, elle est ta muse. À genoux devant elle, tu te laisses emporter dans un monde d'aventures lyriques. Ensemble, vous tissez des histoires, créant des voyages chimériques où la réalité et l'imagination se confondent. Tu écris des textes pour elle, des mélodies qui captent l'essence de votre connexion unique. L'amour, éperdu et sincère, s'empare de toi, et elle, avec sa voix réconfortante, te persuade que tu en vaux la peine, que vous pouvez aller loin ensemble.

C'est une époque d'intense créativité et d'inspiration partagée. Les mots se mêlent à la musique, et vous vous perdez ensemble dans une symphonie de passion. Pour toi, Allegra est une éclipse de lumière dans ta vie sombre, une étoile filante qui te redonne espoir. Elle te fait croire en l'éternité de votre idylle. Le point culminant de votre aventure est Las Vegas, une conclusion enivrante à une histoire que tu pensais infinie. Tu crois en votre amour, en la promesse qu'elle t'a faite de ne jamais te laisser seul. Cependant, le destin en a décidé autrement. La réalité s'effondre brusquement lorsqu'elle claque la porte, partant sans un mot. Les derniers échos de sa voix résonnent encore dans ton esprit, mais elle est partie, te plongeant dans un abîme de maux.

Son départ soudain est une plaie béante dans ton cœur. Tu te retrouves naufragé sur les rivages d'un amour disparu, te demandant comment une passion si ardente peut s'éteindre aussi brutalement. Les textes que vous avez écrits ensemble résonnent maintenant comme des échos d'une époque révolue, une mélodie amère qui hante tes pensées. Tu tentes de te raccrocher aux souvenirs de Vegas, où l'ivresse de l'amour a atteint son apogée. Les lumières éblouissantes de la ville du péché ne font que souligner le vide laissé par Allegra. Tu te remémores chaque instant passé avec elle, chaque rire partagé, chaque promesse d'éternité murmurée à l'ombre des néons. Vegas est maintenant un monument à une romance défunte.

Les jours se transforment en nuits, et tu te retrouves plongé dans une tristesse mélancolique. Les crises d'angoisse, jadis tempérées par la présence d'Allegra, te consument maintenant avec une intensité dévastatrice. Les murs de ta vie s'effritent, et les mélodies que tu composes sont empreintes de douleur et de solitude.L'amour perdu d'Allegra, bien qu'ayant façonné une période tumultueuse de ta vie, devient aussi une source d'inspiration nouvelle. Tu, dans ta quête de sens, te plonges dans tes compositions avec une passion renouvelée.